Cameroun : le gouvernement autorise la vente du carburant dans les bidons

La décision est contenue dans une note signe le 21 mars 2023 par le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba.

Suite aux difficultés des ménages à s’approvisionner les produits pétroliers dans les stations-services, Gaston Eloundou Essomba autorise à titre exceptionnel, l’achat des produits pétroliers (Gasoi, super et pétrole lampant) avec les bidons.

« J’ai l’honneur de vous faite connaitre que j’autorise, à titre exceptionnel, la vente desdits produits aux usagers dans les bidons et autres contenants dans vos stations-services, à des fin s d’usage domestique », a écrit le ministre dans sa note.

Toutefois précise-t-il, « les volumes vendus à un usager ne sauraient excéder cent (100) litres pour chaque produit ».

Face à cette sortie, les réactions ont été très critiques. « C’est très très grave…on nous prépare à quoi là ? Cette décision vient légitimer un risque élevé d’incendies criminels et autres assassinats par les produits pétroliers mais aussi encourager la contrebande des produits pétroliers qui va grandissante sur l’ensemble du territoire national sous les yeux de tous sans la moindre riposte des autorités compétentes », s’est plaint Francis EYALLA.

« Nooon Monsieur le Ministre…votre décision est un danger grave pour le Cameroun. Je rappelle à Monsieur le Ministre de l’Eau et de l’Energie, Monsieur Gaston ELOUNDOU ESSOMBA que ce mode de considération des produits aura fortement participé à brûler les édifices étatiques et autres et résidences pendant les émeutes de 2008 dites « ÉMEUTES DE LA FAIM » et nous ne voulons plus JAMAIS de ça », a-t-il ajouté.

Cameroun : la corruption se mêle à la crise de carburant

Malgré la haute subvention, le pays fait face à une incroyable pénurie de carburant.

Si l’eau est la vie pour les humains, le carburant est la vie pour les automobiles. La ville de Yaoundé se vide de plus en plus. Raison, les véhicules sont aux arrêts à cause du manque de carburant. Le peu qui circule encore s’aligne à longueur de journée dans les stations-services en quête du précieux liquide.

Cette situation de pénurie a laissé libre champ à la corruption, car les pompistes ont créé un business autour de cette pénurie. « Pour être servi il faut connaitre le pompiste, ou tu lui donnes même 1000F pour qu’il te serve le carburant », nous renseigne un mototaximan à Tradex Mimboman. Et un autre de renchérir, « depuis hier c’est comme ça, les pompistes sont en haut. Nous sommes obligés de tchoko (monnayer ndlr) pour avoir le carburant. Les pompistes sont devenus des rois à la place du client comme vous voyez là ».

Comme ces derniers, plusieurs sont aux abois. « Je me suis aligné à six heures, il est sept heures trente je n’ai pas encore le carburant. Tous ceux que vous voyez là sont en attente. Plusieurs collègues sont déjà en panne sèche, c’est pour cette raison que vous voyez les gens avec les bidons. On est là, on attend la citerne », souligne Simon, taximan aligné à la Total Fouda.

Du côté des usagers, l’inquiétude est palpable. « Nous n’allons pas faire comme s’il n’avait pas un problème. Ce n’est peut-être pas officiel mais le prix du transport a augmenté. Je paie souvent 100 F du Terminus pour l’Avenue Germaine, ce matin j’ai payé 150 F et le chauffeur m’a pris parce que j’avais les pièces. Hier encore j’ai payé 200 F du Terminus pour Nkoabang, au lieu de 150 F comme d’habitude », déplore une jeune dame dans le taxi.

Et un autre passager de dire, « le problème c’est qu’il faut attendre longtemps avant de trouver un taxi. Beaucoup ont garé, certaines stations sont carrément aux arrêts« .

Par ailleurs, face à la pénurie et malgré les négociations avec le pompiste, l’on apprend que le carburant est servi au prorata. « Le carburant vient (19 juillet 2022 à 18H) à Tradex Mimboman, vous voyez comme il y a du monde. Aucune voiture ne consomme plus de 5000 F et les motos c’est 1000 F. la situation est grave », indique un mototaximan.

Cette situation arrive alors que, le gouvernement a annoncé le lundi 11 juillet dernier que 62 500 mètres cube de produits pétroliers étaient arrivés au Cameroun, et que 123 000 mètres cube de Super et de Gasoil étaient également en cours d’acheminement vers les côtes camerounaises pour approvisionner le marché camerounais dans les prochains jours.

Dans un récent communiqué, le gouvernement a indiqué que ces subventions occasionnaient des manques à gagner à l’Etat, évaluées à  80 milliards pour le seul mois de juin 2022, et à 317 milliards de FCFA sur l’ensemble du premier trimestre 2022, une dépense que le FMI juge mal placée.