Cameroun-Coronavirus : 699 cas et 2 décès dans les prisons

Le ministre de la Justice assure que toutes les mesures sont prises pour limiter les contagions dans un univers carcéral où l’on compte plus de 27 000 prisonniers répartis dans 70 prisons.

Sur les 699 cas de coronavirus détectés dans 21 prisons du Cameroun, 225 sont en cours de traitement et deux décès ont déjà été enregistrés. Ces chiffres sont de Laurent Esso, ministre de la Justice garde des Sceaux. Ce dernier précise que les deux personnes disparues sont mortes au cours de leur transfèrement dans un centre de prise en charge. « Le Centre le plus proche c’est Orca. Nous avons certains (malades) à l’hôpital Jamot. Nous avons d’autres à l’hôpital Central », renseigne le ministre, alors qu’il était l’invité du 13h au poste national de la Crtv.

Laurent Esso souligne que les cas enregistrés ont été dépistés dans 21 prisons, sur les 70 que compte le Cameroun, pour une population de détenus évaluée à plus de 27 000. Le garde des Sceaux reconnait que termes de mesures barrières, la distanciation sociale est difficile à respecter dans les prisons. Cependant, d’autres mesures sont prises pour limiter les contagions et la propagation. « Nous faisons du mieux que nous pouvons pour respecter les mesures barrières explique-t-il. Les corvées extérieures sont suspendues, nous gérons strictement les communications, les gens viennent rendre visite et nous limitons strictement ces visites ». Il ajoute : « nous avons suspendu nos activités socioculturelles. Même nos partenaires habituels ne sont pas autorisés à mener des activités socioculturelles. Le port du masque est obligatoire. Avant toute incarcération, on fait un contrôle pour les gens qui sont déférés par les parquets. Ceux qui sont positifs vont tout de suite dans un centre approprié. Les autres sont gardés trois jours pour qu‘on s’assure qu’ils peuvent être incarcérés ».

Cameroun/Prisons: 10 109 bénéficiaires du décret présidentiel du 15 avril 2020

[Info JournalduCameroun.com] Il s’agit des chiffres transmis par le gouvernement camerounais à l’ONU. Parmi ces prévenus et détenus bénéficiaires du décret du 15 avril 2020 portant commutation et remise de peines, 7 230 ont été “libérés d’office” et les autres le seront progressivement

 

Le décret signé par Paul Biya le 15 avril 2020, portant commutation et remise de peines, a bénéficié à un peu plus d’un tiers (35,5%) de la population carcérale, selon les estimations faites par le ministère de la Justice et transmises à l’Organisation des Nations unies.

Avant le décret, l’effectif des prévenus (personnes en détention provisoire sans condamnation définitive) et des autres détenus était évalué à 28 487 individus à travers le territoire. En appliquant le décret, le nombre de bénéficiaires se situe à 10 109 à travers les pénitenciers des 10 régions: Adamaoua (809 bénéficiaires sur un effectif total de 1 742), Centre (2 455 sur 7 634), Est (815 sur 2 048), Extrême-Nord (1 293 sur 3 370), Littoral (1 374 sur 4 771), Nord (1 183 sur 2914), Nord-Ouest (341 sur 527), Ouest (930 sur 2 446), Sud (402 sur 1 235) et Sud-Ouest (507 sur 1 800). 

Sur les bénéficiaires potentiels, 7 230 ont été “libérés d’office”, selon le gouvernement. Les autres le seront progressivement

Ces statistiques, auxquelles JournalduCameroun.com a eu accès, ont été communiquées, par lettre, au Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (OHCHR) – à la demande de l’institution – le 02 juin, par les soins de la Mission permanente de la République du Cameroun auprès de l’Office des Nations unies et des autres organisations internationales à Genève.

Désengorgement des prisons camerounaises: un décret présidentiel trop restrictif

Par la FIACAT (Fédération internationale des Actions des chrétiens pour l’abolition de la torture) et l’ACAT Cameroun

 

Le décret présidentiel n°2020/193 du 15 avril 2020 portant commutation et remise de peines accorde la grâce présidentielle à certaines personnes détenues, en vue d’éviter une potentielle catastrophe au sein des prisons surpeuplées où le risque de propagation du Covid-19 est élevé. L’ACAT Cameroun et la FIACAT se réjouissent de ces mesures prises pour désengorger les prisons camerounaises. Toutefois, une analyse profonde du décret laisse apparaître que ce dernier n’est pas suffisant pour faire face à cette crise sanitaire.

Au Cameroun, les prisons comptent 17 915 places disponibles. Cependant, en 2017, on dénombrait 30 701 prisonniers, ce qui représente un taux de surpopulation de plus de 171%. Cette situation est particulièrement alarmante alors que l’épidémie actuelle exige a minima une « distanciation sociale ».

Plus de 70% des personnes privées de liberté au Cameroun sont en détention provisoire sur l’ensemble du territoire national. Or, selon l’article 1er du décret présidentiel, la mesure vise exclusivement les personnes définitivement jugées et condamnées, excluant ainsi les prévenus.

En outre, plus de 60% des personnes en détention le sont pour des motifs qui ne permettent pas de bénéficier, ni de la commutation, ni de la remise, selon l’article 4 du décret. Plus de 50% des personnes condamnées définitivement resteront donc en prison. Aussi, parmi les personnes condamnées à mort, plus d’un tiers des personnes inculpées depuis 2015 le sont pour des infractions liées au terrorisme, infractions exclues des mesures prises par le décret.

A titre d’exemple, la prison centrale de Douala comptait, au 20 avril 2020, 3 473 personnes détenues. 2 385 se trouvaient en détention provisoire, soit 69% de détenus qui ne pouvaient bénéficier du décret. Parmi les 770 personnes définitivement condamnées et donc concernées par ces mesures, 608 détenus ont été libérés, ce qui représente seulement 17,5% des prisonniers.

Dans la prison centrale de Yaoundé, les chiffres sont encore plus éloquents puisque seuls 361 détenus ont été libérés parmi les 4 000 prisonniers, soit seulement 9% de la population carcérale. Ces chiffres démontrent que les dispositions prises par le présent décret sont largement insuffisantes pour lutter contre la surpopulation carcérale au Cameroun.

Au vu de la crise sanitaire qui touche le Cameroun et le monde dans sa globalité, et au vu de la surpopulation carcérale, l’ACAT Cameroun et la FIACAT invitent les autorités camerounaises à :

  • – à court terme, permettre à davantage personnes détenues de bénéficier de la grâce présidentielle, notamment les prévenus qui représentent 70% des prisonniers ;
  • – à long terme, cesser de recourir systématiquement à la détention préventive afin de lutter contre la surpopulation carcérale et améliorer les conditions de détention.

 


  • Texte initialement publié sur le site de la Fiacat.
  • La Fédération internationale des ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), la FIACAT, est une organisation internationale non gouvernementale de défense des droits humains, créée en 1987, qui lutte pour l’abolition de la torture et de la peine de mort. La Fédération regroupe une trentaine d’associations nationales, les ACAT, présentes sur quatre continents.

Cameroun: des mesures prises par le Minjustice pour limiter la propagation du coronavirus parmi les détenus

Suspension des corvées à l’extérieur, mise en place des cellules d’observation des cas suspects, entre autres mesures présentées lors de la réunion hebdomadaire du gouvernement le 23 avril

 

Le ministère de la Justice du Cameroun a présenté, ce jeudi 23 avril, au chef du gouvernement, les mesures initiées pour limiter la propagation du Covid-19 au sein des prisons du Cameroun.

“Les mesures déjà prises pour protéger les prisonniers contre ce virus portent notamment sur la suspension des corvées à l’extérieur, la mise en place des cellules d’observation pour les cas suspects, le lancement des opérations de désinfection des prisons ainsi que l’application des gestes barrières”, relève le communiqué de la réunion tenue ce 23 avril par le Comité interministériel chargé d’évaluer et de suivre la mise en oeuvre de la stratégie gouvernementale de riposte contre la pandémie du Covid-19 au Cameroun.

Des cas positifs d’infection au nouveau coronavirus ont déjà été décelés à la prison centrale de Yaoundé à Kondengui.

Les mesures prises par le Minjustice visent à limiter la propagation du Covid-19 parmi les prisonniers qui n’ont pas pu recouvrer la liberté, dans le cadre de l’application du décret présidentiel du 15 avril 2020 portant commutation et remise de peines à certains détenus.

Au Cameroun, pour faire face au Covid-19, le CICR envisage de distribuer 22 tonnes de savon et des bidons “aux prisons et aux populations”

Action prévue par la délégation régionale du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour l’Afrique centrale

 

La délégation régionale du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour l’Afrique centrale, basée à Yaoundé mais qui mène des actions dans diverses régions du Cameroun, envisage de distribuer “22 tonnes de savon et 44 000 bidons aux prisons et aux populations de différentes régions du pays”, a appris Journalducameroun de source institutionnelle.

“Le CICR envisage aussi de livrer de l’eau de Javel et des produits de nettoyage aux lieux de détention” en guise de soutien aux mesures d’hygiène et de prévention contre le Covid-19, indique l’institution d’aide humanitaire sur son site.

Selon le chef de la protection du CICR pour l’Afrique, Aribani Ibachi Witanene, “les personnes retenues dans des lieux de détention sont souvent invisibles pour le monde extérieur et risquent fort d’être oubliées. Les prisons en Afrique sont souvent extrêmement surpeuplées. La distanciation sociale y est impossible. Un cas de Covid-19 dans un établissement pénitentiaire pourrait avoir des conséquences catastrophiques, et nos équipes sur tout le continent travaillent avec les autorités pour mettre en place des mesures qui tiennent les prisons à l’abri du virus.”

Réglementation pénitentiaire: un forum sur la situation des prisons au Cameroun

La rencontre a eu lieu le 27 janvier 2016 à Yaoundé, en présence d’une centaine de participants venus des dix régions du pays

Le mercredi 27 janvier 2016 à Yaoundé a eu lieu la rencontre nationale sur la situation des prisons au Cameroun. Le forum était organisé par le Centre d’orientation éducative du Cameroun (Coe Cam) et l’Ong catholique italienne Centro orientamento educativo (Coe), avec le soutien de l’Union européenne et la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés.

Cette conférence s’inscrivait en droite ligne du Projet prison de l’Union européenne (Ppue) qui porte sur l’humanisation des conditions de détention, de la promotion ainsi que de la protection des droits de détenus dans les villes de Yaoundé, Douala, Garoua, Bafoussam et Mbalmayo.

L’objectif de ces travaux était d’exposer les bonnes pratiques des uns et des autres sur les prisons et de susciter des réformes au niveau de la réglementation pénitentiaire.

Une centaine de participants venus des 10 régions du pays et issus de la société civile, du ministère de la justice, des forces de maintien de l’ordre et de l’administration pénitentiaire ont pris part à cette Rencontre. Des ex-détenus ont également accepté de venir faire des témoignages sur leur vie en prison.

Prison de Kondengui à Yaoundé au Cameroun.
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Torture au Cameroun: des mesures préventives s’imposent!

Le sujet est au centre d’un atelier ouvert jeudi au ministère de la Justice, alors qu’est attendue ce vendredi la validation du 5e rapport au Comité de lutte contre le fléau

Détention des prévenus et privation des libertés, les acteurs du milieu se sont retrouvés jeudi, 17 décembre 2015, à Yaoundé, pour faire un état des lieux de la situation au Cameroun. La police, la gendarmerie, le parquet, l’administration pénitentiaire, les Ong, ont partagé leurs expériences et la réalité telle que vécues dans les cellules et les prisons. L’objectif étant d’apprécier le mécanisme national de contrôle et évaluer le niveau de prévention des abus et tortures dans les lieux de détention. Ici et là, le constat est presque le même. D’abord les contrôles sont effectifs et multiformes pour dissuader les tentatives d’abus et de violation des droits inaliénables des détenus. Ces contrôles existent pour éviter d’en rajouter à la peine de celui qui est privé de liberté. Les abus portent sur la maltraitance, les tortures, les sévices corporels, etc.

Des communications faites par la police, la gendarmerie, le parquet, l’administration pénitentiaire, il ressort que les contrôles sont d’ordre technique, administratif et humanitaire. Dans les différents cas, ils sont ordonnés, soit par le parquet ou le siège pour que la loi en la matière soit respectée, soit par les responsables des unités de détention afin que les standards soient observés. Les contrôles sont aussi initiés par les ONG dans leur rôle d’alerte. Dans tous les cas, le mécanisme de prévention de la torture parvient à réduire la commission des actes inhumains, à dénicher les auteurs de torture, à rassurer les détenus et leurs familles.

Toutefois, des manquements ont été soulignés par les participants à l’atelier ouvert hier sous la présidence du directeur des droits de l’Homme et de la coopération internationale au ministère de la Justice, Helen Galega. L’insuffisance des moyens et des ressources humaines ne permettent pas d’entreprendre les contrôles dans tous les lieux de de détention du pays. Les zones reculées sont les plus négligées.

Les descentes de la Commission nationale des droits de l’Homme et des libertés sont très souvent annoncées, ce qui empêche d’apprécier toute la réalité telle qu’elle se présente. Les contrôles se focalisent généralement sur l’objet et la durée de la garde-à-vue au détriment de l’alimentation ou la santé. Les officiers de police judiciaire n’accueillent pas toujours favorablement l’intrusion de la société civile dans les unités de détention. Et puis, les cellules de détention ne respectent pas toujours les standards internationaux en la matière.

Les travaux s’achèvent ce vendredi, 18 décembre 2015, par la validation du cinquième rapport du Cameroun au Comité de lutte contre la torture.


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