Cameroun : les évêques appellent à l’arrêt des tueries entre Camerounais

Le message est de Mgr Andrew Nkea, président de la Conférence épiscopale nationale, à l’occasion de la 48è assemblée plénière des évêques à Yaoundé.

Deux prises de parole ont marqué l’ouverture des travaux mardi 18 avril 2023. Celle de Monseigneur Jean Mbarga archevêque métropolitain de Yaoundé et celle de Monseigneur Andrew Nkea, archevêque de Bamenda. Alors que l’archevêque de la capitale camerounaise fustige la montée en puissance des religiosités et des sectes pernicieuses, celui de  Bamenda s’attarde sur les meurtres qui défraient la chronique.

Les dernières tueries relayées par les médias sont l’assassinat de six membres d’une même famille à Nanga Eboko par un Nigerien ; l’assassinat d’une enseignante de physique chimie dans l’Extrême-Nord par son époux Raiga, directeur d’une école ; le meurtre d’une jeune fille dans le Nyong et Kelle par son oncle suite à une fessée à l’aide d’une machette chauffée, l’assassinat de Martinez Zogo, etc.

Au regard de cette montée de la violence et de la barbarie, les Camerounais doivent arrêter de s’entretuer, a appelé Mgr Andrew Nkea. Ils doivent arrêter de commettre des féminicides et des infanticides. Dans le même registre des violences, le prélat a salué le retour progressif à la paix dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Cameroun : au moins 12 élèves assassinés depuis 2020 dans la Crise anglophone

La guerre dans le Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NOSO) a infligé d’énormes pertes au secteur éducatif dans ces deux régions. Outre la fermeture de 90% d’écoles primaires, au moins 9 000 jeunes sont privés de scolarité. Le kidnapping répété des enseignants et apprenants a cédé la place aux assassinats d’écoliers. Au moins 12 élèves tués et plusieurs enseignants abattus en situation professionnelle. 

Mercredi 24 novembre 2021, des individus non identifiés ouvre le feu au lycée bilingue d’Ekondo Titi dans le département du Ndian, région du Sud-Ouest. Bilan, 03 élèves et une enseignante de français assassinés. De nombreux autres portent des  blessures. Les autorités locales pointent du doigt les combattants séparatistes. Les images relayées par la télévision nationale Crtv montrent les dégâts sur les murs de l’établissement. Sur les réseaux sociaux, les images d’un adulte (parent) portant le corps sans vie d’un élève, de l’enseignante abattue et d’une foule en larme, font le tour.

Avant Ekondo Titi, une explosion a eu lieu à l’amphithéâtre 600 à l’université de Buea le 10 novembre 2021. Le vice chancelor explique qu’un individu non identifié a installé un dispositif explosif sur la toiture de l’amphi. L’incident fait au moins 12 blessés parmi les étudiants.

Le 24 novembre 2021, des faits semblables surviennent dans un autre établissement scolaire de la même région. Comme à Ekondo Titi, le mode opératoire est presque le même. Les hommes armés non identifiés débarquent  sur des motos à Mother Francisca Bilingual Academy. L’établissement se situe au quartier Fiango, arrondissement de Kumba 2è. L’attaque coûte la vie à 07 élèves, et fait  une quinzaine de blessés.

Les autorités accusent les sécessionnistes. Une vague d’indignations s’en est suivie à travers le monde. Un jour de deuil national est observé le 31 octobre 2020 avant l’enterrement le 05 novembre. Mais les actes se poursuivent. Les auteurs n’entendent  pas abandonner.

En dehors des attaques des combattants séparatistes,  l’armée aussi s’est quelques fois rendue  coupables du meurtre des élèves. Le 14 octobre dernier,  un gendarme tue par balle une fillette, Caro Louise Ndiallé , sur le chemin de l’école à Buea. L’homme en tenue est lynché à mort par la population. Quelque temps plus tard, un policier ôte la vie à une autre fillette dans des conditions semblables. Le 14 février 2020, 15 enfants et deux femmes enceintes trouvent la mort à Ngarbuh. Une enquête ordonnée par la présidence de la République attribue les faits à l’armée républicaine.

Multitudes d’enlèvements

Lorsque la crise s’enlise en 2017, les sécessionnistes ordonnent la fermeture des écoles. Dans leur barbarie, ils procèdent à la destruction de centaines d’écoles. Les récalcitrants subissent des violences. Puis la résistance des parents et autorités conduit le camp adverse à changer de méthodes.

Le lundi 05 novembre 2018, des individus enlèvent 79 élèves, en plus desquels le principal et un enseignant du Presbyterian School de Bamenda, dans le Nord-Ouest. Le 16 février 2019, 170 élèves et un enseignant subissent  le même sort au saint Augustin Collège de Kumbo. Deux jours  plus tard, ils recouvrent la liberté. Face à cette situation, des milliers d’élèves et étudiants fuient les régions pour se réfugier à Douala, Yaoundé et dans les autres régions où ils ont pu s’inscrire à l’école.

Urgent de renforcer la sécurité

Au lendemain des attaques de Kumba, le gouvernement avait rassuré sur la sécurité des établissements scolaires dans ces deux régions. Le ministre de l’Administration territoriale explique que l’établissement attaqué était clandestin. Raison pour laquelle il n’a pas bénéficié de la protection comme les autres.

Chose curieuse, un an plus tard, c’est dans des établissements créés et dirigés par l’Etat que les faits ont lieu. A savoir à l’Université de Buea, puis au Lycée bilingue d’Ekondo Titi. Ce qui confirme les failles dans le système de sécurité, notamment autour des lieux de dispensation du savoir.

Meurtres de Nkolbisson: la police met la main sur un suspect

Dieudonné Godfrery Mebara a été arrêté vendredi 12 août 2016 par les éléments de la gendarmerie du quartier Nkolbisson à Yaoundé

Les faits se sont produits le mardi 09 août 2016. Deux corps sans vie avaient été retrouvés à Nkolbisson, un quartier de la ville de Yaoundé. Les enquêtes en cours n’ont pas encore livré leur conclusion. Cependant, l’affaire vient de connaitre une nouvelle tournure avec l’arrestation du présumé coupable, le nommé Dieudonné Mebara. Selon les informations mises à la disposition de la Cameroon radio television (Crtv) par le Lieutenant-colonel Essomba Ondigui, il s’agirait d’une histoire d’amour qui a viré au drame.

« La jeune fille avait rendu visite à M. Mebara. Après avoir eu des rapports sexuels avec ce dernier, ils ont tenu une discussion qui s’est transformée en bagarre », explique-t-il. Mebara aurait donc mis fin au jour de sa « petite amie » avant de la jeter par la suite dans un lac du même quartier. Son bourreau ne s’arrêtera pas à cette étape. Il a voulu brouiller toutes les pistes.

« M. Mebara après avoir tué la fille s’est dirigé vers la mère dans la nuit pour la faire taire. Il a usé de tact pour amener sa victime dans la broussaille pour l’exterminer avant d’abandonner le corps dans un champs de manioc », indique Essomba Ondigui. En effet, Mebara n’a pas fait de différence entre mère et fille. Il a pris soin d’entretenir des rapports sexuels avec la mère de sa défunte compagne.

Les enquêtes se poursuivent. Mais le Lieutenant-colonel s’est voulu rassurant quant à non résurgence des crimes rituels au quartier Nkolbisson. Cela n’exclut pas la peur et l’inquiétude des habitants qui craignent malgré tout, de nouveaux actes ignobles.


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RDC: le chef du MLC reconnu coupable de crimes contre l’humanité

La cour pénale internationale a jugé Jean Pierre Bemba responsable de meurtres, pillages et viols commis en Centrafrique par ses troupes

A l’énoncé du verdict ce lundi 22 mars 2016, Jean-Pierre Bemba est resté de marbre, dans la même position que durant l’heure et quart qu’a duré la lecture du jugement. Bras croisés, attentif, il n’a pas sourcillé quand le juge l’a reconnu coupable de cinq chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Après avoir échangé quelques mots avec ses avocats, il est sorti sous escorte.

« Il est déçu car il était optimiste, a expliqué Peter Haynes, l’un de ses avocats. Mais cela fait un moment qu’il s’est résigné à sa situation. Il sait que c’est une période de sa vie durant laquelle sa famille, ses affaires et sa vie politique ont été mises en suspens tant qu’il est en prison. Il a attendu huit ans, je pense qu’il se satisfera d’en attendre encore deux ou trois si c’est ça qu’il faut pour tourner cette page de sa vie ».

Il aura fallu près d’un an et demi à la Chambre pour délibérer. Il faut dire que c’est la première fois que la CPI devait déterminer la responsabilité pénale d’un accusé, en tant que commandant militaire, pour les crimes commis par ses troupes dans un pays tiers.

« Jugement historique »
« C’est un jugement historique, a déclaré Fatou Bensouda, procureure de la CPI. Il envoie un message très fort à tous les chefs militaires de par le monde. Ils savent maintenant qu’ils sont pénalement responsables s’ils n’empêchent leurs soldats de commettre des crimes. De plus, cela confirme que cette responsabilité des chefs militaires existe même si leurs soldats se trouvent dans un pays étranger. Enfin, il faut retenir que les viols commis par ces soldats ont été à la fois jugés comme un crime de guerre et comme un crime contre l’humanité »

Car, durant les cinq mois de 2002-2003 durant lesquels les hommes du MLC avaient commis meurtres, viols et pillages en Centrafrique, Jean-Pierre Bemba était, lui, basé en République démocratique du Congo (RDC). Mais la Cour a jugé qu’il avait bien le contrôle et l’autorité effective sur ses hommes, qu’il était informé de leurs crimes, mais qu’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour empêcher ces crimes ou en punir les auteurs.

Jurisprudence
C’est un verdict inédit qui pourrait donc faire jurisprudence s’il est confirmé, car les avocats de la défense ont trente jours pour faire appel et ce n’est qu’une fois le jugement confirmé que les juges détermineront la peine à appliquer à Jean-Pierre Bemba.

Satisfaction du côté de la représentante des victimes. Pour mettre Me Douzima, ce verdict est un signe fort, et pas seulement pour les 5 229 victimes parties au procès. « On reconnaît leur souffrance et au cours du procès on a constaté que le viol était utilisé comme arme de guerre, a-t-elle souligné. Ce qui s’est passé en République centrafricaine, c’est ce qui se passe dans bien d’autres pays. Les chefs de guerre se croient au-dessus de la loi et ils décident de la vie ou de la mort des populations civiles et pour arrêter ce genre de phénomène, c’est la justice qui doit faire son travail et servir d’exemple ».

« Les victimes ont attendu longtemps que justice soit faite. Aujourd’hui je crois que ce jugement va les aider, que ce verdict va aider les victimes dans leur processus de guérison, a souligné Fatou Bensouda. Nous devons poursuivre nos efforts pour mettre fin à l’impunité. Nous devons continuer à enquêter sur ces crimes et à les juger. Jusqu’à ce qu’ils appartiennent au passé ».

Dans l’intervalle, l’ancien vice-président de RDC n’en a pas fini avec les procédures à la CPI puisqu’il est depuis septembre dernier en procès dans un second dossier : avec quatre co-accusés, dont son avocat Maître Kilolo, il est accusé de subornation de quatorze témoins de l’affaire pour laquelle il vient d’être condamné.

Jean Pierre Bemba à la CPI
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