Cameroun-Mgr Abraham Kome : « Beaucoup de nos compatriotes sont mécontents »

Le président de la Conférence épiscopale nationale attire l’attention des forces vives sur le mécontentement de certains Camerounais. Les évêques invitent les uns et les autres à prendre leurs responsabilités dans la vérité.

 

 

Nombreux sont les sujets qui préoccupent les évêques du Cameroun. Crise de la vie chère, violences conjugales, crises sécuritaires, difficultés d’approvisionnement en eau, coupures intempestives d’électricité sont autant de tourments dans lesquels la société camerounaise est noyée aujourd’hui. Ils ont été dénoncés par la Conférence épiscopale nationale à l’occasion de l’ouverture des travaux de sa 47è Assemblée plénière le 26 avril 2022 à Mvolyè à Yaoundé.

Le conclave que préside Mgr Abraham Kome n’entend pas prendre part à la négligence du mécontentement de certains Camerounais causés par ces différentes préoccupations. « Beaucoup de nos compatriotes sont mécontents. Il faut le savoir. Nous prions toutes les forces vives de notre pays, de ne pas sous-estimer le mécontentement de la grande majorité de nos compatriotes, de façon sourde ou active, exprime leur soif de vivre », alerte le président de la Cenc

Parmi les sujets évoqués, la montée en puissance de la violence en général et des violences conjugales en particulier retient davantage l’attention des prélats. « Nous voulons inscrire notre profond regret suite à la rechute dans l’opprobre de la violence de certains Camerounais, notamment envers les femmes. Ces comportements barbares doivent être tenus pour inacceptables et réprimandés de la façon la plus ferme, surtout quand ils aboutissent à la mort des victimes », insiste l’évêque de Bafang, président de la Cenc.

Au regard de ces problèmes, le président de Conférence épiscopale interpelle la société camerounaise. Il s’inquiète de l’affaiblissement de l’éducation aux valeurs telles que la sacralité de la vie et le respect de la dignité humaine. Pour trouver la solution, il indique la voie.

« On a souvent tendance à jeter les responsabilités sur les uns et les autres. Mais, ce que nous souhaitons c’est que chacun à son niveau, y compris l’église, que nous prenions notre responsabilité dans la vérité. Parce que si on nie la vérité, la solution s’éloigne. Il faut faire un état des lieux franc et sincère », propose Mgr Abraham Boualo Kome qui préside la dernière session plénière de son mandat qui s’achève.

Mgr Abraham Komé (CENC): ceux qui ont touché au cardinal Tumi sont « tombés dans la démesure »

Le président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC) a réagi vendredi, 06 novembre, à l’enlèvement puis la libération du cardinal Christian Tumi en zone anglophone.

Mgr Abraham Komé a également rappelé, à la clôture de la 45e Assemblée plénière des évêques ce vendredi, la position de l’Eglise catholique sur la solution à l’issue de la crise en cours dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Pour l’Eglise catholique, des « doutes » demeurent sur le vaccin contre le cancer du col de l’utérus

Après l’interdiction, par certains évêques, de la vaccination contre le cancer du col de l’utérus dans les écoles de leurs diocèses, programme pourtant initié par le gouvernement du Cameroun avec des partenaires internationaux, le président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC), Mgr Abraham Komé, a donné la position générale de l’Eglise catholique le 06 novembre 2020 à Yaoundé, en marge de la clôture de la 45e assemblée plénière des évêques.

Mgr Samuel Kleda : « ici au Cameroun, tu es fonctionnaire, tu es obligé de soutenir le parti au pouvoir »

La déclaration de l’archevêque de Douala est partagée en boucle sur les réseaux sociaux. C’est la deuxième sortie de prélat enregistrée ces derniers jours sur des sujets socio-politiques et qui fasse sensation.

Monseigneur Samuel Kléda fidèle à sa posture d’observateur critique de la scène socio-politique nationale. S’exprimant il y a quelques jours sur le climat socio-politique actuel marqué notamment par des querelles autour de l’annonce d’une manifestation du MRC visant à « chasser » le président Paul Biya du pouvoir, l’archevêque de Douala s’en est en pris à certains fonctionnaires.

«On ne peut obliger personne de faire partie d’un parti. En aucun cas, ça ne doit exister. Or, nous le savons, ici au Cameroun, tu es fonctionnaire, tu es obligé de soutenir le parti au pouvoir. Cela n’est pas accepté. C’est cela qu’il faut changer et que le camerounais accepte de se libérer à ce niveau», s’est offusqué le prélat.

Toujours dans la veine de la revendication pour un changement sur le champ politique, Mgr Abraham Kome, évêque de Bafang a fait une déclaration le 14 septembre dernier dans laquelle il demande la révision du code électoral en vigueur. « Le refus jusqu’à ce jour de donner à notre pays un processus électoral plus à même de porter aux responsabilités ceux que le plus grand nombre aurait librement choisi, apparaît comme un stratagème au service de cette pérennisation aux fruits amères pour le plus grand nombre de citoyens. Mais précisément, le désespoir est mobilisateur et, ici ou ailleurs, tout stratagème continu fini toujours par susciter en face, des stratégies d’affranchissement », affirme Mgr Abraham Kome, par ailleurs président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun.

C’est dire si les hommes de Dieu s’inquiètent de l’avenir politique du Cameroun.

Inquiet de la situation politique du Cameroun, l’évêque de Bafang plaide pour la révision du code électoral

Monseigneur Abraham Kome déplore les tensions politiques dans le pays, accuse la gouvernance actuelle d’être à l’origine de la détérioration des mentalités et du bien-être social. Lui qui est par ailleurs le président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun s’exprime aussi sur la marche projetée le 22 septembre par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun pour « chasser » le chef de l’Etat du pouvoir.

Ci-dessous l’intégralité du message de Mgr Abraham Kome publié le 14 septembre 2020.

       MON POINT DE VUE FACE A LA SITUATION POLITIQUE DE NOTRE PAYS.

« « Nous n’avons pas de puissance contre la vérité » (2Co 13, 8) Depuis un bon moment, notre pays ne vit plus dans la perspective de son progrès, mais dans le vertige d’un chaos grandissant. Les effets de ce chaos rampant sont facilement visibles dans nos villes et villages: ils dérivent, pour une grande part, de la faiblesse des mécanismes gouvernementaux portés par un profond enracinement dans le Jacobinisme, et traversés par le désir de pérenniser le contentement de l’élite dirigeante. Le refus jusqu’à ce jour de donner à notre pays un processus électoral plus à même de porter aux responsabilités ceux que le plus grand nombre aurait librement choisi, apparaît comme un stratagème au service de cette pérennisation aux fruits amères pour le plus grand nombre de citoyens

Mais précisément, le désespoir est mobilisateur et, ici ou ailleurs, tout stratagème continu fini toujours par susciter en face, des stratégies d’affranchissement. Ces derniers temps, ces stratégies ont pris chez nous une tournure qualifiée de décisive : il est demandé aux populations qui le jugent pertinent, de « descendre dans la rue» pour y « arracher » un changement de cap.

La question de savoir à quoi s’en tenir face à cet appel a été amplement posée à l’Evêque de Bafang que je suis. Pour y donner une suite, je voudrais décliner ce qui suit :

Ma mission en tant que leader religieux consiste à éclairer les situations de ce monde à partir des valeurs transversales, à partir de l’Eternel. Pourquoi la gouvernance actuelle a-t-elle produit une telle détérioration sur le plan des mentalités et du bien-être social ? Parce qu’elle ne s’est pas rappelée à elle- même et aux autres ce que signifie « Exister»

« Ex-sistere » qui renvoi à « se tenir hors », nous suggère que nous ne sommes pas faits pour nous préoccuper de nous-mêmes, mais pour construire le bien de ceux qui nous entourent. C’est ce que le Christ Jésus a fait en quittant son confort céleste et en offrant sa vie par amour pour la créature à sauver (Ph 2, 6-8; Jn 15,13).

A l’état actuel des choses nous devons constater, à notre honte éventuellement salutaire, que nous avons réussi à nous soustraire aux exigences de « l’exister » et, le faisant, nous sommes devenus des Hommes sans humanité

La révolution la plus déterminante – mais non exclusive – pour notre société aujourd’hui consiste donc à réapprendre soi-même et à apprendre à nos  enfants que Homme n’est pas fait pour le confort de son contentement personnel, mais pour la joie enivrante du don de soi au service du bien commun.

Nous voulons d’ailleurs faire noter que ce bien commun, d’après la Doctrine Sociale de l’Eglise, constitue la plus haute finalité que chaque société doit rechercher. Là se trouve la solidité du sol qui permet å un peuple d’avancer. Ce sol solide se construit principalement par le moyen d’une éducation conséquente que chaque parent, qu’il soit biologique ou sociologique, peut efficacement donner, au moment le plus opportun, aux enfants placés sous son autorité.

J’ai des raisons de penser que tant que cette masse critique d’altruistes éperdument acquis à l’ «être bien » de l’ensemble ne sera pas substantiellement constituée, l’avenir sera toujours exposé au risque de l’utopisme. Et tout enthousiasme pourrait très vite muer, en parodiant Alfred de MUSSET en une ivresse de l’emballage.

Que la Vierge Marie nous inspire en vue de la survenue d’une vraie paix dans notre pays. »

Fait à BAFANG, le 14 Septembre 2020

(Fête de la Croix Glorieuse)

 

L’Eglise catholique veut davantage s’impliquer dans la résolution de crise anglophone

C’est l’une des batailles que le nouveau président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, en collaboration avec ses confrères, devra mener.

Pour sa prise de fonction en tant que président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (Cenc), le 04 mai, Mgr Abraham Kome, interviewé par la presse sur la crise anglophone, indique qu’«il est question que nous puissions conjuguer nos efforts pour que la sérénité revienne. Les actions côté cour, menées jusqu’ici pour la résolution du conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont connues. Maintenant, il faut accentuer le côté jardin que nous ne pouvons pas révéler devant la presse». Le communiqué final de la 44ème assemblée plénière des évêques rappelle d’ailleurs: «Au sujet de la crise sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les évêques adressent à tous, un appel lancinant, en vue d’une solution pacifique, efficace et durable».

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Le nouveau président de la Cenc, a indiqué vouloir suivre les pas de son prédécesseur dans la quête de la vérité. Tout en félicitant les positions de Mgr Samuel Kleda en faveur de la vérité et la recherche d’une société plus juste, Mgr Abraham Kome a rappelé vouloir mettre son mandat (3 ans) au service d’ «une société plus juste, j’essaierai moi aussi avec la grâce de Dieu et en communion avec tous les frères évêques, d’être serviteur de la vérité dans l’église et la société».

Lors de la clôture de des travaux de la 44ème assemblée plénière des évêques, Mgr Samuel KLeda s’est dit satisfait de ses six années passées à la tête de la Cenc avec un sentiment d’avoir «accompli mon devoir de service, apporter la lumière dans un monde plus attiré par le mensonge, les ténèbres, l’esprit de domination. Nous avons parlé pour les sans voix, nous avons lutté pour la vérité».

La 44ème assemblée plénière des évêques du Cameroun qui s’est tenue à Yaoundé du 28 avril au 04 mai 2019 a permis l’élection de nouveaux membres dirigeants du collège des évêques.