Avion présidentiel: les caprices des chefs d’Etat africains

Dans son édition du mois d’avril, La Lettre du Continent évoque quelques pays: de l’Afrique du Sud au Cameroun en passant par la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Mali ou le Tchad


Plusieurs Gulfstream, un Airbus, un Boeing, un hélicoptère. Le président ivoirien Alassane Ouattara dispose d’une flotte présidentielle qui ne compte pas moins de 10 appareils ! De quoi faire pâlir Barack Obama et ses deux « Air Force One »… Dans son éditon du mois d’avril, la publication La Lettre du Continent, spécialisée sur l’Afrique, a répertorié les flottes aériennes de plusieurs chefs d’État africains. Une liste qui en dit long sur les rapports qu’entretiennent ces dirigeants avec leurs avions présidentiels.

« L’avion (…), symbole de souveraineté, de puissance », écrit la publication. « Mais les présidents ne sont pas tous logés à la même enseigne ». Si, à l’instar de son homologue ivoirien, le Tchadien Idriss Déby est l’un des rares chefs d’État africains à pouvoir jouir de quatre avions (un Boeing Business Jet, un Gulfstream II, un Beechcraft 1900 et un Fokker) d’autres ne disposent pas de tels attributs aériens.

Dans le cadre d’une série de mesures visant à réduire les dépenses publiques, le Sénégalais Macky Sall a ainsi vendu, lors de son arrivée au pouvoir en 2012, l’ancien avion de la présidence, « La Pointe de Sangomar », sur lequel volait déjà Léopold Sédar Senghor. Il n’utilise aujourd’hui que l’Airbus A 319, que son prédécesseur Abdoulaye Wade avait acheté à la France en 2010.

France 24 revient sur cinq cas de chefs d’État dont l’expérience avec leur avion présidentiel a été plus ou moins houleuse.. L’achat compulsif de Zuma, Issoufou, IBK, Paul Biya.

. Zuma et son jet privé
En novembre 2015, le président sud-africain, Jacob Zuma, décide d’acquérir un nouvel avion présidentiel. L’appareil, qui doit pouvoir transporter au moins 30 passagers et effectuer 13 800 km sans ravitaillement, coûte 250 millions d’euros. Il doit également comporter une salle de conférence pouvant accueillir 8 personnes, ainsi qu’une chambre à coucher et une salle de bain. Selon la presse sud-africaine, seul le président américain, Barack Obama, possède à l’heure actuelle un avion aussi luxueux.

L’opposition demande des précisions sur cet achat dispendieux – qu’il juge inutile puisque Jacob Zuma a déjà un avion présidentiel à sa disposition. Face au tollé, la présidence sud-africaine a fini par publier un communiqué : elle a demandé au ministère de la Défense de rendre publiques toutes les informations liées à cet achat. Elle a également précisé que le nouvel avion serait la propriété de l’État sud-africain, et non pas du président Jacob Zuma.

. Issoufou et sa « dépense de prestige »
Le 1er septembre 2014, le gouvernement nigérien a annoncé que le pays, l’un des États les plus pauvres au monde, se dotait d’un nouvel avion présidentiel. Valeur: 30 millions d’euros. L’ancien appareil, acheté dans les années 1970, ne répondrait plus aux normes internationales. Le nouveau Boeing 737, lui, « participera au rayonnement de notre illustre République » avait argué à l’époque le ministre de la Défense, Karidjo Mahamadou.

Un argument auquel l’opposition n’a pas été sensible. [i « Alors que la famine menace de nouveau le pays et avec les graves inondations cette année encore, l’État se permet d’investir des milliards [de francs CFA] dans des dépenses de prestige »], avait critiqué Ousseïni Salatou, le porte-parole de la Coalition de l’opposition nigérienne.

Quelques jours plus tard, des députés de l’opposition ont porté plainte contre X pour vol et détournement d’argent. D’après leurs investigations, le nouvel avion valait à sa sortie d’usine, en 1998, 24 millions d’euros.

. Les turbulences de l’avion présidentiel d’IBK
En mai 2014, le Mali a acheté un luxueux jet à 28 millions d’euros pour les déplacements de son président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Pour justifier l’achat d’un nouvel appareil, le gouvernement malien a expliqué que son ancienne flotte n’était plus au point techniquement.

Côté médias et opposition, c’est le scepticisme qui domine. Le journal L’Indépendant, par exemple, avance que le précédent Boeing acheté par l’ancien président Amadou Toumani Touré avait des papiers en règle et n’avait aucun problème technique. L’avion avait même été révisé à Miami en 2012.

Mi-mai, le FMI avait également exprimé sa « préoccupation » concernant cette acquisition onéreuse alors que le pays, plongé dans une guerre contre le terrorisme, est sous perfusion de la communauté internationale. « Avec les milliards de francs CFA dépensés pour payer l’avion, ne pouvait-on pas acheter en partie du matériel pour l’armée malienne? », avait ainsi interrogé un député malien, Mamadou Gassama, cité par RFI.

. « Le cercueil volant » de Paul Biya
L’histoire commence en 2001 lorsque le gouvernement camerounais décide d’acquérir un nouvel avion pour les déplacements du président Paul Biya. Ce dernier juge que le « Pelican », l’avion présidentiel acquis dans les années 1970 sous l’ère d’Amadou Ahidjo, ne répond plus aux normes de sécurité et d’esthétique de son époque. Biya souhaite une flotte moderne et luxueuse.

Après de longues tractations, le Cameroun arrête son choix sur un Boeing 767. L’avion baptisé « Albatros » est livré en avril 2004. Le jour du vol inaugural, Paul Biya embarque à bord avec sa femme et ses enfants, direction l’Europe. Mais dès le début du trajet, l’appareil est victime de graves problèmes techniques, il se pose en urgence à l’aéroport de Douala. Qualifié de « cercueil volant » – bien qu’il vole toujours sous un autre pavillon, selon Jeune Afrique -, l’avion ne sera plus jamais utilisé par Paul Biya.

Après l’incident, le gouvernement découvre que « l’Albatros » n’est pas l’avion commandé par Biya, mais un appareil d’occasion. Boeing a refusé de livrer le véritable appareil, expliquant qu’il n’a pas reçu la totalité de l’avance débloquée par le Cameroun. Où est passé l’argent ? Les médias crient au scandale de détournements de fonds. L’affaire force le gouvernement à se pencher sur l’état de ses comptes publics. Sous pression, le Cameroun lance alors l’opération Épervier (destinée à assainir les comptes de l’État) qui révèlera au grand public l’étendue de la corruption dans le pays.

Quoi qu’il en soit, depuis ce jour, Paul Biya n’a plus « oser acheter d’avions », précise La lettre du Continent, le président camerounais préférant désormais affréter « des appareils de standings » pour effectuer ses déplacements.

. La relation paranoïaque entre Talon et son avion
Selon La Lettre du Continent, le nouveau président du Bénin, Patrice Talon, n’est pas très enthousiaste à l’idée d’utiliser le nouvel avion présidentiel du pays, un Boeing 737, commandé par son prédécesseur Boni Yayi.

D’après le mensuel, Patrice Talon envisagerait de lancer une enquête sur les conditions de son acquisition. Il aurait également demandé une expertise technique de l’appareil, pourtant flambant neuf puisqu’il a été livré 24 heures avant sa prise de pouvoir.


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Afrique centrale: le Sommet des chefs d’Etats reporté sine die

Initialement prévu vendredi à Libreville, la rencontre a été reportée à une date ultérieure, a annoncé la présidence de la République gabonaise

Le Sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC), prévu pour ce vendredi, 28 août 2015, à Libreville, a été reporté à une date ultérieure, a annoncé la présidence de la République gabonaise.

Les raisons de ce report n’ont pas été communiquées et pourtant la capitale gabonaise, Libreville, est déjà pavoisée aux différentes couleurs des drapeaux des dix Etats membres.

Des experts des pays membres de la CEEAC ont tenu durant plusieurs jours des réunions pour préparer ce sommet. Ils ont notamment préparé une recommandation à soumettre au prochain sommet mondial sur l’environnement prévu à Paris en France fin de cette année.

Les travaux des chefs d’Etat devraient se focaliser sur les enjeux et les objectifs de la COP21, c’est-à-dire le sommet sur les changements climatiques de Paris.


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Lac Tchad: 700 militaires camerounais pour la force multinationale

Annonce faite par le ministre de la Défense envers ses pairs de la région, lors de la tenue de la réunion sur la sécurité dans cette zone, qui vient de s’achever à Yaoundé

La deuxième réunion des ministres de la Défense nationale et des chefs d’Etat-major sur la sécurité dans le bassin du Lac Tchad des pays membres de la Commission du bassin du Lac Tchad (Cblt), qui s’est déroulée le 18 mars 2014 à Yaoundé, a permis de mettre sur pied une force multinationale. Elle devra faire face à l’insécurité grandissante dans cette zone, que partagent le Cameroun, le Niger, le Nigéria, la République centrafricaine et le Tchad.

Les délégations de ces pays ont décidé que la force aura un mandat d’un an et sera dirigée pendant une période transitoire de six mois par le Nigéria. Côté Cameroun, c’est le colonel Ndougou Hypolite Jean, nommé conseiller militaire auprès du secrétaire exécutif de la Cblt, qui coordonnera la cellule de suivi de la Force. Le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense du Cameroun, Edgard Alain Mebe Ngo’o, a annoncé officiellement que le Cameroun fournira un bataillon de 700 militaires.

La Force multinationale de la Cblt a pour mandat formel d’« assurer la paix et la sécurité dans le bassin du Lac Tchad afin de garantir la libre circulation des personnes et des biens et le développement économique et social ». Ces dispositions sont encore toutefois couchées sur la papier, en attendant les financements des bailleurs de fonds étrangers et des organisations sous régionales du continent. De plus, comme cela é été reconnue lors de cette réunion ministérielle de Yaoundé, il faudra attendre six mois supplémentaires pour finaliser la mise sur pied de la force, après le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cblt qui se tiendra cette année au Niger.

La carte du bassin du Lac Tchad
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Biens Mal Acquis : L’impossible procès ?

La justice française a refusé d’ouvrir une enquête contre trois chefs d’Etats d’Afrique centrale

Plainte jugée irrecevable
Jeudi 29 octobre dernier, La cour d’appel de Paris a annulé une décision d’enquêter sur le patrimoine détenu en France par trois chefs d’Etats africains. Une demande déposée en 2008 par Transparency international France, organisation non gouvernementale spécialisée dans la lutte contre la corruption. La chambre de l’instruction de la cour d’appel a jugé irrecevable la plainte de l’ONG Transparence International, spécialisée dans la lutte contre la corruption, déposée en décembre 2008. Une plainte qui visait les conditions d’acquisition d’un important patrimoine immobilier et mobilier en France par trois chefs d’État africains – Denis Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang de Guinée équatoriale et le défunt chef d’État gabonais Omar Bongo, et certains de leurs proches, dont l’actuel président Gabonais, Ali Ben Bongo.

Le défaut de qualité invoqué
Dans son arrêt, la cour d’appel de Paris a estimé que les plaignants ne pouvaient arguer d’un préjudice dans ce dossier. Elle relève que : « La preuve que Transparency international France subirait un préjudice personnel, économique, directement causé par les infractions qu’elle dénonce », n’est pas rapportée. En 2007 et 2008 déjà, le parquet de Paris avait classé sans suite des plaintes visant les trois chefs d’Etat africains, dont le patrimoine est évalué à 160 millions d’euros. En mai 2009, suite à un rapport d’enquête de police, Françoise Desset, la doyenne des juges du pôle financier, avait donné son aval à l’ouverture d’une enquête judiciaire. Mais contrairement à la juge Desset, la cour d’appel a jugé irrecevable la plainte avec constitution de partie civile de l’association Transparency international France. Dans un communiqué commun, Transparency et Sherpa, un réseau international de juristes basé à Paris, ont jugé « regrettable » la décision de la cour d’appel. Toutefois, les ONG ont affirmé que « le combat mené jusqu’ici aura de toute évidence permis de briser un tabou sur la question des avoirs illicites en provenance des pays du Sud qui trouvent refuge dans ceux du Nord ».

Un procès difficile à amorcer
Cette ultime position de la justice française a relancé le débat sur l’espoir pour les populations des pays africains de voir un jour aboutir ce type de démarche. Dans les milieux autorisés, le rejet de la cour d’appel de Paris a relancé les débats sur les différentes actions menées pars les ONG Transparency international France et le cabinet Sherpa. Les avis sont assez partagés. Ils sont nombreux, généralement proches des pouvoirs des chefs d’Etat impliqués, qui pensent que la justice française a fait preuve de « sagesse ». Il est certes inconcevable, que des chefs d’Etat de pays souverain puissent être trainés devant des tribunaux dans un autre pays, pour répondre de la gestion du patrimoine de ces pays dont ils ont la charge. Il reste aussi peu discutable, qu’on peut mettre à l’actif de ces chefs d’Etat, le bénéfice d’une stabilité relative, qu’une affaire comme celle des biens mal acquis pourrait venir rompre, dans un contexte où les objectifs sont plus tournés vers les défis climatiques, celui de la pauvreté et du relèvement des niveaux de vie des populations.

Une procédure pourtant nécessaire
Pourtant, relèvent de nombreux autres observateurs pour la plupart indépendant, il apparaît tout aussi décisif, que la lumière puisse être faite sur la question de ces biens, détenus par les dirigeants de ces pays africains, qui invoquent constamment l’aide internationale, pour soutenir leurs économies. Autres arguments invoqués en faveur d’un procès sur ces biens, l’application d’une justice internationale de la dette. L’idée est qu’en fermant les yeux sur la mal gestion des ressources disponibles dans ces pays, les états du nord dans le cas échéant la France, se rendent complices du cycle infernal de la dette qui a longtemps détruit les économies des pays concernés, et multiplié par cinq la pauvreté des populations. Enfin il est important que ces procès aient lieu, parce qu’ils donneraient la possibilité a ces chefs d’états de prouver que ces biens ont été acquis normalement, et non dans le cadre des avantages procurés par la survivance d’un pseudo réseau politico-mafieux dénommé la France-Afrique.

Feu Omar Bongo, Théodoro Obiang et Denis Sassou Nguesso
journalducameroun.com)/n