Face au terrorisme, Paul Biya salue l’action de certains pays occidentaux et critique l’UA

Le chef de l’Etat répondait au discours du doyen du corps diplomatique jeudi, lors de la réception des v ux de Nouvel An 2015

Un peu moins de 24 heures après la diffusion sur Internet d’une vidéo attribuée au chef de Boko Haram et menaçant explicitement le Cameroun, le Président de la république a évoqué les actions de la secte, estimant qu’elle est «capable de revenir à la charge» quoiqu’«affaiblie» par les coups de l’armée.

A l’occasion d’un discours prononcé ce 08 janvier au Palais de l’Unité, lors de la cérémonie de présentation des v ux 2015 au Président de la République par le corps diplomatique, Paul Biya a adopté cette fois une posture moins triomphaliste par rapport aux propos tenus le 31 décembre dernier. Le chef de l’Etat indiquait notamment que Boko-Haram devrait «tirer des leçons» face aux pertes enregistrées à l’Extrême-Nord.

Considérant que ce groupe terroriste bénéficie de ramifications à travers le monde, et que la question de la lutte contre le terrorisme devrait être adressée ainsi de manière «globale», Paul Biya a particulièrement indexé l’Union Africaine. «A menace globale, riposte globale. Telle devrait être la réponse de la Communauté internationale, et notamment de l’Union africaine et de nos organisations régionales», a estimé Paul Biya, qui a par la suite donné les noms de certaines puissances internationales qui accompagnent le Cameroun.

L’extrait du discours de Paul Biya
«Je voudrais aujourd’hui insister sur le caractère global de la menace dont nous sommes l’objet. Ceux qui ont tenté d’asservir le Mali, ceux qui s’en prennent périodiquement à notre territoire national, ceux qui probablement ont influencé certaines factions en Centrafrique et ceux qui ont créé le chaos en Somalie, poursuivent les mêmes objectifs: Etablir leur pouvoir sur la bande sahélienne, de l’Atlantique à l’Océan Indien et y installer leur régime obscurantisme et impitoyable.

A menace globale, riposte globale. Telle devrait être la réponse de la Communauté internationale, et notamment de l’Union africaine et de nos organisations régionales. Nous ne devons pas nous bercer d’illusions. Bien qu’affaibli par les pertes qui lui ont été infligées, notre adversaire n’en reste pas moins capable de revenir à la charge. Ses coups de main au Nord du Mali, et ses attaques répétées contre notre territoire sont là pour nous en convaincre.

Il faut que l’on sache que la distance qui peut séparer un pays des zones de combat n’est pas une assurance tout risque. Pour ma part, je persiste à croire que la menace que représente les djihadistes : Boko-Haram et autres Shebab ne pourra être levé que par une mobilisation au niveau international. Beaucoup l’ont compris. Il reste à en tirer les conséquences. C’est le lieu pour moi de me féliciter du soutien multiforme que nous apporte non seulement l’Organisation des Nations-Unies, mais aussi certaines grandes puissances notamment les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et l’Allemagne. Nous les remercions de leur engagement déterminé à nos côtés dans cette lutte.»

La lutte contre Boko-Haram vue par les diplomates accrédités au Cameroun
Paul Biya prenait la parole jeudi à la suite du discours prononcé par le doyen du corps diplomatique au Cameroun, l’ambassadeur algérien Taoufik Malik. Ce dernier a également appelé à une action globale tout en saluant la «responsabilité» du Cameroun.

«L’année 2014 aura été malheureusement celle de l’acharnement aveugle d’un terrorisme abject sur le Cameroun dans sa partie septentrionale. A l’agression et aux assauts de la secte sans foi ni loi Boko Haram, sont venus s’ajouter les enlèvements de paisibles citoyens et innocents ressortissants étrangers. Je voudrais relever ici, au nom de mes pairs du corps diplomatique, que dans ce combat, le Cameroun a agi avec responsabilité et détermination, ne cédant à aucun chantage, et n’offrant aux criminels aucune opportunité de réaliser leur dessein. Nous nous réjouissons de cette mobilisation et de votre engagement sans cesse renouvelé à mener une lutte implacable contre le terrorisme, une lutte dans laquelle le Cameroun ne devrait pas se sentir seul, car le terrorisme lui est global, ne connaissant pas de frontières et exige ainsi une solidarité et une riposte toute aussi globale», a relevé Son Excellence Taoufik Malik.

Paul Biya, Président de la République du Cameroun
DR)/n