Au Barreau du Cameroun, seuls deux avocats, sur 2000 membres, défendent les homosexuels

Pour Me Michel Togué, l’un de ces avocats, partir du Cameroun serait laisser ces gens sans défense

Dans de nombreux pays du monde, être homosexuel c’est risquer la prison ou la peine de mort. En parler peut aussi causer un tas de problèmes.

«L’Afrique a développé ces derniers temps une homophobie qui trouve des enracinements parfois dans la religion, parfois dans les prétendues cultures et traditions», explique l’avocat camerounais Michel Togué, président d’honneur du festival Massimadi, rencontré à l’occasion de son passage à Montréal.

Au Barreau du Cameroun, qui compte 2000 membres, seuls deux avocats acceptent de défendre les personnes arrêtées en raison de leur orientation sexuelle. Me Togué a déjà vu leur culpabilité s’établir sur la base d’un simple texto, d’un habillement ou de la consommation du Baileys, vu comme une «boisson de femmes».

Me Togué a reçu des menaces. Il a vu plusieurs fois son cabinet cambriolé. Il a dû mettre son épouse et ses quatre enfants à l’abri aux États-Unis. Reçu en 2013 par l’ex-secrétaire d’État Hillary Clinton, qui a souligné son travail, il aurait pu se faire offrir un asile doré lui aussi, mais il a décidé de rester au Cameroun. «Je continue parce que c’est une sorte de devoir, dit-il. J’ai compris que sans moi, ces gens n’auraient pas de défense du tout.»

Le festival Massimadi présente à Montréal, du 17 au 28 février 2015, des films, courts-métrages ou documentaires afro-caribéens sur les réalités des LGBT. Des réalités marquées par le sceau de la discrimination. Le mot Massimadi provient d’ailleurs du mélange de deux insultes homophobes en créole: «massissi» et «madivine».

Me Michel Togué
thinkprogress.org)/n