Cameroun: Cinq nouvelles variétés améliorées de haricot mises sur pied

Elles peuvent donner des récoltes quatre fois plus importantes que les variétés traditionnelles, en plus de la résistance aux maladies du haricot

Une équipe de chercheurs de l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) du Cameroun vient de mettre au point cinq nouvelles variétés de haricot commun, « plus productives et plus résistantes aux maladies ».

L’ingénieur agronome Martin Ngueguim qui dirige les recherches au poste IRAD de Foumbot dans l’ouest, a précisé à SciDev.Net que « ces cinq nouvelles variétés améliorées de haricot commun, riches en protéines, zinc, calcium et fer entre autres, peuvent donner des récoltes quatre fois plus importantes que les variétés traditionnelles, en plus de la résistance aux maladies du haricot comme la maladie de la toile et la maladie des tâches angulaires notamment ».

D’après Noé Woin, le Directeur de l’IRAD, cette trouvaille est le résultat de recherches menées depuis 2006 en collaboration avec le Centre international d’agriculture tropicale (CIAT) et l’Alliance panafricaine de recherche sur le haricot (Pabra).

Ces lignées, précise Martin Ngueguim, sont obtenues à partir de différents croisements réalisés dans le centre du CIAT de Kampala en Ouganda.

De là sont sorties des lignées qui ont été envoyées pour être testées dans les conditions réelles.

Depuis 2006, au moins 8 000 agriculteurs de différentes zones agro-écologiques ont été mis à contribution dans le processus de sélection de ces nouvelles variétés améliorées de haricot, d’après l’agricultrice Colette Wembe.

C’est ainsi que s’est opérée, apprend-on de chercheurs de l’IRAD, l’identification des variétés les plus performantes en fonction des différentes zones agro-écologiques.

Les variétés traditionnelles de haricot donnent des rendements moyens de 870 kilogrammes à l’hectare* ; « alors que les nouvelles variétés (NUV-109-2, NUA-99, PNN, BGG, DOR-701, NDLR) peuvent donner des rendements pouvant atteindre trois tonnes à l’hectare », indiquent les chercheurs de l’IRAD.

Colette Wembe qui dirige un GIC (Groupe d’Initiative Commune – une association de cultivateurs), de culture de haricot à Bafoussam sur les hauts plateaux de l’ouest -Cameroun, en sait quelque chose.
Interrogée par SciDev.Net, elle affirme qu’avec les variétés traditionnelles de haricot, elle récoltait au maximum 9 sacs de 150 kg à l’hectare.

« Aujourd’hui avec les variétés améliorées découvertes en 2012, j’atteins 13 sacs de 150 kg. Et je crois qu’avec ces nouvelles variétés que nous avons, nous aurons les mêmes performances », déclare-t-elle.

En 2012, l’IRAD, de concert avec le CIAT et le Pabra, avait en effet mis sur le marché sept autres variétés de haricot améliorées.

En trois ans, ce sont donc 12 nouvelles variétés améliorées de haricot commun qui ont été découvertes au Cameroun.

Pourtant, malgré ces découvertes, des experts** disent que la culture au Cameroun des légumineuses comme le haricot est soumise à des contraintes comme la dégradation de la qualité des sols, l’encadrement insuffisant des agriculteurs, l’indisponibilité des intrants, le réchauffement climatique, etc.

Pendant ce temps, dans les marchés des grandes villes comme Yaoundé, le prix du haricot, toute variété confondue, est en moyenne de 650 FCFA le kilogramme.

Cette denrée alimentaire représente une source de revenus et un important apport de protéines à même de contribuer à la lutte contre la malnutrition.

« Selon les estimations de la FAO (2009), la consommation de protéines (au Cameroun, NDLR), est de 16 g/habitant/j, valeur de loin en dessous du seuil minimum recommandé qui est de 30 g. Cette population vit par ailleurs en deçà du seuil de pauvreté due au faible prix payé aux producteurs pour leurs produits aux faibles rendements. »


scidev.net)/n

Actualité des marchés au Cameroun: Viande du porc et certaines céréales en hausse

Le prix de la viande porcine a augmenté, une hausse que connaissent aussi le maïs, le haricot et le soja

Le porc plus cher
Ce mois d’août est celui des bonnes affaires pour les vendeurs de porcs de la grande partie du sud du Cameroun. Le prix de la viande de porc dans les marchés de Yaoundé est en hausse de près de 30%. Les autorités en charge de l’élevage ont décidé de renforcer les contrôles autour de la commercialisation du porc en provenance de la grande région du nord du cameroun, en raison de l’épidémie de peste porcine qui y subsiste. Cela fait que pour le marché de Yaoundé par exemple l’offre devient insuffisante face à un marché qui lui connait une légère hausse, du fait des vacances, nous a confié un vendeur. Pour les vendeurs de porcs de Yaoundé, les affaires sont bonnes. Certains d’entre eux affirment que le mois d’août est généralement celui de la hausse de la demande dans les marchés de Yaoundé. Mis à part le fait des congés qui impliquent souvent une augmentation des personnes à nourrir dans les ménages, le mois d’août est très souvent aussi, celui de la période des mariages. Dans le cadre de nombreux mariages ici, la viande de porc est très sollicitée, soit pour la dot soit pour l’organisation effective du mariage, affirme notre vendeur. Les bonnes affaires devraient se poursuivre au moins jusqu’à la fin du mois de septembre. Les fortes pluies qui se sont abattues dans le grand nord du Cameroun empêchent le renouvellement du bétail après la peste. Une situation qui est d’autant plus intéressante pour les éleveurs de porcs que le coût de l’élevage lui n’a pas vraiment changé.

Maïs et soja rare, haricot stable pour un moment
Pour les commerçants de certaines céréales, ce n’est pas la même joie, malgré la hausse des prix de certains d’entre eux. L’offre de maïs égrené par exemple continue d’être insuffisante. Les revendeurs attribuent cette situation au changement climatique et à la hausse de la demande. [i Pendant les vacances, la demande de maïs augmente toujours, mais là déjà on a eu des pluies tardives et maintenant ces pluies tardent à finir, plutôt elles s’intensifient » affirme madame Rafiatou une commerçante du marché Mokolo à Yaoundé. Elle rajoute que la conséquence de ces pluies est que l’accès aux points de cultures est rendu difficile en raison de l’impraticabilité des routes. De nombreux observateurs attribuent cette situation par contre à la hausse des exportations vers certains pays voisin. Autant on importe pour près de 200 000 tonnes de maïs par an, autant la part de maïs utilisée pour la fabrication de la provende et celle exportée dans des pays voisins reste très considérable, dans un contexte où la culture dépend des caprices du climat. La ménagère retrouvera les 75 kilogrammes de maïs à 20 ou 22 mille FCFA. Une situation qui pénalise les près de 2 millions de musulmans de la ville de yaoundé et de ses environs. Pour le jeûne du ramadan nous avons besoin de maïs pour la bouillie, mais aussi pour faire du couscous le soir ou encore les beignets; avec la hausse du lait, du sucre et maintenant aussi de la farine, c’est très dure de gérer le ramadan, et en plus il fait froid et vous savez que lorsqu’il fait froid on a tendance à manger plus nous a déclaré Alimata une ménagère de la briqueterie, un quartier musulman de yaoundé. Le haricot lui connait une certaine stabilité. Avec les congés, la demande baisse. Mais avec les rentrées scolaires qui pointent et la baisse des stocks, les prix devraient repartir à la hausse. Les élèves des lycées et collèges et même de nombreux étudiants sont grands consommateurs de haricot. Quant au soja, il se fait aussi un peu rare. En l’absence de maïs, il est utilisé comme substitut pour la provende.