Crise burundaise: pas de reprise des discussions à Arusha ce mercredi

Bujumbura a réitéré mardi son refus de participer à cette réunion

La reprise des discussions entre le pouvoir et l’opposition burundaise n’aura pas lieu ce mercredi 6 janvier à Arusha. C’est pourtant la date qu’avait fixée la médiation ougandaise à Entebbe le 28 décembre dernier. Sans surprise, Bujumbura a réitéré mardi son refus de participer à cette réunion. Ce que déplore le Cnared, plateforme qui réunit les principaux partis d’opposition en exil. Déjà reporté en juillet en raison d’une élection présidentielle contestée, timidement relancé fin décembre en Ouganda, le dialogue semble au point mort.

Aucune nouvelle date n’est fixée. Mais les pourparlers visant à dénouer la crise que traverse le Burundi ne reprendront pas comme prévu ce mercredi à Arusha, lieu symbolique car c’est dans cette ville du nord de la Tanzanie qu’a été signé l’accord mettant fin à une décennie de guerre civile. « Il n’y aura pas de dialogue demain ! Le gouvernement du Burundi a écrit le 30 décembre à la facilitation ougandaise pour lui demander un report de ce dialogue à la date du 15 janvier, on attend sa réponse », a expliqué un haut cadre de la présidence burundaise.

Problème de date ?
Le Premier ministre ougandais, Ruhakana Rugunda, a réagi avec prudence, assurant qu’il fallait suffisamment de préparation pour que les discussions aient lieu. « Tout d’abord, il faut dire que le président la semaine dernière a ouvert les discussions de paix pour le Burundi dans le cadre du mandat qui lui a été donné par ses collègues, les présidents de l’Afrique de l’Est. Nous sommes heureux que les principales parties aient été présentes, dont nos amis européens et américains. Nous sommes tombés d’accord sur le principe qu’il y aurait une reprise des discussions à Arusha le 6, mais cela est dépendant du travail de préparation, d’un travail suffisant. Donc si le travail préparatoire n’est pas suffisamment réalisé, il ne devrait pas être automatique qu’il y ait à nouveau une réunion le 6 à Arusha. C’est beaucoup plus important de s’assurer qu’il y ait eu suffisamment de travail de fond pour préparer une reprise réussie des discussions sur le Burundi », a-t-il affirmé.

Immédiatement après la rencontre d’Entebbe le 28 décembre dernier, Bujumbura avait annoncé son refus de participer à l’étape suivante proposée pour le 6 janvier à Arusha. Cette date ne fait pas consensus, a répété mardi la présidence.

Jérémie Minani travaille à la communication du Conseil national pour le respect de l’accord d’Arusha et la restauration d’un Etat de droit (Cnared), la plateforme qui réunit les principaux partis d’opposition. Il se dit profondément déçu et dénonce une man uvre pour gagner du temps. « C’est tout simplement une façon de tromper l’opinion nationale et internationale, avance-t-il. Le gouvernement de Bujumbura ne veut tout simplement pas de négociations. Le problème du consensus sur la date est tout simplement un prétexte. »

Positions inconciliables
S’agit-il d’un simple report ? En tout cas, Bujumbura refuse tout dialogue incluant le Cnared. Il accuse ses membres d’avoir participé à la tentative de putsch en mai dernier.

Côté opposants, la ligne rouge, c’est le troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. « Nous acceptons les négociations sans condition. Toutes les questions seront discutées, mais ce que le Cnared n’acceptera jamais, c’est un accord qui permettrait à Pierre Nkurunziza de continuer à gouverner le pays au-delà de ses deux mandats présidentiels », rappelle-t-il.

Les positions restent inconciliables et la balle est dans le camp des médiateurs pour proposer une nouvelle échéance. Depuis décembre, ni l’Union africaine qui souhaitait envoyer une mission de maintien de la paix, ni l’Ouganda n’ont fait entendre leur voix.

Arusha est un lieu symbolique puisque c’est dans cette ville de Tanzanie qu’a été signé l’accord de paix mettant fin à dix ans de guerre civile.
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Burundi: deux camps militaires attaqués dans la capitale

La nuit a été violente à Bujumbura au Burundi et, ce vendredi matin, le calme semble loin d’être revenu.

La nuit a été violente à Bujumbura au Burundi et, ce vendredi matin, le calme semble loin d’être revenu. Deux camps militaires du nord et du sud de la capitale ont été attaqués simultanément à l’aube et les assaillants repoussés après plusieurs heures d’intenses affrontements.

Tout a commencé ce vendredi matin, à l’aube, vers 4 heures (heure locale). Des insurgés armés ont attaqué deux camps militaires. Le premier est situé au nord de la capitale, le camp Ngagara, où les assaillants ne sont pas parvenus à pénétrer et selon des sources militaires, ils ont subi beaucoup de pertes. Dans le sud de Bujumbura, dans le quartier de Musaga qui abrite plusieurs campas militaires, les affrontements ont été très violents. Certains soldats ont rejoint les insurgés et se sont servis en armes dans un camp de base avant de s’introduire dans l’Iscam, l’institut supérieur qui forme les officiers burundais.

A ce moment, les insurgés ont été attaqués par des militaires venus d’une autre caserne toute proche. Il y a eu de violents affrontements qui ont duré plusieurs heures avant que les assaillants ne décrochent. Les sources militaires évoquent plusieurs dizaines de blessés et évoquent aussi des morts. Un bilan difficile à obtenir puisque, selon une autre source, la Croix-Rouge n’est pas encore autorisée à se rendre sur place.

Les habitants de Bujumbura se disent terrorisés. Ils parlent d’explosions, de tirs à la mitrailleuse et d’un déluge de feu comme ils n’en avaient pas entendu depuis la guerre civile pour certains. Après des heures d’affrontements, il semble que le temps soit à l’accalmie pour l’instant même si des tirs sporadiques sont encore entendus dans les quartiers contestataires de Bujumbura.

Situation tendue depuis plusieurs mois
Les ambassades des Etats-Unis, de Belgique, de France et des Pays-Bas ainsi que l’ONU ont appelé vendredi leurs ressortissants et employés à ne pas quitter leur domicile. Le Burundi est en proie à des violences qui ont déjà fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés depuis que Pierre Nkurunziza a décidé en avril de briguer un troisième mandat, qu’il a remporté cet été, ignorant les protestations de l’opposition qui jugeait cette initiative contraire à la Constitution.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a jugé de son côté, il y a dix jours que le Burundi était au bord d’une guerre aux « effets potentiellement désastreux sur une région déjà fragile ».

Des officiers de la police patrouillent dans le quartier de Ngagara, à Bujumbura, le 27 avril 2015.
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Burundi: le gouvernement répond à l’Union africaine

Après l’annonce faite par le Conseil paix et sécurité de l’Union africaine, samedi, de l’ouverture d’une enquête approfondie sur les violations des droits de l’homme dans le pays, Bujumbura réagit

Après l’annonce faite par le Conseil paix et sécurité de l’Union africaine, samedi 17 octobre, de l’ouverture d’une enquête approfondie sur les violations des droits de l’homme et des exactions contre les populations civiles au Burundi, Bujumbura réagit par la voix du ministre des Relations extérieures, Alain Aimé Nyamitwe.

«Il y a des efforts qui ont été menés au sein du pays. Il y a des efforts qui sont en cours au niveau de la région. Je peux vous affirmer que les consultations avec la région n’ont jamais été interrompues. Donc le travail se fait. Maintenant, qu’ils viennent avec un marteau pour imposer une série de mesures sur le Burundi, nous, nous sommes en droit de nous poser la question: est-ce que cette décision émane véritablement du Conseil de paix et sécurité, ou d’ailleurs?», interroge le ministre des Relations extérieures burundais, Alain Aimé Nyamitwe. «Au vu des réactions de satisfaction qui sont venues de certains partenaires, on est en droit absolument de se poser la question de savoir si cette décision n’a pas été dictée ou inspirée tout au moins d’ailleurs», ajoute-t-il.

L’Union africaine (UA) a annoncé samedi 17 octobre le lancement d’une enquête sur les violations des droits de l’homme au Burundi. Elle a appelé à la mise en place de sanctions ciblées contre ceux qui contribuent à la montée continue de la violence. Une mission africaine doit également être prête à se déployer au Burundi pour éviter des violences généralisées.

L’Union africaine demande par ailleurs la convocation rapide d’un dialogue, à Kampala ou à Addis-Abeba, impliquant tous les acteurs burundais, y compris ceux qui se trouvent à l’extérieur du pays. L’Union européenne partage l’analyse de l’UA et soutien l’annonce du lancement d’un dialogue ouvert à l’extérieur du pays.

Cette dernière requête sera satisfaite, mais le choix de la ville doit être négocié, répond Alain Aimé Nyamitwe. «Je crois que le plus important pour la région, pour l’Union africaine et pour les Nations unies en général, c’est qu’il puisse effectivement y avoir un dialogue ouvert, un dialogue inclusif. Et c’est le but que nous recherchons, affirme le ministre des Relations extérieures. Je peux vous dire que la volonté y est et que nous sommes prêts à rencontrer tous les Burundais, qu’ils soient au Burundi ou à l’étranger, pourvu que le but recherché soit la paix. Nous sommes absolument désolés qu’on impose une ville. Ça ne se fait pas. Parce qu’ici, même la ville est objet de discussions, de négociations.»

Un policier patrouille dans les rues de la capitale Bujumbura, fin juillet 2015.
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