Mondial 2022 : ils sont Camerounais, mais jouent pour d’autres nations

Breel Embolo, Youssoufa Moukoko, Bella-Kotchap, William Saliba, Kylian Mbappé, Aurélien Tchouameni et Amadou Onana auraient bien pu jouer pour les Lions. Hélas…

Le Cameroun est le pays le plus représenté au Mondial Qatari. Quand en 2015, Volke Finke, alors entraîneur des Lions indomptables est allé superviser Breel Embolo, à l’époque joueur du Fc Bâle, les autorités Suisses lui ont offert la nationalité, alors qu’il n’avait pas encore vécu cinq ans, dans son pays d’accueil. Aidé dans ce choix par sa maman, il va vite devenir un joueur majeur de la Nati.

Serial buteur de l’équipe Suisse, Breel Embolo participe au Qatar à sa deuxième Coupe du monde. Le natif de Yaoundé (14 février 1997) qui affrontera les Lions indomptables en phase de groupe a avoué qu’il y a une partie de lui qui voulait défendre le vert, rouge et le jaune.

« Quand j’ai choisi la Suisse, j’ai toujours eu cette part de moi qui voulait représenter mon pays natal. Mais on ne peut pas faire comme en club et jouer pour deux nations différentes. Je suis le premier fan du Cameroun. J’ai beaucoup d’amis au sein de la sélection. On se retrouve parfois en vacances au Cameroun. C’est un match spécial pour moi et toute ma famille. Il y aura beaucoup d’émotions », a confié le monégasque.

En fêtant ses 18 ans, le jour du match d’ouverture de la 22ème édition de la Coupe du monde, Youssoufa Moukoko est devenu le plus jeune joueur de l’équipe nationale allemande à participer à une phase finale du Mondial. Déniché en 2014 sur les terrains poussiéreux de la Briqueterie, à Yaoundé par un certain Joseph Moukoko, un Camerounais possédant la nationalité allemande, il va vite adopter le prodige.

Arrivé à Hambourg, à 10 ans, grâce à son tuteur légal, il évolue avec le club FC Sankt Pauli. Dès ses premiers matchs, il va intéresser de nombreux clubs. En 2016, il intègre le centre de formation du Borussia Dortmund. Ici, il va battre tous les records de précocités. Sélectionné dans les catégories jeunes en Allemagne, il découvre la Bundesliga à 16 ans.

En vacances au Cameroun en 2021, il est approché par les autorités en charge du football camerounais pour qu’il intègre les Lions. Si ses parents biologiques sont d’accord, son tuteur légal, qui gère sa carrière, s’y oppose farouchement.

L’histoire d’Armel Bella-Kotchap, l’autre Camerounais de la Nationalmannschaft, est différente. Né à Paris de parents 100% camerounais, le colosse défenseur (1m93) de Southampton aurait pu bien jouer pour les Lions, si les autorités camerounaises s’étaient prises tôt.

Débarqué en provenance de Bochum cette année, le jeune Armel Bella-Kotchap (20 ans) impressionne tout son monde en Premier League, sous les couleurs de Southampton. C’est seulement à ce moment que Song Bahanag a approché son père, Cyrille Bella, son ancien coéquipier en sélection nationale. Trop tard, il était déjà dans le viseur d’Hansi Flick pour la Coupe du monde 2022.

Indispensable chez les Bleus

Formé à Bordeaux avec qui il est passé professionnel, Aurélien Tchouaméni a été biberonné au maillot de l’équipe de France dès son plus jeune âge, passant par toutes les sélections de jeunes. Né en France de parents entièrement camerounais, il ne s’est jamais ouvert à une éventuelle possibilité de changement de nationalité sportive. Déjà indispensable au Real Madrid, Aurélien Tchouaméni possède un volume de jeu qui le rend indispensable chez les Bleus.

Situation similaire pour Kylian Mbappé, 23 ans, qui est né d’un père camerounais et d’une algérienne. Il n’a jamais été question pour la famille Mbappé qu’il joue pour un pays autre que la France. Au Qatar, les Bleus, orphelins de Karim Benzema, blessé, déposeront leurs attentes sur la star parisienne. Saura-t-il supporter cette pression, lui qui était l’un des grands artisans du sacre des Bleus en 2018, en Russie.

L’autre métis camerounais de l’équipe de France se nomme William Saliba. Le défenseur central d’Arsenal est né à Bondy (24 mars 2001) en région parisienne, d’un père libanais et d ‘une mère camerounaise. Habitué des sélections de jeunes de l’équipe de France, les chances de le voir évoluer pour le Cameroun, où il n’a jamais mis les pieds, étaient très minces.

Pour finir, Amadou Onana, 21 ans, est l’autre Camerounais de cette Coupe du monde. Né à Dakar, d’un père camerounais et d’une Sénégalaise, il avait le choix entre trois nationalités : le Cameroun, le Sénégal et la Belgique, où il a grandi. Il choisit les Diables rouges dès son enfance, jouant ainsi dans toutes catégories jeunes. C’est tout naturellement que ce milieu de terrain d’Everton a été retenu pour disputer sa première coupe du monde avec l’équipe fanion de la Belgique.

Le contingent des Camerounais dans cette phase finale de Coupe du monde aurait pu être plus grands, si la Suède d’Antony Elanga ne s’était pas fait éliminer lors des barrages ; si le gardien suisse d’origine camerounaise Yvon Mvogo ne s’était pas blessé avec son club de Lorient ; si Jordan Sibatcheu était sélectionné par les USA, tout comme des frères Ryan et Samy Mmaee, présents à la Can Cameroun, qui n’ont pas été retenus au Maroc.

Lions indomptables : Eto’o et Song sont en Europe, à la conquête des binationaux

Le président de la Fecafoot et le nouveau manager sélectionneur des Lions ont entamé par l’Allemagne une opération de séduction des binationaux.

Pas de répit pour Rigobert Song. Fraîchement nommé manager sélectionneur de l’équipe nationale de football du Cameroun, il a voyagé, le lendemain pour l’Europe, en compagnie du président de la Fecafoot. Dans l’optique de la double confrontation des barrages de la Coupe du monde cruciale contre l’Algérie, programmée ces 25 et 29 mars, les nouveaux patrons administratif et technique des Lions indomptables veulent renforcer l’effectif de la sélection nationale de football du Cameroun.

Dans leur viseur : attirer plusieurs jeunes pépites d’origine camerounaise évoluant dans les plus grands championnats européens, mais également réconcilier l’expérimenté défenseur de Liverpool Joël Matip avec la tanière quasiment sept ans après avoir claqué la porte. Une tâche qui s’annonce immense.

La première escale de Song et Eto’o va les conduire en Allemagne, où ils vont rencontrer le père de Joël Matip. Une démarche qui interpelle. N’est-il pas plus judicieux d’aller discuter directement avec le défenseur de Liverpool ?

Eto’o et Song, accord parfait pour gérer les Lions

Avec l’éclosion d’Anthony Elanga (19ans) de Manchester United et Youssoufa Moukoko (17 ans) au Borussia Dortmund, il était grand temps que Samuel Eto’o et Rigobert Song s’emparent de ces épineux dossiers. L’opération de séduction de ces joueurs, programmés respectivement pour jouer pour la Suède et l’Allemagne, ne s’annonce pas facile.

Le président de la Fédération camerounaise de football et le coach des Lions ont côtoyé Joseph Elanga, le père d’Anthony Elanga en sélection lors de la Coupe du monde « France 1998». Mais, la mère du jeune attaquant de Manchester United a plus d’emprise sur l’enfant que le père. Or, cette dernière qui est pourtant camerounaise ne voit le destin de son fils que se dessiner équipe fanion de Suède.

La difficile équation entre le choix du cœur et celui de la raison est compliquée à résoudre pour certains. Les patrons du football camerounais vont utiliser leurs talents de négociateur pour expliquer à ces joueurs en question pourquoi ils doivent être motivés principalement par le choix du cœur et notamment celui de joueur pour la sélection nationale du pays de leurs parents.

Ceci, en présentant le challenge sportif qui leur permet de participer à des compétitions internationales de grande envergure telles que la Coupe du monde, les Jeux olympiques et la Coupe d’Afrique des nations. Samuel Eto’o et Rigobert qui ont participé à ces compétitions, remportant notamment deux Can et une médaillé d’or olympique (pour Eto’o), sont très bien placés pour expliquer à leurs jeunes compatriotes que ces challenges constituent dans leur carrière une plus-value appréciable. 

Et en tant que président de la Fédération camerounaise de football et manager sélectionneur des Lions, ils peuvent les conforter dans leur choix par l’excellente organisation et les conditions optimales mises en place désormais pour qu’ils évoluent dans les meilleures conditions.

Après le feuilleton Kylian Mbappé qui est mort, quelques temps après sa naissance, les timides négociations avec Aurélien Tchouameni, ou encore les multiples tractations pour récupérer l’attaquant Suisse d’origine camerounaise Breel-Donald Embolo qui n’avaient rien donné, voilà une opportunité qui est donnée à Samuel Eto’o et Rigobert Song.

Le président de la Fécafoot et le sélectionneur, dans l’optique des échéances des Lions  à venir (barrages Coupe du monde) et à moyen termes (Can 2023 et Mondial 2026), doivent frapper un grand coup.

Le challenge paraît énorme, notamment avec la sélection Suédoise, en guise de  concurrence, mais leurs vécus d’anciens grands champion, peuvent faire basculer les choses en faveur des Lions  indomptables, qui ont besoin d’un ailier percutant (Anthony Elanga), et d’un attaquant qui sait marquer des buts (Hugo Ekitike, Reims, 19 ans).

En défense, la bande à William Saliba, 22 ans  (Marseille), Armel Bella-Kotchap, 21 ans, (Bochum), Evan Ndicka, 22 ans (Eintracht de Francfort), peut également apporter un vent de fraîcheur chez les Lions indomptables. Samuel Eto’o et Rigobert à vous de jouer !