Crise anglophone: des victimes demandent réparation, Agbor Balla et Fontem Neba dans leur viseur

L’avocat Agbor Balla et l’enseignant Fontem Neba sont à l’origine des villes mortes qui ont secouées les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en fin d’année 2016, au plus fort de la contestation corporatiste de leurs deux corps de métier.

On l’a appris mercredi au cours du procès de Mancho Bibixy et de six autres émeutiers reconnus coupables de sécession, l’avocat Nkongho Agbor Balla et l’enseignant Fontem Neba pourraient être appelés à dédommager des victimes des émeutes de décembre à décembre. Les avocats de la partie civile l’ont indiqué mercredi alors qu’ils présentaient le montant des indemnités qu’ils désirent, soit 579 millions de Francs CFA.

C’est qu’agissant  par le canal du Consortium – une organisation critiquée par le gouvernement pour s’être livrée à la «surenchère» dans les négociations et interdite d’activités le 18 janvier dernier – ces deux leaders de la contestation anglophone avaient lancé des avis à ville morte qui ont été observés les 09, 16 et 17 janvier 2017.

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Ils ont par conséquent été arrêtés, incarcérés à Kondengui et jugés au Tribunal militaire de Yaoundé pour hostilité contre la patrie, outrage aux corps constitués et aux fonctionnaires, rébellion, dégradation des biens publics, pillage en bande, coaction des actes de terrorisme, sécession, révolution, insurrection, excitation à la guerre civile, et propagation de fausses nouvelles. Ils étaient poursuivis aux côtés de Mancho Bibixy et d’une vingtaine de jeunes arrêtés dans plusieurs villes du Cameroun.

Nkongho Agbor Balla et Fontem Neba sont libres depuis le 31 août 2017. Ils ont bénéficié de du décret présidentiel qui instituait l’arrêt des poursuites contre certains manifestants anglophones. Pour la partie civile, cela n’empêche pas une quelconque action civile contre eux. Pour le démontrer, elle s’appuie sur l’article 63 du code de procédure pénale. Lequel stipule que : « Lorsqu’une juridiction a été saisie à la fois de l’action publique et de l’action civile, la survenance d’un des événements prévus à l’article 62 [mort de l’accusé, prescription, amnistie…] laisse subsister l’action civile, sauf dans le cas visé à l’alinéa 1 (h) [retrait de la plainte, désistement de la partie civile] dudit article. La juridiction saisie statue sur celle-ci.»

Les victimes réclament la somme de 375 millions de Francs CFA pour le dédommagement du propriétaire de l’immeuble dans lequel était abrité le commissariat du 3e arrondissement de Bamenda incendié, l’hospitalisation d’au moins deux jeunes filles, la dégradation du véhicule d’un officier. A cela s’ajoute la somme de 204 millions de Francs CFA demandée par l’Etat du Cameroun pour la construction d’un nouveau commissariat, l’indemnité après les pertes de recettes dues au pillages des boutiques, et la dégradation de certaines routes à Bamenda.

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