Cameroun : le peuple Banen de retour sur ses terres

Il s’agit d’un processus de réinstallation due au déplacement de la population d’une cinquantaine de villages lors de la période dite du maquis.

Cahier d’un retour au pays natal. C’est l’histoire d’un peuple, celui des Banens. Il a quitté ses terres à la fin des années 1950. Les historiens considèrent cette période comme celle du maquis.
Quittant donc leur territoire vers un autre où ils trouveraient abri, calme et sécurisé. Le destin d’une population estimée alors à 10.000 personnes bouscula.
Mais aujourd’hui, l’espoir renaît. Fini le maquis. On peut rentrer chez soi. Et cela s’est vu samedi le 13 mai dernier à Ndogbiakat.
 
« Après avoir été déguerpis pendant la guerre du maquis, ces populations ont eu accès à des portions de terre limitées. Nous nous battons aujourd’hui pour que les populations repartent chez elles » renseigne le président exécutif du comité de développement Forêt d’Ebo, Samuel Dieudonné Moth.
Ils étaient nombreux, venant de différents horizons, Njombe-Penja, PK30, Bonepoupa originaires de Moufon Indikeboum, Bikong et Malibot entre autres a amorcé le processus de réinstallation.
Et c’est en partie due aux actions du Comité de développement de la forêt Ebo. Ce dernier a réussi à faire intervenir un exploitant forestier qui pris en charge le traçage d’environs 40km dont 30km ont déjà été réalisé.
 
« Cette route représente le développement. Elle va permettre le retour au bercail des populations déguerpies, il y a une soixantaine d’années. Mais, elle ne doit pas être une porte ouverte au sciage sauvage ou braconnage, » explique le préfet du Nkam, Che Patrick Ngwashi.
Une manifestation qui a connu la présence du préfet du Nkam, Che Patrick Ngwashi, son homologue de la Sanaga Maritime, Cyrille Yvan Abondo.

Le député Mandio s’oppose au « mauvais projet » d’incorporation des terres Banen au patrimoine foncier de l’Etat

Dans une correspondance au ministre des Forêts et de la Faune, le député Rdpc  du Mbam et Inoubou,  relève les accords historiques, la valeur ancestrale et les enjeux économiques de ces terres de la région du Centre du Cameroun.

Monsieur le Ministre,

A la suite de la controverse suscitée par le projet gouvernemental d’incorporation au domaine privé de l’Etat des forêts BANEN des Arrondissements de NDIKINIMEKI (Mbam et Inoubou)  et YINGUI (Nkam), j’ai mené le Week-end dernier de larges consultations à l’effet de recueillir les désidérata de nos populations sur cette importante question foncière qui passionne, divise et enflamme nos contrées respectives.

De mes investigations et échanges, il apparait clairement, qu’au cours des années 60, plus  précisément entre 1961 et 1963 dans l’optique de pacifier cette partie de territoire, il est intervenu deux arrêtés préfectoraux intimant l’ordre aux populations BANEN des Arrondissements de NDIKINIMEKI (Mbam et Inoubou) et YINGUI (Nkam) de quitter leurs villages respectifs au risque d’être assimilées à des combattants de l’UPC.

Promesse ferme leur avait été faite par l’Administration de les ramener dans leurs sites respectifs une fois la situation normalisée.

Qu’il est aujourd’hui établi que la forêt d’EBO riche  en bois et en minerais divers fait l’objet de grosses convoitises tant par l’Etat qui nourrit un « mauvais projet » de l’incorporer dans son domaine privé  que par des individus qui veulent la vendre « aux enchères » ; en dépit des sirènes de protestations de ses filles et fils.

Pourtant des données factuelles vérifiables attestent  de l’existence des droits ancestraux des communautés plaignantes sur les terres convoitées : la présence de cimetières, de  lieux sacrés, de cacaoyères, de plantations de palmier à huile, de cocotiers etc. ainsi que la présence de cases dans les différents villages.

Il y a même lieu de souligner que les communautés concernées ont un projet économique d’envergure bien ficelé qu’elles entendent réaliser dans cette zone querellée.

Je tiens  également à vous rappeler Monsieur le Ministre, qu’il existe une différence entre les « consultations » menées par l’autorité administrative et les exigences de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones (DNUDPA) adoptée le 13 Septembre 2007.

Monsieur le Ministre,

Le peuple BANEN, longtemps présenté comme un peuple docile, respectueux des institutions de la République et systématiquement aligné derrière la politique du « Renouveau » et son chef, s’oppose farouchement à la dépossession de ses terres.

Privé depuis 1960 d’une route bitumée reliant NDIKINIMEKI à NDOM et NDIKINIMEKI-YINGUI-BONEPOUPA, meurtri par ces oublis et entorses inimaginables, le peuple BANEN refuse catégoriquement d’être amputé des pans entiers de son patrimoine foncier ancestral.

Monsieur le Ministre Jules Doret NDONGO, ne touchez pas aux terres BANEN ! Et ce sera Justice.

Honorable MANDIO William Peter

Ancien Maire de NITOUKOU

Député RDPC du MBAM et INOUBOU

 

Cameroun: pourquoi le collectif des Banen s’oppose à l’exploitation de la forêt d’Ebo et ce que pensent les pouvoirs publics

La forêt d’Ebo, située à cheval entre les régions du Centre et du Littoral, représente pour le collectif “Les Banen disent non!” des terres ancestrales sur lesquelles des populations furent déguerpies temporairement durant les années du maquis

 

Le collectif “Les Banen disent non!” a organisé, le 07 mai au palais Dika Akwa de Douala, une séance de sensibilisation sur son opposition au projet des pouvoirs publics de transformer une partie de la forêt d’Ebo en domaine privé de l’Etat, afin d’en faire une concession d’une trentaine d’unités forestières d’aménagement (UFA).

Le ministre des Forêts et de la Faune (Minfof) a en effet signé, le 04 février 2020, un avis public pour le classement dans le domaine privé de l’Etat comme forêt de production d’une zone de forêt [d’Ebo] de 64 835 hectares. La zone totale couvre une superficie de 76 450 hectares.

La forêt d’Ebo est située à cheval entre les régions du Littoral et du Centre. Elle partage des limites avec les départements du Nkam, de la Sanaga Maritime, du Mbam-et-Inoubou; et les arrondissements de Yingui, Ngambé et Ndikinimeki.

“Nous ne pouvons pas accepter, à part si on nous les arrache [les terres, NDLR] d’une manière ou d’une autre. Nous aimerions rentrer chez nous”, a indiqué Luc Mbende, un “patriarche” membre du Collectif “Les Banen disent non!”, le 07 mai à Douala.

Les personnes présentes à l’échange ont collectivement exprimé la “volonté collective” des Banen de rentrer chez eux, sur des terres qu’ils ont quittés en 1963 à la demande de l’Etat, afin de “ne plus être des apatrides au Cameroun”

“A la fin des années 1950 et jusqu’après 1960, les troubles d’ordre public qui ont accompagné l’indépendance du Cameroun ont amené l’Etat à déguerpir les populations autochtones de leur territoire naturel pour les besoins de pacification rapide du territoire. Ce fût le cas des populations Banen de la zone d’Inoubou Sud et de Yingui. L’Etat avait alors rassuré lesdites populations qu’il faciliterait leur réinsertion dès que la paix serait revenue par la construction des routes […] La paix est vite revenue, mais l’Etat accuse beaucoup de retard pour faciliter le retour massif desdites populations ; les Banen constituent de façon historique des déplacés internes depuis plus de 60 années déjà”, détaille une pétition partagée à JournalduCameroun.com. 

Le point de vue du gouvernement

L’événement organisé à Douala le 07 mai s’inscrit dans une série d’actions que le collectif entend mener pour ne pas faire aboutir ce projet de l’Etat.

Le 28 avril dernier déjà, des représentants du collectif et des experts (dont le Pr James Mouangue Kobila sur les droits des peuples autochtones) se sont rendus auprès du Minfof, Jules Doret Ndongo, pour saisir les tenants et les aboutissements du projet de concessions forestières et défendre les intérêts des populations Banen.

D’après le compte rendu de la séance de travail, fait par un des experts, le ministre a indiqué qu’il avait déjà reçu deux délégations de députés avant celle du collectif et que l’une des délégations avait même accepté le projet. 

Il a par ailleurs indiqué que la durée de l’UFA est de 30 ans et qu’il ne s’agit donc pas de “dépossession” puisque les villages resteront en place; l’UFA, du point de vue du ministre, permettant la gestion durable des forêts qui appartiennent à l’Etat en tant que ressource naturelle stratégique.

L’attribution des UFA ne relève pas de la compétence du ministre chargé des Forêts, leur a-t-il aussi expliqué, mais du Premier ministre après visa de la présidence de la République.

Il a alors suggéré au collectif de définir une position commune avec les autres acteurs et de revenir dans un délai d’un mois – échéance fixé au 29 mai 2020 – pour des discussions avec un interlocuteur “unique” et “représentatif”. Selon Jules Doret Ndongo, la position devrait être celle du “oui, mais…” et pas celle du “non”.

Le collectif “Les Banen disent non!” se présente comme un “regroupement des fils et filles des déportés des terres de la forêt d’Ebo”. Pour son opposition au projet des pouvoirs publics, il estime détenir des “droits ancestraux” sur ces terres et met en avant des arguments juridiques, basés sur plusieurs textes dont la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones adoptée le 13 septembre 2007; et d’autres arguments sur “le bilan peu élogieux de la gestion calamiteuse des 100 unités forestières d’aménagement en abrégé UFA existantes au Cameroun”.

La forêt abriterait encore des repères culturels de ses anciens habitants, notamment des cimetières et lieux sacrés, villages, cases, cacaoyers, caféiers, plantations de palmier à huile, cocotiers, pruniers et d’autres cultures vivrières “régulièrement entretenues”.

Le collectif espère que le projet d’UFA dans la forêt d’Ebo ne verra pas le jour, comme le projet de parc du Fonds mondial pour la nature (WWF), qui n’a jamais été mis en oeuvre du fait de nombreuses oppositions. Il souligne qu’un avis au public, émis le 03 mai 2006, déclarait d’utilité publique une partie de la forêt d’Ebo à cette fin.

D’après Greenpeace Afrique, la forêt d’Ebo est une zone de biodiversité qui abrite des chimpanzés, des éléphants de forêt, des perroquets gris et d’autres espèces inscrites sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en danger et en voie d’extinction, ainsi que 12 essences d’arbres inconnues à la science. Cette forêt contiendrait par ailleurs environ 35 millions de tonnes de carbone.

Dans l’avis au public signé le 04 février 2020, pour le projet d’UFA, Jules Doret Ndongo a indiqué que des “dispositions particulières seront prises dans la protection des sites particuliers reconnus comme habitats de la faune sauvage lors du plan d’aménagement de cette UFA”.

Cameroun: «Yolop» ou le besoin d’affirmation du peuple Banen

La première édition de ces journées culturelles Banen sont prévues les 08 et 09 octobre 2010 à Douala…

Lorsqu’on parle des Banen, l’on se souvient tout de suite de l’incroyable histoire du plus grand résident de cette localité, située à mi-chemin entre la région du centre et celle du littorale, dont les exploits avaient contraint l’administration coloniale à ériger un monument où l’on pouvait voir inscrit sur le flanc Maniben Yi Tombi, qui signifie Le lion noir Banen. Cette fascinante épopée de l’homme lion qui fut selon les organisateurs à l’origine des armoiries du Cameroun et du patronyme [Lions Indomptables], le public pourra donc vivre cette épopée sous forme de représentation théâtrale lors de la première édition de ces journées culturelles Banen, prévues les 08 et 09 octobre 2010 à Douala.

Odette Ongbokanimb dite « la reine des perles », la promotrice du Yolop
Journalducameroun.com)/n

Une entité culturelle à part entière
Dénommées Yolop c’est-à-dire rassemblement, ces journées se veulent d’après la promotrice madame Ongbokanimb Odette dite La reine des perles, une tribune où toutes les sensibilités Banen et d’ailleurs se retrouvent pour partager. C’est en même temps précise t-elle, un appel retentissant qui rappelle aux sources les africains des quatre coins du globe, pour rehausser l’éclat du continent. La conférence de presse de ce lundi était également l’occasion de dévoiler le programme de ces journées, ainsi l’on aura entre autres des expositions d’ uvres d’art, des ateliers d’apprentissage de la langue Banen, des défilés de mode, des danses traditionnelles et des prestations artistiques. Une conférence-débat est également prévue pour le samedi 09 octobre sur le thème Banen: Origine et migration. L’occasion pour les différents intervenants de revenir sur l’histoire de ce peuple, de ses origines de nos jours en passant par les multiples mutations qu’il a subit. Les Banen, rappellent les organisateurs, sont une entité culturelle qui a besoin de s’épanouir, de s’affirmer et qui à travers le Yolop veut montrer qu’elle existe bien.

Par ailleurs, le choix de Douala pour abriter la première édition de cet évènement résulte du fait que la ville regroupe un nombre impressionnant de ressortissants Banen pour la plupart déracinés, et il importe alors de les mobiliser afin de préparer une éventuelle descente dans leur localité pour les éditions à venir. Il faut noter que toutes les activités se dérouleront au stade Soppo Priso de Bonapriso à Douala, à l’exception de la représentation théâtrale qui pour des contraintes techniques et logistiques se déportera au Centre Culturel Français de Douala, le 19 octobre prochain.

Une réalisation d’Odette Ongbokanimb, la reine des perles
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