Voici les dossiers que le conseil des ministres de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale soumettra aux travaux de la conférence des chefs d’Etat
RCA, le plat de résistance au menu
En effet, les préoccupations tournent sur la situation en RCA, la libre circulation des personnes et des biens, le Programme économique régional (Per). Environ deux mois que la coalition Seleka règne en maître à Bangui, le siège des institutions de la République centrafricaine. Curieusement, la situation générale du pays reste très préoccupante. En effet, plus les jours passent, plus la situation se dégrade, en l’occurrence sur le plan sécuritaire. Les rebelles pillent chaque jour. Même le palais et la cité de la Cémac sont mis à sac. Il en est de même des résidences et des personnels en activité au siège de la commission de la Cémac. L’armée nationale et la police sont inexistantes. Les caisses de l’Etat sont vides. Le nouveau gouvernement ne peut pas honorer ses engagements, notamment le payement des salaires des fonctionnaires. La population perd patience. Tous les ingrédients de la conflagration sont réunis. Le chaos se rapproche inexorablement. Avec en prime la déstabilisation possible de la sous-région Afrique centrale. Il faut donc sauver la RCA. La communauté internationale s’y attelle, avec des résultats très mitigés jusqu’ici.
La mobilisation ô combien remarquable des pays d’Afrique centrale tarde malheureusement à produire les résultats escomptés. Que faire pour être davantage efficace sur la crise centrafricaine? La question est dans l’agenda du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cémac, programmé ce 14 juin 2013 dans la capitale gabonaise. Les leaders de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale connaissent bien le dossier RCA. Au mois de décembre dernier, la Cémac avait par exemple appuyé à hauteur de cinq (5) milliards de francs Cfa le volet DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion) de la RCA. Bien plus, les chefs d’Etat de la Cémac ont multiplié des rencontres sur la question centrafricaine, à l’effet de trouver une solution concertée à la crise qui secoue ce pays. Et la mobilisation jamais prise à défaut des leaders de la sous-région sur le dossier centrafricain s’observe autant à la Cémac qu’à la Ceeac, autant en Afrique centrale qu’à l’Union africaine, autant chez les bailleurs de fonds qu’auprès la communauté internationale dans son ensemble.
Circulation des personnes et des biens: l’arlésienne
C’est l’autre gros dossier sur la table des chefs d’Etat de la Cémac. C’est connu, l’Afrique centrale est la communauté économique régionale la moins intégrée du continent, où la circulation entre les citoyens du même espace communautaire est problématique. Les experts peaufinent actuellement les décisions à soumettre à la sanction des chefs d’Etat. Les indiscrétions annoncent la signature des accords d’assistance avec Interpol. Les chefs d’Etat devront également prendre une décision sur les matériels de contrôle aux postes frontières. Le rapport d’étape concernant Air Cémac sera aussi soumis à la conférence des chefs d’Etat de la Cémac. Ils seront fixés sur le niveau des négociations avec Air France, le partenaire stratégique de la compagnie sous – régionale. Pour rappel, Air Cémac vient de prendre son siège à Brazzaville.
Le Programme économique régional et le lancement du Fonds Emergence: à vos marques, prêts.
C’est l’autre dossier non moins important à soumettre à l’appréciation des chefs d’Etat. L’on se penchera entre autres sur le rapport d’étape du Pro- gramme économique régional (Per). Les chefs d’Etat écouteront le point des réalisations de la phase 1 du Per. Ils arbitreront les points de rupture du rapport d’étape. Et ils feront utilement des pro- positions pour une meilleure mise en uvre de ce programme. Le Per fait face à un problème d’appropriation au ni- veau des pays membres de la Cémac. En effet, le volet Per – pays reste inopérant. Car, il y a un besoin d’harmonisation entre le Per – pays et les politiques économiques nationales. Bon à savoir, le Per ambitionne de «faire de la Cémac en 2025 un espace économique intégré émergent, où règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement humain». Le financement du Per passe par la mise en place du Fonds Emergence de la Cémac. Les chefs d’Etat sont appelés à se prononcer sur les mesures nécessaires dans l’accélération du processus de lance- ment du Fonds Émergence.
Stabilisation de la Cémac: on cherche la solution
La session extraordinaire du conseil des ministres de la Cémac, tenue du 9 au 12 avril 2013 à Libreville, avait opté pour une délocalisation du siège de la commission de la Cémac de Bangui. En effet, l’instabilité chronique dans la capitale centrafricaine oblige la commission à s’installer ailleurs, en l’occurrence dans l’une des cinq capitales des autres pays membres. Libreville et Malabo sont dis- posés à recevoir la commission pendant ses deux années «d’exil». Les chefs d’Etat vont opérer un choix, sur la base d’une grille de critères à satisfaire par chaque pays candidat à l’accueil de la commission. La commission a estimé le coût de cette délocalisation à 2,0315 milliards de FCFA qui devra être financée par le budget d’investissement (2,5 milliards de FCFA) de la commission pour l’exercice 2013. Par ailleurs, pour un déploiement efficient de la commission de la Cémac, les chefs d’Etat écouteront l’audit des institutions et organes de la Cémac. Ce qui leur permettra de lancer définitivement le processus de rationalisation des institutions et organes dont les missions se confondent au quotidien. Le sommet extraordinaire connaîtra également de la «situation qui prévaut à la Cour de justice communautaire. Ici, la problématique est la transformation de l’ancienne Cour de justice dotée de deux chambres (judiciaire et comptes) en deux cours distinctes, la Cour de justice et la Cour des comptes. Bon à savoir: ces deux entités ne sont pas opérationnelles du fait de la non-ratification des textes par deux Etats. Par ailleurs, on note en outre que le mandat des juges actuels est largement dépassé. Autres dossiers et ratification des textes communautaires Le sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cémac s’appesantira en outre sur l’amélioration du climat des affaires en zone Cémac. Des recommandations fortes sont énoncées en matière de protection des entreprises privées. Ces recommandations portent notamment sur la mise en place des règles uniformes et l’harmonisation des procédures au sein de l’espace communautaire. Par exemple, les chefs d’Etat sont appelés à adopter les textes sur l’harmonisation des politiques pharmaceutiques communes, pour en faire une loi supranationale.
Une justice aux ordres. La police instrumentalisée. Des dossiers vides. Des familles brisées. Voyage dans l’absurde et l’enfer. Avec Rémy MBA MIMFE’E, «présumé coupable de détournement des fonds publi
On avait certainement calomnié Rémy MBA MIMFE’E et quelques-uns de ses collègues du Crédit Foncier du Cameroun (CFC). Un matin du mardi 21 février 2006, il est mis aux arrêts depuis son bureau de travail habituel au CFC, par une escouade de policiers armés jusqu’aux dents, sur « instruction du procureur de la République ». Émoi et questionnement de l’auteur de l’autobiographie intitulée Opération Épervier : Mémoires d’un présumé coupable. « Comment cela a pu se faire que je sois arrêté ? Comme un grand bandit ! Comme un braqueur ! Tout ce déploiement ! Qu’elle est la faute commise ? Où ? Quand ? Comment ? Qu’est-ce qu’on me reproche ? Le motif : « sur instruction du procureur », ne me satisfait pas. On me dit que les « ordres viennent d’en haut ». Les 229 pages de l’opuscule commis par Rémy MBA MIMFE’E apportent plus ou moins des éclairages à cette histoire digne du « Procès » de Kafka. Le livre de poche (préfacé de Pierre Désiré Engo et postfacé de Me François – Xavier Mbouyoum) construit sa trame autour de quatorze chapitres. Ceux-ci donnent à découvrir un autre visage de la campagne d’assainissement des m urs publiques engagées par le président de la République, sous l’appellation Opération Epervier. Un visage hideux qui prend le contre-pied de tout le discours officiel véhiculé par le gouvernement de la République.
Procès de la police .
L’ouvrage publié à compte d’auteur met en surface toute l’impréparation, doublée du peu de professionnalisme, qui encadrent la mise en uvre de l’Opération Epervier. Notamment aux niveaux de la justice et de la police camerounaise. « Le comportement des policiers trahissait la peur qui les animait dans l’exercice de leurs missions ; eux, pourtant, qui étaient habitués à arrêter les bandits ; les vrais. Tous se comportaient comme s’ils étaient surveillés ; comme si le moindre sens humain était synonyme de sanction disciplinaire à recevoir ». A cet état d’esprit, il y a l’embarras qui caractérise la police dans la conduite des opérations : « A un moment de l’interrogatoire, il s’arrêta et me posa la question : on vous a arrêté pourquoi ?… Je lui répondis : je ne sais pas.Il dit à son patron : j’ai fini de lui poser des questions sur les aspects génériques de l’enquête. Quel est le motif de son arrestation ?» Le commissaire hésita et lui répondit : « on m’a demandé d’aller l’arrêter et j’ai exécuté les ordres. C’est vous qui connaissez le motif ». L’auteur révèle aussi une police gratuitement méchante et inutilement zélée. En l’occurrence à l’occasion de la perquisition des domiciles ou de la confiscation des biens chez les prévenus. Morceau choisi du chapitre titré « Branle – bas au village » : « Nous étions déjà rendus vers 1 heure du matin, tout le monde était déjà fatigué. Une fois de nouveau en ville, nous pensions légitimement que nous allions passer la nuit à la police judiciaire, en principe, plus sécurisée. Mais le « grand commissaire » décida de nous amener dans le domicile d’un de ses parents au quartier ABANG.Evidemment, vers cette heure, personne ne nous attend. Dieu merci, il y avait un tapis qui devint mon lit douillet que je partageais avec deux gardiens de la paix, chargés de ma garde rapprochée. L’un se coucha à ma gauche et l’autre à ma droite. Le commissaire prit le canapé et l’officier la chaise ». La désillusion quant aux résultats escomptés est souvent grande. « Toute cette mobilisation, tous ces moyens, tous ces hommes : pour rien du tout ? C’était aussi ça; l’opération Epervier N°1. Rien n’avait été prévu, ni préparé. Tout était mis en uvre, sans une enquête, sans une réflexion préalable. Il fallait agir, avant de réfléchir. Et pourquoi ? » Comment rester sans mot dire sur le bradage et le pillage des biens publics et privés au Groupement spécial d’intervention (Gso) à Soa ? « Le spectacle qui vous est offert à Soa est une désolation totale. Tous les véhicules, qui ont été saisis, sont en train de pourrir sans que personne ne s’en émeuve. La majorité de ces véhicules appartient à l’Etat. Le spectacle est triste et désolant, mais il est aussi surtout inquiétant. Comment peu-on mener une opération dans le but de préserver la fortune publique, et la laisser se dégrader de cette façon ? Les responsables de la police, en charge de la garde des biens saisis, ne sont jamais là. Quand vous trouvez enfin un agent au bout de nombreux tours, vous devez vous rendre à l’évidence qu’il faut débourser de l’argent. Voilà des endroits où l’Etat prétend ou croit mettre les biens des voleurs en sécurité ; mais où tout est pillé, au vu et au su de tout le monde ; sans que cela n’émeuve personne ».
Et la justice camerounaise
Elle est tout autant épinglée que la police. Une justice loin de toute neutralité. « Pendant mon audition, le parquet appelait régulièrement pour que l’officier leur fasse le point. J’ai compris plus tard qu’ils étaient en train de préparer le mandat de dépôt à leur niveau ». Bien plus, Rémy MBA MIMFE’E dépeint une justice camerounaise à la man uvre : « Je suis convaincu que le procureur grondait et le pauvre officier lâcha. Mais je n’ai pas de motif, je ne peux pas boucler une enquête et déférer quelqu’un sans motif. J’ai alors entendu le procureur hurler : « Ecrivez ce que vous voulez » ; et il raccrocha ». Le zèle de certains magistrats en rajoute aux griefs contre cette justice aux ordres. « . Le procureur m’y ramena avec la question : « reconnaissez-vous les faits ? » Je ne répondis pas. Il reprit la question. Je répondis : non. Alors, il me demanda de lire et de signer. J’hésitai et ne lus que le titre : « Mandat de dépôt ».Le procureur me réveilla avec cette autre déclaration : « Même si vous ne signez pas, vous allez à Kondengui ». La montagne accouche d’une souris pendant le procès. Le chef d’accusation de détournement d’une somme d’argent de 58 millions de FCFA à l’agence CFC de Bafoussam vole rapidement en éclats. Le dossier est vide. Non lieu, décide toute honte bue la justice camerounaise. Pour y arriver, c’est la croix et la bannière pour le justiciable qui refuse de verser dans la fatalité. Bonne feuille : « Il était juste question de faire appel d’une décision de justice. Mais je fus surpris de constater que c’était un chemin de croix, pour mon avocat et moi. Pour obtenir toutes les pièces permettant de constituer le dossier d’appel, mieux encore, le dossier constitué, j’ai dû prendre une semaine pour que le greffe accepte de prendre les frais du dossier d’appel et pire, le dossier d’appel, régulièrement constitué n’a jamais été reçu au greffe. Personne, je dis bien personne, n’a accepté de prendre l’engagement de le recevoir ». L’administration pénitentiaire, désormais rattachée au ministère de la justice, excelle également dans le vice. « . J’ai découvert l’autre face du gardien de prison ou de la majorité des gardiens de prison. Mon statut avait changé, les agissements des gardiens aussi. Le mépris, l’impolitesse et l’injure étaient réservés aux personnalités arrêtées, sans considération d’âges. Le traitement humiliant, commencé depuis le matin, prenait d’autres allures ». Et Rémy MBA MIMFE’E d’indiquer plus loin : « Le grand débarquement du 21 février 2006 constituait ainsi une mine d’or pour le personnel de la prison et les autres prisonniers, qui voyaient en nous des hommes bourrés d’argent qu’il fallait escroquer à défaut d’agresser ».
La famille et les amis dans la psychose permanente
On a toujours oublié de porter le regard sur la souffrance de la famille et des proches de la personne arrêtée dans le cadre de l’opération Epervier. En s’attardant sur le cas Rémy MBA MIMFE’E, l’on découvre une épouse et des enfants meurtris par ces événements inattendus. Dieu merci, Rémy MBA MIMFE’E peut compter sur une poignée de (vrais) parents et amis. Bien organisés et soudés, ils apportent un précieux soutien multiforme à l’épouse et aux enfants du prévenu. En réalité, Rémy MBA MIMFE’E récolte les fruits de son bon comportement autant dans sa famille nucléaire que dans sa famille élargie. Il tire par ailleurs avantage de la qualité de l’éducation donnée à sa progéniture et de la confiance mutuelle dans le couple. Qu’à cela ne tienne, les dégâts et les ravages de son arrestation impromptue ne manquent pas. La torture morale. Le délabrement matériel et financier. L’incarcération des enfants. L’exorcisme. « Oui, l’exorcisme ! C’est le Cameroun et les Camerounais qu’il faudrait délivrer de tous ces maux : clientélisme, corruption, détournement des biens sociaux, sectarisme, inertie, etc. ». Pour l’auteur des Mémoires d’un présumé coupable, le pays tout entier paye le lourd tribut de cette campagne mains propres : « Et l’Opération Epervier ? Pour quels résultats ? Certainement beaucoup de bruits, de vengeance, d’amalgames, de mensonges, de grossières erreurs ; mais pas de changement de société ». Ce constat effroyable plonge le narrateur dans des réflexions personnelles sur l’être et le devenir de la société camerounaise. « Il peut arriver qu’on commette un crime. Est-ce pour cela que toute votre famille, tous vos amis, toutes vos relations deviennent des complices ? Le fait de désapprouver un acte, enlève -t-il les liens d’amitié et de sang qui existent entre les Camerounais et, globalement, entre les hommes ? […] Quelle est donc cette société où l’individu n’existe plus en tant qu’être humain doué du souffle de vie que Dieu lui a donné ? Pourquoi le « décret »confère-t-il tout le pouvoir ; jusqu’à enlever aux autres le droit à l’information sur les malheurs qui peuvent arriver aux leurs ? […] Quelle est donc cette société qui vous pousse, vous incite et vous excite à la corruption et aux détournements et qui, au premier faux pas, vous abandonne ? […] En si peu de temps, on me dit qu’on va me libérer. Avons – nous mesuré l’étendue du désastre et du tort causé à mes enfants ? A ma famille ? A la société et à moi – même ? [.] Et au bout de cette libération, pas même un mot de regret ou d’excuse de la part du gouvernement ! » Autant de questions et bien d’autres qui entrecoupent la narration du brillant haut cadre du CFC. L’auteur a le mot juste pour conclure : « L’objectif premier de ce qui est baptisé l’Opération Epervier » est louable ; mais les méthodes humiliantes, téléguidées, s’apparentant à des règlements des comptes, ont dévié le volet éducatif et productif de cette opération. Rien n’a changé au final ». En d’autres termes, et pour rester positif, il faut « repenser puis recommencer l’Opération Epervier ». A bon entendeur.
Une conférence-débat a été organisée le 06 février sur le thème « Interaction entre intégration régionale et émergence économique nationale, quelle place pour les médias? »
Le temps d’un après-midi, un peu plus de 200 invités se sont laissés bercer par le souffle régulier de la Maison provinciale Don Bosco de Yaoundé. Deux prétextes justifient la présence en ces lieux des professionnels de médias, des syndicalistes des organisations communautaires, des opérateurs économiques, des représentations diplomatiques et autres étudiants : partager la joie de l’équipe du journal INTEGRATION pour la publication de son 100e numéro et la conférence-débat organisée à cet effet. « Interaction entre intégration régionale et émergence économique nationale, quelle place pour les médias ? », pertinente problématique à l’ordre du jour, située au diapason du grand tumulte d’un continent plein d’espoir pour l’émergence.
Un panel diversifié pour un décryptage multi perspectiviste du thème. Autour de Aimé – Robert BIHINA le journaliste modérateur de la conférence – débat, des économistes, des spécialistes des questions d’intégration en Afrique, des journalistes apportent des réponses à des questions structurantes. Sans construction forcée, ni démonstration laborieuse, Dieudonné ESSOMBA, Joseph MBITA, GOUGA III Jeannot, Mohamadou LAMINE respectivement économiste et ingénieur statisticien hors échelle, spécialiste des problématiques d’intégration régionale, conseiller économique à la CEMAC et conseiller PER à la CEMAC, s’accordent sur l’urgence d’une mouvance intégrationniste en Afrique centrale, afin de favoriser à moyen terme l’émergence de celle-ci. Sur la base d’expériences, d’idées et même d’anecdotes, GOUGA III Jeannot, venu du siège de la Cémac à Bangui pour les besoins de la cause, martèle que cette vision ne doit plus être un simple slogan scandé seulement par les hommes politiques, mais une affaire de tous les acteurs sociaux parmi lesquels la presse.
Conférence débat pour le 100e numéro d’IntégrationIntégration)/n
Parole donnée aux hommes de médias
Leurs contributions prennent les allures d’un regard froid de la situation. Hugues François ONANA, journaliste et universitaire, dans une intervention manifestement trahie par la posture d’un chroniqueur passionné des politiques de relations internationales remarque pour le regretter que «les informations de la sous – région Afrique centrale par exemple demeurent encore obscurément ressenties dans nos médias locaux ». « La preuve, poursuit- il, au sein de plusieurs rédactions, leur traitement ne se limite qu’à des séquences épisodiques (mort de chef d’État par exemple). Et pourtant, il y a de la matière, souligne -t-il ». Le directeur de publication de l’hebdomadaire le Financier d’Afrique, Boniface TCHUENKAM, reste dans le même sillage. Pour lui, tout en reconnaissant les efforts consentis par certains organismes (la BEAC en l’occurrence), « la presse se heurte au manque de banques de données, à l’absence de représentations dans certains pays de la sous région Afrique Centrale des structures telles que la COBAC, la BDEAC. ». Un état de chose qui, selon lui, est renforcé par certaines raideurs rendant la circulation des informations moins fluide. D’où l’exigence d’un effort surhumain tant au niveau de la collecte, la production ainsi que de la diffusion des informations. Et dans un contexte où les regroupements sous-régionaux tardent à décoller véritablement, il faut «frapper pour abattre les barrières sans cesse naissantes à l’accès des journalistes aux informations», comme l’indique le Père Jean – Baptiste BERAUD, représentant de la Maison Don Bosco de Yaoundé. On s’active dans ce sens, a lancé Mohamadou LAMINE, l’autre émissaire du président de la Commission de la Cémac à la conférence – débat, « car la presse a son mot à dire dans la mouvance intégrationniste ». Thierry Ndong, Directeur de publication du journal INTEGRATION, a conclu en remerciant tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à l’organisation de cette conférence – débat. Un hommage appuyé a été particulièrement rendu à M. Pierre Moussa, Président de la commission de la Cémac, qui a mis en mission ses deux plus proches collaborateurs en charge des questions économiques et d’intégration. Cerise sur le gâteau d’anniversaire, le journal INTEGRATION publiera toutes communications et recommandations de cette conférence – débat dans une édition spéciale en couleur au format magazine. Ce sera un hors – série à mettre sur le marché en fin du mois de mars 2013.
L’opérateur se présente aujourd’hui en victime, alors que jusqu’au bout, sa logique n’est pas de servir l’intérêt du peuple, mais celui du capital
A grands coups de publi-reportages, l’opérateur en charge de la distribution de l’énergie électrique au Cameroun a réagi face à la vague des protestations intervenues contre les délestages dont souffrent les populations de Yaoundé et de Douala. La dernière action en date, largement reprise par certains médias, est la rencontre avec des associations de consommateurs. A ces organisations, l’opérateur a fait savoir que les problèmes actuels d’énergie électrique du Cameroun trouvent leur origine dans la survenance de la saison sèche. Celle-ci rendrait l’offre en énergie électrique insuffisante par rapport à la demande. « Les statistiques réalisées par AES-SONEL au 10 février 2013 font état d’une capacité disponible de 620 mégawatts pour une demande totale à la point évaluée à 722MW, soit un déficit de 152MW » a indiqué d’emblée monsieur Bile Jean David, le Directeur Général d’AES-SONEL. Au passage, il ne manque pas de revenir sur son argument majeur utilisé depuis le début de la crise, à savoir qu’un retard enregistré dans l’approvisionnement du gaz à la centrale de Kribi (216 MW attendus) et l’absence de gasoil pour le fonctionnement des quatre centrales du Programme Thermique d’Urgence (PTU) d’une puissance installée de 100MW ont affecté la gestion de l’offre disponible surtout dans la période d’étiage.
Des explications passe-partout
L’opérateur fait aussi savoir qu’il n’est pas resté les bras croisés et qu’il a demandé à certains gros clients une diminution de leur consommation de l’ordre de 20MW et a fait appel à ses centrales thermiques de Limbé et Dibamba. AES annonce avoir aussi diminué la demande du secteur public et investi près de 3 milliards de surcoût. Pourtant au final, le problème reste entier. L’opérateur indique qu’il ne peut dire avec exactitude lorsque reviendra la stabilité. Seul le lancement de la centrale de Kribi apportera cette garantie et toujours selon le top management d’AES-SONEL, on n’y sera pas avant avril. « Le temps de faire des tests au gaz et de s’assurer que tout fonctionne », indique monsieur Bile. Ces explications, si elles peuvent apaiser les consommateurs moyens qui ne comprennent pas grand-chose au management des opérations en rapport avec la distribution de l’énergie électrique, méritent d’être revisitées à la lumière de l’historique de la concession à l’opérateur, de la distribution de l’énergie électrique au Cameroun. En 2001, lorsque le gouvernement du Cameroun, dans une vague de privatisation de certains secteurs, décide de concéder pour la modique somme de 51 milliards de FCFA la gestion de son entreprise de distribution d’électricité au groupe AES, à l’époque déjà, le groupe avait déjà su manier les armes de la communication. Les promesses étaient grandes, allant de la construction et la rénovation des centrales thermiques, dont celle de Bertoua pour 300 milliards de FCFA et celle de Kousseri dans l’Extrême nord pour près de 500 milliards. Le groupe promettait aussi de remplacer quelque 2500 transformateurs, pour accroître l’offre d’électricité. AES-SONEL avait même lancé un slogan pour dire que la clientèle était la priorité numéro un. Des initiatives, qui, à leur époque, avait été appréciée même par des représentant des Bailleurs, notamment la Banque mondiale. Le résultat aujourd’hui parle de lui-même. Le nombre de personnes connectées n’a pas significativement augmenté dix ans après. AES Sonel revendique quelques 650 mille ménages, alors que normalement, on aurait déjà dû atteindre le million. De même, si l’entreprise est présente dans de nombreux médias, le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle communique vraiment. Facilement, on se retrouve dans des termes techniques incompréhensibles de la majorité et jamais la clientèle ne s’est montrée satisfaite de l’opérateur. Aujourd’hui, le groupe accuse certainement avec raison le fournisseur de gaz. Mais bien avant Kribi, les problèmes de délestages existaient déjà au Cameroun. Une promesse qui avait été aussi faite et qui aujourd’hui est oubliée, celle de son ancien Directeur Général Mark. Miller surnommé le DARK Miller en raison du taux de délestages connus à son époque. «Nous prenons l’engagement d’améliorer les aspects de notre entreprise et de fournir une électricité propre et sûre, fiable et pas trop cher pour le Cameroun », disait-il. Un peu plus tard, AES-SONEL a dévoilé un plan ambitieux pour connecter quelque 750.000 Camerounais en énergie électrique. Il a promis, aussi, qu’un service de pôle à moins de 40.000 FCFA est disponible de sorte que de nombreux camerounais pourraient être reliés au réseau électrique à moindre coût et facilement. Pour de nombreux clients, se connecter chez l’opérateur reste un gros défi et l’énergie n’a jamais coûté aussi cher au Cameroun.
Des promesses non tenues
La solution de Kribi aujourd’hui présentée comme la pilule miracle cache de grosses inconnues. Pourquoi, aujourd’hui Kribi qui n’existait pas en 2012 est au centre de la solution stratégique des délestages. À l’analyse, la vérité est toute simple. AES et le gouvernement sont en complot contre les populations du Cameroun, qui paient cher les ambitions capitalistiques du groupe. Dès le départ, la quasi-totalité de la production de la centrale hydroélectrique d’Edéa (plus de 250 MW) est destinée à alimenter l’usine d’aluminium ALUCAM, succursale locale du groupe anglo-australien, RIO TINTO ALCAN et dont l’apport aujourd’hui sur le produit intérieur brut du pays (1,7%) n’atteint pas celui cumulé de toutes les PME camerounaises, dont le fonctionnement pourrait exiger moins d’électricité. La centrale de Song Lulu (356 MW) quant à elle ravitaille le « secteur public », c’est-à-dire tous les clients Moyenne tension (MT) et Basse tension. Or ce qu’il faut dire à propos de ce côté des choses, c’est que la quantité d’énergie qui arrive chez les consommateurs subit des pertes de l’ordre de près de 45%. Le groupe dit avoir fait des travaux d’amélioration du réseau, mais aucune étude indépendante ne valide les résultats présentés par AES. De plus, Il faut noter que la demande cumulée des ménages et des entreprises croit en moyenne de 40 MW chaque année. Quant aux nombres d’usagers connectés au réseau public d’électricité, l’opérateur AES/SONEL brandit le chiffre de 610.000 abonnés dûment répertoriés dans ses cahiers, parmi lesquels 1300 clients MT et 03 abonnés dits « Grands comptes ». Il faut dire que ces chiffres avancés par l’opérateur ne sont pas vérifiés par une source indépendante. D’un autre côté, même si ces chiffres sont vrais, l’opérateur n’aura pas tenu son engagement contractuel de brancher 50 000 ménages par an. Alors qu’on parlait de plus de 500.000 abonnés en juillet 2001, 610 000 branchements signifieraient deux choses.
A qui profite le mensonge
Soit l’opérateur n’a pas tenu sa promesse, soit il ne dit pas toute la vérité des chiffres. Or la transparence dans ce domaine est indispensable pour une étude plus objective du secteur de l’électricité, qui nécessite des investissements lourds. En tenant compte du fait que le contrat de concession lui fait obligation d’effectuer 50 à 60.000 branchements par an, on aurait dû aujourd’hui tourner autour de 1,2 millions de branchements effectués. Certains observateurs estiment que la vérité des chiffres est volontairement dissimulée pour des raisons obscures. Pour de nombreux observateurs, le groupe AES Sonel jusqu’ici, n’a toujours agi que dans le but de faire du bénéfice au mépris des exigences du développement des populations camerounaises. Certains, qui ont poussé l’analyse loin, croient savoir que les délestages ont une seule cause. Le groupe ayant signé un contrat avec ALUCAM pour l’extension de cette dernière a réduit la part d’énergie produite à Song Loulou et destinée au secteur public, pour satisfaire l’exigence contractuelle de lui fournir un supplément d’énergie dès janvier 2013. D’un autre côté, présenter la centrale de Kribi comme « La solution s’apparente à un mensonge ». Déjà, le coût de l’électricité qui en sortira est inconnu. Les experts penchent pour 60 et 80 FCFA le KW contre 12 FCFA maximum pour le thermique. Le gouvernement actionnaire à SONEL et ALUCAM semble avoir fermé les yeux sur ce complot, bien que ses responsables et son chef aient annoncé qu’on marchait vers l’émergence.
La tonalité du communiqué de presse publié sur le site Internet de l’Élysée montre que M. Hollande a compris le Cameroun. A-t-il compris le Président Biya? A-t-il dissipé ses doutes?
1-Paix et guerres françaises en Afrique ou la stratégie du caméléon ?
Depuis l’élection de M. Hollande à la présidence française en mai 2012, il est difficile de dire quelle est la politique africaine de l’Elysée, tellement M. Hollande est imprévisible. Puisque nous sommes sûrs qu’il a des conseillers politiques et militaires, nous dirons que du point de vue du discours, la rupture d’avec la Françafrique est prônée. Ce qui contraste avec les faits, qui, eux, confirment la stratégie du caméléon et de la réalité. Le caméléon est un reptile saurien du groupe lézard, appartenant aux genres des Chamaélo de la famille des Chamaeléonidés qui a la particularité du mimétisme de la couleur. En effet, le caméléon a la faculté quasi légendaire de changer de couleur dans une gamme incomplète de couleurs. Cette mutation chromatique se fait naturellement en fonction du lieu où il se trouve. Nous pouvons nous tromper, mais c’est la conclusion à laquelle nous arrivons au terme d’une analyse de l’action du Président français jusqu’ici. L’histoire dira si cette stratégie est la meilleure pour le France, quand on sait que la faculté du caméléon à changer de couleurs n’est pas illimitée. Une personnalité changeante, indécise et imprévisible peut être source d’impopularité. Lorsqu’elle ne traduit pas un manque d’assurance, elle peut être révélatrice de choses comme la précipitation, l’impréparation et l’aveuglement. Elle rend vulnérable à l’erreur, à l’émotionnel et au circonstanciel, même si elle a la vertu de l’adaptation facile. De nombreuses analyses behavioristes renseignent sur la question.
2- Du Président Hollande militant des Droits de l’Homme à Kinshasa.
Tous ceux qui ont suivi de près le sommet de la francophonie de Kinshasa ont été frappés par le militantisme quasi viscéral du Président français avant et pendant le sommet. Il a menacé de boycotter cette grande rencontre qui rassemble tous les deux ans les pays de la planète qui ont en partage la langue française. Revêtu de son costume immaculé de président nouvellement élu des français, c’est en traînant les pieds qu’il y est allé. Et quand il est arrivé, c’est le mot acerbe et piquant qu’il a parlé, promettant de tout dire sur tout. Alors qu’on ne demandait à la France pas plus que le respect d’un engagement international. A Kinshasa, le Président Hollande avait la couleur verte qui fait la force des « emmerdeurs » de l’organisation écologiste Green Peace ou des Ong « humanistes » qui polluent le débat international.
3.-. Au Président de la rupture de la Françafrique en Centrafrique.
Il y a donc eu la crise centrafricaine. Et tout le monde a presqu’oublié que le Président Bozizé, en butte à une rébellion venant du nord pour l’évincer, a sollicité officiellement l’intervention de la France. Sentencieux, le Président Hollande a répondu qu’il n’est pas dans le rôle de la France d’intervenir dans les affaires internes des États ; ajoutant, imperturbable, que cette époque était révolue. N’eût été la prévenance des États de la CEEAC, qui, depuis février 2000 se sont dotés d’un instrument de maintien de la paix doté d’une force internationale, la FOMAC, M. Bozizé ne serait plus au pouvoir et les rebelles seraient arrivés à Bangui pour le réveillon du Nouvel an. En une semaine, le Cameroun, le Congo, le Gabon, le Tchad et la RDC ont mobilisé une force que les Sud Africains ont rejointe pour stabiliser la Centrafrique et bouclé des négociations. Un gouvernement d’union nationale est désormais attendu à Bangui. La France a fait le service minimum ; alors qu’elle a des forces sur place qui sont intervenues déjà en 2006. Dans cette crise, le Président Hollande s’est revêtu de la couleur écarlate d’un champignon vénéneux sous le bois : beau à voir, mais mortel.
4- En passant par le Président « chef de guerre » au Mali.
Les États de la CEDEAO ont tourné de réunions en réunions, sous le regard plus ou moins intéressé de la France dont l’activité au Conseil de sécurité était visible. Le Nord Mali était pourtant occupé depuis plus de neuf mois. Alors que tout le monde redoute la partition du pays, un coup d’État intervient et la scène malienne commence à tourner au ridicule. Pendant que certains épiloguent sur la fin de la Françafrique, et que les autres ergotent sur les incapacités réelles ou supposées de la CEDEAO, l’avancée décisive des rebelles, terroristes, ou djihadistes (appelez-les comme vous voulez) sur Bamako est lancée. Le monde apprend alors estomaqué que la France a décidé d’intervenir au Mali, « dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies » et à la demande des autorités maliennes. Au Mali, le Président Hollande est désormais coloré de kaki-sahel, tiré de la couleur des vareuses utilisées sur les théâtres d’opération sahéliens, à la satisfaction de la majorité des populations maliennes.
5.- Que dire du Président Hollande que la visite du Président Biya en France a révélé ?
La couleur dominante serait le blanc vif. Sur le site de l’Elysée, le communiqué de presse à l’issue de l’entretien qu’il a accordé au Président Biya a été publié. Il y est dit que « Les deux Présidents ont eu un échange approfondi sur la situation au Mali et l’engagement de la France aux côtés de l’armée malienne. Le Président camerounais a exprimé son soutien à la décision de la France ». « Ils ont souligné les principes de dialogue et de franchise qui doivent guider les relations entre la France et le Cameroun ». « Ils ont évoqué les priorités de la coopération franco-camerounaise, notamment dans les domaines des infrastructures et de l’environnement, et les perspectives de développement économique du Cameroun ». « Ils ont souligné l’engagement des deux pays dans la mise en uvre du contrat désendettement et développement en cours d’exécution sur la période 2011-2016 ». « Enfin, ils ont échangé sur les questions de gouvernance, le processus électoral au Cameroun, la protection des droits de l’Homme et la situation des prisons ». Les deux hommes ont échangé, souligné et évoqué des choses. Ils auraient désormais tort de se sous-estimer. Au demeurant, ils gagneraient, tous les deux, à multiplier des entretiens et des échanges : émissaires, envoyés spéciaux, etc. C’est le sens des mots « dialogue et franchise » utilisés dans le communiqué comme principes devant guider les relations au moins sur la période du C2D, 2011-2016 : un an avant le vote en France. Est-ce un répit de 3 ans pour le Président Biya dont le mandat court jusqu’en 2018 ? Just wait and see. Avant son arrivée à l’Elysée, nous n’avons pas de trace de rencontre officielle des deux hommes ; surtout que M. Hollande n’était pas des deux gouvernements socialistes de la Vème république. Le Parti socialiste qu’il a dirigé pendant dix ans et le RDPC étaient à mille lieux de se rencontrer au haut niveau. Au congrès ordinaire du RDPC de septembre 2011, c’est l’UMP qui a pris part aux travaux, invités parmi d’autres partis de pays étrangers. Avant le sommet de Kinshasa, les Présidents Biya et Hollande n’ont donc pas trop de souvenirs communs. Le livre de leur histoire n’a que des feuilles de couleur blanche immaculée… On peut donc y écrire tout ce qu’on veut et la presse camerounaise n’y est pas allée de plumes mortes, écrivant l’histoire des deux hommes avant eux-mêmes. Puis, est arrivé le sommet de Kinshasa au terme duquel on a eu l’impression que le Président Hollande a été « marqué » par un homme sur qui on dit tant de choses. ! Il aurait donc appris, après l’entretien du 30/01/2013, à mieux connaître le Président Biya. La tonalité du communiqué de presse cité plus haut montre que M. Hollande a compris le Cameroun. A-t-il compris le Président Biya ? A-t-il dissipé ses doutes ? En avait-il avant ? Il se dit qu’il aurait accepté le principe d’une invitation à venir visiter le Cameroun. Entre temps, M. Biya, fort de la connaissance qu’il a maintenant du tempérament de M. Hollande, aura nous l’espérons, accéléré le parachèvement du processus démocratique pour faciliter la lecture du pays à tous en général, et à M. Hollande en particulier. Qui vivra verra.
Les ministères des affaires étrangères et de l’économie viennent d’apporter des réponses à la demande parlementaire relative aux accusations de corruption sur ce marché
Les enjeux d’une alternance politique pointant à l’horizon, le débat est passionné et passionnant, suscitant des appréciations diverses de cette initiative
La fièvre démocratique suscitée par l’avènement du multipartisme dans les années 1990 a très tôt fait de s’estomper. La conservation de l’idéologie et des mécanismes de gestion du pouvoir du parti unique ou parti – État par le régime du Renouveau, malgré l’ouverture au pluralisme politique, aura donc été un feu de paille. Puisque le multipartisme ne fut point le produit d’une aspiration profonde pour le changement, mais la résultante d’un vent extérieur encore appelé vents d’Est. Et malgré l’engouement et la sympathie qui gondolent les c?urs des Camerounais pour le devenir de leur pays, l’espoir et le rêve légitimes des retombées d’une pratique démocratique, auxquelles aspirent tous les peuples, se sont transformés en véritable cauchemar. Faute sans doute des acteurs politiques avertis et outillés pour conduire une telle destinée à sa réalisation complète. Dans ce contexte, la réussite d’une opposition face à cette malformation originelle ne nécessitait-elle pas un regroupement stratégique des opposants et des partis politiques, sur la base des approches novatrices et efficaces capables de transcender les pesanteurs existantes ? Mais que dire donc face à cet échec sanglant de l’opposition dont les méthodes et les comportements ont déçu l’espérance née par la proclamation de la démocratie ? Est-elle en droit aujourd’hui de faire elle-même sa critique après deux décennies d’absence de solutions ? Un regard critique extérieur ne s’impose-t-il pas pour conscientiser et donner une orientation nouvelle à la classe politique camerounaise ? C’est certainement dans ce sens qu’un groupe de chercheurs, d’intellectuels et de membres de la société civile se sont retrouvés les 7, 8 et 9 novembre 2012 à Yaoundé pour un colloque dont le thème était : Re-penser et re-construire l’opposition camerounaise. Les enjeux d’une alternance politique pointant à l’horizon, le débat est passionné et passionnant, suscitant des appréciations diverses de cette initiative et de son apport véritable dans les miasmes socioculturelles qui singularisent le Cameroun.
Pr Claude Abe, sociologue, enseignant d’université Réinventer ou repositionner l’opposition politique au Cameroun
Le colloque s’est proposé de réfléchir sur la réinvention et le repositionnement de l’opposition au Cameroun. Dès lors, la première question qui peut venir à l’esprit de celui qui prend connaissance d’un tel thème, c’est qu’il s’agit d’un travail de refondation du pluralisme politique amorcée en janvier en 1991. Si l’on peut tous être d’accord que c’est le but visé, il n’est pas certain que l’on puisse s’entendre tout de suite sur le statut des acteurs d’une telle ingénierie. Pour le commun des mortels, les formations politiques de l’opposition, le parti dit proche du pouvoir depuis le 1er septembre 1970 dont le nom a changé à la faveur de son congrès de mars 1985, il va de soi que c’est un travail qui revient aux acteurs politiques qui évoluent dans les rangs de la cacophonie que l’on désigne comme étant de l’opposition. Et donc de ce point de vue là, il y aurait une disqualification des chercheurs et des universitaires à parler sous cet angle là. Une telle tâche est donc loin de présenter un intérêt pour les universitaires, encore moins les chercheurs de laboratoire. De telles assises ne devraient donc pas prendre le nom de colloque si l’on s’en tient à ce point de vue là. Mais peut être celui d’états généraux de l’opposition camerounaise. Leur tenue aurait alors un agenda que l’on peut imaginer, avec une orientation stratégico-programmatique. L’histoire politique récente du Cameroun vient d’ailleurs finir d’attester de cette lecture facile et convaincre ceux qui manifestaient encore de scepticisme. Les revendications populaires visant la démonopolitisation du champ et de l’ordre politique au Cameroun à partir de mai 1990. Un rapport se rendra compte que la dynamique de l’opposition est souvent de type opportuniste, pour faire face à un problème précis. Or actuellement, tout semble être mise en ?uvre afin que l’opposition ne soit plus plein d’efforts. Au regard de cette histoire de l’opposition et de ses leaders actuels à se faire entendre dans l’échiquier national, le choix d’un thème tel que réinventer et repositionner l’opposition ne peut être qu’une préoccupation des acteurs de la dite opposition. Il pourrait meubler les assises de collectivisation des efforts de leur formation pour la sauver de cette mort programmée ou la sortir de la panne dans laquelle elle se trouve. .L’opposition et le pouvoir en place constituent deux aspects complémentaires d’une même réalité. Ils sont les composantes d’un même système d’action. Ce qui fait que tout discours inventaire sur l’opposition l’est aussi sur le pouvoir établi qui lui donne consistance au demeurant. Le pouvoir correspond au pouvoir sur les hommes ou au pouvoir avec les hommes. L’interrogation sur la réinvention ou le repositionnement de l’opposition est celle de ses interactions au pouvoir. Autrement dit, l’opposition n’est pas opposition à soi mais par rapport au pouvoir en place.
Hon. Hermine Patricia Ndam Njoya, porte-parole du groupe parlementaire UDC à l’Assemblée nationale Il existe une vraie opposition politique au Cameroun
Nous regrettons le fait qu’il y ait eu des idées acquises sur l’opposition à l’avance. Nous avons pourtant marqué notre bonne volonté en tant que acteurs en participant à ce dialogue. Mais, malheureusement, nous avons constaté que ce n’était pas un cadre de concertation. C’était une approche partielle. Comment parler d’opposition sans parler de ce à quoi elle s’oppose, c’est-à-dire la majorité. Avant la conscience politique dont ils parlent d’une certaine manière, il y a d’abord la conscience civique par le respect des valeurs, et celle là implique toutes les couches sociales. Nous nous inquiétons plutôt par rapport à cette démarche. D’autant plus que cela intervenait au lendemain des 30 ans de la célébration du règne du parti unique. On serait donc attendu que ce soit le bilan de ce règne qui soit mis carte sur table, mais nous, l’opposition présente à ces assises, pouvions noter l’ambiance dans laquelle on évoluait. Les panélistes mobilisaient la parole pour proclamer que l’opposition camerounaise était morte. C’était arrêté qu’il fallait à partir de ce moment réinventer tout. Et moi, je dis qu’on ne trouvera jamais un groupe de magiciens, qui avec une baguette magique, vont faire exister une opposition comme ils l’entendent. Et je l’ai dit, le travail des partis politiques se fait sur le terrain. C’est en résolvant les problèmes des populations, en étant avec les populations sur le terrain qu’on voit les difficultés. Ce n’est pas restant dans les salons feutrés ou sur les ondes des radios en parlant, en reconstruisant, en défaisant, en faisant la guerre de Waterloo que ça va pouvoir changer la situation sur le terrain. On ne peut pas dire que l’opposition n’a rien fait, qu’elle avance toujours en rangs dispersés. Vous avez suivi depuis l’avènement du multipartisme dans les années 90, qu’il y a eu des regroupements de l’opposition. De la coordination en passant par le directoire, la coalition, et de nos jours le G7 qui s’insurgeait contre le déroulement des élections présidentielles de 2011. Et maintenant, on évolue au pacte républicain. Et donc à chaque fois, il faut prendre les leçons des expériences du passé. On se rend compte qu’il y avait un problème du respect de règles et d’égo qui se posait au sein des leaders de l’opposition. Mais cela n’a pas empêché qu’il y ait des accords entre les partis d’opposition, même pour les échéances électorales. A Douala par exemple, l’UDC a soutenu la candidature de Jean jacques Ekindi. Et de plus en plus, je pense que tous ceux qui ont des velléités à se regrouper mettent d’abord sur papier des règles à respecter. Dans ces conditions, on ne peut pas dire qu’ils ont des problèmes, mais ils ont évolué. C’est plutôt une dynamique croissante. Mais, il faudrait aussi que les règles soient claires pour permettre à cette opposition de jouer pleinement sa carte au lieu d’être constamment jugée et lynchée. C’est aussi pour cela que l’opposition se bat pour une élection à deux tours. Sur un plan purement idéologique, l’UDC est parfaitement claire sur son projet social. Le président Ndam Njoya a d’ailleurs publié plusieurs ouvrages à ce sujet. L’un des derniers en date est Le nouveau contrat social. Je pense que ceux qui critiquent prennent le temps au moins de lire les autres.
Garga Haman Adji L’opposition camerounaise a besoin d’une muse
Une palabre, c’est quelque chose de constructif. Quand on veut arranger une affaire, il faut en débattre et de la discussion jaillit la lumière. Pour le moment, ce n’est pas l’opposition qui s’est réunie, c’est la société civile, pour voir comment relancer l’opposition au Cameroun. Parce que, pas d’opposition, pas de démocratie. En fait, la société civile cherche à encourager le Cameroun à ce qu’il y ait une démocratie. On ne fait la politique que pour chercher à servir les siens et être approuvé par les siens. Il y a quelques membres de l’opposition, surtout le G7, qui est en train de réfléchir comment faire pour casser les brindilles que le gouvernement pose pour empêcher de progresser. Un parti politique, c’est une idéologie à défendre, c’est une méthode de travail. Et comme on n’a pas une même idéologie, ni la même conviction, on ne peut pas regarder dans la même direction. L’opposition ne peut pas, parce qu’elle n’a pas les moyens. Je dis souvent aux membres de mon parti, qui me demandent l’argent, combien ils ont amené depuis qu’ils sont là. J’ai évalué les dépenses pour le meeting le moins coûteux à 4000 000 FCFA. Imaginez donc combien de meetings on peut avoir, et combien de 4 millions il faut sortir. Il n’y a aucune poche qui sorte continuellement de l’argent sans se vider. L’importance de ce colloque est qu’il va permettre à l’opposition de s’en inspirer pour mieux se déployer.
La suite des réactions dans le journal Intégration en kiosque cette semain e
« Vous allez où ? »
Lorsque nous empruntons le taxi ce vendredi 21 septembre 2012 au quartier Nkomkana pour le palais de justice de Yaoundé, à l’effet de couvrir l’audience censée rendre le verdict de l’affaire Marafa, le conducteur nous fait cette mise en garde : « je ne peux pas vous laisser devant le tribunal ; on a déjà barré les routes là bas ». Nous acceptons. Le véhicule jaune roule lentement, les bouchons empêchant d’aller plus vite. Surtout que dans la foulée, l’on annonce le retour du président de la République à Yaoundé, après un séjour de réconfort aux victimes des inondations dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord. Arrivés au lieu- dit « Carrefour Warda », nous sommes « doublés » par un camion militaire roulant à vive allure. A son bord, des soldats de la Garde présidentielle cagoulés et bien armés. Non loin de là, vers le supermarché Mahima, des policiers en treillis sont en faction. Pas d’ambiance particulière au lieu-dit Education. Nous roulons donc jusqu’au ministère des Finances. Et pan : un bouchon hermétique. Le taxi réussit néanmoins à se frayer péniblement un passage et nous dépose non loin de l’Ecole du Centre. Il est formellement interdit de s’arrêter plus haut. Des barricades sont dressées sur la route, devant le Musée national. Policiers, gendarmes, tous grades confondus, filtrent les entrées. Certains ressemblent aux grenouilles, de par les parements de combat qu’ils arborent.. Ici, armes, casques, matraques, boucliers. sont les objets les plus visibles. Tout le monde n’arborant pas un uniforme est littéralement suspect et potentiellement dangereux. « Vous allez où ? » Cette question routinière, ou du moins cette formule d’intimidation, est posée à tout le monde. Le dispositif sécuritaire est le même à l’entrée du palais de justice. Des milliers d’agents des forces de maintien de l’ordre sont réquisitionnés pour le procès de Marafa Hamidou Yaya, ancien secrétaire général à la présidence de la République, inculpé de détournement de fonds dans l’affaire de l’achat d’un avion au président de la République, Paul Biya. Il faut faire la queue, se soumettre au détecteur des métaux. Et endurer des injures grossières et l’impolitesse des forces de maintien de l’ordre. Dans cette ambiance, des menaces de bastonnades et des bousculades perpétrées unilatéralement par des policiers et gendarmes meublent le menu des tracasseries des curieux venus assister à ce procès. Le sort de ceux qui viennent au tribunal est similaire à celui que des membres d’Al-Qaeda subiraient dans un aéroport de New-York ou de Washington.
« Vous voulez que ces galons deviennent le carton ? »
Il est 11 heures et demi lorsque des policiers et gendarmes décident de suspendre l’accès à la salle d’audience du tribunal de grande instance du Mfoundi devant abriter le procès de Marafa. Un gendarme, au physique démesurément énorme, menace de matraquer un usager. « Vous ne pouvez pas porter main sur moi. Qu’ai-je fait ? Vous voulez battre sur un honnête citoyen dans un palais de justice ? Je suis libre, je suis dans mon pays », vocifère l’usager. Ce coup de gueule faiblit la fougue du pandore. Ceux qui se voient refoulés sans manière à l’entrée de la salle d’audience n’hésitent pas à affirmer que la majorité de ceux qui ont eu le « visa » sont des hommes en tenue arborant stratégiquement des tenues ordinaires. Une thèse qui se vérifie sans efforts particuliers. Puisque certaines de ces personnes « civiles », à la vue d’un haut gradé, ne se privent pas de leur servir le salut militaire. C’est tout dire. Une vive dispute s’engage entre des policiers, gendarmes et un monsieur en costume gris assorti d’une chemise sans cravate. « Je suis le petit frère de Marafa, même père. Je suis là depuis 8 heures et vous m’empêchez d’entrer dans la salle ! On ne peut pas rendre visite à notre frère au Sed où il est enfermé. Et vous nous empêchez maintenant de venir le soutenir moralement ici au tribunal ? Ce Marafa a même fait quoi pour qu’il soit coupé de sa famille ? » A cette colère d’un proche de l’ex SGPR, un gendarme affirme que « c’est pour des raisons de sécurité ». Réplique du frère de Marafa : « vous m’avez vu avec une arme ? En quoi suis-je dangereux ? Fouillez-moi si vous voulez ». Il accompagne ses propos d’un haussement de mains. Les autres membres de la famille Marafa restent muets. Mais la tristesse se lit sur les visages. « Libérez le couloir ! Il faut laisser les gens circulez ici », intime un inspecteur de police en uniforme noir. « Je n’empêche pas que les gens passent », répond ce parent de Marafa en libérant l’espace indiqué par le policier. Le frère du prévenu ne décolère pas. Il est inconsolable. Un commissaire de police divisionnaire se rapproche de lui. Le frère cadet de l’ex ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation ne retient pas sa colère. Le commissaire lui répond calmement : « permettez qu’on fasse notre travail ». Son interlocuteur rétorque : « je ne vous empêche pas de faire votre travail ». En répondant ainsi, il n’a certainement pas bien compris ce que voulait dire l’homme en tenue. Le commissaire reprend la parole. Pour repréciser sa pensée. Il pointe l’indexe droit sur les six étoiles dorées posées sur son uniforme. « Vous avez vu ces galons ? Vous voulez qu’ils deviennent le carton ? » Tout est dit ! Inutile d’insister. Les membres de la famille de Marafa sont expulsés du tribunal. Ils ne verront pas leur parent, et n’assisteront pas à l’audience du 21 septembre 2012.
« Bonjour madame le président! »
Les hommes de médias ne sont pas admis dans la salle d’audience. Certains journalistes multiplient des supplications, pour que les agents de maintien de l’ordre leur permettent d’accéder dans cette salle d’audience devenue très précieuse ce vendredi 21 septembre 2012. « Laissez-nous aussi faire notre travail. Nous sommes des journalistes. Nous sommes là pour couvrir le procès, et rien d’autre ». Cette supplique et bien d’autres ne font pas fléchir les hommes en tenues. Certains journalistes sont arrivés au tribunal à 8 heures. Les policiers et gendarmes les ayant identifiés – comme hommes de médias – n’ont pas accepté que ces derniers accèdent dans la salle. Un commissaire divisionnaire vient demander à un journaliste une pièce justifiant qu’il est journaliste. Ce dernier lui montre sa carte d’identité nationale sur laquelle il est écrit « journaliste » dans la rubrique « profession ». Le policier se met aussitôt à sourire. « Je ne demande pas votre carte d’identité. Ça ne suffit pas », lâche le policier. « Ce n’est pas vous qui établissez les cartes d’identité ? », lui demande un autre journaliste. « Je veux un document signé des mains du ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary », ajoute le commissaire divisionnaire. C’est à ce moment qu’un colonel de gendarmerie décide d’entrer en scène. Il tempête. « Je ne veux plus voir personne ici ! Faites-moi partir tout ce monde ! Ces couloirs doivent être libérés », vocifère-t-il comme une bête féroce, en précipitant de ses deux mains une gendarme et un inspecteur de police pour qu’ils engagent immédiatement l’expulsion manu militari. Et à un journaliste, l’homme en tenue enragé lâche : « je ne fais pas la politique. Allez faire la politique ailleurs ! ». Les sous-gradés ne se font pas prier pour entrer en scène. Ils ne se privent pas de brutalité. Matraques et boucliers au poing, policiers et gendarmes expulsent les usagers et les curieux du tribunal. Ceux qui n’ont pas le pas alerte sont bousculés. Les agents de maintien de l’ordre donnent des coups de matraques à ceux qui ne s’exécutent pas rapidement. Une dame, dans la foulée, est bousculée. Elle veut accéder au tribunal. Un inspecteur de police sème la terreur. Il bouscule tout et tout le monde sur sa trajectoire. « On ne peut plus passer ici ? » A cette question de la dame, le policier se retourne précipitamment. Et se rend compte que c’est une juge en service au tribunal. Précipitamment et honteusement, il sursaute et salut militairement la juge avec une mollesse tranchant avec les trésors de brutalité qu’il a étalée quelques minutes auparavant. « Bonjour madame le président », lance-t-il timidement. La dame ne dit mot et se dirige dans son bureau.
« C’est la sécurité d’Etat ! On ne discute pas ! »
Une fois hors de l’enceinte du palais de justice, d’aucuns croient que leurs déboires et altercations avec les forces de l’ordre sont finis. Erreur ! Devant le bâtiment du Contrôle supérieur de l’Etat situé non loin de celui de la Cour suprême, un officier de police se dirige vers un journaliste. Et lui demande : « vous allez où ? » Le journaliste ne dit mot et continue de marcher. Le policier pose à nouveau sa question. « Je vais là où je vais. Vous êtes qui pour que je vous dise où je vais ? » La colère du policier est très vite anéantie par l’indignation collective de la cohorte des journalistes expulsés du tribunal. Un autre officier de police tente de calmer les hommes de médias. Un journaliste réplique : « nous sommes libres ! Parlez aux gens avec courtoisie. Qu’est-ce qu’il y à voir quelqu’un passer et lui demander là où il va ? Ça veut dire quoi ? » A ce coup de gueule, un inspecteur de police décide de riposter. « C’est la sécurité d’Etat ! On ne discute pas ! » Réponse d’un journaliste : « l’Etat c’est moi ! Je ne suis pas en dehors de l’Etat ». Les agents de maintien de l’ordre sont aussi nombreux ici que du côté du Musée national. Ils sont postés devant les bâtiments des Archives nationales, des ministères des Sports, de la Jeunesse, des Transports. Le jardin public situé non loin de là est assailli par des hommes en tenue. Tous sont lourdement armés. La route est barricadée de ce côté-là aussi. Des altercations se multiplient entre les forces de l’ordre et les usagers. Dans cette ambiance, l’on assiste même à des échanges de coups de poings. Sans pour autant que ceux qui se bagarrent ne sachent ce qui est en train de se dire et se décider dans la salle d’audience. Ici, le juge, Gilbert Schlick, décide finalement de condamner Marafa Hamidou Yaya à 25 ans d’emprisonnement ferme.
« Je suis déçu, mais pas vaincu »
Le procès de Marafa Hamidou Yaya, Yves Michel Fotso, Jean-Marie Assene Nkou et leurs coaccusés a débuté au tribunal de grande instance du Mfoundi ce vendredi 21 septembre 2012 à 14 heures 10 minutes. Selon certaines sources dignes de foi, il y aurait d’abord eu de grandes man uvres de coulisses avant l’ouverture de l’audience. Nos sources indiquent que les magistrats intervenant dans cette affaire se sont retrouvés en réunion secrète à la Cour suprême avec Alexis Dipanda Mouelle, le premier président de cette haute juridiction. Après ce conciliabule, les magistrats ayant la charge de juger Marafa et ses coaccusés ont eu une autre réunion secrète au tribunal avant le début de l’audience. Ces man uvres ont certainement contribué à harmoniser les rouages du rouleau compresseur, en vue de battre en brèche les arguments juridiques dans cette affaire de détournement aux contours labyrinthiques. Ce procès était très attendu. Car, lors de la dernière audience, l’affaire avait été mise en délibéré. Tout le monde attendait donc le verdict. Les arguments juridiques des avocats, lors de leurs plaidoiries ne parviennent pas à assouplir le tribunal qui avait déjà sa position au vue des man uvres de coulisses ayant précédé l’audience. Le procureur de la République, dans ses réquisitions, requiert une peine de prison à vie pour Marafa et ses coaccusés. La lecture desdites réquisitions va jusque tard dans la nuit. Les mis en cause sont reconnus coupables des faits de détournements des fonds publics qui leur sont imputés. Il est 7 heures ce samedi 22 septembre 2012 lorsque le président du tribunal, Gilbert Schlick, prononce la sentence : 25 ans de prison ferme pour Marafa Hamidou Yaya, Yves Michel Fotso et Jean-Marie Assene Nkou. Géneviève Sandjong écope de 15 ans de prison. Julienne Nkounda a été condamnée à 10 ans d’emprisonnement. Toutes ces personnes condamnées doivent payer 21,375 milliards à l’Etat comme dommages et intérêts. Après le verdict, Marafa Hamidou Yaya a prononcé ces mots : « je suis déçu, mais pas vaincu ». Sa défense croit que le déroulement de ce procès est un déni de justice.
Comment faire de la sous – consommation du budget d’investissement public un mauvais souvenir
Le 04 Septembre 2012, le quotidien de l’État Cameroon Tribune publiait une longue liste de nouvelles recrues de la Fonction Publique invités à retirer leur premier bulletin de solde. Dans le même numéro, on retrouvait les visages souriants des occupants de la zone de Mekin enchantés par leurs indemnisations et des promesses de déblocage des salaires à l’établissement de Microfinance FIFA. Le journal contenait également un grand nombre d’appels d’offre des marchés publics. Toutes ces informations, accompagnant l’inauguration successive de la route Ayos-Bengbis et du Pont de l’Enfance, après la pose de la première pierre du barrage de retenue d’eau de Lom Pangar auraient dû susciter un grand optimisme si, un mois plutôt, le même journal n’avait publié sous la plume de Rousseau-Joël FOUTE un article au ton particulièrement désespéré : « Sous-consommation du BIP : rien n’a changé ». L’auteur gémissait sur cette incapacité de notre pays à mener même les réalisations les plus élémentaires telles que les salles de classe et les centres de santé. A la vérité, cette activité n’est que l’arbre qui cache la forêt. Au 30 Juin, les appels d’offre lancés couvraient 33% du nombre de projets prévus, mais les montants associés représentaient moins de 10% du budget d’investissement. Cet important décalage entre un nombre relativement important de projets lancés et un volume dérisoire du budget vient du fait que les projets lancés ne concernent que les petites opérations relevant des Commissions dites sectorielles. Il faut à cet effet préciser que depuis la création du Ministère des Marchés Publics, celui-ci s’est vu attribuer la Commission Centrale qui gère les projets dépassant une certaine ampleur, alors que les Commissions sectorielles logées dans les Ministères s’occupent des broutilles. La Commission Centrale gère, en nombre, autant de marchés que l’ensemble des autres Ministères réunis, mais ses projets couvrent 90% du volume d’investissement. Mais alors que les marchés relevant des Commissions sectorielles ont été lancés à plus de 50%, ceux relevant de Commission Centrale n’atteignent pas 10%, et ceci, même si on comptabilise les lancements indus des Ministères sectoriels qui auraient dû revenir à la Commission Centrale.
Pourquoi la sous-consommation
La sous-consommation s’explique ainsi, du moins en première analyse, au fait que la Commission Centrale n’a pu faire preuve d’une grande activité. On peut y voir, d’une part, l’effet de l’extrême jeunesse de ce Ministère qui n’a pas encore rôdé ses mécanismes, d’autre part la taille de ses projets dont l’importance requiert des préparatifs beaucoup plus lourds. Mais on ne peut évacuer des obstructions d’ordre corporatiste : de fait, en s’occupant du lancement et de l’exécution des marchés, ce nouveau Ministère bénéficie totalement du segment le plus juteux de la chaîne d’investissement. On imagine bien le peu d’empressement d’un responsable d’un Ministère sectoriel à bien mener des études techniques, pour que ce nouveau Ministère, qui récolte là où il n’a pas semé, vienne profiter de son travail, non seulement en notoriété, mais aussi et surtout en avantages officiels et informels que donnaient les Commissions de marché pilotés par les Ministères. Déjà, dans les régions, les préfets et les maires regardent les responsables de ce Ministère d’un ?il particulièrement haineux et ce comportement n’est pas absent au sein des Ministères. En début de semaine, le Ministre des Travaux Publics sommait insidieusement les autres Ministres de lui transmettre des appels d’offres qui ne relèvent pas de leur compétence, d’un ton poli, mais dans lequel on notait un profond agacement. En réalité, ce Ministre devrait s’attendre à plus de désinvolture dans la confection des projets par les autres institutions, voire au mauvais montage délibéré de projets, juste pour mettre en évidence son incapacité. Et ce d’autant plus que dans sa configuration, ses missions et le profil de son personnel, il n’a pas les moyens de juger de la qualité d’un programme d’investissement. Il se retrouvera donc rapidement en position de gérer un programme d’investissement techniquement irréalisable, étant assuré de porter la responsabilité d’un échec qui, en principe, devrait revenir aux acteurs en amont. En créant un Ministère en charge des marchés publics, le Chef de l’État a cédé à la malheureuse pratique qui consiste à répondre aux problèmes économiques profonds par des procédures et des institutions, à la suite d’une analyse sommaire des économistes administratifs. Car, il faut le dire tout net, ce n’était pas la réponse adéquate à la sous-consommation consommation des crédits, qui n’a rien à voir, contrairement aux illusions, avec des problèmes de gouvernance opérationnelle. Si la sous-consommation des crédits venait de la mauvaise foi des gestionnaires, de la lourdeur des procédures ou de l’impréparation des projets, elle devrait logiquement se traduire concrètement par une accumulation ininterrompue des réserves d’argent qui se chiffreraient aujourd’hui à des milliers de Milliards de FCFA.
C’est l’argent qui manque le plus
Où est donc cet argent non consommé ? Où est l’argent qui aurait dû être utilisé pour réaliser les investissements de l’an passé, et des autres années précédentes et qui n’a pas été utilisé par la faute de la sous-consommation des crédits ? On ne le voit nulle part. Bien au contraire, on se retrouve, chaque année, avec des tensions budgétaires qu’on tente tant bien que mal de surmonter. Le fait même qu’on ne retrouve nulle part de telles sommes ne peut signifier qu’une chose : les explications qu’on donne au phénomène sont totalement fausses. Le problème est donc beaucoup plus compliqué que ne le laissent croire les impressions primaires. En réalité, il est facile de prouver que ce que nous appelons sous-consommation des crédits n’est que l’une des expressions de la mauvaise architecture de notre économie et de notre mauvaise insertion dans le commerce mondial.
De fait, le commerce international n’est qu’un troc : pour que le Cameroun importe un bulldozer du Japon, il faut qu’il ait exporté une valeur équivalente en cacao, café, coton, bois ou pétrole, c’est-à-dire, qu’il ait constitué dans son compte des réserves de devises. L’argent que nous pouvons retirer des activités de coiffure, de commerce ou de vente de manioc ne joue absolument aucun rôle. Comme les investissements sont très consommateurs en devises, ce sont donc nos recettes d’exportation qui définissent nos capacités d’investissement et non pas le revenu national. La très grosse erreur commise par notre administration économique et relayée, malheureusement, par l’Assemblée Nationale est de rattacher le budget d’investissement au PIB (produit intérieur brut) alors que celui-ci est composé à 80% d’un argent local dont le pouvoir d’investissement est pratiquement nul. Ce rattachement n’a de sens que pour les pays produisant eux-mêmes les machines, et dans une certaine mesure, pour les pays disposant d’énormes réserves en devises comme la bienheureuse Guinée Équatoriale. Quant au Cameroun dont les devises suffisent à peine à la consommation des ménages et l’entretien du système productif existant, le budget d’investissement doit être relié aux recettes d’exportations et non pas au PIB.
La méconnaissance de cette réalité conduit à la confection de très mauvais budgets. Un coup d’?il sur nos projets d’investissement donne froid dans le dos : tout se réduit à une interminable litanie des achats à l’étranger, des voyages à l’étranger, des achats des machines, des réhabilitations faisant recours à l’étranger, sans s’assurer des capacités de notre cacao à répondre de manière idoine à cette saignée. Avec une dotation de 792,2 Milliards de FCFA, le contenu en devises de ces dépenses est de l’ordre de 500 Milliards, alors même que la fraction des devises qui devrait légitimement leur revenir est de 200 Milliards. On se retrouve ainsi, pour soutenir le fonctionnement de l’État, avec un besoin excessif en devises dépassant 1100 Milliards, alors que ce budget, constitué à partir des recettes prélevées sur le pouvoir d’achat intérieur (douanes, impôts, etc.), n’a qu’un contenu de 560 Milliards. D’un point de vue technique, un tel budget est impossible à réaliser sans compromettre grièvement la santé économique du pays. Sa réalisation aboutit ainsi à trois principales issues :
– soit, on se retrouve avec d’importantes sommes oiseuses d’un argent inutile, à côté des investissements irréalisables, et qu’on est obligé de dilapider dans les activités qu’on peut réaliser sans faire appel aux importations massives (séminaires, pose de la première pierre, construction des clôtures, détournements, etc.).
– soit on tente de forcer la réalisation de ces investissements, mais comme le budget n’a pas le contenu requis de devises pour le faire, on est obligé de s’endetter ;
soit enfin, on tente de forcer la réalisation tout en évitant l’endettement, auquel cas l’État est obligé de piocher la part des devises revenant au secteur privé, les empêchant ainsi de s’approvisionner en intrants et en machines, avec à terme la réduction de leurs activités et des recettes budgétaires.
Peut-on remplacer l’expertise par les procédures, la science par l’administration ?
Quel que soit le cas, un tel budget ne peut se réaliser qu’au prix des sacrifices dont l’intérêt n’est pas évident. La situation du Cameroun montre qu’on ne peut pas impunément remplacer l’expertise par les procédures, la science par l’administration. La bonne gouvernance économique ne se réduit pas à placer des gens honnêtes et volontaires dans les rouages de la décision, ni de respecter les procédures : il faut aussi savoir comment l’économie marche. Il y a cinq ans, le Chef de l’État, s’étant fait expliquer que la croissance de la Chine était liée à son taux de croissance à deux chiffres, émit le v?u d’une telle croissance pour le Cameroun. C’était légitime, mais cela ne légitimait pas cette frénésie qui avait touché le pays, où chaque responsable organisait des séminaires « participatifs » regroupant une faune bigarrée où se détachaient des chefs traditionnelles revêtus de leur chéchia, des « bayam sallam » aux « caba » multicolores, des prêtres revêtus de leurs soutanes dorés, des sauveteurs, et tous les escrocs qui se font appeler hommes d’affaires et qui vivent de marchés fictifs. C’est cette cohue alimentée par le vin et les per diem qui avaient pour mission de réfléchir sur un taux de croissance à deux chiffres ! Les conditions étaient alors particulièrement favorables pour asseoir une saine politique économique et porter la croissance à 5%, ce qui était suffisant pour un pays convalescent. Tous ceux qui ont tenté d’appeler à la raison ont été pourchassés, ne laissant que des imposteurs qui ont ait perdre au pays une bonne occasion d’avoir une croissance saine. Et nous revient en mémoire la dérisoire polémique entre le FMI et le gouvernement : au terme de sa mission du 13 juillet 2012, le FMI avait opposé ses 5% de croissance du Cameroun aux 6,7% sur lesquels le Chef de l’État s’était appuyé pour sa circulaire une semaine plutôt. Mais à la vérité, peut-on se mettre à digresser sur l’altitude à faire prendre à l’avion pour atteindre la destination, au moment même où l’avion est en train de décrocher pour tomber dans la mer ? En 2007, la croissance avait encore quelque chose de sain : alors que le taux de 3,3% s’était traduit par un déficit commercial de 70 Milliards, la situation s’est dégradée au point où, la maigre croissance de 3,8% en 2011 a été obtenue en contrepartie d’un déficit record de 1.070 Milliards, soit 40% de nos recettes d’exportations. Quel niveau de déficit commercial faudrait-il encore atteindre pour obtenir les taux de croissance du Gouvernement ou même du FMI ?
Sauver les meubles
Pourtant, tout n’est pas perdu : c’est maintenant qu’il faut commencer à analyser la composition en devises du prochain budget. Une telle opération permettrait d’avoir une vision réaliste du budget et la nécessité de le gérer non seulement de manière globale, mais aussi en devises. De cette manière apparaîtrait clairement la nécessité d’éliminer tous les projets dont les besoins en devises sont exorbitants par rapport à leur intérêt économique réel et à choisir des formules alternatives. Une telle mesure aurait pour effet de réaliser un programme d’investissement réaliste qui supprimerait cette plaie de la sous-consommation. Évidemment, cela devrait s’accompagner d’un véritable déploiement des compétences humaines, et notamment la nomination, dans la chaîne de sélection des projets d’investissements publics, des responsables autoritaires qui ne craignent pas de déplaire. C’est à partir de telles mesures qu’on purge des ulcères d’un pays occlus. Si on ne le fait pas maintenant, on se met dans l’obligation de le faire, dans des conditions plus dramatiques. La difficulté dans notre pays est qu’on ne peut plus être objectif sans être catalogué comme un opposant du Président Biya, alors même que la seule préoccupation citoyenne est que cela marche. Car il y va de nos salaires, de nos enfants et de nos vies. La haine de la pensée et de l’intelligence a créé un étrange type de responsables qui nous prescrit hélas, une étrange attitude : quand un responsable camerounais est lancé dans un mauvais projet, ne vous avisez jamais de l’en dissuader ; non seulement il poursuivra son action de manière plus résolue, lisant dans vos réticences la conviction qu’il a raison et que vous êtes jaloux de son succès futur, mais il vous imputera la responsabilité de son inévitable échec, vous accusant de lui avoir lancé un mauvais sort.
Nouvellement autorisé à vendre et acheter des diamants, le Cameroun devra apprendre du Congo et de la RCA, afin d’éviter leurs erreurs du passé
La notification du Cameroun, comme 78ème membre admis au processus de Kimberley, en fait le troisième pays de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Cemac) à intégrer ce mécanisme que ses dirigeants n’ont pas manqué de qualifier « d’élitiste ». Désormais, le Cameroun peut acheter et vendre son diamant. Le ministre camerounais en charge des mines ne manque pas de parler d’une ère nouvelle pour l’exploitation minière au Cameroun. Pourtant, à l’instar de ses deux voisins admis bien avant lui, le Cameroun va devoir affronter les difficultés de la mise en uvre permanente et effective du processus. Si officiellement le Cameroun n’était pas cité dans le cadre du marché du diamant, sa proximité avec des pays producteurs ne peut pas être une cause de son exclusion complète des opérations y relatives. « En admettant le Cameroun dans le processus de Kimberley, ses responsables font un pas vers la sécurisation du diamant produit dans toute l’Afrique centrale, le Cameroun étant un pays portuaire. Pour comprendre les enjeux de l’admission du Cameroun, il faut effectivement se placer dans une perspective régionaliste », explique un observateur averti. L’un des principaux gisements de diamant connu au Cameroun (région du sud-est) se situe dans une zone frontalière, où on retrouve aussi la République du Congo et la République centrafricaine, deux pays qui bien qu’étant membres du processus de Kimberley, gardent une histoire très étroite avec les diamants de la guerre. Le principal avantage des diamants qu’on retrouve dans cette zone est qu’ils sont de nature alluviale. Et ils nécessitent moins d’investissements pour l’extraction. Leur commercialisation passe par des circuits complexes. Les diamants sont une source de devises essentielles à la survie des centaines de milliers de personnes démunies. Celles-ci sont souvent complices des contrebandiers. Ce qui risque d’attirer de nombreux fonctionnaires tentés par la corruption. Si le pari est aujourd’hui gagné pour le Cameroun, une bonne coopération sous régionale sera importante pour rendre efficiente le processus de Kimberley, qui a fait l’objet de nombreuses critiques.
Il est aujourd’hui admis qu’en sa qualité de pays autorisé à commercialiser le diamant, le Cameroun risque de devenir rapidement une nouvelle plaque tournante de divers trafics en raison de son manque d’expérience dans le domaine, comme ses voisins. Au Congo, il aurait fallu que le président Dénis Sassou Nguesso frappe du poing sur la table en 2004, après l’exclusion de son pays du processus. Il y avait un écart entre les chiffres de commercialisation communiqués par l’État et ceux relevés dans les comptoirs d’achat en Belgique. Brazzaville, la capitale congolaise, est devenue rapidement un grand comptoir d’achat, avec à l’arrivée l’installation d’une contrebande consécutive à de faibles contrôles internes. La République centrafricaine n’a pas manqué d’être citée au c ur de la vente des diamants. Ces revenus ont servi à financer le conflit en RD Congo. Dans les deux cas, le flou est renforcé par le fait que l’exploitation de diamant est le fait d’une population de mineurs artisans au Congo. Ils ne sont pas enregistrés. Il en est aussi des nombreux petits négociants qui achètent des diamants des creuseurs sur les sites d’extraction et autres lieux de vente où l’on commercialise le diamant. Aucun d’eux ne consigne ses transactions dans un registre. Ainsi, les diamants passent du mineur artisan à l’acheteur sur les lieux même de l’extraction avant de se retrouver entre les mains d’un acheteur plus important en ville, à l’insu du gouvernement. A l’échelon supérieur, il y a des acheteurs qui, eux, s’enregistrent et obtiennent une carte de négociant. Les coûts varient, en fonction du pays et du client. Toutefois, ils conservent rarement des données sur leurs transactions. Ils rassemblent des colis de diamants provenant de sources variées et les vendent aux comptoirs des grandes villes. Une démarche légale mais qui masque les origines du diamant vendu. Les gouvernements centrafricains et congolais sont parvenus à contrôler plus ou moins les filières illégales. Le Cameroun, qui fait office de jeune nouveau, aura donc besoin d’apprendre auprès de ses voisins.
Au-delà de l’adhésion au processus de Kimberley, tirer les enseignements de l’expérience des autres
Malgré la richesse de leur sous-sol, certaines régions diamantifères de la République centrafricaine (RCA) restent frappées par une extrême pauvreté et des violences à répétitions. Une apparente fatalité contre laquelle le président François Bozizé n’a pas encore pu lutter de façon rigoureuse. Sa mainmise sur le secteur du diamant a renforcé certes son pouvoir, mais a aussi favorisé l’enrichissement d’une minorité, mais ne contribue que très lentement à atténuer la pauvreté de milliers de mineurs artisanaux informels. L’effet conjugué de fonctionnaire encore véreux, de la criminalité et de l’extrême pauvreté aboutit à des cycles de violence, incitant parfois les factions politiques rivales à entrer en rébellion tout en leur permettant de tirer profit du commerce illégal des diamants. Pour rompre ce cercle vicieux, une réforme en profondeur du secteur se met en place difficilement, avec comme priorité essentielle la stratégie de consolidation de la paix du pays. Historiquement, l’exploitation du diamant en RCA, comme c’est le cas pour toutes les matières premières en Afrique, a bien plus bénéficié aux entrepreneurs étrangers et aux régimes corrompus qu’aux peuples Centrafricains. Les réformes entreprises par le nouveau régime au pouvoir depuis 2003, ont eu un impact significatif inattendu. L’extraction industrielle ou semi-industrielle des diamants n’existe plus en RCA et leur exploitation est essentiellement artisanale et illégale : environ 80 000 à 100 000 mineurs creusent dans l’espoir de subsister en vendant leur production à des intermédiaires étrangers qui les revendent aux comptoirs d’exportation. Une activité que le gouvernement essaye tant bien que mal de contrôler.
Les pièges à éviter dans le cadre de la mise en place des mécanismes de contrôle
Pour la RCA, le diamant aura été longtemps une malédiction. D’abord exploité massivement par les régimes coloniaux, une fois les indépendances acquises, Les dirigeants successifs ont transformé leur responsabilité étatique en une opportunité de faire des affaires. Faute d’avoir le capital suffisant pour lancer leurs propres opérations minières ou ouvrir leurs propres bureaux d’achat, les élites dirigeantes ont largement profité des grandes compagnies, pour l’essentiel étrangères, en exigeant d’elles une part de la production ou en taxant fortement leurs exportations. il également admis que les dirigeants ont également utilisé les fonds publics, limités mais précieux, pour s’enrichir eux-mêmes, leur famille et pour financer un système de clientélisme leur assurant l’allégeance politique de certains groupes. Avec l’arrivée au pouvoir de Monsieur Bozizé, les choses ont progressivement changé, et le système de transparence mis en place a été récompensé par l’adhésion du pays au processus de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE). Mais l’expérience centrafricaine apprend que les réformes en elle-même n’apportent pas les améliorations. Il y a aussi la manière dont les hommes mettent en place ces réformes. En raison d’une mise en uvre mécanique, l’exploitation du dimant centrafricain est devenue très difficile pour les entreprises. Les nationaux qui n’ont pas su profiter du transfert des compétences n’ont ni les moyens ni la capacité de faire des exploitations pertinente. A la suite des réformes qui débuteront vraiment en 2007, il y a eu une situation inattendue. Une diminution de l’extraction minière et une hausse de la contrebande ont entraîné une chute immédiate des exportations officielles et des recettes de l’Etat. Les deux combinés ont été accentués par la baisse du prix des diamants sur le marché mondial en raison de la crise 2008.
Le sommet des accusations faciles et des solutions toutes faites?
La onzième session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat de la Cémac est hantée par « l’affaire Antoine Ntsimi ». Le président de la commission de la Cémac, candidat déclaré à sa succession, est en effet au centre d’une controverse entretenue par un journal panafricain basé à Paris. Selon l’hebdomadaire Jeune Afrique, Antoine Ntsimi est incompétent et gestionnaire indélicat. Non satisfait de le marteler dans ses différentes éditions de ces derniers mois, Jeune Afrique va pousser le bouchon en présentant le président de la commission de la Cémac sous le visage d’un féticheur. Le lynchage médiatique de Jeune Afrique s’achève par une curieuse demande pour un journal : le limogeage d’Antoine Ntsimi. Les chefs d’Etat vont-ils accéder à la demande de cet hebdomadaire? Au-delà de cette question, le traitement par Jeune Afrique de « l’affaire Ntsimi » est le reflet des querelles intestines à la commission de la Cémac. Oui, la Cémac est minée par des batailles internes généralement préjudiciables à la promotion de l’intégration régionale. Ces batailles ont pratiquement paralysé l’institution parlementaire, avec pour point d’orgue une crise diplomatique sans précédent. Le ver est donc dans le fruit. Et il ne s’extirpera pas de sitôt. Mais avant le remède de cheval à administrer au malade, il faut poser le bon diagnostic, en évitant les accusations ou les pollutions toutes faites faciles (du genre Jeune Afrique). L’idée n’est pas d’absoudre Antoine Ntsimi. Le seul départ du président de la commission de la Cemac ne règle pas le problème de cette institution. Du tout. Il faut davantage sonder les fondamentaux et les piliers sur lesquels repose la Cémac : l’histoire, les dirigeants actuels, la culture communautaire, l’anthropologie des peuples, la compréhension des enjeux actuels, etc. Un travail en profondeur s’impose donc.
Divers de l’agenda
D’autres sujets sont sur la table de travail des chefs d’Etat. Citons entre autres : la stratégie de développement du commerce des services dans la zone Cémac ; l’état d’avancement de la ratification du Traité révisé et des Conventions signées ; le rapport intérimaire de la Surveillance multilatérale pour l’année 2011 ; ou l’additif à la directive sur le plan comptable de l’Etat. Des notes d’information et comptes -rendus devraient aussi figurer dans l’agenda des chefs d’Etat : le Programme indicatif régional (PIR) 10ème Fed Afrique centrale ; les passeports biométriques Cémac ; le Plan d’action de mise en uvre des directives de gestion des finances publiques dans les Etats membres. Les affaires fiscalo – douanières sont également à l’ordre du jour : le Système harmonisé de désignation et de codification des marchandises, version 2012, du Tarif extérieur commun (Tec) ; les Unités de quantité normalisées ; le Corrigendum au règlement n°07/11- UEAC – 051 -CM -22 du 19 décembre 2011. Des agréments pour certaines professions sont aussi annoncées : agrément des professionnels libéraux de la comptabilité ; agrément des conseils fiscaux ; agrément à la profession de commissionnaire en douane ; agrément à la profession d’expert en douane ; agrément en qualité de transporteur routier inter-Etats de marchandises diverses ; agrément en qualité d’auxiliaires de transports maritime.
Le diplomate marocain fait le point des deuxièmes journées économiques maroco-camerounaises. Il parle également de sa mission au Cameroun
Excellence, les deuxièmes journées maroco- camerounaises viennent de s’achever à Douala. Que faut-il en retenir?
De l’avis général, le bilan est très positif, à cet égard, 1500 rencontres étaient programmées dans le cadre des B to B entre les opérateurs économiques des deux pays, des promesses de conclusion de contrats ont également été enregistrées. Les mass médias qui ont couvert l’événement l’ont qualifié de messe économique. Par ailleurs, des ateliers ont été animés dans le cadre des B to G par les responsables de plusieurs départements camerounais concernés, où ils ont bien voulu éclaircir les opérateurs marocains sur les opportunités d’investissements au Cameroun et les avancées réalisées dans le domaine du climat d’affaires. Il s’agit là de la deuxième édition des journées économiques au Cameroun, la première édition fut organisée en 2010. ça veut dire que notre action s’inscrit dans la continuité et intervient un mois après les journées économiques camerounaises au Maroc qui ont connu un franc succès. Je saisis d’ailleurs cette occasion pour adresser mes vifs remerciements à Son Excellence Monsieur le Ministre du Commerce pour l’aide et les facilitations qu’il a bien voulu nous accorder, aux cadres de son département, pour la réussite de cette manifestation, je remercie également les Autorités locales de la ville de Douala, sans oublier, bien entendu, les médias qui ont couvert cet événement.
En marge desdites journées, il y a eu des négociations au niveau ministériel entre les deux pays. Que faut-il en retenir?
En effet, les deux délégations ont eu une séance de travail où les deux ministres ont passé en revue les aspects de la coopération économiques entre nos deux pays, et ont mis en avant la volonté politique affichée des deux parties de raffermir cette coopération. Les deux ministres ont également discuté du 2ème round des négociations du Projet d’Accord Préférentiel entre le Maroc et le Cameroun dont les travaux se sont déroulés également à Douala en marge de ces journées économiques. Ce Projet d’accord serait le prélude de la mise en place d’une zone de libre-échange entre le Maroc et la région CEMAC.
On a cru percevoir comme un malaise (d’aucuns ont parlé de guerre des chiffres) dans la réalité des données économiques entre les deux pays. Qu’en est-il?
Ce n’est pas le sentiment que j’ai. Il n’y a pas de malaise ni guerre de chiffre, il y a une certitude : le volume d’échange entre nos deux pays a augmenté de façon significative depuis 2009 ; en terme de chiffre, les échanges maroco-camerounais ont augmenté de 124% entre 2009 et 2011, et ont atteint en 2011 le chiffre de 48 millions de dollars Us, même si cela resta en deca de nos espérances et ne reflète pas l’excellence de nos relations politiques. Cette augmentation de volume de nos échanges est vraiment de bon augure pour l’évolution des partenariats entre les deux pays. Les investissements marocains, quant à eux, ont passé de 7 millions de dollars en 2007 à une centaine de millions de dollars en 2012.
Vous êtes nouvellement arrivé à la tête de l’ambassade du Maroc au Cameroun. Et l’on observe au même moment une montée en puissance de la diplomatie économique marocaine au Cameroun. Simple concours de circonstances ou prise en mains effective de votre travail?
J’ai pris mes fonctions à la tête de l’Ambassade du Royaume du Maroc il y a six mois. Mais vous savez que comme tout pays, le Royaume a une stratégie claire et une politique étrangère tracée pas Sa Majesté le Roi, que nous comptons bien mener à bon terme. Notre objectif est de hisser la coopération avec le Cameroun au niveau d’un véritable partenariat agissant et solidaire, qui s’inscrit dans le cadre de la coopération sud-sud, et d’en faire un modèle réussi. Vous voyez qu’il ne s’agit pas là d’un concours de circonstances, mais de la mise en place d’une politique bien réfléchie, d’autant plus que le Maroc et le Cameroun partagent beaucoup de valeurs. Il y a d’abord un respect mutuel, l’attachement à la paix et à la sécurité, l’unité dans la diversité, la tolérance et une volonté d’aller à l’avant pour bâtir ensemble un avenir meilleur pour nos deux peuples frères, conformément aux aspirations des deux Chefs d’Etat, Sa Majesté le Roi Mohammed VI et Son Excellence Monsieur Paul BIYA Président de la République du Cameroun. Permettez-moi de rappeler que nos relations datent de l’aube de l’indépendance des deux pays, et outre la coopération traditionnelle maintenue et renforcée régie par un cadre juridique couvrant différents domaines, cette coopération s’est élargie au fil du temps pour couvrir d’autres secteurs (finances, eau, électricité, assurances…) Des investissements sont en cours de finalisation (usine de chocolat 32.5 milliards de FCFA, cimenterie 20 milliards de FCFA), d’autres projets sont en cours de négociation. Toujours dans cette projection d’avenir que nous voulons fructueux, nous travaillons de concert et dans un climat empreint de cordialité avec le gouvernement camerounais pour faciliter et encourager les actions des opérateurs économiques ; et dans ce cadre, on s’attèle à la finalisation d’accords qui feront l’objet de signature prochainement et qui apporteront sans doute un souffle nouveau et un élan à notre coopération.
Sous quel signe vous placez votre présence en terre camerounaise ? Que souhaitez-vous laisser de votre passage au Cameroun?
Apporter une pierre supplémentaire à l’édifice de nos relations bilatérales, préserver l’excellence de son cachet, et hisser davantage les relations économiques entre nos deux pays dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant.
Quelles sont les attentes de la communauté marocaine en terre camerounaise?
Une centaine de ressortissants marocains ont élu domicile au Cameroun, principalement des cadres et des épouses de ressortissants camerounais (couples mixtes). J’ai la certitude qu’ils se sentent chez eux, au même titre que moi-même ; ils sont respectés dans ce pays comme les camerounais au Maroc le sont. Ils apportent leur modeste savoir-faire et leur expérience dans le raffermissement des solides liens tissés entre les deux pays depuis plusieurs années.
Comment le Cameroun est perçu par les marocains?
Un pays frère et ami, stable, tolérant accueillant ; pour résumer : une grande nation en plein essor, surtout avec la mise en place des grandes réalisations initiées par S.E Paul BIYA qui mettront le Cameroun sur la voie de l’émergence.
Se Lahcen Sail, ambassadeur de sa Majesté le Roi du Maroc au CamerounIntégration)/n
Retour à la croissance. Baisse de l’inflation. Soldes budgétaires globaux positifs. Déficits des comptes courants réduits. Curieusement, panier de la ménagère désespérément vide, offre d’emplois en stagnation voire en baisse, qualité de vie en nette dégradation.
Le contraste est saisissant entre les chiffres flatteurs de leurs économies et les réalités quotidiennes vécues par les populations de l’espace CEEAC-CEMAC. Selon le Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la Commission des Nations unies pour l’Afrique, « les pays de la communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale, après avoir enregistré une baisse importante de leur activité économique en 2009 (consécutive à la récente crise financière et économique mondiale), ont renoué avec la croissance en 2010. Cette dernière a atteint 5,4% en 2010, contre 1,6% en 2009. La moyenne sous-régionale des taux d’inflation nationaux est redescendue à 9,6% en 2010, les soldes budgétaires globaux sont redevenus positifs et les déficits des comptes courants se sont réduits ». A s’en tenir aux chiffres actualisés du bureau Afrique centrale de la CEA, les perspectives de la sous-région sont assez favorables, avec une croissance fixée à 6,1% en 2011. Une performance au dessus de la moyenne établie à 5,5% de croissance en Afrique subsaharienne pour cette année. Le niveau des prix en Afrique centrale devrait davantage être maîtrisé dans la sous-région. 7,7% d’inflation en zone CEEAC. 1,8% d’inflation dans l’espace CEMAC. Une amélioration des finances publiques est aussi en vue, à travers une amélioration des soldes budgétaires (6,7% du produit intérieur brut de la CEMAC, 4,0% du PIB de la CEEAC). Les échanges extérieurs laissent entrevoir une poursuite de la réduction des déficits courants (transferts publics inclus). Cette réduction devrait s’établir à 1,6% du PIB de la CEEAC.
L’embellie sur fond de grincement des dents
« Les bons chiffres présentés par la CEA sont en rupture avec le panier de la ménagère qui reste maigre » réagit un participant au Comité intergouvernemental des experts du bureau régional de la CEA tenu à Yaoundé les 11 et 12 mars 2011à Yaoundé. D’autres participants espèrent des chiffres ne prenant pas en compte les recettes pétrolières. « La croissance offshore est l’arbre qui cache la forêt. Hors pétrole, tous les pays de la CEMAC sont mal portants. En isolant le secteur pétrolier, on aurait la vraie réalité. Ce qui permettrait d’avoir des recommandations fortes et mieux affinées », suggère un cadre de la BEAC. A la BAD, l’on requiert les ratios pays par rapport à la situation globale de la sous-région. Grosso modo, la situation par pays est souhaitée. Celle-ci devrait implicitement ressortir la réalité de l’arrière-pays en zone Cémac. De façon synthétique, les experts de la sous-région engagent la CEA (auteur de cette analyse de l’évolution de la situation socio-économique en zone CEEAC) à des actions complémentaires : « une analyse économique hors pétrole pour les pays producteurs ; une analyse économique hors pétrole pour les pays producteurs ; une analyse sectorielle en matière de PIB, de commerce extérieur, d’inflation ; la présentation de la situation des pays selon leur spécificité ; l’analyse de l’orientation de la politique monétaire parmi les déterminants de la croissance ; et la prise en compte du contexte sécuritaire »
Défis à relever
Les fruits tiendront-ils la promesse des fleurs ? De fait, des risques pèsent sur les perspectives économiques sous-régionales. Celles-ci sont en effet « tributaires de l’évolution de la conjoncture internationale et du bon déroulement des élections prévues en 2011 dans plusieurs Etats membres, et des incertitudes existent en liaison avec la situation sociopolitique dans le monde arabe ». Au final, le comité intergouvernemental des experts de la CEA formule une dizaine de recommandations : le renforcement de la stabilité macroéconomique ; la diversification des économies pour mieux résister aux chocs externes ; l’amélioration du climat des affaires ; la mise en uvre de programmes et projets visant à renforcer les conditions d’une progression vers l’atteinte des OMD ; une réorganisation et / ou réaménagement des allocations budgétaires pour financer l’investissement public en infrastructures et en capital humain ; la promotion de la recherche développement ainsi que l’invention et l’innovation.
Belles pistes de solutions qui restent à traduire en actes concrets pour une transformation réelle et efficace de la qualité de vie du citoyen de la sous-région Afrique Centrale. On croise les doigts et on attend.
Intégration en kiosque cette semaineIntégration)/n
C’est dimanche 23 janvier que les électeurs choisiront le futur Président de la république. Intégration publie un numéro spécial pour l’occasion
Située au c ur de l’Afrique, la RCA partage ses frontières au nord avec le Tchad, au sud à la fois avec la République du Congo et la République Démocratique du Congo, à l’Est avec le Soudan et à l’ouest avec le Cameroun. Avec une superficie de 623.000 km², elle compte environ 3,8 millions d’habitants. Le français et le sango sont ses deux langues officielles. Constituée d’une mosaïque d’ethnies qui s’étaient rencontrées au gré des aléas de l’Histoire ou fuyant devant les esclavagistes venant du nord ou de l’Est de ce qu’on appelait à l’époque Oubangui-Chari, la RCA a encore une histoire politique récente. Ancienne colonie française, le territoire de l’Oubangui-Chari est proclamé République centrafricaine le 1er décembre 1958 par le président de l’Assemblée territoriale de l’époque, Barthélemy Boganda. Le 16 février 1959, Il dote la nouvelle République de sa première Constitution dont le préambule proclamait déjà « l’attachement du peuple aux droits de l’homme, aux principes de la démocratie et de la libre détermination des peuples ». Un mois après l’adoption de cette constitution, Boganda disparaissait dans un accident d’avion. Son successeur, monsieur David Dacko proclamera l’indépendance le 13 août 1960. Il fait amender à plusieurs reprises la Constitution de 1959, la vidant de sa substance démocratique. Il consacre par la même occasion le Mouvement de l’Evolution Sociale en Afrique Noire (MESAN) comme l’unique parti politique.
En 1966, le colonel Jean Bedel Bokassa prend la tête d’un coup d’Etat militaire et suspend la constitution. Deux Actes constitutionnels des 4 et 8 janvier 1966 fixeront l’organisation provisoire des pouvoirs de la République. Le nouveau président se fera alors proclamer président à vie en mars 1972 puis, érigera la République en Empire en septembre 1976. La Constitution impériale vivra à peine deux années lorsque David Dacko, protégé par des parachutistes français, renverse l’Empire et rétablit la république. Un séminaire national de réflexion aboutit à un projet de Constitution qui sera adopté par referendum le 1er février 1981. Le préambule de ladite Constitution proclame la forme républicaine de l’Etat, reconnaît les droits de l’homme et consacre en son article 4 le multipartisme : « les partis politiques concourent à l’expression du suffrage universel. Ils se forment et exercent librement leurs activités ». Cette nouvelle Loi fondamentale ne sera malheureusement pas appliquée car les résultats de l’élection présidentielle de mars 1981 seront contestés par l’opposition au régime de Dacko et leur proclamation, suivie de violents troubles. Le général Kolingba dirigera alors un nouveau coup d’Etat militaire avec le consentement de Dacko. La Constitution sera suspendue. Deux Actes constitutionnels instaurent un Comité militaire de redressement national (CMRN) disposant de tous les pouvoirs et interdisant toute activité aux partis politiques. Cinq ans plus tard, la quatrième Constitution centrafricaine sera adoptée par referendum le 21 novembre 1986. Cette Loi fondamentale et le régime de parti unique qu’elle a fondé plieront sous les contestations démocratiques des années 1990.
C’est du moins l’esprit du propos liminaire prononcé par l’ambassadeur du Tchad au Cameroun.
Les Cérémonies marquant la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de la République du Tchad auraient dues se dérouler le 11 août dernier. Mais, à cause de la saison des pluies, elles sont fixées le 11 janvier 2011. Il en est ainsi depuis quelques années avec la célébration de la fête nationale de ce pays.
Le cinquantenaire de l’indépendance du Tchad donne l’occasion aux tchadiens de revisiter l’histoire de leur patrie, d’évaluer le chemin parcouru de 1960 à 2011, et de lorgner sur le futur par rapport aux défis à relever. Les tchadiens du Cameroun fêtent leur cinquantenaire sur la base d’un chronogramme bien établi. Il englobe des activités telles que des matchs de football, à Soa et à Yaoundé ; des conférences-débats ; des cultes cuméniques et une grande soirée récréative. Les tchadiens installés dans les dix régions du Cameroun vont se retrouver à Yaoundé pour les besoins de la cause. Et des dispositions sont d’ores et déjà prises à cet effet. Le tout sera clôturé par une séance de prière, certainement pour que la paix règne au Tchad, désormais pour l’éternité.
De fait, le Tchad n’a pas connu de paix pendant 30 ans, du haut de ses 50 ans d’indépendance. D’où la déclaration de l’ambassadeur du Tchad au Cameroun. Yoossem-Kentou Noudjiambao: « «La guerre, c’est pas bon pour un pays. Ce n’est que désolation. La paix, c’est quelque chose de précieux ». Entre 1960 et 1990, le Tchad a connu une période tumultueuse au cours de laquelle la guerre a fait saillie d’une manière sécurisante. Misère, exil, peur faisaient partie du train-train quotidien des tchadiens. Ce passé douloureux tranche avec la situation actuelle dont le président Idriss Deby Itno est le principal artisan. En effet, le 1er décembre 1990, sous sa conduite, les Forces Patriotiques du salut ont mis fin à la plus redoutable dictature que le Tchad ait connue : le régime de Hissene Habré. Trônant en maître absolu à Ndjamena ce jour-là, il a déclaré : « Je ne vous ai pas accordé ni or ni argent, mais la liberté et la démocratie », sous-entendu, le développement. Sur le terrain, les retombées sont palpables. Le multipartisme est effectif au Tchad, le pays exporte le pétrole ; aéroports, raffinerie, cimenteries sont construits. L’avenir est rose pour le développement du Tchad. Le cinquantenaire de l’indépendance du Tchad se déroule le 11 janvier sur fond de paix retrouvée.
Intégration propose un dossier sur le cinquantenaire du TchadIntegration)/n
A propos de la réaction de Celestin Monga à la polémique née lors des obsèques de Pius Njawe
Monsieur,
Dans le journal LE MESSAGER, n° 3162 du vendredi, 13 août 2010, rubrique « L’invité » consacrée aux obsèques du regretté Pius NJAWE, vous vous répandez en déclarations où l’injure le dispute à l’arrogance et à la prétention. Je serais certainement resté indifférent à toute cette gesticulation, comme tout le corps social camerounais d’ailleurs qui vous observe, flegmatique comme il sait l’être à de pareilles circonstances, si vous n’aviez pas, dans vos débordements, tenu des propos discourtois et que rien ne justifie, à l’endroit de la prestigieuse institution que j’ai la charge de diriger, à savoir l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature.
En effet, un extrait de votre réponse à la 6ème question dit exactement ceci « .Et puis j’ai eu pitié de ce petit soldat agité, sous produit de la « négraille » (comme dirait Aimé Césaire) que fabrique l’ENAM, et qui se comporte souvent comme des proconsuls en terre étrangère ». Je vous laisse la responsabilité de votre verbe violent et insultant à l’endroit de Monsieur le Gouverneur de la région de l’Ouest. Mais rien, à mes yeux, n’explique, quelque soit l’angle sous lequel on prend l’affaire, l’extension de vos insultes à l’ENAM. Rien ne vous autorise à parler de l’ENAM sur un ton aussi méprisant.
Voyez-vous, Monsieur Célestin MONGA, il nous arrive souvent, pauvres êtres humains que nous sommes, d’avoir de nous-mêmes une telle haute idée que pourtant, à l’observation, rien de concret ne valide. Par rapport à tout ce que le Cameroun compte de valeureuses élites, tant dans le monde qu’à l’intérieur, j’ai bien peur que vous ne soyiez victime de ce syndrome à votre tour. Votre tête semble avoir enflé au point où, bientôt, vous ne trouverez plus au marché, de chapeau à votre taille.
Je ne sache pas qu’à ce jour, le Cameroun vous doive quoique ce soit. Mais je suis convaincu que vous devez beaucoup, pour ce que vous êtes actuellement, à ce pays qui a accueilli vos premiers pas dans la vie et dont vous insultez aujourd’hui le passé et le présent à travers ses dirigeants que vous affublez de tous les noms d’oiseau.
Au-delà de tous vos excès verbaux, le journaliste Norbert N. OUENDJI vous interroge sur la pertinence des considérations protocolaires qui vous ont empêché de prendre la parole aux obsèques du regretté NJAWE. Vous évitez, non sans maladresse la question, préférant verser dans la philippique et la diatribe, couvrant d’injures le Cameroun et tout ce qu’il compte de responsables et décideurs institutionnels, démontrant ainsi aux yeux des Camerounais, non seulement vos limites à trouver une réponse directe, convaincante et fondée en valeur, mais aussi et surtout votre incapacité à dominer votre amertume d’avoir raté une bonne occasion. de faire le paon comme semble le prédisposer votre personnalité.
Avec un peu de recul, veuillez bien relire votre propos et mesurez à quel point vous débordez de ranc ur. Vous éructez de haine, M. MONGA! L’intellectuel que vous avez la prétention d’être devrait savoir mesure garder dans l’expression de ses opinions, quelle que soit son émotion. Le plus humble fonctionnaire sorti de l’ENAM le sait (Eh oui!). Vous êtes censé savoir que tout ce qui est excessif est dérisoire.
Vous voulez prendre la parole après la lecture du message de condoléances du Chef de l’Etat ? Je suis pourtant certain que vous n’oseriez jamais tousser, quelle que soit l’intensité de l’envie, après que votre modeste Chef de village a simplement raclé la gorge. Voilà donc le Cameroun que votre groupe nous propose et dont vous êtes l’un des porteurs de valeurs. Et les Camerounais tiennent, dès à présent et à travers votre style de communication, un spécimen de ce à quoi ils doivent s’attendre demain : anarchie, injures, excès, morgue, incontinence, arrogance, vanité, hystérie…
Dans toutes ces dérives, vous n’avez rencontré que du silence de la part de vos victimes. En ce qui me concerne, je ne vous ferai pas la faveur du silence. Et je vous mets en garde qu’à la prochaine déclaration discourtoise vis-à-vis de l’auguste institution que je dirige, je vous assigne en justice pour « propos injurieux ». Les Camerounais sauront alors apprécier la dignité avec laquelle vous ferez face à votre responsabilité pénale.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de ma parfaite considération.
Edito publié le 11 janvier à l’occasion de la publication du premier numéro en formule tabloïd autonome
Nouvelle année, nouveau visage pour le journal INTEGRATION. Votre publication décline dès ce numéro sa version tabloïd élaborée. Une nouvelle dimension qui prend la forme d’un journal autonome de douze pages. Il s’agira désormais d’un bimensuel d’information focalisé sur les communautés étrangères installées au Cameroun. Nous ambitionnons d’offrir à nos lecteurs un journal agréable et convivial, à travers une mise en page des plus simples, mais surtout des plus originales. Pour nous, l’illustration et l’iconographie doivent toujours venir en appui aux textes, afin de mieux mettre en valeur et en perspective le message et le fait présenté.
Au – delà de la forme, la nouvelle dimension du journal INTEGRATION est aussi visible à travers une gamme variée et riche de rubriques. Les restrictions inhérentes à une pagination réduites relèvent du souvenir. Les reporters peuvent enfin exprimer pleinement leur talent. Ils ont pour cela plus de flexibilité, autant dans les genres rédactionnels que la pléthore des sujets à explorer. Le challenge est exaltant, d’autant que le positionnement éditorial sort des sentiers battus. Oui ! Une tribune exclusivement destinée aux étrangers dans un pays chauvin sur les bords, il fallait y penser. et surtout se jeter à l’eau !
Nous l’avions fait dans un premier temps avec l’encart publié dans l’hebdomadaire Repères. Cela a duré un an et demi. Le temps de rodage des mécaniques. Aujourd’hui, la machine est bien huilée. Nous passons dès lors à une nouvelle étape, avec pour slogan de lancement : « une nouvelle année, une nouvelle dimension ». L’échéance symbolique de janvier 2010 est la rampe de lancement de ce nouveau challenge. Et la Coupe d’Afrique des nations de football se présente comme le premier test grandeur nature. En effet, nous entendons faire vivre la belle fête du football dans une perspective originale, en focalisant notamment notre traitement sur les communautés étrangères installées au Cameroun. Pari osé et fou ? Certainement ! Mais, rien de grand ne s’est fait sans idées un peu folles. Nous tendons la main à toutes les personnes morales et physiques intéressées par cette approche éditoriale innovante. Ce projet est le votre. En pratiquant une politique de petits prix, nous donnons la possibilité à chacun d’entre – vous d’apporter sa contribution à la consolidation des acquis de l’intégration dans notre pays et partant dans notre continent.
Nouvelle version d’Intégration en kiosqueJournalducameroun.com)/n
La capitale de l’Etat de Géorgie se débarrasse progressivement des scories d’un passé douloureux
Martin Luther King, Junior. Le grand rêve de réconciliation de l’Homme avec lui-même et son prochain. Auburn, quartier résidentiel d’Atlanta, en est le symbole incarné. La maison d’enfance du leader noir des droits civiques accueille sans distinction aucune (couleur de la peau, statut social, origine, etc.) le visiteur. L’édifice, acquis en 1909 à la somme de 3500 dollars par le grand père de Martin Luther King Junior, retrace la longue marche vers les acquis d’aujourd’hui. Une maison chic d’au moins cinq pièces, à la fin du 19è siècle, dans un quartier noir aux habitants bien organisés et dynamiques sur le plan économique, malgré la ségrégation raciale. Le rejet de la ségrégation raciale par les populations noires dans les années 1930 – 1940. La revendication de l’égalité par une mobilisation non violente dans les années 50 et 60. Un martyr nommé Martin Luther King, Jr en 1968. Une évolution lente – mais progressive – des mentalités et des réglementations.
Assurément, le grain de blé tombé en terre porte aujourd’hui des fruits mûrs. Atlanta, capitale de l’Etat de Géorgie dans le grand sud jadis esclavagiste, n’hésite pas à donner du concret au rêve (I have a dream) de l’un de ses illustres enfants. Clichés d’une visite guidée dans certaines familles habitant Atlanta. Vicky, blanche à la cinquantaine entamée, vit seule dans un quartier de la ville. La famille immédiate de cette spécialiste de l’immobilier est constituée d’un chat et surtout d’un enfant noir du voisinage. La maman du jeune voisin de Vicky n’en est pas inquiète. Puisqu’elle a fait la connaissance de Vicky, et les deux familles s’apprécient énormément.
Atlanta, en GeorgieJournalducameroun.com)/n
Otha est une africaine américaine, originaire du Missouri. Après ses études et les premiers boulots à Oklahoma, elle s’est établie à Atlanta. Elle y exerce comme professionnel de l’immobilier. Sa demeure est une uvre d’art, reflet d’une ouverture d’esprit patiemment cultivée à la suite de ses nombreux voyages à l’étranger. Otha, maman d’un garçon de trente-cinq ans, mène une existence paisible dans l’un des quartiers de la capitale de la Géorgie. Après un début d’année difficile, son activité se porte assez bien depuis que les banques américaines ont décidé de racheter les logements abandonnés par des clients insolvables. Elle envisage, en bonne citoyenne du monde, de reprendre son bâton de pèlerin pour compléter sa connaissance du continent africain. Le Cameroun figure parmi ses prochaines destinations. Le continent de ses racines profondes.
Du rêve de Martin Luther King Jr à la réalité. américaine
Le rêve américain de Martin Luther King Junior est également perceptible sur le plan économique. Atlanta est le c ur commercial et financier de la Géorgie. C’est aussi un centre majeur pour les communications, les transports et la distribution de la région Sud Est des Etats – Unis. Des multinationales parmi les plus prestigieuses, Coca Cola et Cnn entre autres, y ont leur siège. La ville offre par conséquent des opportunités d’affaires et de travail aux personnes méritantes d’origines diverses. C’est le cas de Jenny, hollandaise installée à Atlanta depuis treize ans. Elle n’a pas vu le temps passer dans cette ville ô combien accueillante et hospitalière. Venue pour un contrat de travail de deux ans, elle a pris goût à la vie et à l’environnement de travail d’Atlanta.
Les moins costauds dans le business ne sont pas oubliés. Une cité commerciale souterraine, opportunément baptisée Underground, donne la possibilité aux petits commerces de faire de bonnes affaires. Underground est un monde à part, où la vie ne s’arrête jamais. Après la fermeture obligatoire des commerces à 21 heures, les snacks et boîtes de nuit ouvrent leurs portes sur le même site. La fête commence à 22 heures pour s’achever au petit matin. Coin chaud et toujours embouteillé. Le voisinage des campus universitaires ne facilite pas toujours la tâche à la police. La ville offre d’autres attractions intéressantes : le centre Peachtree, le bâtiment le plus haut d’Atlanta, considéré comme le c ur de la ville moderne.
Journalducameroun.com)/n
La face invisible
On s’en doute, tout n’est pas rose à Atlanta. En effet, le rêve de Martin Luther King tarde à se concrétiser pour ces personnes incapables de manger à leur faim. On en trouve dans les coins de rue ou devant les issues de magasins et de supermarchés. Ils sont généralement des noirs. Ils font la manche. Sans honte. Avec un argument presque imparable : « I’m hungry », j’ai faim. Comment ne pas prêter une oreille attentive à une personne dans un besoin aussi vital qu’élémentaire? Comment ne pas interroger sur les moyens mis en uvre pour voler au secours des nécessiteux ? Les clochards courent également les rues. Mal famés, ils suscitent parfois la crainte chez ceux qui ont dépassé ce type de problème. Ces laisser – pour comptes sont de tous les âges ; ils sont la mauvaise conscience d’une ville et d’un système qui prétendent pourtant mettre l’individu au c ur de toutes politiques.
Les préoccupations sociales et humanitaires de la cité sont pourtant affirmées, à travers des institutions comme le Centre Jimmy Carter. Le trente – neuvième président des Etats- Unis d’Amérique y a en effet établi depuis 1982 le quartier général de l’organisation non gouvernementale qui porte son nom. Trois principaux domaines d’intervention intéressent le Centre Jimmy Carter : la paix dans le monde ; la démocratie et les droits de l’homme ; la santé. A Atlanta, le Centre Carter emploie en moyenne 125 personnes. Son budget annuel fluctue entre 120 et 130 millions de dollars. Les programmes du Centre Jimmy Carter se veulent orientés vers des projets concrets, afin d’impacter immédiatement sur la vie des populations cibles.
Atlanta payera sa dette à l’Afrique
Le continent africain a beaucoup apporté à l’Afrique. A Atlanta, on cite par exemple l’arbitrage décisif de l’Afrique dans le choix de la ville des jeux Olympiques de 1996. Grâce à la mobilisation concertée de toutes les forces vives de l’Etat de Géorgie – et particulièrement des africains américains -, Atlanta fit le plein des suffrages africains. Pour l’Etat de Géorgie, ce soutien africain est une dette à rembourser. Et déjà des actes concrets sont posés au niveau universitaire. L’université d’Etat de Géorgie, à travers le Franklin college of arts and sciences, enseigne vingt-une langues africaines. En l’occurrence le Swahili, le Yoruba et le Zulu. 150 étudiants y suivent un cursus académique plafonné par une certification en études africaines et une licence en langue et littératures africaines. L’université d’Etat de Géorgie emploie treize enseignants africains. C’est le chiffre le plus important enregistré dans les universités américaines.
La WGA, radio universitaire affiliée publique, diffuse une demi-heure démission hebdomadaire sur l’Afrique. Les rédactions les plus en vue d’Atlanta suivent le mouvement. Elles s’apprêtent par exemple à donner un écho retentissant à la première coupe du monde de football organisée en terre africaine. Pour le patron de la rédaction de Atlanta Journal-Constitution (plus grand quotidien de la ville), l’occasion est belle pour montrer l’Afrique sous un jour favorable. A CNN, on n’en pense pas moins. La chaîne internationale aux deux milliards de téléspectateurs prétend avoir anticipé sur la façon de montrer l’Afrique au reste du monde. Et de citer deux nouveaux programmes valorisant le continent : Insight to Africa et African Voices. Une meilleure image de l’Afrique. Ce serait bien une autre réconciliation. Celle de l’Afrique avec elle-même. Celle du continent avec le reste du monde. On n’évoquera plus le grand malentendu – réel ou supposé- entre le continent et les africains américains. A la suite de Otha, les africains américains pourront définitivement découvrir la terre de leurs ancêtres. « C’est très important car les africains américains sont ignorants de leurs origines et de l’histoire y relative; ce qui peut laisser libre cours à toutes sortes d’interprétations ou de malentendus », argumente-t- elle. Le rêve américain de Martin Luther King se réaliserait alors en Afrique.
Notre reporter, devant le siège de CNNJournalducameroun.com)/n
La capitale fédérale reste un carré dont les lignes ne bougeront pas de sitôt. Malgré les bonnes intentions et le discours de rupture
Conception W. Thomas et son époux n’ont pas quitté le site de fortune qu’ils occupent depuis 1981 devant la Maison Blanche. La vieille espagnole continue de protester et de sensibiliser contre les armes nucléaires. Les Obama, célèbres locataires de la Maison Blanche et non moins voisins de Conception W. Thomas, se sont vraisemblablement accoutumés à la présence de cette manifestante au discours dérangeant. La vie continuerait donc imperturbablement son cours normal dans la capitale fédérale américaine. A l’observation, il en faudra encore beaucoup à Barack Hussein Obama, pour faire bouger le mammouth de 173 kilomètres carrés, dessiné il y a deux siècles par l’architecte français Roger l’Enfant.
De fait, le caractère essentiellement administratif et bureaucratique de Washington District Columbia ne prédispose pas à des changements perceptibles à l’immédiat. D’autant plus que la tradition architecturale séculaire et la vision des Pères fondateurs de la nation américaine dominent toujours cette cité d’environ 600.000 habitants. En effet, la croix de la démocratie – au sens égyptien du terme – reste le modèle inspirateur des politiques américains. Le Capitole (avec son sénat et sa chambre des Représentants) est la tête de cette croix. C’est aussi le centre géographique de Washington, District Columbia. Coiffé de son célèbre dôme que supplante la Statue de la Liberté, le Capitole est le c ur du pouvoir aux Etats- Unis. Tout s’y décide. A l’aile gauche de la croix trône la Maison Blanche. C’est le siège du pouvoir exécutif. Les mémoriaux Jefferson (à droite), Washington encore connu sous l’appellation Obélix (au milieu) et Abraham Lincoln (au pied) constituent les autres parties de la croix de la démocratie américaine.
Thierry Ndong devant la maison blancheJournalducameroun.com)/n
Aux grands hommes, la nation reconnaissante
Ces trois mémoriaux sont la parfaite illustration de l’attachement des américains à leur histoire. Georges Washington est le père bien adulé de l’indépendance des Etats- Unis. A la tête d’une armée sans étoffe – d’aucuns parleraient de milice -, il aura réussi à avoir raison des Anglais vers 1783. Il refuse pourtant de prendre les rennes du pays nouvellement émancipé du joug anglais. Il préfère démissionner de la tête de l’armée. Il s’en retourne dans sa ferme pour se consacrer aux activités agricoles. Elu président des Etats – Unis six années plus tard, il démissionne au terme de son deuxième mandat, optant pour la philosophie de la « Grande expérience », qui détermine la participation du citoyen à la vie publique. Abraham Lincoln, de son côté, est le père de l’abolition de l’esclavage. Il est aussi le président qui est venu à bout de la guerre civile aux Etats-Unis. Sa géante statue blanche, construite entre 1915 et 1922, est une grande reconnaissance de la nation. Elle se veut en outre l’hommage aux 615.000 morts de la guerre de sécession. La population américaine pendant la guerre 1861- 1865 s’évaluait à 13.000.000 habitants. Et selon des témoignages avisés, les séquelles de cette guerre sont encore perceptibles dans le quotidien des américains. Les blessures de la guerre du Vietnam (1959 – 1975) ne sont pas totalement cicatrisées. Au Mémorial des vétérans du Vietnam, vous découvrez la liste des décédés et des disparus sur un mur souterrain en marbre sombre. Aujourd’hui, avec beaucoup de recul, les américains parlent d’une guerre pour rien. Thomas Jefferson, en posant les bases d’un accès libre et gratuit à l’éducation pour tous, voulait pourtant éviter de telles erreurs. Mais, la vision des pères fondateurs a parfois souffert d’une interprétation ou d’une mise en uvre surannées.
Devoir de mémoire, devoir citoyen
Les musées restent également une institution dans la capitale fédérale. Il y en a pour tous les goûts et pour toutes les attentes. Ils sont les témoins privilégiés de l’évolution des Etats – Unis depuis près de trois siècles d’existence. Tous les domaines y passent: médias, politique, économie, etc. Les bibliothèques et les archives se découvrent également sans sourciller. A Washington, vous avez la possibilité de visiter la plus grande bibliothèque du monde, située à l’arrière du Capitole. Elle appartient au parlement fédéral américain; c’est le socle de la rédaction de tous les textes législatifs votés au Capitole depuis des siècles.
Statues des vétérans du VietnamJournalducameroun.com)/n
La capitale fédérale américaine propose par ailleurs d’autres charmes, à découvrir par la marche à pied. Il y a notamment ses quartiers célèbres. Adams Morgan est réputé pour le divertissement nocturne. L’Anacostia, quant à lui, conserve son architecture ouvrière de la fin du 19è siècle. Brookland, surnommé Little Rome, au nord – Est de la capitale fédérale, contient la plus large concentration d’institutions catholiques (plus de soixante) après le Vatican. Capitol Hill détient la plus importante communauté historique résidentielle de la ville. China Town, quartier chinois, frappe par ses enseignes colorées et ses restaurants asiatiques animés. Georgetown, autrefois port colonial florissant, est désormais une communauté historique florissante. Dupont Circle, jadis quartier chic de Washington, est aujourd’hui une plate-forme cosmopolite. Le quartier des ambassades, juste à côté de Dupont Circle, est l’adresse des 150 représentations diplomatiques et ambassades accréditées à Washington DC. La liste n’est pas exhaustive.
Barack Obama et l’Afrique.
Selon un sondage réalisé récemment au profit du Département d’Etat, la perception des américains sur l’Afrique n’a pas changé, une année après l’arrivée de M. Barack Obama à la Maison Blanche. En effet, pour beaucoup d’américains, l’Afrique reste le continent des conflits, de la famine et de la pauvreté. L’Afrique sera -t- elle par conséquent une priorité de la politique étrangère américaine ? Steve Mc Donald, directeur du Programme de conseil pour l’Afrique, répond par la négative. Il convoque des réalités objectives liées à l’environnement international: la crise financière internationale ; la complexité des situations au Moyen Orient et en Afghanistan ; la montée en puissance de la Chine, etc.
Qu’à cela ne tienne, reconnaît Steve Mc Donald, le ton et la nature de la relation (entre les Etats -Unis d’Amérique et l’Afrique) ont changé. En moins d’une année, le continent africain a reçu deux visites importantes : le Président Obama et la Secrétaire d’Etat Hilary Clinton. Bien plus, deux émissaires spéciaux de l’administration fédérale sont en poste dans les Grands Lacs et la Corne de l’Afrique. La nouvelle administration s’est par ailleurs entourée d’une équipe connaissant bien l’Afrique. Susan Rice, ambassadrice des Etats-Unis à l’Onu, en est l’exemple le mieux parlant. Une belle opportunité pour réinventer la relation Afrique / Etats-Unis, en espérant que cela impactera à moyen terme sur l’augmentation des ressources destinées au continent.
la manifestante contre les armes nucléaires devant la Maison BlancheJournalducameroun.com)/n
Les préoccupations de l’heure aux Etats- Unis
Les grands défis de l’heure ne laissent pas Washington DC dans l’indifférence. Le gouvernement fédéral est de plus en plus sensible à la sécurité et à l’avenir de la planète. Les Etats – Unis viennent notamment de signer le Traité de non prolifération des armes nucléaires. La ratification imminente dudit traité est annoncée au niveau du Sénat américain. L’objectif avoué est la limitation de la circulation de l’arme nucléaire. Le réchauffement croissant de la planète fait désormais partie des discussions amorcées dans le cadre des échanges bilatéral et multilatéral. Le G20 va-t-il remplacer le G8 dans la prise des grandes décisions du monde ? Les Etats-Unis suivent avec beaucoup d’attention l’évolution de la nouvelle donne. Philip J. Crowley, Secrétaire d’Etat adjoint chargé des affaires publiques au Département d’Etat, confesse que la diplomatie mondiale traverse une période transitoire. La problématique aujourd’hui dans les relations internationales : trouver la bonne combinaison des institutions pouvant cibler et relever les défis qui interpellent l’humanité.
En politique intérieure, les bouleversements intervenus dans la presse – avec l’arrivée des nouveaux médias – sont suivis avec un très grand d’intérêt. Ce qui pose, entre autres, le problème de la rentabilisation des médias traditionnels. Que faire ? Les professionnels de la presse aux Etats – Unis sont sans voix. L’on en est encore à la recherche de modèles viables. En attendant, Washington DC ronge son frein. Son lobbying et son plaidoyer, en vue de devenir un Etat fédéré à part entière, n’ont toujours pas abouti. Ses délégués au Congrès gardent encore le statut d’observateur sans droit de vote. Ainsi va la capitale fédérale américaine, dont on ne saurait oublier de remonter sa réputée avenue (Pennsylvanie Avenue), en cette veille d’anniversaire de l’élection de Barack Obama à la tête du pays le plus puissant au monde.
Tranche de vie dans un vol Zurich – Washington Dc. Après une nuit de voyage par avion entre Yaoundé et Zurich
Des passagers en file indienne devant le petit coin. D’aucuns impatients à satisfaire un besoin naturel de plus en plus pressant. La visite à Bismarck est certainement la chose du monde la mieux partagée dans ce Boeing 747- 300 de United Airlines, parti en mi-journée du samedi 26 septembre de l’aéroport de Zurich pour Dulles international airport de Washington Dc. En serait-il autrement pour un voyage outre – atlantique, fût-il aérien? De fait, voyager vers les Etats-Unis d’Amérique, à partir de l’Europe ou d’Afrique, reste une épreuve, malgré toutes les différentes avancées technologiques en matière de transport aérien. Environ 67500 kilomètres à parcourir en huit (8) heures de temps, ça use et ça fatigue. Surtout dans des conditions climatiques pas toujours favorables : des températures extérieures extrêmement basses (entre – 46° et – 56°) qui influent dans le cockpit ; des pointes d’altitude (34000 pieds, environ 11000 m) et des vitesses de vent (103 – 115 km) à donner le mal d’air. La spécificité du voyage – Plus des trois quarts du trajet sur l’eau de l’océan atlantique – n’en est pas moins une épreuve. D’ailleurs, d’aucuns n’hésitent pas à parler de l’épreuve de l’eau. Celle-ci, de tout temps, est redoutée. Christophe Colomb, grand aventurier devant l’éternel et découvreur de l’Amérique, utilisateur attitré de la boussole et la caravelle, peut en témoigner. Les Africains, transportés pendant des siècles dans des bateaux exécrables, dans le cadre du « commerce de la honte », en savent quelque chose.
Plaisirs de la table, fête des yeux et des oreilles
United Airlines et les transporteurs aériens quant à eux affichent leur bonne volonté de ménager la clientèle. En effet, ils s’attellent sans cesse à rendre confortable la traversée de l’atlantique. Outre la quête permanente de l’excellence dans la modernisation des appareils volants, il y a la qualité du service à bord. L’offre en restauration et en détente prend en compte le caractère cosmopolite de la clientèle. Repas classiques, généralement composé d’aliments connus de tout le monde, servis après deux à trois heures de vol. Un apéritif en début de voyage. Spécificité chez les transporteurs américains : le digestif est payant. Le goûter est enfin offert à la dernière heure du voyage. Au final, l’ensemble du voyage est un plaisir de table, surtout en classe affaires (business), où le client est véritablement roi. Explication du mouvement incessant vers les « rest rooms »?
La détente dans une relative insouciance meuble les « temps morts » du voyage. United Airlines propose des lectures à travers ses publications spécialisées. United Play est un magazine mensuel de détente. Il présente, entre autres, les programmes télé diffusés dans l’ensemble de la flotte United Airlines. Le magazine United Hemispheres traite, quant à lui, des questions d’intérêt général, particulièrement dans les domaines sportifs : l’accueil mémorable réservé à US Olympic team ; les espoirs d’organisation des jeux Olympiques de 2016 par la ville de Chicago. La langue de communication est l’anglais pour ces supports écrits, qui côtoient d’autres publications à forte odeur commerciale. La pléthore des offres musicales et la diversité des programmes Tv, servies en une dizaine de langues parmi les plus parlées, apportent une solution de détente au voyageur le plus exigeant. « Tuer le temps » devient donc possible à tous. Les insatisfaits et autres malades peuvent s’en remettre aux douillets bras de Morphée .
Thierry NdongJournalducameroun.com)/n
Phobie sécuritaire
Avoir tous ses papiers à jour n’est plus suffisants pour entrer aux Etats – Unis depuis les fameux événements du 11 septembre 2009. Montrer patte blanche est désormais un acte banal et récurrent dans tous les aéroports destinant des voyageurs sur le territoire américain. Les vérifications commencent au départ d’origine (aéroport international de Yaoundé – Nsimalen pour mon cas) par des contrôles routiniers des compagnies aériennes et les personnels d’appui de l’aéroport. Ils se poursuivent ensuite, dans la salle d’embarquement, au rayon X et au laser, par des personnels spécialisés à la solde des autorités américaines. Ils se terminent par de dernières vérifications d’usage du faciès à l’entrée du tunnel d’embarquement de l’avion. A l’aéroport de Zurich, la même procédure recommence pour le voyageur en transit. En plus, il y a une interview, semblable à celle de demande de visa ; elle est effectuée par un agent de sécurité. Le débarquement à l’aéroport international Dulles remet au goût du jour les mêmes méthodes rigoureuses de contrôle. Passeport au scanner et rayon X. Prélèvement des empreintes sur les deux mains. Iris photographié aux rayons X, etc. Les entrées sur le territoire américain sont véritablement une question majeure de sécurité. Tous ceux qui entrent aux Etats-Unis sont fichés et tracés dans les plus « grands » détails. Et pour cause, ce sont dans les détails que se font la différence. Prochain article sur la ville de Washington Dc