Fête de la jeunesse au Cameroun: M. le Président

Par Abdelaziz Mounde

Je n’ai plus tout à fait 20 ans, mais je répondrai à votre message à la jeunesse. Car, c’est clair désormais, vous nous lisez. Tous les chefs d’Etat modernes du monde utilisent Facebook, les réseaux sociaux. Les services de la Maison Blanche, mieux d’administrations présidentielles au Kenya, au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Cap-Vert, c’est à dire chez nos voisins, vos pairs africains, en ont fait des outils stratégiques, des instruments de proximité, d’ouverture, de prise sur le réel. Les citoyens ont une lucarne sur les tours d’ivoire. La vôtre est aussi hermétique que les grottes de la vallée du Pandshir en Afghanistan !

Parfois, je fais un tour sur votre page officielle, fournie dit-on par un cabinet français, à l’exemple de la Web tv de la Présidence, comme ce soir du 05 février au soir où j’ai découvert qu’il n’y figurait qu’une lettre de condoléances à votre homologue allemand. Pourtant des centaines de Camerounais et des dizaines de soldats tapissaient, tels des linceuls maculés, les sols de Fotokol massacrés par Boko Haram. Aucune allusion. Aucune évocation. Le vide sidéral !

Ce soir, vous avez préféré aux condoléances, à une compassion humble qui auraient grandi davantage votre stature, la réaction ; cette ostracisation d’une partie de vos compatriotes, comme l’éloignement dans votre esprit de l’idée d’accorder à Ahmadou Ahidjo le privilège d’obsèques nationales. Pardon, on s’adresse aux jeunes !

Mais hélas, M. Le Président, les temps ont changé.
Nous ne sommes plus en 1962, quand les Américains expérimentaient en secret Arpanet, l’ancêtre d’Internet, le GPS pour contrer les avancées technologiques soviétiques et Aujoulat utilisait ses réseaux…Pas sociaux en ce moment-là, puisque l’époque se foutait bien de l’avis du peuple.

Nous ne sommes plus en 1982 quand Eno Belinga de regrettée mémoire, composait pour la radio, les couplets à votre gloire, tubes qui continuent d’étrangler nos tympans dans les génériques de journaux de la CRTV.

Nous ne sommes plus en 1992, quand avec un score étriqué, une impopularité glaçante, et une courte majorité, vous avez sauvé les meubles de votre règne, sans la vigilance des portables et smartphones qui auraient certainement changé le cours de l’histoire…

Nous ne sommes même plus en 2002, époque pas si lointaine, quand le Cameroun expérimentait les premiers âges d’Internet, sans la fibre optique ou la future 4G, qui changera notre monde, dans ses habitudes de travail, mais aussi dans l’expression de la citoyenneté. Vous savez, la démocratie, ce ne sont pas que des proclamations. C’est une culture !

Nous ne sommes plus en 2008, quand ces jeunes sont tombés sous les balles, la faim au ventre et votre fin en règle prévue par la Constitution à l’esprit. Ils sont partis et vous en êtes à votre énième message. Avec les mêmes promesses de l’époque. C’est vrai, Jacques Chirac nous a parlé de la duperie des promesses en politique.

N’ayez pas peur des réseaux sociaux. Blaise Compaoré n’est pas tombé à cause d’un clavier mais d’erreurs de frappe sur la Constitution et d’appréciation des mutations de sa société. Joseph Kabila n’annonce pas son départ à cause de clics, mais d’un éveil citoyen, du dépit d’un peuple subissant un scandale politique permanent depuis son indépendance, l’empêchant de jouir de son scandale géologique ; puits de richesses détournées et dévoyées.

A ces jeunes, vous avez oublié de dire qu’il y’a 53 ans, à votre retour de Paris, on n’avait pas le choix entre le Bend skin et le call box. On devenait grâce à ses réseaux, Chargé de mission à la Présidence à 29 ans, Directeur de cabinet à 30 ans, patron du Cabinet civil de la Présidence à 34 ans et Secrétaire général de la Présidence à 37. Dieu était avec vous et maintenant les jeunes le traquent chez le Dr Tsala. Jésus était à votre berceau. Maintenant les camerounais vont le chercher au Nigeria quand Boko Haram fait le chemin inverse.

Vous avez oublié de dire que les inventeurs de Facebook qui n’ont pas 35 ans et pèsent des milliards de dollars, ont changé le monde. Ils vivent dans un pays où l’argent public n’est pas l’argent du président, où on soutient structurellement les start-up, pas au gré des humeurs et des coups de c ur comme vous l’avez fait avec le brillant Arthur Zang, inventeur du Cardiopad.

Vous avez oublié de dire qu’en rédigeant à plusieurs mains votre ouvrage de doctrine pour le libéralisme communautaire, cet aréopage de proches collaborateurs de Sengat Kuoh à Joseph Charles Ndoumba, Georges Ngango, Jean Pierre Fogui, Louis Paul Ngongo, Ebenezer Njoh Mouelle, René Owona…en vous inspirant un humanisme à la camerounaise, vous incitaient à une chose simple :
* Adresser des condoléances à vos compatriotes morts de carnage à Fotokol le soir même; vous l’avez fait dans la foulée pour des personnalités extérieures et quelques jours avant, la France perdait sept de ses fils, et immédiatement, vous avez écrit à M. François Hollande.
* Rendre un hommage national, ériger une journée de deuil national; nous avons l’habitude de jours fériés inutiles pour un pays en quête d’émergence. C’est le minimum pour 400 morts !
* Rendre visite à des familles déplacées dans le Septentrion, d’ailleurs votre bastion électoral;
* Présider comme vos homologues qui utilisent Facebook à bon escient, les cérémonies d’hommage aux soldats.

Vous avez comme d’habitude choisi la posture du lion. Les bons catéchistes du Petit Séminaire en déclamant La Fontaine, contaient la fable de la Mouche et du Lion; soit en langage moderne, ces bestioles qui essaiment sur la toile, zézayent, bourdonnent et dérangent votre système, votre mode de fonctionnement, vos habitudes.

Oui M. Le Président, les temps ont changé. On ne parle plus tout à fait comme hier. On surveille aussi ce qu’on dit. Sinon, on fait comme la Chine, l’Arabie Saoudite, la Corée du Nord, on coupe tout ! Plus d’Internet, de twitter, de facebook…What’s App ? Vous en avez le pouvoir. Et croyez-moi, ce sera plus cohérent. Afrique Média vous applaudira. Les groupes de danse exulteront. Et le Congrès approuvera à l’unanimité.

Ecoutez, cher aîné, vous avez votre loi anti-terroriste, deux neveux bien placés dont l’un délégué à la guerre et qui rêvent de vous succéder. C’est léonin, c’est puissant. Rassurez-vous, personne ne viendra vous sortir d’Etoudi juste avec un texte sur Facebook.

Mais, nous sommes les mouches. Nous bourdonnerons. Sur les réseaux sociaux, nous parlerons de notre pays, de son malaise, de ses joies, de son génie et de ses mauvais génies, de la République des ministres à Kondengui, de Guérandi et de la lumière sur sa disparition, du retour d’Ahidjo et de Moumié, de l’impossibilité d’atteindre en l’état nos objectifs en 2020, première étape d’évaluation de la stratégie d’émergence, de la multiplication des plans d’urgence depuis des lustres, des lettres et tribunes de Marafa, de votre gouvernance mystérieuse, de vos réussites quand nous en serons convaincus, de tout. De nous. Car, vous n’êtes que le locataire de la charge. Le peuple, celui qui s’exprime en votre faveur, en travers ou sur les réseaux sociaux, est seul propriétaire du Cameroun.

Mani Bella, jeune artiste récemment adoubée par votre épouse, a si bien repris une expression populaire qui vaut aussi bien pour votre propos que le nôtre : Que celui qui n’est pas content cale en l’air. A la seule différence, qu’en calant en l’air, les faibles y restent souvent. Peu importe ! Nos cimetières sont constellés de morts d’opinions.

M. Le Président, nous connaissons le passif. Nous attendons que tout ça passe ! A quelques jours de votre 82e anniversaire, en vous souhaitant mes v ux, je sais que rien n’est éternel. Et ce n’est pas le Boko Haram qui vous maintiendra au pouvoir…ou sur terre.

Comme qui le dirait devant le Nnom Gui que vous êtes, en pays fang en l’occurrence : Abèl abèlye, avòle ke vòlye. C’est cuit mais ce n’est pas encore refroidi


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Pourquoi l’interruption du message du chef de l’Etat camerounais le 31 décembre 2015

Suite aux enquêtes menées depuis cet incident, le comité de suivi de l’étiage a tiré ses conclusions mercredi dernier à Yaoundé

Certains habitants des deux métropoles camerounaises n’ont pas pu suivre le message de fin d’année du chef de l’Etat à la nation. Sept jours après l’incident, l’heure est à la recherche d’une solution durable. Les acteurs du secteur de l’électricité ont identifié les causes de cette interruption de l’alimentation en énergie électrique qui a touché l’ensemble du réseau Interconnecté Sud. C’est un défaut fugitif sur l’une des trois phases de la seule ligne 225kV qui alimente les régions du Centre et du Sud.

Cet incident a entrainé le décrochage des centrales thermiques de Kribi, Limbé et Bamenda et le déclenchement de la ligne 90 kV Ndjock-Nkong-Oyomabang. Des oiseaux auraient construit leurs nids sur les chaines d’isolateurs. Cette situation est surtout perceptible sur les pylônes 85 et 101, à 36 km de Mangombe. Le comité estime que la solution durable ne peut être que la construction d’une nouvelle ligne de transport d’énergie électrique entre Yaoundé et Edéa et entre Edéa et Douala.


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Mecque: « Il faut un message officiel du chef de l’Etat aux victimes camerounaises »

Par Abdelaziz Mounde

Que vaut en définitive la vie d’un Camerounais? Il y’a les usages diplomatiques, le chef de l’Etat y a sacrifié en s’adressant à son homologue saoudien.

Sur le site de la Présidence, il serait bien, juste et fort à propos, qu’il y’ ait la trace des usages symboliques. Ceux qui commandent de donner une place d’honneur aux compatriotes.

En cliquant l’onglet dédié aux correspondances du Chef de l’Etat, celle destinée spécifiquement aux familles camerounaises manque béatement.

En s’arrêtant sur le message du président Biya, l’on peut lire qu’il étend ses condoléances à la communauté musulmane dans le monde. Une marque de compassion qui ne le dédouane pas de son devoir à l’égard de ses compatriotes.

Le roi d’Arabie Saoudite n’est que l’hôte du pèlerinage, il n’est pas la figure symbolique du monde musulman et ne saurait être le destinataire d’un message concernant des pèlerins venus du Cameroun. D’ailleurs, l’on s’attendrait à ce qu’il retourne la politesse au chef de l’Etat en présentant ses condoléances au peuple camerounais.

Il est de la responsabilité du chef de l’Etat et du gouvernement, ainsi que des médias de service public, à la suite du message de condoléances au roi d’Arabie Saoudite, et du communiqué du ministre de l’Administration territoriale, d’informer les camerounais de manière précise sur l’identité des victimes, les mesures concrètes prises, l’organisation du rapatriement des corps-éventuellement-, des autres pèlerins et de la prise en charge des blessés ainsi que de l’ensemble des mesures prises.

Le facteur humain est un déterminant essentiel de l’exercice du pouvoir que la froideur des tweets, posts et communiqués officiels ne saurait voiler.

Des victimes de la bousculade à la Mecque.
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Message de soutien de l’hebdomadaire Sphinx Hebdo à Afrique media

Par Sphinx Hebdo

Message de soutien et de solidarité de l’hebdomadaire Sphinx Hebdo au promoteur, directeur général, journalistes et toute l’équipe de la chaîne de télévision panafricaniste Afrique media suite à la décision de suspension prise par le Conseil National de la Communication(CNC) du Cameroun.

Monsieur le Directeur général de Afrique Media(AFM) et Chers Journalistes,

Le Comité éditorial du journal Sphinx Hebdo vous apporte un indéfectible soutien face à la contre-offensive sur fond de restauration autoritaire que les réseaux françafricains depuis l’Elysée et le Quai d’Orsay avec leurs agents locaux ont lancé contre Afrique Media. Cela est inacceptable et inadmissible.

Depuis l’annonce de cette rocambolesque nouvelle, le Sphinx Hebdo de son propre chef et sans demander l’aval de qui que ce soit, a pris une série d’initiatives sur le terrain.

C’est alors que des medias mensonges occidentaux (France 24, Tv5, Rfi.) continuent de nous arroser de mensonges, émettent même en modulation de fréquence (FM), multiplient des bandes publicitaires dans les rues de Yaoundé, Douala et d’autres grandes villes du Cameroun que le CNC décide de suspendre Afrique Media et ses journalistes vedettes que sont M. Bashir Ladan et Mme Juliana Tada. Nous ne l’accepterons pas.

L’arrivée d’AFM sur le paysage médiatique camerounais, africain et même mondial, a complètement changé la donne géopolitique, diplomatique et mis à nu la politique d’esclavagisation pratiquée par la France en Afrique. Cela gêne les nostalgiques de cette vieille France qui pensent que notre pays est leur chasse gardée. Ils se trompent d’époque. Nous sommes en 2015 et non dans les années cinquante ou soixante.

Grâce à Afrique Media, les Africains dits francophones, quel que soit leur niveau d’instruction savent comment la France, par une politique de pillage de nos ressources, organise et entretien des foyers de tensions en Afrique notamment par:

.la Zone Franc avec les fameux Comptes d’Opération domiciliés au Trésor français où sont déposées nos réserves en devises, et sur lequel la France prélève quelques montants pour «prêter» à nos Etats.
.la présence inexpliquée des bases militaires françaises dans nos Etats, souvent à quelques encablures des palais présidentiels.
.les véritables raisons de la déportation du président Laurent Gbagbo à la Haye.
.l’assassinat en monde vision du Leader libyen Mouammar Kadhafi par les forces de Sarkozy.
.la déstabilisation du Mali et de la RCA pour refaire mains basses sur l’uranium, l’or, le pétrole, et les gigantesques gisements de diamant récemment découverts.
.le changement du régime en place à Yaoundé programmé et planifié depuis Paris à travers la secte islamique Boko Haram;
Ce sont ces sujets que la France et ses barbouzes ne veulent plus qu’Afrique Media continue d’évoquer. La conscientisation des masses africaines sur la politique barbare et inhumaine de Paris envers nos pays mal perçue dans les milieux français est pourtant irréversible et inéluctable.

Que reproche-t-on à Afrique Media ? De dire la vérité ou de dire une vérité qui gêne ? N’est-ce pas le rôle des medias que d’éclaircir les esprits des peuples ? Va-t-on donc reprocher à cet organe de presse d’appeler le voleur par son nom simplement parce qu’il a de l’influence ? Qu’y a-t-il de ce qu’Afrique Media dit qui soit faux ?

La guerre, dans tout son contenu entre les forces panafricanistes et progressistes devient pratiquement inévitables contre les nostalgiques de l’ordre impérial et néocolonial français. Seul un départ de la France du sol africain peut sauver la situation, mais aura-t-elle assez de décence pour quitter un endroit où elle est aussi fortement indésirable ?

Nous sommes persuadés que les plus Hautes Autorités camerounaises ne vont pas tomber dans le piège du CNC monté par l’Ambassadrice de France à Yaoundé Mme Robinchon, où à travers une image bien parlante, instruit M. Peter Essoka : Vice-président du CNC, de prendre toutes les mesures nécessaires pour suspendre Afrique Media et ses principaux journalistes.

Que les plus Hautes Autorités de Yaoundé se souviennent du rôle d’avant-garde que les medias panafricanistes dont Afrique Media ont pu et su jouer dans la préservation de notre souveraineté et intégrité nationales au plus fort moment de la guerre lancée contre le Cameroun par Boko Haram. Qu’elles se rappellent des positions prises par Afrique Media chaque fois que les medias occidentaux insultent, humilient et accusent le Président Paul Biya de vieillesse, de sénilité et de son Régime.

Messieurs les Autorités du Cameroun, ne vous trompez pas de cibles, encore moins de combats. Afrique Media sera votre dernier rempart médiatique quand tous les autres organes de presse et Chaînes de télévision dites nationales qui, par opportunisme ou pour des raisons de carrière vous auront abandonné, quand le changement de régime que Paris a planifié au Cameroun va arriver.

Dans tous les cas le Sphinx Hebdo, plus que par le passé, sera aux côtés de Afrique Media et son équipe; il est sur le terrain aussi bien au Cameroun que sur la place parisienne.

A titre de rappel et afin que nul n’en ignore; par ma modeste plume:
.C’est le Sphinx Hebdo qui a porté sur la place publique et en exclusivité le nauséabond Rapport Védrine que les réseaux français voulaient cacher au grand public;
.C’est également le Sphinx Hebdo qui, toujours en exclusivité a révélé avec des faits avérés la réunion sécrète tenue au Quai d’Orsay visant à fermer carrément la Chaîne Afrique Media; réunion à laquelle avait pris part un Représentant du Gouvernement ivoirien et Bruno Gain, ancien ambassadeur de France au Cameroun. C’était le 20/11/2014.
.C’est le Sphinx Hebdo qui a popularisé le Rapport Attali sur la francophonie économique dont le but est de contraindre les Etats africains à contribuer à la relance de l’économie française par l’attribution des marchés exclusivement aux entreprises françaises sous peine de sanctions et de menaces de toutes sortes. C’était le 06/02/2014.

En s’attaquant à Afrique Media qui est le symbole de la véritable Renaissance Africaine, les Réseaux françafricains déclarent une guerre ouverte à toutes les forces du progrès en Afrique en général et au Cameroun en particulier. Le Sphinx Hebdo va mener cette bataille aux côtés d’Afrique Media. Il va continuer à étaler au grand jour, le parasitisme financier et économique de la France sur l’Afrique, à cause duquel Paris monte des coups d’Etat, organise et entretien des guerres en Afrique.

Cette lame de fond contre cette politique de prédation de la France va s’intensifier dans les prochains jours où l’on annonce l’arrivée imminente, au Cameroun du Président français François Hollande. Une visite qui, depuis quelques jours est précédée par une mission d’un lobby d’homosexuels français qui logent dans un hôtel de luxe de la place. La législation sur l’Homosexualité étant un point qui figure sur l’agenda de M. François Hollande lors de cette visite. Le Sphinx Hebdo appelle les Camerounais à la mobilisation et à la vigilance.
A partir de l’Afrique; Afrique Media: le monde c’est nous.


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Message de Maurice Kamto à l’occasion de la fête nationale de l’Unité

Par le Pr. Maurice Kamto, président national du MRC

Mes chers compatriotes,

Au moment où notre nation souffle sur la 42ème bougie de célébration de l’Etat unitaire, permettez-moi, au nom du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, de vous souhaiter tous mes v ux d’unité dans la paix et la prospérité.

L’heure n’est peut-être pas au bilan mais, il me semble qu’il serait tout de même judicieux de jeter un coup d’ il dans le rétroviseur de ce processus historique à la fois souhaité, voulu et controversé. Oui, les Pères fondateurs, face aux menaces et dangers de l’époque, dans un élan patriotique, mus par l’instinct légitime de préservation de l’intégrité du territoire national, avaient alors engagé un processus de consolidation de notre unité et de renforcement de notre désir de vivre ensemble, afin de construire une nation forte, prospère et fière dans le concert des nations. Ce processus est passé par deux étapes fondamentales : celle d’abord de notre indépendance proclamée le 1er janvier 1960, suivie immédiatement de l’amputation territoriale du 11 février 1961; celle ensuite de la Réunification du 1er octobre 1961, ressentie comme une nécessité vitale, suivie de l’unification de 1972 dictée par notre commune volonté d’approfondir notre unité et d’assurer plus de cohésion entre la partie anglophone et la partie francophone du pays afin de garantir l’indivisibilité de notre Nation.

Quarante deux ans plus tard, on peut, à défaut d’Etats généraux de l’Unité, légitimement interroger l’efficacité du cadre unitaire non seulement à assurer l’intégrité du territoire, mais également sa capacité à améliorer notre vivre ensemble. Je le ferai brièvement à travers les prismes politique, économique et sécuritaire.

Premièrement, au-delà d’indéniables acquis tels que le brassage culturel de nos peuples et la mise en commun des ressources du sol et de sous-sol, il persiste un certain nombre de points de tension susceptibles de remettre en question cette unité, si ce n’est tout simplement de la rompre. Les velléités sécessionnistes de certains groupuscules dans la zone anglophone du pays montrent clairement qu’il y a des choses à parfaire. Le cours de l’évolution de notre pays a créé au passage des frustrations, longtemps inhibées par le régime de l’époque. Ces frustrations refont surface et s’amplifient en tirant partie des fissures démocratiques qui se sont fait jour sur l’édifice autoritaire et de la révolution dans les moyens de communications modernes. Ainsi, le phénomène du tribalisme que l’on croyait désormais loin derrière nous ressurgit avec une rare violence, en cette période de transition politique annoncée et attendue. Le MRC dans sa Vision pour la société camerounaise aborde cette question dans le premier pilier de son action. Il s’agit du Pacte républicain, qui s’énonce da la manière suivante : Les communautés existent dans notre pays. Il faut les respecter. Mais notre mère à nous tous est la République. Il faut la protéger et la défendre dans ses valeurs fondamentales de liberté, d’égalité, de citoyenneté, de justice sociale et de solidarité. Un citoyen est un homme libre et non pas un être enchaîné à un groupe quel qu’il soit.

Dans les relations entre les citoyens, nous voulons travailler à bâtir la confiance à trois niveaux:
– confiance entre le citoyen et les institutions sur la base d’un contrat de citoyenneté républicaine;
– confiance entre l’élite dirigeante et les populations, tant il est crucial que celles-ci se reconnaissent dans les décisions et les actions des dirigeants;
– confiance enfin entre notre pays et les partenaires au développement à la faveur de l’instauration d’une gouvernance exemplaire.

Ce Pacte républicain doit créer entre les Camerounais une fraternité nouvelle fondée sur une communauté d’idées et de valeurs et non sur un lien de sang ou l’attachement aveugle à une ethnie. C’est cela la fraternité républicaine. Celle qui permet de réaliser un vivre ensemble apaisé, fondé sur le respect mutuel. Le Pacte républicain sera bâti sur le socle d’un pays réconcilié. C’est pourquoi nous n’épargnerons aucun effort pour trouver avec toutes les composantes de la nation, en particulier avec la communauté anglophone, les réponses appropriées à leurs attentes.

Ce pacte républicain est un pacte pour la paix si chère à notre peuple. Mais il ne peut s’agir d’une paix proclamée, imposée par la violence et dans l’injustice. Notre conception de la paix repose sur l’observation objective et notre conviction profonde que toute paix véritable et durable a son siège dans le c ur des hommes et des femmes et ne se réalise que par la justice.

Deuxièmement, le chemin parcouru dans la construction de l’unité de notre Nation repose également sur la situation économique du pays. Le Cameroun est confronté à une grave crise sans précédent du chômage des jeunes aggravée par la très forte dépendance extérieure de notre économie. Cette dépendance qui, selon les statistiques est supérieure à 80% se reflète sur notre balance commerciale; celle-ci affiche année après année un déficit chronique et explosif, passant de près de 70 milliards en 2007 à près de 1350 milliards en 2013. D’après les experts, une telle situation n’est pas de nature à attirer des investisseurs étrangers sérieux dans notre pays. Par ailleurs, le système productif, hérité des années 1970, a été démantelé dans les années 90 à travers d’imprudentes politiques de privatisations et de liquidations des entreprises publiques et parapubliques, sans une politique volontariste d’accompagnement du secteur privé afin que le vide créé par le désengagement de l’Etat du secteur productif soit efficacement comblé. Parallèlement, l’on a vu naître une bureaucratie corrompue, improductive et prédatrice, sans culture du résultat.

Cette bureaucratie n’assume pas l’échec de ses actions, lequel se répercute de façon dramatique sur les citoyens. Il en résulte d’une part, un modèle économique où tout est importé, jusqu’aux cure-dents, et qui favorise de la sorte une hémorragie des devises, et d’autre part, un environnement administratif, juridique et fiscal hostile qui paralyse toutes les tentatives de dynamisation des investissements dans notre pays. Faire face à la situation économique peu reluisante du Cameroun exige avant tout un diagnostic sérieux, suivi de politiques publiques ambitieuses, assises sur des réformes courageuses, difficiles mais salutaires.

Il faut être à la fois inconscient et dépourvu de tout sens d’humanité pour ne pas s’inquiéter du fossé qui se creuse entre les riches et les pauvres dans notre pays, et ses conséquences potentielles sur la paix, la stabilité et l’unité du Cameroun. Nous devons travailler à la restauration sans délai de la dignité de nos populations les plus vulnérables ainsi que de la justice sociale si indispensable à l’harmonie de notre société. Le Cameroun pour lequel je me suis engagé en politique, c’est celui dans lequel il est possible, en une décennie, de faire de la pauvreté une histoire du passé.

Le MRC entend relever ce défi par le Pacte productif qui constitue le troisième pilier de notre projet de société. Il repose d’une part, sur un Etat à la fois stratège et inventif qui libère les énergies créatrices de nos populations et d’autre part, sur notre détermination à remettre le Cameroun au travail en agissant notamment sur les leviers de création et de compétitivité des entreprises. Ce Cameroun-là va se bâtir également sur la solidarité et le partage. Mais il n’y a pas de partage s’il n’y a rien à partager. Le Cameroun doit produire plus et mieux dans tous les secteurs. Cela passe par une politique des filières clairement identifiées et organisées; par les incitations compétitives à l’investissement national et étranger; l’innovation et l’acquisition des technologies dont nos filières industrielles ont besoin. Il faut, pour ce faire, développer une stratégie d’alliance avec des partenaires stratégiques capables de nous ouvrir l’accès à la fois aux technologies et aux marchés mondiaux. Nous avons, à cet égard, devant nous, les expériences instructives de divers pays dits « émergents ». Mais pour y réussir, il faut faire confiance aux nationaux dans le cadre d’une véritable alliance stratégique entre l’Etat et le secteur privé. Il faut également articuler filières de production et filières de recherche et d’innovation. Tout programme de recherche devra être un maillon d’une chaîne devant déboucher dans un délai connu sur un résultat concret transformable en produit utilisable et/ou commercialisable. L’objectif ultime est de bâtir un pays moderne, espace d’attraction des investissements et de prospérité commune.

Troisièmement, notre pays traverse des moments très difficiles en matière de sécurité. La République s ur de Centrafrique, ravagée par une effroyable guerre civile qui a complètement démantelé les fondements de l’Etat dans ce pays, constitue un point névralgique qui met en péril la paix et la sécurité dans la Région de l’Est, avec bien sûr des répercutions sur la stabilité de l’ensemble du pays, tant sur le plan politique qu’économique. Des groupes armés ne cessent de faire des incursions dans notre territoire, se livrant à des actes d’une rare violence. A côté de cette menace plus conventionnelle, se profile une autre, moins précise, moins cernable sous l’appellation de «BOKO HARAM», désormais identifiée par la communauté internationale comme un mouvement terroriste. Caractérisée dans un premier temps par des enlèvements et des demandes de rançons, les actions menées par cette nébuleuse sont désormais d’une barbarie insoutenable et commencent à installer une véritable psychose au sein de la population. Face à cette situation, le MRC convoque le cinquième pilier de son action qui est le Pacte de solidarité. Solidarité entre les Régions en particulier en cas de crise, qu’elle soit alimentaire, sanitaire, le fait d’une catastrophe naturelle ou de l’insécurité. Dans le cas d’espèce, nous devons être solidaires avec nos frères des régions septentrionales du pays, taire nos querelles partisanes voire idéologiques pour nous mobiliser à travers une vigilance citoyenne de tous les instants, comme un peuple uni, une Nation au destin commun.

Tout en demandant au gouvernement de la République d’assumer sa mission régalienne de défense de l’intégrité de notre territoire et de la sécurité de nos peuples, nous devons rester soudés dans notre patriotisme inébranlable et étaler à la face du monde la puissance de notre fraternité républicaine.
Bonne fête du 20 mai, fête de la Nation unie dans sa riche diversité!

Vive le MRC.

Vive le Cameroun.

Pr. Maurice Kamto
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Au-delà des révolutions

Le souffle de révolte et de liberté qui s’est emparé du monde arabe semble avoir pris de cours…

Le souffle de révolte et de liberté qui s’est emparé du monde arabe semble avoir pris de cours les administrations, les chancelleries, les observateurs et même les services de renseignements. Qui aurait pu prédire ce qui est arrivé ? Mais à y regarder de plus près cette succession d’événements en cascade ne porte-t-elle pas, finalement, la plupart des caractéristiques de la société mondiale de ce début de troisième millénaire? Celles d’une société interconnectée où quelques SMS ou connections internet suffisent à organiser, en quelque heures à peine, un immense rassemblement de foule pour faire la fête ou – on le sait maintenant – la révolution!

Celles d’une société où 8 jeunes sur 10, âgés de 15 à 24 ans, vivent dans des régions en développement, en Afrique, en Asie, en Amérique latine ou dans les Caraïbes. Or c’est bien cette jeunesse qui, en Tunisie, a donné le coup d’envoi d’une révolution que d’autres jeunes se sont à leur tour appropriés et qui se propage, désormais, sans que quiconque puisse dire où et quand cela s’arrêtera.

Celles d’une société où cette jeunesse en quête d’éducation et de formation, pour la grande majorité d’entre elle, ou d’emplois qualifiés quand elle est formée, ne se voit offrir d’autre perspective d’avenir que l’exode rural, le chômage ou l’émigration, et pas seulement vers les pays du Nord comme on a trop vite fait de l’affirmer, de le penser ou de le craindre. La moitié des migrants originaires de pays du Sud résident et travaillent dans d’autres pays du Sud. Et dans l’immédiat, l’afflux d’émigrants tant redouté par l’Europe se déplace de la Libye vers la Tunisie et l’Egypte, déjà fragilisées par les événements de ces dernières semaines, créant ainsi une réelle menace de crise humanitaire.

Celles d’une société où les progrès les plus spectaculaires, les fortunes les plus puissantes cohabitent avec la plus extrême misère et le plus profond dénuement, sans espoir que cela change, à la différence près que désormais tout se sait et tout se voit. N’est-ce pas, à cet égard, la soif de changement qui a été le dénominateur commun des révolutions arabes, même s’il faut être bien attentif à distinguer la spécificité propre à chacune de ces situations. Parler un peu hâtivement du monde arabe comme d’un ensemble homogène et uniforme risquerait en effet de fausser nos analyses présentes et à venir. Aspiration à l’équité économique et sociale, aspiration à la dignité, aspiration à la liberté politique que l’on n’a pas su entendre, que l’on n’a pas réussi ou que l’on n’a pas voulu mettre en uvre par la voie de la réforme et qui n’a eu d’autre issue que de s’exprimer dans le rejet non-violent mais « jusqu’auboutiste » de l’injustice, de l’autoritarisme, du népotisme, de l’affairisme, de la corruption, du clientélisme.

Celles d’une société surmédiatisée qui traque l’événement, minute par minute, heure par heure mais qui se lasse aussi vite qu’elle s’est enflammée. Le « zapping » médiatique garantit certes au téléspectateur d’être tenu en haleine, chaque édition offrant son lot de sensationnel et de sensations fortes. Après tout, il se passe toujours une catastrophe ou une crise quelque part et il faut bien reconnaître que le déclenchement d’une guerre civile, d’un soulèvement populaire ou d’un tremblement de terre avec ses images de violence, de souffrance, de mort fait plus d’audience que le long, difficile et ingrat chemin de la reconstruction, de la transition démocratique, du retour à la sécurité, à la stabilité et à la paix. Quelques jours durant, toutes les chaînes de télévision, toutes les radios, tous les journaux étrangers, désertant la Côte d’Ivoire où plus rien ne reculait ni n’avançait, ont vécu au rythme des revendications de la jeunesse tunisienne, jusqu’à ce qu’une révolution chasse l’autre. Les caméras, les micros se sont alors tous déplacés Place Tahrir, jusqu’à ce que la Libye et la répression sanguinaire du colonel Kadhafi chasse à son tour l’Egypte des écrans et des antennes. Il ne s’agit pas, dans mon esprit, de sous-estimer le travail des journalistes qui servent l’information, parfois au péril de leur vie, mais de plaider pour que les lendemains de crise, de catastrophe ou de conflit, fassent l’objet d’autant d’attention que la crise, la catastrophe ou le conflit eux-mêmes. Car c’est à ce moment-là que tout peut basculer, c’est à ce moment-là que les populations en difficulté ont le plus besoin qu’on les accompagne sans rien imposer, qu’on leur témoigne notre intérêt, notre disponibilité, notre solidarité, sur le long terme.

La jeunesse arabe ne nous a pas seulement placés face aux réalités de notre société mondialisée. Du fond de sa désespérance, elle nous a donné une formidable leçon d’espérance et de maturité politique en montrant qu’il y avait d’autres voies que la captation, par des fanatiques, de ses frustrations légitimes. En manque d’avenir, mais en quête d’idéal, elle nous a donné une formidable leçon de citoyenneté et d’humanisme. Elle nous a invités à replacer l’Homme, son bien-être et sa dignité, au c ur de toute politique. Elle nous a démontré que la logique des intérêts stratégiques, économiques ou de puissance qui régissent les relations entre Etats, ou que la logique des blocs régionaux ou des amitiés complices ou coupables devraient désormais compter avec une logique citoyenne fondée sur l’intérêt général, et le partage, par-delà nos différences de couleur, de culture ou de religion, de principes et de valeurs universelles. A nous désormais de l’entendre, de l’admettre et surtout de ne pas l’oublier.

Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie
Le panafricain)/n

Spécial 20 Mars 2011 Journée de la francophonie: Message de Abdou Diouf

« Je voudrais dédier cette Journée internationale de la Francophonie à notre jeunesse »

Je voudrais dédier cette Journée internationale de la Francophonie à notre jeunesse,

à la jeunesse de tous les pays et de tous les continents,
à cette jeunesse du Monde arabe qui a eu le courage et la volonté de tracer, pacifiquement, la voie de la liberté politique et de l’équité économique et sociale,
à une jeunesse qui ne doit plus être condamnée à osciller entre désespoir et révolte, mais qui doit pouvoir porter et concrétiser, dans la dignité et la confiance, son espoir légitime d’un avenir aux couleurs de la liberté, de la stabilité et de la prospérité.

En cette Année internationale de la Jeunesse, il est de la responsabilité des Etats et gouvernements d’initier des politiques nationales innovantes et ambitieuses en matière d’éducation, de formation, d’enseignement supérieur, d’insertion professionnelle, mais aussi d’emplois stables et qualifiés.

En cette période de crise économique et politique mondialisée, il est de la responsabilité de la communauté des nations de tenir ses promesses, mais aussi de redoubler d’imagination, d’efforts et de solidarité, pour que se réalisent les Objectifs du Millénaire pour le Développement et l’aspiration des peuples à la démocratie, aux droits de l’Homme et à la paix. Car c’est bien dans les pays les plus pauvres et les plus vulnérables que vivent ou survivent, aujourd’hui, 87% des jeunes âgés de 15 à 24 ans.

Cet appel, la Francophonie le relaiera sans relâche, tant auprès de ses membres qu’au sein des instances internationales, tout en renforçant ses engagements propres. L’année 2011 verra, en effet, sur la base d’une large consultation, l’élaboration d’une programmation rénovée en faveur de la jeunesse.

Mais il est de la responsabilité de la Francophonie d’aller plus loin, en suscitant, grâce aux valeurs et à la langue française qui nous unissent, un dialogue fraternel et fécondant. Nous avons pu, ces dernières semaines, prendre la mesure de la puissance des réseaux sociaux, de l’efficacité des moyens de communication. A nous d’utiliser et de valoriser cette dynamique puissante pour favoriser la compréhension et amplifier la coopération entre tous les jeunes dans l’espace francophone, et bien au-delà.

Que cette Journée du 20 mars 2011 soit donc l’occasion de préparer, dans le partage et l’allégresse, l’avènement de ces retrouvailles universelles.


Journalducameroun.com)/n

Message de Paul Biya à l’occasion de la célébration des Cinquantenaires de l’Indépendance et de la Réunification du Cameroun

Intégralité du message adressé le 17 mai 2010

Camerounaises, Camerounais,

Mes chers compatriotes,

Le 31 décembre dernier, je vous ai annoncé que nous célébrerions cette année le Cinquantenaire de notre indépendance, prélude à notre réunification, et que les commémorations trouveraient leur apothéose lors de notre Fête Nationale.

C’est en ouverture à ces événements que je m’adresse à vous ce soir pour dégager la signification et la portée de l’accession de notre pays à la souveraineté.

Le 1er janvier 1960, nous devenions INDEPENDANTS. Cela signifiait que nous prenions en mains notre propre destin, que nous devenions responsables de la conduite de nos affaires, que nous aurions à répondre de nos actes devant l’Histoire.

Quelle était alors la situation de notre peuple ? La plupart d’entre nous se reconnaissaient davantage comme membres de leur communauté d’origine que comme citoyens d’une même nation, ce qui n’avait rien de surprenant compte tenu de notre passé quasi-colonial. Et pourtant, depuis que la deuxième guerre mondiale avait sonné le glas des empires coloniaux, de jeunes nationalistes avaient fait le rêve incertain de la liberté. Disons le clairement, leur combat, pour certains leur sacrifice, aura été pour beaucoup dans l’accomplissement du droit de notre peuple à disposer de lui-même. C’est pourquoi, je le répète, nous devrons leur être éternellement reconnaissants.

Et notre pays ? Délimité par des frontières arbitraires, mal matérialisées, composé d’une mosaïque de circonscriptions administratives, dépourvu de grands axes de communication, économiquement replié sur lui-même, si l’on excepte les cultures de rente destinées à l’exportation, sous-équipé en infrastructures scolaires et de santé, il s’agissait plus d’un agrégat de territoires, différents par la langue, les coutumes, la religion, l’organisation tribale, etc. A quoi s’ajoutaient les particularismes hérités de trois modes dissemblables de colonisation.

Etions-nous une nation ? Pas encore, puisqu’il nous faudrait attendre la réunification avec nos frères du Cameroun occidental et faire naître ce « désir de vivre ensemble » qui caractérise une nation.

Etions-nous un état ? En droit, oui puisque nous étions affranchis de la tutelle et reconnus par la communauté internationale. Mais dans la réalité, la tâche restait immense.

Former une nation, construire un état, tel était le double défi auquel nous étions donc confrontés dès notre accession à la souveraineté.

Le premier n’était pas le plus facile à relever, car il échappe au volontarisme. Il doit émaner de la conscience collective des citoyens et ne peut naître que de la lente maturation d’une histoire commune. Voyez les vieilles nations européennes, elles ont toutes mis des siècles à se constituer, le plus souvent à travers les épreuves. En ce qui nous concerne, le processus a été plus rapide et, même s’il doit être sans cesse conforté, il est incontestable qu’il existe aujourd’hui une NATION CAMEROUNAISE et que son unité est notre bien le plus précieux.

Construire un état n’a pas été non plus une tâche aisée. Au début, nous manquions de cadres qualifiés et il a fallu faire avec le personnel disponible. L’enthousiasme et le dévouement ont parfois suppléé le manque d’expérience et de compétence. Mais, assez vite, la création de l’ENAM, qui vient elle-même de célébrer son cinquantenaire, a permis de doter notre administration des moyens humains nécessaires pour maîtriser le fonctionnement de l’Etat et s’approprier les mécanismes du développement. On peut dire aujourd’hui qu’à côté des institutions politiques le Cameroun dispose d’une administration d’Etat qualifiée et répondant à ses besoins.

Pour un peuple comme le nôtre, l’idée d’indépendance et donc de liberté est inséparable de celle de démocratie. Sans qu’il soit question ici de refaire l’historique des événements qui ont précédé et suivi notre indépendance, il est permis de dire que les conditions qui prévalaient alors peuvent expliquer (je ne dis pas justifier) le recours à des formes autoritaires de gouvernement. Mais il était prévisible que les choses étaient appelées à changer.

Vous vous souviendrez que, dès 1982, j’avais annoncé qu’une libéralisation progressive était nécessaire. Après avoir expérimenté la pluralité des candidatures au sein du parti unique, nous avons restauré le multipartisme. Puis au début des années 90, plusieurs lois garantissant les libertés civiques, d’association et de presse ont été adoptées. Au fil du temps, des consultations électorales, à différents niveaux, ont été organisées dans des conditions que nous nous sommes efforcés de perfectionner pour assurer la sincérité des scrutins.

Aujourd’hui, je crois pouvoir dire qu’avec un Président de la République élu au suffrage universel direct, une Assemblée Nationale où siègent des représentants de la majorité et de l’opposition, un Gouvernement multicolore responsable devant l’Assemblée, un Pouvoir Judiciaire indépendant, nous avons établi un régime remplissant les critères essentiels de la démocratie. Nous allons d’ailleurs en compléter les dispositions avec l’institution du Senat et la mise en uvre effective de la décentralisation qui permettra aux citoyens de participer directement à la gestion des affaires publiques, sans pour autant compromettre l’unité nationale. Nous nous sommes également attachés à apporter des garanties au respect des droits de l’homme, tant dans les textes que dans la pratique quotidienne des organes de l’Etat.

Malheureusement, nous le savons, la liberté politique n’est pas suffisante pour assurer la liberté tout court. Quelle est en effet la liberté d’un homme qui ne mange pas à sa faim ? C’est pourquoi nous avons toujours pensé qu’elle était indissociable du progrès économique et social. Cette partie de notre projet de société s’est avérée la plus difficile à réaliser.

Depuis l’extension de la mondialisation, les économies nationales sont encore plus tributaires des variations de l’économie globale sur laquelle les gouvernements ont peu de prise. Notre tâche s’est ainsi trouvée compliquée pendant les dernières décennies par une succession de crises : dégradation des termes de l’échange, ralentissement de la croissance en Europe et en Asie, variations erratiques des cours du pétrole et des matières premières, etc. Tous phénomènes qui ont eu pour notre économie des conséquences négatives.

Nous avons néanmoins fait front en nous soumettant à la rude discipline des plans d’ajustement structurel. Les sacrifices consentis par notre population nous ont permis, après une véritable récession, de retrouver le chemin de la croissance. La dernière crise a malheureusement de nouveau entravé nos efforts, en réduisant nos exportations et en freinant nos investissements, avec pour conséquence une remontée du chômage.

Il n’est pas question ici de chercher des excuses. Qui peut contester aujourd’hui que presque tous les pays – y compris les plus puissants- connaissent de grandes difficultés économiques ? En attendant une hypothétique reprise, chacun d’entre eux s’efforce de trouver la voie du salut. C’est évidemment ce que nous essayons de faire nous-mêmes.

Nous n’avons pas pour autant renoncé à faire reculer la pauvreté. Si aux plans de l’éducation et de la santé, des avancées indéniables ont été faites, il faut bien reconnaître que la partie la plus vulnérable de notre population, surtout dans les zones rurales, n’a pas vu son sort s’améliorer considérablement. L’accès à l’eau, à l’électricité et aux soins de santé reste pour beaucoup aléatoire. En revanche, nous pouvons prétendre que le paysage scolaire et universitaire de notre pays n’a plus grand chose à voir avec la situation d’après l’indépendance.

Par ailleurs, l’urbanisation accélérée qui s’est produite au cours des dernières décennies à la suite d’un fort exode rural a soulevé un grand nombre de nouveaux problèmes : logement, voirie, transport, sécurité. Avec à peu près la moitié de la population dans les villes, le Cameroun est on ne peut plus différent de ce qu’il était il y a cinquante ans.

Nous avons connu un autre bouleversement qui s’est opéré de façon progressive, si progressive qu’il est passé presque inaperçu. Avec les progrès de la scolarisation et de l’alphabétisation, ainsi que la diffusion des médias de masse, notre peuple s’est ouvert sur le monde. Nous lisons les journaux, écoutons la radio, regardons la télévision. Nos comportements, nos modes de vie, nos façons de penser ont évolué. Peu d’entre nous se rendent compte combien nous avons changé. En même temps que nous nous « occidentalisons », si je puis dire, nos différences tendent à s’estomper.

L’Afrique n’est pas la seule à connaître cette transformation. Même les pays dont l’identité était la plus marquée, n’ont qu’imparfaitement résisté. Acceptons ce que cette évolution a de positif, c’est-à-dire ce qui nous permet de progresser et de nous rapprocher des autres peuples. Mais que ceci ne nous empêche pas de retenir ce qui participe de notre nature profonde : la solidarité, la fraternité et autres vertus africaines. Efforçons nous aussi de garder ce qui appartient à notre génie propre : notre culture, nos langues nationales mais aussi celles qui sont devenues les nôtres. Conserver son patrimoine, c’est aussi conserver son identité.

En même temps que nous construisions notre pays, il nous incombait de veiller à la protection de son intégrité territoriale. Le vaste territoire dont nous avions hérité, nécessitait pour assurer sa sécurité la disponibilité de forces de défense suffisamment nombreuses et bien formées. Nous avons mené à bien cette tâche et nous disposons aujourd’hui d’une armée qui répond à nos besoins. Avant tout force de dissuasion, elle n’a vocation d’intervenir qu’en dernier recours.

Notre idéal de paix nous incline en effet à privilégier la concertation ou la négociation. De fait, nous nous sommes efforcés, tout au long des dernières années, d’entretenir avec nos voisins les meilleures relations possibles. Il me semble que nous y avons réussi. Le seul problème très sérieux que nous avons connu a concerné l’affaire de Bakassi. il a été heureusement réglé, conformément au droit international, grâce à l’esprit de conciliation et la volonté de rapprochement des parties en cause.

Ayant accédé à la souveraineté internationale, il nous revenait de déployer un réseau diplomatique à notre mesure. Cela a été fait progressivement. Aujourd’hui, nous sommes présents dans de nombreuses capitales et auprès des principales organisations internationales. De leur côté, plusieurs dizaines de représentations diplomatiques étrangères sont établies à Yaoundé. Nous pouvons ainsi jouer notre partition sur la scène internationale tant pour participer à l’activité diplomatique générale que pour défendre nos intérêts. La place du Cameroun sur l’échiquier mondial me paraît tout à fait honorable.

Mes chers compatriotes,

Peu nombreux sont ceux aujourd’hui qui ont vécu les heures exaltantes de l’indépendance. La plupart d’entre eux ont disparu et avec eux une part de leur rêve inachevée. Mais ils ont connu l’essentiel : ne plus subir l’humiliation, marcher la tête haute, agir à leur guise, avoir le droit à l’erreur. Pour la majorité d’entre vous, cette époque appartient à un lointain passé et est de l’ordre de l’acquis. Je ne m’en étonne pas mais comprenez que j’aie voulu dresser le rapide bilan qui précède pour mesurer le chemin parcouru.

Bilan positif ou négatif ? Aurait-on pu faire mieux ? Peut-être. Moins bien ? Sûrement. Sans revenir sur ce qui a été dit sur notre Nation et notre Etat, je rappellerai que nos institutions politiques sont restées stables, que les tensions sociales ont pu être maîtrisées, que nous sommes restés en paix avec nos voisins et que les libertés et les droits de l’homme n’ont pas cessé d’être respectés.

La véritable ombre au tableau reste la pauvreté qui demeure une plaie ouverte sur notre corps social. Tout en reconnaissant nos insuffisances, j’ai dit pourquoi les crises successives dont nous n’avions pas le contrôle, nous ont contraints pendant des années à gérer la pénurie et à rester en deçà de nos objectifs. Alors que les effets de la crise s’atténuent, que les premiers signes de reprise se manifestent et que l’investissement paraît devoir reprendre, je pense que nous devons considérer l’avenir autrement.

Je crois en effet qu’une époque est en train de prendre fin. Pour dire les choses clairement, j’estime que nous devons nous fixer comme ambition de devenir dans une vingtaine d’années un PAYS EMERGENT. J’avais évoqué cette éventualité il y a quelque temps sans pouvoir imaginer que la dernière crise économique et financière viendrait en éloigner la perspective.

Entretemps, nous nous sommes dotés d’une vision de développement à long terme qui prévoit qu’à l’horizon 2035 le Cameroun pourrait être (je cite) « un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité ». Cela suppose que nous parvenions à réduire la pauvreté à un niveau socialement acceptable, que nous devenions un pays à revenu intermédiaire et que nous franchissions le stade de nouveau pays industrialisé. Je ne me dissimule pas que ce défi est de taille. Mais je crois que notre pays en a les ressources et que notre peuple a les qualités requises pour le relever.

Un « document de stratégie pour la croissance et l’emploi » a été élaboré et servira de cadre de référence à l’action gouvernementale pour la période 2010-2020. Ce document fixe les objectifs de la première phase de notre vision à long terme et définit la stratégie pour les atteindre. Il relève les lacunes structurelles qu’il conviendra de corriger et passe en revue les grandes infrastructures que nous devons réaliser, ainsi que les secteurs productifs à moderniser. Enfin, il énumère les réalisations à prévoir dans les domaines de la santé, l’éducation et la formation professionnelle.

Comme vous pouvez le constater, il s’agit d’un véritable plan décennal de développement qui nous a fait défaut au cours des dernières années. Il vise essentiellement à redynamiser notre situation économique et par ce moyen à stimuler l’emploi et faire reculer la pauvreté. Quelle que soit votre place dans la société, je voudrais que vous considériez la mise en uvre de cette stratégie comme une véritable cause nationale et que vous vous mobilisiez pour en assurer le succès.

Je vous le disais il y a un instant. Nous allons changer d’époque. Pour me résumer, je dirais que, durant les cinquante dernières années, nous avons édifié l’architecture de notre indépendance. Demain nous allons lui donner le contenu économique et social qu’elle mérite.

Notre peuple qui a fait preuve de tant de courage et de patience, devrait y trouver, à travers une juste redistribution des fruits de la croissance, la récompense des sacrifices qu’il a consentis.

Vive l’indépendance !

Vive le Cameroun !

Message de Célestin DJAMEN à la Nation et à la Diaspora Camerounaise

Appel à un sursaut patriotique et républicain, création des comités de soutien

Mes chers compatriotes,

La dynamique pour le changement au Cameroun est en route. Ni les tentatives d’intimidation, ni la mise aux ordres des institutions de la République, ni l’ingéniosité des fraudes en préparation ne pourront stopper la dynamique engagée par le vaillant peuple Camerounais.
Aujourd’hui, avec les partenaires de l’opposition, nous parviendrons à conjuguer nos forces et nos idées pour mettre fin aux 28 années d’obscurantisme et de mépris de nos droits les plus élémentaires, à 28 années de kleptocratie, de médiocratie et d’autocratie. Je salue tout le peuple camerounais, qui se joint à nous dans ce combat qui mettra fin au système politique qui les prend en otage. Je salue mes compatriotes de la diaspora : sans vos apports et votre soutien, la douleur des Camerounais restée à l’intérieur aurait été insoutenable. Une de nos priorités sera d’établir le droit de vote des Camerounais de la diaspora et d’assurer à cette dernière une représentation égale aux dix autres régions du Cameroun à l’Assemblée nationale. La 11ème région sera celle de la diaspora, forte de plus de 2 millions de Camerounais qui trouveront enfin leur place dans la gestion des affaires de l’Etat. Vous serez donc dans cette optique représentés au Parlement par des représentants du Peuple et au Gouvernement par un Ministre d’Etat.
Pour relever ces défis et accompagner ce changement de demain, je vous invite à créer partout où vous êtes des comités pour nous soutenir, pour nous apporter des moyens logistiques et financiers indispensables pour porter cette dynamique de changement. Vous serez à travers ces comités de soutien au coeur du combat. Vos idées et vos contributions nous nourriront et guideront nos démarches sur le terrain. Soyez assurés que la fin de la dictature est proche et que ses jours sont comptés. Demain, vous pourrez enfin apporter vos talents pour l’immense tâche qui nous attend pour la reconstruction du nouveau Cameroun.
Je n’oublie pas nos Forces Armées sur qui pèsent tant de contraintes et de sacrifices, l’Armée de notre Nation qui a subi tant d’épreuves et de deuils. La grandeur de votre mission et de votre vocation comme vous nous l’avez toujours appris, est et demeure avant tout de servir non pas un dictateur en fin de règne, obsédé par la conservation de son Pouvoir coûte que coûte, mais bien au contraire la défense d’un territoire, de l’intérêt général d’une Nation magnifique et éternelle.
Je n’oublie pas non plus que vous aurez rarement l’occasion de vous payer des vacances a 900 000€ à la Baule, tandis que d’autres puisent allégrement dans les caisses de l’Etat et en toute impunité, l’appauvrissant ainsi chaque jour davantage, d’année en années. Pendant ce temps là vous vous battez douloureusement pour assurer des vacances à 900 FCFA à vos chers enfants. Notre Armée sera pour ainsi dire un facteur déterminant de changement dans un futur proche mais aussi un agent de préservation de la paix et de la concorde civiles dans notre pays.
Je n’oublie pas enfin les familles endeuillées ainsi que tous les compatriotes dont les immenses souffrances hypothèquent chaque jour, tout droit à l’espérance. Vous qui souffrez de maux divers et vous qui croupissez sous le poids de la misère méticuleusement orchestrée par le Pouvoir en place, j’émets un seul v u : gardez espoir et confiance. Ensemble nous allons engager le Cameroun sur la voie de la modernité, sur la voie de la rénovation et lancer ainsi les bases d’un avenir meilleur pour les générations futures. Je formule le voeu que 2010 soit pour notre jeunesse accablée et sacrifiée, que 2010 soit pour notre économie dévastée et décimée, qu’elle soit pour chaque Camerounaise et chaque Camerounais la fin du règne clanique, tribaliste, clientéliste et surtout le début de l’Espoir.

Chers compatriotes, ensemble disons : o bosso!
Vive la Liberté! Vive l’Alternance! Vive le Cameroun!
Que Dieu vous bénisse et bénisse notre cher pays, le Cameroun!
MERCI!

Candidat à la présidence de la République
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