Blick Bassy va codiriger avec Karine Ramondy la Commission mémoire sur le Cameroun

La mise sur pied de cette commission avait été annoncée par le président Emmanuel Macron lors de sa visite de juillet 2022 à Yaoundé.

Travail de mémoire. On connait désormais les noms des deux personnes qui vont diriger la Commission chargée de travailler sur l’action de la France au Cameroun pendant la colonisation et après l’indépendance du pays. Selon une information de RFI, cette commission sera dirigée par l’historienne Karine Ramondy pour le volet recherche  et le chanteur Blick Bassy pour un volet artistique.

La création de cette commission avait été annoncée lors de la visite d’Emmanuel Macron à Yaoundé en juillet 2022. Le président français avait alors pris l’engagement que les archives françaises seraient ouvertes «  en totalité » au groupe d’historiens.

Le choix porté sur Blick Bassy, qui accompagnait déjà le président Macron lors de la visite au Cameroun, n’est pas fortuite. Le chanteur camerounais a consacré tout un album « 1958 », aux héros de l’indépendance du Cameroun.

En séjour au Cameroun, en 2019, tout déclenché : «Le chaos économique, politique et social dans lequel se trouve mon pays m’a obligé à me dire qu’il fallait que je comprenne », se rappelle Blick Bassy , installé en France depuis plus d’une décennie. La pensée et les écrits d’Um Nyobè ‘ »se trouvaient au bout de cette quête qui interroge en profondeur le rapport quasi mimétique à l’Occident depuis la décolonisation, du modèle politique à la notion de développement, en passant par l’éducation. « Qui a dit que c’était la direction à prendre et pourquoi ? », demande le chanteur guitariste originaire du pays bassa.

S’il a décidé de consacrer tout un album au leader indépendantiste et figure de l’Union des populations du Cameroun, c’est non seulement pour participer à la réhabilitation de ce personnage assassiné par les forces françaises en 1958 – d’où le titre de l’album – et dont il a longtemps été interdit d’évoquer le seul nom, mais aussi parce que ses analyses et ses valeurs l’ont touché, au-delà de la lutte pour la décolonisation. « Son vrai combat, c’était l’égalité entre humains. L’indépendance était une étape. Pour avancer, il était important que l’on reparte de nos croyances, de nos traditions qui nous imposent une réalité », explique-t-il.

Pour s’imprégner, Blick s’est plongé dans les livres, comme ceux de son compatriote Achille Mbembe, historien philosophe spécialiste d’Um Nyobè. Mais comme d’habitude chez lui, au moment de concrétiser ses idées, tout part des compositions qui lui viennent à l’esprit. « À partir du moment où tout mon corps, mon cerveau, ma mémoire entrent en mode création, j’entends tout ce qui m’entoure en musique. Tout me renvoie à des mélodies », décrit l’homme de 48 ans, qui se souvient avoir eu « carrément peur » en découvrant ces dispositions inattendues.

Mongo Béti, « mauvaise conscience » du Cameroun colonial et post-indépendance

La ville de Rouen rend hommage à l’écrivain camerounais, féroce contempteur des colonies et des avatars démocratiques de l’Afrique après 1960. « Ce n’est pas parce qu’on a rendu l’âme qu’on est vraiment mort », faisait dire Mongo Béti à l’un de ses personnages dans son roman Trop de soleil tue l’amour (éd. Julliard, 1999).

La maxime pourrait s’appliquer à celui dont l’œuvre rayonne toujours, vingt ans après sa mort, et auquel la ville de Rouen rend un hommage artistique, dans le cadre de la Saison Africa2020, à travers une série d’expositions et d’ateliers. L’occasion de revisiter l’itinéraire de ce penseur et écrivain camerounais qui vécut en exil en France durant une trentaine d’années.

Né Alexandre Biyidi Awala, en 1932, dans un village du Cameroun, au sein d’une famille de planteurs de cacaos, il a 21 ans lorsqu’il arrive en France, baccalauréat en poche et doté d’une bourse. Le paradoxe d’appartenir à un pays qui ne s’appartient pas le travail. Nous sommes en 1953, l’Afrique entière rue sous le joug colonial. Comme la plupart des jeunes intellectuels africains d’alors, il fait ses études de lettres classiques tout en militant pour l’indépendance, dans des organisations de gauche françaises.

Parallèlement, il commence à rédiger ses premiers textes lors de séjours de vacances organisés par la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (Feanf). Ses camarades se gaussent : comment peut-on prétendre écrire quand ceux qu’on appelle écrivains sont des génies occidentaux des siècles passés tels Balzac, Hugo, Châteaubriand ? L’horizon paraît inatteignable.

Dénoncer l’iniquité, le mépris, la domination

Mais le jeune homme a du cran. Publié en 1954, Ville cruelle (éd. Présence africaine), son premier roman écrit sous le pseudo d’Eza Boto, marque d’emblée par son réalisme. Ici point de paradis perdu ou de mise en scène d’un continent au passé mythifié. Les héros doivent faire face à l’injustice et à la brutalité de la situation coloniale dans une ville « cruelle et dure avec ses gradés blancs, ses gardes régionaux, ses gardes territoriaux et leurs baïonnettes au canon, ses sens uniques et ses Entrées interdites aux indigènes” ».

Son deuxième roman, Le Pauvre Christ de Bomba (éd. Présence africaine, 1956), signé Mongo Béti, s’en prend à l’évangélisation missionnaire. Le regard critique de l’auteur n’est pas dénué d’humour. Son personnage du père supérieur est persuadé que Dieu pardonnera aux Africains, « à la condition qu’ils renoncent à leurs erreurs passées et qu’ils prennent la bonne résolution de devenir des bons chrétiens ».

A 25 ans et déjà deux livres à son actif, Mongo Béti affirme avec vigueur ce qui va donner sens et dignité à sa vie : écrire pour dénoncer sans relâche l’iniquité, le mépris et toutes les formes de domination. « La fonction de l’écrivain n’est pas de donner bonne conscience [à la société], mais de lui fournir cette mauvaise conscience dont elle a besoin pour s’améliorer chaque jour davantage », expliquera-t-il.

C’est pourquoi, avec lui, tout le monde en prend pour son grade. Si deux autres romans, Mission terminée (éd. Buchet Chastel, 1957) et Le Roi miraculé (éd. Buchet Chastel, 1958) dénoncent, comme les premiers, le système colonial, il pourfend tout aussi bien par la suite les avatars démocratiques de l’Afrique post-indépendance, qui anéantissent les espoirs d’une nouvelle ère politique.

Répression de la France et de son affidé Ahidjo

Mongo Béti alignera ainsi, au fil des ans, une dizaine d’ouvrages décapants et subtils, salués par un lectorat grandissant, mais accueillis avec plus de méfiance par les autorités camerounaises et françaises. Il paiera très cher le prix de son engagement. Dans les années 1960, l’Etat camerounais lui retire sa bourse pour le contraindre à rentrer au pays. Il choisit l’exil, entre à l’Education nationale française, passe l’agrégation, se fixe à Rouen en 1965, où il enseigne, au lycée Corneille, le français, le latin et le grec. Il interrompt pour un temps l’écriture de livres, mais le sort de son pays d’origine ne le laisse pas en paix.

Quittant le roman pour l’essai, il publie en 1972 Main basse sur le Cameroun. Autopsie d’une décolonisation (éd. François Maspero), qui jette un éclairage sans concession sur la répression exercée par la France et son affidé, le président Ahmadou Ahidjo, durant la guerre de libération au Cameroun (1956-1975). Un dossier dramatique et obscur soigneusement effacé du récit national des pays concernés. Le livre est interdit en France.

Qu’à cela ne tienne, l’image de Mongo Béti en sort encore grandie. Il crée en 1978 Peuples noirs, Peuples africains, bimestriel politique et indépendant qui paraîtra jusqu’en avril 1991. Revenu à la fiction, il est invité par Bernard Pivot pour présenter son livre Les Deux Mères de Guillaume Ismaël Dzewatama, futur camionneur (éd. Buchet-Chastel, 1983) à la télévision. L’animateur aimerait évoquer la cocasserie du livre, mais Mongo Béti profite de la tribune qui lui est offerte pour dénoncer les régimes africains et la complicité silencieuse des autorités françaises. « Je fais partie des non-conformes », précise-t-il.

Librairie des peuples noirs

Au fil des ans, la stature de Mongo Béti s’est renforcée. Il est traduit dans plusieurs langues, étudié à l’international et est même inscrit dans les programmes de son pays natal… mais uniquement pour ses œuvres anticoloniales. « Il m’est arrivé d’entendre des Camerounais me réciter des extraits entiers de Ville cruelle », raconte sa veuve, Odile Biyidi-Tobner.

A l’âge de la retraite, en 1994, Mongo Béti peut enfin rentrer au Cameroun sans craindre d’être inquiété. L’accueil populaire sera inversement proportionnel au mépris des autorités. Des centaines d’admirateurs l’acclament à sa descente d’avion, la presse nationale se contente d’évoquer un « touriste français en visite au Cameroun ».

Mais le visiteur a bien l’intention de s’installer. Il ouvre à Yaoundé la Librairie des peuples noirs, lui qui a toujours cru en la puissance de l’écrit pour développer l’esprit critique et éveiller les consciences. Son décès en 2001 interrompt l’écriture de son dernier roman. Ironie de l’histoire, c’est encore en France que l’on célèbre aujourd’hui la mémoire de celui qui a rendu l’âme sans être jamais vraiment mort.

JEAN-PIERRE BEKOLO : Je suis sûr que certains de nos ministres ont été traumatisés

Auteur, réalisateur, producteur et monteur, Jean-Pierre Bekolo, a exploré presque tous les métiers liés à la cinématographie. Dans cet entretien avec JDC TV, l’auteur de quartier Mozart, sorti en 1992, revient sur son choix pour un cinéma expérimental. Pour lui, le contact des Africains avec le colonisateur a laissé un énorme traumatisme sur nos populations, notamment la classe dirigeante…

Cameroun – Dr Ahmadou Sehou : « La nécessite de rebaptiser nos lieux publics et nos rues, de construire des monuments à nos véritables héros s’impose »

Pour cet enseignant d’histoire à l’Université de Maroua, spécialiste de l’esclavage, il est inadmissible que l’on continue à célébrer nos bourreaux, ceux-là qui au nom de la force et de la cupidité ont torturé, tué et humilié nos héros.

Journal du Cameroun : Plusieurs édifices publics, monuments et rues d’Afrique portent les noms des colonisateurs, esclavagistes et personnalités étrangères. Mais depuis l’assassinat du noir américain George Floyd, certaines populations revendiquent que cela change.  Quelle analyse en faites-vous ?  

Dr Ahmadou Sehou : L’assassinat du citoyen américain George Floyd par un policier blanc, a suscité une grosse vague d’indignation à travers le monde et remis au-devant de l’actualité la question du racisme dont sont victimes les Noirs sur tous les continents. Cela montre que les discriminations, les exclusions, les exactions et même les meurtres sur la seule base de la couleur de la peau ont encore cours malgré la fin de l’esclavage. Les Noirs sont particulièrement visés et victimes de ces actes de barbarie inhumains. Cela contraste avec la présence dans les espaces publics africains des monuments, des stèles, des noms de rues des personnages ayant joué un rôle majeur à l’époque de l’esclavage ou celle de la colonisation qui lui a succédé.

Par cette seule présence, on peut dire qu’il reste encore beaucoup à faire pour libérer l’Afrique et les Africains de ces formes pernicieuses de domination, d’exploitation et d’extermination qu’ont été l’esclavage et la colonisation pratiqués sur plusieurs siècles et qui se perpétuent de nos jours sous des formes variés. Leurs traces sont encore visibles et outrageusement célébrées dans nos cités. Ce qui traduit une méconnaissance de notre passé et une insuffisance du travail de mémoire de la part des politiques et des intellectuels africains. Il est inadmissible que des noms des personnages rendus tristement célèbres par les horreurs qu’ils ont commises continuent à être visibles et parfois célébrés dans nos places publiques. Les revendications et protestations actuelles doivent être l’occasion idoine pour revisiter notre passé et y extirper tout ce qui renvoie à ces horreurs et aux acteurs qui les ont rendues possibles.

Qu’est-ce qui explique que les noms des héros nationaux soient en second rang au détriment de ceux dont le passage en Afrique a été caractérisé par des actes de pillage, torture etc. ?  

L’esclavage et la colonisation sont les produits d’une idéologie et d’une conception de l’homme qui ont conduit à une certaine hiérarchisation des races et des couleurs. Pour les peuples qui en ont été les victimes, notamment les Africains, il s’est agi d’un lavage de cerveau, d’une inversion des valeurs, d’un processus radical d’infériorisation par rapport aux autres races, peuples et couleurs! Les Africains qui ont lutté contre la traite, l’esclavage et la colonisation ont été relégué aux oubliettes, leurs combats présentés comme ce qu’il ne fallait ni faire ni suivre! Ils ont été considérés comme des anti-modèles ! A leur place, on a promu la célébration des héros des autres, ceux-là qui ont conquis, combattu les Africains et pillé l’Afrique!

L’histoire enseignée en Afrique ou sur l’Afrique a été jusqu’ici celle de ces pillards dominateurs et conquérants qui ont détruit l’Afrique, ses structures politiques et sociales, ses valeurs culturelles et religieuses. L’esclavage et la colonisation ont laissé leurs vestiges et monuments, comme pour demander aux Africains de continuer à célébrer la barbarie. Les conditions d’accession à l’indépendance en ayant tué le nationalisme et les nationalistes, ont donné libre cours à la perpétuation de cet esprit criminel par l’intermédiaire des collaborateurs des bourreaux d’hier, installés à la tête des Etats pour perpétuer l’exploitation et le pillage des ressources. Pour ces collaborateurs et prédateurs, il n’était pas bien vu de rappeler le souvenir de ceux qui se sont battu pour la liberté et l’indépendance du continent. Ils ont préféré ignorer les héros de l’histoire nationale en continuant à célébrer les dominateurs d’hier et en cultivant la collaboration et la soumission comme des valeurs suprêmes!

Faut-il forcément aujourd’hui rebaptiser les lieux publics qui portent les noms des colonisateurs ?

La nécessite de rebaptiser nos lieux publics et nos rues, de construire des monuments à nos véritables héros s’impose ! Il est inadmissible que l’on continue à célébrer nos bourreaux, ceux-là qui au nom de la force et de la cupidité ont torturé, tué et humilié nos héros, qui ont pillé nos ressources et continuent notre exploitation! Le seul camerounais qui a mérité une statue au cœur de la capitale Yaoundé, a été Charles Atangana, pour ses bons et loyaux services à la colonisation allemande puis française. Pour récompenser sa collaboration contre les Camerounais, il a été fait chef supérieur des Ewondo et Bene et a bénéficié de cette statue qui trône en face du ministère des transports! Toutes les autres sont celles des Européens, dans l’optique de faire de l’histoire du Cameroun, celle des Européens au Cameroun. Il y a lieu de revisiter notre passé et de rappeler au souvenir des générations présentes et futures nos héros et leur bravoure, les sacrifices auxquels ils ont consentis pour sauvegarder nos valeurs et nos richesses. Il n’y a rien à célébrer dans l’esclavage et la colonisation. Ce furent des actions criminelles dirigées contre d’autres peuples par des esprits inhumains et cupides. Notre histoire est multimillénaire et présente de nombreux hommes et femmes dignes d’être célébrés et valorisés. Dans toutes les régions du Cameroun et à toutes les époques, il y a des personnalités fortes et dignes d’être magnifiées. Les villes et communes du Cameroun gagneraient à s’en approprier en se rapprochant des détenteurs de la mémoire collective et dans le but de retrouver nos racines et de promouvoir notre identité.

Au Cameroun, de nombreuses infrastructures, notamment sportives, ne portent ni les noms des personnalités actuelles ou passées, encore moins de grands événements de notre histoire. A votre avis, qu’est-ce qui peut justifier cela ?

Le Cameroun a un gros contentieux avec son histoire. C’est comme si à chaque pas, on l’écrivait avec la gomme! L’histoire des colonisateurs a tellement pris la place dans nos mémoires qu’aujourd’hui le pays se déchire sur la base des héritages coloniaux. La période coloniale a été tellement magnifiée et installée dans les esprits qu’elle a tendance à occulter tous les acquis de nos peuples avant la nuit coloniale. Lorsque cette période est évoquée c’est pour mettre en exergue ses aspects rébarbatifs. Le conflit entre nationalistes et collaborateurs à la veille de l’indépendance, qui s’est soldé par la victoire de la collaboration trouve son prolongement dans la période postcoloniale.

Les autorités du Cameroun indépendant ont préféré s’inscrire dans la continuité des colonisateurs, magnifiant la soumission, réprimant tout esprit de liberté et criminalisant toute posture divergente. De ce fait, on a privilégié les héros de l’occupation et de la colonisation, au détriment des nationalistes. Comment dès-lors attribuer les noms de nos nationalistes et figures marquantes aux édifices et espaces publics? Les boulevards continueront à porter les noms étrangers et les arènes sportives susceptibles de focaliser les attentions du grand public continueront à rester anonymes, sans noms de baptêmes, pour ne pas célébrer nos héros et pour ne pas faire concurrence à ceux qui détiennent le pouvoir politique. Le culte de la personnalité ne permet pas de célébrer les héros passés ou actuels pour ne pas faire ombrage au leadership en poste.

Interview réalisée par  Emile Zola Ndé Tchoussi

Vers une nouvelle coopération entre l’Afrique francophone et la France ?

L’Afrique francophone a suivi comme d’habitude, avec un intérêt particulier, les élections présidentielles françaises. L’arrivée de chaque nouveau président est perçue ici comme une délivrance par les  opposants aux systèmes bien implantés.

Cette vision simpliste et naïve des acteurs de la vie publique  et politique en Afrique francophone est inquiétante. Après l’esclavage et la colonisation, les méthodes de gouvernance mises sur pieds n’ont guère évolué. Le vol, le clientélisme, le tribalisme, la brutalité  policière et l’opacité des élections n’ont pas pris une ride. Cette gouvernance imposée aux premiers présidents africains s’est d’ailleurs consolidée au fil des années même si les coups d’état se sont raréfiés. Les présidents en exercice règnent à vie. Ils sont devenus les gardiens des richesses exploitées aujourd’hui par les multinationales.

L’Afrique a le devoir et l’obligation de se développer pour sortir le continent des griffes de ses prédateurs. Elle ne peut éternellement se réjouir de l’arrivée d’un nouveau président en Occident. L’arrivée de Barack Obama, un noir à la maison blanche, avait suscité des espoirs.

A la fin de ses deux mandats, la douche a été froide. Pourquoi l’Afrique francophone devrait-elle croire en Emmanuel Macron qui a été élu pour rendre à la France sa grandeur d’autrefois ?

La naïveté des intellectuels africains frise le ridicule. Elle s’apparente aux campagnards qui regardent un train passer quotidiennement et qui ne s’arrête pas. Pourquoi faut-il que le nouveau et jeune président français coupe l’herbe aux pieds des Bolloré, Bouygues et autre Total ? Ce qui est aussi inquiétant dans l’attitude de nos intellectuels, c’est leur résignation comme si la relation entre la France et l’Afrique est une fatalité de Dieu.  Donc, seul Dieu peut délivrer l’Afrique. Ils sont incapables de reconnaître leur lâcheté, leur incapacité à se remettre en question comme leurs dirigeants. Ces fils d’anciens résistants qui ont combattu pour les indépendances trahissent, sans état d’âme, les héros morts pour la liberté.

Emmanuel Macron ne remettra jamais en cause la françafrique. Il appartient aux africains de concevoir un modèle pour sortir le continent de sa profonde nuit. La liberté ne se donne pas.

Pourquoi Macron renoncerait-il à un pillage séculaire avec la complicité évidente des chefs d’états africains et des intellectuels ? Un nouveau modèle de coopération ne verra pas le jour avec les dirigeants actuels. L’Afrique a besoin de décoloniser ses esprits comme le dit si bien le politologue camerounais, Achille Bembé.  Ce travail sera long. Mais il faut commencer aujourd’hui avec une campagne de sensibilisation à l’échelle continentale.

L’Afrique ne peut se développer que par l’effort de ses enfants. Elle ne peut et ne doit compter que sur elle-même pour éradiquer sa décente programmée aux enfers. Elle a les moyens pour le faire. Elle est riche et fournit une main d’œuvre jeune, disponible et courageuse.

Les pistes proposées jusqu’ici pour sortir de la longue nuit sont nombreuses. Elles ont montré leurs limites car les changements sur le plan politique sont maigres. La culture du plus grand nombre s’impose. Pour cela, nous devons mettre un terme à l’infériorisation de notre culture et de nos rapports de dominants et dominés.

Cette domination repose sur une culture. Nous devons mettre fin à ce système qui se perpétue de manière organisée depuis des siècles.  A l’heure de la mondialisation, le modèle de coopération entre la France et ses anciennes colonies n’est plus adapté. Il n’échappe à personne qu’il est très déséquilibré. Mais les africains ont-ils la volonté voler de leurs propres ailes ?

Par Michel Lobé Etamé
Journaliste

L’écrivain Marcel Zang est décédé

Agé de 62 ans, ce français d’origine camerounaise, auteur de quatre pièces de théâtre, a rendu l’âme samedi en France

Marcel Zang, écrivain français d’origine camerounaise, est décédé samedi 21 mai 2016 en France. Auteur de quatre pièces de théâtre, le dramaturge avait reçu en 2005 le prestigieux prix de la SACD, Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques, pour son uvre théâtrale. Parmi ses thèmes de prédilection, la colonisation, les affres du déracinement et de l’exil.

Il avait 62 ans. Longtemps un mystère a semblé accompagner la destinée de Marcel Zang. En cause, sa plume dérangeante qui n’hésitait pas à s’insurger contre la France.

Marcel Zang accusait notamment le pays des droits de l’homme de ne pas regarder son passé en face. Dans ses uvres, l’écrivain dénonçait avec force et vigueur les désastres liés à la colonisation.

Mais aussi les difficultés, rencontrées par les metteurs en scène, pour faire jouer ses pièces en France.

Le dramaturge a tout de même connu sa consécration avec la pièce « La danse du pharaon », mise en scène à la Comédie Française à Paris. Le prestigieux prix de la SACD Nouveau Talent Théâtre est venu, lui, récompenser en 2010 l’ensemble de son uvre.

« C’était une grande oreille sur l’actualité d’aujourd’hui » dit de lui l’un de ses confrères Michel Valmer. Et d’ajouter que « son écriture de haut niveau, curieuse, poétique, va perdurer. Il est de la trame des Senghor, Césaire et Glissant. »


Droits réservés)/n

Entre la France et la Chine, de qui l’Afrique doit-elle se méfier?

Par Atangana Thobie

Depuis plus de 300 ans, la France est en Afrique non pas pour aider l’Afrique à se développer certes, mais pour qu’elle (la France) se développe dans tous ses aspects. Au départ comme chacun le sait ,ce continent africain avait été découvert par les Occidentaux pour y trouver gratuitement la main d’ uvre par voie d’esclavage. C’est ainsi que ces Occidentaux y ont arraché des populations jeunes par des moyens non avouables pour leurs besoins de cupidité.

L’esclavage ayant ainsi duré près de 400 ans, avec toutes les conséquences que nous connaissons. Peu après, par leur brutalité et brigandage, ils transformèrent l’esclavage en colonisation. Celle-ci dura plus de 300 ans! En somme, les Occidentaux sont en Afrique depuis près de 700 ans!!!. Et jusqu’aujourd’hui, ils y règnent encore en Maîtres absolus! avec pour conséquences: la confusion; le racisme;le brigandage;les affrontements; le mépris;la soumission; pour couronner le tout: la pauvreté.

Nous ne devons pas oublier que de tous ces actes de barbarie dont l’Afrique est victime depuis l’intrusion des occidentaux dans notre beau et riche continent.

Les Russes; les Asiatiques et notamment les Chinois, ne font pas partie de ces peuples dont leur seul but est de venir nous exterminer sur notre propre terre.

Que curieusement, depuis 20 ans seulement que les Chinois sont en Afrique, ces mêmes Occidentaux crient au [scandale]! Ils ne cessent d’appeler au secours [les pompiers] l’Afrique est en danger, les Chinois vont tout prendre !

Les ONG de la France n’ont jamais remarqué combien les autorités de leurs pays ont pillé l’Afrique!? que les africains travaillent,à travers les mécanismes de colonisation, leurs efforts sont réduits à néant, à partir du FCFA, la France, le pays qui abrite les ONG de grandes cartes de visite et autres organismes comme « Greenpeace » pillent l’Afrique, avec la complicité des pays occidentaux!

Seulement voilà: dès que la Chine gagne les marchés en Afrique, les pays qui leur offrent ces marchés ne respectent pas les droits humains.
Curieux paradoxe tout de même: la même France soustraite les entreprises chinoises en Afrique pour des travaux de même nature!

Pourtant,en matière des droits humains, les Chinois n’avaient jamais pris les peuples noirs en esclaves! encore moins les russes!
Les Chinois fonctionnent en Afrique, non pas en réseaux ou en lobbys, [ (lobbys et réseaux étant des manières obscures pour asphyxier les Etats)] mais en tant que « Entreprises » visant à réaliser des bénéfices et faisant bénéficier aussi les Etats qui leur vendent ou leur offrent des marchés. Où est donc le mal dans cela ?

Contrairement aux entreprises françaises qui fonctionnent en lobbys et réseaux, et qui depuis plus de 60 ans d’« indépendance », n’ont jamais offert au continent africain la moindre perspective d’avenir! se croyant toujours sur un terrain conquis, acquis à leur cause, imposant aux Africains des perspectives de malheur, de misère et de désolation!
De qui faut-il se méfier: de la Chine ou de la France?


(HU QINGMING / IMAGINECHINA))/n

Le modèle économique hérité de la colonisation est inadapté

Par Michel Lobé Etamé

L’Afrique est en pleine mutation. Le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) des états subsahariens ferait pâlir les pays occidentaux. Il est compris entre 5% et 8%. Mais, il n’en est rien. Ces chiffres masquent une réalité quotidienne. Le chômage est au plus haut. La sécurité alimentaire bat de l’aile et l’accès aux soins reste un défi permanent. La violence urbaine explose.

La dépendance économique et politique de l’Afrique s’inscrit dans son histoire coloniale qui fait de ce grand continent un fournisseur de matières premières à l’occident, puis aujourd’hui à la Chine. Ce qui, au dire des cercles avisés, la cantonne dans un rôle d’exécutant et de receveur d’ordre. C’est dans cet esprit que l’Afrique « moderne » s’exécute.

Lorsque nous regardons les transitions économiques des autres pays, il ne nous échappe pas qu’ils produisent tous des biens de consommation qu’ils exportent, soit pour les marchés régionaux, soit pour l’étranger. C’est le cas des pays asiatiques dont le PIB était inférieurs à celui des pays africains en 1960. La Corée du Sud que nous citons en exemple avait un Pib inférieur à celui du Cameroun, du Congo ou de la Côte d’Ivoire. Mais ce pays a choisi de coopérer avec les américains. Juste après nos indépendances, les américains ont choisi de délocaliser certaines industries où la main d’ uvre était dominante en Corée du Sud. Ce pays, pauvre, sans ressources minières et sans formation a mis en place des politiques de développement pour s’adapter à la production industrielle. La Corée du Sud s’est mobilisée avec un objectif qui impliquait toute sa population. Les délocalisations américaines ont permis un transfert de technologie progressif, planifié et maîtrisé.

Une tradition industrielle s’est installée au bout d’une trentaine d’années par une volonté politique et patriotique sans égal. La formation et l’adaptabilité aux techniques de pointe ont conduit ce peuple à maîtriser les outils modernes de production, mais aussi à innover.

Forts de ses succès, les coréens ont investi dans les bureaux d’études pour la recherche et développement. Ce saut vers l’excellence a fait gagner du temps à ce pays. Au bout d’une trentaine d’années, la Corée du Sud est devenue un producteur reconnu qui concurrence aujourd’hui les pays occidentaux. La maîtrise du savoir-faire en fait un partenaire respecté avec une technologie de pointe favorisée par l’industrie numérique.

L’Asie arrive à se développer sans matières premières et privilégie la formation, la discipline, le patriotisme, la rigueur intellectuelle de masse et l’esprit d’initiative. Au bout de tous ces sacrifices, le savoir-faire se maîtrise et favorise la coopération d’égal à égal. Ces atouts, encouragés par les gouvernements successifs, font de cette région du monde un peuple respecté et admis au concert des nations.

Un modèle de production inefficace
L’Afrique, après les indépendances, n’a pas su prendre les bonnes décisions. Riche de ses matières premières, elle s’est limitée à les exporter sans en tirer ni le moindre bénéfice, ni une plus-value salutaire.

L’Afrique noire, dans son intégralité n’a toujours pas compris que pour le développement économique, il y a des étapes à respecter. Elle ne décide pas de ses priorités et s’accroche aux choix de ses « partenaires » qui voient en elle une vache à lait. Elle ne se rend pas compte que la matière première, sans transformation, ne peut lui apporter la richesse, la liberté, le respect et la reconnaissance.

Elle favorise les projets de développement proposés par des organismes dont le but est de la maintenir dans l’assistanat. Ces projets parviennent, sous forme de package en Afrique. Les experts occidentaux se chargent de les planifier et de les dérouler.

Depuis les indépendances, les entreprises occidentales qui s’implantent en Afrique apportent leur savoir-faire et les ressources humaines qualifiées pour faire fonctionner les usines. Cette coopération est injuste et arbitraire. Elle relègue les cadres africains à un rôle subalterne. Ces entreprises renforcent la dépendance des pays concernés. Il faudrait que ces entreprises inscrivent dans leurs cahiers de charge le transfert de technologie au moment de leur implantation.

Malgré un code des investissements extrêmement généreux, les entreprises étrangères ne partagent pas leur savoir-faire. Cette forme de coopération affaiblit les initiatives locales. Or, l’Afrique doit prendre une part active à son développement et à l’économie numérique qui crée de l’emploi.

Le développement ne se fera pas avec le modèle économique actuel. L’Afrique a besoin de maîtrise industrielle. Elle doit pouvoir négocier de nouveaux contrats qui incluent la formation, la cession du savoir-faire et des brevets qui l’accompagnent. Les investissements en Afrique ne peuvent continuer sur la base actuelle où les nationaux, même formés en Occident, ne peuvent accéder à de vrais postes de responsabilité. L’Afrique doit remettre en cause tous les modèles de développement qui la maintiennent dans un rôle de vassal.

L’Afrique doit aussi s’investir dans l’industrie numérique. C’est une opportunité pour rattraper le fossé qui la sépare des nations industrielles. Saura-t-elle saisir cette chance ?

Michel Lobé Etamé, journaliste
Droits réservés)/n

Pourquoi les Africains refusent-ils le développement?

Par Cédric Christian Ngnaoussi Elongue

L’Afrique est parvenue à prendre ses discours pusillanimes pour de véritables efforts de développement, à considérer la dureté de ses propos contre l’Occident pour de « vraies bombes meurtrières » et l’humanitarisme occidental pour un dû historique. La fiction et la réalité se sont si étroitement imbriquées que pour voir une amorce de développement, il faudrait d’abord dénouer l’écheveau de mensonges, de vérités approximatives dans lequel les mentalités se sont empêtrées à force d’évitement.

Introduction
La polémique interrogation : « Et si l’Afrique refusait le développement ? » de l’essayiste Axelle Kabou, lancée voici déjà un quart de siècle continue à susciter de nombreuses réflexions au sein des milieux intellectuels africains d’autant plus avec le climat de crise et d’insécurité qui règne partout en Afrique. De nombreux « intellectuels » se sont longtemps acharnés à décrire par le menu la logique occidentale de domination qu’à mettre la logique africaine de sujétion, qui légitime la première. Or peut-on vraiment parler de sous-développement sans le mettre en rapport avec les mentalités et les cultures africaines ?

Du refus de développement.
« L’obstacle majeur au développement en Afrique, quel que soit le domaine considéré, est d’abord de nature psychologique. »
Le sous-développement africain commence par le sous-développement de la perception de soi et du monde extérieur, par l’immobilisme des mentalités et se perpétue par le retour des Africains lettrés aux valeurs du terroir, sans condition. Il serait alors naïf de croire que le « sous-développement » de l’Afrique soit dû à un quelconque manque de capitaux. La compréhension de la stagnation des africains doit d’abord s’opérer au niveau micro-économique le plus élémentaire, dans la tête des africains, c’est-à-dire la mentalité, qui jusqu’à présent demeure taboue et sacralisée.

Ce refus de développement commence par un refus de responsabilisation et de conscientisation au lendemain de la traite négrière et la colonisation. Ledit refus se manifeste par la propagation du mythe de l’égarement historique, scientifique et technologique du Noir qui trouve toujours de quoi justifier son droit à l’inertie ou à la différence. Les africains se plaisent à se décrire comme étant des victimes de l’Histoire face à un « coupable occidental » qui devrait par conséquent les indemnisés pour les « dommages » qu’il aurait causé. Kadhafi a ainsi réussi à imposer pour la Lybie des frais de « réparation » à l’Italie, clamant qu’il s’agissait d’une « question d’Honneur ».

Mais il convient de souligner la cruelle inutilité de pareils procès, tout comme ceux imputés aux criminels de guerre car les morts ne reviendront jamais, aussi élevée que puisse être la peine. La douleur ne donne malheureusement aucun droit a pu dire André Brink à propos de la situation des Noirs en Afrique du Sud. Or l’Afrique loin de tirer des leçons pratiques de ces périodes sanglantes s’est mise à vouloir obliger l’Occident à régler l’ardoise de ses crimes. et ce avec la dureté du verbe ! Oui ! et après ! Est- ce cela qui effacera notre complicité dans cette barbarie ? Il n’y aura pas de Plan Marshall pour l’Afrique. L’histoire connue de l’humanité n’offre aucun exemple de nations faibles ayant obtenu des réparations de guerre en se contentant de gémir.

La technoscientophobie et aliénation culturelle : tandem mortel ?
« l’anti-occidentalisme primaire est si ancré dans les mentalités qu’il constitue encore le meilleur gage de la pérennisation de l’arriération sur tous les plans ». Axelle Kabou Convaincue par le faux anti-machinisme d’après-guerre qu’elle devrait rester la seule civilisation sans machines du XXI siècle, l’Afrique n’a, de fait, consenti aucun effort depuis les indépendances pour se doter de structures industrielles régionale ou sous régionale, afin de réduire sa dépendance à l’égard de l’extérieur. Elle s’accroche à ses « Etats théoriques » au lieu de s’atteler à la création de ces grands ensembles économiques qui conditionnent sa survie comme le lui recommandait in fine Kwame Nkrumah. Elle lance de grands appels vers l’Europe, d’autant moins disposée à voler à son secours qu’elle est actuellement confrontée à de graves débats historiques, économiques et sociaux. L’Afrique est donc le lieu où « les leçons maladroitement apprises renforcent l’arriération initiale et laissent pantois devant d’apparents revirements ».

La technoscientophobie africaine entraine sa double marginalisation : d’une part d’avec ses anciennes « collègues » (Chine, Inde, Brésil.) qui hier étaient au même poste et d’autre part d’avec les européens qui, de par la créativité et l’expansion des anciens collègues, se méfie de son réveil.

En outre, la conception africaine post indépendantiste de la culture et de la tradition est un frein au développement. Le dualisme « tradition-modernité » et partant l’aliénation culturelle est un mythe car la plupart des consciences africaines se sont figées, barricadées et repliées sur elles-mêmes après avoir diabolisées les valeurs de la modernité. Ce prétexte d’aliénation culturelle a pour fonction d’instaurer un climat de résistance à l’installation d’idées nouvelles dans les mentalités. Il n’y a pas, à proprement parler, de déracinement, mais plutôt une sorte de mauvaise conscience à l’égard des valeurs traditionnelles.

C’est pourquoi, après plus d’un demi-siècle d’indépendances, l’Afrique n’a toujours pas effectué l’inventaire de ses valeurs traditionnelles objectivement dynamiques qui pourraient, non seulement constituer le fondement solide de politiques cohérentes de développement, mais aussi servir à minimiser les effets pervers de la domination extérieure. Ce mythe de l’antagonisme tradition-modernité va engendrer une pensée polluée, coagulée et absolument inopérante mais dont on ne pourra se débarrasser qu’au prix d’une révolution mentale permettant de purger une fois pour toute la honte de la traite et de la colonisation.

Les Avatars de l’Africanisation : « La véritable africanisation reste à inventer».
Partout en Afrique on note une absence cruelle de projet de société cohérent, d’idées neuves. Seule émerge de cette inertie organisée une ambition crépusculaire : celle de rester soi-même à n’importe quel prix. L’Africanisation reste encore largement une entreprise cathartique de décolonisation à la manque, consistant à planter le drapeau de l’ancêtre vaincu là où flottait celui de l’homme blanc. Ce retour à soi qui aurait pu être une aventure exaltante, libératrice d’énergies créatrices, est en train de tuer l’Africain lentement et surement, pour n’être qu’une opération de lavage de cerveau, au profit de valeurs culturelles non repensées. L’enseignement africanisé, loin de favoriser l’ouverture nécessaire au développement, aurait plutôt tendance à prôner le repli sur soi.

L’africanisation a justifié l’isolationnisme culturel et entrainé la résistance des Africains vis-à-vis de la pénétration culturelle occidentale. Cela est bien visible dans l’éducation où malgré la multiplication des séminaires sur l’éducation de base, la formation des formateurs, la nécessité d’introduire la science et la technologie, ces programmes demeurent mal pensés. Les programmes éducatifs sont basés non pas sur des sujets de fierté mais sur des sujets de honte : esclavage, colonisation. Les intellectuels doivent étudier le passé, non pour s’y complaire, mais pour y puiser des leçons, ou s’en écarter en connaissance de cause si cela est nécessaire. On a coutume de dire qu’une erreur n’est considérée comme telle qu’à la première occurrence, la seconde étant considérée comme un choix délibéré.

Nous avons hérité d’une histoire mais qui a été vidée de ses enseignements pratiques car nous continuons à perpétuer le discours d’une conscience post-indépendantiste humiliée, nous refusons le droit vital à l’ouverture au nom du droit à la différence.

La technologie ne se transfère pas, elle se conquiert.
De nombreux gouvernements africains sollicitent des transferts de technologie pour aider leur pays à s’industrialiser ou à se « développer ». Pourtant la puissance que charrie la technologie et désormais la technoscience ne se transfère pas, elle se conquiert. La conquête et la maitrise de la technoscience par les africains est le moyen le plus efficace et efficient de pouvoir participer à la mondialisation en tant qu’acteur et non en tant que victime résignée.

Toutefois, la conquête et la maitrise de la technoscience par les africains ne devrait pas se faire à tout prix et à tous les prix même à celui de leur âme. Car la technoscience véhicule une idéologie plus ou moins implicite. Mieux elle présente dans certains de ses domaines notamment l’ingénierie génétique ou procréatique, une an-éthicité qui est antinomique à l’éthos africain. Ainsi son appropriation nous confronte comme le fait remarquer Mono Ndjana non sans justesse à « une dialectique compliquée faite à la fois d’un attrait nécessaire et d’une méfiance indispensable. » Une méfiance qui n’est rien d’autres que de la vigilance éthique. Le développement de l’Afrique et partant sa résistance à l’hégémonie occidentale passe par la réévaluation de son rapport à la technoscience à la lumière des défis actuels à savoir ceux de l’émergence et de l’éthique.

Pour l’avènement d’une Afrique décomplexée.
Après avoir dressé ce panorama que d’aucuns vont peut-être qualifié d’afropessimiste, essayons de proposer des conditions pour l’avènement d’une Afrique décomplexée. En effet, cet examen critique de l’Afrique vise à choquer et à éveiller les mentalités africaines qui sommeillent faute d’examen lucide sur certains pans critiques de leur histoire. Notre première recommandation est le boycottage de l’Union Africaine qui a grandement failli à sa mission unitaire depuis sa création en 1963. Il serait donc préférable de la dissoudre dès maintenant afin qu’elle ne cause davantage de préjudice au continent. Comment voulez vous qu’une pareille institution puisse agir pour l’Afrique quand elle est financée par les Occidentaux. C’est la main qui donne qui commande la main qui reçoit. Le récent discours du nouveau président de l’Union Africaine (UA) Idriss Deby Itno aura certe ravivé une lueur d’espoir au sein de la jeunesse africaine. Mais cette lueur n’est-elle pas un leurre ?

Si la colonisation, la traite négrière et l’insupportable médiocrité actuelle des Africains ne sont pas assez humiliant et convaincant pour les amener à changer de mentalités et à s’unir, je me demande bien quand ce moment adviendra. Pourquoi les nombreuses humiliations et pressions extérieures qu’ont subies les sociétés africaines n’ont pas provoqué, à l’inverse de ce que l’on a observé ailleurs, une désacralisation suffisamment forte du savoir pour éveiller les consciences aux dangers réels qui les menaçaient ? QUAND LES AFRICAINS CESSERONT-ILS DE SE MÉPRISER, DE SE VENDRE LES UNS LES AUTRES ?

Conclusion
L’Afrique bâillonnée est un cliché sans fondement qu’il faut absolument écarter pour être en mesure de saisir la dynamique profonde des réalités politiques et des sociétés africaines. Ces dernières ne sont pas des musées. Elles sont en actes et en devenir. Le rôle historique de la tradition est de fournir des réponses adéquates aux défis que rencontre inévitablement toute culture vivante, et non de siéger dans un musée. L’Afrique doit donc développer de la curiosité scientifique afin de pouvoir s’affirmer dans les systèmes mondialisés du savoir. La bataille de l’intelligence est un enjeu de pouvoir au plan mondial.

L’Afrique ne peut plus se maintenir dans une sorte d’adolescence perpétuelle au point de vue de la recherche. Car s’il est vrai que le développement n’est pas une course contre l’occident, elle l’est par contre pour les maux croissant et multiples de l’Afrique. Il devrait donc se poser en termes qualitatifs autocentrés et actualisés.

Carte de l’Afrique.
babelio.com)/n

La France peut-elle vider son contentieux historique avec le Cameroun?

Par Jean-Marie Moukam

Le général De Gaulle est sans doute vénéré en France pour avoir organisé la résistance française face à l’envahisseur nazi. Mais en Afrique et principalement au Cameroun, il n’est rien d’autre qu’un assassin, un génocidaire et pilleur de richesses.

En effet, les Camerounais tiennent la France pour responsable du retard économique de leur pays car c’est bien le Général De Gaulle à travers le réseau Foccart qui a torpillé le combat des nationaliste camerounais, introduit le Franc CFA au Cameroun, assassiné tous les leaders nationalistes qui se battaient pour l’indépendance du Cameroun, organisé le génocide Camerounais.

Depuis lors, la France s’est réfugiée dans le déni allant même jusqu’à prétendre que la colonisation a été un bonne chose pour les Africains en ce qu’elle leur a permis d’avoir accès à l’école et la médecine occidentale.

Aujourd’hui, un autre fait qui choque les Camerounais, c’est de savoir qu’une bonne partie de leurs avoirs extérieurs nets (50%) est déposée dans un « compte d’opérations » ouvert auprès du trésor Français.

Cependant, ce qu’on n’a pas souvent expliqué à nos compatriotes c’est que cette disposition avait été prise afin de fournir une garantie de convertibilité illimitée à cette zone CFA et que la BEAC et la BCAO bénéficient auprès du trésor Français d’un droit de tirage illimité en cas d’épuisement de leurs réserves en devises.

Par ailleurs, Les dépôts obligatoires effectués par ces Banques Centrales de la Zone CFA bénéficient d’un certain nombre de conditions avantageuses: d’une part, ils sont protégés contre les fluctuations monétaires, puisque leur valeur est garantie par rapport aux Droits de Tirages Spéciaux. D’autre part, ils sont rémunérés par le Trésor français au taux avantageux de la facilité de prêt marginale de la Banque Centrale Européenne.

Quoiqu’il en soit, excédée par ce qu’elle considère comme un autre abus, une bonne frange de la population Camerounaise pense qu’il faut quitter purement et simplement la zone CFA et créer une monnaie nationale. Mais, le problème qui se pose c’est que le Franc CFA est aujourd’hui surévalué par rapport au niveau réel des économies des pays de cette zone monétaire.

Les économistes s’accordent à dire que son niveau réel devrait être de 1 euro pour 1500 FCFA. Vouloir créer une monnaie dans des conditions pareilles avec une économie qui dépend essentiellement des importations ne serait-il pas de la pure folie?

Vilipender également la France à longueur de journée dans les médias n’est pas une solution.

Que faut-il faire?
Il faut tout d’abord préciser que l’article 17 de la convention de coopération monétaire signée à Brazzaville le 23 novembre 1972 entre les Etats membres de la zone CFA et la France dispose que: » Tout Etat signataire peut dénoncer la présente Convention. Cette décision prend effet à compter de la date de sa notification à l’Etat dépositaire. La négociation des arrangements nécessaires sera entreprise immédiatement entre les Etats signataires à la diligence de l’un quelconque d’entre eux.

L’application de la Convention de Compte d’opérations prévue à l’article 9 ci-dessus
Est suspendue de plein droit à compter de la date de cette notification, en ce Qui concerne cet Etat ».

Donc, le Cameroun peut très bien quitter la zone CFA s’il le souhaite.
Cependant avant de s’attaquer à la question du Franc CFA, nous devons d’abord commencer par engager des réformes structurelles profondes de notre pays sur tous les plans (économique, culturelle, social, politique, éducatif.), résoudre le problème de la mal gouvernance qui caractérise le Cameroun depuis l’avènement du « renouveau national », savoir rentabiliser nos ressources humaines et savoir faire confiance à notre expertise nationale.

Comment pouvons-nous expliquer que la majorité des ingénieurs Camerounais résident en Allemagne? Que les meilleurs des médecins Camerounais résident en Belgique et en Angleterre? Que les meilleurs enseignants Camerounais résident en France, aux Etats-Unis et en Afrique du Sud?

Le Cameroun forme à l’école polytechnique de Yaoundé chaque année des centaines d’ingénieurs en travaux publics, pont et chaussées.
Comment expliquons-nous que pour construire un simple pont (fut-il sur le Wouri) que nous nous endettions auprès de la France et que nous fassions appel à l’expertise extérieur?

Nous disposons d’un laboratoire de génie civil et du génie militaire, pourtant, pour construire nos routes, nous allons chercher l’expertise étrangère et nous nous endettons pour acheter des matériaux comme la pouzzolane et le goudron que nous avons chez nous en abondance.

Est-il normal qu’on meurt encore du paludisme au Cameroun alors que son traitement total coûte à peine 1500 FCFA (soit 1,5 euros)?
Le Cameroun dispose des ingénieurs mines spécialisés dans les industries extractives. Est-il normal que ce soient les coréens qui viennent extraire notre or et notre diamant?

La compagnie aérienne de Guinée Equatoriale vient de passer une commande de dix avions Airbus neufs pour sa flotte. Nous au Cameroun, nous avons un vieux Boeing qui constitue l’unique avion de notre compagnie aérienne. Est-ce normal?

Même le football qui restait notre motif de fierté est devenu le temple de la maffia. Est-ce aussi à cause des Français?
Est-il normal qu’avec toutes les terres cultivables et fertiles dont dispose le Cameroun que nous soyons incapables d’atteindre l’autosuffisance alimentaire au point de bénéficier de l’aide alimentaire du fond mondial pour l’alimentation?

La question du Franc CFA est certes préoccupante parce qu’il s’agit d’une monnaie d’asservissement mais avant de décider d’en sortir, un certain nombre de conditions doivent être remplies aux rangs desquelles: la bonne santé de notre économie et la bonne gouvernance. Sinon nous allons simplement précipiter le Cameroun dans la pauvreté plus qu’il ne l’est aujourd’hui.

Notre pays est aujourd’hui une vaste bananeraie parsemée de constructions anarchiques et ne disposant ni plan de développement, ni plan d’urbanisation, ni politique économique.

Est-ce dans ces conditions que nous devons vraiment aller vers la création d’une monnaie nationale?


Droits réservés)/n

Boko Haram: la mentalité du colonisé, l’autre acteur du conflit

Par Paul Daniel Bekima

Demandez à un citoyen ordinaire du monde la relation qui existe entre d’une part les multinationales, la politique étrangère des pays dits riches, la science politique telle qu’enseignée dans les universités occidentales, les institutions et organisations internationales, les medias occidentaux, les ONG, et d’autre part, la pauvreté, la misère, les guerres, les coups d’état, les leaders impopulaires, certaines endémies en Afrique ainsi que, l’émigration de masse et la mentalité arriérée, et écoutez sa réponse.

Que ce citoyen réponde par un: «je n’en voie pas un» ne devrait pas être étonnant, car bien qu’il y ait un rapport direct dans ce sens ci que les premiers produisent les deuxièmes, ce rapport est tellement bien dissimulé par des outils sophistiqués qu’il n’est pas évident pour le commun des mortels de l’identifier correctement.

Toute cette structure de dissimulation mise en place par les puissants s’écroulerait, si la fondation ou le fondement qui lui permet de rester en place était détruit, et cette fondation est la mentalité de colonisé que beaucoup d’africains continuent de porter en eux. Le maintien de cette mentalité par les uns et sa destruction par les autres est donc l’enjeu du conflit d’abord culturel puis politique et économique sans merci que se livrent les prédateurs et les partisans de l’Afrique libre.

C’est dans le cadre de ce conflit qu’il faut évaluer la situation de l’Afrique aujourd’hui et saisir la dynamique qui soutend les activités des prédateurs. Ces derniers ont de l’expérience, les moyens et essayent de s’adapter aux situations en fonctions des réalités du terrain, ils utilisent ce que l’on appellerait en informatique des algorithmes adaptatifs, mais leurs objectifs restent les mêmes. Il est donc question pour les africains d’observer ces prédateurs dans leurs manigances afin de les contrer, mais aussi et surtout d’anticiper leurs mouvements. C’est ce décryptage des actions des adversaires de l’Afrique que nous allons essayer de faire en utilisant l’exemple du conflit contre Boko Haram.

Les 3 véritables entités du Conflit de Boko-Haram
Pour une bonne compréhension des enjeux de ce conflit il est judicieux de commencer par considérer séparément et sans un ordre précis les acteurs présents qui sont: les pays riverains, les prédateurs et les trouble-fêtes, mais surtout le choc de 2 mentalités: l’une positive qui représente l’africain décomplexé, l’autre négative et dont Boko-Haram n’est qu’une triste manifestation.

Les 2 Afriques
Des évènements récents sur l’étendue du sol africain ont mis en lumière deux Afriques qui coexistent sur le continent: une nouvelle Afrique décomplexée et qui prend ses responsabilités en trouvant des solutions africaines aux problèmes africains. Cette Afrique émergente qui effraye tous les prédateurs vient d’être révélée au monde par la coalition du bassin du lac Tchad où quatre pays avec l’appui de leurs voisins et frères ont pris sur eux la lutte contre un groupe terroriste.

La deuxième Afrique quant à elle est la vieille Afrique, celle que les media occidentaux adorent, cette Afrique timorée, misérable, peu confiante en elle et dont l’étalage dans les medias a amené l’opinion publique occidentale conditionnée à se demander si le monde en général ne vivrait pas mieux sans ce boulet aux pieds du monde. C’est cette 2eme Afrique qui pose problème car elle est le point d’encrage, c’est-dire le socle sur lequel s’appuient les oppresseurs pour mener à bien leurs opérations de contrôle de l’Afrique. A quoi ressemble cet africain que nous qualifions de captif de la colonisation?
C’est celui qui dans le cas du Cameroun par exemple a de la sympathie pour des gens qui ont massacré environ 400 000 de ses concitoyens (10% de la population de l’époque) et qui appellent incitateurs à la haine ceux qui dénoncent ce génocide.

C’est lui qui a accueilli avec enthousiasme la mort de Kadhafi donnant ainsi un sacré coup de frein au rêve du Fond Monétaire et à la Banque Africaine que ce dernier voulait mettre en place. C’est le même qui aujourd’hui continue de célébrer Sarkozy, alors que ce dernier, noyé dans les problèmes de justice est loin d’être une référence morale.

C’est celui qui fait des victimes les coupables et des coupables les victimes; Areva non seulement confisque l’uranium nigérien mais en plus l’exploite à ciel ouvert empoisonnant ainsi tout l’environnement. Dans cette histoire, le colonisé donne tort au Niger et raison à Areva.

C’est celui qui, même dans sa relation avec le Tout-Puissant, adopte la représentation de Dieu servie par une autre culture et méprise celle de ses ancêtres et appelle leurs cultes du sacré, activité satanique.

C’est celui qui comme dernièrement en Afrique du Sud, est prêt à découper à la machette son frère venu chercher une vie meilleure, mais qui n’ose même pas questionner les positions de privilège qu’occupe l’oppresseur qui est venu le déposséder de ses terres.
C’est celui qui comme le ministre camerounais de l’agriculture, Lazare Essimi Menye saute dans le premier avion en direction de Florence (Italie) afin de soumettre le problème de la transformation et de l’exploitation de la farine de manioc aux chercheurs de l’Université de cette ville qui eux ne connaissent pas grande chose du manioc, mais qui en même temps évite de parler aux chercheurs camerounais qui eux maitrisent le manioc et ont écrit des tonnes d’articles et de thèses sur le sujet de sa transformation et de son exploitation.

L’on peut multiplier à l’infini des exemples d’activités du colonise captif. Même le football n’est pas à l’abri.

Voilà en quelques mots l’outil qui permet aux prédateurs de maintenir une domination sans partage sur le continent africain. L’on ne peut vraiment dire combien le visionnaire Steve Biko avait raison lorsqu’il déclarait : « L’arme la plus redoutable entre les mains de l’oppresseur est la mentalité de l’opprimé ». C’est cette mentalité qui donne un avantage incroyable au bourreau dans la dynamique proie-prédateur, et le bourreau ne se fait pas prier pour l’utiliser à fond, en multipliant les actes qu’un esprit aussi confus que celui de son captif ne peut comprendre.

Le cas de Boko-Haram
Voilà un groupe d’illuminés qui se réclament d’un islam authentique (soit dit en passant que l’islam n’est pas une religion africaine) et dont le nom se traduit par l’éducation occidentale est un péché, et qui dans leur confusion mentale ne voient pas la contradiction entre ce qu’ils prétendre être et qui ils servent, ils ne se posent même pas la question de savoir quelle éducation produit les armes qu’ils retournent allègrement contre leurs vrais semblables.

Passons maintenant aux pays riverains du bassin du lac Tchad.

Les pays riverains du Bassin du Lac Tchad
Que se passe-t-il dans cette zone qui soit de nature à attirer l’attention des maitres du monde?

-Le Cameroun a un président en fin de règne qui montre des velléités d’indépendance et embrouille le processus de transition de pouvoir; il y a donc un risque énorme de voir le pouvoir tomber entre les mains des nationalistes. En plus l’on aurait découvert dans la partie Nord de ce pays d’immenses gisements de pétrole et d’uranium qui sont des matières premières stratégiques.
.Le Niger est l’hôte des plus grands gisements d’uranium au monde, et il a commis «l’erreur» de vouloir en tirer un meilleur profit de ses richesses en essayant de renégocier les contrats d’exploitation de ce minerai par la société française Areva. Il a en plus commis le «péché» de vouloir faire jouer la carte de la concurrence chinoise.
.Le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique et il est immensément riche, son économie étant devenue depuis peu la 1ere d’Afrique. Sa grande population et son pouvoir financier pourraient le rendre incontrôlable par les prédateurs, il est donc nécessaire de le fragmenter en petites entités étatiques comme on l’a fait au Soudan.

-Le Tchad qui au départ n’était pas directement visé est riche en pétrole et a à sa tète un président aussi en proie à de grosses velléités d’Independence qui en plus ne mâche pas ses mots lorsqu’il est question de fustiger le comportement de ses alliés français.
Passons aux prédateurs et trouble-fêtes
Les Maitres du monde
.Les Etats-Unis cherchent à établir des bases militaires en Afrique depuis qu’ils ont compris que ce continent pourrait devenir l’arbitre de la compétition que leur livre la Chine ; il est donc question pour eux, à défaut de chasser la Chine d’Afrique, au moins de limiter son avancée. C’est dans le même esprit qu’Obama a initié les accords de commerce trans-pacifiques.
.La France: si ce pays perd l’Afrique, il ne s’en remettra peut-être jamais, c’est aussi simple que cela. Le bassin du lac Tchad est essentiel à son maintien en Afrique, c’est la raison d’être de la base militaire Barkhane, et du balai diplomatique des officiels français dans les capitales africaines et surtout à Yaoundé (Cameroun).

Qu’en est-il de la Chine?
Ce pays comme tous les autres a compris que l’accès aux matières premières africaines était essentiel à son rayonnement, mais contrairement à ses concurrents, elle a adopté une approche intelligente et habile qui consiste à établir des relations gagnant-gagnant.

Au rang des « trouble-fête », l’on peut citer la Russie et la Turquie, la 1ere ayant une dent à régler avec ses adversaires de toujours, qui n’ont fait qu’exacerber la tension avec Moscou à travers leur rôle dans le problème Ukrainien. Le 2eme pays quant à lui a vécu comme une humiliation sa non-intégration à l’union européenne, et avec la situation actuelle au Moyen-Orient il veut s’affirmer comme un acteur majeur dans la conduite des affaires du monde.

Il est maintenant question d’expliquer le rôle de Boko-Haram dans la guerre de prédation.

Boko-Haram comme instrument de déstabilisation et de conquête.
Sur le sujet des stratégies de conquête utilisées par le prédateur, beaucoup de livres ont été publiés mais à notre avis l’auteur qui traite le mieux la question est John Perkins, car contrairement à des universitaires qui font des constructions théoriques sur le sujet en s’appuyant sur des hypothèses plus ou moins plausibles, John Perkins est un homme de terrain qui décrit la réalité concrète en s’appuyant sur son expérience personnelle d’ancien agent en première ligne dans cette campagne de banditisme. Ses 2 livres sur le sujet: Confessions of an Economic Hit man et Hoodwinked sont fortement recommandés. Dans ces livres, il décrit différents scenarii et outils qui ont pour finalité de mettre en captivité les pays riches en ressources stratégiques.

Nous pouvons citer dans le désordre: la dette, les changements de régime, le contrôle des successions au pouvoir, la création et le financement des rebellions armées et des groupes terroristes, des assassinats. L’ordre dans lequel ils procèdent dépend de la situation; dans certains cas l’on peut commencer par des actes de bienveillance et finir par la violence, dans d’autres cas l’on peut commencer directement par la violence, au cas où elle ne mord pas, enchainer avec des actes de bienveillance pour éventuellement revenir à la violence.

Dans le cas qui nous concerne, le 1ere phase de violence n’a pas réussi à obtenir les résultats voulus par les envahisseurs qui font maintenant semblant d’être gentils.

Prenons par exemple le Cameroun et regardons ce qui s’y passe depuis peu.

Quelques actes de bienveillance
Mars 2015: le Japon débloque une aide de 9 milliards de francs CFA pour les refugiés au Nord-Cameroun, ces fonds sont gérés par le HCR, le PAM, Le PNUD, l’UNICEF.
Avril 2015: L’agence spatiale Airbus Defense & Space veut s’installer au Cameroun
Avril 2015: Automobile : Volkswagen s’installe au Cameroun
Mai 2015: Les Etats-Unis offrent 20 milliards de francs CFA au Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad pour la lutte contre Boko-Haram.
Mai 2015: La chambre de commerce du Canada promet un don de 1 milliards 250 millions à Synergie Africaine.
Nous ne reviendrons pas sur les actions de la France, nous vous referons plutôt à l’article de Gabriel Makang: France-Cameroun: Les Attitudes Coupables de la France, mais nous ne pouvons pas ignorer les hallucinations d’un illuminé nommé Jean-Louis Borloo qui du jour au lendemain s’est découvert des vertus messianiques au point de prendre sur lui la responsabilité d’électrifier l’Afrique toute entière alors qu’on ne lui connait aucune action d’éclat lors de son passage au gouvernent, ni même à la tète de la mairie de Valenciennes.
Beaucoup de lecteurs se posent probablement la question de savoir quels intérêts certains pays précités en particulier le Japon et l’Allemagne ont dans cette affaire. Ces deux pays n’ont peut-être pas un intérêt direct, mais sont membres de la trilatérale (www.trilateral.org) et comme tels sont appelés à rendre par (loyauté au groupe) des services aux autres membres.

La commission Trilatérale fut officiellement créée le 1er Juillet 1973 à Tokyo sur proposition de David Rockefeller. Elle regroupe en son sein entre 300 et 400 personnalités influentes recrutées en Europe de l’Ouest en Amérique du Nord et l’Asie Pacifique; le tout bien encadré par le groupe Bilderberg et le Council of Foreign Relations. Son but officiel est de Promouvoir et construire une coopération politique et économique entre ces trois zones clés du monde. Mais pour beaucoup d’observateurs avertis comme l’universitaire Gérard Soulier, le vrai but de cette commission est de préparer la constitution du gouvernement du Nouvel Ordre Mondial.
D’après l’universitaire Olivier Boiral, cette commission s’active en réalité à protéger les intérêts des multinationales et à « éclairer » avec ses conseils les décisions des dirigeants politiques de ce monde.
C’est donc dans le cadre de cette stratégie d’endormissement que l’on nous envoie des gens de prime abord insoupçonnables, exactement comme les terroristes l’ont fait par le passé pour déjouer la vigilance des services de police (voir le livre de Charles Villeneuve: Histoire Secrète du Terrorisme: Les Juges de l’Impossible), afin de nous faire tomber par manque de vigilance dans le piège tendu.

Quelles leçons pouvons-nous tirer de cette situation?
I. Pour les Africains
Il est clair que les matières premières africaines bon marché (ou gratuites) sont indispensables aux industries occidentales et leur puissance qui en dépend d’ailleurs ; vu sous cet angle nous ne pouvons pas compter sur leur aide pour nous tirer d’affaire. Ou avez-vous déjà vu un prédateur (dominant) donner à sa proie (dominée) les armes de sa libération, surtout si ceci signifie la perte de ses privilèges?

Les africains ne peuvent donc compter que sur eux-mêmes sur leurs partenaires naturels les Afro-descendants (avec lesquels il faudrait établir sans délais des relations solides), et sur un jeu habile d’alliances de circonstance pour se tirer d’affaire. Les aides et les programmes d’assistance ne sont que des enfumages.

Le transfert de technologies tant promis par l’occident n’est qu’une illusion. L’Afrique doit ouvrir et financer ses propres centres de recherche, afin de contrôler ses ressources et son destin.
Réduire les facteurs de vulnérabilité, en décentralisant la gestion, car l’hypercentralisation du pouvoir est un puissant outil entre les mains des prédateurs.

II. Pour les Français
res plus de 50 ans d’exploitation sans partage de l’Afrique francophone, il est temps de tourner la page, les modèles de gestion anciens ont vécu et sont aujourd’hui dépassés. La France doit se rendre à l’évidence qu’elle n’aura jamais plus accès gratuitement aux matières premières des africains et ne confisquera plus jamais leur argent dans son trésor publique car même la domination à hauteur de plus de 80% de ces économies par les entreprises françaises prendra fin dans le court terme. Il vaut mieux prendre les devants, en s’asseyant avec les africains afin de discuter sérieusement du futur du franc CFA et des accords de défense. Si la France ne le fait pas, tôt ou tard les africains le ferons et probablement en leurs termes en écartant la définitivement la France.

III. Pour les américains
Il est temps que les américains mettent en place leur propre politique africaine et qu’ils cessent de dépendre de la France dans la conduite de leurs affaires sur ce continent. L’Amérique a sous sa main une carte-clé à savoir la population Africaine-Américaine. Plutôt que de garder diviser les membres d’une même famille de part et d’autre de l’Atlantique, il est temps qu’elle (Amérique) commence à favoriser leur rapprochement. Si elle le fait et adopte la philosophie chinoise dans ses relations avec l’Afrique, elle en sortira grande gagnante, car même les problèmes qu’elle rencontre avec sa population noire trouveront une solution. De toutes les façons, avec les nouvelles cartes géopolitiques qui se dessinent, elle aura à décider qui, de la France à bout de souffle ou de l’Afrique unifiée lui sera le plus utile. Une erreur de décision va sceller le sort de la compétition avec la Chine.

Conclusion
Au moment où de nouvelles cartes géopolitiques sont entrain d’être dessinées, les ressources naturelles africaines sont une fois de plus au centre de toutes les man uvres, car selon les belligérants, celui qui va les contrôler dominera le monde. Mais cette fois-ci la situation s’annonce différente, car une nouvelle mentalité africaine est entrain de s’épanouir. Cette mentalité qui caractérise l’africain décomplexé doit être cultivée, car ce n’est qu’à travers elle que les africains pourrons de nouveau jouir d’une grande liberté et mettre leurs ressources au service du bien être de leurs populations et éventuellement apporter au monde une seconde humanité. Au rythme où vont les choses, la planète en a terriblement besoin.


Droits réservés)/n