Maurice Kamto écrit aux Camerounais depuis la prison de Kondengui

Le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun a rédigé une correspondance le 28 avril dernier dans laquelle il réitère sa position sur la crise en zone anglophone et l’ élection présidentielle du 7 octobre 2018.

Camerounaises, Camerounais, Chers compatriotes,

Le 07 octobre dernier, vous avez exprimé courageusement le choix de l’avenir et de la modernité en portant majoritairement vos suffrages sur ma personne. En attendant les jours bénis où mes alliés et moi-même viendrons à votre rencontre pour vous témoigner notre reconnaissance infinie, je voudrais dès à présent, vu les circonstances, vous exprimer ma très profonde gratitude pour l’honneur et le privilège qui me furent ainsi faits. Je vous l’avais dit : Ensemble c’est possible. Mais comme vous le savez, votre choix n’a pas été respecté par les tenants du pouvoir et les institutions à leur solde ; en sorte que cet événement qui est assurément l’un des plus marquants de notre histoire politique récente a accouché d’une crise post-électorale. Celle-ci a conduit, dans un déchaînement de haine sans précédent, à l’arrestation et la détention illégales de près de 200 militants et sympathisants de notre parti, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), de Camerounais sans engagement politique, des leaders d’organisations alliées et moi-même.

Voici donc plus de 3 mois que nous sommes emprisonnés illégalement pour avoir manifesté de manière absolument pacifique, pour dénoncer le refus par le gouvernement de faire la paix dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le non-respect du choix de la majorité des électeurs Camerounais lors du scrutin présidentiel du 07 octobre 2018 et l’inaction du pouvoir face au pillage de la fortune publique dans le cadre de la préparation de la Coupe d’Afrique des Nations (Can 2019) dont l’organisation a finalement été retirée au Cameroun, au grand déshonneur national.

Depuis notre arrestation et notre emprisonnement, vous avez fait témoignage d’une solidarité exceptionnelle et exemplaire : vous êtes venus nombreux nous rendre visite à nos divers lieux de détention préventive et d’emprisonnement, lorsque à force de persévérance, l’autorisation vous en a été accordée ; vous vous êtes rendus massivement aux rares audiences devant les tribunaux de Yaoundé pour nous encourager de vos gestes, vos sourires, vos chants courageux, audacieux. Même si à chaque fois, des rideaux d’hommes armés et en posture de combat vous ont maintenus fort éloignés de notre itinéraire, je vous ai aperçus à chacun de nos passages, et croyez-moi, j’en ai été ému.

Face à la situation sécuritaire et humanitaire, politique, économique et sociale explosive dans laquelle M. BIYA a plongé notre pays, le Communauté internationale vient de tirer la sonnette d’alarme en invitant le pouvoir à respecter les droits fondamentaux des Camerounais, à libérer les otages que constituent les quelques 200 personnes arrêtées et jetées en prison, et à organiser un dialogue inclusif pour régler en particulier la crise meurtrière qui sévit dans les régions anglophones. De même, la Communauté internationale a indiqué l’impérieuse nécessité de la réforme consensuelle du système électoral avant la tenue de toute nouvelle élection. J’apprécie à sa juste valeur cette prise de position qui rejoint en plusieurs points les revendications formulées depuis quelques années déjà par le MRC.

En effet, nul n’ignore nos positions et propositions réitérées au sujet de la crise dans les régions anglophones : nous sommes opposés depuis toujours à toute idée de sécession ; j’ai donné le meilleur de moi-même pour récupérer des parties du territoire camerounais dans le Lac Tchad et dans la péninsule de Bakassi pour m’accommoder d’une telle perspective funeste. Mais une fois que l’on convient que la sécession n’est pas une option, nous avons rappelé, dès le lancement de notre parti en 2012, qu’il y a un problème anglophone au Cameroun et qu’il doit être résolu par le dialogue. J’ai réitéré cette position le 25 juin 2016 lors de mon meeting à Bamenda, puis le 10 décembre 2016 à mon meeting de Ngaoundéré.

Plus récemment, en novembre 2018, face à l’escalade dans cette crise qui s’est transformée en un conflit armé très meurtrier et dans le cadre duquel sont commises de nombreuses atrocités, j’ai proposé une solution articulée comme suit : négociation d’un cessez-le-feu ; désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des combattants ;_ mise sur pied d’une Commission Vérité Justice et Réconciliation ;_ organisation d’un dialogue national inclusif pour discuter sans tabou et dégager les solutions idoines à la crise et à la refondation de notre Etat. Ces propositions se sont toujours heurtées au mutisme du pouvoir en place qui préfère s’enfermer dans l’option d’une solution militaire qui, hélas !, ne fait qu’alimenter l’escalade. Par des raccourcis hasardeux, on compare la situation des Anglophones du Cameroun à celle de la Catalogne en Espagne, quand on ne rappelle pas la guerre contre des projets de sécession aux Etats-Unis ou en Irlande du Nord.

Il suffit de rappeler qu’en Espagne, la Catalogne bénéficie, comme d’autres régions espagnoles, d’un statut autonomique équivalent au fédéralisme ; or, les régions anglophones pas plus qu’aucune autre, ne jouissent de la moindre autonomie, et le pouvoir camerounais, adepte d’un centralisme d’un autre âge, est allé jusqu’à interdire l’usage du mot « fédéralisme » dans les médias. Quant aux guerres contre la sécession, ni la majorité des Camerounais, ni la Communauté internationale ne sont favorables à la partition de notre pays. Les représentants du pouvoir en place font donc l’amalgame et agitent ces exemples pour créer la confusion et refuser le dialogue. Un autre argument spécieux est de dire qu’il n’y a personne en face avec qui négocier. Il n’y a pas lieu d’élaborer longuement sur ce point. Que l’on donne donc une chance à la All Anglophone Conférence (AAC) que le Cardinal Christian Tumi et d’autres essaient d’organiser depuis un certain temps et se heurtent malheureusement à l’opposition du gouvernement camerounais. Cette initiative pourrait être une pierre utile à la construction du dialogue inclusif auquel la situation du pays nous invite.

En ce qui concerne l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, les partisans du régime prétendent qu’après la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel, il n’y a plus lieu de les contester. Selon eux, nous devons nous soumettre à ce verdict. Ils oublient trop vite – et je les comprends – qu’il s’agit d’un verdict erroné rendu par une institution à la fois illégale et illégitime en ce que sa composition viole manifestement les textes qui l’organisent et la régissent. Nous avons démontré sans conteste que 10 des 11 membres du Conseil constitutionnel sont membres du RDPC, le parti de M. BIYA, dont ils font par ailleurs partie des instances dirigeantes, le 11e membre étant du SDF. Plusieurs d’entre eux occupent d’autres fonctions incompatibles avec la qualité de membre du Conseil constitutionnel. Sur cette base, nous avions fait un recours en récusation et en suspicion légitime, mais nous nous étions heurtés au rejet du Conseil constitutionnel. Quant à l’argument selon lequel nous n’aurions pas gagné l’élection parce que nous n’aurions pas assez de procès-verbaux (P.V.) des résultats issus des bureaux de vote et que de toute façon nous ne les avons jamais présentés au public, il est simplement spécieux.

Je réitère que nous sommes prêts à présenter nos P.V. à tout moment dans le cadre d’un recomptage des votes. Au demeurant, le RDPC lui-même n’a jamais présenté les P.V. prouvant la victoire de M. BIYA, ni au Conseil constitutionnel, ni en aucun autre lieu. Nous avons démontré à suffisance devant ledit Conseil, sur la base des prétendus P.V. d’Elecam qui seuls font foi, toutes les irrégularités qui entachaient les résultats consolidés par la Commission Nationale de Recensement des votes. Je rappelle que le total des résultats des 8 candidats, en valeur relative, était supérieur à 100% ! Que nous reproche-t-on donc ? De contester des résultats faussés à tous les niveaux, et qui ne reflétaient pas les P.V. sortis des bureaux de vote et de montrer qu’ils étaient le produit de tableaux Excel générés par des informaticiens à la solde du régime ? Non ! je ne vais pas m’excuser d’avoir gagné l’élection présidentielle du 07 octobre 2018 et de dénoncer le détournement du choix démocratique de la majorité des électeurs camerounais en ma faveur.

Pour le reste je n’ai jamais cessé de dire ma disponibilité au dialogue. On a fait courir le bruit que j’aurais été approché par les tenants du pouvoir. Je voudrais vous dire ici solennellement que cela est faux. Ni hier, ni aujourd’hui je n’ai jamais été approché par qui que ce soit, en dépit de ma main tendue.

En transformant la crise post-électorale née d’un détournement inacceptable du choix démocratique des électeurs camerounais lors de la dernière présidentielle en une traque policière sauvage, une répression judiciaire grotesque et un règlement de compte administratif brutal et cynique, le régime de M. BIYA croit pouvoir ainsi se débarrasser à trop bon compte d’un problème épineux qui projette une lumière crue sur l’impossibilité de la démocratie au Cameroun dans les conditions actuelles.

Ce régime croit que la prison peut tout régler. Or, même la mort ne peut tout régler. On n’enferme pas l’esprit. On n’enferme pas une cause ; celle-ci se nourrit de la prise de conscience des gens, croît indépendamment de l’esprit qui l’a identifiée et poursuit d’elle-même son chemin jusqu’à son accomplissement. En même temps que je vous exhorte à faire grandir la cause de notre lutte commune, je voudrais vous rassurer de ma détermination à mener le combat pour la liberté et la démocratie, la restauration de la dignité des Camerounais, le développement inclusif et le prestige de notre pays.

Depuis notre arrestation et notre emprisonnement, notre parti, le MRC, qui a toujours été combattu par l’Administration territoriale depuis sa naissance, est confronté à de nouvelles épreuves qui menacent son existence même. Cible d’attaques et de la haine tribaliste orchestrées par le régime Biya, il fait désormais l’objet d’une interdiction de fait. En effet, le Ministre de l’Administration Territoriale a interdit formellement et informellement toutes ses activités à travers le pays, notamment les réunions et manifestations publiques dûment déclarées conformément à la loi, les travaux d’intérêt général au bénéfice des populations tels que le curage des caniveaux et le nettoyage de la broussaille dans les quartiers initiés par ses militants, les inscriptions massives de nouveaux adhérents au siège national et aux sièges locaux du parti, la création et l’installation des nouvelles Unités du parti dans diverses localités.

Tous les recours intentés devant les juridictions compétentes aux fins de l’annulation de l’acte irrégulier d’interdiction du Ministre ont essuyé le rejet, au motif qu’ils sont sans objet, alors même que sur la forme, ledit Ministre est incompétent pour prendre un tel acte, celui-ci relevant de la compétence des Sous-préfets, et que sur le fond, l’acte contesté viole manifestement la loi n° 90/055 du 19 décembre 1990 fixant le régime des réunions et des manifestations publiques. Mais je puis vous assurer que le MRC ne se laissera pas prendre en otage par un régime enragé du fait de l’exposition aux yeux du monde de ses turpitudes qu’il avait si bien su camoufler jusque-là. Qu’il soit entendu une fois pour toutes que nous ne nous laisserons pas écraser par la dictature villageoise instaurée dans le pays.

D’ores et déjà, en raison de cette interdiction de fait qui frappe notre parti, mais aussi du sang qui continue de couler inutilement dans les régions anglophones du Nord-Ouest et Sud-Ouest en dépit des cris de détresse des populations civiles et des appels unanimes au dialogue, j’annonce que le MRC ne prendra pas part à la mise en scène du 20 Mai. Cette date à laquelle on est censé commémorer la fête de l’Unité de notre pays tend à perdre, dans le contexte actuel, sa force symbolique. En 37 ans de règne sans partage, M. BIYA a malheureusement réussi la prouesse de la rendre vide de sens politique, en raison de son instrumentalisation permanente des différences culturelles par un tribalisme d’Etat assumé et l’exclusion des populations de la gestion de leur destin.

Son régime a déconstruit une jeune nation en formation dont les jalons furent jetés dans des conditions difficiles par Ahmadou Ahidjo, et l’a réduite en une juxtaposition d’ethnies dont je conjurai l’augure il y a plusieurs années déjà. Comme jamais, notre pays est aujourd’hui divisé par les murs des replis identitaires, emprisonné par des haines ethniques tenaces et menacé d’implosion. La partie septentrionale contraste avec le reste du pays par un état de pauvreté abjecte entretenue par le régime avec la complicité d’une élite féodale, et est meurtrie dans sa région extrême par la guerre de la secte islamiste Boko Haram. Et je passe l’insécurité endémique dans les ré gions de l’Adamaoua et de l’Est, et des débordements de la guerre dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest dans les régions francophones de l’Ouest et du Littoral. Quelle « Unité » fêtera-t-on donc le 20 Mai prochain ?

Chers compatriotes,

J’ai découvert à travers les médias que M. BIYA serait devenu un adepte des réseaux sociaux et écrirait forces tweets au peuple camerounais pour en appeler à son patriotisme. Je sais que vous êtes nombreux à vous interroger sur cet élan subit d’un homme qui a fondé son pouvoir sur le mépris des Camerounais, l’indifférence à leurs problèmes, et un désintérêt choquant pour les merveilles de son pays où il n’a jamais passé ses vacances, préférant l’Hôtel Intercontinental à Genève et les douceurs des bords du Lac Léman. J’aimerais tant l’amener découvrir l’incomparable beauté de Rhumsiki et son Pic célèbre, de Poli et ses plaines paisibles bouclées par un collier de montagnes, des plateaux de l’Adamaoua où des troupeaux dodus paissent paisiblement dans la lande, de la douceur des hautes terres du Nord-Ouest qui rappelle cette Suisse qu’il aime tant, de la majesté de la forêt primaire de Korup et ses 13 espèces ornithologiques endémiques, de la féerie de Rio del Rey à l’heure où les cormorans s’envolent le long de ce boulevard marin dont les eaux emportent les miasmes du pays vers l’infini de la mer. Connaît-il Bimbia, lieu de mémoire de la tragédie primordiale ? J’aurais bien voulu l’amener à tant d’autres lieux de ce pays qu’il connaît manifestement mal, pour n’avoir visité en 37 ans que moins de dix départements sur les 58 que compte le Cameroun.

Il ne peut y avoir de patriotisme sans attachement à la fois au socle territorial de la patrie et aux populations qui peuplent le pays. A cet égard, il m’est particulièrement pénible de constater que M. BIYA n’a jamais mis les pieds dans les deux parcelles emblématiques du territoire national arrachées de haute lutte après 8 ans et demi de procédure devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) de La Haye et environ 9 ans de mise en œuvre laborieuse de la décision au fond de cette haute juridiction mondiale : je veux parler de la zone du Lac Tchad d’environ 1 000 km2 où se trouve la grande île de Darak, et de la péninsule de Bakassi, la plus connue, qui couvre environ 1 000 km2 également.

En ce qui concerne les populations camerounaises, M. BIYA a mis une telle distance entre lui et les Camerounais de toutes les régions qu’on se demande quel peuple il prétend gouverner. Il est avéré aujourd’hui, que l’idée d’intégration nationale qu’il lança furtivement au début de son long règne avant de l’abandonner tout aussi rapidement, n’était qu’un de ses multiples leurres. De fait, il a fondé son pouvoir sur la division des Camerounais et le tribalisme orchestré et entretenu. Non seulement il n’a jamais fustigé officiellement et de façon non équivoque ce fléau qui menace dangereusement l’avenir de notre pays, il n’a jamais non plus désavoué les membres de ses gouvernements successifs qui ont tenu à diverses occasions des discours d’un tribalisme haineux, ni fait passer une législation tendant à réprimer un tel fléau, alors que son parti détient une majorité écrasante au parlement depuis près de quarante ans.

Le recours soudain de M. BIYA au patriotisme des Camerounais est une tentative désespérée d’un régime en perdition, qui tente de rejeter ses échecs sur les partenaires extérieurs de notre pays : Nationalisme étriqué, raciste et xénophobe, voilà où l’on veut nous amener, nous peuple ouvert et accueillant. C’est une vieille ficelle des dictatures en déroute que de chauffer le sentiment nationaliste. Mais le patriotisme n’est et ne saurait être ni un racisme, ni une xénophobie. C’est le senti ment indéchiffrable et le lien invisible qui unissent dans la tension vers un même idéal les membres d’une communauté nationale, non pas par exclusion des étrangers, mais le cas échéant avec leur accompagnement. Il repose sur un attachement vécu et assumé à son pays et l’amour des femmes et des hommes qui y vivent, dans un vivre-ensemble fondé sur la tolérance et nourri par des références de valeurs communes. J’ai toujours pensé qu’on ne devrait pas s’engager en politique si l’on n’aime pas les gens.

Mon entrée en politique était et demeure habitée par trois ambitions primordiales : rassembler les Camerounais dans la fraternité républicaine; mettre un sourire sur le visage des plus pauvres à la faveur d’un développement et d’une prospérité partagés ; faire du Cameroun une grande nation, une puissance africaine, un pays qui compte dans le concert des nations. Rien ni personne ne pourra enlever en moi l’amour profond que je porte pour vous. Nul ne pourra m’empêcher de vous aimer de cet amour fraternel qui brûle en moi depuis toujours ; un amour pétri dans la fraternité républicaine qui se situe au-delà des liens de sang et de connivences ethniques et dont ceux dont les chemins ont croisé le mien peuvent rendre témoignage. Que cette douce flamme embrase chacun de vous et consume les haines absurdes entretenues, afin qu’ensemble nous nous tournions vers notre projet national, celui de relever les défis multiples de la modernité et du monde nouveau qui interpelle notre jeunesse. Je demeure convaincu que nous arriverons un jour – pas très lointain – à vivre dans la concorde dans notre patrie commune, le Cameroun, organisé dans la forme que nous aurons choisie ensemble par une volonté commune. La Communauté internationale a bon dos. Avec le MRC, ses alliés et moi-même, elle est devenue le bouc-émissaire commode d’un régime au règne des échecs recommencés.

Mais, le risque de dislocation de l’Etat, la crise du vivre-ensemble, l’aggravation des inégalités et des injustices se traduisant par l’amplification de la fracture sociale, la zombification des populations, en particulier des jeunes avec la perte de leur amour-propre, le sentiment d’exclusion et d’absence de perspective qui les amènent à ne plus rêver que de l’émigration à tous les prix, l’exclusion de la diaspora traquée comme un ennemi, la stagnation du revenu par habitant bloqué à 1 300 dollars US depuis plus d’un quart de siècle, le déficit chronique de la balance commerciale de plus de 1 200 milliards de FCFA, l’endettement galopant, l’espérance de vie à 55 ans, le taux de mortalité maternelle et infantile parmi les plus élevés en Afrique, la gestion budgétaire inefficiente caractérisée par les dépenses improductives, les enfants qui meurent en cherchant de l’eau potable, l’indisponibilité de l’électricité pour le plus grand nombre, l’augmentation du nombre de pauvres, le taux d’agression sexuelle parmi les plus élevés au monde, les performances exceptionnelles du pays en matière de corruption qui placent le Cameroun dans le peloton de tête des pays les plus corrompus de la planète, tout cela n’est pas le fait de la Communauté internationale. C’est la conséquence dramatique de la gouvernance obscurantiste, vénale et velléitaire d’un homme qui n’a d’expérience qu’en matière de politique politicienne, basse et destructrice, mais qui est dramatiquement indigent s’agissant de la construction d’un Etat moderne et du développement économique et social du pays. Il doit avoir le courage d’assumer ses échecs.

Le régime autiste s’enferme dans le délire d’un complot imaginaire planétaire contre notre pays. Croyez-moi, la Communauté internationale a pour mission fondamentale d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde. A cet égard, elle a bien trop de choses à faire que de rechercher à déstabiliser le Cameroun, alors qu’elle peine à venir à bout des crises congolaise et centrafricaine, pour s’en tenir à l’Afrique Centrale. L’histoire nous ouvre des perspectives nouvelles et la Communauté internationale nous tend une main secourante.

Restez plus que jamais mobilisés, car rien n’est fini tant que ce n’est pas fini. Nous devons continuer à affirmer pacifiquement notre présence sur la scène politique, tant il est vrai que nous constituons aujourd’hui la force alternative en laquelle une grande majorité de Camerounais place ses espoirs pour un avenir meilleur. Restons soudés et résistons à la corruption politique et aux chantages multiformes du régime. Travaillons à refonder notre Etat, à préserver son unité dans sa riche diversité en combattant le tribalisme et tous les facteurs de division. Continuons à nous battre pour une réforme consensuelle du système électoral, gage d’un jeu démocratique apaisé garant de l’adhésion populaire au pouvoir.

Les épreuves actuelles qu’affrontent de nombreux militants et sympathisants embastillés, nos alliés et moi-même, repoussent le moment des noces de notre cher pays avec la Liberté, la Justice et le Progrès partagé. Mais elles ne font que différer ce moment que je vous ai annoncé pendant la campagne de la présidentielle 2018 et qui ne cesse de s’imposer à moi comme une certitude. Cependant, nous n’y arriverons qu’ensemble et par notre détermination. Ce n’est pas le combat d’un individu, ni d’un parti politique, ni d’une ethnie, ni d’une région, ni des Anglophones, ni des Francophones. C’est la lutte commune d’un peuple contre l’enténèbrement de son pays. Les étapes à venir seront décisives.

A travers vos nombreux messages qui me parviennent, je sais que vous vous inquiétez pour moi, pour nous ; je vous en sais gré. Mais inquiétez-vous davantage encore pour le Cameroun dont les multiples blessures font craindre le pire. Aucun sacrifice ne nous sera épargné pour le salut de ce pays qui nous est si cher. Vous avez déjà accompli des pas importants sur le chemin escarpé qui s’ouvre devant nous. Mais vous ne devez pas relâcher vos efforts qui seront sollicités encore et encore ; car, comme je vous l’ai déjà dit, notre libération viendra de nous-mêmes et de personne d’autre. On peut vous accompagner, mais personne ne se substituera à vous, au peuple camerounais. Je compte sur vous pour qu’ensemble, sans faux-fuyants, nous donnions une chance à la jeunesse camerounaise, et par la suite à notre pays.

Avec ma fraternité républicaine.

Maurice Kamto

Prison Principale de Yaoundé, 28 avril 2019

Lettre à Nathalie Koah

Par Hemley Boum, romancière

Nathalie, ah Nathalie,

Impossible de rester silencieuse face au tollé et à la cacophonie que vous nous imposez ces dernières semaines. Vous mettez à rude épreuve l’ouverture d’esprit et la tolérance dont je me vante. Alors de toutes les femmes camerounaises, il a fallu que ce soit vous? Que je doive me prononcer pour vous? Pas pour les femmes courageuses qui arpentent le pays pour gagner de quoi élever dignement leurs enfants, pas pour les femmes qui subissent la violence d’hommes ignares, pas pour les étudiantes qui contre vents et marées, contre la cherté et la corruption du système scolaire, décrochent des diplômes, pas pour les cadres, employées, qui se heurtent jour après jour au mâle mur des promotions professionnelles.Non, pour vous, Nathalie Koah !
Vous êtes têtue, clivante et un peu conne, il faut bien l’avouer. Dans votre interview dans Jeune Afrique, vous parlez de votre nouveau compagnon et vous dites « Ce n’est pas de ma faute si j’attire les hommes aisés ». Oui, enfin, sauf que le dernier « homme aisé » que vous avez attiré vous a conduit où vous en êtes non ?

Vous êtes bavarde et inconséquente « Ils ont publié des photos de moi nue, il ne peut rien m’arriver de pire ». Si, car il y a pire que l’outrage commis à votre encontre, il y a les innombrables injures que vous vous infligez à vous-mêmes. Vous savez ce que démontrent ces photos ? Que vous êtes une jeune femme magnifique, qu’en privé vous vous livrez à des jeux amoureux que la morale réprouve et alors ? Vous êtes adulte, votre sexualité aussi débridée soit-elle ne concerne que vous. Honni soit qui mal y pense. Que vous ayez accordé votre confiance à un sale type est d’une grande banalité. N’importe qui peut comprendre cela, la plupart des hommes et des femmes ont fait cette triste expérience, la condamnation est sans appel et c’est lui l’ordure. Mais vos paroles Nathalie, vos propres mots vous décrivent comme une fille de rien, une arriviste éhontée, une débauchée ; c’est vous même qui le dites.Et voyez-vous, votre auto-incrimination est pire que les actes d’un ex-amant malveillant. Ce sont moins ces photos que le déshabillage intime, impudique auquel vous vous êtes livrés par la suite qui vous fragilise.

Vous vous grisez de la parole qui vous est offerte, vous n’en voyez pas le calcul. Des tas de femmes ont fait tomber des hommes puissants devant la justice, en accumulant les preuves, jamais devant les médias avides de sensationnel. Éto’o fils n’aura même pas besoin de lever le petit doigt, la foule vous lynchera à sa place. Les gens ont besoin de modèles, il est riche, jeune, beau et charismatique, pendant que vous vous roulez dans la fange, il affiche son bonheur familial, sa réussite et sa foi. Comprenez-vous l’astuce ?

Et pourtant, vous me touchez infiniment. Je voudrais que vous trouviez une sortie honorable à tout ce merdier.

Vous vous conduisez comme si vous n’aviez plus rien à perdre. C’est faux. Vous êtes belle, combative, et jeune, si jeune ! D’autres luttes vous attendent dans la vie, montrez-vous maligne, protégez-vous, veillez à ce que les coups que vous portez ne vous fasse pas plus de mal à vous-même qu’à l’adversaire. Tâchez de ne pas devenir votre pire ennemi.

Entre la pauvreté, relative, dont vous êtes issue -vous et moi savons qu’il y a bien plus défavorisé dans notre pays- et les palaces étoilés, les cadeaux griffés, les jet privés dans lesquels une majorité d’humains sur cette terre ne mettra jamais le pied, il y a une foule de possibles. Choisissez votre chemin. Pas celui que l’on vous impose, pas celui que vous dicte le désir, la convoitise des hommes riches d’argent et dépourvus d’honneur, non, le vôtre propre.

« Une femme libre est le contraire d’une femme facile » disait Simone de Beauvoir, vous êtes pour l’instant hélas trop facile pour être libre. Trop dépendante des hommes sur les plans économique, esthétique, émotionnel. Et pourtant vous citez Césaire et cela me redonne espoir. Le vieux poète à l’ il brillant en a vu d’autres. Il aurait apprécié la situation je crois. Continuez de le lire, il parle de dignité retrouvée, d’humanité intacte au-delà des blessures, du courage qu’il faut pour rester vrai malgré le miroir déformant que nous tend la société, du devoir d’être soi : laissez-le vous inspirer.

Apprenez que ce n’est pas parce qu’il vous a touché qu’un homme laisse ses empreintes sur votre corps. Pas parce que vous l’avez aimé qu’il pose à jamais une serrure sur votre c ur. Pas parce qu’il vous fait un cadeau que vous devenez sa créature. Ce pouvoir-là, vous seule le donnez et le reprenez, c’est votre privilège.

À un moment où un autre, il vous faudra prendre une décision. Laisser cette histoire derrière vous, laisser vos avocats poursuivre les négociations, prendre le large, choisir la liberté et ses ornières ou marquer le pas.

Je vous souhaite bon courage Nathalie, j’espère que la colère qui vous consume s’estompera et que vous retrouverez le goût de la vie.


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«Dites-nous que vous n’avez-pas lu cette quatrième lettre que vous avez écrit!»

Réponse d’un militant de base du MRC à la quatrième lettre de Monsieur Fabien Assigana

Rigueur et Moralisation
Rigueur et moralisation tel est le slogan avec lequel un mouvement politique célèbre et bien encré au Cameroun fit fureur dans les années 80. Ce slogan, tout le peuple du Cameroun de Mvomeka à Kousseri, en passant par Monatélé, Deuk y a cru de toutes ses forces. Le peuple camerounais a adhéré sans réserve à cette nouvelle approche dans la gestion de la chose publique qu’on lui vendait. Hélas, il ne s’agissait que d’une promesse qui, comme l’a dit Jacques Chirac, n’engage que celui qui l’écoute. Le slogan Rigueur et Moralisation fit donc long feu. Les vents puissants de l’Ouest, du Nord, du Littoral, du Centre, du Sud et de l’Est eurent très vite raison de cette flamme qui n’était qu’un feu de paille. Ce slogan ne résultait pas d’une volonté réelle de changement et on assista au contraire à une accélération de l’immoralité et de la désinvolture jusqu’à la crise de la fin des années 80. Pour tenter de juguler les effets de cette crise, il y eut alors l’opération Antilope. Il faut croire que le cou de l’antilope ne fut pas assez long pour lui permettre de dénicher toutes les brebis galeuses puisque vingt ans après elle, le rapace, l’épervier à tête chercheuse fit son entrée en scène.

Une quatrième lettre
Monsieur Assigana vous retrouvez votre plume pour une quatrième lettre au Président National du MRC. Ne vous découragez surtout pas car vous finirez peut-être par rattraper Monsieur Hamidou Marafa qui en a déjà commis huit. Seulement autant ses lettres au fil de leur parution tendent à lui donner une certaine crédibilité, à défaut de lui donner l’absolution, les vôtres, je le crains, tendent plutôt à vous discréditer. Votre quatrième lettre a toutefois le mérite de soulever la question de la Rigueur et Moralisation dans la gestion de la chose publique tout en démontrant clairement au peuple de Monatélé que vous ne vous inscrivez pas dans le combat qu’il mène pour une gestion saine du Cameroun. Cette quatrième lettre démontre que vous luttez essentiellement pour les plaisirs du ventre.

Denis Emilien Atangana maire de Monatélé
Monsieur Assigana commençons par une fable. Nous sommes le 30 septembre 2013 et les élections viennent de se dérouler avec ferveur à Monatélé. Le peuple a massivement voté pour la liste du MRC portée par le jeune Denis Emilien Atangana qui a mené une bonne campagne dans cette localité. Hélas, la haute autorité chargée de la proclamation des résultats déclare le Rdpc vainqueur au terme de cette folle journée qui a vue le peuple prendre fait et cause pour le vrai changement malgré la déferlante de promesses, de cadeaux à lui fait par la classe dirigeante. Pas le moins du monde démonté, Monsieur Denis Emilien Atangana parvient le 1er octobre 2013, grâce au génie de certains hackers de Ngoa-Ekelé, à faire passer un message sur la chaîne de télévision nationale à l’heure de grande écoute. Le prince, pris de compassion devant cet appel pathétique, surpris et amusé par l’audace de ces jeunes Camerounais, décide non seulement de ne pas lâcher ses ninjas mais aussi de revenir sur le décompte des voix. Ainsi le 2 octobre 2013, Denis Emilien Atangana entouré de sa garde rapprochée, arrive à la mairie de Monatélé dans sa nouvelle Hummer toute rutilante. Oui il avait prévu cette victoire et pour son sacre, il avait pris à crédit un véhicule digne de ce nom chez Fotso le grand concessionnaire auto de Monatélé. Dès son accession au trône, il puise dans les caisses de la Mairie de Monatélé pour rembourser toutes les dettes accumulées au cours de ce laborieux combat vers la mangeoire suprême et pour récompenser ses camarades de combat. Le peuple de Monatélé qui n’est pas dupe se révolte et la colère monte dans la cité. C’est alors qu’intervient le patriarche Fabien Assigana qui s’adresse au peuple pour le calmer en ces termes : « Peuple de Monatélé, Denis Emilen est un digne fils de ce pays. Ne soyez donc pas dur envers lui. Il n’a pas pris grand-chose jusqu’ici. Soyez tranquille. Je vais lui tirer les oreilles et tout rentrera dans l’ordre. »

Parti politique comme tremplin vers la mangeoire suprême ?
Monsieur Assigana c’est parce que de nombreux Camerounais ont tenu et continuent à tenir ce raisonnement que le slogan Rigueur et Moralisation a depuis longtemps perdu toute sa substance et s’est transformé en laxisme et démobilisation. Ceux qui comme vous pensent que le MRC est un bon investissement pour accéder à la mangeoire suprême se trompent. Ceux qui comme vous pensent que la chèvre broute là où elle est attachée et que de toute façon puisque je suis le fils d’un tel, puisque j’ai des accointances avec un tel et donc je suis au dessus de la justice se trompent. Le MRC est un parti républicain qui fait du respect de la loi un principe inviolable. Le MRC est un parti qui revendique une vraie et même justice pour tous. Une justice qui s’applique à tous en commençant par les dirigeants, les responsables et les membres du MRC. Une justice indépendante qui s’applique de la même façon au président de la République, au président de la cour Suprême, au « benskinneur », à la « call-boxeuse » et à la « Bayam-sellam ». Monsieur Assigana que ceux qui comme vous veulent utiliser le MRC pour encore et toujours tromper le peuple réfléchissent par deux fois avant de s’y engager. Le Directoire du MRC serait condamnable s’il ne faisait pas preuve aujourd’hui de rigueur dans la gestion du MRC alors même qu’il nous promet qu’il gouvernera le Cameroun autrement demain. Pourquoi le Président National du MRC devrait-il intervenir dans une affaire qui par ailleurs peut-être réglée par la simple application de la loi sur le respect des biens publics ?

Le peuple de Monatélé est souverain
Monsieur Assigana sachez que le Cameroun de papa est derrière nous. Vous vous êtes trompé de camp à moins que vous ne soyez simplement un pion destiné à semer la zizanie dans le camp adverse. Sachez que le peuple de Monatélé qui a choisi de se détourner de cette élite prédatrice n’est pas dupe et il saura distinguer la bonne graine de l’ivraie. Ce peuple souverain a compris que le MRC ne roule pas pour son Directoire mais bien pour le Cameroun et rien que pour le Cameroun. Ce peuple ne veut plus être une simple caisse de résonance pour une élite quelle qu’elle soit.Ne vous détrompez pas Monsieur Assigana, le peuple de Monatélé de Deuk et de biens d’autres localités n’a pas signé un chèque en blanc au MRC en choisissant de lui confier son destin. Le peuple observe désormais avec vigilance et attend des dirigeants du MRC qu’ils soient exemplaires dans la gestion du pays et cette exemplarité commence par la gestion du MRC qui n’est déjà plus leur chose mais bien celle du peuple qui le porte.

Une cinquième lettre?
Dans quelle équipe jouez-vous Monsieur Assigana? Dans celle reconnue et promue par le peuple de Monatélé ou bien dans celle honnis et rejetée avec force par ce peuple? Voulez-vous vraiment que le jour enfin se lève sur la belle cité de Monatélé ou bien voulez-vous la maintenir pour toujours dans l’obscurité ? Quel Cameroun voulez-vous livrer à vos enfants et petits-enfants? Oui Monsieur Assigana dites-le-nous dans une cinquième lettre. Surprenez-nous! Démontrez-nous que vous n’êtes pas juste le fou du Roi et que vous avez un peu d’amour pour vos enfants et petits enfants, pour les enfants de Monatélé, pour tous les enfants du Cameroun. Dites-nous que vos écrits ont dépassé votre pensée ou alors que vous n’avez-pas lu cette quatrième lettre que vous avez écrit.

Guy Fokou Singue
Journalducameroun.com)/n

Lettre ouverte au Président de la République du Cameroun

Par Kah Walla Présidente du Conseil National du CPP

M. le Président,

Malgré ma résolution de ne pas vous écrire cette année, vu que vous ne semblez prendre en compte aucun courrier qui vous est adressé, la gravité de la situation dans laquelle notre pays se retrouve en ce moment, me contraint à engager une nouvelle communication à votre égard.

M. le Président, l’intégrité du territoire national – l’intégrité de notre cher Cameroun – se trouve attaquée comme jamais dans son histoire. Les régions de l’Extrême-Nord, et de l’Est ainsi que Bakassi constituent actuellement les zones de vulnérabilité de nos frontières et de menace pour nos compatriotes. Cela est inacceptable. Il y a urgence à y apporter une solution efficace.
Si nous nous devons d’agir quand un étranger est en insécurité sur notre territoire, nous nous devons encore plus d’assurer la sécurité des Camerounais/es sur l’ensemble de notre territoire national.
M. le Président, les Camerounais/es ne peuvent plus continuer à dépendre des forces étrangères. Nous sommes dans l’obligation et ce très rapidement, de prendre en main nos responsabilités. Il s’agit, au minimum d’un certain nombre de dispositions clés.

M. le Président, voici quelques mesures qui s’imposent à vous.
I. Convoquez un Sommet
Pour des intérêts certainement éloignés de ceux des Camerounais, vous avez accueilli un sommet mondial sur la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée en Juin 2013. C’est également pour les mêmes raisons que vous allez prendre part du 6 au 7 décembre prochain à Paris, à un autre sommet sur la sécurité en Afrique. Aujourd’hui, il est l’heure de convoquer un sommet. Un vrai. Pour la sécurité du Cameroun. Inutile de préciser qu’il s’inscrirait dans le sens de l’intérêt supérieur de notre pays et des Camerounais/es et par extension celui de l’Afrique Centrale et des populations de la sous-région. Avec les chefs d’Etat du Nigéria, du Tchad et de de la République
Centrafricaine, vous devriez vous mettre autour d’une table pour prendre des décisions fermes pour la sécurité de nos frontières communes. Il ne s’agit pas ici de créer l’album photo qui a été le produit de vos trois jours de travail en Juin 2013, Mais plutôt de véritables séances de travail pour apporter des réponses aux questions suivantes :
. Quelle collaboration entre les forces de l’ordre nigérianes, tchadiennes et camerounaises pour ramener la sécurité dans les frontières autour de la région de l’Extrême-nord ?
. Quelles stratégies et actions à mener pour ramener la paix tout en respectant les droits des citoyen/nes dans ces zones ?
. Quelles stratégies à court, moyen et long terme avec les autorités tchadiennes et centrafricaines afin de sécuriser l’espace commun dans la région de l’Est ?
. Quelle collaboration entre le Cameroun et le Nigeria pour améliorer la sécurité au niveau de la ligne frontalière de la région du Sud-ouest et particulièrement dans la zone de Bakassi ?
C’est à la suite de ce sommet, avec un plan d’action concret en main, définit par nous-mêmes que nous pouvons rencontrer les partenaires de l’ensemble de l’Afrique Centrale, de l’Union Africaine, de l’Occident et d’autres régions du monde afin de discuter des enjeux de leurs investissements au sein de notre territoire en fonction de nos intérêts. Il nous appartient de prendre l’initiative et le leadership sur ces questions et pas à des étrangers.
II. Créez la synergie entre les différentes forces de maintien de l’ordre
Ce n’est un secret pour personne. A cause de votre style de gestion, nos différentes forces de l’ordre collaborent à peine. Il est indispensable de créer les conditions pour une synergie entre toutes ces forces de l’ordre afin d’apporter des solutions durables à cette menace au niveau de nos frontières. Il s’agit de :
. Réunir toutes les forces de l’ordre concernées pour le développement d’une stratégie commune avec des responsabilités partagées. Cette stratégie sera votre feuille de route pour le sommet susmentionné.
. S’assurer que toutes les forces de l’ordre ont les ressources équitables pour faire leur travail et assurer leur propre sécurité sur le terrain.
. S’assurer que les soldats et officiers qui font le véritable travail sur le terrain et dont la vie est en jeu au quotidien ont l’équipement et les ressources nécessaires pour faire leur travail.

III. Mettez en uvre un véritable plan de développement pour ces zones prioritaires
M. le Président, la paix ne se décrète pas, elle ne s’impose pas par la violence, elle se construit et s’entretient en permanence. Pour assurer la durabilité des résultats que pourront obtenir nos forces de l’ordre, il est impératif de mettre en place un plan de développement d’urgence pour les zones vulnérables telles que l’Extrême-Nord, l’Est et Bakassi.

Toutes les études le démontrent ; Les extrémistes et terroristes se recrutent parmi les jeunes dés uvrés, sans emploi et sans espoir. Votre politique de développement à ce jour, notamment en ce qui concerne les jeunes, constitue le plus grand danger pour la sécurité du Cameroun.

Le Cameroun tout entier a besoin que vous changiez radicalement votre stratégie pour aborder les questions de chômage, de développement économique et social. Sans une nette amélioration des performances dans ces domaines, la supposée paix camerounaise demeurera fragile. Si le pays tout entier a besoin que vous revoyez votre copie dans ces domaines, le besoin dans ces zones frontalières est encore plus grand et plus urgent. Pour sécuriser ces zones de manière durable, nous avons besoin de la mise en uvre d’un plan de développement qui assure :
. Le développement de l’économie locale
. La création des emplois
. La délivrance des services de base tels que l’eau, l’électricité, la santé et l’éducation

IV. Prenez le Leadership de la Région

M. le Président, si tout ceci nous arrive, c’est au moins en partie dû à votre manque de proactivité et votre insuffisance de leadership dans la région. Le Cameroun est le leader naturel de l’Afrique Centrale. C’est du fait de ne pas jouer ce rôle et de ne pas prendre au sérieux la sécurité de l’ensemble de la sous-région que provient, en partie, la cause de nos problèmes d’insécurité d’aujourd’hui. Il est impératif que le Cameroun reprenne sa place de leader et que nous commencions un travail approfondi et à long terme pour sécuriser durablement la sous-région.

Finalement, M. le Président, si tout ceci vous semble trop compliqué, trop difficile et fastidieux, on peut imaginer que cela soit le cas compte tenu de la fréquence de vos congés et séjours à l’étranger, vous pouvez toujours opter pour la solution que nous vous avons proposées à travers plusieurs correspondances déjà : une démission honorable et un départ tranquille.

A bon entendeur. dit-on au sein de notre communauté. A vous de bien entendre et surtout d’agir, M. le Président.

Pour le Cameroon People’s Party
(è) Kah Walla
Présidente du Conseil National

Kah Walla écrit à Paul Biya
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Cameroon People’s Party: Lettre ouverte aux Camerounais

Par Kah Walla, Présidente du Conseil National du Cameroon People’s Party

Chèr/es Compatriotes

Un mois après la tenue des élections législatives et municipales du 30 septembre dernier, nous avons toutes et tous, eu le temps de comprendre et d’intégrer la pleine signification et les implications des résultats de ces élections. Le 30 septembre dernier, nous, peuple camerounais, sommes passé à côté d’une formidable opportunité d’amorcer la reprise de notre pouvoir et de commencer le balayage de notre pays et sa reconstruction.

Comme il est dit dans nos villages, quand vous trébuchez, ce qui est important, ce n’est pas la douleur dans le pied, mais plutôt la compréhension de la cause de votre chute. C’est la seule façon d’assurer la victoire ultime.

Nous ne sommes pas encore passés de la parole aux actes.

En lisant les journaux, en écoutant les émissions de radio et de télévision, en écoutant les discussions dans les rues et les quartiers, il ne fait aucun doute que l’écrasante majorité du peuple camerounais veut le changement. Toutefois, la dénonciation de ce qui ne va pas, même quand ceci est fait tout le temps et par tout le monde et ce pendant des années, ne suffit pas pour déloger le système. La gouvernance catastrophique du système en place et la dégradation du niveau de vie des Camerounais se poursuit.

Aujourd’hui, Seulement une infime partie de Camerounais s’implique dans la participation aux élections ou dans les actions de protestation non violente. Tant que nous laisserons cette minorité agir pour notre intérêt à tous, celle-ci sera systématiquement intimidée, fragilisée, corrompue et parfois induite en erreur. Pourtant nous subissons tous, les conséquences de cette mal-gouvernance. Nous n’avons pas encore, en tant que peuple, décidé que nous devons agir individuellement pour notre bien collectif. Nous voulons le changement mais paradoxalement, nous attendons que ce soit d’autres Camerounais (peut-être même des étrangers ?) qui agissent pour produire ce changement.

Le RDPC a remporté ces élections parce qu’il a acheté les votes. Aucune surprise au finish : Nous nous attendions à la fraude et la corruption de leur part. Ils sont constants et cohérents dans cette démarche depuis des années. Ceci constitue, à fortiori, l’une des raisons pour lesquelles nous devons le déraciner du siège du pouvoir dans notre pays.

La question qui préoccupe et intrigue est celle de savoir comment et pourquoi en tant que Camerounais, nous continuons à hypothéquer aussi bien notre présent que notre futur sur la base de sommes dérisoires (2000/5000/25000 F Cfa). Nous avons des routes épouvantables, nos enfants vont à l’école dans des conditions désastreuses, nous manquons d’eau potable et en plus de l’absence d’emplois décents, le peu d’argent obtenu par les jeunes à travers la débrouillardise est récupéré par l’Etat à travers la corruption et les taxes abusives sur les activités de l’informel. Pourquoi contribuons-nous à détruire nos propres vies ?

Nous ne sommes pas encore conscients de notre force et de notre puissance en tant que peuple. Il n’y a pas de dictateur, ni de fonctionnaire corrompu, ni aucune force d’intimidation qui peut nous résister si nous nous levons ensemble en tant que peuple. Le Cameroun appartient à chacun/e d’entre nous et nous allons seulement commencer à construire le Cameroun que nous voulons, le Cameroun que nous méritons, lorsque nous nous lèverons et prendrons possession de notre pays.

Au Cameroon People’s Party (CPP), nous avons analysé et tiré beaucoup d’enseignements de ce scrutin. Les obstacles rencontrés nous ont renforcés et raffermis dans nos convictions. Nous sommes sur la voie de la construction d’un autre Cameroun. Un Cameroun reposant sur un socle de principes et de valeurs qui fera ressortir le meilleur de chaque Camerounais/e et donc le meilleur de notre nation. Nous allons trébucher et nous pourrons même tomber sur cette voie, mais nous allons nous relever à chaque fois. Notre détermination et nos convictions restent intactes. Nous allons nous renforcer et nous ressourcer pour continuer à franchir les étapes jusqu’à ce que nous atteignions notre destination. Le CPP, va continuer à informer, former, préparer et agir avec les Camerounais jusqu’à ce que nous rentrions en possession de cet héritage (Le Cameroun) qui nous revient de droit.

Dans cette détermination nous présentons une fois de plus, les mesures que nous devons prendre ensemble pour récupérer notre pouvoir, reprendre notre pays et construire le Cameroun que nous méritons.

Agissons politiquement maintenant!

Nous devons sans cesse faire croitre le nombre de Camerounais qui croient en eux-mêmes, qui sont convaincus de leurs droits dans leur pays et qui sont disposés à entreprendre des actions politiques pour la sauvegarde de celui-ci.

Quelles actions politiques ?

1) Prendre possession du système électoral dans sa globalité et de la loi électorale en particulier. Ce sont des instruments fondamentaux dans la construction de la démocratie. Les élections n’appartiennent ni au gouvernement, ni à ELECAM, ni à aucun parti politique. Les élections appartiennent au peuple. Nous devons reconquérir notre système électoral et nous approprier ces élections.

. Inscrivons-nous pour voter! Dès l’ouverture des inscriptions le 1er Janvier prochain, nous devons nous inscrire pour voter. Seuls ceux qui sont inscrits sont en mesure d’agir pendant une élection. Lors de la dernière élection 10-20% de la population a décidé pour nous tous. Plus nous serons nombreux, plus nous pourrions faire entendre notre voix et imposer notre volonté en tant que peuple. Inscrivons-nous pour voter!

. Rejoignons le combat pour la réforme électorale. Contre sa volonté, ce gouvernement a cédé à la pression pour l’enregistrement biométrique. Malgré son incomplétude, il a amélioré le système électoral. Pour tricher cette fois, ils ont dû recourir à la corruption extrême. Nous avons réussi à les pousser à aller plus loin que d’habitude, mais nous devons continuer à lutter pour un meilleur système électoral. Un bulletin de vote unique, l’âge de vote ramené à 18 ans et des élections présidentielles à deux tours sont tous des éléments pour lesquels nous devons continuer à lutter pour qu’ils soient intégrés dans notre système électoral.

2) Nous informer et nous éduquer sur notre système politique. Pour être en mesure de prendre des décisions qui vont dans notre propre intérêt, en tant que citoyen/ne nous devons être engagé/es et au fait des actions et des activités politiques.

. Participons à des réunions politiques, Assister à des conférences et des discussions sur des questions politiques. Mieux nous comprendrons ce système, plus efficace nous deviendrons pour démanteler toutes ses man uvres. Le CPP va publier un calendrier de ses actions de formation et d’information dans les prochaines semaines.

. Engageons le système politique. Il faut assister aux séances des Conseils Municipaux et visiter l’Assemblée Nationale en cours de session. Écrivons à nos députés. Renseignons-nous sur nos droits et revendiquons-les. C’est notre argent qui paie les élus. Il est de notre droit de leur demander de travailler pour nous. Exigeons-le.

. Posons des questions. Si un Elu a de l’argent pour acheter notre vote, pourquoi n’en a-t-il pas eu pour réaliser des projets de développement ? D’où vient cet argent pour soudoyer les Camerounais/es? Pourquoi n’avons-nous pas d’eau potable à boire, pourquoi nos écoles sont-elles dans de si mauvaises conditions ? Ces fonds ne peuvent-ils pas aider les jeunes à devenir entrepreneurs? Notre pays est riche et, en tant que peuple, nous méritons des services de base de qualité. Soyons sans relâche et toujours plus exigeants.

3) Participons aux manifestations non-violentes. C’est en exerçant nos droits politiques que nous affirmons et rappelons à tous les intéressés que ce pays nous appartient en tant que peuple. C’est en effectuant l’action politique que nous acquérons la force politique nécessaire pour mener à bien l’action ultime qui va apporter un changement définitif pour le Cameroun. Rejoignez le CPP pour en apprendre davantage sur la protestation non-violente et pour engager des actions pour reprendre notre pays.

4) Que chacune et chacun d’entre nous agisse individuellement et collectivement. Nous devons prendre la décision en tant que citoyens de rejeter ou de refuser la corruption qui empoisonne nos vies quotidiennes et qui a mis notre pays à genoux. L’action politique est une action égoïste. Quand vous agissez politiquement, vous agissez pour vous et pour votre avenir. S’attendre ou accepter un paiement, un pot de vin pour votre action politique va compromettre cette action et hypothéquer notre avenir à tous. Notre peuple doit être déterminé à obtenir le meilleur pour nous et pour nos enfants, non seulement pour aujourd’hui, mais pour demain et le jour d’après.

5) Construisons notre foi en nous-mêmes en tant que peuple et en notre pouvoir en tant que nation. Une tactique commune des preneurs d’otages est de faire croire à ceux qu’ils ont capturés qu’ils n’ont aucun pouvoir. Notre gouvernement actuel voudrait nous faire croire que nous n’avons aucun pouvoir, que nous ne pouvons pas changer les choses, que nous faisons de notre mieux en tant que nation et que le changement envisagé est une illusion. Mensonge ! Nous pouvons et nous devons faire beaucoup mieux en tant que nation. Nos ancêtres y croyaient et nos enfants l’espèrent. C’est à nous de le réaliser.

Ils peuvent tromper une partie du peuple tout le temps, ils peuvent tromper tout le peuple une partie du temps, ils ne peuvent pas tromper tout le peuple tout le temps.

Notre peuple ne peut plus être dupe. Nous allons construire notre puissance et reprendre notre nation en main. Sur cette voie, nous pouvons trébucher, nous pouvons même tomber, mais nous restons déterminés et certains d’atteindre notre destination.

Kah Walla

(e) Présidente du Conseil National

Cameroon People’s Party

Kah Walla en action
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Lettre ouverte à Monsieur le Directeur du cabinet civil de la Presidence de la Republique

Par Me Jean de Dieu Momo, président du Paddec

Excellence,

pardonnez-moi de renouer avec ce mode de communication que j’avais abandonné et de vous indexer comme étant le responsable de l’organisation de la 41ème édition de notre fête nationale sous le thème « Armée et Nation, ensemble pour relever les défis sécuritaires pour un Cameroun émergent». J’ai le respectueux honneur de vous féliciter et à travers vous toutes les autorités de notre pays, en leurs divers rangs et grades, ainsi que le protocole d’Etat et les services déconcentrés du protocole dans les régions et départements, pour la réussite de cette fête très riche en couleurs et en enseignements.

Je vous félicite particulièrement d’avoir invité l’armée du pays frère et ami le Nigeria à défiler dans nos rangs. Pour ma part c’est la plus grande victoire de cette célébration quand on pense qu’il n’y a pas longtemps les deux armées s’étripaient vigoureusement sur le front de Bakassi. La réconciliation et l’amitié Camerouno-nigériane qui se démontrent à travers cette mise en commun des militaires pour la célébration de notre fête nationale prouvent que deux frères peuvent se disputer mais le plus important est de se réconcilier dans la paix. Il n’y a pas de querelle éternelle entre les frères et nous devons toujours rechercher les moyens de la réconciliation pour avancer dans la construction du Cameroun exemplaire que le chef de l’Etat appelle de tous ses v ux.

Je félicite aussi à travers vous et les chefs des armées, le défilé militaire dont nous a gratifié ici et là nos vaillantes forces de maintien de l’ordre. Hurrah comme elles le laissaient échapper dans un souffle puissant mais discret pendant leur passage!

Toutefois, pour aider à construire ce Cameroun exemplaire, l’amitié se nourrit de vérité comme le disait Jacques Chirac, je dois rappeler à votre souvenir l’époque des marches contre le multipartisme pour les uns et contre le multipartisme précipité pour les autres. Vous vous rappelez, Excellence, qu’au sein du parti unique de cette époque là, le Rdpc, beaucoup de cadres s’étaient élevés contre l’instauration de la Démocratie à travers le multipartisme au Cameroun. Le président de la République avait tranché le débat et appelé ses partisans à se préparer au multipartisme, ce qui lui avait valu une grande ovation. Et depuis plus de vingt ans maintenant notre pays s’est enrichi d’autres partis politiques légalisés dont la constitution affirme qu’ils concourent tous à l’expression du suffrage.

Excellence, je crains que les partisans conservateurs du monopartisme soient en ce moment en train de prendre le dessus sur ceux de la démocratie prônée par le chef de l’Etat. Je constate que les ennemis de la démocratie, et donc du chef de l’Etat, sont au c ur du pouvoir aussi bien dans l’armée que dans la police. Ces ennemis de la démocratie prônent insidieusement le retour au monopartisme : Ils veulent tous que les autres partis politiques intègrent le parti au pouvoir et usent de toutes les man uvres vexatoires pour les y contraindre.

Ce 20 mai 2013, sur le boulevard de l’Unité, notre parti, les Patriotes démocrates pour le développement du Cameroun (Paddec) a pris part au défilé. Il a été choisi par le protocole d’Etat pour ouvrir le défilé des partis politiques, j’ignore sur quelle base autre que l’ordre alphabétique habituel. La dame du service du protocole d’Etat expliquait aux patriotes du Paddec que c’était un grand honneur pour notre parti politique d’avoir été choisi pour ouvrir le défilé et qu’en conséquence ils devaient porter le portrait du président de la République ! Nous leur avons expliqué que le président de la République étant le président de tous les Camerounais nous ne trouvions aucun inconvénient à porter son portrait mais seulement qu’étant également le président du parti concurrent dans la course au pouvoir, nous ne saurions porter son portrait à cause de la confusion et des conclusions erronées que l’on pourrait en déduire. En réalité c’était un piège grotesque des ennemis de la démocratie contre le Paddec. Auparavant ils avaient fait courir la rumeur que nous avions vendu le Paddec au parti au pouvoir et ils téléphonent à nos cadres pour leur demander de démissionner du Paddec pour rejoindre le parti au pouvoir. Certains des cadres du Paddec à l’Ouest ont été mutés dans la région de l’Est pour vaincre leur militantisme et d’autres subissent soit des intimidations soit des offres d’un emploi ou d’une vie meilleure s’ils rejoignent le parti au pouvoir. Il s’agit là bien sûr d’une concurrence déloyale animée par un ministre qui n’a jamais rien donné à personne par le passé, et en tout cas ennemi de la Démocratie et du Cameroun exemplaire que nous voulons construire.

Excellence, le souvenir de la 39ème édition en 2011 de la fête de l’unité à Yaoundé est encore vivace dans la mémoire collective de nos militants : Ceux-ci avaient été retirés des rang du défilé, à l’entrée de la Tribune présidentielle, c’est-à-dire après une longue marche de plusieurs kilomètres et plusieurs contrôles de police pour les fouiller et confisquer les pancartes contenant les messages, depuis Mvog-Mbi jusqu’à la poste centrale, ils avaient été retirés des rangs au dernier moment par un fonctionnaire du protocole d’Etat qui soutenait que les militants du Paddec ne pouvaient pas défiler en portant des T-shirts à l’effigie du président du Paddec. On nous avait dit que seules les pancartes arborant la photo des présidents des partis de l’opposition étaient interdites et non les T-shirts. Il s’agissait là manifestement d’un diktat, c’est-à-dire d’une loi non écrite et inattaquable, contraire à l’Etat de droit, relevant de la pure dictature d’un fonctionnaire du protocole d’Etat. Le Paddec n’avait pas défilé en 2011 à cause de la volonté d’un fonctionnaire du contrôle d’Etat qui avait légiféré séance tenante interdisant le port des T-shirts à l’effigie du président d’un parti d’opposition. Dans le même temps le parti au pouvoir défilait avec les pancartes et les pagnes portant fièrement le portrait de son président, un autre parti d’opposition défilait avec le pagne portant les portrais de ses héros. D’où l’on voit que certains fonctionnaires du protocole d’Etat sont des partisans du monolithisme et donc des adversaires de son Excellence Monsieur le président de la République Paul Biya.

A Douala cette année 2013, alors qu’au cours des réunions préparatoires avec Monsieur le préfet du Wouri, il a été décidé de concéder cinq carrés aux partis politiques non représentés à l’Assemblée nationale, ce qui du reste n’est pas juste car un nouveau parti comme le Paddec peut avoir une plus grande capacité de mobilisation qu’un parti plus ancien sur le terrain, et nous en avons fait la démonstration aussi bien à Douala que partout dans la Menoua. A Douala au moment du défilé des partis politiques, une autre dame du protocole des services de Monsieur le gouverneur, est venue retirer de nos rangs plus d’une cinquantaine de patriotes sous des prétextes divers. On s’étonnait que le Paddec puisse prétendre à plus de trois carrés à Douala ! La plupart des femmes qui portaient des chaussures non entièrement fermées ont été retirées de nos rangs, par une femme qui sait pertinemment qu’à Douala il fait chaud et que pour une longue marche comme celle du défilé sur la longue place de l’Udéac, des chaussures hermétiquement fermées donnent des ampoules aux pieds. Le prétexte de cette dame était qu’on ne défile pas en sandalettes. Il ne s’agissait précisément pas des sandalettes mais des chaussures ouvertes à talon, avec une corde à l’arrière ou parfois sans corde arrière mais des chaussures à talon ouvert au bout ou celles connues sous l’appellation de pieds-nus avec corde arrière.

Le plus grave, Excellence, est que cette mesure discriminatoire ne s’appliquait pas à tous les partis politiques. La dame fermait les yeux sur les militants du parti au pouvoir et ses alliés. Lorsque nous avons crié à l’injustice, la police qui aidait cette femme, a mis de côté une dizaine de militants du parti au pouvoir et il leur a été recommandé de rester groupés pour éviter d’être filmés par la télévision. Les policiers avaient peur d’être punis s’ils appliquaient la même mesure aux militants du parti au pouvoir. Pour faire diversion, la police a laissé passer plusieurs minutes sans faire défiler personne et pour rattraper l’écart a précipité le Paddec et certains autres partis politiques dans une course folle pour le défilé, de la marche à la course de l’unité ont ironisé les journalistes. Après quoi la police a remis au milieu des rangs les militants du parti au pouvoir qu’elle avait mis de côté pour port de sandalettes et ils ont pu défiler! Que pouvaient y faire ceux de nos militants refoulés des rangs et contraints de ne pas défiler ?

Excellence, le rôle trouble de certains agents de la police doit être dénoncé. Nos militants retirés des rangs ont entendu un groupe d’officiers de la police comploter en disant : « le Paddec défile avec beaucoup de drapeaux et de pancartes, cela va leur faire de la publicité, il faut les retirer ». Aussitôt légiféré, aussitôt exécuté. Les pancartes des cellules de Douala 5ème Douala, 4eme, Douala 3eme, Douala 2eme et Douala 6eme ont été confisqués, de même que cinq drapeaux nationaux et les cinq drapeaux du Paddec de ces arrondissements-à. Nous avons été contraints de défiler avec uniquement un seul drapeau et une seule pancarte. Dans la même lancée, les écharpes aux couleurs jaunes du Paddec ont été retirées ainsi que les vestes de ceux des cadres du parti au prétexte qu’ils pouvaient y dissimuler des bombes. Tout se passait comme si nous devions remercier en plus de la faveur qui nous était faite de défiler.

Excellence, nous sommes des patriotes soucieux de respecter la loi et si nous sommes avertis d’un interdit nous ne saurons le transgresser. En attendant dans un Etat de droit tout ce qui n’est pas interdit est permis. Le thème évocateur de cette édition de la fête de l’unité a été piétiné par ceux-là même auquels il s’adressait : deux acteurs principaux sont convoqués ici pour relever côte à côte les défis de la sécurité. Ces deux acteurs me semble-t-il sont appelés à travailler ensemble, main dans la main, en totale connivence, pour relever ce défi.

Or qu’est-ce qu’on a constaté sur le terrain ? Une scène d’une autre époque a été vécue par nos militants : Les officiers de la police, sous le prétexte de la sécurité, fouillaient tout le monde avant le défilé au prétexte que les militants pouvaient cacher une bombe ! On a ainsi vu des femmes être fouillées par des hommes qui tâtaient leur poitrine au cas où elles auraient dissimulé une bombe dans leur soutien-gorge ! Les téléphones portables étaient retirés, les portemonnaies vidés, l’argent compté, les papiers jetés car ils pourraient contenir des messages à brandir à la tribune etc. N’ayant rien trouvé sur elle, la police a même demandé à une dame de retirer son bracelet en or ! Quel peut bien être la dangerosité de ce bijou Excellence ? Il faut mettre un terme à ces abus. Méfiez-vous de certaines personnes qui paradent ostensiblement portant la tenue du parti au pouvoir : ce sont de dangereux opportunistes égoïstes et opposants à la politique du président de la République.

Une de nos militantes raconte : « Ceux qui nous ont poussés étaient habillés en vert-vert, ils avaient des fusils, des casques et des pare-balles. D’autres étaient aussi habillés en noir et portaient deux gros sacs ». Je crois savoir d’après cette description qu’il s’agit de la police anti-émeute. Et dans ce cas, Excellence, le thème de cette année restera-t-il un v u pieu ou alors les acteurs auquels il s’adresse vont-ils le prendre au sérieux pour l’avènement de l’émergence en 2035 ? Pourquoi la police bouscule-t-elle des militants désireux de festoyer avec la République pendant la fête de son unité ? Comment faire pour que nos forces de maintien de l’ordre passent du rôle de bourreau à celui de protecteur ?

Excellence, nos efforts pour la réussite de cette fête ne sont ni reconnus ni récompensés. Ne méritons nous pas de la Patrie par les sacrifices que nous consentons pour l’organisation de cette fête ? Cameroon Tribune a publié l’année dernière une lettre chaleureuse par laquelle le président de la République remerciait le Paddec de sa participation à la 40eme édition de la fête de l’Unité, alors que certains partis politiques avaient décidé de la boycotter. Nous n’avons jamais reçu cette lettre du président de la République, sans doute est-elle encore en route dans les services déconcentrés. Vous le savez certainement, Excellence, en tout cas mieux que ceux qui nous mettent les entraves et qui n’ont jamais rien organisé, ce que coûte matériellement et humainement l’organisation d’une telle célébration. Que ce soit en terme de mobilisation des personnes pour parader à la fête, ou que ce soit en terme de moyens financiers, matériels et humains. Je parle du coût de l’habillement des patriotes, de leur transport, de leur nutrition, de leurs soins, de leur encadrement moral depuis les entraînements au défilé jusqu’au défilé proprement dit etc. Il n’est pas juste que notre contribution rencontre le même mépris auquel il fait face depuis un certain temps. C’est à peine que nous avons une place à la tribune officielle pour assister à une fête dont nous nous sommes donnés tant de peine pour contribuer à l’organisation. Et même y étant à la tribune envahie par les amis et les maitresses, nous sommes confinés dans le coin et traités avec discourtoisie comme un opposant infréquentable.

Certains officiers de police ont soutenu que si nous défilions avec beaucoup de drapeaux, cela allait nous faire de la publicité. L’observation générale de cette édition comme de celles passées me prouve que ces officiers ont en fait trahi le secret de polichinelle. Oui la politique gouvernementale, pilotée dans l’ombre par les ennemis du multipartisme et ceux du président Biya, semble être de ne pas faire de la publicité aux partis de l’opposition ! Oui cela est d’autant plus plausible que le Paddec a ouvert le défilé des partis politiques à Yaoundé mais la télévision à capitaux publics, et très curieusement les télévisions privées, ne l’ont pas montré. Le Paddec n’est apparu sur aucune chaine au soir du 20 mai 2013 et pourtant c’est lui qui a ouvert le bal. Rappelons-nous que la dame du protocole d’Etat disait qu’il s’agissait pour nous d’un immense honneur. Si par contre nous avions porté la photo du chef de l’Etat, j’imagine que nous aurions été montrés en boucle sur toutes les chaines de télévision. Ni à Douala, encore moins à Yaoundé, à Bafoussam, à Dschang ou à Nkong-Zem le défilé du Paddec n’a été montré sur aucune chaine de télévision malgré l’excellence de sa tenue et la discipline de ses nombreux militants à la conquête du pouvoir aussi bien périphérique que central. Seul un journaliste d’une chaine locale a osé parler de « la padèque de Jean Marie Momo » (Sic !)

Pourquoi cette discrimination, Excellence ? Est-ce la bonne voie pour la construction du Cameroun exemplaire promis par le président de la République ? Est-ce la voie idéale pour accéder à l’émergence en 2035 ? Je ne le crois pas et le traitement partial de l’information par nos journalistes interpelle d’urgence le Conseil national de la communication. Même le défilé de la société civile qui a tant plu à Son Excellence monsieur l’ambassadeur de France au Cameroun n’a pas été montré par nos différentes chaines de télévisions qui pourtant passaient en boucle le défilé du parti au pouvoir et celui de l’armée. Même l’excellent défilé des majorettes de l’université catholique à Douala n’a été ni applaudi par la tribune officielle qui a pourtant fait une ovation au défilé du parti au pouvoir, ni montré aux informations par les principales chaines de télévisions publique et privées. Il en est de même du défilé non moins excellent de l’Université de la Côte, Istdi, passé dans le silence le plus complet de toutes les tribunes officielles.

Excellence, est-ce que, face à ces frustrations le Paddec ne va pas tirer les leçons et conclure que le défilé du 20 mai ne concerne que les forces armées et le parti au pouvoir et leur laisser leur chose ? Au moins nous ferons l’économie de nos moyens financiers, matériels et humains pour les utiliser ailleurs, au constat de notre exclusion tacite de la construction de la démocratie et de l’émergence. Nous espérons, en nous ouvrant sincèrement à vous, que vous informerez Son Excellence Monsieur le président de la République afin qu’il instruise à Monsieur le délégué général de la Sûreté nationale, à l’Etat major des armées ainsi qu’au chef du Protocole d’Etat de mener des enquêtes, s’ils ne sont pas juges et parties, pour dépister les ennemis de la démocratie tapis dans leur rang et pour les en extirper afin que continue la caravane de la démocratie vers l’émergence en 2035 et la construction du Cameroun exemplaire qu’il nous a promis.

Douala le 21 Mai 2013,

Jean de Dieu Momo, Président du Paddec
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Cameroun: Dernière lettre attribuée à Marafa Hamidou Yaya

L’ex ministre et ancien secrétaire général de la présidence de la République a été condamné à 25 ans de prison

Chers Compatriotes,

Mes premiers mots après ma condamnation inique, le 22 septembre 2012, sont pour vous exprimer toute ma gratitude pour le soutien moral que vous m’avez apporté depuis mon emprisonnement.

C’est dans la confiance que vous m’avez gardée, malgré ces campagnes calomnieuses, que j’ai puisé le courage et la détermination d’écrire ces lettres qui ont ouvert la voie et l’espoir du changement dans notre Pays.

Je vous demande avec humilité de me maintenir votre soutien, non seulement parce qu’il m’aidera à traverser cette épreuve, mais aussi parce que grâce à lui, nous pouvons ensemble, dès maintenant, changer notre Pays.

En effet, c’est parce que vous me soutenez que l’actuel Chef de l’Etat, lui qui n’a jamais manifesté la moindre sollicitude pour nos compatriotes dans la peine, et qui craignant, en raison de ma condamnation programmée, de s’aliéner les populations du Nord, s’est déplacé, en catimini, à Garoua et à Maroua auprès des populations sinistrées.

C’est parce vous me soutiendrez qu’ensemble nous contraindrons l’actuel Chef de l’Etat à engagé les réformes promises depuis des lustres, et dont notre Pays a tant besoin. Il s’agit notamment du nouveau code électoral consensuel et des Institutions prévues par la Constitution, en l’occurrence le Sénat et le Conseil Constitutionnel, Institutions garantes d’une transition pacifique.

C’est parce que vous me soutiendrez que nous pousserons l’actuel Chef de l’Etat à lutter réellement contre la corruption et à traduire en justice les vrais auteurs de détournements de biens publics, dont certains plastronnent aujourd’hui au Gouvernement, alors que les preuves de leur forfaiture sont établies.

Le soutien que je vous demande de m’apporter est un soutien moral. En aucun cas, il ne doit favoriser ni la violence ni le trouble à l’ordre public.

Fort de votre soutien, je m’engage devant vous solennellement à poursuivre mon combat pour qu’advienne au Cameroun LA SOCIETE DE CONFIANCE porteuse de la paix, de la sécurité, de la justice et de la prospérité partagée, à laquelle nous aspirons tous.

Chers Compatriotes,
Après les affres de la rentrée scolaire et des inondations, les Camerounais renoueront avec le sentiment de pauvreté, les pénuries d’eau, les délestages, la décrépitude des hôpitaux, l’insécurité, la déliquescence des infrastructures existantes ou l’incapacité d’en construire de nouvelles : une fois encore, l’appel d’offres pour le second pont sur le Wouri vient d’être declare infructueux ! Tandis que le démarrage des chantiers des entrées Est et Ouest de la ville de Douala est renvoyé aux calends grecques !

Après la pantalonnade de mon procès qui n’avait pour autre objectif que celui de m’écarter de la vie publique, et surtout, de détourner votre attention de l’échec cuisant de la politique actuelle, les Camerounais se verront bientôt proposer d’autres bouffonneries judiciaires dans le seul but de dégager toute la responsabilité de l’actuel Chef de l’Etat dans l’impasse politique, économique et morale où se trouve acculé le Cameroun.

Pourtant, dans cette période où vous êtes assailli par le doute et la morosité, je vous adresse un message d’espoir dans le changement qui vient. Je suis persuadé que dès maintenant, de la prison où je suis assigné et de la place où vous êtes, nous pouvons agir ensemble pour freiner l’abaissement progressif de notre Pays.

Pour cela, il est inutile d’attendre sept ans ou bien je ne sais quelle autre échéance. Pour nous, pour tous ceux qui n’entendent pas céder au découragement, L’AVENIR C’EST MAINTENANT.

Mes Chers Compatriotes,
La vie est un maître sévère. Les épreuves qu’elle m’impose aujourd’hui sont le moyen de lui rendre un compte rigoureux de ma volonté, de mon engagement et de ma capacité à conduire notre Pays sur le chemin du changement et de l’espoir.

Je suis prêt.
Vive la République.
Vive le Cameroun.

Marafa Hamidou Yaya
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Cameroun/Affaire de l’avion presidentiel BBJ-2 – Afin que nul n’en ignore: Au-delà du verdict, questionnements lancinants

Par François Bikoro, journaliste

Il répond depuis le début au mythique nom, que lui a donné l’opinion publique, de l’affaire Albatros. Le 22 septembre dernier il a connu, grâce à la célérité et la dextérité retrouvées de notre justice, un nouvel épilogue. Et pas des moindres. Mais déjà, depuis qu’à l’issue d’une déclaration de culpabilité d’une concision inouïe qui aura duré près d’une journée et une nuit, le verdict est tombé comme un couperet. Cependant que Marafa Hamidou Yaya se déclarait «déçu mais pas vaincu» et que son compère de fortune Yves Michel Fotso acceptait stoïquement de «porter sa croix», la polémique enfle. Du fait des médias qui le weekend dernier ouvrent la boite à pandore pour se justifier de la polémique inutile sur quotité de la peine de privation de liberté, que des avocats de ces derniers insistant sur un pseudo caractère politique. Tant du procès que de la sentence. Chacun de ces six mois presque, écoulés depuis l’interpellation de Marafa Hamidou Yaya, Inoni Ephraïm, à la suite d’Yves Michel Fotso, aura apporté aux citoyens, abasourdis et proches de la révolte ou de la révolution, un ou plusieurs questionnements.

Où est l’argent, où est l’avion?
Pendant ces six derniers mois, pendant qu’on attendait que les débats au fond commencent au tribunal, les Journalistes ont développé des thèses, en soutien à une intense activité épistolaire d’un autre genre et à l’agitation médiatico-politique des avocats. Selon lesquelles, quelque soit le bout par lequel le moindre naïf d’entre nous prend la chose, la libération de Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso, dont certaines inepties ont même surpris des négociations dans ce sens, était une évidence. Certains sont même allés jusqu’à vouloir dériver le fond et le fondement de la vérité sur la foireuse opération, pour le moins maffieuse, de l’achat d’un aéronef présidentiel confiée à trois anciens secrétaires généraux de la présidence de la République. Et dont la véritable évidence, même la plus sceptique et têtue, reconnait que 29 plus 02 millions de dollars ont été décaissés sans que le Président de notre pays ait eu à asseoir son postérieur dans un avion, à lui.

Mais où est alors l’avion?
Marafa Hamidou Yaya, à qui le Chef de l’État a confié «l’affaire» il y a presque dix ans, a déclaré qu’il était déçu mais pas vaincu: annale pour, rassurer les nombreux citoyens aux quels les 31 millions de dollars au raient certainement résolu moult problèmes, de son innocence. Et sur tout de sa détermination à apporter un jour la vérité, sa part de vérité dans cette cabale proche d’un film Kafkaïen. Au-delà de lui conseiller de tout déballer au tribunal cette fois, et non plus dans les médias dont l’influence s’est avérée inutile dans la suite de l’affaire Albatros comme dans les autres, hier et demain, à travers un pourvoi, il demeure qu’une seule réponse arrangerait tout le monde: à la question de savoir où sont passés les 31 millions de dollars décaissés auprès de la Snh sur ordre de Michel Meva’a M’Eboutou.

Où est l’avion présidentiel?
Depuis 1995, où l’idée de doter la République d’un avion présidentiel avait germé, les citoyens assistent toujours à l’humiliation d’un Chef d’Etat obligé de louer, a défaut de se squatter, un moyen de déplacement que confère ailleurs son statut de garant de notre souveraineté. Au point de penser après la sentence que certains qualifient de légère, eu égard au crime querellé et surtout à d’autres affaires de même nature, qu’il existe une entourloupe quelque part. Entre temps la thèse d’une épuration politique entretenue dans la presse demeure. Au point que des citoyens ont failli s’étriper pour la libération ou la condamnation de ces concitoyens tombés au banc de la république. En oubliant qu’en descendant dans la rue, même si l’agitation et la manipulation pourront amener à la libération de ces derniers, à supposer qu’ils soient par extraordinaire innocentés, il demeure attendu la réponse à la question que se pose encore. Depuis 10 ans. De façon lancinante et drue! Mais ou se trouve donc l’argent? Pendant le déroulement du procès, de même que dans l’opinion entretenue par une certaine presse à la solde et certains politiques aux abois, on a vu défiler une kyrielle de personnalités. Au tribunal comme sur les plateaux de radio et télévision locales ou étrangères, de même que dans la presse jusque dans le net. Des noms de destinations qu’aurait pris l’argent furent évoqués de même que les institutions bancaires usitées. On n’a toujours pas réussi à extirper l’homme ou la banque ou se trouve l’argent du contribuable si goulument détourné. Non, comme l’a reconnu Marafa lui-même dans une de ses récentes plaidoiries savamment distillées dans la presse, comment veut-on nous faire croire qu’autant de milliards sont partis en fumée sans qu’il y ait eu un moindre responsable, même moral. Fut-il un pyromane qui aujourd’hui s’empresse de crier au feu, dans ce pays où tous les responsables déchus invoquent un destin national pour expliquer leur nouveau sort. Qu’il s’appelle Michel Meva’a M’Eboutou qui a reçu l’ordre de trouver l’argent mais qui n’a pas attendu le même ordre pour faire décaisser autant de fonds équivalant à 120 hôpitaux de districts; que ce soit Yves Michel Fotso qui se révèle être notre Maddof national dans cette affaire qui pue la feymania; que ce fût le Général Benaé Mpecke où le Colonel Mitlassou, pauvres technocrates usités pour certifier de l’adéquation de l’avion avec la qualité de son passager illustre; Qu’ils s’appellent Assene Nkou, l’Al Capone qui maitrisaient grâce à Mmes Sandjong et kounda tous les méandres de la maffia corse; encore moins tous les autres Inoni Ephraïm et Marafa Hamidou Yaya maîtres d’ouvrage de cette construction dont l’échec qui a failli coûter la vie à la famille de Paul Biya… Personne, même pas Otele Essomba dont pourtant le rôle a été reconnu à sa juste valeur dans la recherche de la vérité, n’a pu nous rassurer sur la destination de l’argent, ou sur le sort réservé à l’aéronef présidentiel, confié à GIA.

Seigneur, où est finalement l’avion?
A qui veut-on faire croire, que du fait des luttes d’hégémonie politique comme savent les fabriquer les fins de règne, les camerounais qui pourtant ne se complaisent pas à leur misérable sort soient près à abandonner 31 millions de dollars sans coup férir. Alors que Marafa qui a reçu l’ordre de Paul Biya, pour acheter «frauduleusement» un avion, a encore tout le loisir de demander à Yves Michel Fotso des comptes quant à l’utilisation de cet argent. Si l’avion n’existe que dans nos subconscients de batards psychologues, si l’argent a été sorti des caisses de la Snh, a qui doit-on finalement demander de nous situer exactement sur l’endroit où se trouve caché notre argent. Par exemple:

-A GIA qui a été mis en faillite au lendemain de la sortie des fonds?

-A Fotso qui a convoyé les mallettes vers des destinations nébuleuses?

-A Meva’a M’Eboutou qui au lieu de faire les lettres de crédits comme l’avait demandé Marafa, a plutôt préféré le cash?

-A Adolphe Fridolin Moudiki Elame qui a puisé dans les caisses du pétrole en exécution d’un ordre de son ministre des finances?

Aux responsables de la Cbc qui devaient passer des nuits blanches à compter, puis à faire le bon partage de la pluie de milliards sous «la pression» de leur boss?

-A Inoni Ephraïm, si proche de Paul Biya qui en a fait son principal confident au gouvernement en plus de son poste de Pca de Apm?

-A Gérôme Mendounga, notre représentant au pays de Boeing qui n’a pas dit qu’il a vu l’avion et ou l’argent?

-Peut être à Marafa Hamidou Yaya et Atangana Mebara dont les rôles pivots au plan administratif permettaient d’appliquer le principe de «qui peut le plus peut le moins».

-Ou alors, pourquoi pas à Paul Biya, victime expiratoire d’une cabale politique qui a coûté la vie à des milliers de ses compatriotes du fait de la honte, de l’opprobre et de la misère ambiante.

-Enfin, à l’Etat, donc à chacun d’entre nous qui constituons un peuple qui ne sait pas faire foule, devant tant de holdup, d’incuries managériales du fait d’un système qui laisser prospérer des monstres qui nous narguent.

Non. Mille fois non! Il faut que l’Etat fasse appel à cette décision. Il faut que le tribunal écoute bien Marafa et Cie, maintenant qu’ils ont convenu de se pourvoir. Afin qu’un jour on réponde à la double question:
Où est l’argent, où est l’avion?

A moins que ces acteurs, non moins importants de cette cabale financière, ne nous confortent sur l’inutilité des démarches qui ont cours, ou sur ceux qui pensent qu’on aurait dus les condamner, à vie. Comme les autres. Il demeure constant que les négociations qui ont cours à Maroua, Garoua ou Foumban, les marches qui ont eu lieu à Douala, Bandjoun, Yaoundé ou Garoua pour la libération de Marafa ou Fotso, n’apportent pas la réponse à notre questionnement. Certes il se dit que Fostso aurait proposé de rembourser 14 milliards et offrir un avion neuf à cet effet. Cela est d’ailleurs à encourager, puisque ce fut un homme d’affaire prospère dont le tort est d’avoir plongé la main dans les fonds publics. Mais est-ce le cas pour Marafa, Mendounga, Inoni et ces autres agents publics qui ont reçu de l’argent public, pour acheter l’avion du Président. En attendant de savoir qui va payer un 3e avion pour le 3e Président de notre pays, qui sera peut être Marafa, kamto, Sadi, Bello Bouba, Fru Ndi, Kah Walla, vous et moi pourquoi pas, le syndrome de l’avion du prédécesseur devenu un drame demeure.

Et pourtant il aurait suffit, au tribunal, dans la presse ou dans la rue comme cela semble être le cas, au-delà de l’excessive magnanimité d’un Paul Biya qui laisse ses collaborateurs lui prendre des dizaines de milliards pour un avion fantôme, que chacun nous dise où est l’argent. A défaut, où est l’avion? Simplement!

François Bikoro, journaliste

Affaire Marafa: L’inévitable saisine des juridictions supérieures

Cette procédure permettra de relancer les débats avec de nouveaux éléments et de prolonger la procédure jusqu’à l’entrée en vigueur du Tribunal Criminel Spécial

Les avocats de l’ancien ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya devraient introduire ce lundi 24 septembre 2012, un recours devant la Cour d’Appel du centre à Yaoundé la capitale du Cameroun, en vue du réexamen de son cas. Avec cinq autres coaccusés, il a été reconnu coupable de coaction intellectuelle le samedi 22 septembre 2012 par le Tribunal de Grande Instance du Mfoundi, et condamné à 25 ans de prison ferme, pour sa participation déclarée dans le cadre du détournement de la somme de 21 milliards de FCFA, une partie de l’argent qui devait servir à acheter un avion pour le président de la république en 2001. Au final, le tribunal a retenu l’argumentaire de l’accusation, selon laquelle, au cours d’une réunion tenue au palais présidentiel du moment où Monsieur Marafa était Secrétaire Général de la présidence de la république, il aurait décidé de choisir l’entreprise GIA proposée par Yves Michel Fotso. Le tribunal lui reproche aussi de manière définitive d’avoir ordonné le virement des 23 milliards de FCFA qui toujours selon l’accusation seraient revenus dans les comptes de Marafa via la banque de Fotso. Dans une argumentation qui n’a pas vraiment convaincu de nombreux observateurs, le ministère public et les avocats de la partie civile représentant l’Etat du Cameroun, ne sont pas parvenus à faire savoir clairement comment s’est passé cette « coaction intellectuelle ». Un témoin clé de l’affaire, le ministre Meva’a Meboutou en charge des finances au moment des faits, n’a jamais confirmé sous serment judiciaire, que Marafa lui avait donné l’ordre de faire virer l’argent. Autre point d’ombre, un tribunal de l’Etat américain de l’Oregon, a clairement indiqué que monsieur Fotso, n’était pas signataire des comptes de GIA, comme évoqué par l’accusation. Mais ce verdict est arrivé lorsque les débats étaient clôturés.

Pourtant les avocats représentant l’Etat se disent insatisfaits de la décision du tribunal. Dans leurs réquisitoires, ils avaient demandé la prison à vie pour la « gravité des crimes commis » par Marafa et Fotso et près de 45 milliards de FCFA de Dommages-intérêts. Il semblerait que le juge Schlick ait aussi tenu compte des circonstances atténuantes du fait que Marafa et ses coaccusés avaient des casiers judiciaires vierges. Raison pour laquelle ils n’ont pris que 25 ans au lieu de la perpétuité. Dans les médias, on aborde le sujet avec beaucoup de délicatesse. Lors de la célèbre émission du dimanche, Canal Presse de la chaîne de télévision Canal 2, on a soigneusement évité le débat sur le sujet pour parler du voyage du président Biya dans le nord du pays. La télévision nationale a abordé le sujet dans les journaux télévisés comme une actualité normale, préférant s’attarder sur le voyage du président dans le Nord. L’émission Par ici le débat en a fait un point, mais on évitait soigneusement de commenter la décision du juge. En prononçant la décision, le juge a donné 48 heures aux différentes parties pour saisir la cour d’appel. Mais déjà cette démarche est contestée par les avocats de l’Etat du Cameroun. « La loi qui crée le tribunal criminel spécial fait savoir clairement que lorsqu’il va démarrer, il sera compétent pour toutes les affaires relatives aux détournements de plus de 50 millions de Francs CFA. Donc dans le cas d’espèce, ce n’est pas un recours en appel qu’il faut, mais un recours devant la chambre criminelle spéciale de la Cour Suprême, parce que la décision du tribunal de grande instance du Mfoundi a été rendue en lieu et place de la juridiction spéciale » a fait savoir un d’eux, interrogé par la télévision d’Etat. Une argumentation qui risque de faire tache car elle apporte une interprétation particulière de la loi créant le TCS qui ne démarre officiellement que dans trois semaines. Le recours quel qu’il soit pour les accusés de l’affaire Marafa, pourrait donc être stratégique. Tout au long du procès, Marafa s’est toujours déclaré innocent et victime d’une machination. Il a surtout fait savoir que le chef de l’Etat était au courant de chacun de ses agissements sur le dossier. Une question au terme de ce procès en instance reste quand même sans réponse. Celle de savoir où sont passés les 21 milliards ?

Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso ont écopé de 25 ans de prison ferme
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Cameroun/Affaire Marafa: Le verdict attendu ce 21 septembre 2012

Au-delà de toutes les spéculations, personne ne sait quelle sera la décision du juge Gilbert Schlick, ni quelle sera la réaction des populations

C’est ce vendredi 21 septembre 2012, que devrait être prononcée la sentence devant la juridiction de premier degré, de l’affaire relative au détournement de l’argent qui devait servir à acquérir un avion pour la présidence du Cameroun et qui implique l’ancien ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya, et l’homme d’affaires Yves Miche Fotso. Un verdict très attendu et qui intervient à l’issue du tout premier procès express conduit dans le cadre de l’opération épervier. Battant les records de temps, le procès de Marafa aura aussi battu les records d’intérêts au Cameroun. Ce dernier a réussi à s’attirer la sympathie d’une partie de la population, et même d’une partie de la classe politique, qui réclame aujourd’hui sa libération. Les autorités semblent prendre la chose au sérieux et plus que les jours précédents, l’accès au palais de justice et ses environs sera très surveillé. Dans le nord du pays aussi, c’est la grande mobilisation.

Le jour choisi par M. Biya pour se rendre dans cette partie du pays survenant moins de deux jours avant le prononcé du verdict de l’affaire du BBJ-2 au Tribunal de grande instance du Mfoundi, le SDF est en droit de s’interroger si ce choix cynique ne participe pas d’un prétexte à peine voilé pour militariser tout le Grand Nord du pays en général et le département de la Bénoué en particulier en vue de mâter de probables poches de contestation ou des manifestations publiques qui pourraient être organisées en rapport avec une éventuelle condamnation de l’ex ministre d’Etat Marafa Ahmidou Yaya, illustre fils du septentrion.
Communiqué du SDF, 19 septembre 2012

Au sein du SDF (social democratic front), on se refuse à croire à ce hasard. Hasard du calendrier ou calcul politique, le jugement de l’affaire Marafa intervient alors que le président Biya est dans cette partie du pays pour visiter les sinistrés des inondations qui depuis début septembre, ont fait de nombreuses victimes et laissé sans abris plusieurs milliers personnes.

Des sources contactées au nord ont fait savoir que le dispositif sécuritaire en place actuellement n’avait plus été vu depuis très longtemps. L’ancien ministre et ses coaccusés ont plaidé non coupables depuis le début de cette affaire.

J’ai été chargé de coordonner cette activité à travers un mode de financement précis et collégial, le SBLC (stand-by Letter of Credit) qui était un mode de financement innovant sécurisé qui n’a pas été respecté. Malgré cela, l’avion a été fabriqué, immatriculé, assuré, réceptionné techniquement, mais j’ignore pourquoi il n’a pas été livré au final.
Marafa Hamidou Yaya

L’ancien ministre a aussi maintenu la position selon laquelle le Président de la République était au courant de l’affaire de manière constante. Je n’ai été qu’un simple exécutant. La seule personne qui avait le pouvoir de décider, c’est le Président de la République. On ne peut pas me donner plus de pouvoir que je n’en ai en réalité. De plus, je tenais le Président informé de tout le processus d’acquisition de cet avion expliquera Marafa dans son contre interrogatoire. Dans les médias les avis ont été partagés en fonction des sensibilités. Certains ont souvent évoqué une possible libération de Marafa mais pas celle d’Yves Michel Fotso. D’autres plus proches du régime, ne doutent pas de la condamnation de celui que certains veulent porter aujourd’hui en héros national. Jusqu’au bout pourtant, les avocats de Marafa et ses coaccusés veulent croire à la justice, malgré tous les « manquements » qu’ils ont relevé dans le déroulement de la procédure. S’il est exagéré de dire que Gilbert Schlick est une exception dans l’univers de la Justice camerounaise, il faut reconnaître qu’il est aujourd’hui l’une des figures représentatives de ces magistrats de vocation pour lesquels la justice est une valeur suprême qu’ils entendent défendre courageusement, en leur âme et conscience dira maitre Alice Nkom, une des avocates de la défense, dans sa plaidoirie. Des observateurs plus perspicaces, estiment que Marafa et Fotso seront condamnés, une décision qui ouvrira le droit au procès en cours d’appel, mais dont la procédure s’étalera jusqu’au jour de l’entrée en vigueur du Tribunal Pénal Spécial, soit dans 26 jours, instance devant laquelle les crimes économiques peuvent faire l’objet de négociations. Monsieur Schlick est très attendu.

Le verdict de l’affaire Marafa attendu ce 21 septembre 2012
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Affaire Marafa: Oumarou Moctar entendu par la police judiciaire à Garoua

Le président départemental du conseil national de la jeunesse du Cameroun pour la Bénoué a été entendu par les éléments de la Police Judiciaire du Nord

Oumarou Mocktar, le président départemental du conseil national de la jeunesse du Cameroun (cnjc) pour la Bénoué et président de la Jeunesse Arc-en-ciel, très connu à Garoua pour être un homme de Marafa Hamidou a certainement perdu le sommeil depuis l’arrestation de l’ancien MINTAD. En effet, depuis sa sortie audacieuse dans les colonnes du quotidien Le Messager dans lesquelles il avait dénoncé le rouleau compresseur de la machine au pourvoir qui «s’acharne sur les nordistes » depuis le déclenchement de l’Affaire Marafa, il fait l’objet d’une traque sans relâche des services spéciaux. Habitué des interrogatoires musclés des services spéciaux, le dimanche 19 août 2012, alors que la communauté musulmane camerounaise célébrait la fin du jeûne de ramadan, au lieu de recevoir des amis et de la famille comme c’est souvent en pareil circonstance, c’est plutôt 5 policiers en civils avec à leur tête un commissaire de la police judiciaire de Garoua qui lui ont rendu visite aux alentours de 14 Heures. Sans mandat de perquisition selon les déclarations de Oumarou Moctar, ceux-ci « ont fouillé de fond en comble toutes les pièces de mon domicile et ont exploité mon ordinateur de bureau, tout cela sans la moindre résistance de ma part bien que sachant qu’ils sont en parfaite illégalité » poursuit-il. Après cette fouille infructueuse où ils n’ont eu pour seul butin qu’un portrait de Marafa Hamidou Yaya dans le salon et le livre « Marafa Hamidou Yaya l’automne de la colère », les éléments de la police vont tout de même demander au jeune homme de les suivre au commissariat. Ils vont par la même occasion confisquer l’unité centrale de son ordinateur.

Sur les détails de son audition, Oumarou Moctar déclare « il m’a été demandé si en ma qualité de leader de jeunes dans la Bénoué et de ma popularité, je pouvais avoir une idée des personnes qui distribuent des tracts dans la Ville depuis l’arrestation de Marafa Hamidou Yaya. Comme réponse je leur ai fait savoir que non seulement je n’ai pas qualité de faire des enquêtes mais pire, si eux qui ont été formé et émargent chaque fin de mois pour la cause, n’arrivent pas à les dénicher ce n’est pas ma petite personne qui y arriverais. » Libéré aux alentours de 22h, Moctar Oumarou reste tout de même amère car selon lui « cette manière de procéder sans preuves ni enquêtes préalables devient récurrente et cela peut pousser les gens à bout surtout qu’à chaque fois ce sont les personnes ayant à tort ou à raison une supposée proximité avec Marafa qui sont visées. »

Cette interpellation qui n’est pas la première du genre suscite quelques questions chez certains observateurs. Que reproche t-on exactement au président départemental du conseil national de la jeunesse du Cameroun (cnjc) pour la Bénoué ? Est-ce son soutien inébranlable à l’ex Mintad aujourd’hui incarcéré dans les locaux du SED à Yaoundé et que beaucoup considèrent ici comme un « nouvel héros » ? Toujours est-il qu’à Garoua depuis la fameuse affaire des tracts réclamant la libération de Marafa Hamidou Yaya, les amis et proches ou toute personne suspectée d’être liée à ce dernier, subissent la pression de la police. Une situation que regrettent beaucoup d’élites nordistes, au premier rang desquels les cadres du RDPC dans le Septentrion, pour qui si rien n’est fait pour stopper l’hémorragie c’est « le divorce entre les populations du grand Nord et le régime » de Yaoundé qui sera définitivement consommé.

Oumarou Moctar est réputé proche de l’ancien ministre incarcéré
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Cameroun: L’intégralité de la défense de Marafa H. Yaya, audience du 09 août 2012

L’essentiel de la défense présentée par Marafa au cours de l’audience. Notes de Sismondi Barlev Bidjoka

Le greffier: Monsieur Marafa de quelle obédience religieuse êtes-vous?
Marafa: je suis Musulman

Le greffier: Pouvez-vous poser la main sur le Coran et jurer de dire la vérité ?
Marafa: Je ne peux pas toucher au coran parce que je n’ai pas fait mes ablutions !

Le Juge Gilbert Schlick: Ou vous touchez le coran, ou vous ne déposez pas sous serment !
Le greffier: Posez la main sur le coran, jurez de dire toute la vérité, rien que la vérité, levez le bras gauche et dites JE LE JURE!
Marafa: Je le jure !

C’est sur cette petite passe d’armes que l’audience a véritablement commencé ce jeudi au tribunal de grande instance du Mfoundi. Le Ministre d’état a montré clairement qu’il était partant pour la vérité, et la sincérité; il a parlé clairement, avec constance, cohérence et simplicité. Son rôle dans l’acquisition du BBJ II;

Voici avec un maximum de fidélité l’essentiel de la défense présentée par le Ministre d’état Marafa au cours de l’audience:

Bâtonnier Monthé: Monsieur le Ministre d’état bonjour ! Comment allez-vous ?
Marafa: Je vais bien merci !

Bâtonnier Monthé: Pouvez-vous dire au tribunal votre parcours professionnel ?
Marafa: En avril 1980, je suis cadre à Elf Serepca, En septembre 1980, je suis Cadre technique à la SNH, En 1995, je suis chef département production SNH et pendant les dix années qui vont suivre, j’occupe ce poste ; en 1990, je deviens conseiller technique de la SNH, en novembre 1992, je suis nommé secrétaire d’état aux finances numéro deux ! en juillet 1994, je suis nommé conseiller spécial à la présidence de la république ! En décembre 1997, je suis nommé secrétaire général de la présidence de la république, puis Ministre d’état secrétaire général de la présidence de la république en avril 2001, et en juin 2002, je suis nommé Ministre de l’administration territoriale par intérim, puis définitivement confirmé comme Minatd en Aout 2002, fonction que j’occupais jusqu’à mon départ du gouvernement en décembre 2011, pour redevenir employé de la SNH.

Bâtonnier Monthé: Avez-vous des antécédents judiciaires ?
Marafa: Non je n’ai aucun antécédent !

Bâtonnier Monthé: Pouvez-vous nous dire en quoi consiste la fonction de secrétaire général de la présidence de la république ?
Marafa: le décret N°98/273/22 octobre 1998 portant réorganisation de la présidence de la république souligne qu’il est chargé des relations entre la Présidence de la République et le Gouvernement. Il assure, en outre, la liaison entre l’Exécutif et les différentes Institutions républicaines, notamment l’Assemblée Nationale, le Sénat, le Conseil Constitutionnel, la Cour Suprême, le Conseil Economique et Social et le Contrôle Supérieur de l’Etat. Le Secrétaire Général assiste le Président de la République dans l’accomplissement de sa mission. A ce titre: il reçoit du Président de la République toutes directives relatives à la définition de la politique de la Nation ; il suit l’exécution des décisions prises par le Président de la République ; il coordonne l’action des Administrations rattachées à la Présidence de la République ainsi que précisées aux articles 5 et 37 du présent décret ; il instruit les dossiers que lui confie le Président de la République et suit l’exécution des instructions données ; il soumet à la signature du Président de la République les projets d’actes de toute nature émanant, soit des Services du Premier Ministre, soit des Administrations rattachées à la Présidence de la République ; il assure la mise en forme, en liaison avec le Secrétaire Général des Services du Premier Ministre ou des Ministres concernés, des projets de loi à soumettre à l’Assemblée Nationale et au Sénat ; il assure la préparation des correspondances présidentielles relatives au dépôt des projets de loi sur les bureaux de l’Assemblée Nationale et du Sénat, du Conseil Économique et Social en ce qui concerne les demandes d’avis ou d’étude sur des projets de textes à caractère économique et social, ainsi que du Contrôle Supérieur de l’Etat ; il veille à la réalisation des programmes d’action approuvés par le Président de la République et impartis aux Chefs de départements ministériels et aux Services relevant de la Présidence de la République ; il prépare les conseils ministériels, en liaison avec le Secrétaire Général des Services du Premier Ministre, les conseils restreints, les conseils et commissions présidés par le Président de la République ; il assure l’enregistrement des actes réglementaires signés et des lois promulguées par le Président de la République, ainsi que leur publication au Journal Officiel ; il assure la tenue et la conservation des archives législatives et réglementaires ; il exerce le rôle de conseil juridique de la Présidence de la République et des Administrations rattachées. Dans l’exercice de ses attributions, le Secrétaire Général reçoit une délégation de signature.

Bâtonnier Monthé: Monsieur le Ministre d’état ; pour la clarté des débats, pouvez-vous nous dire qui était l’initiateur du projet d’achat d’un avion présidentiel ?
Marafa: Cette question avait été posée bien avant mon arrivée à la présidence de la république le 02 mai 1995 ; par une lettre, (réf : R22 et R423 cote du document au tribunal) Boeing saisissait l’état major du président de la république. Peu après mon arrivée, le président de la république m’a demandé de superviser l’acquisition. Boeing exigeait un financement comptant, ce dont nous n’étions pas capables, au vu du contexte de l’époque. Je me suis ouvert à deux ambassades, notamment américaine, mais ils m’ont dit que leurs pays étaient membres du FMI, et donc ne trouvaient pas en l’achat de cet avion une dépense prioritaire. Je me suis tourné vers AIRBUS qui nous a proposé un appareil, mais il exigeait un payement comptant. Je me suis rabattu sur CAMAIR, à qui j’ai demandé s’il était possible d’obtenir un avion non-commercial. Finalement le Directeur général de CAMAIR a convenu de la location longue durée d’un avion à travers une note datant du 14 mai 2000. La proposition faisait état d’une exigence par ACCEP d’un paiement de dix millions de dollars, ce qui a été refusé et rejeté.

Bâtonnier Monthé: C’est donc bien l’état major du président de la république qui décide de l’achat du BBJ-II.
Marafa: Et je précise bien que c’était avant mon arrivée à la présidence de la république.

Bâtonnier Monthé: Monsieur le Ministre d’état, pouvez-vous nous dire dans quelles circonstances la CAMAIR intervient dans ce dossier ?
Marafa: Dans son réquisitoire intermédiaire, j’ai entendu le procureur dire que j’ai associé Monsieur Fotso Michel Yves. C’est bien le Directeur Général de la CAMAIR et non Monsieur Fotso qui a été convoqué, sa présence s’imposait de par sa fonction. Il était impossible de ne pas associer la CAMAIR, car elle assure le suivi technique et la maintenance de l’avion présidentiel ; la preuve, les factures de maintenance sont adressées à la CAMAIR. Voici d’ailleurs des factures que AIR France a souvent adressées à la CAMAIR pour la maintenance. Lorsque le président se déplace, c’est la CAMAIR qui s’occupe de tout. Vingt ans avant mon arrivée, et même après mon départ, c’est la CAMAIR qui supervisait les opérations d’acquisition du BBJ-II. Après mon départ, mon successeur a toujours étroitement associé la CAMAIR, y compris avec l’avion de sinistre réputation dénommé l’Albatros.

Avant moi, c’était la CAMAIR
Avec moi, c’était la CAMAIR,
Après moi, c’était la CAMAIR
Ce n’est donc pas Fotso qui a été associé, mais la CAMAIR qu’il représentait!

Bâtonnier Monthé: Monsieur le Ministre d’état pour la clarté des débats, le nom d’une société a été évoqué ici. Il s’agit de GIA International. Pouvez-vous dire qui a recommandé cette société ?
Marafa: Avant de vous répondre, et pour que la réponse soit claire pour tout le monde, permettez-moi de replacer le contexte :

– Novembre 2000, sortie de piste du Boeing 747 Combi

– Janvier 2001, dépôt de bilan de AIR Afrique

Nous avons donc une opportunité de marché avec la disparition de Air Afrique, et une entreprise qui existe (CAMAIR) mais qui n’a pas d’avion ! Il faut équiper l’entreprise. C’est ainsi qu’il est décidé de l’achat de deux avions, ce qui sera fait. Ils ont été acquis dans des conditions financières très contraignantes et difficiles pour la trésorerie de la CAMAIR. C’est à ce moment que les dirigeants de CAMAIR sont intruiduits chez GIA. Après la discussion entre GIA et CAMAIR, GIA a accepté de financer sur dix ans, l’acquisition des avions pour la CAMAIR. L’intérêt de GIA reposait sur le fait que GIA n’exigeait pas un acompte en espèce, mais une lettre de garantie SBLC (Stand by letter of credit). Après cette discussion, le DG de la CAMAIR m’a rendu compte de la bouffée d’oxygène et j’en étais heureux, parce qu’à l’époque, le cauchemar du gouvernement c’était le pont sur le Wouri et la CAMAIR !

Une parenthèse pour illustrer cet état de fait, je me levais chaque matin et je demandais si le pont ne s’est pas effondré ! Et chaque matin je rendais compte au chef de l’état durant nos audiences quotidiennes. Voici donc comment GIA arrive ; dès ma sortie de l’audience ce jour là, j’ai décidé d’avancer. Le surlendemain le DG de CAMAIR m’a fait une proposition ; GIA faisait état de la possibilité d’achat par Stand By letter of crédit. J’ai rendu compte au président de la république, il était d’accord. J’ai alors organisé une réunion avec l’état major particulier du président et d’autres personnalités. Après la présentation de l’appareil par l’équipe de l’état Major, la parole a été donnée au directeur Général de la CAMAIR ; Celui-ci nous a présenté un contrat entre GIA et Indian Airlines un an auparavant pour l’acquisition de cinq avions Boeing 737, toujours par la même procédure du stand by letter ; il y avait aussi les deux projets de contrats obtenus par la CAMAIR. Il nous a présenté également un échange de correspondance entre GIA et un expert financier qui était chargé de revoir ce que proposait GIA International ; voilà ce qui nous a été présenté sur GIA au cours de cette réunion. Cette méthode du stand by letter présentait à notre pays l’avantage d’éviter une prise initiale de risque excessive. Après cette présentation du DG de CAMAIR, tout le monde était satisfait, je propose d’ailleurs la pièce à conviction i903, une déclaration de Michel Méva’a Meboutou « Nous sommes tombés d’accord pour saisir cette opportunité ». Nous avons donc décidé d’obtenir l’avion par GIA, même si à la vérité le ministre des finances était méfiant par rapport à la SBLC. Donc contrairement à ce que j’ai entendu dire dans le réquisitoire intermédiaire, ce n’est pas moi qui choisit GIA, mais il s’impose à nous tous, toute la collégialité, tel que vous le constatez.

Bâtonnier Monthé: Pendant cette réunion, a-t-il été fait allusion au caractère technique et financier de GIA ?
Marafa: Je vous ai rappelé tout ce qui nous a été présenté, les contrats avec Indian Airlines, des précontrats avec CAMAIR, etc nous avions des éléments crédibles !

Bâtonnier Monthé : Vous avez évoqué le rôle de la CAMAIR. Dans le cadre de l’achat du BBJ-II. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi la CAMAIR ?
Marafa: Je vous l’ai expliqué tout à l’heure ! la CAMAIR n’avait été invitée à cette réunion que pour son expertise technique. C’est d’ailleurs le Ministre des finances qui a eu l’idée d’établir le contrat au nom de la CAMAIR, et ensuite au nom de l’état du Cameroun.

Bâtonnier Monthé: Pouvez-vous expliquer le payement d’une avance de deux millions de dollars ? Dans quelles circonstances cela a-t-il été fait ?
Marafa: La CAMAIR n’avait pas d’argent. Dès le lendemain de notre réunion, le MINEFI (Ministre de l’économie et des finances) a saisi la CBC par courrier afin que cette banque avance les deux millions de dollars. Cette somme devait être déposée dans les 72H afin que nous ne perdions pas le contrat.

Bâtonnier Monthé: Pouvez-vous nous dire si c’est vous qui avez ordonné le virement des 31 millions de dollars ?
Marafa: Il n’était pas question de virer 31 millions de dollars à qui que se soit, mais deux millions de dollars pour garantir la fabrication de l’avion dans les usines de Boeing. D’ailleurs je ne pouvais jamais imaginer que le MINEFI pouvait virer 29 millions de dollars.il a dit que c’était en vertu des accords, je lui ai demandé lesquels, il était ici devant vous tous, il a dit qu’il ne pouvait pas répondre ! j’ai dit devant vous que ce n’était pas moi, ça n’a jamais été moi !

Bâtonnier Monthé: Concernant les coordonnés bancaires de GIA; est ce que c’est vous qui les avez transmis ?
Marafa: Je ne les avais pas ! Comment aurai-je pu les transmettre ? à mon avis c’est le Directeur Général de la CAMAIR qui les a communiqués. Si par extraordinaire je devais le faire, pourquoi pas à la réunion tout de suite ? Je ne connaissais pas GIA, je n’avais aucun contact avec eux !

Bâtonnier Monthé : Il a été extirpé au cours des débats un délai de 72h que savez-vous de ce délai de 72H ?
Marafa : Ce délai ne concernait que les deux millions de dollars pour garantir l’avion auprès de Boeing. D’ailleurs, les 29 millions de dollars ont été virés une dizaine de jours plus tard. Donc je n’ai donné aucune instruction au MINEFI dans ce sens.

Bâtonnier Monthé: La somme est astronomique. Pouvez-vous nous dire s’il y avait une forme de contrôle ?
Marafa: Je ne suis au courant d’aucune forme de contrôle autre ! Je ne savais pas que l’argent avait été viré, les instructions ont été données à mon insu !

Bâtonnier Monthé: Comment avez-vous appris que les fonds ont été virés par GIA par simple virement et non par Stand by letter ?
Marafa : C’est deux semaines apres que j’appelle le DG de la CAMAIR et qu’il m’apprend qu’en dehors des deux millions de dollars, les 29 autres aussi ont été virés. Il me dit que c’était une décision du Minefi.

Bâtonnier Monthé: Avez-vous reçu un compte rendu de la gestion des 31 millions de dollars par le MINEFI ou le DG de la CAMAIR ?
Marafa : Non seulement je n’ai pas reçu, mais à quel titre il devait me rendre compte ? Je n’avais donné aucune instruction, le Ministre des finances avait choisi de faire ainsi.

Bâtonnier Monthé : Savez-vous si malgré tout cela l’avion a quand même été fabriqué ?
Marafa : Il y avait un avion en cours de fabrication dans les chaines de Boeing avant notre décision d’acquérir un avion. Dans les chaines de montage de Boeing il portait le numéro Y-D-407. Il fallait payer pour garantir l’achat. GIA était donc bel et bien connu par Boeing.

Bâtonnier Monthé: Pouvez-vous apporter la preuve de vos affirmations sur cette fabrication ?
Marafa : Je présente les pièces à conviction R-2138 et R2137 ; il s’agit du protocole d’accord signé entre Boeing et GIA (il lit un extrait du rapport du colonel Mitlassou qui décrit l’avion). Avec l’habillage, le système anti missiles et autres options, l’avion revenait à 72 millions de dollars. Il est alors convenu que l’habillage intérieur sera fait par Jet aviation. Le président donne alors son accord pour Jet Aviation, après le rapport du général Benaé Mpecke. Le président me demande de recevoir le technicien de Jet Aviation ; je refuse poliment pour ne pas choisir des couleurs qui ne plaisent pas au président et à la première dame. C’est le chef de l’état qui les reçoit finalement à Genève en compagnie de Fotso Yves Michel. Mais je n’étais plus secrétaire général de la présidence de la république, j’avais été remplacé un mois auparavant.

Bâtonnier Monthé: Monsieur le Ministre d’état, finalement combien y avait-il de BBJ-II ?
Marafa : Il y en avait deux, mais ça n’a pas d’importance. Le Y-D 407 était réservé par le Cameroun et devait être livré en 2002. Cet avion n’a pu être livré à cause des attentats du 11 sept et tout ce qui a suivi dans l’industrie aéronautique. Tout cela n’a pas permis à GIA de finaliser le financement. Boeing propose donc de vendre et de fabriquer un autre, Y-D408. Concernant le Cameroun, cette situation ne nous gênait nullement.

Bâtonnier Monthé: Qui a donc provoqué la vente de ce premier avion ?
Marafa : Je vous ai dit qu’avec les évènements du 11 sept 2011, les banques sont devenues réticentes pour les financements des avions.
(Marafa propose un extrait du livre mémoire « Décision Points » de Georges Bush, ancien président des USA, qui met en exergue l’environnement aéronautique et financier du moment. Il demande que l’extrait soit accepté comme pièce à conviction ! un avocat de l’état objecte, exigeant qu’on aille chercher Georges Bush pour confirmer l’originalité de l’extrait -Murmures de désapprobation dans la salle- Le juge rejette l’objection et accepte la pièce à conviction.)

Marafa poursuit: avec un habillage optionnel de 15 à 20 millions de dollars, il nous aurait été difficile de revendre l’avion, sinon on perdait. L’acronyme GIA (de GIA international) avait également joué contre nous, car il faisait penser à un groupe islamique armé (GIA) qui sévissait en Algérie, ce qui a poussé les américains dans le cadre de la lutte anti terroriste, à fermer les comptes de GIA international. Le jour des attentats du 11 septembre, le crédit lyonnais est saisi par les autorités américaines. Le 12, le crédit Lyonnais saisissait la SNH pour dire que les banques veulent se couvrir et exigea des pièces justificatives, alors que deux jours auparavant, avant le 11 septembre, ces justificatifs ne s’imposaient pas ! C’est n’était donc pas GIA qui était mis en cause, mais son acronyme correspondant à GROUPE ISLAMIQUE ARMÉ.

Bâtonnier Monthé: Quelle sont les raisons de votre attachement particulier à ce dossier ?
Marafa : Je voulais que tout se passe bien jusqu’au bout, pour notre pays et pour le président ! quand je quitte la présidence, j’attire l’attention de mon successeur sur ce dossier particulier ; j’ai remis le dossier à mains propres à Monsieur Atangana Mebara Jean Marie, et je lui ai recommandé de faire attention, ce dossier me semblait très important pour la vie de notre pays, la sécurité du chef de l’état et celui du pays.

Bâtonnier Monthé: Avez-vous informé le président de cette démarche ?
Marafa: J’ai toujours informé le président de tout ce que je faisais.

Bâtonnier Monthé: A quel moment avez-vous cessé de suivre le processus d’acquisition de l’avion présidentiel ?
Marafa : Lorsque je quitte la présidence pour le MINATD (Ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation) le BBJ-II est presqu’en fin de fabrication ; en septembre, le président reçoit en Suisse Jet Aviation.Mais sans que je sache pourquoi, mon successeur n’a pas voulu continuer (Il donne lecture de la pièce à conviction i-32 où Mebara dit « Je n’ai en aucune façon continué avec le processus enclenché par mon prédécesseur.il a été décidé que le gouvernement traite directement avec Boeing» . Quand la décision est ainsi prise, mon successeur prend contact directement avec Boeing, et rend caduque le contrat signé avec GIA International. (Marafa convoque une pièce à conviction, qui est une déclaration de Mebara libellée ainsi que suit «Le chef de l’état a accepté les propositions que je lui ai adressées dans ce sens»)

Marafa poursuit : On est en octobre, et Boeing souligne qu’il y a un contrat avec GIA qu’il est alors susceptible de le poursuivre. Boeing propose au Cameroun de rompre avec GIA. C’est ainsi que GIA signe un accord abandonnant ses droits au Cameroun (Pièce à conviction F-16) et donc le Cameroun fait de son affaire la récupération des sommes reversées à GIA. Pourtant entre temps, une équipe de la CAMAIR était allée faire la réception technique de l’avion. La délégation était conduite par Monsieur Tuidjeu. Le contrat entre CAMAIR et Boeing est donc signé avec le MINEFI, et l’avion immatriculé TJ-AAC par l’autorité aéronautique (pièce authentifiée par les autorités américaines, que le juge accepte comme pièce à conviction) assuré par Chanas assurances à 45 millions FCFA. J’entends dire qu’il n’y a pas d’avion, il n’y a pas d’argent, c’est faux ! vous pouvez le constater, pour une raison qui m’échappe le Cameroun n’a jamais pris possession de cet avion. Le 1er Avril ; l’ambassadeur du Cameroun aux USA Gérôme Mendouga entre en jeu et se rend chez Boeing pour dit-on sauver une situation.(Il lit un extrait de la déposition de Mebara). On demande plutôt à Mendouga de prendre un avion en location, l’Albatros. Comme vous le constatez, parti d’un projet d’achat d’un avion BBJ-II neuf, on aboutit à celui du leasing d’un avion, l’Albatros ! Pourtant le BBJ-II a été fabriqué, immatriculé par l’autorité aéronautique, assuré, et réceptionné techniquement.

Bâtonnier Monthé : Votre successeur vous a-t-il rendu compte de cet état de fait ?
Marafa: Il n’avait pas à me rendre compte ! Car il n’y avait aucun lien hiérarchique ! Mais il n’a sollicité aucun conseil non plus !

Bâtonnier Monthé : Monsieur le Ministre d’état, vous êtes-vous intéressé par la suite au sort des sommes reversées à GIA ?
Marafa: Le chef de l’état était informé, et c’est à ce moment que mon successeur (Atangana Mebara) décide de confier l’opération de récupération des sommes à APM, (Otélé Essomba est alors DGA de ce cabinet). Il faut récupérer 29 millions de dollars chez GIA. Cette opération n’a à ma connaissance jamais prospéré. À la suite, maître Akéré Muna va être chargé de récupérer l’argent, et le tribunal de faillite de l’état de l’Oregon décide alors de l’indemnisation du Cameroun à hauteur de 29 millions de dollars.

Bâtonnier Monthé: Quelle fut votre réaction quand vous aviez appris que le MINEFI avait viré l’argent directement au lieu de la SBLC (stand bye letter of credit) ?
Marafa : J’étais désespéré ! s’il n’ y avait pas eu le SBLC, la réunion avec l’état major particulier du président pour cette acquisition n’aurait pas eu lieu. J’étais surpris, désespéré, abattu car c’est la SBLC qui avait fait sortir le dossier du tiroir ! Je ne pouvais pas me plaindre auprès du chef de l’état, je suis dans le système, et je sais comment ça fonctionne ! si le MINEFI l’a fait, il a ses raisons, mais je n’en sais rien, je n’ai donné aucune instruction dans ce sens ! il est passé ici devant vous pour témoigner, vous l’avez tous entendu dire qu’il ne répondrait pas à la question de l’origine de son instruction, et je lui ai dit que ce n’était pas moi en tout cas ! vous me voyez entrain de demander des explications au chef de l’état qui est mon patron ?

Bâtonnier Monthé: Avez-vous connaissance de la destination prise par les 31 millions de dollars revenus au Cameroun ?
Marafa : Un jugement de faillite a été rendu, et compte tenu de la dimension internationale de GIA, Interpol, le FBI, Syndic de faillite sont intevenus dans cette procédure. Tous les comptes de GIA ont été passés au peigne fin, de sa création jusqu’à sa liquidation. La destination de chaque dollar a été identifiée. Je ne suis destinataire d’aucun dollar. Ni le FBI, ni le syndic de Faillite n’ont dit le contraire.

Bâtonnier Monthé : Avez-vous un intérêt particulier dans les sociétés des personnes suivantes ; Rotewel Management, Beth LTD, GIA, Avipro Finance, TLL, TMG,Avipro Finance USA, Aircraft, CBC, Otomac, Orix, PCM,
Marafa : j’ai noté 13 sociétés. J’ai découvert les noms de certaines sociétés ici dans la procédure, en dehors de CBC et GIA. Je n’ai aucun intérêt à la CBC, je n’ai jamais rencontré les dirigeants de GIA.

Bâtonnier Monthé : Avez-vous reçu quelque somme d’argent que ce soit de ces sociétés ?
Marafa : Ma réponse est un NON catégorique.

Bâtonnier Monthé : Quelle est la nature de vos relations avec Fotso Yves Michel ?
Marafa: C’est un ami que j’ai connu en 1993. J’étais secrétaire d’état aux finances et j’ai un dossier de vente de véhicule sur la table. Le père Fotso avait acheté un véhicule et les finances lui demandaient de payer la douane. c’est ma secrétaire qui m’a informé alors que j’étais secrétaire d’Etat aux finances que quelqu’un avait commandé une voiture pour un préfet, et qu’il refusait de payer les droits de douane, il s’agissait du milliardaire Victor Fotso que je ne connaissais que de nom à l’époque, étant donné que ce véhicule était affecté au préfet du Koung-Khi j’ai ordonné qu’il le lui soit remis, c’est ainsi qu’un jour Victor Fotso est passé à mon cabinet pour me féliciter, m’a dit en passant qu’il aimerait que je fasse la connaissance de son fils Yves Michel, quelques jours plus tard celui-ci est passé et nous ne nous sommes plus perdus de vue. Fotso Victor a écris un livre, et son fils m’a offert une version de luxe. Voilà, C’est un ami, et si vous permettez, le délit d’amitié n’existe pas dans le code pénal.

Bâtonnier Monthé: Que répondez-vous à ceux qui pensent que vous avez fait nommer Fotso Yves Michel à la CAMAIR ?
Marafa : Ce que vous devez savoir c’est que le secrétaire général de la présidence est d’abord un secrétaire. On ajoute général pour qu’il croit qu’il est quelqu’un ! c’était une nomination faite par un conseil d’administration, je n’en avais pas le pouvoir !

Bâtonnier Monthé : En qualité de quoi Fotso Yves Michel Directeur général de la CAMAIR vous adresse une correspondance en date du 8 septembre 2008 alors que vous n’êtes plus SGPR ?
Marafa: J’occupais les fonctions de MINATD, c’est un Ministère transversal par excellence ! dans cette perspective, je suis aussi saisi par d’autres directeurs généraux, d’autres services, pour des questions ayant trait à la sécurité. Je saisi donc le président pour des faits n’ayant nullement trait en apparence avec mes fonctions. Même après mon départ de la présidence de la république, je continuais à alerter le président, et ce n’est pas la seule lettre que Fotso Yves Michel m’a adressée quand j’étais MINATD. Boeing ne voulait plus traiter avec le Cameroun tant que la situation n’était pas claire : « Que voulez-vous à la fin, nous demandait Boeing ; un BBJ-II neuf, une location d’avion, un remboursement.quoi finalement ? tant que la situation n’est pas claire, je ne traite plus avec le Cameroun. » C’est cette situation que j’ai porté à l’attention du président de la république. Si vous voulez je peux vous dire le contenu de nos échanges !

Le juge Gilbert Shlick: Non Non ça ira comme ça !

Bâtonnier Monthé : Il a été relevé que des sommes litigieuses vous ont été reversées ; que répondez-vous à cela ?
Marafa: Voici le relevé de mon compte Bancaire à la CBC (Commercial Bank Of Cameroun) du 1er janvier 2001 à Aout 2012 que je verse au dossier (pièce acceptée). Le numéro est le 37230038801 ouvert au nom de Marafa Hamidou Yaya. J’ai versé cette pièce au dossier afin que vous puissiez constater vous-même. Dans une ordonnance le juge d’instruction laissait supposer que j’aurai été bénéficiaire d’un virement suspect. Je suis heureux de constater que l’allégation a été retirée de l’ordonnance de renvoi qui me renvoit à ce tribunal.

Bâtonnier Monthé: Il a été allégué ici lors d’une audience, le 26 juillet dernier, que vous avez instruit l’ADG de la SNH par écrit de procéder à des virements de sommes !

(Le procureur fait une objection et Marafa ne répondra pas à la question)

Bâtonnier Monthé : In fine pensez-vous avoir bien géré le dossier d’acquisition du BBJ-II ?
Marafa : J’ai été chargé de coordonner cette activité à travers un mode de financement précis et collégial, le SBLC qui était un mode de financement innovant sécurisé qui n’a pas été respecté. Malgré cela, l’avion a été Fabriqué, Immatriculé, assuré, réceptionné techniquement, mais j’ignore pourquoi il n’a pas été livré au final. L’expert Okalla, l’ambassadeur Mendouga, ont clarifié la situation, d’autres témoins cités par l’accusation ne se sont pas présentés, c’est dommage ! Nous avions deux aléas majeurs à surmonter :
– L’acronyme GIA qui renvoyait aussi un groupe terroriste,
– Et les évènements du 11 septembre 2001. Nous avons toutefois surmonté ces aléas.

Fin de l’examination-in-chief à 18H45, avant le contre interrogatoire du collège des procureurs, des avocats de l’état, de la CAMAIR également.

Cameroun/Affaire Marafa: Les témoins de la défense attendus à la barre

Parmi eux, Adolphe Moudiki, qui était et est encore directeur général de la société nationale des Hydrocarbures, l’entreprise au c ur de cette affaire

L’affaire qui oppose l’ancien ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya et l’homme d’affaire Yves Michel Fotso avec la justice camerounaise entre dans sa deuxième semaine, avec la comparution attendue des témoins de la défense. Au terme de la première partie des débats, le tribunal a estimé qu’il était temps de passer à la deuxième phase de la procédure dans ce procès marathon. Si Marafa persiste dans sa démarche d’être son propre témoin, Yves Michel Fotso, lui a invité à la barre près de 14 témoins. Parmi eux Adolphe Moudiki, actuel directeur de la société nationale des Hydrocarbures (SNH), un poste qu’il occupait déjà au moment de la survenance des faits. Autres témoins de marque, le Colonel Mitlassou et un autre officier pilote naviguant, qui assurait la flotte aérienne du président Biya. Le Colonel apprend-on des personnes proches de l’affaire, avait fait partie d’une mission qui a été dépêchée par le Cameroun aux Etats-Unis, dans les usines de Boeing, afin de suivre la fabrication du Bbj2. Marafa mis à part, un des témoignages les plus attendus, sera celui de maître Akere Muna. Le gouvernement camerounais avait commis cet avocat en vue de défendre ses intérêts, lorsqu’il avait été question de saisir le juge des faillites de la Cour de l’Orégon aux États-Unis, pour se faire rembourser par GIA, l’intermédiaire, une somme de près 29 millions de Dollars. Le témoignage de l’avocat est donc attendu, surtout que la décision de la cour de l’Orégon est connue et les éléments du dossier aussi.

Lors des précédentes audiences, quatre témoins ont été présentés par l’accusation. Ils ont essentiellement démontré l’implication d’Yves Michel Fotso. Dans les déclarations notamment de monsieur Otelé Essomba récemment acquitté dans le cadre de cette affaire, les trois coaccusés auraient soustrait une partie de la somme en montant une opération financière particulièrement complexe qui impliquerait une dizaine de sociétés. Mais aussi les témoins se sont essayés à présenter des faits de nature à prouver l’existence d’une affinité entre l’homme d’affaire et l’ancien ministre. Pour sa part, le procureur de la République a montré une lettre signée d’Yves Michel Fotso et datée du 8 septembre 2003, Concernant l’avion et adressée à Marafa Hamidou Yaya qui n’est plus officiellement en charge du dossier et qui a dans ses lettres affirmé n’avoir plus été informé sur le processus d’achat de l’avion présidentiel, après son départ du secrétariat général de la présidence de la République. Deuxième pièce versée au dossier, un autre document écrit et signé cette fois par monsieur Marafa, dans laquelle il fait savoir que malgré son départ de la présidence de la République, il a continué de suivre le processus d’acquisition de l’avion pour le président de la République. Pour enfoncer le clou, le ministère public est revenu sur une déclaration de monsieur Fotso en 2008 dans une chaîne de télévision, lorsque l’affaire avait éclaté pour la première fois. « Je ne suis pas l’ami du ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya, je suis l’ami de Marafa Hamidou Yaya. Je le connais avant qu’il ne devienne ministre », avait-il déclaré. A ce moment-là ni lui, ni Marafa, n’imaginaient qu’ils seraient coaccusés dans la même affaire.

Marafa Hamidou Yaya
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Cameroun: Le procès de Marafa Hamidou Yaya renvoyé au 25 juillet

Ce premier de jour de procès s’achève alors que selon une source médiatique, la procédure risque d’aboutir au prononcé d’un non-lieu pour le prévenu

Le procès de Marafa Hamidou Yaya ouvert ce lundi 16 juillet à Yaoundé la capitale camerounaise, a été renvoyé à mercredi 25 du même mois, par le juge Schlick en charge de la conduite des débats. Les avocats de l’ex ministre d’Etat ont signifié qu’ils n’avaient pas une connaissance exacte du dossier et nécessitent du temps pour préparer leur défense. C’est sous forte escorte de gendarmerie, que l’ancien ministre d’Etat est arrivé au tribunal alors qu’il était un peu plus de 13 heures. Coaccusé, l’homme d’affaires Yves Michel Fotso, lui aussi en détention provisoire, était présent devant le juge ce lundi. « En fait lorsque le procès s’est ouvert, les avocats de Marafa on estimé qu’ils avaient encore besoin de deux semaine au moins pour examiner les éléments du dossier. Pour leur part, les avocats de Monsieur Yves Michel Fotso, ont demandé trois semaines de plus. En face le ministère public a estimé qu’une seule semaine suffisait pour prendre connaissance des éléments du dossier. Le juge Schlick a finalement opté pour renvoyer le procès à la semaine prochaine», a expliqué Thierry Ndong, directeur de publication du journal « Intégration », qui était présent lors de l’audience. Notre source nous apprend aussi, que l’ouverture des débats mercredi prochain, va aussi se caractériser par des audiences tous les jours, jusqu’à la fin de la semaine prochaine.

Selon de nombreuses personnes et commentateurs qui ont assisté à la première comparution de Marafa devant le tribunal depuis son interpellation en avril dernier, l’arrivée de l’ancien ministre d’Etat a été saluée par des applaudissements d’une foule plus ou moins grande, et de nombreux journalistes. Ce procès s’ouvre alors qu’on apprend à travers certains médias, que le procès conduira inévitablement vers l’acquittement de Monsieur Marafa, en raison d’un « arrangement » avec des responsables du régime. Cet argumentaire a fait la « Une » ce lundi 16 juillet du journal « Emergence ». L’analyse faite dans son article consacré à cette affaire, indique que contrairement aux démentis apportés par Le Sultan des Bamouns et le richissime homme d’affaire Mohamadou Abo, non seulement des négociations se font avec l’ex ministre d’Etat, mais elles auraient connu un aboutissement, avec un accord tacite entre ce dernier et le pouvoir qu’il a servi pendant des années. «L’une s’engage à ne plus inonder l’opinion publique de révélations fracassantes via des lettres et l’autre, de tout mettre en uvre, pour faire recouvrer la liberté au détenu du Sed. Mais pour y arriver, on peut comprendre que ce n’est qu’à contrec ur que le pouvoir a consenti à prendre cette option. Face à la menace Marafa, le pouvoir n’avait pas d’autre choix que de négocier », peut-on lire dans le journal. Monsieur Marafa a été arrêté le 16 avril dernier et on apprendra plus tard, que le motif retenu contre lui était celui annoncé longtemps par la presse, de son implication dans le détournement d’une somme destinée à l’achat d’un avion présidentielle. Marafa a toujours clamé son innocence, mais aujourd’hui la justice aura à se prononcer sur cette question. Une autre ancienne personnalité citée, Jean Marie Atangana Mebara, avait, lui, fait l’objet d’un non-lieu dans le cadre de cette affaire au mois de mai dernier.

Quelques images de ce lundi 16 juillet 2012
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Cameroun: Le procès de Marafa Hamidou Yaya s’ouvre ce lundi 16 juillet

Le ministre sera présenté aux juges dans le cadre de l’affaire Albatros, des détournements des fonds destinés à l’achat de l’avion présidentiel

Le procès de Marafa Hamidou Yaya, 61 ans, et ancien ministre d’Etat en charge de l’intérieur, s’ouvre ce lundi 16 juillet 2012 à Yaoundé la capitale camerounaise, dans une atmosphère complexe pour le régime. La grande inconnue de cette ouverture de procès est celle de savoir si Marafa sera présent, et surtout qu’est-ce qu’il compte y faire comme déclaration. Aujourd’hui prévenu dans une affaire relative au détournement de l’argent public destiné à l’achat d’un avion présidentiel (Affaire Albatros), l’ancien haut responsable, détenu depuis le 16 avril 2012, a refusé jusqu’ici à plusieurs reprises, de rencontrer Pascal Magnaguemabe, le juge d’instruction en charge du dossier. Dans une des fameuses lettres qui lui sont attribuées (à Marafa ndlr), il transparait que les deux hommes seraient en conflit d’intérêts depuis que l’ancien ministre aurait repoussé une offre « d’arrangement » proposée par le magistrat instructeur. Une récusation rejetée par la justice, qui a poursuivi ses enquêtes jusqu’à ce jour. D’abord détenu à la prison centrale de Kondengui, Marafa H. Yaya a été transféré dans un lieu de détention placé au sein de secrétariat d’Etat à la défense. Pour les autorités judiciaires, pour mieux le protéger, pour les proches du ministre déchu, pour l’empêche de produire des lettres qui commençaient à déranger. « Nous avons protesté et je suis fier de dire que sa condition de détention s’est améliorée et le gouvernement camerounais a commencé à voir l’importance de respecter ses obligations conformément au droit international » a fait savoir le 14 juillet le Pr Kofele Kale, avocat de l’ex-ministre et militant du SDF, le principal parti d’opposition du pays.

L’affaire Marafa a pris une dimension particulière avec la publication des lettres qui lui ont été attribuées et pour lesquelles il n’a pas apporté de démenti jusqu’ici. Dans ces lettres, les camerounais ont pu avoir une lumière sur certaines réalités du régime pour lequel il a travaillé pendant des dizaines d’années. Marafa revendique aussi son innocence et, prenant l’opinion publique à témoin, se considère comme la victime d’une vindicte politicienne, et laisse les opinions publiques conclure qu’il n’est là que parce que certains évitent qu’il n’arrive au pouvoir. Il dénonce aussi les travers du régime Biya et critique violement la corruption de certains de ses anciens collègues ministres. Marafa a surtout révélé l’affaire lié au détournement de 32 milliards de F CFA destinés à l’indemnisation des 71 victimes du crash d’un avion de la défunte Cameroon Airlines, survenu en 1995 près de l’aéroport de Douala. De nombreuses personnalités comme le ministre Issa Tchiroma de la communication sont aujourd’hui pointées du doigt dans cette affaire. Après avoir été l’artisan de la victoire du président Biya notamment sur l’élection fortement contestée de 1992 qui avait vu la victoire arrachée au SDF, Marafa dit aujourd’hui avoir voulu à chaque fois démissionner pour marquer sa distanciation vis à vis de certaines prises de position du pouvoir. Pourtant si jusqu’ici il a soigneusement apporté des preuves de l’implication de ceux qu’il dénonce, il a rarement et même jamais, rendu publique, une lettre de demande démission au président de la république et la preuve de son rejet. L’affaire reste à suivre. Jusqu’ici, les juges de l’opération épervier ont eu du mal à réunir des éléments de preuve non discutable, pour condamner les protagonistes de l’opération épervier. Avant même la bataille judiciaire, la bataille médiatique s’est déjà longtemps installée !

Le procès Marafa s’ouvre ce lundi 16 juillet 2012
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«Camair/Ssa- Gate»: Ce que nous révèlent les «lettres de Mafara – le peuple a droit à la vérité»

Célestin Bedzigui, homme Politique, CEO Global Rating Services, Wall Street, New York

A l’heure où l’actualité bruisse de  »révélations » d’un ex-épigone du régime, le peuple camerounais doit saisir l’occasion exceptionnelle qu’offre ces  »révélations » pour comprendre les pratiques cachées de ce régime et demander des comptes à ceux qui le gouvernent depuis trois décennies. Même si la posture que Marafat se donne peut être jugée par certains comme tenant du reniement et de l’ auto- absolution et être vue par ses camarades du RDPC comme un acte de haute trahison, posture qu’ ils enjoignent le public d’ ignorer, les citoyens avisés ne sauraient céder à cette injonction qui équivaudrait à jeter le bébé avec l’ eau du bain, le bébé ici étant une confirmation de première main de la vérité sur une gestion calamiteuse des ressources de l’ Etat, chose que nous subodorions et avons tant de fois dénoncé au fil des années… Notre propos n’est pas de juger le motif évoqué par ses amis d’ hier pour l’incarcérer aujourd’hui, ayant, en d’autres circonstances, critiqué les pratiques et procédés suspects auxquelles se livrent, au prétexte de l’assainissement des m urs publics, ceux qui sont aux commandes de ce régime, privilège que M. Marafat a longtemps partagée avec eux comme ponte du RDPC. Pour le politique que nous sommes et qui s’oppose à lui depuis tant d’années, le RDPC est un véritable  »repaire de diablotins »; nous ne saurions donc faire du  » baise- corne » au premier d’ entre eux qui en réchappe. Toutefois, nous restons ouvert à l’ idée que ces  » lettres » pourraient indiquer une réelle repentance de leur auteur pour le tort qu’ il a causé au peuple durant toutes ces années passées aux commandes de la machine de fraude électorale qui a permis à ce régime de confisquer le pouvoir jusqu’ à ce jour. Les  » coups de… plume  » et le  »Camair/SSA- GATE» Dans ces circonstances, les  »coups de… plume  » de M. Marafat- une vielle connaissance depuis le campus universitaire à Ngoa Ekelle en 1972, il y a quarante ans, dont le sort, du fait d’une complicité générationnelle et des proximités sociales, ne saurait nous laisser indifférent, – ont à notre sens un intérêt et une utilité significatifs, toute autre accointance politique qui nous serait prêtée par certains journaux spécialistes en pure spéculation étant à exclure. L’utilité de ces  »révélations » tient à ce que certaines des informations délivrées sont de vérités qui confirment les pratiques inacceptables dans un Etat modèle.

Une des vérités livrées par ces  »coups de plume » sur le vrai visage de ce régime est l’ incertitude de la destination prise par les 30 milliards FCFA perçus en Afrique du Sud pour le compte de la Camair par Jean Foumane Akame, Conseiller Technique et plus proche ami et confident du Président de la République, argent dont personne ne peut produire la trace du reversement dans le budget et la caisse de l’ Etat. L’implication personnelle du Président de la République dans cet épisode lubrique peut difficilement être écartée par un esprit un tant soit peu rationnel. Sinon, comment expliquer que M. Foumane Akame soit parti de la Présidence pour aller s’occuper… du recouvrement d’une créance ( !), par dessus la tête et de la CAMAIR, et du Ministère de tutelle, et du Ministère des Finances et … du Premier ministre ? Jeter en pâture à l’opinion comme on le voit venir l’affaire de la commission de 87 millions FCFA qu’aurait touchée le Ministre de Transport de l’époque, pour être répréhensible, n’est qu’ une grossière man uvre de diversion par rapport à ce sujet grave. Le peuple ne devrait donc pas se laisser distraire. Les professionnels des médias doivent éviter de tomber dans cette trappe, au contraire, ils doivent approfondir leurs investigations.

Les Camerounais ont le droit de connaître la vérité et avoir la réponse à la question que je pose ici, en tant que citoyen et Homme Politique : Quelle a été la destination des 30 milliards FCFA virés par la SSA dans le compte ouvert en son nom par le  »Conseiller Technique- ami et confident » du Président de la République, mis selon toutes les apparences en mission par ce dernier pour collecter cet argent ? Cet argent n’ayant pas été reversé à la CAMAIR pour servir à indemniser les victimes du crash de son avion et financer son redressement, le Président de la République sait- il l’usage qui en a été fait, un usage qui de toute manière aura été inapproprié ? Le Président de la République aurait- il bénéficié de l’usage inapproprié de ces fonds et laisser ainsi couler une entreprise nationale emblématique ? Voila les questions graves qui se posent. Voila les lourds soupçons dont doit se laver le Président de la République aux yeux des citoyens de ce pays. Pourquoi n’évoquerais-je pas ici le cas similaire des dizaine de milliards FCFA récupérés dans une banque aux Caraïbes dans le dossier de la liquidation de la défunte Banque BCC il ya quelques années par une commission conduite par le même personnage et composée de personnes que nous connaissons, dans le même rôle bien curieux , dizaines de milliards dont le peuple est également en droit de savoir où ils sont passés ?

Beaucoup d’autres compatriotes pourraient citer plusieurs  » curiosités » de la même veine. Je pourrai ajouter à la liste les 14 milliards FCFA des Fonds Stabex débloqués en son temps par l’Union Européenne pour dédommager les créanciers de l’ONCPB dans la filière Cacao. La liquidation de l’ONCPB n’en avait reçu en son temps que 3 milliards FCFA. Le reste de l’argent n’est jamais arrivé au Trésor. La Sacherie qui était classée en tête de liste des créanciers s’est vu refuser sur instruction de son Ministre de tutelle le paiement de sa créance de 2 milliards FCFA qui lui aurait pourtant procuré les ressources nécessaires au financement de sa restructuration… Face à une telle insouciance du régime sur le sort de cette entreprise à capitaux pourtant majoritairement public, le Directeur Général de la Sacherie que j’étais a l’époque n’avait eu d’autre choix que d’envoyer sa lettre de démission motivée au … Président de la République. Ceux qui ont vécu les moments dramatiques de la tentative de putsch du 6 Avril 1984 ont certainement gardé en mémoire cette bribe du discours des putschistes :  » L`armée nationale vient de libérer le peuple camerounais de la bande à Biya…et de leur rapine incalculable. » Les termes  » bande » et  » rapine » entendus ce jour là voient-il ici leur illustration révélée au grand jour ? Le peuple a-t-il ici un début d’éclairage sur certaines causes de la mort de la CAMAIR, la SCB, l’ONCPB, la CNR et j’en passe?…
Si le Cameroun était un pays normal…

Les  »Lettres de Marafat » ouvre une boite de Pandore qui permet au peuple de comprendre avec quelle duplicité désinvolte et coupable est gérée la fortune publique. Lorsqu’ on en saisit la substance et les non-dits, on ne peut que s’interroger sur le cynisme insouciant des hommes au pouvoir vis à vis des drames où sont plongées des milliers de familles dont les parents ont été victimes de la calamité économique que représente une fermeture d’ entreprise. Les quelques cas évoqués ci-dessus et qui pourraient ne représenter qu’une infime minorité de cas similaires fournissent des indications sérieuses sur ce que notre pays est peut être sous la coupe d’une véritable maffia d’Etat. Si le Cameroun était un pays normal, face au constat accablant révélé par ces épisodes, le Chef de l’Etat commettrait sans délais l’ouverture d’une enquête et s’adresserait au peuple pour lui demander pardon pour sa négligence ou, s’il sait avoir trempé dans cet immense scandale, rendrait sa démission, sa responsabilité politique dans ces méfaits étant indéniable. La promesse tonitruante d’ un avenir radieux de  » pays émergent » à long terme – quand nous serons tous morts comme l’ a dit l’ économiste Keynes- , sans d’ une part se donner la peine de préciser les caractéristiques de ce qu’on nomme  » pays émergent » , lesquelles caractéristiques auraient servi d’ objectifs chiffrés de l’ action gouvernementale, sans d’ autre part présenter un programme économique articulé pour atteindre ces objectifs , est une fumisterie politique et intellectuelle d’ un régime qui veut détourner l’ attention du peuple sur le bilan de son action qui après trente ans, affiche un taux de chômage de jeunes que certains observateurs évaluent à plus 85%, une énergie électrique rationnée, l’eau potable considérée comme une denrée précieuse, et j’ en passe…

Aux Etats Unis, le Président OBAMA est tenu comptable du taux de chômage et du nombre d’emplois créés chaque mois. En comparant au Cameroun où le Président de la République n’en a cure, on comprend la nécessité et l’urgence des changements à opérer au sommet de l’Etat, pour mettre notre pays sur les rails d’une prospérité effective, au lieu des incantations aux allures de propagande bolchévique des  » Grandes Réalisations ».

Plus préoccupant, l ‘ incertitude politique générée par l’ atmosphère perceptible de fin de règne aggravée par une absence de lisibilité des politiques sectorielles permettant d’envisager une baisse de la tension sociale résultant du chômage et de la dégradation des conditions de vie des populations sont des facteurs qui plombent la notation financière du risque- pays du Cameroun. La conséquence en est qu’en dehors de la Chine, aucun investisseur international de référence ne considère notre pays comme une destination favorable à l’investissement a court et moyen terme.

De l’effondrement de l’empire Romain au 4ème siècle de notre ère à l’accession au pouvoir des Merovingiens au 8ème siècle, l’Europe a vécu une période connue par les historiens sous le nom de  » Dark Age ». Examinée à travers le prisme des caractéristiques du régime actuel qui sont le refus avéré de la culture et des pratiques d’une véritable démocratie, la violation permanente de l ‘ éthique et de la morale publiques, la répression systémique, une économie perpétuellement en berne, la situation que nous vivons depuis une trentaine d’années pourrait être consignée dans l’Histoire politique de notre pays comme le  »Dark Age » du Cameroun, le  » Temps des Ténèbres ».

En sortir est la bataille à laquelle dans un avenir proche, les authentiques patriotes devront s’ impliquer, sous un leadership d’ expérience, éclairé et avisé des enjeux de notre époque.

Célestin Bedzigui, homme Politique, CEO Global Rating Services, Wall Street, New York
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Cameroun: Issa Tchiroma réagit à l’affaire Marafa

«Le gouvernement est serein et sait parfaitement où il va. Mais il ne peut accepter de se plier au jeu de M. Marafa, qui a déporté les débats des tribunaux sur la place publique»

Pour la première fois depuis la publication d’une première et ensuite de trois autres lettres attribuées à Marafa Hanidou Yaya aujourd’hui en détention, le ministre Issa Tchiroma de la communication dont le nom a souvent été évoqué, a réagi sur la question, face à des journalistes camerounais. Monsieur Tchiroma a dénoncé la tentative de déstabilisation qu’il percevait derrière ces publications. « Je voudrais dire à ceux qui sont tapis dans l’ombre, notamment le ministre Marafa, que la paix n’est pas une variable au Cameroun, mais qu’elle est une réalité et que les camerounais l’ont intégré, et donc son discours n’aura aucun impact sur eux. A tous ceux qui sont les gardiens du temple et qui sont conscients de ce que le chef de l’Etat a mobilisé toute la nation dans la direction que nous connaissons, à savoir celle de la construction de la richesse. Or que cherche le ministre Marafa ? Il cherche à utiliser la presse comme le piston d’un pistolet qu’on poserait sur la tempe pour se tirer une balle. Il cristallise l’attention sur lui pour que cette marche que nous avons entreprise s’arrête pour ne suivre que son affaire, et vous les journalistes vous jouez à ce jeu-là » a-t-il fait savoir. Il a rajouté que le gouvernement avait une stratégie mais ne pouvait la dévoiler et a recommandé à la presse de « froisser » toute lettre qu’elle recevrait de l’ancien ministre d’Etat. Le ministre Tchiroma s’est enfin étonné de ce que de nombreuses personnes prennent plaisir à entretenir la série Marafa, alors que la lutte contre la corruption semble voulue par tout le monde. « On ne peut pas faire que chaque fois qu’on arrête quelqu’un, il dit que c’est parce qu’il a des ambitions. Cela n’a pas de sens, la question est de savoir si un problème se pose avec l’affaire des avions, c’est dessus qu’il faut faire des investigations », a exhorté le ministre Tchiroma.

Sur une interpellation de la journaliste Suzanne Kalla Lobe, Issa Tchiroma s’est aussi refusé à admettre que le gouvernement paniquait tout autant qu’il avait eu une réaction dispersée. « Le gouvernement est serein et sait parfaitement où il va. Mais le gouvernement ne peut accepter de se plier au jeu de monsieur Marafa, qui a déporté les débats des tribunaux sur la place publique. Je ne peux admettre que chaque fois qu’un journal écrit, sur la base de ces lettres, que Issa Tchiroma a volé, que je monte au créneau pour répondre à sa convocation. Je refuse de rendre compte devant les journalistes, parce qu’ils ne sont pas des juges, il existe une justice dans ce pays. D’un autre côté la presse semble être devenue un lieu de confession, où toute personne épinglée par l’affaire Marafa doit se confesser, et cela on ne peut l’admettre », a répondu le ministre de la communication. Le « porte-parole du gouvernement » a aussi minimisé l’affaire, disant que cela passera. Pourtant depuis le début de l’opération « épervier », c’est la première fois qu’un des prévenus focalise autant l’attention et suscite autant de réactions. Le gouvernement a cherché à répondre à Marafa, par médias interposés, d’abord dans les chaines d’Etat, avec des interventions de monsieur Fame Ndongo, le ministre de l’enseignement supérieur et responsable de la communication du parti du président (RDPC). Il y a aussi eu des publications insultantes à l’endroit du ministre Marafa dans des journaux notoirement réputés d’être manipulés par des hommes de pouvoir. Par ailleurs, en ouvrant les travaux de la session parlementaire, le président de l’assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril a lui aussi évoqué l’affaire indiquant être « surpris par la fuite en avant, voire l’amalgame orchestrée par certains prisonniers de cette Opération, qui s’abîment dans des man uvres tendant à transformer en dossier politique ce qui pourtant aux yeux de tous, relève du droit commun», mais sans citer nommément le ministre Marafa. Selon le magazine « Jeune Afrique », l’ancien ministre d’Etat qui n’a toujours pas démissionné de son parti (RDPC) aurait promis de publier 500 pages de documents.

Issa Tchiroma, ministre de la communication et porte parole du gouvernement a régi à l’affaire Marafa qui agite l’opinion au Cameroun
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Cameroun: 4e lettre ouverte de Marafa Hamidou Yaya à Paul Biya

A propos du crash du Boeing 737-200 de la Camair, le 03 décembre 1995

Monsieur le Président de la République,
Je vous écris de la prison centrale de Kondengui où je suis incarcéré. Avant tout, je réitère solennellement mon innocence pour les faits qui semblent m’être reprochés et j’espère bien avoir l’opportunité de le prouver devant les tribunaux compétents. Si je vous saisis aujourd’hui, c’est pour solliciter à nouveau que justice soit rendue dans une autre affaire d’avions (déjà!) où j’avais injustement été incriminé il y a plus d’une dizaine d’années. Décidément, l’histoire a l’art de bégayer ou plutôt de se répéter. Rendez-moi enfin justice et indemnisez les victimes. Car seule une application saine de la justice permettra à notre Pays de bâtir une SOCIÉTÉ DE CONFIANCE. D’emblée, permettez-moi de présenter mes très sincères excuses à nos compatriotes qui ont perdu des êtres chers dans le crash du Boeing 737 de la CAMAIR à Douala en 1995. Je ne réveille leur douleur que pour demander à nouveau que justice soit enfin rendue et que les ayants-droit des victimes de cet accident soient adéquatement indemnisés. C’est aussi cela le rôle de l’Etat. En mai 1994, des accords écrits avaient été conduits à Paris, en France, par lesquels la South African-Airways (SAA) s’engageait à assurer la maintenance des Boeing 737 et 747 appartenant à la défunte CAMAIR.

Du fait de la défaillance et de la grossière négligence dans l’exécution de ces contrats, le Boeing 737-200 immatriculé TJ-CBE et baptisé Le Nyong, s’est écrasé à Douala le 03 décembre 1995, coûtant la vie à soixante et onze (71) personnes. De même, en 1997, le Boeing 747-200 Combi, Le Mont Cameroun, a perdu un réacteur en plein vol, aux environs de Paris, en France. Un de nos compagnons de détention à Kondengui était un des passagers de ce vol. Il en est encore traumatisé. Les deux (02) pilotes du Boeing 737 étaient des amis. Le commandant de bord, Monsieur Younoussa AMAN SALI et moi nous nous connaissions depuis l’enfance. Nous avons partagé le même banc en classe Terminale « D » au lycée de Garoua. Puis nous avons partagé la même chambre à la Cité Universitaire de l’Université de Yaoundé. Après son décès, j’ai été dans son village à Bé, non loin de Garoua, et en compagnie de son frère le lamido, nous avons prié sur sa tombe qui se trouve à l’intérieur de la concession du lamidat. J’ai connu le pilote, Monsieur Lombo, lorsque je travaillais à la SNH et que je voyageais beaucoup. Nous nous sommes rencontrés sur son lieu de travail, c’est-à-dire dans les avions. C’était également un camarade d’enfance de mon épouse à Douala. Cela a contribué à nous rapprocher encore plus. Après son décès, mon épouse et moi sommes allés réconforter sa mère et ensemble, nous avons prié sur sa tombe qui se trouve dans la cour de leur maison à Douala.

En 1999, alors que j’étais Secrétaire Général de la Présidence de la République, le Ministre d’Etat délégué à la Présidence, chargé de la Défense, Monsieur AMADOU ALI vous a fait parvenir une note résultant d’un entretien qu’il a eu avec son ami MILA ASSOUTE, d’où il ressort que la négligence de SAA était due au fait que cette entreprise corrompait des autorités du Gouvernement camerounais et de la CAMAIR. Cette corruption mise à nu, rendait juridiquement nuls les contrats conclus entre SAA et CAMAIR. De ce fait, les paiements de soixante-cinq (65) millions de dollars US (soit au taux de 1$US = 500 frs CFA, Trente-deux milliards cinq cent millions (32.500.000.000) francs CFA) perçus par SAA dans le cadre de ces contrats devraient être restitués à CAMAIR. En outre, des dommages et intérêts devraient être exigés. A l’époque le Ministre d’Etat, qui m’a toujours jalousé pour des raisons qui lui sont propres et avec qui j’ai entretenu des relations heurtées pendant notre cohabitation au Gouvernement, ainsi que les autres intervenants camerounais dans ce dossier, m’ont présenté comme le principal bénéficiaire des fruits de cette corruption. Dès lors, tout a été mis en uvre pour que ma « culpabilité » soit connue de tout le monde. Les mêmes journaux qui ont préparé l’opinion en vue de mon incarcération avaient été mis à contribution, dans le cadre d’une campagne haineuse et particulièrement violente à l’époque.

Imaginez-vous, Monsieur le Président de la République. J’étais votre principal collaborateur. Vous me receviez en audience tous les jours. J’étais supposé être au centre de ce tragique scandale, et je devais vous regarder dans les yeux tous les jours! Imaginez-vous, Monsieur le Président de la République. Par ma supposée prévarication, je devenais responsable des décès de deux (02) amis proches et d’une soixante dizaine de nos compatriotes! La conscience tourmentée, j’ai cherché à me rapprocher de ceux qui ont survécu à cet accident. C’est ainsi que j’ai reçu à ma table l’hôtesse de l’air Mademoiselle WELISSANE. De même, chaque trimestre, je recevais à mon bureau, Monsieur NDONG TOUNG, adjoint au directeur des affaires générales à la Présidence de la République également rescapé de ce crash. Je lui établissais des ordres de mission pour aller effectuer ses contrôles médicaux en France et y rencontrer son psychiatre. Au-delà du regard de ces deux compatriotes, j’essayais de sonder leur âme pour savoir ce qu’ils pouvaient penser du monstre que j’étais supposé être. Ce fut une torture permanente pour moi. Je me suis alors juré de ne rien ménager afin que la vérité soit connue au sujet de cette affaire et que justice soit rendue. La providence m’y aidera. Sur vos instructions, j’ai saisi par correspondance en date du 26 août 1999, le Directeur Général de TRANS-NET Ltd de cette affaire (cf. Annexe 1). Par la suite, j’ai signé un arrêté en date du 14 novembre 2000 portant création d’un comité de suivi de l’exécution des contrats de maintenance des avions entre CAMAIR et TRANS-NET-SAA (cf. Annexe 2). Ce comité avait pour mission entre autres, «d’ester en justice et défendre les intérêts de CAMAIR et de l’Etat du Cameroun dans les différends pouvant naître à l’occasion de l’exécution de ces contrats». Dans le cadre du travail de ce comité, le mécanisme de cette corruption a été mis à nu, les différents acteurs et bénéficiaires ont été identifiés et certains l’ont reconnu formellement, au vu du rapport de mission en date du 07 décembre 2000 que le comité vous a adressé.

A AUCUN MOMENT MON NOM N’A ÉTÉ ASSOCIÉ A CETTE SCABREUSE AFFAIRE.
Je vous avais alors proposé que le gain financier que notre pays devait tirer de l’action engagée en justice puisse être utilisé de la manière suivante:
a) Indemniser les ayants-droit des victimes de l’accident du Boeing 737 à hauteur de cent millions (100.000.000) de francs CFA par personne.
b) Renflouer la CAMAIR avec la différence afin de consolider les fonds propres de cette compagnie.
Dès lors, j’étais devenu le témoin gênant. En effet, ceux qui avaient intérêt à ce que je sois présenté comme le bénéficiaire des fruits de cette corruption avaient été formellement démasqués et ont été pris de panique. Non seulement la presse ne parlera plus de cette affaire, mais une stratégie insensée et diabolique sera mise en uvre pour me discréditer définitivement. C’est ainsi que les concernés ont pris langue avec Monsieur BANTU HOLOMISA, à l’époque membre du parlement sud-africain, président du parti politique « United Democratic Movement » et en mal de notoriété. Celui-ci a écrit une lettre ouverte en date du 27 mars 2002 adressée à Son Excellence THABO MBEKI, alors Président de la République d’Afrique du Sud et à vous-même (cf. Annexe 3); lettre qu’il a lue en séance plénière du parlement sud-africain, demandant la constitution d’une commission d’enquête judiciaire sur l’affaire de corruption impliquant la société TRANSNET. Dans cette lettre, Monsieur BANTU HOLOMISA reprend, selon lui, les allégations faites dans la presse camerounaise selon lesquelles mon épouse (Nommément citée) aurait fait plusieurs voyages en Afrique du Sud pour recueillir les pots de vin de la société TRANSNET. Effectivement, à l’époque, mon épouse avait fait plusieurs voyages en Afrique du Sud pour des raisons de santé. Elle y a subi plusieurs hospitalisations et opérations chirurgicales dans des formations sanitaires et par des praticiens également connus. Elle continue d’ailleurs à s’y rendre et à s’y faire suivre; son dernier voyage remonte au mois de mars 2012.

MON EPOUSE NE CONNAÎT NI TRANSNET NI SES DIRIGEANTS ET N’EST EN RIEN CONCERNEE PAR LES ÉLUCUBRATIONS DU DÉPUTÉ SUD AFRICAIN BANTU HOLOMISA.
Après la stupéfaction, j’ai par correspondance en date du 12 avril 2002 à lui adressée (cf. Annexe 4) et transmise par DHL (Lettre de transport aérien n° 358.2947.141), informé Monsieur BANTU HOLOMISA que j’ai pris connaissance de sa lettre ouverte avec beaucoup d’intérêt que je la considérais comme une diffamation et qu’à l’issue des procédures judiciaires en cours, je me réservais le droit de le poursuivre en justice. J’ai également porté à sa connaissance que copies de ma correspondance seraient envoyées au Président THABO MBEKI et à Vous-même. La vôtre vous a été transmise le même jour par mes soins (cf. Annexe 5). Celle du Président THABO MBEKI l’a été par DHL (Lettre de transport aérien n° 358.2947.701). Après plusieurs années, j’ai été informé que l’affaire a été jugée, que TRANSNET a été condamné et que le Cameroun a été indemnisé. A ma grande surprise, AUCUN DES BÉNÉFICIAIRES CONNUS DES FRUITS DE CETTE CORRUPTION N’A ETE INQUIÉTÉ, NI SUR LE PLAN ADMINISTRATIF. ENCORE MOINS SUR LE PLAN PÉNAL. Même Monsieur AMADOU ALI qui était pourtant à l’origine du déclenchement de cette affaire ne s’y est plus intéressé, en qualité de Ministre de la Justice pendant plus de dix (10) ans, alors qu’une soixante dizaine de nos compatriotes ont perdu leur vie! Afin de restaurer un tant soit peu mon honneur et celui de mon épouse durablement salis et dont personne ne semblait se soucier, j’ai saisi Monsieur TEM Emmanuel, Avocat camerounais du Cabinet « LAPIN ATTORNEY » basé à Johannesburg, pour engager une action en justice pour diffamation contre Monsieur BANTU HOLOMISA. Je vous en ai rendu compte par note en date du 18 juin 2005 (cf. Annexe 6)

Après avoir étudié le dossier que je lui ai confié et effectué quelques démarches préliminaires, Monsieur TEM m’a assuré de la justesse de ma démarche et de sa conviction d’une issue qui me serait favorable d’un procès éventuel (cf. Annexe 7.). Il m’a cependant mis en garde contre le retentissement médiatique qu’entrainerait ce procès en Afrique du Sud, ce qui ne manquerait pas de porter un préjudice certain aux relations entre ce gays et le nôtre. J’ai sollicité une audience au cours de laquelle je vous ai fait part de cette mise en garde de mes avocats. Vous m’avez demandé de mettre fin à cette procédure afin de préserver les intérêts de notre pays. A mon corps défendant, j’ai dû suspendre cette procédure, me privant ainsi de l’opportunité de restaurer mon honneur et celui de mon épouse. Je vous ai réitéré, à l’occasion de cette audience, la nécessité d’indemniser les ayants-droit de l’accident du Boeing 737 à hauteur de cent millions (100.000.000) de francs CFA par personne, comme je vous l’avais déjà proposé. Ce qui serait justice. Quelle ne fut ma consternation lorsque quelques années plus tard, les bénéficiaires de cette corruption ont été promus dont certains à des fonctions gouvernementales! Je vous avais alors fait part de Mon refus de collaborer avec Monsieur ISSA TCHIROMA en particulier, par respect pour la mémoire de mes deux (02) amis et des autres victimes du crash du Boeing 737 de la CAMAIR en 1995.

Monsieur le Président de la République,
Rendons justice à ces victimes. Car seule la justice nous permettra collectivement de BATIR UNE SOCIETE DE CONFIANCE.
Les tergiversations pourraient excéder et exaspérer nos compatriotes, comme elles ont excédé et exaspéré Cromwell à son époque pour moins que cela. En effet, en 1653, après avoir appris que le parlement essayait de continuer à siéger malgré un accord de dissolution et après avoir échoué à s’entendre sur un règlement intérieur applicable, Cromwell perdit patience. Le 20 avril, il prit part à une session et écouta une ou deux interventions. Puis il se leva et harangua les membres du parlement. Ce discours n’a malheureusement pas été préservé mais il a été souvent paraphrasé.Ainsi a t-il dit: « …you have sat too long here for any good you have been doing. Depart I say, and let us have done with you. In me name of God, go! »

Marafa Hamidou Yaya
Journalducameroun.com)/n

Cameroun: Nouvelle lettre de Marafa Hamidou Yaya à Paul Biya

Elle porte sur le code électoral et la préservation de la paix

Monsieur le président de la République,
Vous avez promulgué la loi n°2012/001 du 19 avril 2012 portant code électoral. Permettez-moi de relever les insuffisances et les omissions contenues dans cette loi avant d’aborder la problématique du code électoral et celle de la succession à la tête de l’Etat, afin de préserver la paix dans notre pays.

I-Insuffisances et omissions de la loi du 19 avril 2012
En ma qualité d’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, j’ai lu cette loi avec attention. J’ai noté pendant les débats à l’Assemblée nationale, la sagacité des députés qui ont empêché que cette loi soit adoptée en catimini et qui vous ont également évité le parjure en s’élevant contre la disposition anticonstitutionnelle du mandat impératif. D’autre part, les insuffisances et les omissions ci-après contenues dans cette loi méritent d’être adressées:

a)Article 70 (3) et (4)
Le récépissé remis au moment de l’inscription est source de conflits. C’est un document non sécurisé. Il peut être dupliqué, photocopié ou fabriqué par qui le voudra. Aussi, les électeurs pourront, le moment venu, brandir plusieurs récépissés en leur nom ou un même récépissé délivré à plusieurs personnes. Il y aurait donc lieu de remettre à chaque électeur sa carte électorale au moment de son inscription sur la liste électorale.

b) Article 75 (3)
Cet article dispose qu’«en cas de refonte, le Directeur général des élections peut proroger la période.pour une durée n’excédant pas trois mois ». C’est-à-dire concrètement que cette période pourrait aller jusqu’au 30 novembre. Dans ce cas, la loi devrait aménager les autres délais se rapportant à cette opération. En particulier :
-le délai de transmission au démembrement départemental du procès-verbal des travaux de la commission de révision des listes électorales, fixé au plus tard le 20 octobre (article 78 (1)) ;
-le délai de transmission du fichier électoral provisoire du département pour affichage, fixé au plus tard le 20 octobre (article 78 (2)) ;
-le délai de transmission du procès-verbal des opérations rectificatives, fixé au plus tard le 10 novembre (article 79 (1)) ;
-le délai de transmission du fichier électoral révisé, fixé au plus tard le 10 décembre (article 79 (2)) ;
-le délai de publication de la liste électorale nationale, fixé au plus tard le 30 décembre (article 80).

c) Article 87 (1)
Il y aurait lieu de mettre fin à la campagne électorale l’avant-veille du scrutin à minuit afin de permettre à toutes les parties prenantes (candidats, partis politiques, administration, Elecam et commissions locales de vote notamment) de préparer sereinement le jour du scrutin.

d) Article 122 (2)
Un certificat médical devrait figurer dans les pièces devant accompagner les déclarations de candidature à la présidence de la République.

e) Titre VI
Nulle part dans la loi l’on ne trouve les dispositions relatives à l’exécutif communal (maire et adjoints), à son élection et au nombre d’adjoints aux maires. Elles devraient être réintroduites.

f) Article 219 (1)
Il y aurait lieu de préciser que seuls les partis politiques ayant pris part aux élections générales dans la région concernée peuvent participer aux élections partielles, comme cela a été pour les élections des députés (article 155 (4)) ; des conseillers municipaux (article 174 (1)) et des conseillers généraux (article 268 (3)).

II-La problématique du code électoral
A la veille de l’élection présidentielle de 2004, j’ai parcouru les dix (10) provinces de notre pays et j’ai tenu des réunions publiques dans chaque capitale provinciale avec l’ensemble des parties prenantes concernées par les élections. Ces réunions, parfois houleuses, ont vu la participation des chefs des partis politiques et de leurs responsables à la base, des députés, des conseillers municipaux, des chefs traditionnels, des responsables de la société civile et naturellement de la presse. A cette occasion, j’ai recueilli les doléances de nos compatriotes portant sur le processus électoral. Celles-ci portaient particulièrement sur l’amélioration de la législation électorale et sur le retrait de l’administration du processus. En février 2006, je vous ai soumis la toute première mouture d’un code électoral. Au cours de l’année 2006, des missions d’étude ont été envoyées dans certains pays et ont abouti à l’élaboration de la loi du 29 décembre 2006 portant création, organisation et fonctionnement d’ «Elections Cameroon » (Elecam). En février 2008, je vous ai soumis une mouture définitive du projet de code électoral en vous suggérant que le Premier ministre organise des consultations avec les partis politiques et la société civile, leur remettre le projet de code électoral afin qu’ils l’enrichissent éventuellement pour aboutir à un document consensuel devant être adopté par voie de référendum. C’est ainsi que la loi fixant les procédures du référendum a été adoptée par l’Assemblée nationale et promulguée le 13 avril 2010.

Monsieur le président de la République, des élections mal organisées ou dont les résultats sont contestés sont sources de conflits et de rupture de la paix sociale. Un code électoral devrait être consensuel afin:
-d’encourager la participation d’un maximum d’électeurs;
-de permettre des élections justes et transparentes donnant toute leur légitimité aux élus;
-de favoriser une culture d’acceptation des résultats.
Ce n’est malheureusement pas le cas du code objet de la loi du 19 avril 2012. D’autre part, vous connaissez mes réserves maintes fois exprimées concernant l’organisation et le fonctionnement d’Elecam. Nous avons tous été témoins des dysfonctionnements de cet organisme à l’occasion de la dernière élection présidentielle. Ce qui a obligé l’administration de reprendre en main au dernier moment, le processus électoral afin de sauver la paix dans notre pays. Je persiste à dire que tel qu’organisé et tel qu’il fonctionne, Elecam ne pourra pas organiser les élections législatives et municipales. Des propositions d’amélioration de l’organisation et du fonctionnement de cet organisme vous ont été faites en son temps ; elles méritent d’être prises en compte afin de préserver la paix dans notre pays. Peut-être que mes inquiétudes sont infondées puisque les élections législatives et municipales sont renvoyées aux calendes grecques frustrant nos concitoyens de leur droit de choisir leurs représentants. Nous en arrivons ainsi à ce paradoxe : les pays en crise se débattent pour organiser des élections afin d’en sortir. Notre pays s’abstient d’organiser des élections et prend de ce fait le risque d’être précipité dans une crise.

III- La problématique de la succession à la tête de l’Etat
Le 3 septembre 2010, je vous ai fait parvenir une note (cf. annexe ci-joint) suite à des informations qui m’étaient parvenues et selon lesquelles vous auriez l’intention de faire modifier la Constitution en vue de créer un poste de Vice-président de la République, avec droit de succession à la Magistrature Suprême de notre pays. Dans cette note, je vous faisais part de ce que « la lisibilité d’un successeur est tout à fait concevable dans un système politique de parti unique fermé où tous les acteurs politiques sont soumis à une discipline stricte d’acceptation des choix de leur chef. Et même dans ce cas-là, des difficultés surgissent, mettant en danger la stabilité du Pays ». Notre pays en a d’ailleurs fait l’amère expérience. Je vous suggérais «de renforcer les structures qui, le moment venu, doivent gérer une éventuelle succession». D’un côté, parti dominant auquel nous appartenons tous les deux, «devrait voir le collège (Bureau politique ou autre organe) chargé de designer l’éventuel candidat à la Magistrature Suprême en cas de vacance, renforcé et enrichi d’hommes de qualité». De l’autre côté, « les organes constitutionnels devraient être mis en place avec à leurs têtes, des hommes très soucieux de l’intérêt national (Conseil Constitutionnel et Présidence du Sénat notamment) ». Les deux ou trois de mes proches à qui j’ai fait part de ce qui précède ont désapprouvé ma démarche, au motif que j’aurais pu être le bénéficiaire d’une éventuelle désignation. Je leur ai répondu que je n’avais aucune envie d’être nommé Président de la République. En effet, je suis porteur d’un projet mettant en avant les exigences de PAIX et de JUSTICE permettant de batir une société de confiance. D’autres Camerounais sont certainement porteurs d’autres projets. Il me semble naturel et sain que le moment venu, chaque prétendant à la Magistrature Suprême, soumette son projet, l’explique et le défende devant nos compatriotes qui, à travers une élection libre et transparente, choisiront celui ou celle qu’ils voudront mettre à la tête de l’Etat. L’heureux bénéficiaire de leur confiance aura ainsi toute la légitimité nécessaire pour conduire son action pendant la durée du mandat qui lui sera confié.

Monsieur le Président de la République,
Les Camerounais sont un peuple majeur. Laissez-les choisir leurs représentants et leurs dirigeants en toute liberté et en toute transparence. C’est la seule manière d’assurer à notre pays un avenir dans la paix. En ce qui concerne, de là où je suis, je continuerai à parfaire le projet dont je suis porteur et à le soumettre, chaque fois que cela est possible , à la critique de nos compatriotes auxquels je propose d’ores et déjà que nous nous mobilisions tous pour bâtir une société de confiance.

Note pour Monsieur Le président de la République (03 Septembre 2010)

Je vous prie de bien vouloir me pardonner de devoir distraire votre très haute attention, en évoquant l’importante question d’une éventuelle modification de la Constitution dans un avenir plus ou moins proche. En effet, il m’est revenu que le vice-Premier ministre, ministre de la Justice ainsi que le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense, ont fait des indiscrétions, le premier à des journalistes internationaux lors de son séjour à Brazzaville à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance du Congo, et le second à quelques amis, sur votre intention prochaine de créer un poste de vice-Président de la République, avec droit de succession à la Magistrature Suprême de notre pays. Si leurs allégations étaient avérées, je vous livre très humblement une modeste réflexion sur cette question importante de la vie de la Nation.

En effet, depuis que vous avez installé le Cameroun dans la modernité en faisant de lui un pays démocratique et ouvert, la lisibilité du successeur potentiel du Président de la République devient un facteur d’instabilité et perturbateur en ce qu’elle pourrait organiser de façon permanente, de petits trafics d’influence et de spéculations. Par ailleurs, la personne désignée fera de la part de certains de vos fidèles et inconditionnels, l’objet d’ « attaques » systématiques, quand ce ne sont pas les originaires d’autres tribus, frustrés de la non-désignation d’un des leurs ; qui s’en chargeraient. Tout ceci est de nature à parasiter et à paralyser un système politique en quête d’efficience pour la réalisation des grands projets de développement qui vous tient à c ur. La lisibilité d’un successeur est tout à fait concevable dans un système politique de parti unique fermé où tous les acteurs politiques sont soumis à une discipline stricte d’acceptation des choix de leur chef. Et même dans ce cas-là, des difficultés surgissent, mettant en danger la stabilité du pays.

Par contre, il serait peut-être probablement plus indiqué de renforcer les structures qui, le moment venu, doivent gérer une éventuelle succession. Ces structures concernent le parti dominant qui devrait voir le collège (Bureau politique ou autre organe) chargé de désigner l’éventuel candidat à la Magistrature Suprême en cas de vacance, renforcé et enrichi d’hommes de qualité. Simultanément, les organes constitutionnels devraient être mis en place avec à leurs têtes, des hommes très soucieux de l’intérêt national (Conseil constitutionnel, Présidence du Sénat). Dans un pays comme le notre, cette solution de renforcement de structures (organes constitutionnels et parti) , offre l’avantage d’évacuer, sinon diluer le débat sur la succession qui ne serait plus cristallisé sur un seul individu. L’exemple du Gabon, pour lequel vous avez joué un rôle stabilisateur important, est éloquent à cet égard ; alors que celui du Nigéria, où le successeur est d’emblée lisible (quoique élu sur le même ticket que le président de la République), est porteur d’importants germes de déstabilisation.

Monsieur le Président de la République,
Ma modeste contribution a aussi pour avantage de placer le Chef de l’Etat, et lui exclusivement, au c ur du système politique jusqu’au bout ; tous les acteurs politiques significatifs ne réalisent le consensus qu’autour de sa personne.

Je serai honoré de pouvoir mieux exposer et densifier ma suggestion à l’occasion d’une prochaine audience, lorsque le calendrier de Monsieur le Président de la République le permettra.

Yaoundé, le 03 Septembre 2010

Lettre à Laurent Gbagbo par Jacques Owono

«Nous l’avons compris, qu’ils mettent aux avant-postes les nôtres pour mieux nous atteindre et nous confondre: Fatou Bensouda»

M. Le Président,
Dans notre tradition africaine héritée jalousement des Ancêtres, le procès a pour but majeur, sinon exclusif, de restaurer la paix dans la communauté divisée mais aussi dans les c urs. Un dicton burkinabé dit d’ailleurs à ce propos que la palabre sauve le village. Car, ainsi que le précise aussi un proverbe wolof: «Il n’y a pas deux personnes qui ne s’entendent pas; il y a seulement deux personnes qui n’ont pas discuté». Madiba Mandela, noble fils de l’Afrique, est resté fidèle à cet enseignement des aînés. «Asseyons-nous et discutons!», aimiez-vous à répéter à vos adversaires; «Asseyons-nous et recomptons les voix!», leur aviez-vous martelé des mois durant. Mais ils ne vous ont pas écouté. Ceci parce qu’un petit nombre prétendument «international» a confisqué la parole, pris la justice en otage au nom des «droits de l’homme». Mais dans notre Afrique historique et sage, où des mondes, des mentalités et des temps différents se superposent comme l’affirme le savant malien Hampâté Bâ, ils ne peuvent réussir une telle entreprise que par la violence, oubliant que le plus fort, celui qui gagne, le gagneur est peut-être dans l’humanité, celui qui nous amène à la régression. Car la force primaire, la force brute n’est pas primée dans nos sociétés. (Michel Serres).Dans notre tradition africaine donc, M. le Président, un dicton ibo dit «qu’un procès n’exclut personne». C’est-à-dire que le public n’est pas simplement présent en spectateur muet, il est autorisé à faire entendre son opinion. La mienne sera à travers cette correspondance que je compte établir avec vous; aussi longtemps que durera votre incarcération.

C’est, à travers ma plume, la voix de millions d’Africains du continent: Ivoiriens, Camerounais, Maliens, Sénégalais, Ougandais, Ghanéens, Algériens, Libyens, etc. C’est aussi celle de millions d’autres, Africains de la diaspora et descendants africains vivant dans le monde: en France, en Allemagne, en Chine, en Guadeloupe, en Haïti, au Canada, en Australie, etc. C’est enfin celle de tous les combattants de la liberté de toutes confessions religieuses ou obédiences politiques: juifs, chrétiens, musulmans, bouddhistes, athées, socialistes, démocrates, républicains, communistes, etc. Tous nous sommes là, Arc-en-ciel de liberté, défenseurs de notre humanité menacée, symbole de résistance contre l’injustice. Tous nous voulons écrire cette page de notre histoire africaine avec vous; Tous nous voulons marcher avec vous sur les traces de note humanité.

En introduction de son livre, Histoire de France, Pierre Miquel déclare: «Il y a des pays sans histoire. La France n’est pas de ceux-là.» Cette affirmation, de la plume même d’un historien, peut paraître choquante. On s’accorderait volontiers à dire que le terme «histoire» revêt une certaine ambiguïté ici, mais c’est sans compter sur cette autre déclaration, tout aussi célèbre, d’un fils d’immigré hongrois, que les Gaulois, pour leur malheur et perte, se sont choisi comme empereur-roi et qui déclarait triomphant à Dakar en 2006 que «le paysan africain n’est pas suffisamment entré dans l’histoire.». Mon cher Président, en votre qualité d’historien et de sage africain, permettez-moi de vous poser cette question toute simple: «C’est quoi l’histoire? Se peut-il que nous n’ayons pas le même sens des réalités historiques que ces gens-là?». Ce questionnement, à mon humble avis, mérite d’être posé au préalable, car il nous permet de comprendre, ainsi que le notait déjà l’illustre sage et patriote africain, Cheikh Anta Diop, à son fils spirituel Théophile Obenga que toute réalité sérieuse et profonde ne peut s’expliquer et se comprendre que dans le cadre de règles, d’idées, de valeurs culturelles et de méthodologies que l’on prend pour modèle ou guide et qu’il a désigné par le terme de «paradigme culturel». En d’autres termes, nous ne pourrions nous comprendre, comprendre nos référents religieux ou socioculturels, nos valeurs, le sens et la portée de notre destinée, le cours de notre histoire et partant, sa définition même, que si nous ne sacrifions pas tous sur l’autel de la pensée unique, souvent tyrannique et impérialiste occidentale.

Il y a plus de deux mille ans, Sima Quian (145-86 av. JC), le premier historien chinois, affirmait avec assurance: «Ceux qui n’oublient pas le passé sont maîtres de l’avenir». Ce qui signifie en d’autres termes que la survie d’un peuple dépend de la sauvegarde de sa mémoire, de son histoire. Comment donc nous construire un avenir certain lorsqu’on nous dénie ce recours au passé qui est nôtre, ce rapport dialectique à notre propre histoire ? Comment être maîtres du futur quand on n’est pas maîtres du passé, quand ce dernier semble même n’avoir jamais existé? Au-delà donc de toutes ces tripatouilles du sens de l’histoire, la seule certitude vraie est que la Volksseele (âme du peuple) et le Volksgeist (esprit du peuple) se forgent dans le rapport dialectique que ce dernier entretient avec son passé ; Falsifier donc ce rapport, l’occulter ou le renier même, c’est courir le risque de faire des êtres concernés, non plus des hommes et des femmes agissant et pensant, mais de pauvres ombres esclaves au service de l’imposteur.

Lorsqu’on emprisonne les historiens et sages d’un peuple, c’est l’âme de ce peuple qu’on veut emprisonner, c’est son esprit qu’on veut corrompre; c’est son génie surtout qu’on veut stopper.
Jacques Owono

L’entreprise n’est malheureusement pas récente. Elle a plutôt la peau dure et la nuque raide. Solide comme une forteresse, elle traverse les siècles et les époques, et à chaque fois, transforme et pervertit les mentalités qu’elle influence. Comment croire qu’ils ne le savent pas, que nous avons une histoire, que de toutes les histoires, notre histoire est. Qu’elle est ce qui est. Comment leur faire accepter notre passé une fois pour toutes ? Leur faire respecter nos historiens et hommes sages? Si c’est de l’ignorance, il faudrait peut-être leur rappeler que chaque fois que notre humanité a Rendez-vous avec l’Histoire, elle passe par l’Afrique. C’est un passage obligé, un retour aux sources lointaines ou proches, connues ou inconnues, avouées ou inavouées de notre existence. Car l’Afrique se dresse au c ur de notre humanité depuis ses premiers balbutiements, elle s’invite à tous ses rendez-vous historiques, tantôt silencieuse, tantôt avant-gardiste, tantôt passive, tantôt actrice d’une histoire qui se joue grâce à elle, par elle, parfois contre elle, mais toujours avec elle, car sans elle, l’humanité ne serait pas humaine, sans elle, l’histoire ne serait pas histoire. Non pas une histoire dont l’objet, selon Georges Dumont, est le récit des batailles et l’analyse des traités de paix, mais l’homme. Car pour paraphraser Marc Bloch, le bon historien flaire là où il y a de la chair humaine, comme l’ogre de la légende. Et le frère Runoko Rashidi affirme avec certitude que grâce aux dernières recherches scientifiques sur l’ADN, tout être humain pourra, tôt ou tard, faire remonter jusqu’à l’Afrique ses racines ancestrales.

Dr. Jacques Owono
Journalducameroun.com)/n

M. le Président, votre séjour à la Haye apparaît clairement à nos yeux comme un fait historique d’une portée majeure, car sous nos yeux, la légende devient histoire, les personnages de fables deviennent réels; Les Soundjanta Keita, Chaka Zoulou, Kunta Kinté, Lumumba, Sankara, tous ces fiers résistants et guerriers Africains prennent de nouveau vie et forme devant nous. On nous a apprit qu’un vrai héros était un héros mort. Mais depuis Madiba Mandela et aujourd’hui avec vous, nous faisons l’expérience d’une autre catégorie de héros vivants parmi nous. Il suffit juste de lever la tête pour les reconnaître. M. le Président, votre séjour à la Haye est surtout la preuve probante que l’impérialisme n’a pas de mémoire. Obligé de remâcher ses vomis. Car alors il aurait déjà dû comprendre que c’est en prison que Malcom X, en véritable autodidacte, s’est véritablement libéré des chaînes de l’ignorance et de l’esclavage; Que Madiba Mandela, en 27 ans d’emprisonnement, comme dans la dialectique hégélienne du maître et de l’esclave, a réussi à humaniser ses geôliers, devenant par sa grandeur d’esprit leur nouveau maître. Non, M. le Président, en vous mettant aujourd’hui en prison, l’impérialisme n’a toujours pas compris pourquoi l’oiseau «chante de liberté en cage». Il n’est donc pas vrai de croire, comme eux, qu’avec votre incarcération, le combat est terminé. Il ne fait que commencer pour nous, car tant que la nuit sera longue, nous aurons toujours besoin de la lumière. Et voici venir des messagers résignés qui annoncent des lendemains incertains pour l’Afrique. Comme le poète noir-américain Langston Hugues au siècle dernier, ils poussent un cri de désespoir et de peur:
« Nous crions parmi les gratte-ciel
Comme nos ancêtres criaient parmi les palmiers d’Afrique
Car nous sommes seuls
Et nous avons peur.»

Non, M. le Président, nous ne retournerons pas boire une deuxième fois à la même source de la peur et de l’esclavage, cette histoire ne se répétera pas pour nous. Non, on ne trompera pas le peuple Africain tout le temps. Non, M. le Président, nous n’avons pas peur! Nous n’avons plus peur ! Nous ne tremblons plus au son de leur trompette, nous ne prenons plus la fuite devant les tirs de leurs kalachs ; devant la furie de leurs roquettes, bombes et missiles, nous avançons libres et soudés ; devant leurs armes chimiques et bactériologiques, nous bombons le torse. Mains nues, nous avançons : plus peur de leur canon, plus peur de leur prison, plus peur de leur mensonge, plus peur de la mort car seul l’esclave a peur. L’homme libre n’a pas peur. Et c’est pourquoi nous sommes obligés d’avancer. Parce que nous sommes libres. Nous savons qu’ils tremblent de panique derrière leur viseur, qu’ils transpirent de peur derrière leur canon, que dans leur quartier général ils manquent de maîtrise, qu’ils sont mal à l’aise. Parce qu’ils savent que l’arme la plus redoutable, c’est nous qui l’avons: le peuple debout et libre! Nous, la jeunesse africaine, sommes debout à vos côtés pour continuer avec vous le combat. Nous, la jeunesse africaine d’aujourd’hui, ne sommes plus prisonniers du «complexe d’Ulysse», en quête d’identité. Notre mission est à vos côtés, dans le combat pour la libération de l’Afrique. Non, M. le Président, vous n’êtes pas seul! Nous l’avons compris, que nos héros sont leurs dictateurs, nos patriotes leurs criminels. Nous l’avons compris, que nos bourreaux sont leurs héros. Les traîtres de notre peuple sont distingués et couronnés par eux: Senghor, etc. Nous l’avons compris, qu’ils distinguent à présent du prix Nobel ceux des nôtres qui vont servir leur cause: Barak Obama, Ellen Johnson Sirleaf. Nous l’avons compris, qu’ils mettent aux avant-postes les nôtres pour mieux nous atteindre et nous confondre: Fatou Bensouda

Jacques Owono
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Jamais nous ne dormirons plus. Jamais nous n’accepterons plus de prendre la place d’esclave qui prie et remet tout entre les mains de Dieu. Non, Dieu ne combat pour personne, pas même pour le peuple juif qui a fini par le comprendre et s’est doté de la bombe nucléaire. Dieu nous a donné l’intelligence et la liberté de discerner entre la paix et la guerre et de choisir évidemment la paix. Alors, si le voisin cherche palabre contre nous, quitte à nous de trouver les moyens de notre défense. Dieu, jamais ne lèvera son petit doigt pour nous sortir de nos prisons, parce que ce n’est pas lui qui nous a mis là. Le soleil de nos libertés ne finira par briller sur nous que si nous-mêmes acceptons déjà de quitter les creux impossibles de nos prisons où ses reflets ne peuvent nous atteindre. Si nous continuons religieusement à subir, sans réagir, il faudra bien ne pas se plaindre par la suite, car les «cris qu’on pousse ne réveilleront jamais plus personne.». Personne ne nous interdira donc de lutter, de revendiquer notre passé. Nous n’avons pas besoin de l’inventer, car un passé plus grand et glorieux n’existe nulle part. Nous avons simplement besoin de le reprendre à ceux qui nous l’ont volé et falsifié sans honte, comme de petits enfants voleurs de bonbons à l’étal. M. le Président, comme j’aurais aimé marcher sur les chemins de notre liberté aux côtés de mon père, ce guerrier africain qui m’a appris dès le bas âge le sens de la bravoure, du courage et du devoir. Hélas, il nous a quittés il y a quelques années. Paix à son âme ! Mais le combat de votre fils, Michel, à vos côtés; celui de Mouatassim, mort aux côtés de son père, le vaillant guerrier et martyr Mouammar Kadhafi, afin que nous soyons libres en Afrique m’a redonné espoir et dignité; ainsi qu’à toute la jeunesse africaine.

Voilà pourquoi rien ne nous fera plus reculer. Car arrive toujours un moment où le cri humain se fait entendre, car c’est au cri qu’on reconnaît l’homme. Et un homme qui crie n’est pas comparable à un chien qui aboie. Un homme qui crie n’est pas un ours qui danse. Et aujourd’hui, la jeunesse africaine crie: Assez! Y en a marre! Marre de voir nos ressources exploitées au détriment de nos populations; marre de voir nos s urs violées, nos mères déshonorées, nos pères humiliés dans leur dignité d’hommes; Marre de voir notre jeunesse sacrifiée et son avenir hypothéqué. Qui donnera une sépulture digne à tous nos morts en Afrique? Qui commémorera nos martyrs? Lorsqu’on tue les sages, emprisonne les historiens, traîne au sol nos dirigeants, qu’en sera-t-il du commun des mortels? Mais loin d’être tristes ou résignés, notre espérance est grande, car une nouvelle étoile est née, celle qui guidera désormais nos pas vers la liberté totale. Aujourd’hui, Madiba Mandela peut transmettre le témoin de la lutte et chanter tranquillement le Nunc dimittis comme le fit le vieux Siméon qui, tenant le petit Jésus entre ses mains, remercia le ciel d’avoir vu de ses yeux l’étoile vivante qui sauverait son peuple. M. le président, lorsque de votre cellule vous pourrez voir un oiseau voler libre dans le ciel triste, pensez-y, c’est la jeunesse africaine libre qui vole à vos côtés. Lorsque le soir, dans la douceur et le calme de la nuit, vous pourrez écouter de votre cellule le vent murmurer au dehors, pensez-y, M. le Président, c’est le chant de tous les combattants de la liberté qui vous disent à l’unisson que: Misiki itam! Vous n’êtes pas seul! You will never walk alone! Sie sind nicht allein! Inschallah! Amen.

Vive l’Afrique libérée!
Vive notre humanité libre!

Ps: j’ai encore tellement à vous dire, mais je crains qu’une si longue lettre ne puisse être publiée. Je vous écrirai de nouveau le mois prochain, inschallah! Portez-vous donc bien, M. le Président. Bonnes fêtes de Noël et de fin d’année. Bon courage!


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Plaidoyer pour l’emploi des jeunes au Cameroun

A son excellence Paul Biya, Président de la République du Cameroun

Monsieur le Président,
Parler des questions d’emploi aujourd’hui au Cameroun, c’est en quelque sorte marcher sur une aiguille au bout de laquelle est accroché un fil d’une légèreté absolue. Pourtant, il faut bien en parler. La question de l’emploi est la priorité des Camerounais. Les 5,4% du chômage ainsi que les 71% que représente le sous emploi global désespèrent les jeunes et les parents et semble préoccuper l’Etat.

Les effets du chômage et du sous-emploi des jeunes
Le manque d’emploi provoque une psychose chez les jeunes. Une psychose allant de la crainte de ne pas survivre au désir profond de se laisser aller aux manipulations de toutes sortes. Voici après une étude menée auprès des jeunes que nous côtoyons, un regard factuel sur les effets néfastes du chômage :
. Le désespoir des jeunes et des parents
. Le manque de confiance en l’Etat
. Le sentiment d’abandon
. La radicalisation de l’attitude à l’égard de la société
. Une perte de l’estime de soi
. La frustration
. Le banditisme, la prostitution
. La révolte
. L’immigration clandestine
. La vulnérabilité face à des manipulations de toutes sortes
. Le manque de motivation.

Comment en est-on arrivé là ?
L’une des raisons du « problème » est inéluctablement le manque de politiques adéquates sur l’emploi des jeunes, suivi d’une inapplicabilité des décrets, des lois et autres textes visant à solutionner les problèmes. Des stratégies importantes ont certes été mises sur pied, mais il faudrait qu’elles soient appliquées et qu’elles servent directement aux intérêts de la cible donc les jeunes. Tenez par exemple, en 2008, vous signez un décret stipulant que toute nouvelle entreprise est exonérée de la patente pour une période de deux ans. En 2010, le premier Ministre signe une circulaire dans laquelle il rappelle aux autorités compétentes d’exécuter ce décret Présidentiel. Malheureusement, l’obéissance ou mieux l’exécution sont loin d’être les choses les mieux partagées dans le service public. Conséquence, les entreprises nouvellement créées continuent de payer les patentes.

La démarche urgente à suivre
Monsieur le Président,
L’emploi des jeunes est un vaste chantier qui regroupe et masque des réalités très différentes, allant des non diplômés, en passant par les peu qualifiés, jusqu’aux bac + 5, chaque catégorie devant faire face à des difficultés spécifiques pour réussir son insertion sur le marché du travail. Proposer des mesures et des dispositifs en fonction des profils des jeunes (sans diplômes, peu qualifiés, décrocheurs, techniciens supérieurs, licenciés…) permettrait de mieux répondre à la fois à la demande de ces jeunes et à celle des secteurs qui les recrutent. La solution du problème de l’emploi passerait par trois étapes chronologiques :
. Une meilleure orientation académique et professionnelle (du primaire au secondaire)
. Une meilleure adéquation formation emploi
. L’intégration socioprofessionnelle.

Quelques propositions immédiates pour l’emploi des jeunes
L’information : C’est le point crucial. Certes, il y a très peu d’opportunités d’emploi dans le pays mais les personnes concernées manquent très souvent d’information. Ceci se justifie d’une part par la non publication ou la publication tardive des offres d’emploi et d’autre part par l’inaccessibilité de l’information auprès de la cible.

L’urgence de la transparence dans les recrutements : Dans votre discours à la jeunesse le 10 février 2011, vous annonciez un recrutement de 25 000 jeunes à la fonction publique. Bien que le nombre de postes soit il faut le reconnaître fort considérable, sur le terrain, les jeunes en priorité restent sceptiques. Le stéréotype dans lequel ils se sont enfermés leur donne de croire qu’il faudra donner des pots de vin ou passer par le piston pour être éligible dans ces recrutements qui sont probablement les premiers et les derniers de cette décennie. Le pire est que le secteur privé a lui aussi nourrit ce stéréotype. Nous espérons que la circulaire n°03 du 10 janvier 2011 du Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle relative à la gestion des recrutements dans les organisations présentes au Cameroun fera tache d’huile.

L’urgence de la formation adéquate dans le cadre des grands projets structurants : Cela fera bientôt cinq ans que les chantiers sur les grands projets sont lancés au Cameroun. Des projets qui devront générer des milliers d’emplois dans des secteurs précis. Or les profils recherchés dans les postes à pourvoir ne se retrouvent pas sur place au pays. Il faut former pour éviter de retomber dans les erreurs du Pipeline Tchad-Cameroun où les postes pourvus avaient été attribués à des étrangers au grand dam des nationaux.

Une sécurité sociale dans les milieux professionnels : Le taux chômage des jeunes au Cameroun est de 5,4% En réalité, ce n’est pas le plus inquiétant. Le problème crucial est le sous-emploi (71% selon le Bit). Il nous a été donné de constater sur le terrain que, certains organismes de grande envergure emploient les jeunes dans le cadre de ce qu’on peut qualifier de stage à durée indéterminée. Des entreprises qui font des profits sur le dos d’une jeunesse épuisée par le chômage et extrêmement vulnérable. A côté de ces stages, nous dénonçons également l’exploitation des jeunes professionnelles faites par les agences de placement qui de plus en plus sont assimilées au proxénétisme. Ils faut protéger ces jeunes : c’est du devoir de l’Etat.

Un dialogue franc entre les gouvernants et les « bons jeunes » : Le pays regorge de nombreux stratèges qui, il faut le reconnaître, élaborent de bonnes stratégies sur la question de l’emploi des jeunes. Mais peut-on soigner un malade en son absence ? Ghandi ne disait-il pas que : « tout ce qu’on entreprend pour vous sans vous est contre vous » ? Nous n’insinuons pas que les jeunes soient entièrement exclus de la chose politique, mais est-ce de « bons jeunes » ? C’est-à-dire des personnes de terrain et expérimentés qui peuvent valablement participer à l’élaboration des stratégies. Il serait d’ailleurs formidable pour vous de rencontrer les jeunes. Ils pourront mieux vous parler de leurs problèmes de leurs attentes.

Une politique forte de l’auto emploi des jeunes : La jeunesse est caractérisée par la passion, le zèle, l’ambition, la créativité, le goût du risque, la force physique, une capacité d’adaptation : des qualités propres aux entrepreneurs. C’est dire que si la jeunesse est soutenue et encadrée comme il se doit, elle peut contribuer à l’économie nationale et sortir du gouffre de l’informel qui tue l’individu et appauvrit l’Etat.

Une sensibilisation sur les besoins du monde de l’emploi : Lors du dernier recrutement à la fonction publique (2009-2010), l’administration sollicitait trente (30) architectes mais seuls douze (12) dossiers étaient sur la table des membres du jury. Il en est de même pour le secteur des télécommunications où sur cinquante postes, trente postulants. Il est donc urgent de former les jeunes en fonction des besoins. Ceci nécessite une forte sensibilisation auprès des publics cibles. Mais aussi une prise des mesures visant à restreindre les diplômés de l’enseignement général. Ce, à travers la création des établissements d’enseignement technique commercial et industriel, des universités et grandes écoles technologiques. C’est le secret d’un pays émergeant. Le recrutement de 25 000 jeunes en cours à la fonction publique connaîtra d’ailleurs un réel problème de profils. Car certains besoins ne correspondent pas aux profils disponibles. Notamment le secteur de l’ingénierie où les formations ne sont pas monnaie courante au Cameroun (Pétrochimie, hydraulique, productique, énergies renouvelables, chimie industrielle, métiers du bois, propriété industrielle, ingénieur en industries animales.). Face à cette situation, nous pouvons assurer que le quota des 25 000 ne soit pas atteint. Monsieur le Président il faut agir, le problème est plutôt grave ! Le fer risque de se rouiller et la lance deviendra inutile. Le chômage des jeunes, constitue une bombe à retardement pouvant exploser à tout moment. Il faudrait la désamorcer pendant qu’il est encore temps.

Débora Ngo Tonye
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