Cameroun : confusion au Padesce, le mutisme trouble de la Banque mondiale

Le recrutement non conforme d’une Coordinatrice générale du Padesce est de nature à bloquer le bon fonctionnement de cette institution.

Qui dirige le Projet d’appui au développement de l’enseignement secondaire et des compétences pour la croissance et l’emploi (Padesce) ? Difficile de répondre avec certitude à cette question, car depuis le 25 mai dernier, une lettre co-signée par Issa Tchiroma Bakary ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle et  le Pr Nalova Lyonga ministre des enseignements secondaires, les maîtres d’ouvrage de ce projet financé à hauteur de 73 milliards, 734 millions de francs Cfa, affirment «rompre toute collaboration de leurs collaborateurs » avec la coordinatrice générale le Dr Marcelline Paulette Bayiha, pourtant recrutée après un appel à candidatures, sous  le silence assourdissant de la Banque Mondiale.

« Nous saisissons cette occasion pour vous rappeler que le Minesec et Minefop n’ont pas participé à votre recrutement, ni signé votre contrat de service et de ce fait ne peuvent pas vous évaluer. Au regard de ce qui précède, nous vous informons qu’à partir de la présente lettre, nos deux départements ministériels n’auront plus de relation de travail avec vous et aucun de nos personnels n’interagira plus avec vous sur le plan professionnel, dans le cadre du Padesce », a ainsi réagi les deux ministres.

C’est une lettre d’observation du Dr Paulette Bayiha adressée à l’un de ses collaborateurs, le Responsable Administratif et Financier qui semble avoir suscité l’ire des deux ministres qui l’accusent de «défiance».  Un coup de sang qui ne respecte aucune norme régissant ce projet, et qui manifestement est contraire au manuel de procédure de la Banque mondiale contenue dans la Norme Environnementale et Sociale (NES) 2, Environnemental Social Framework French.pdf (worldbank.org) du Cadre Environnemental et Social.

L’un des objectifs de cette norme est de « Promouvoir la sécurité et la santé au travail. • Encourager le traitement équitable, la non-discrimination et l’égalité des chances pour les travailleurs du projet. Protéger les travailleurs du projet, notamment ceux qui sont vulnérables tels que les femmes… » Cette norme s’applique à tous les projets financés par la Banque Mondiale dans le monde.

Cet acte constitue également une violation des dispositions relatives au recrutement et à la gestion du contrat du Coordonnateur Général proposées par les équipes de préparation du projet (Banque mondiale, Minefop, Mimesec, Minepat, et Precasem).

Ces dispositions sont contenues dans le « Project Appraisal Document » (Cf p104 du PAD), issu des accords institutionnels entre la Banque mondiale et le gouvernement de la République du Cameroun, représenté par le Minepat qui a été publié le 24 juin 2020, soit 1 an et 6 mois avant le recrutement du Coordonnateur Général.

Il indique entre autres les attributions du Coordonnateur Général.  Le contrat du Coordonnateur Général est également régi par les textes du Premier Ministre notamment, le Décret n° 2021/7341/PM du 13 octobre 2021 ainsi que l’Arrêté n° 094/CAB/PM du 12 octobre 2021 portant création, organisation et fonctionnement du Padesce.

Si l’on se réfère à l’Accord de Financement et le Manuel opérationnel préparé et signé par le Cameroun, « l’UCP est placée sous l’autorité d’un Coordonnateur Général recruté par appel à candidatures, dont le contrat est signé par le Ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Section 2.5.2.)

Quelle est la position de la Banque Mondiale dans cet imbroglio ?  Pas de réaction officielle pour l’instant à ce qui ressemble fort à un coup de force des maîtres d’ouvrage qui semble avoir reçu l’accord tacite de l’institution financière, puisque l’on voit sur des photos prises a son siège de Yaoundé le 1 er juin 2023, Jorgen Billetoft Consultant de la Banque Mondiale en présence des équipes du Mécanisme Compétitif de Développement des Compétences (MCDC).

Il s’agirait d’une session de formation, mais à y regarder de près cette session s’apparente à un adoubement au forceps de celle qui se présente comme coordonnatrice générale par intérim du Padesce, Madame Mbenoun née Ngo Nguidjol Sophie Magloire, sans qu’aucun texte officiel ne vienne confirmer cet état de fait.

A noter que ce climat délétère, s’accompagne de violences et voies de fait, puisque que le cabinet de la coordinatrice générale du Padesce, le Dr Marcelline Paulette Bayiha a été viole, par l’un de ses collaborateurs formellement identifié et qui a affirmé agir sur instruction de Mme Mbenoun, avec l’aval du ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, Issa Tchiroma Bakary, l’affaire fait l’objet d’une plainte à la Direction générale de la police judiciaire, qui a d’ailleurs placé des scellés sur la porte du cabinet.

Des collaborateurs considérés comme proches de Mme Paulette Bayiha sont aussi  interdits d’accès dans les locaux de Padesce et font l’objet de menace. A ce jour, la Coordonnatrice générale Dr Paulette Marceline Bayiha également est interdite d’accès à son cabinet.

Face à ce qui ressemble fort à un « Hold Up » savamment orchestré au moment où le projet atteint sa vitesse de croisière, l’arbitrage du premier ministre chef du gouvernement, et du Minepat tutelle technique de ce projet, de même que la Banque Mondiale dont la réputation et les pratiques se trouvent sérieusement questionnées est vivement attendue.

Quoiqu’il en soit c’est un projet voulu par le président Paul Biya et utile à la jeunesse camerounaise qui se trouve ainsi paralysé alors que sur le site Internet du Padesce, l’on peut voir qu’une dizaine d’appels d’offres dédiés aux bénéficiaires du Projet été publié et les établissements pouvant potentiellement bénéficier des appuis du Projet pour leur développement ont vu leurs Projets être affichés.

Le Padesce mis en place avec l’appui de la Banque Mondiale a pour objectif de développer et d’améliorer l’accès équitable à un enseignement secondaire de qualité et à une formation technique et professionnelle adaptée au marché, avec un accent sur les filles. Le Projet est mis en vigueur depuis le 21 décembre 2021, le Coordonnateur Général a été recruté après appel à candidatures, en décembre 2021.

Le Cameroun veut rendre l’accès à l’enseignement secondaire équitable

C’est l’information principale de la session du Comité de pilotage pour le développement de l’enseignement secondaire (…) tenue le 28 février.

 

Le comité de pilotage du Padesce (Projet d’Appui au Développement de l’Enseignement Secondaire et des Compétences pour la Croissance et l’Emploi) s’est réuni hier, 28 février 2023 à Yaoundé. Il s’agit d’une initiative du gouvernement et de la Banque mondiale.

Ce qu’il faut retenir de ces rencontres, c’est la proposition d’améliorer l’accès équitable à un enseignement secondaire général de qualité en mettant l’accent sur les filles. En outre, les participants ont souligné la nécessité de mettre l’accent sur l’adéquation de l’offre de formation technique et professionnelle aux besoins du marché du travail.  Selon les spécialistes, au Cameroun, il existe un écart entre les sexes dans l’éducation dans le secondaire au Cameroun, les garçons (Taux de scolarisation 48,60 %) étant plus susceptibles d’être scolarisés que les filles (Taux de scolarisation 42,45 % ).

Pour expliquer cela, ils laissent entendre que ça peut être dû à divers facteurs, notamment le mariage précoce, la grossesse et les tâches ménagères. Grace au Padesce l’amélioration des compétences des filles à l’éducation est essentielle pour parvenir à l’égalité des sexes au Cameroun.

Elle a été mise en place en 2021. A travers elle, il est question de réfléchir sur la réforme du sous-système de l’enseignement secondaire et du système de développement des compétences techniques et professionnelles.

Les travaux depuis hier sont co-présidés par le ministre des Enseignements secondaires, Pr Nalova Lyonga et le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Issa Tchiroma Bakary.

C’était également l’occasion pendant ce séjour d’apprécier les résultats obtenus en 2022 et proposer ensemble les actions à mettre en œuvre en 2023 pour l’amélioration du système de compétences dans nos écoles au Cameroun.

Cameroun : pour une meilleure adéquation entre la formation et l’emploi

Les ministres Nalova Lyonga et Issa Tchiroma Bakary ont présidé ce 28 février la première session du Comité de pilotage du Padesce.

La première session du Comité de pilotage du projet d’appui au développement de l’Enseignement secondaire et des compétences pour la croissance et l’emploi (Padesce) s’est tenue ce mardi 28 février à l’hôtel Star Land à Yaoundé. Les travaux étaient coprésidés par les ministres  des Enseignement secondaires, le Pr Nalova Lyonga, et le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, M. Issa Tchiroma Bakary.

Deux articulations essentielles ont constitué les points d’ancrage de cette rencontre : l’examen puis l’adoption du rapport des activités de l’année 2022 et l’examen puis l’adoption du budget du Padesce, pour le compte de l’exercice 2023.

Prenant la parole le premier « pour éviter des répétitions et par solidarité gouvernemental », le ministre Tchiroma a tenu, d’emblée, a précisé que la Padesce est une initiative du gouvernement camerounais et de la Banque mondiale entré en vigueur le 21 décembre 2021. Pour la ministre Nalova Lyonga, ce projet vise la réforme du sous-système des Compétences techniques et professionnelles (DCTP).

L’objectif ainsi recherché est d’améliorer l’accès équitable à un Enseignement secondaire général de qualité avec un accent sur les filles. Il vise également la mise en adéquation de l’offre de formation technique et professionnelle aux besoins du marché du travail. Le projet est mis en œuvre par les ministères des Enseignements secondaires et de l’Emploi et de la formation professionnelle.

Pour accomplir efficacement sa mission, la Padesce compte quatre composantes à savoir : l’appui au sous-système de l’Enseignement secondaire général ; l’appui au développement du système des compétences ; la gestion du projet de l’assistance technique et la composante de contingence en cas d’urgence.