Elections au Gabon : Ali réélu, Bongo renversé

Déclaré vainqueur de la présidentielle du 26 août dernier, Ali Bongo Ondimba, 14 ans au pouvoir, n’aura pas le temps de savourer la victoire. Celle-ci vient d’être annulée par un groupe de militaires. 

Ce matin, un groupe de militaires annonce l’annulation des résultats et la dissolution des institutions. « Coup d’Etat en cours au Gabon » ! « Libreville entre les mains des militaires ». Voilà qui se lit et qui se raconte depuis les premières heures de cette matinée du 30 août 2023. Une dizaine de militaires a fait irruption très tôt à la télévision Gabon 24, logée au sein de la présidence de la République, avant de délivrer un message au peuple gabonais et à la communauté internationale.

Dans ce discours, les hommes en tenue annoncent l’annulation des résultats du scrutin du week-end dernier, donnant Ali Bongo Ondimba vainqueur avec 64,27% des suffrages valablement exprimés. Soit 293.919 voix, pour un taux de participation de 56,65%. Son suivant immédiat, Albert Ondo Ossa n’a obtenu que 30,77% des suffrages, selon les données publiées par le président du Centre gabonais des élections, Michel Stéphane Bonda.

Quelques heures après la publication de ces résultats, les militaires s’emparent du pouvoir en dissolvant l’ordre constitutionnel, non sans donner leurs motivations. Voici l’intégralité de la déclaration faite par l’un des militaires :

« Notre beau pays, le Gabon, a toujours été un havre de paix.

Aujourd’hui, ce pays traverse une grave crise institutionnelle, politique, économique et sociale.

Aussi, force est d’admettre que l’organisation des échéances électorales, dites élections générales du 26 août 2023, n’a pas rempli les conditions d’un scrutin transparent, crédible et inclusif tant espéré par les Gabonaises et les Gabonais.

A cela s’ajoute une gouvernance irresponsable, imprévisible, qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale, risquant de conduire le pays au chaos.

Ce jour, 30 août 2023, nous, forces de défense et de sécurité, réunies au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), au nom du peuple gabonais et garant de la protection des institutions, avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place.

A cet effet, les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulés.

Les frontières sont fermées jusqu’à nouvel ordre.

Toutes les institutions de la République sont dissoutes, notamment le gouvernement, le Sénat, l’Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle, le Conseil économique, social et environnemental, le Centre gabonais des élections.

Nous appelons les populations, les communautés des pays frères installées au Gabon ainsi que les Gabonais de la diaspora au calme et à la sérénité.

Nous réaffirmons notre attachement au respect des engagements du Gabon vis-à-vis de la communauté nationale et internationale.

Peuple gabonais, c’est enfin notre essor vers la félicité.

Que dieu et les mânes de nos ancêtres bénissent le Gabon.

Honneur et fidélité à la patrie.

Je vous remercie. »

Cameroun : un conseiller spécial de Maurice Kamto quitte le MRC

Sosthène Médard Lipot a annoncé sa démission du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) à compter de ce 16 mai 2023.

Un compagnon du tireur de penalty claque la porte du train de la renaissance. L’on attend à présent qu’il fasse connaître au public la direction qu’il va prendre. A compter d’aujourd’hui, Sosthène Médard Lipot n’est plus militant du MRC. Il n’est plus conseiller spécial du président de ce parti politique Maurice Kamto, arrivé 2è à l’élection présidentielle de 2018. Comme raison, le désormais ex-militant du MRC avance la prise en otage du parti par des extrémistes. « Mon engagement était pour ‘un changement d’avenir dans la paix’. Des extrémistes ont pris le parti en otage », clame le démissionnaire dans un tweet.

Suite à cette démission, plusieurs membres et sympathisants du MRC ont réagi. « Sosthène Médard Lipot, tu as contribué à tracer les sillons de la Renaissance, tu es arrivé au bout de tes efforts. La Renaissance te sera éternellement reconnaissante. Ça a été un plaisir et un honneur d’avoir fait ce bout de chemin avec toi. Bon vent Nyandom (frère) (…) », s’exprime Joseph Emmanuel Ateba, chargé de la communication du MRC sur Facebook.

« Je comprends que tu étais fatigué. Je comprends que le combat t’a épuisé. Je comprends que tu n’as pas pu supporter les contradictions de la lutte pour l’avènement d’un Cameroun nouveau (…) Je salue ta témérité dans cette lutte. Je sais que même en dehors du MRC tu continueras de militer pour le changement », écrit un autre militant du même parti.

Pour lui comme pour le chargé e communication, le départ de Sosthène Médard Lipot n’arrête pas le train de la renaissance en marche, ce d’autant plus qu’il n’est pas le premier à démissionner du parti. Christian Penda Ekoka et Paul Eric Kingue de regrettées mémoires, de fervents soutiens de Maurice Kamto et du MRC avaient démissionné pour des raisons presque similaires.

Mais, cela n’a pas semblé affecter celui qui tient les commandes du parti. « Si tu sais où tu vas, tu n’as pas peur que des personnes t’abandonnent en cours de route car celui qui t’abandonne n’a pas changé ta destination », a déclaré Maurice Kamto le 06 mai dernier lors d’un meeting à Yaoundé Mendong, en réaction à certaines démissions successives

Sosthène Médard Lipot s’en va au moment où il existait déjà des tensions entre lui et certains autres militants du parti. Alors que ce journaliste principal hors échelle annonce sa démission du parti, Aissatou Bouba Dalil qui se querelle avec lui depuis quelque temps, pense qu’il « doit revoir ses plans et mieux évaluer les risques ». Le traitant de tribaliste, la secrétaire national environnement et tourisme soutient que le démissionnaire qui a été aussi chargé de communication du parti, « n’a plus rien à faire au MRC ». Elle aurait sans doute mal accueilli la déclaration du désormais ex-militant, membre fondateur du MRC.

Crise anglophone : «La violence ne fera que favoriser les brutalités» (Amnesty international)

L’Ong, qui craint une flambée des violences en cette veille d’élection présidentielle, invite l’Etat à condamner toute personne responsable de violence.

« La situation dans les régions anglophones du Cameroun devient de plus en plus désespérée ». C’est le constat fait par Amnesty International dans un rapport publié ce 18 septembre sur la crise anglophone au Cameroun. Ce rapport fait suite aux récentes attaques des séparatistes à Bafut, le 03 septembre et quelques jours après à Buea, où les soldats stationnés près du collège Saint-Joseph Sasse ont été pris pour cible.

Selon Samira Daoud, directrice régionale adjointe pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest d’Amnesty International, les violences dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest échappent à tout contrôle et aucun camerounais n’est épargné par les dégâts ainsi causés. «Puisque des étudiants et des enseignants ont été attaqués et kidnappés, nous avons des raisons de croire que la vie de nombreux autres citoyens est en péril, du fait des violences perpétrées par certains membres des groupes armés séparatistes. Cela doit cesser immédiatement », a déclaré Samira Daoud.

Le bilan des violences orchestrées dans les régions anglophones du Cameroun depuis fin 2016, fait état de plus de 400 citoyens tués par les forces de sécurité et les séparatistes armés. Toujours selon l’Ong, plus de 160 cas de membres des forces de sécurité sont morts aux mains des séparatistes armés depuis le début de la crise dans les régions anglophones. Le rapport précise néanmoins que le bilan pourrait s’avérer plus lourd, puisque toutes les attaques ne sont pas signalées.

En outre, Amnesty International a recensé « plus de 260 problèmes de sécurité depuis le début de l’année ». Ces problèmes vont des affrontements entre séparatistes armés et forces de sécurité, à l’enlèvement de civils en passant par l’assassinat de membres des forces de sécurité par les séparatistes. Ledit rapport stipule également que ces faits englobent également « les homicides illégaux imputables aux forces de sécurité et la destruction de biens privés par les deux parties ».

« La violence ne fera que favoriser les brutalités, les crimes et les souffrances indicibles. Le gouvernement doit enrayer cet engrenage en vue de rétablir la paix dans les régions anglophones », ajoute Samira Daoud. Les autorités camerounaises devraient donc s’engager sans délai à mener des enquêtes rapides, indépendantes et efficaces sur ces agissements. Ce qui permettrait de traquer Les membres des deux camps qui seraient responsables d’attaques, d’homicides ou de destructions de biens.

Crise anglophone : l’exode de la population inquiète les autorités

Les gouverneurs des régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest tentent de rassurer les populations de leurs territoires de commandement respectifs, à la suite des déplacements massifs observés en fin de semaine dernière.

De mercredi à samedi derniers, la ville de Buea, chef-lieu de la région du Sud-Ouest du Cameroun, a connu un exode massif de sa population, vers des villes plus sûres telles que Douala et Yaoundé. Ce déplacement en masse des habitants faisait suite à des menaces des combattants séparatistes, qui ont promis de perturber l’élection présidentielle du 7 octobre prochain.

Cette situation a incité le gouverneur de ladite région, Bernard Okalia Bilai, à intervenir afin de dissiper les craintes d’ordre sécuritaire qui motivent ces départs. Il a rassuré les populations, en présentant les mesures prises pour sécuriser la région, tout en appelant ceux-ci à retourner s’occuper de leurs affaires sans peur.

Bernard Okalia Bilai s’est rendu samedi à la gare de Mile 17, où il a rencontré les responsables des syndicats de transporteurs. Au cours de leurs échanges, le gouverneur leur a demandé de sensibiliser la population locale sur l’importance de ne pas se fier aux rumeurs d’une répression militaire imminente liée à la recherche de suspects séparatistes.

Comme lui, le gouverneur de la région du Nord-Ouest, Adolphe Lele Lafrique, a donné des recommandations aux habitants de son territoire de compétence, les invitant au « civisme » et à « l’amour de leur pays ». « Je réaffirme aux populations en général que leur sécurité est assurée, et je demande aux fonctionnaires de vaquer à leurs occupations sereinement », a écrit le gouverneur dans son communiqué de presse.

A trois semaines de l’élection présidentielle, la sécurité en zone anglophone, est plus que jamais, sujette à préoccupations.

Présidentielle 2018: Cabral Libii attendu sur le plateau de TV5 Monde

Le candidat de l’élection présidentielle du 07 octobre prochain passera sur la chaîne de télévision le 9 septembre pour parler de son projet de société pour le Cameroun.

Cabral Librii sera reçu sur le plateau de la chaîne TV5 Monde, le 9 septembre prochain. L’occasion lui sera donnée pour défendre son projet de société segmenté en onze axes. A ce titre, l’on retient entre autres, un cadrage étatique qui répond aux attentes des citoyens, un plein emploi dans un environnement de travail et bancaire incitatif et une couverture sanitaire garantie pour chaque citoyen camerounais.

En séjour en Europe depuis le vendredi 31 août dernier, le candidat est résolument lancé dans une conquête des voix des camerounais de la diaspora. Une stratégie de pré-campagne qui lui a permis, à cette date, de se rendre en Suisse et aux Etats-Unis, où des meetings et diverses activités ont été organisés. Ce lundi 03 septembre 2018, il a donné une interview au média allemand Deutsche Welle en attendant les meetings de ce soir.

Présidentielle 2018 : les partis politiques du G20 justifient leur soutien à Paul Biya

Les responsables de ces formations de l’opposition camerounaise qui disent militer en faveur du patriotisme et du nationalisme, présentent le chef de l’Etat comme le meilleur risque.  

Depuis l’annonce de leur soutien à la candidature de Paul Biya pour l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, les présidents des vingt partis politiques de l’opposition réunis au sein du G20 sont vilipendés sur les réseaux sociaux et au sein même de leur formation politique.

«Je représente les femmes dans le G20. J’ai décidé de soutenir le président de la République, et j’en souffre. Dans mon propre parti, les militants ne sont pas contents», témoigne Assana Marie Gisèle Epse Abba. Elle est la présidente de la Révolution camerounaise du peuple uni (Rcpu).

Il y a une semaine encore à Douala, une vingtaine de militants- dont des cadres-, des Patriotes démocrates pour le développement du Cameroun (Paddec) de Jean de Dieu Momo du parti, mécontents du nouveau positionnement de leur président national, démissionnaient du parti, pour rejoindre les rangs du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto.

Lors d’une sortie à Douala le vendredi 03 août 2018, le G20 a donc tenu à faire une déclaration pour justifier son soutien à la réélection du chef de l’Etat au prochain scrutin présidentiel. Dans ladite déclaration, le « collectif des 20 » soutient que le président de la République réunit, à leur avis, les qualités et les atouts nécessaires pour maintenir la paix, la stabilité, l’unité nationale, le progrès économique et le respect du Cameroun dans le concert des nations.

Le G20 explique que sa première démarche, qui avait pour but de susciter une candidature unique de l’opposition camerounaise, « n’a rencontré que du mépris de ceux qui, dans les rangs de cette opposition, prétendent qu’ils sont forts, et peuvent se battre et gagner seuls l’élection présidentiel ».

Patriotisme

Le G20 fait savoir que Paul Biya est le seul candidat dont le parti couvre les 360 arrondissements et a effectué une quarantaine de descentes de terrain depuis 2011, tandis que les partis politiques de l’opposition s’y sont mis à la veille de la présidentielle.

«L’élection présidentielle de 2018 opposera deux camps. Le camp de la paix, des nationalistes et des patriotes qui défendent l’intérêt des camerounais, du Cameroun et de toutes ses richesses qu’incarne le président Paul Biya, et le camp de l’impérialisme qui utilise un certain nombre d’opposants entre guillemets. Mais ce sont des opposants néocoloniaux qui veulent chasser Paul Biya par la force accompagné de l’establishment international comme ils l’ont fait en Lybie et en Côte d’Ivoire », explique Jean De Dieu Momo, membre du G20.

Il est donc question pour le G20, d’un acte patriotique et nationaliste. Ses membres ne se réclament pas, pour autant, du Rdpc, le parti au pouvoir, mais voient en Paul Biya, le meilleur risque dans le contexte actuel marqué par la crise anglophone, Boko Haram, l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations.

« Le Cameroun a besoin d’un leader expérimenté. Mais nous n’avons pas l’expérience de Biya. Ce n’est pas le moment de penser à l’alternance, mais c’est le moment de se mettre ensemble derrière le président», soutient Dr. Benz Enow Bate. Il est le président du Chairman Democratic Party (CDP).

Investiture au sein du Sdf : John Fru Ndi va avoir de la concurrence

Felix Teche Nyamusa veut prendre la présidence du parti, parce qu’estimant que « le temps où Fru Ndi était utile est révolu ».

Felix Teche Nyamusa veut l’investiture de son parti, le Social democratic front (Sdf), dont le congrès a été annoncé pour le mois d’octobre prochain. A l’issue de ce congrès, l’on saura, par exemple, qui représentera le principal parti d’opposition à l’élection présidentielle de 2018. John Fru Ndi, le chairman du Sdf, ne s’est pas encore prononcé sur une éventuelle candidature. Mais, c’est lui que le parti investit depuis 1992.

Rappelons que cette année-là, au lendemain de l’instauration du multipartisme au Cameroun, John Fru Ndi, (président du Sdf créé deux ans plus tôt) avait été candidat à la présidentielle et avait recueilli 35,9% des voix contre 39,9% pour Paul Biya. Un score aussi historique que l’élection elle-même. Celle-ci est restée polémique, d’aucuns estimant que la victoire avait été volée à John Fru Ndi. Depuis, le chairman n’a pas fait mieux. En 2011, par exemple, lors de la dernière élection présidentielle, il a notamment récolté 10, 712% des voix contre 77% pour Paul Biya.

Felix Teche Nyamusa croit pouvoir faire mieux car, « le temps où Fru Ndi était utile est révolu ». Il a versé, depuis le mois de février 2017, la somme de 100.000 francs Cfa, comme frais de candidature à la présidence du parti. Le journaliste de formation a également produit une biographie qui résume sa vision pour le Cameroun. La candidature de Felix Teche Nyamusa pour la présidence du Sdf est la seule enregistrée pour le moment.