A l’issue d’un entretien entre les deux présidents jeudi, le Cameroun et l’Italie ont signé cinq accords de coopération touchant divers domaines
Arrivé au Cameroun le jeudi 17 mars 2016 en mi-journée, pour une visite d’Etat de quatre jours, le président de la République d’Italie, Sergio Mattarella a eu dans l’après-midi d’hier au Palais de l’Unité un entretien au sommet avec son homologue camerounais Paul Biya.
Après plus d’une heure d’échange entre les deux Chefs d’Etat, ils ont été rejoints pour une séance de travail élargie par les membres des deux délégations qui ont procédé par la suite à la signature de cinq accords de coopération.
Dans le détail de ces textes, on retrouve: l’Accord sur l’exemption des visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de services entre le Cameroun et l’Italie; l’Accord-cadre de Coopération Culturelle, scientifique et technique entre le Cameroun et l’Italie; le Document cadre entre la République d’Italie et la République du Cameroun relatif à l’utilisation des ressources issues de l’annulation de la dette du Cameroun par l’Italie; le Protocole d’Accord entre l’université de Padoue d’Italie et l’Ecole Nationale Supérieure des Travaux Publics du Cameroun; le Mémorandum d’Entente entre le ministère de l’Habitat et du Développement Urbain et l’Université de Padoue d’Italie pour la promotion de l’urbanisme durable au Cameroun.
Un dîner d’Etat offert à l’illustre hôte par le couple présidentiel, ponctué par un échange de toast a clôturé cette journée. Le président italien achève son séjour en terre camerounaise dimanche, 20 mars.
Sergio Mattarella et Paul Biya ont eu un entretien jeudi, 17 mars 2016, au Palais de l’UnitéPRC)/n
L’ordre mondial est élaboré et imposé par les puissances financières. Il n’est donc pas surprenant que l’Afrique soit mal à l’aise, maladroite et parfois gauche, face aux obligations qui conditionnent son modèle social. Un véritable défi en ce début de siècle.
Le monde globalisé imposé par les grandes puissances correspond-il aux aspirations de l’Afrique? La question mérite d’être posée et débattue. En effet, tout se décide loin du pouvoir de l’Onu censé représenter la souveraineté des États.
Les accords de coopération
Les Etats africains, membres de l’Onu n’ont aucune influence sur les décisions stratégiques, ni les accords de coopération élaborés par les grands argentiers. L’Afrique signe, malgré elle, les accords qui bien souvent, ruinent ses efforts de développement. Ces contrats engagent l’Afrique et les générations futures pour des décennies.
A travers les organisations conventionnelles, l’Afrique signe des accords de partenariat dans tous les domaines. Il faut rappeler que ces organisations ont des intérêts différents et parfois contradictoires. C’est le cas des accords APE (Accords de Partenariat Économique) entre l’Union Européenne et l’Afrique.
Les accords APE avec l’Afrique ne sont pas standards. Ils sont différends selon les régions: l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique de l’Est, l’Afrique Centrale et l’Afrique du Sud. Cette stratégie a pour but de diviser et d’affaiblir tout le continent. La devise « diviser pour mieux régner » trouve ici sa plénitude.
Pour mieux noyer le poisson, les États européens signent d’autres accords bilatéraux avec les États africains. Des accords de partenariat qui ne tiennent pas comptes des engagements de l’Union Européenne.
Cette nébuleuse de contrats fragilise les États pauvres et faibles et les réduit à la soumission. L’Onu qui est garante de la souveraineté de ses membres a un rôle à jouer dans ce labyrinthe opaque qui étouffe toutes les velléités de développement des pays soumis au dumping des produits manufacturés. Mais, peut-on encore compter sur l’Onu ?
Les accords de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce)
Les accords de libre-échange de l’OMC, sous l’égide des Nations Unies s’appliquent à tous les états signataires de ce protocole. Ces accords sont élaborés et imposés par des libéraux et rendent les frontières poreuses pour les marchandises tout en annulant les droits de douanes qui étaient une source de revenus importants pour les pays pauvres.
D’autres accords de partenariats échappent à la tutelles des États et de l’Onu : ce sont les multinationales qui n’ont ni patrie, ni localisation. Ces différends accords, très souvent illisibles affaiblissent et divisent l’Afrique. Il en est de même avec le traité de libre-échange avec la Chine.
L’Union Africaine, un interlocuteur unique
L’Europe l’a très bien compris. Elle s’est blottie autour de l’Union Européenne pour résister au dumping outre atlantique des États-Unis. Elle se protège ainsi des contrats bilatéraux qui affaiblissent économiquement et politiquement le vieux continent.
A l’instar de l’Europe, l’Afrique doit donner plus de pouvoir à l’Union Africaine pour discuter et pour élaborer des accords de coopération avec l’Europe et tous les partenaires attirés par ses richesses.
Aujourd’hui, l’Europe est forte et incontournable parce qu’elle est unie face aux ogres dont les appétits sont insatiables. L’Afrique peut-elle calquer ce modèle qui la préserverait d’un dépècement programmé ?
L’Union Africaine doit être cet interlocuteur incontournable pour tous les accords de coopération avec l’Afrique. Elle se protègera des contrats foireux que concoctent les fonds de pensions et les organisations indélicates et sans morale.
Une monnaie unique
Le commerce entre Etats africains relève de la gageure. Cette ambiguïté est à rappeler autant que les barrières érigées par la multitude des monnaies. En effet, la monnaie, instrument d’échange, devient sur le continent un véritable frein pour les échanges régionaux ou intercontinentaux.
Si nous nous limitons à la zone franc, cette contradiction n’a pas lieu d’être. Pourtant, c’est le cas. Le franc CFA de l’Afrique de l’Ouest ne s’échange pas en Afrique Centrale. Il a besoin d’être converti.
Si nous y ajoutons les monnaies différentes et multiples des pays anglophones, lusophones ou hispaniques, nous nous perdons dans un labyrinthe sans issue.
L’Union Africaine souveraine a tout à gagner en se penchant sur une politique commune de la monnaie unique pour l’Afrique. Cette démarche va de la survie de l’Afrique. Elle va faciliter les échanges commerciaux en Afrique et à l’extérieur. Ce choix judicieux conduira vers une indépendance économique, politique et financière.
La monnaie reste un handicap majeur dans les échanges. La convertibilité du franc CFA arrimé à l’Euro limite et bloque trop souvent les échanges hors de la zone euro. Il serait donc temps de voir en circulation une monnaie unique et commune à l’Afrique.
Vers de nouveaux pôles de développement
L’artisanat, la PME-PMI et les services sont des atouts trop souvent négligés ou abandonnés au détriment des colosses aux pieds d’argile. L’Afrique a vu au cours des trente dernières années des usines fermer, faute de débouchés de leurs produits à l’extérieur.
L’artisanat, les PME-PMI et les services ne sont pas gourmands en énergie. Ils peuvent facilement se transmettre de père en fils avec un savoir-faire qui améliore incontestablement les produits. Ils génèrent des emplois pérennes.
A l’heure où le débat écologique bat son plein, l’Afrique peut sortir du lot. Elle a les moyens d’une politique qui met en valeur ses richesses endogènes et leur transformation. Il ne lui manque que la volonté politique.
Les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) offrent une large palette de débouchés inespérés à fortes valeurs ajoutées. Il suffit juste d’en faire une priorité par la formation et le matériel.
Forte de sa détermination de se prendre en charge, l’Afrique pourra alors ôter son manteau victimaire et endosser celui de conquérant du 21ème siècle. Elle deviendra actrice et profitera pleinement de la globalisation que rien, à l’heure actuelle, ne saurait arrêter.