Nominations: Le Premier ministre désavoue le ministre de l’Agriculture

Philémon Yang a annulé deux décisions du ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Essimi Menye, désignant des responsables dans son ministère

L’arrêté (n°037/Cab/PM) signé le 28 avril 2015 par le Premier ministre (PM) a été reçu comme une douche froide au ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader). Par ce texte, publié dans Cameroon tribune édition du 30 avril, le chef du gouvernement rapporte deux décisions (n°766/Minader/Cab et n°767/Minader/Cab) du ministre Essimi Menye prises le 17 avril 2015 et portant respectivement nomination de trois inspecteurs généraux et de deux directeurs par intérim au Minader. La douche est d’autant froide que l’arrêté de Philemon Yang intervient alors que les responsables nommés avaient déjà été installés à leur poste une semaine auparavant au cours d’une cérémonie présidée par le secrétaire général du ministère et relayée par les médias.

Pour justifier ce désaveu, le texte du Premier ministre invoque des «vices de forme, de procédure et de compétence». En clair, le PM reproche au Minader d’avoir nommé des inspecteurs généraux alors qu’il n’a pas qualité. A la Primature, on indique en effet que la nomination des inspecteurs généraux est une prérogative exclusive du président de la République. Ces responsables doivent en plus être nommés par décret et non par décision, renchérit†on encore.

Pour les directeurs, on soutient dans les services du Premier ministre qu’ils sont nommés par arrêté du ministre (lorsqu’il s’agit des sous†directeurs et assimilés ainsi que des directeurs adjoints et assimilés) et par décret du Premier ministre (lorsqu’il s’agit des directeurs d’administration centrale et assimilés). Ces actes doivent en plus recevoir, affirme†t†on, pour le cas des arrêtés des ministres un visa administratif préalable des services du Premier ministre et pour le cas des décrets du PM un visa administratif préalable de la présidence de la République. Et au cabinet de Philemon Yang, l’on soutient que «mêmes les nominations à titre intérimaires» doivent se conformer à ces règles de procédure et de compétence. Or Essimi Menye a nommé ses directeurs par intérim non seulement par une décision, ses actes n’ont pas en plus reçu le visa des services du PM.

Affront
Au Minader, un fonctionnaire se demande pourquoi seules les décisions du 17 avril ont été rapportées. L’agent fait d’ailleurs remarquer que le ministre Essimi avait déjà procédé de manière similaire à la nomination en 2013 des directeurs par intérim et en 2014 des inspecteurs de service par intérim. Suffisant pour se convaincre de ce que «ce sont les retraités qui ne veulent pas quitter leur poste qui sont à l’origine de cet acte du Premier ministre». [i «Je pense particulièrement à Dikongue Matham Njoh Léa, l’inspecteur général chargé du développement agricole. Ce dernier, bien qu’arrivé au bureau depuis 6 heures n’a d’ailleurs pas assisté à la cérémonie d’installation des responsables nommés encore moins reçu son remplaçant» argue le fonctionnaire. Cet agent affirme d’ailleurs que les mêmes auraient torpillé le texte portant organisation et fonctionnement du ministère, bloqué depuis 2011.

Ce texte, croit†il, aurait permis de procéder à un renouvellement complet des responsables et de redynamiser le Minader. Pour des observateurs avertis dans le même ministère, l’affaire est perçue autrement. On y soupçonne plutôt une manipulation du chef du gouvernement par le secrétaire général de ses services, en la personne du ministre Louis Paul Motaze. Lequel règlerait ses comptes à leur patron. S’il est pour l’instant difficile d’infirmer ou de confirmer ces allégations, une chose est cependant certaine. Les décisions du ministre de l’Agriculture et du Développement rural ont sonné comme un pied de nez au Premier ministre. Car elles surviennent moins de deux mois après la tenue à l’immeuble

Etoile d’un séminaire gouvernemental sur la gestion des ressources humaines présidé par le Premier ministre. A l’occasion, le secrétaire général des services du PM avait fait une communication dans laquelle il rappelait aux ministres les principes applicables aux nominations et appelait à leur mise en uvre (voir ci†dessous).

Philemon Yang, Premier ministre du Cameroun
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Cameroun: Mystérieux cambriolage au ministère des finances

La police a ouvert une enquête, mais dans l’opinion on affirme déjà que les résultats de l’enquête ne seront jamais connus

De l’argent et des documents emportés
L’information a été rendu publique depuis ce week-end, le bureau du ministre camerounais des finances a été cambriolé. Les trois portes qui permettent d’accéder au bureau du ministre ont été cassées dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, par des personnes non encore identifiées. Le ministre Emmanuel Essimi Menye, absent du pays depuis quelques jours, est rentré dans la nuit de samedi à dimanche, pour prendre connaissance de la situation. Aucune information officielle ne permet de savoir ce qui s’est exactement passé. Selon des sources au ministère des finances, les cambrioleurs ont ouvert les deux coffres forts qui sont dans le bureau du ministre. Certaines sources évoquent le chiffre de 700 millions de francs CFA de perte et des documents. Selon une information rapportée par le quotidien officiel bilingue, Cameroon-tribune, Essimi Menye a affirmé être surpris que des personnes aient voulu récupérer des dossiers dans son bureau. Les dossiers et les documents sont conservés dans les services techniques, a déclaré le ministre. La police a ouvert une enquête, et des personnes parmi celles responsables de la sécurité au moment où est survenu l’incident sont actuellement entendues à la direction de la police judicaire. Dans cette administration, c’est le silence absolu. On n’est pas en droit de communiquer sur cette affaire, en a répondu un des responsables ce matin au site journalducameroun.com. Ce cambriolage intervient dans un contexte où depuis le mois de juin, des enquêteur du ministère en charge du contrôle supérieur de l’Etat sont dans les locaux de la trésorerie générale du Cameroun.

Un bâtiment de plus cambriolé
Cette nouvelle continue d’étonner l’opinion publique de Yaoundé, la capitale camerounaise. Le ministère des finances est un bâtiment de cinq étages situé en plein centre-ville. En semaine tout comme le weekend, il est gardé par des forces de police appuyés la nuit par un service de sécurité privé. Le bâtiment est équipé de caméras de surveillance et surtout le bureau du ministre se situe au cinquième étage. Si les coffres forts ont été ouverts, il serait très probable qu’ils l’aient été sans effraction. Le bruit d’une détonation aurait forcément attiré l’attention. D’un autre côté, il reste difficile à comprendre que les malfaiteurs aient pu s’introduire par l’extérieur, la fenêtre du cabinet ministériel donne directement sur la route et à moins d’avoir un équipement professionnel, il aurait été difficile d’avoir accès à ce bureau. Les questions sont donc de savoir qui aurait pu acquérir un matériel aussi sophistiqué, les caméras de surveillance n’étaient-elles pas opérationnelles, si oui qu’ont-elles filmé? Sinon pourquoi ne marchaient-elle pas? La question la plus délicate est celle de savoir où étaient les forces de sécurité au moment où se déroulait l’incident? Pour l’opinion publique, seules des personnes avec des hautes complicités à l’intérieur ont pu faire le coup. Des personnes suffisamment connues pour ne pas inquiéter les gardiens, ou encore pouvant posséder la combinaison du coffre et/ou les clés des coffres. Depuis 2007, ce sont près de 15 édifices abritant la haute administration qui ont été cambriolés, dont les services du Premier ministre, la délégation de la police et plusieurs ministères. Les résultats des enquêtes ouvertes à chaque fois n’ont jamais été rendus publics. Des mesures de renforcement de la sécurité de ces bâtiments ont souvent été prises, mais visiblement elles n’ont eu aucun effet.

Ministère camerounais des finances, cambriolé
camerounbusiness.com)/n