Le chef de l’Etat français a fait la promesse de manière solennelle mardi 26 juillet 2022 lors de sa visite officielle au Cameroun.
Les affres de la présence des colons français au Cameroun demeurées enfouies dans les archives coloniales, hantent l’esprit des Camerounais. Le souvenir de l’assassinat des figures de la lutte indépendantiste ne sont pas effacés de la mémoire des Camerounais. Tenez par exemple : dans les forêts de la Sanaga Maritime, les taches de sang issues de l’assassinat de Ruben Um Nyobe le 13 septembre 1958 sont indélébiles.
Inoubliables sont aussi ses compagnons de lutte Felix Moumié empoisonné le 03 novembre 1960 et Ernest Ouandié fusillé le 15 janvier 1970. Derrière ces figures, beaucoup d’autres personnes innocentes seraient tombées sous le coup des fusils coloniaux. Cependant, des décennies après, ces horreurs sont restées dans les ténèbres. D’où la clameur qui monte d’année en année au Cameroun avec des interrogations précises.
« Une amitié sincère comme celle qui existe entre le Cameroun et la France ne saurait s’encombrer de zones d’ombre ou alors de vérités mal dissimulées. Il se trouve que la guerre de libération qui a été menée au Cameroun a laissé des blessures et des souvenirs marqués des exactions des crimes commis par l’armée française sur des Camerounais. Des décennies plus tard est-ce que vous êtes en mesure aujourd’hui de reconnaître ces atrocités et d’en assumer la responsabilité ? »
Face à cette question du journaliste Georges Alain Boyomo, directeur de publication du quotidien camerounais Mutations, Emmanuel macron a donné un début de solution. Face à la presse camerounaise et française mardi 26 juillet 2022 au Palais de l’Unité, le président a dit ceci.
Faire la lumière sur le passé douloureux
« Sur ce qui est de notre passé commun, il y a des pages glorieuses, heureuses de construction commune. Il a contribué à lier tant de destins ; c’est une chance. Mais il a eu aussi des moments douloureux, tragiques. Des historiens se sont penchés sur ce passé. Ils nous disent qu’un conflit a eu lieu, le mot guerre est employé, c’est aux historiens de faire la lumière sur le passé, il faut continuer à écrire cette histoire et s’il faut l’écrire ensemble ».
Ouvrir l’ensemble des archives coloniales
« C’est pourquoi, ce que je souhaite c’est que nous puissions avoir et lancer ensemble un travail conjoint d’historiens camerounais et français qui pourront ainsi avoir accès à la totalité de nos archives. Je prends ici l’engagement solennel d’ouvrir nos archives en totalité à ce groupe d’historiens conjoints qui nous permettront d’éclairer ce passé. Sur des situations individuelles sur des épisodes que vous évoquez et pour qualifier très précisément les choses.
C’est dire que l’implication de la France, le rôle aussi des autorités camerounaises de l’époque, avant, après l’indépendance dans un contexte où les choses sont sans doute complexes et mêlées que vous ne l’avez dit. Mais avec une gravité et des responsabilités qu’il convient d’établir factuellement. »
Créer une commission conjointe d’historiens
« Je propose donc que nous réunissions les conditions pour mener ce travail, je l’ai dit au président et que nous mettions en place une commission d’historiens qui pourront travailler ensemble pour avoir accès à toute les archives pendant la période. L’intégralité des archives françaises seront ouvertes.
Je souhaite aussi que nous puissions d’ailleurs dans le cadre de cette commission conjointe faire travailler des artistes parce que j’ai été frappé de voir combien des artistes camerounais, binationaux, de la diaspora avaient une maîtrise imaginaire cette période.
Et donc je pense aussi qu’il faut leur permettre de travailler ensemble. Nous allons fixer un calendrier de travail à cette commission pour qu’elle rende ces travaux dans un calendrier rapproché, c’est-à-dire que on aura suffisamment de temps pour avoir accès à tout ce qui est nécessaire et que on puisse scander les prochaines années de vraies réalisations en retour sur ces travaux », a déclaré Emmanuel Macron en présence de son homologue Paul Biya.