Cameroun-Crise anglophone : un autre financier des séparatistes arrêté aux USA

Eric Tataw doit répondre des actes de fraude bancaire et de terrorisme devant une juridiction de l’Etat du Maryland.

La traque des leaders séparatistes résidants aux Etats Unis d’Amérique se poursuit. La justice de l’Etat du Maryland a ordonné l’arrestation et la détention à titre provisoire de Eric Tataw qui devra comparaitre pour la première fois devant le juge le vendredi 08 septembre prochain. Cette arrestation est relative à une affaire de fraude bancaire en lien avec le « Paycheck Protection Program (PPP) », un programme mis sur pied par le gouvernement américain en faveur des petites entreprises touchées par les effets de la crise sanitaire du Covid-19.

Pour bénéficier de cet avantage destiné à renforcer la réponse des entreprises face à la pandémie, Eric Tataw aurait présenté de faux documents, une démarche qui pourrait lui coûter une condamnation. Pour l’instant, l’on ne sait pas grand-chose sur la suite de la procédure judiciaire, encore moins sur la peine que risque le prévenu lors du dénouement de l’affaire si jamais les faits reprochés sont avérés.

Par ailleurs, la fraude bancaire n’est pas la seule accusation portée contre Eric Tataw aux Etats Unis d’Amérique. Il est aussi reproché au leader séparatiste son implication dans l’accomplissement des actes terroristes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest Cameroun. Il est connu comme l’un des donneurs d’ordres aux milices séparatistes qui sont auteurs d’actes de violence et de terreur dans cette partie du pays en crise depuis 2016. Appelé « Garri Master » et connu comme le patron du journal « National Telegraph », il serait le commanditaire de l’amputation des mains à certains travailleurs de la Cameroon development corporation (Cdc), ou encore des violences sur des élèves et enseignants.

Pour ces exactions, plusieurs plaintes ont été déposées à son encontre dans plusieurs juridictions américaines. Ce sont entre autres, le tribunal district de Californie, le département de la justice de Washington DC, le département de la sécurité intérieure, les autorités de l’immigration et de l’application de la loi. L’avocat camerounais Emmanuel Nsahlai originaire des régions en crise et son cabinet sont à l’origine de ces plaintes, informe le quotidien Mutations dans sa parution de ce 06 septembre 2023.

Avant l’ordre de détention provisoire émis par la juridiction de Maryland, Eric Tataw a fait l’objet d’une interpellation et d’une relaxation par le FBI en décembre 2022. Il est l’un des leaders séparatistes qui depuis l’étranger, finance les activités des séparatistes dans la crise anglophone.

Avant son arrestation, deux autres séparatistes ont écopé d’une condamnation devant la justice américaine. Che Ernest Bangary et Edith Ngang sont condamnés à quatre ans de prison ferme. Avec Tataw, ce sont trois financiers de la crise qui sont écartés à la faveur du retour au calme dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Crise anglophone : trois Américains d’origine camerounaise arrêtés aux Etats-Unis

Ils ont comparu pour la première fois devant le tribunal da Kansas City dans le Missouri au centre des Etats-Unis et encourent des peines allant jusqu’à 20 ans de prison.

Ils sont trois accusés, déjà entre les mains de la justice américaine. Ils sont accusés d’avoir financé des milices séparatistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, d’avoir participé à un complot dans le but de fournir des outils et des soutiens dans la mise en œuvre d’un plan de kidnapping des personnes. L’information relayée par les médias internationaux en l’occurrence BBC Afrique est du département américain de la Justice.

Dans un communiqué rendu public, l’institution informe que les trois individus poursuivis ont levé des fonds, 350 000 dollars, aux Etats Unis et dans d’autres pays. Ces font aurait été utilisés pour acheter des armes et des explosifs dans des attaques contre les forces de sécurité régulières ainsi que les personnes civiles qui apporteraient leur soutien au gouvernement camerounais. Ces fonds auraient servi à l’enlèvement des personnes dont feu Cardinal Christian Tumi.

Au terme de la procédure devant les juridictions américaines, les trois accusés encourent trois degrés de peine relatives à différentes infractions : trois ans de prison pour avoir reçu l’argent d’une accusation de demande de rançon ; 15 ans de prison pour les charges du soutien matériel ou 20 ans de prison pour le complot de blanchiment d’argent.

L’arrestation, le jugement et l’éventuelle condamnation de ces trois accusés viendront confirmer la thèse  du gouvernement camerounais selon laquelle les leaders séparatistes bénéficient des soutiens financiers venant des pays étrangers dont les Etats-Unis. La crise qui dure depuis  2016 continue quant  à elle de faire des victimes. Par ailleurs, le président américain Joe Biden vient d’adresser une invitation au gouvernement de l’Etat du Cameroun pour une rencontre aux Etats-Unis.

Cameroun : cité dans l’affaire Liyeplimal, Cabral Libii dépose une plainte aux USA

Le président national du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) Cabral Libii va saisir la justice américaine pour « diffamation » et « dénonciation calomnieuse ».

Cabral Libii décide à son tour de porter l’affaire devant la justice américaine. Le Député se plaint contre les « joueurs de jambo » qui l’accusent  aux Etats-Unis. En effet, plus de 300 000 victimes se comptent dans 20 pays, avec des pertes évaluées à environ 3000 milliards de francs. L’initiative Liyeplimal d’Emile Parfait Simb défraie la chronique au Cameroun et à l’étranger depuis quelque temps.

 Saisie par une partie des victimes de l’arnaque, la justice américaine a ouvert une enquête. Le 23 juin 2022, un juge fédéral américain a lancé les poursuites contre une centaine de personnes accusées de complicité par les victimes. Parmi elles, figurent le procureur près du tribunal de grande instance du Wouri et le député Cabral Libii.

Ses accusateurs affirment que le journaliste soutient Emile Parfait Simb. Ils s’accrochent par exemple à cette déclaration du député lors d’une sortie médiatique. «  J’ai toujours eu un regard différent envers le responsable de Liyeplimal. J’ai toujours vu en lui une personne courageuse et ambitieuse, et je pense que le gouvernement devrait l’utiliser pour réglementer le secteur du bitcoin ».

Pour autant, le président du Pcrn est-il complice de l’homme d’affaire Emile Parfait Simb ? La question ne se pose pas selon l’enseignant en droit Cabral Libii. Le candidat classé 3è à l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, nie en bloc les accusations. Non, il ne serait en rien lié au projet d’Emile Parfait Simb en cavale, soutient-il.

Le membre du Parlement clame son innocence et prend l’initiative de défendre ses droits. Il a demandé à son avocat aux USA de procéder à la saisine de la justice américaine pour « diffamation » et « dénonciation calomnieuse » contre ceux qui l’accusent.  Cette action en justice peut viser  des sanctions civiles ou pénales à l’encontre de ces présumées victimes de l’arnaque. Les juridictions camerounaise ou d’autres Etats compétentes, peuvent être saisies.

Avec cette nouveauté qui s’annonce dans cette affaire déjà prise en main par les juridictions, le public aura sans doute plus d’éléments pour mieux comprendre la situation.

Cameroun-Jean Michel Nintcheu : « Combien de pots de vins, M. Simb et Liyeplimal ont versé aux magistrats (…) ? »

Le député du Social democratic front (Sdf) dans la circonscription de Wouri-est  a posé une série de questions au ministre d’Etat, ministre de la Justice Garde des sceaux. C’était lors d’une séance de questions orales à l’hémicycle de l’Assemblée nationale le 30 juin 2022. Ces interrogations sont relatives à l’affaire d’arnaque  à la crypto monnaie Liyeplimal dont s’est saisie la justice américaine et dans laquelle est cité le député Cabral Libii.

M. le Ministre d’Etat,

Quelle idée vous vous faites de la grandeur, de la fierté et de l’indépendance de la justice Camerounaise après avoir été informé, ce mercredi, du lancement depuis le 23 Juin 2022, par un juge fédéral américain, de poursuites contre une centaine de personnes dont des magistrats tels que le Procureur de la République auprès du Tribunal de grande instance du Wouri, mais aussi malheureusement contre un de nos collègues à l’hémicycle, pour leur participation dans le scandale Liyeplimal, cette arnaque à la Ponzi qui a fait près de 300 000 victimes dans 20 pays et fait perdre à ces derniers près de 3000 milliards, l’équivalent de la moitié du budget annuel de tout notre pays ?

Conçue et implémentée dans notre pays, cette arnaque figure dejà devant les instances les plus importantes du monde, au grand dam de nos institutions, surtout judiciaires qui apparaissent comme co-autrices, du moins comparses ou complices de ces faits.

le Ministre d’État,

Qu’est-ce que ça vous fait, plus encore qu’est-ce que ça fait au Cameroun de voir que son nom figure sur le rôle d’un tribunal américain notamment sous le numéro 2 :22-cv-04211 du New Jersey District Court Case aux Etats Unis d’Amérique ?

Quel est votre sentiment de voir un dossier inscrit au registre fédéral du Commissariat au Lobbying du Canada sous le 950007-371581 avec une mention explicite sur l’incapacité de notre Justice à réprimer des faits criminels qui ont démarré sur notre sol et dont les produits alimentent ici, une machine de corruption et de subornation ?

Qu’allons-nous expliquer à nos partenaires européens et aux peuples frères d’autres pays du continent quand les poursuites qui sont déjà annoncées, seront effectives ? Et les souscriptrices et souscripteurs de Liyeplimal, ces chefs de famille qui ont hypothéqué maisons, salaires, confiance de leurs conjoints pour suivre un de nos compatriotes dans une aventure foireuse ?

Est-ce que cela ne vous donne pas le sentiment que notre justice est incapable de protéger les droits et libertés, d’adresser les menaces et de sanctionner ?

Il vous souvient que localement, cette arnaque avait depuis quelques années

– été constatée par la COSUMAF, autorité des marchés de notre sous-région par deux fois en 2020 et en 2021,

– qu’elle a été dénoncée par votre collègue le Ministre des Finances depuis Octobre 2020 ;

– fait inédit, que le Ministre Motaze, pour qui le règlement des épargnants de MIDA constitue toujours un problème, avait ordonné la fermeture d’une vingtaine d’entreprises dont Global Investment Trading propriétaire de Liyeplimal et exigé le remboursement immédiat des souscripteurs,

La représentation nationale a besoin de comprendre pourquoi ni vos services, ni même ceux de votre collègue de l’administration territoriale, d’habitude très diligentes quand il s’agit de réprimer de simples marches blanches, ont refusé de prêter leur concours pour faire appliquer cette décision. Où sont la cohérence et la cohésion de l’action gouvernementale tant proclamées dans les discours officiels ?

N’avez-vous pas l’impression que votre attitude dans cette affaire confirme les rumeurs de balkanisation du pouvoir dans la perspective du Grand Soir, avec chacun sa galaxie, ses soutiens, ses protégés, ses financiers ?

Combien de pots de vins, M. Simb et Liyeplimal ont versé aux magistrats Camerounais dont plusieurs sont soit ses clients souscripteurs, soit ses amis, soit encore ses protecteurs ?

le Ministre d’État,

Les médias révèlent que votre département a été saisi, en même temps que le Premier Ministre, depuis Septembre 2021 d’un mémorandum sur la question adressée par un cabinet international de lobbying au nom d’un collectif de victimes ; mais que vous n’avez rien fait.

Il nous est aussi revenu que vos collaborateurs des Parquets ont bloqué des quatre fers pour que les plaintes déposées par plusieurs centaines de victimes à Douala et Yaoundé ne franchissent jamais la phase de l’information judiciaire et que lorsque sous l’impulsion d’une célèbre avocate, Maitre Dominique Fousse et d’un Lobbyist, M. Rodrigue SOFFO, le suspect M. Simb Emile Parfait, promoteur de cette entreprise, a été interpellé, vos collaborateurs, les magistrats du Parquet l’ont laissé repartir pour enfin être exfiltré du pays alors que tout était clair qu’il allait échapper à la justice:

– Que dites-vous à la représentation nationale sur les garanties de remboursement des souscripteurs nationaux qui y ont investi l’essentiel de leurs épargnes ?

– Quel message adressez-vous aux investisseurs sur le niveau de sécurité juridique et judiciaire de notre pays ?

– Que dites-vous à ceux qui ont l’impression, sur la base du rôle que vos Procureurs ont joué à Douala et à Yaoundé dans ce dossier que notre pays est devenu un refuge pour criminels transnationaux ?

le Ministre d’État,

– Allez-vous instruire que vos collaborateurs exigent des garants en carton qui ont été présentés au Parquet du Tribunal de Première Instance de Yaoundé Centre Administratif, qu’ils remboursent les 5 milliards pour lesquels ils se sont engagés ?

– Allez-vous avoir la correction de mobiliser Interpol pour que M. Simb et ses complices soient extradés vers le Cameroun ?

– Que dites-vous de vos magistrats de Douala dont la presse bruisse de rumeurs sur leurs collusions avec les voyous et escrocs ?

La fin de cette session parlementaire nous semble un délai raisonnable et suffisant pour que vos services assurent que ce suspect réponde de ses actes et ne nargue pas toute une nation. Si cela n’est pas fait, votre responsabilité professionnelle et personnelle sera manifestement engagée. Et vos capacités à assumer les charges de votre Département ministériel plus que par le passé, questionnées.

Je vous remercie

Hon. Jean Michel NINTCHEU

Député.