Le « Poivre de Penja », un produit camerounais qui vaut de l’or

Après avoir obtenu l’indication géographique protégée en septembre 2013, le prix du poivre de Penja est passé du simple au double en un an

S’il est un produit phare ces derniers temps au Cameroun, c’est bien le «Poivre de Penja», dont l’appellation d’origine contrôlée vaut de l’or pour ses producteurs et commerçants. Malgré son prix plus élevé que celui du poivre issu d’autres régions, le poivre de Penja se vend mieux et s’exporte à merveille. Le «Poivre de Penja» est ainsi très prisé et suscite l’attention des consommateurs dans les marchés du pays.

«Je préfère le poivre de Penja malgré son prix élevé. J’achète une mesurette à 500 FCfa (0,93 usd) alors que la même quantité pour le poivre venu d’ailleurs est de 100 Fcfa (0,19 usd). Il a une saveur différente et beaucoup de mes clients reviennent dans mon restaurant en particulier à cause de cette saveur», explique Marceline Menyé, restauratrice à Yaoundé, la capitale du Cameroun.

«La spécificité du poivre de Penja vient de la zone où il est cultivé, de la façon dont il est traité après récolte et du soin avec lequel se fait son séchage. Voilà les trois facteurs qui font du poivre de Penja un poivre particulier», explique Bertin Beni, cultivateur de poivre rencontré à Yaoundé.

En fait, le poivre est un arbuste grimpant dont les fruits sont des baies qui, une fois débarrassées de leur écorce peuvent être consommées crues ou cuisinées. Le poivre pousse partout mais celui de Penja a une saveur particulière, un goût « piquant et aromatisé» très apprécié par les gourmets du monde entier. Les experts pensent que ce goût particulier vient des caractéristiques liées aux sols de la région. Penja est une ville du Cameroun située dans le littoral du pays. La ville a des sols volcaniques et basaltiques et on y cultive le poivre depuis 1970. Bien avant l’obtention de l’indication géographique protégée en septembre 2013, le poivre de Penja était connu hors des frontières camerounaises et presqu’entièrement exporté en Europe.

«Le poivre de Penja est l’un des premiers produits agro-alimentaire d’Afrique à obtenir une indication géographique protégée, qui est en fait un label de qualité», explique à Anadolu Angeline Ketchuajeune, celle qui a défendu le dossier du Cameroun auprès du comité chargé d’attribuer les indications géographiques protégée. «L’indication géographique protégée est un outil de développement lié au terroir. Tout change après l’obtention de ce label, en commençant par le prix de vente du produit», explique Angeline Ketchuajuene, agro-économiste en service au ministère camerounais de l’Agriculture.

Une information confirmée par les producteurs. «Avant l’obtention du label «Poivre de Penja», le poivre se vendait entre 2 000 FCfa (3,74 usd) et 2 5000 Fcfa (4,67 usd) le kilogramme, parfois 3 000 Fcfa (5,61) pour les meilleurs négociateurs. Cette année, le poivre s’est vendu à 5 000 FCfa (9,34 usd) le kilogramme. Ce prix est amené à augmenter lors des prochaines récoltes», estime René Claude Metomo, le président de l’association des producteurs de poivre de Penja, une association qui regroupe 300 membres de différentes branches d’activités.

«Depuis la labellisation en fin d’année 2013, le poivre de Penja suscite beaucoup d’engouement. Les gens sont plus intéressés et la demande augmente», ajoute Bertin Beni, cultivateur de poivre. D’ailleurs, la production actuelle est d’environ 400 tonnes par an, un chiffre qui devrait augmenter au vu de la «demande de plus en plus forte», affirme Metomo.

A l’heure actuelle, les trois seuls produits agro-alimentaires d’Afrique sub-saharienne à avoir obtenu une indication géographique protégée sont le «poivre de Penja» et le «Miel d’Oku» au Cameroun, et le café de Ziama-Macenta en Guinée. De belles perspectives économiques pour les producteurs.


gourmandises-guydemarle.com)/n