Cameroun-Hauts-Plateaux : l’administration marginalise le roi des Bamendjou

Le préfet Yampen Ousmanou a tenu une réunion de mise en place d’un cadre de concertation avec les chefs traditionnels à laquelle le chef supérieur Jean Rameau Sokoudjou n’a pas été convié.

Pas moins que Jean Nkuété, le secrétaire général du Comité central du Rdpc (le parti au pouvoir) et Luc Sindjoun, conseiller spécial du président de la République ; étaient présents le 03 aout 2020 à Baham aux coté du préfet du département des Hauts-plateaux, Yampen Ousmanou.

Objectif de se déploiement de force : rappeler aux chefs traditionnels leur place et leurs rapports avec l’autorité administrative.

 « Nous avons découvert ensemble l’objet de la réunion. Le préfet nous a édifiés sur les textes qui régissent la chefferie traditionnelle. Le préfet nous a fait savoir que désormais il va initier une rencontre régulière entre les chefs de groupements et l’autorité administrative », tente d’expliquer Raymond Takoukam chef supérieur des Bameka.

Jean Rameau Sokoudjou, l’insoumis chef des Bamendjou n’a pas été invité à cette rencontre. Quelques jours plutôt, le monarque a eu une passe d’armes avec le préfet des Hauts-plateaux. Ce dernier lui interdisait de tenir désormais des réunions dans sa chefferie sans l’autorisation de l’autorité administrative. Ce à quoi le Jean Rameau à répondu par une plainte auprès des tribunaux contre le préfet.

 Yampen Ousmanou, explique les raisons de la rencontre de lundi 03 aout : « Il s’agissait d’une rencontre de concertation entre les autorités administratives, municipales et traditionnelles des Hauts-plateaux. Nous en avons profité pour rappeler un certain nombre de dispositions réglementaire. Et nous avons également bénéficié de l’appui des hautes personnalités présentes dans la salle ».

« Les chefferies traditionnelles font partie de la République. Elles jouent le rôle de courroie de transmission entre les populations et l’administration. Elle joue un rôle de préservation du patrimoine », a rappelé Luc Sindjoun, par ailleurs haut cadre du Rdpc et originaire du département Hauts-plateaux.

Cameroun : le roi Jean Rameau Sokoudjou de Bamendjou, un chef qui brise « la coutume »

L’autorité traditionnelle de 84 ans reste redoutée. Ses activités et ses prises de parole sont minutieusement scrutées, et presque toujours rangées dans le registre des actes hostiles au pouvoir politique.

Le chef supérieur Bamendjou, village du département des hauts plateaux est à nouveau au-devant de l’actualité. Dans une correspondance datée du 24 juillet 2020, le préfet du coin l’accuse de comploter contre l’ordre public. Yampen Ousmanou s’insurge en effet de la visite d’un certain nombre d’acteurs de la société civile au Palais royale du roi Jean Rameau Sokoudjou pour se concerter sur des actions « en vue de dégager un consensus minimal qui puisse aider le pays à sortir de la crise multidimensionnelle dans laquelle il est empêtré ».

Le préfet dénonce « une concertation politique non déclarée, le samedi 18 juillet 2020, en violation flagrante de la loi N°90/054 du 19 décembre 1990 ». Yampen Ousmanou reproche à Jean Rameau Sokoudjou d’avoir « mis en péril l’ordre public et la légalité ». Pour lui, «cette attitude de rébellion intolérable est incompatible avec les fonctions d’auxiliaire de l’administration que vous assumez », écrit le préfet.

Sa majesté Sokoudjou réagit à ces accusations avec ironie. Sur les réseaux sociaux, le chef supérieur Bamendjou écrit : « Nous devons éviter de toujours laisser le feu pour souffler sur la cendre. Ce n’est pas parce que nous sommes habitués à organiser des funérailles que tout bruit est synonyme de tam-tam. Parfois on tape mais c’est plutôt la naissance et pas toujours le deuil (…) On ne m’intimide pas (…) Je ne suis pas un fonctionnaire affecté à Bamendjou ».

Jean Rameau Sokoudjou est ce chef traditionnel qui rompt avec la coutume des gardiens de la tradition amorphes sur les questions politiques. Ce qui fait sa singulariité. Il exprime sa liberté d’esprit et d’opinion par ses avis sur les grands sujets de l’heure. Tels que : la crise anglophone et la gestion des affaires publiques. Les avis de cet homme qui a vécu la guerre d’indépendance su Cameroun, sont généralement critiques vis-à-vis des politiques publiques.  Suscitent presque toujours une levée de boucliers au sein de l’appareil administratif et chez les militants du parti au pouvoir, le RDPC.

Ces derniers n’hésitent pas à présenter le Roi des Bamendjou,  successeur de  son père le 26 Décembre 1953 à l’âge de 13 ans, comme un suppôt de l’opposition qui veut renverser le régime du président Paul Biya.