Présidentielle camerounaise : les électeurs ont surveillé le dépouillement des urnes

Ils se sont conformés aux demandes des candidats de l’opposition qui les appelaient à rester dans les bureaux de vote pour contrer toute fraude.

Les Camerounais ont voté, dimanche, la personnalité qui devra présider aux destinées de  leur pays pendant les sept prochaines années. Le scrutin a duré toute la journée jusqu’à 18h. En soirée, de nombreux électeurs ont afflué dans les bureaux de vote pour contrôler les opérations de dépouillement.

Timothée est l’un d’eux. Il a garé sa moto dans la cour du lycée bilingue d’Essos et s’est dirigé droit vers le bâtiment abritant les six salles de classe aménagées pour le vote. Il est tout souriant et se frotte les mains dans une attitude de devoir accompli. S’il a laissé son activité, c’est pour s’assurer que les « votes de son candidat ne sont pas détournés ».

Timothée, comme beaucoup d’autres ici, a répondu à l’exhortation des candidats à la présidentielle comme Cabral Libii du parti Univers et Maurice Kamto du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). Ceux-ci avaient invité leurs sympathisants à appuyer les scrutateurs déployés dans les différents points dédiés durant tout le processus de vote et de décompte. L’opposition entendait ainsi combattre les phénomènes des votes multiples et du bourrage des urnes.

D’une salle à l’autre, Timothée a assisté patiemment au décompte des voix. Silencieux. Seuls quelques sourires en coin montraient sa satisfaction devant les scores représentés en petits bâtonnets sur les tableaux noirs.

Le dépouillement des urnes terminé, l’ultime étape de la « mission » des électeurs consistait à s’assurer que les procès-verbaux remis aux représentants des partis politiques soient corrects.

Rien n’a été laissé au hasard. Ces observateurs amateurs n’ont pas lésiné sur les moyens pour mener à bien leur mission. Ils se sont munis de stylos, de feuilles, et de smartphones pour certains. C’est ainsi que les tendances de vote ont été mis à la disposition du plus grand nombre sur la toile. Une attitude condamnée par Elecam, qui a publié un communiqué dimanche pour décliner « toute responsabilité (…) sur les résultats non officiels de l’élection présidentielle 2018 actuellement publiés via les réseaux sociaux ».

Présidentielle au Tchad: treize candidats en attente du dépouillement

Pour l’un des candidats, Nouradine Delwa Kassiré Coumakoye, le scrutin de dimanche est illégal, car une partie de la société civile qui siège à la Céni s’est retirée

Près de six millions d’électeurs étaient appelés à voter au Tchad dimanche, 10 avril 2016, pour élire un nouveau président. Treize candidats sont en lice, dont le président sortant Idriss Deby qui brigue un cinquième mandat. Cette élection s’est globalement déroulée dans le calme. Toutefois, l’important dispositif de sécurité a été interprété comme une volonté « d’intimidation » et de premières contestations concernant la légalité du scrutin se font entendre.

Dans la capitale, le scrutin s’est plutôt bien déroulé : le matériel électoral était en place à temps. Les électeurs ont voté dans le calme. Et ce malgré quelques dysfonctionnements signalés par endroits.

Parmi ces dysfonctionnements figure notamment la question du statut des électeurs dit « nomades ». Cette catégorie regroupe à la fois les communautés d’éleveurs, amenées à transhumer régulièrement. Mais aussi des citoyens qui n’ont pas la possibilité de voter dans leur lieu d’origine. Leur statut devrait leur permettre de voter dans n’importe quel bureau. Seulement cette question n’a pas été clairement tranchée, et durant le week-end, plusieurs électeurs ont été refoulés tandis que d’autres ont été autorisés à voter.

« C’est très grave, car il y a 520 000 électeurs nomades, c’est quasiment la seconde circonscription après Ndjamena, qui compte environ 850 000 électeurs », s’inquiète une source bien informée. Jointe par RFI, la Céni n’a pas souhaité s’exprimer sur cette question pour le moment. La compilation des résultats provisoires devrait être rendue publique dans deux semaines.

« Illégalité totale »
Pour l’un des candidats, Nouradine Delwa Kassiré Coumakoye, le scrutin de ce dimanche est illégal, car une partie de la société civile, qui siège à la Commission électorale nationale indépendante (Céni), s’est retirée. « La Céni est composée de trois organes : la majorité, l’opposition, la société civile. La vraie société civile. Dès l’instant que la troisième pièce disparaît, la Céni n’existe plus, argue-t-il. Nous sommes sur une voie de l’illégalité totale. Décider de la vie de la nation par manque de la société civile est un grand risque de sécurité nationale pour notre pays. »

Après l’arrestation des leaders de la société civile et des syndicats qui se préparaient à organiser des manifestations contre la candidature du chef de l’Etat à la présidentielle, l’Union des syndicats du Tchad, représentée à la Céni, a annoncé qu’elle se retirait de l’organe chargé des élections, ainsi que tous les autres organes étatiques où elle est représentée.

Le chef de l’Etat Idriss Déby Itno a appelé dimanche au respect du verdict des urnes. « Les élections ne doivent pas être source de crise, source de divisions ou sources de déchirements. A la classe politique d’accepter de la manière la plus sincère et honnête possible les résultats des urnes, le choix du peuple. La vie continue. Ça ne s’arrête pas à une élection », a-t-il déclaré après avoir voté.

Fin des opérations de vote au Tchad après un scrutin sans incident.
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