Fertilisant : le Norvégien Yara cède ses actifs au Groupe Noutchogouin et quitte le Cameroun

 

Après 25 ans d’activités au Cameroun, Yara a annoncé le 12 juillet 2023 avoir conclu un accord avec le Groupe Noutchogouin.

 

Yara International quitte le Cameroun après 25 ans d’activités. Dans un communiqué, l’entreprise a annoncé avoir conclu un accord avec le Noutchogouin Jean Samuel(NJS) pour lui céder la totalité de ses participations évaluée à 65% dans Yara Cameroun.

« Nous remercions chaleureusement nos collègues de Yara pour la formidable contribution et les efforts considérables qu’ils ont fournis pendant les nombreuses années écoulées depuis la création de notre société au Cameroun. Nous avons toujours été convaincus que le Groupe NJS était le bon partenaire et nous nous réjouissons qu’il reprenne désormais le flambeau », a indiqué Luis Alfredo Pérez, vice-président principal, Yara Africa.

Cette opération n’a pas fait l’objet d’une communication publique et le montant de la transaction n’a pas été pour le moment révélé.

« Le groupe NJS, conforme à sa politique d’excellence, prolongera la stratégie d’accompagnement et de conseil des agriculteurs développée par Yara pour l’amélioration constante des résultats agronomiques des cultures et la vulgarisation de nouvelles techniques, se fondant en cela sur l’accord important conclu ce jour avec YARA ASA», indique NJS.

Cette transaction arrive au moment où, les importations massives des engrais continuent de creuser le déficit de la balance commerciale du Cameroun. Selon le rapport sur le commerce extérieur du Cameroun entre janvier et septembre 2022, publié par l’Institut national de la statistique (INS), les dépenses d’importation des engrais ont progressé de 43,4% en glissement annuel, en raison du conflit entre la Russie et l’Ukraine.

Cameroun : 136 milliards de F pour la politique de l’import-substitution

Cette nouvelle disposition de la loi de finances 2023 veut accorder plus d’importance à la production locale et reduire les importations.

Cette enveloppe a été prévue par le gouvernement camerounais en 2023 pour soutenir la politique dite d’import-substitution.

Import-Substitution consiste à abandonner l’importation de biens pouvant être produits localement. Pour 2023, les pouvoirs publics ont décidé d’attribuer 136 milliards de F à cette politique.

Cette information est contenue dans le rapport de la Commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale, rendant compte de l’étude du projet de Loi de finances du pays pour l’exercice 2023.

Afin d’encourager les importateurs à s’investir dans la production et la consommation du « made in Cameroon », le gouvernement s’est également engagé sur plusieurs leviers tels que les incitations fiscalo-douanières, l’institution ou le relèvement du taux des droits d’accises de certains produits afin de booster la production locale.

Il faut noter que, le déficit de la balance commerciale s’élève déjà à 7,5%. Cette nouvelle disposition de la loi de finances 2023 pourra-t-elle renverser la courbe ?

En 2021, le déficit de la balance commerciale s’est élevé à 1478 milliards de FCFA (2,3 milliards de dollars), soit une aggravation en valeur absolue de 103 milliards de FCFA (165 millions de dollars) et en valeur relative de 7,5% par rapport au précédent exercice.

Cameroun – crise alimentaire : Louis-Marie Kakdeu accuse le GICAM de faire du chantage

Dans une tribune publiée ce 11 novembre 2021, l’économiste s’insurge contre les plaintes du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam). Le GICAM déplore la flambée des prix à l’importation, le renchérissement exponentiel de leurs coûts qui peuvent aboutir à  une crise alimentaire dès janvier 2022. Ci-dessous l’opinion de Louis-Marie Kakdeu. 

 

 

 

 

Je défends la production nationale contre tout projet d’importation massive. Juste pour vous donner une figure, les importations du Cameroun sont passées de 700 à 1400 milliards de FCFA rien qu’en denrée alimentaire entre 2015 et 2020 (5ans!). On observe la même tendance dans le déficit de la balance commerciale qui a dépassé les 1400 milliards en 2020. Cette situation est intenable pour l’économie nationale et c’est dans ce contexte qu’intervient le chantage du Patronat à travers le GICAM. En effet, le patronat menace suite à sa réunion de concertation ce 9 novembre 2021 de cesser ses activités d’importation à partir de janvier 2022 c’est-à-dire dans un mois et demi.

Qu’est-ce que le patronat au Cameroun ?

C’est une association dominée par les commerçants c’est-à-dire des opérateurs économiques qui ne créent pas localement les richesses. Ils trouvent plus intéressants d’importer les produits fabriqués à l’étranger en vue de réaliser quelques fois jusqu’à 300% de marge bénéficiaire. C’est cela qui fait du Cameroun, une économie extravertie dont le total des importations a dépassée 3850 milliards de FCFA en 2019 (Plus de 4/5 du budget national à l’époque).

Le gouvernement ne doit pas céder

En économie, c’est le marché qui est souvent difficile à avoir. Or, au Cameroun, le marché est disponible et c’est l’offre (étrangère) qui fait le chantage. Cette offre ignore que c’est elle qui devait même payer le droit d’accès au marché comme c’est le cas dans les pays normaux. Au lieu de protéger son marché, le Cameroun l’avait indûment ouvert à outrance à travers des accords commerciaux mal négociés comme l’accord APE avec l’UE qui est défavorable à la production nationale. Si les patrons sont tant fâchés, ils n’ont qu’aller vendre un peu leurs produits importés à bas coûts aux USA.

Une opportunité pour le Made in Cameroon

Finalement, les défenseurs de la production nationale pourraient obtenir gratuitement la réduction des importations massives. Ce serait un joli cadeau de fin d’année ! S’il y a moins d’importations, la concurrence déloyale appliquée aux produits locaux prendra naturellement fin et l’on pourrait assister à une véritable éclosion de l’économie camerounaise. C’est une opportunité pour le made in Cameroon. Merci au GICAM!

Et quitte de la famine ou du renchérissement du coût de vie?

L’argument du chantage est de dire que les populations mourront de faim si les importations venaient à s’arrêter. Les associations des consommateurs accuseront donc le GICAM de vouloir affamer les populations. Soit! Mais, rien de grand ne s’est fait sans efforts. Il n’y a pas de réformes structurelles qui soient populaires à travers le monde. Certains Hommes politiques doivent apprendre à être impopulaires pour changer la société. Lorsque Tatcher reformait la Grande Bretagne pour lui permettre de vivre sans les colonies, la rue avait abondamment grogné. Mais, elle a réussi et ce pays arrive à vivre aujourd’hui sans la dépendance à l’extérieur, même pas de l’UE. C’est une question de vision!

A nous de choisir ce que nous voulons. C’est notre droit fondamental. Pour ma part, les populations ne mourront pas de faim. D’une part, les producteurs du monde entier qui ont besoin du marché se bousculeront aux portes du Cameroun. J’en connais déjà en Chine qui attendent l’opportunité. Cela permettra au Cameroun de rompre avec les vieux accords coloniaux et de renégocier les conditions d’accès à son marché.

En ce moment-là, nous aurons à dire! Par exemple, le Nigeria donne des avantages fiscaux aux importateurs proportionnellement au montant des investissements consentis dans une année à la production dans le pays. Ainsi, le pays sait qu’avec ces investissements rendus progressifs au niveau local, l’on tournera dans un avenir proche la page des importations massives. Pourquoi ne pouvons-nous pas faire ça au Cameroun ? Ensuite, je peux vous rassurer que la révolution agraire est possible en trois ans. C’est l’offre politique que portait Bernard Njonga. Nous n’avons qu’à essayer, non?

Par Louis-Marie Kakdeu, économiste

Cameroun : la balance commerciale accuse un déficit de 265 milliards de FCFA

Le déficit de la balance commerciale se situe à 1 438,3 milliards de Francs CFA pour le compte  de l’année 2018, Une augmentation de 22,8% par rapport à 2017.

L’écart entre les importations et les exportations a continué de se creuser au Cameroun en 2018. Le pays a échangé pour 1966,9 milliards de Francs CFA de produits avec l’extérieur  contre des importations de l’ordre de 3 405, 2 milliards de Francs CFA pour la même période. Ce qui a aggravé le déficit la balance commerciale de 265,9 milliards de Francs CFA. Soit 22,8 % en 2018.

Selon l’Institut national de la statistique, les dépenses d’importation ont augmenté de 11,5% par rapport à l’année 2017. De leurs côtés, les échanges extérieurs se chiffrent à 1 966,9%, une hausse de 85 milliards de Francs CFA par rapport à 2017.

« L’évolution des importations est essentiellement imputable aux carburants et lubrifiants dont la facture en 2018 se chiffre à 473,4 milliards de Francs CFA contre 251,9 milliards de Francs CFA en 2017. Ces importations ont été effectuées par la Sonara pour approvisionner le marché local du fait de son arrêt technique observé entre les mois d’avril et novembre 2018 », explique l’INS dans sa note sur le commerce extérieur au Cameroun publiée le 10 avril.

Les principaux produits importés par le Cameroun au cours de l’année dernière sont : les hydrocarbures (21,6%), les produits de l’industrie chimique (12,5%) les produits pharmaceutiques (3,9%), les machines et appareils mécaniques ou électriques (15,1%) les céréales (7,9%), les poissons et crustacés (4,6%).

 

 

 

Cameroun: en trois ans, le Cameroun a importé pour plus de 9600 milliards FCFA [gouvernement]

Les principaux produits importés sont les hydrocarbures, les produits alimentaires et cosmétiques ; et les biens d’équipements.

9634 milliards FCFA, c’est le volume d’importations enregistré entre 2015 et 2017. Le ministre du Commerce l’a révélé lors du Conseil de cabinet du mois de janvier qui s’est tenu ce jeudi 31 autour du Premier ministre Joseph Dion Ngute.

Durant ce triennat, le Cameroun a importé pour plus de 1600 milliards FCFA de carburant, 653 milliards FCFA de voitures et tracteurs, ou encore pour plus de 500 milliards FCFA de riz.

Les autres produits sont par exemple : les poissons et crustacés (448 milliards de FCFA), produits pharmaceutiques (372 milliards de FCFA), appareils téléphoniques (288 milliards de FCFA), friperie (126 milliards de FCFA) ; ou encore parfums et produits de beauté (114 milliards de FCFA).

Un volume d’importation qui a un impact négatif sur « la balance de paiements » a déploré le ministre des Finances (MINFI) dans son exposé. Le MINFI a par ailleurs souligné « une détérioration progressive du déficit de la balance commerciale des biens et des services, en raison de la baisse des importations des principales matières premières et des distorsions économiques liées aux crises sécuritaires successives ».

Quand le déficit de la balance commerciale du Cameroun explose

Les élections présidentielles d’octobre 2018 ont éclipsé les problèmes majeurs du Cameroun qui sont la dette intérieure et l’explosion du déficit de la balance commerciale du pays. Une fois encore, le Cameroun a fait preuve d’un illogisme dont les conséquences seront fâcheuses à long terme pour son économie. Les décideurs ont attaché la charrue avant les bœufs avec la prolifération des supermarchés dont les importations de produits manufacturés ont fait exploser la balance commerciale.

A la lecture du dernier rapport de l’Institut National des Statistiques (INS), le déficit de la balance commerciale du Cameroun se chiffrait au premier semestre 2018 à près de 1000 milliards FCFA. Ce chiffre est vertigineux. Il ne peut laisser indifférent.

Sommes-nous frappés par la fatalité ou la cécité volontaire ? La gestion d’un pays exige une éthique et une rigueur à toutes les épreuves. Or au cours de la dernière campagne présidentielle, aucun candidat n’a évoqué le déficit colossal de cette balance commerciale qui est l’une des causes majeures d’une production industrielle atone. Aucun candidat n’a évoqué la dette du pays qui plombe les investissements et qui s’élève à 6 527 milliards de FCFA.

La dette et l’énorme déficit de la balance commerciale du Cameroun nourrissent un certain nombre de questionnements et d’inquiétude. Comment va-t-on financer le projet actuel du budget estimé à 4850,5 milliards de FCA ? Fera-t-on encore appel aux emprunts qui minent déjà les projets en cours ?

Pouvons-nous continuellement vivre des importations ? Aucune théorie économique ne saurait cautionner nos errements de gestion qui se moquent des lois de l’équilibre des relations commerciales.

Typologie des obstacles qui plombent la balance commerciale

Il ne serait pas exagéré de qualifier d’importations sauvages les produits manufacturés vendus au Cameroun. Nous sommes par conséquent consommateurs de tout. Nos supermarchés regorgent de tous les produits à faire pâlir le consommateur européen. Ces importations proviennent des « partenaires » traditionnels : Union européenne, Chine, USA, etc. Et selon le dernier rapport de l’INS, les produits sur le marché local ont atteint plus de 20,8% en valeur et plus de 27,2% en quantité.

Au cours de la même période, souligne l’INS, les exportations du Cameroun vers les marchés étrangers ont chuté de 16,8% en valeur et de 24,7% en quantité. Sans avoir à détailler la nature exacte des produits d’exportation qui n’ont aucune valeur ajoutée, l’émotion nous conduits à nous interroger sur nos politiques de production et de création de richesse. Le constat est fatal. Nos étals sont bondés de marchandises que nous pouvons produire localement. Ce n’est donc pas une surprise que notre déficit commercial se creuse de manière exponentielle sans aucune vigilance des autorités.

La prolifération des supermarchés mal maîtrisée est à l’origine de l’explosion de la balance commerciale du Cameroun. Ces marchés modernes qui font la fierté des « illuminés » importent plus de 98% des marchandises exposées. Les produits locaux sont pénalisés et ne peuvent concurrencer les produits à bas prix « made in Chine » ou ailleurs. C’est la mort programmée des petites industries locales et traditionnelles.

Le marché camerounais ne peut résister longtemps aux importations de produits manufacturés qui tuent les productions locales industrielles et agricoles. Les conséquences sont fâcheuses. Le chômage touche de milliers de jeunes diplômés dont les qualifications ne correspondent pas au marché du travail. La criminalité en ville est en forte croissance. La désertification des campagnes pénalise la production les cultures vivrières. La délinquance, l’absence de perspectives d’avenir créent un climat d’insécurité propice à une explosion sociale. Les créateurs de richesse sont confrontés à un système bancaire traditionnellement verrouillé.

Le Cameroun ne peut longtemps occulter la réalité économique et sociologique qui condamne le pays à une mort programmée. Le fossé qui sépare les riches et les pauvres ne fait que s’élargir.

Est-il encore possible de sauver les meubles ? Tout dépendra de la détermination du nouveau gouvernement.