Sékou Kone: « J’ai employé Michel Djotodia comme gardien de mon gravier »

L’ex-chef de quartier côte d’Ivoire à Yialoke en RCA a soutenu François Bozizé avec qui il a fait la prison. Il est aujourd’hui réfugié au Cameroun

Il a passé cinquante ans comme exploitant minier en Centrafrique. Agé de 75 ans, Sékou Kone dit avoir employé l’ex-président Centrafricain Michel Djotodia comme «gardien de mon gravier». Le chef de quartier côte d’Ivoire à Yialoke en RCA a soutenu François Bozizé (ex-chef d’Etat Centrafricain) avec qui, il a fait la prison.

Rencontré samedi matin dans sa chambre R6 au Camp du Collectif des Associations Islamiques du Cameroun à Tiohmo près de Garoua-Boulai, frontière Cameroun-RCA; Sékou Kone est un homme prudent au verbe facile.

Couché sur sa natte étalée à même le sol, chapelet en main qu’il n’arrive plus à quitter, Sékou raconte: «Je suis arrivé en RCA en 1950, à l’âge de 20 ans. Cela fait exactement 55 ans que je suis en Centrafrique. Ce qui me lie à la RCA, c’est mon premier mariage où j’ai eu quatre filles. Je me retrouve malgré moi en posture de réfugié au Cameroun à la suite des violents événements qui se déroulent en ce moment en Centrafrique où je suis exploitant minier».

Sékou Kone raconte que: «Je suis parti de Bangui en catastrophe. De la mosquée où je me trouvais, nous avons appris que les anti-balakas ont encerclé la ville. Moi, en tant que responsable de la mosquée, je ne pouvais pas me sauver. Les anti-balakas m’ont arrêté et ligoté. Ils m’ont dit que comme je suis déjà vieux, ils vont me tuer et boucaner ma chaire pour la manger avec des feuilles de manioc».

Le chef de quartier dit avoir été d’accord avec cette proposition avant de préciser à ses bourreaux que: «Tant qu’il y a encore un seul musulman à la mosquée, moi je ne partirai pas». A la question de savoir pourquoi il était devenu la cible des anti-Balaka alors qu’il est Ivoirien, Sékou Kone précise que: «en fait, on me reprochait d’être musulman. Ils m’ont dit: les musulmans n’ont plus droit de cité en Centrafrique. Pour me pardonner, il fallait que j’entre dans le camion pour quitter pays».

Sékou n’a pas eu l’occasion de ramener ses enfants avec lui. «C’est l’armée française qui m’a sauvé» a-t-il indiqué au reporter de Blasting News. Sékou Kone est arrivé au Cameroun avec une balle dans le pied. «Les soldats français m’ont mis dans le camion pour me déposer ici à Garoua-Boulai, le 20 novembre 2014».

A son arrivée au Cameroun, Sékou confesse: «j’étais triste en venant. Mais, une fois arrivé surtout à Garoua-Boulai, la prise en charge s’est bien passée. Nous sommes arrivés sans habits, sans bonnet et couverture. Arrivé ici, malgré que nous ayons passé deux semaines sous le manguier, nos frères musulmans nous ont tout donné».

A Thiomo, les dix-neuf mille réfugiés casés ici ne sortent pas du camp. Pour Sékou Koné: «Vous savez qu’au Cameroun, on ne peut pas faire cent kilomètres sans papiers. On est obligé de rester sur place pour qu’on sache que celui là est un réfugié».


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Centrafrique: Michel Djotodia dans le viseur de l’ONU

Des experts du l’ONU ont recommandé au Conseil de sécurité de décréter des sanctions ciblées contre l’ex-président centrafricain, accusé de torpiller la transition politique à Bangui

M. Djotodia est la principale personnalité figurant sur une liste d’une quinzaine de noms de cibles potentielles de sanctions des Nations Unies, qui comprend également des chefs militaires.

Il s’agit pour l’instant de propositions et aucune décision n’a été prise, ont souligné les diplomates. La liste, dressée par un groupe d’experts indépendants, est soumise au Comité des sanctions, qui dépend du Conseil de sécurité et décidera du nombre et de l’identité des sanctionnés. Aucun délai précis n’a non plus été fixé pour une décision, qui prendra de toute façon plusieurs semaines.

Ces sanctions ciblées, prévues par une résolution de l’ONU du 28 janvier dernier, consistent en un gel des avoirs et une interdiction de voyager. Selon un diplomate, les membres du Conseil hésitent entre accroître la pression sur M. Djotodia ou le ménager pour l’inciter à participer au forum de réconciliation nationale prévu en janvier à Bangui et qui constitue la prochaine grande échéance politique.

En mai dernier, le Conseil de sécurité avait frappé de sanctions trois responsables centrafricains: l’ex-président François Bozizé, le coordinateur des milices anti-balaka Levy Yakété et le numéro deux de l’ex-coalition rebelle Séléka, Nourredine Adam. Le nom de M. Djotodia, qui vit en exil à Cotonou, avait à l’époque été évoqué mais n’avait finalement pas été retenu. Par contre, il faisait partie des cinq responsables centrafricains qui avaient été sanctionnés en mai par les Etats-Unis.

Chef de la rébellion à dominante musulmane de la Séléka, M. Djotodia était arrivé au pouvoir en mars 2103, à la faveur de la prise de Bangui par son mouvement et de la chute du régime de François Bozizé.

Affaiblie par l’intervention de l’armée française et de la force africaine Misca, la Séléka avait dû évacuer Bangui début 2014 et s’est retirée depuis lors dans ses fiefs du nord du pays, où elle est aujourd’hui très divisée.

Michel Djotodia
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Djotodia ramène l’Afrique dans le nihilisme politique

Par Me Tahéruka Shabazz, Président du PRP

Lors d’une dernière déclaration complètement irresponsable, datée du 3 septembre 2014, de la part de M. Michel Djotodia, chef du mouvement rebelle Séléka, nous avons été effarés de lire des propos d’une gravité extrême. En effet, voici ce que M. Michel Djotodia déclare au média béninois Matin Libre de Cotonou:

«Après cinquante (50) ans de gouvernance par les chrétiens, un musulman vient au pouvoir, et on en fait un tapage de telle manière que ça a entrainé le chaos. Pour qu’il y ait équité, il faut qu’on redonne ce pouvoir-là à l’ex-Séléka».

Une fois de plus ce chef rebelle se distingue de la pire des manières en versant dans l’exécrable instrumentalisation de la religion à des fins bassement opportunistes. Non Monsieur Djotodia, les Centrafricains ne font pas un « tapage » comme vous dîtes avec dédain, parce qu’un Centrafricain musulman aurait été porté à la tête de l’Etat centrafricain. Ils vous ont tout simplement désavoué pour avoir apporté la mort par milliers sur des Centrafricain avec votre installation au Palais de la Renaissance. Vous troupes et affiliés se sont livrés à des crimes atroces, des barbaries indicibles et des exactions sans nom à l’encontre de la population civile centrafricaine. Même quand l’Empereur Bokassa Ier s’était converti de façon éphémère à l’islam, jamais de sang n’a coulé à cause de ce choix religieux personnel. Donc cessez d’enfumer la presse internationale en servant des prétextes fallacieux pour masquer votre seule irresponsabilité manifeste en terme de gestion de la chose publique. Les Centrafricains n’ont que faire de votre confession ou de celle de tout homme politique centrafricain. Seuls comptent les actes posés, et à dire vrai vos actes à la tête de l’Etat centrafricain ne plaident pas pour vous.

Vous dîtes, je vous cite, que « pour qu’il y ait équité, il faut qu’on redonne ce pouvoir-là à l’ex-Séléka ». C’est exactement cette façon patrimoniale de concevoir la politique, de pratiquer la politique que les Centrafricains en particulier, et l’Afrique en général, vomissent et rejettent de toutes leurs forces. Vous avez le droit de convoiter le pouvoir, de vous croire qu’il devrait vous revenir. Mais aucunement vous ne pouvez vous arroger le pouvoir en Centrafrique en marchant sur les cadavres des Centrafricains, en prenant en otage les Centrafricains par le biais de groupes rebelles armées sanguinaires ou en semant la mort à tout va. Le pouvoir en Centrafrique ne vous appartient pas, il n’est pas votre propriété, ni celle de votre clan ni celle de quiconque. Si vous voulez le pouvoir, conformez-vous aux conditions d’accession au pouvoir en commençant par déposer les armes, et en obligeant vos groupes armées à cesser les exactions contre les Centrafricains. Ensuite présentez-vous au suffrage des Centrafricains, et si ceux-ci estiment que vous êtes le seul, ou du moins le meilleur candidat, à même de ramener la concorde nationale, l’unité nationale, soyez-en sûr, souverainement ils vous élèveront au sommet de l’Etat, vous confieront les clés de la Maison Centrafrique et par conséquent légitimeront de la manière des façons possibles votre prise de pouvoir.

Hors de ce cadre, il s’agit ni plus ni moins que d’une usurpation scélérate, d’une abominable tyrannie, d’une violation quasi-blasphématoire de la souveraineté de la Nation centrafricaine.

Aussi, le Parti du Renouveau Panafricain (PRP) qui rompt avec cette praxis surannée, qui ramène l’Afrique dans le nihilisme politique, s’oppose fermement avec la dernière énergie à votre conception de la politique, à votre offre politique d’un autre temps, et qui ne peut être que source de destruction totale. La Centrafrique ne veut plus de ce type de politiciens, de responsables publiques, d’ « élites ». Il est de temps de renouveler le logiciel politique centrafricain car la version en place actuellement est datée, dépassée, périmée.

Que Dieu bénisse l’Afrique, qu’Il bénisse la Centrafrique. Vive la Centrafrique.

Me Tahéruka Shabazz
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