Cette performance est néanmoins en baisse de plus de 4000 tonnes par rapport au mois de juin.
Le Cameroun a exporté 13 203 tonnes de banane en juillet 2022 représentant une hausse de l’ordre de 6% par rapport à la même période un an auparavant, selon les statistiques publiés ce jeudi par l’Association bananière du Cameroun (Assobacam).
Ces exportations sont en baisse de 4 613 tonnes (25,89%), par rapport aux 17 816 tonnes exportées au mois de juin. Cette qui est générale chez les 3 principaux opérateurs a davantage été tirée par Plantations du haut Penja (PHP), dont le volume de banane dessert exporté est passé de 14 159 tonnes au mois de juin à 10 441 tonnes en juillet.
Elle a traduit néanmoins une reprise progressive d’un secteur fortement sinistré entre 2017 et 2019, au plus fort des revendications sécessionnistes anglophones dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les principaux bassins de production où les plantations et outils de production furent fortement saccagés par des bandes armées.
D’ailleurs en glissement annuel, ces chiffres ont connu une légère hausse. L’on est passé de 12 459 tonnes en juillet 2021 à 13 203 tonnes un an plus tard, soit une hausse de 744 tonnes (5,97%). Sur cette période donc les exportations de PHP ont subi une hausse de 89 tonnes (0,89%), pour 10 441 tonnes exportées en juillet 2022, contre 10 352, en juillet 2021.
Du côté de la CDC, celles-ci sont passées de 1 095 tonnes en juillet 2021, à 1 607 tonnes un an plus tard, soit une hausse de 519 tonnes (46,75%). En la B PL enregistre une hausse de 143 tonnes (14,13%) sur ses exportations. Elles sont passées de 1 012 tonnes en juillet 2021 à 1 155 tonnes à la même période en 2022.
Cameroon development development (CDC), a exporté 1 607 tonnes, contre 1 950 tonnes le mois d’avant. Soit une baisse de 343 tonnes (17,58%). Le petit poucet du trio des exportateurs Cameroun qu’est Boh plantation (B PL) a pour sa part exporté 1 155 tonnes, contre 1 707 tonnes avant. Soit une baisse de 552 tonnes (32,33%).
Cette quantité est en hausse de 2 420 tonnes (soit près de 12%) en glissement annuel, en comparaison avec les 20 184 tonnes exportées au mois de mars 2021.
Mars 2022, les producteurs de bananes en activité au Cameroun ont expédié vers le marché international une cargaison totale de 22 604 tonnes, annonce l’Association bananière du Cameroun (Assobacam).
C’est selon les chiffres la meilleure performance du secteur observée depuis le début de l’année 2022. Cette belle performance est conséquence de la bonne tenue des activités à la société des Plantations du haut Penja (PHP), filiale locale de la Compagnie fruitière de Marseille et leader du marché de la banane au Cameroun.
Selon les données de l’Assobacam, en mars 2022, la PHP a exporté 19 240 tonnes de bananes, en hausse de 2 372 tonnes par rapport aux 16 868 tonnes expédiées sur le marché international en mars 2021.
Les exportations de la CDC sont quant à elles estimées à 1 982 tonnes en mars 2022, en légère hausse de 18 tonnes par rapport à la même période en 2021. Boh Plantations, le numéro 3 du marché a vu ses exportations augmenter de 30 tonnes. Elles sont passées de 1 352 tonnes en mars 2021 à 1 382 tonnes en mars 2022.
En rappel, au mois de février, les opérateurs réunis avaient exporté 16 525 tonnes contre 18 394 au mois de janvier.
Ytembe Bonda s’en était pris au chef de l’Etat et son gouvernement au sujet des fonds Covid-19 dont une partie aurait été détournée suivant une mourure du rapport de la Chambre des comptes de la Cour suprême. L’acteur principal de la vidéo et ses deux compagnons sont frappés par une sentence rendue ce 17 juin 2021 par le Tribunal de première instance de Mbanga.
A l’issue de l’audience de ce jeudi, le juge a prononcé un verdict de 12 mois de prison ferme contre l’auteur des injures, Clément Ytembe Bonda, et ses deux compagnons qui ont filmé son coup de gueule.
Dans une vidéo Ytembe Bonda s’en prenait violemment au chef de l’Etat et son gouvernement au sujet des fonds Covid-19. Déplorant des détournements des ministres de Paul Biya au mépris de la souffrance du peuple, et donc de la leur. Eux qui, disent-ils, gagent seulement 30 000 FCFA de salaire et n’ont aucun avantage, même pas de « rentrer avec une banane le soir » au sortie de la Plantation du haut Penja (PHP). Interpellés, les trois jeunes avaient t été incarcérés à la prison principale de Mbanga le 12 juin.
Des associations comme la Brigade Anti-Sardinards ont réclamé leur libération en manifestant notamment le 14 juin devant l’Ambassade su Cameroun en Belgique. Ce matin encore, une vidéo d’un acteur de la diaspora le présente dans un supermarché en Europe, en plein saccage d’un rayon de bananes, indiquant qu’elles sont issues des plantations camerounaises où les droits des employés sont violés.
Cette situation est due à l’abondance de la banane dollar latino-américaine sur le marché européen. Une situation peu rassurante pour la Société des plantations du Haut Penja.
Armel François, le directeur général de la Société des plantations du Haut Penja, filiale de la Compagnie fruitière de Marseille, qui domine la production de la banane dessert au Cameroun, est visiblement très inquiet des performances que pourrait réaliser la PHP en 2017. En cause, une baisse prononcée du prix de la banane dessert camerounaise.
En effet, apprend-on, le marché européen, principale destination de la banane camerounaise, est actuellement sur-approvisionné, notamment du fait de l’abondance de la banane dollar latino-américaine, dont les pays producteurs, cette année, ne font face à «aucun phénomène climatique. «Ce qui n’était pas arrivé depuis de très nombreuses années», explique Armel François.
Aussi, pour équilibrer les comptes de l’entreprise face à cette conjoncture internationale autour des prix de la banane, le DG de PHP énonce-t-il quelques mesures d’austérité qu’il est nécessaire de mettre en œuvre. «L’ensemble du personnel de laPHP et chacun d’entre nous peutet doit contribuer à l’effort d’adaptationde l’entreprise à ces conditionsde marché. Il faudra sansdoute renoncer à quelques parcellesde confort sans remettre encause l’essentiel sur le téléphone,les dotations de carburant, les kilomètresde voiture, mais aussi lesheures supplémentaires de complaisanceet autres petits avantagesarrachés à l’entreprise etsur lesquels la direction posait unregard complaisant qui n’est plusd’actualité», écrit-t-il dans l’éditorial du magazine de la PHP.
La société des plantations du haut Penja (Php), filiale au Cameroun du groupe agro-alimentaire Compagnie fruitière de Marseille, vient de mettre en place des plantations de cacao sur une superficie totale de 150 hectares, a-t-on appris officiellement.
La société a également monté une unité de transformation de fèves dans la ville de Njombé, située dans la région du Littoral du Cameroun. Cette usine, apprend-on, permet de produire localement du chocolat sous la marque «ateliers des cinq volcans».
Ces initiatives de la PHP contribueront certainement à l’atteinte des objectifs de la filière cacao au Cameroun, qui est d’atteindre une production nationale de 600 000 tonnes en 2020, avec 50% de la production transformée localement.
Leader de la production de la banane au Cameroun, avec plus de 40% de la production nationale, la PHP produit également du poivre blanc, à raison de 30 tonnes en moyenne chaque année.
Cette entreprise s’est récemment lancée dans un processus de renforcement de son leadership sur le marché de la banane dans le pays, à travers l’extension de ses bananeraies. En effet, en plus des 3000 hectares qu’elle exploite dans la région du Littoral, la PHP est actuellement en phase d’extension de ses plantations de bananes à Dehane (dans le Sud du pays, Ndlr). Cette extension se fera en plusieurs phases, sur un projet global de 800 hectares.
Les responsables de la Société des plantations du Haut Penja ont indiqué vendredi que le chiffre d’affaires de leur structure pourrait atteindre 74 milliards de F cette année
Les perspectives économiques sont bonnes pour la Société des plantations du Haut Penja (PHP), dont le chiffre d’affaires pour l’exercice en cours devrait atteindre 74 milliards de FCFA, ont indiqué vendredi, 02 septembre 2016, les responsables de cette entreprise, confirmant ainsi la hausse observée depuis cinq ans.
La bonne santé de cette unité agro-industrielle, une filiale de la Compagnie fruitière de Marseille, s’expliquerait par l’augmentation projetée de la production bananière, que le leader du marché camerounais estime à 185 000 tonnes cette année. Soit une hausse de 17 000 tonnes par rapport à l’année dernière.
L’autre raison de cette embellie serait liée aux prix du poivre blanc de Penja, qui sont passés de 5000 FCFA le kilogramme à 16 000 FCFA un peu plus de deux ans après la labellisation de cette épice par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) et dont la production est estimée à 40 tonnes par an.
Leader de l’industrie de la banane au Cameroun avec près de 50 pour cent de la production nationale, la PHP, dont le chiffre d’affaires progresse au fil des ans est le fruit de la fusion-acquisition de la Société des bananeraies de la Mbome (SBM), de la Société des plantations nouvelles de Penja (SPNP) et des Plantations du Haut Penja (PHP).
Remis en liberté grâce à une décision de la Cour suprême après près de huit années d’incarcération, l’ancien maire de Njombé Penja demande 17 milliards de F CFA à titre de réparations et un emploi
Paul Eric Kingué, l’ancien maire de la commune de Njombé Penja, envisage d’entamer une procédure judiciaire pour obtenir réparation du «préjudice» subi du fait de sa détention pendant près de huit années. L’ancien élu a recouvré la liberté grâce à une décision rendue par la Cour suprême du Cameroun le 16 juillet dernier, dans le procès qui l’opposait depuis 2008 à la Société des Plantations du Haut-Penja (PHP).
«Il est indiscutable que je viens de subir un préjudice. Un Etat normal ne doit même pas attendre que je vienne demander cette réparation (.) Au cas où l’Etat ne réparerait pas le préjudice qu’il m’a causé, j’userai de tous les moyens de droit et qu’on répare tout ce préjudice que j’ai subi. Ce ne sera pas une faveur. Un Etat qui est prompt à vite arrêter doit également être prompt à vite payer quand il se trompe», indique Paul Eric Kingue, dans une interview accordée au quotidien privé Mutations vendredi, 24 juillet 2015.
Le 29 août 2014, le Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire de l’ONU avait émis un avis qualifiant la détention de l’ancien maire de Njombé Penja d’«arbitraire.»
Sur les antennes de Radio France internationale (RFI) samedi, 25 juillet, Paul Eric Kingué a indiqué qu’il évalue le montant des réparations que l’Etat devrait lui verser à 17 milliards de F CFA. Il a aussi souligné qu’il doit être réintégré dans sa position de maire ou, à défaut, lui donner un « poste équivalent ».
Cependant, il est à souligner que la Cour suprême n’a pas accordé un acquittement à Paul Erik Kingué. Comme le précise l’hebdomadaire judiciaire Kalara, dans son édition du 20 juillet dernier, La Haute juridiction a annulé la procédure d’instruction qui avait conduit le maire en prison de même que les décisions du tribunal de grande instance du Moungo à Mbanga et celle de la cour d’appel du Littoral. Même si elle a procédé à l’annulation du mandat d’incarcération pour de nombreuses irrégularités constatées dans l’instruction de son affaire, la Cour suprême a néanmoins prescrit que l’enquête judiciaire recommence à zéro là où elle a commencé, c’est-à-dire au tribunal de grande instance du Moungo à Nkongsamba (Littoral-Cameroun).
«Il n’a pas été acquitté par la Cour suprême du Cameroun comme ses proches et lui le souhaitaient», précise Kalara.
Il présidera aux destinées du principal mouvement patronal du Cameroun pour cinq nouvelles années
Le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) a accordé un nouveau mandat à André Fotso à la présidence de son Conseil exécutif. Le président sortant a été reconduit hier, jeudi 18 décembre 2014, lors d’une assemblée générale élective tenu à Douala, pour un mandat de cinq ans.
Sur 183 votants, André Fotso a recueilli 179 voix en sa faveur et quatre bulletins nuls. Il était le seul candidat en lice avec sa liste «Alliance Active II». Le président du principal mouvement patronal du Cameroun dirigera l’instance avec deux vice-présidents : Armel François, directeur général de la société des plantations du Haut Penja (PHP) ; et Henri Fosso, président de CropLife Cameroun, une société consacrée à la défense des intérêts de l’industrie phytosanitaire.
André Fotso avait été élu pour une première fois au Conseil exécutif du Gicam en décembre 2010. Le mandat des membres du Conseil a été porté à cinq ans lors d’une assemblée générale extraordinaire tenue le 26 mars 2014 à Douala.
Ils ont adressé une lettre ouverte à l’ONG, dénonçant «les allégations sans fondement» contenues dans le rapport sur l’exploitation de la banane dans le département du Moungo
Les «employés» de la Société des Plantations du Haut-Penja (PHP) ont adressé une «lettre ouverte au président de Transparecy International Cameroun, Me Charles Nguini, en rapport avec l’un des derniers rapports de l’ONG, consacré à l’exploitation de la banane à Njombe-Penja.
Les auteurs de la lettre s’indignent contre Transparency International, à la suite d’un rapport publié le 20 août dernier et intitulé: «le fruit de la discorde et sa saveur politique acide». L’Organisation non gouvernementale (ONG) y accusait la société des Plantations du Haut Penja (PHP), basée dans l’arrondissement de Njombé Penja, département du Moungo, région du Littoral, de corruption, illégalité fiscale, violation des droits de l’homme ; et d’être même à l’origine des déboires de Paul Eric-Kingue, ancien maire de Njombe Penja, aujourd’hui emprisonné.
Les 5103 signataires de la lettre – publiée dans son intégralité dans le quotidien Mutations sur sept pages – qualifient le «brûlot» de Transparency International de «pseudo-rapport» mené avec «l’absence d’investigation»; «le manque de professionnalisme» et colportant des «allégations sans fondement».
Récusant tous les griefs à elle imputées par Transparency International Cameroon, la PHP assure qu’elle «verse régulièrement, à hauteur de plusieurs centaines de millions de F CFA par mois les impôts et taxes dus à l’Etat auprès de la Direction des grandes entreprises (DGE)» ; et qu’elle «entretient une relation harmonieuse avec les communautés voisines fondée sur l’entraide, le dialogue et la recherche permanente d’une coexistence pacifique».
«Nous considérons que les conclusions de votre rapport sont écrites à l’encre de la haine et du mépris pour les employés camerounais et expatriés qui travaillent à la PHP et pour les communautés dans lesquelles nous vivons. Et c’est sûrement le plus inacceptable», concluent les «employés» de PHP dont la «sincérité» des signatures est attestée par Me Pierre Tchoumou, notaire à Mbanga. La lettre des 5103 employés de PHP date du 26 septembre 2014. PHP est détenue majoritairement par l’entreprise française «La compagnie fruitière».
Ils sont nombreux, autorités administratives, judiciaires et sécuritaires, ministres et députés à avoir aidé le lobby de la banane à se renforcer au Cameroun.
Paul Biya
Dans son livre «Au Cameroun de Paul Biya», paru en 2011 aux éditions Kartala, la journaliste française Fanny Pigeaud soupçonne Paul Biya de détenir des parts dans la PHP. Dans l’un de ses articles sur le site internet de Libération, la même journaliste indique que le directeur général de PHP dément. Mais elle ajoute que «des employés de PHP sont en tout cas souvent envoyés en mission dans les plantations d’ananas de Biya, inaugurées en 2000 en présence du président des Compagnies fruitières, Robert Fabre.» «C’est d’ailleurs via PHP que Paul Biya exporte ses ananas» souffle une source. Le 10 mai 2012, le président de la Commission nationale des droits de l’Homme et de liberté l’a saisi en sa qualité de président du Conseil supérieur de la magistrature sur les violations de droits de Paul Eric Kingue. Il reste pour l’instant de marbre.
Luc Magloire Mbarga Atangana
Selon son CV, de 1982 à 2004 (année de sa nomination comme ministre du Commerce), il a travaillé essentiellement dans le secteur de la banane. Selon l’émission Cash investigation diffusée sur France 2, Mbarga Atangana, à un moment, était à la fois ministre du Commerce et président du conseil d’administration de PHP. Il fait partie des ministres qui ont fait pression pour le paraphe et la signature respectivement en 2007 et 2009 de l’Accord de partenariat économique bilatéral avec l’UE. Son principal argument: la protection de la filière banane. Aujourd’hui, c’est l’honorable Owona Nkono qui assure la présidence du conseil d’administration de PHP. Un homme présenté par Libération comme le beau†frère du ministre du Commerce.
Marafa Hamidou Yaya
L’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation est présenté par Transparency comme l’un des hommes sur lesquelles PHP, SPM et Caplain se seraient appuyés pour mettre hors d’état de nuire Paul Eric Kingué. Son tort, avoir osé dénoncer les exonérations fiscales indues dont bénéficiaient ces entreprises. C’est lui qui l’a suspendu le 28 février 2008 de ses fonctions de maire pour une période de trois mois «au mépris des dispositions légales qui soumettent la suspension et la cessation de fonction de maire à la fourniture de d’explications écrites en cas de faute lourde» écrit Transparency dans son rapport. Dans une tribune libre publiée début juin 2012, Paul Eric Kingué accuse Marafa d’avoir reçu en retour de ces multinationales, 500.000.000 francs CFA. Il n’a jamais démenti.
Robert Nkili
En 2010, le gouvernement camerounais a décerné, le prix Award du meilleur manager social à PHP. Un prix qui honore une entreprise qui, pendant plusieurs années, aura excellé dans le management social. Avec à la clé, une visite de Robert Nkili, ministre du Travail et de la Sécurité sociale de l’époque.
Les dénonciations de Paul Eric Kingue, ancien maire de Penja, contre la délinquance fiscale des multinationales cultivant la banane dans sa commune sont aujourd’hui confirmées par Transparency
30 janvier 2013. En visite à Paris, Paul Biya est interpellé sur le perron de l’Elysée au sujet de l’inaction de son gouvernement face aux violations des droits de l’Homme et la pollution de l’environnement par la société Plantations du Haut Penja (PHP) (détenue à 60% par le groupe français Compagnies fruitières basés à Marseille et à près de 40% par l’américain Dole Food INC). Le chef de l’Etat camerounais, que la journaliste Fany Pigeaud soupçonne dans son ouvrage «Au Cameroun de Paul Biya» d’être proche des Compagnies fruitières, répond: «(.) Nous n’avons pas négligé ce problème. Il fait partie de ceux que nous essayons de résoudre. Les compagnies bananières accroissent l’activité économique, créent des emplois. Nous soutenons toutes les sociétés.» Mais le «soutien» accordé aux multinationales cultivant la banane dans le Moungo, un département voisin à la ville de Douala, s’apparente à un passe†droit. Selon l’enquête de la branche camerounaise de Transparency International publié le 06 août dernier, PHP, premier producteur de banane au Cameroun avec 129.000 tonnes en 2013, la Société des plantations de Mbanga (SPM), numéro trois avec 45.000 tonnes la même année et Caplain, une troisième société moins importante que les deux premières, toutes de capitaux majoritairement français, étaient exonérées de patente jusqu’à une date très récente, alors que leurs chiffres d’affaires atteignent plusieurs milliards de francs CFA. PHP, par exemple, revendiquait un chiffre d’affaires de 50 milliards de francs CFA en 2013. Toutes sont installées au Cameroun depuis environ 30 ans.
Exonérations indues
Dans une interview au Quotidien de l’Economie publiée le 23 août 2013, le directeur général de PHP, Armel François, indiquait que ces exonérations étaient conformes à la loi: «La PHP s’est conformée strictement au Code général des impôts qui exonérait de la patente les producteurs de denrées agricoles, sans aucune référence ou discrimination relative à la taille. Il ne nous appartient pas de commenter le bien†fondé des lois et codes en vigueur au Cameroun; il nous appartient de nous soumettre aux décisions de l’administration fiscale et c’est ce que nous avons fait (.)». L’organisation non gouvernementale de lutte contre la corruption soutient pourtant le contraire. Pour la branche camerounaise de Transparency International, ces exonérations ont été accordées à ces compagnies sur «la base de la complaisance» parce qu’elles «violaient les dispositions légales énoncées par l’article 160 du Code général des Impôts; lequel article assujettit ces sociétés à la patente ». C’est dans ce sens qu’a d’ailleurs tranché l’administration fiscale selon un courrier dévoilé par Transparency. Saisi dès son élection en 2007 par Paul Eric Kingue, l’ancien maire de Penjà aujourd’hui en prison, Laurent Nkodo, le directeur général des Impôts de l’époque, écrit le 3 décembre 2007:«J’ai l’honneur de vous faire connaitre que l’administration fiscale veillera à la stricte application de la loi et notamment de l’article 160 du Code général des Impôts qui assujettit à la patentes les sociétés sus mentionnées (PHP, SPM, Caplain). A cet effet dès le début de l’exercice prochain (2008 NDLR), les entreprises en question seront reversées dans le régime de droit commun». Il promet même de diligenter une étude au sujet des avantages fiscaux accordés à PHP, SPM, Caplain. Mais jusqu’à son limogeage le 19 février 2009, on n’entendra plus parler de cette étude.
Détournement
Dès 2008, ces trois entreprises auraient donc dû commencer à payer la patente. Mais il n’en a rien été. Dans une lettre de dénonciation à Transparency contre PHP, SPM et Caplain, datant 31 décembre 2011, Paul Eric Kingue indique d’ailleurs que «ces multinationales qui réalisent des bénéfices astronomiques, et dont les chiffres d’affaires en 2007 sont évalués à plusieurs milliards de francs CFA, refusent jusqu’à ce jour de s’exécuter, retenant ainsi frauduleusement et illégalement des sommes dues à la commune de Penja qui se chiffrent (.) à 2.713.000.000 francs CFA par ans, depuis (.) leur reversement au régime de droit commun.» En septembre de l’année dernière, réagissant à une enquête de Cash investigation, émission diffusée sur France 2, la première chaine publique française, et portant sur la culture de la banane dans les plantations de PHP, la filiale camerounaise des Compagnies fruitières a en effet avoué avoir commencé à s’acquitter de cet impôt seulement en 2012. «Jusqu’à fin 2011, la PHP, comme toutes les entreprises agricoles ne procédant à aucune transformation de leurs produits, n’était pas soumise à la patente. Ce n’est qu’à partir de 2012 que ces entreprises y ont été assujetties. L’exploitation de la PHP touchant plusieurs communes, la direction des impôts a demandé à la PHP de lui verser directement cet impôt, se chargeant de le répartir entre les communes concernées» peut†on lire dans le communiqué et le mail envoyé à Cash Investigation. Et selon Armel François, depuis, PHP paierait entre 3,5 à 4 milliards de francs CFA de taxes et impôts par an à l’Etat. Mais qu’est ce qui s’est donc passé entre 2008 et 2011 pour que PHP, SPM et Caplain continuent de ne pas payer la patente? Cela a†t†il un rapport avec le départ de Laurent Nkodo et l’arrivée d’Alfred Bagueka Assobo à la tête de la direction générale des Impôts? Au stade actuel de nos investigations, nous ne sommes pas en mesure de répondre à ces questions. De même qu’à celle de savoir si à ce jour PHP paie réellement tous ses impôts et taxes comme il l’affirme et si les communes du Mongo où elle mène ses activités reçoivent leur quotte part. Une chose est certaine, si l’estimation du montant annuel des sommes dues à la commune de Penja indiqué par Paul Eric Kingue dans son courrier et que Transparency dit qu’il est l’ uvre d’un cabinet d’expertise fait foi, ce serait sur la période 2008†2011 près de 11 milliards de francs CFA que PHP, SPM, Caplain auraient retenu «sans droit» et «détourné» au sens du Code pénal camerounais.
Corruption
Articles de presse, films documentaires, rapport d’organisation de la société civile. les dénonciations contre les multinationales de la banane s’amoncellent. Parmi les accusations qui reviennent: délinquance fiscale; pollution environnementale, accaparement des terres; mauvaises conditions de travail; absence de liberté syndicale et licenciements abusifs. Mais ces entreprises ne sont jamais inquiétées par les autorités. Selon Transparency, cette sorte d’immunité, PHP, SPM et Caplain la tiennent de la corruption. «Les opérateurs du secteur de la banane installés à Penjà, usent de leur puissance économico†commerciale, et économico†financière, pour se constituer de solides connexions d’influence dans les milieux privilégiés de pouvoir que sont les milieux politiques, administratifs, judiciaires et sécuritaires» peut†on lire dans son rapport. Cette influence s’étend†elle jusqu’à Bruxelles d’où ces firmes reçoivent des subventions chaque année? En tout cas, saisi de son cas par Paul Eric Kingue, Raul Mateus Paula, le chef de Délégation de lʹUE au Cameroun d’alors, n’a pas pu faire mieux que d’espérer que ses difficultés trouvent rapidement solution. Sa remplaçante, Françoise Collet, devrait donc faire davantage. Au moins pour convaincre de ce qu’elle croit elle†même à cette petite phrase balancée le 09 mai dernier lors de la soirée offerte à lʹoccasion de la Journée de lʹEurope: «La corruption, grande et petite, est non seulement dommageable aux actions publiques mais destructive de la cohésion sociale et, comme telle, représente un danger pour la démocratie».
Nous publions un reportage de Libération (18 mai 2009) sur les Plantations du Haut Penja qu’a visité Alain Joyandet lors de son passage au Cameroun
Lors de son passage au Cameroun, en mars, le secrétaire d’Etat français à la Coopération Alain Joyandet a visité les Plantations du Haut Penja (PHP), le premier producteur de bananes du pays. S’agissait-il d’une marque de soutien pour cette société, détenue à 60 % par la Compagnie fruitière, basée à Marseille, et près de 40 % par l’américain Dole et par des actionnaires privés camerounais, et qui est très critiquée depuis quelques mois ? Dans un récent rapport, le Comité catholique contre la faim et le développement (CCFD) et Oxfam-Agir ici la classent parmi les entreprises «peu scrupuleuses» que l’Union européenne (UE) devrait contrôler. Parmi les faits relevés : accaparement des terres au détriment des paysans locaux et par des procédés douteux voire illégaux ; mauvaises conditions de travail pour ses 6 000 employés dont certains travaillent jusqu’à quinze heures par jour sans compensation ; absence de liberté syndicale et licenciements abusifs.
La petite localité de l’ouest du Cameroun où s’étendent ses bananeraies, souligne un ingénieur agronome. Le contraste est grand entre les vieilles et tristes baraques de bois, les routes de terre grise défoncées de la ville et les plantations bien entretenues de la société bananière. Les habitants de Njombé, dont les maisons jouxtent les bananeraies de PHP, se plaignent aussi de la pollution causée par les fongicides et pesticides que la compagnie utilise. Et dont certains viennent d’être interdits par l’UE pour leur danger sanitaire. «Notre rivière, notre unique source d’eau, est polluée»,assurent les habitants d’un hameau proche de Njombé. La population n’échappe pas non plus aux produits que l’entreprise répand par voie aérienne sur ses plantations. Dans la zone, les maladies les plus fréquentes après le paludisme sont, selon un responsable hospitalier,«les maladies respiratoires et les dermatoses», deux problèmes souvent associés à l’utilisation de substances chimiques. Plusieurs témoins évoquent un nombre de cancers anormalement élevé. Impossible d’obtenir des éléments fiables sur cette question de la part de PHP. Son actuel médecin du travail est l’épouse du directeur des ressources humaines. Toutes ces données n’empêchent pas l’UE de subventionner la filière banane pour qu’elle améliore sa «compétitivité». Depuis dix ans, PHP et deux autres entreprises à capitaux étrangers se partagent chaque année 5 millions d’euros. Les autorités camerounaises ne vont pas s’en offusquer : PHP a les responsables politiques, administratifs ou judiciaires de la région dans sa poche. «En tant que chef traditionnel, je suis payé chaque mois par la PHP, confie une «élite» locale. Le sous-préfet, le préfet aussi.» En février 2008, le nouveau maire de Njombé a été accusé d’avoir participé à des actes de vandalisme chez PHP, en marge d’un mouvement national de contestation politique et sociale. Il a été condamné à six ans de prison. A Njombé, beaucoup estiment qu’il a en réalité été puni pour avoir accusé la compagnie de ne pas payer tous ses impôts. PHP «fait ce qu’elle veut à qui elle veut», ses dirigeants «sont capables de tout», résume un homme d’affaires originaire de Njombé qui ne veut pas être identifiable. Gêné, un entrepreneur souligne : «C’est délicat de parler du secteur de la banane, beaucoup de personnalités y ont des intérêts.»
La richesse produite par PHP, qui exporte toute sa production, ne bénéficie pas vraiment à Njombé.
Ingénieur agronome
PHP compte ainsi parmi ses cadres un député du parti au pouvoir et loue des terres appartenant notamment à des hauts gradés de l’armée. Plusieurs sources affirment que le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, est actionnaire de la compagnie, ce que dément son directeur général, Armel François. Des employés de PHP sont en tout cas souvent envoyés en mission dans les plantations d’ananas de Biya, inaugurées en 2000 en présence du président de la Compagnie fruitière, Robert Fabre. PHP est membre de l’Association de la banane camerounaise, un lobby dirigé par un autre député du parti au pouvoir, beau-frère du ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana. Lequel n’est rien moins que le président du conseil d’administration de PHP. Ministre, c’est lui qui a négocié avec l’UE l’Accord de partenariat économique (APE) paraphé en janvier par le Cameroun. Jugé catastrophique pour l’économie camerounaise par les ONG comme le patronat, cet accord de libre-échange avantage en premier lieu les. producteurs de bananes du Cameroun.
Sols. Malgré cette incroyable cascade de conflits d’intérêts – à commencer par la signature camerounaise de cet APE -, l’UE reste silencieuse. Combien de temps le sera-t-elle devant un autre scandale potentiel, sanitaire celui-là ? Comme aux Antilles où il a pollué pour plusieurs siècles l’eau et les sols et pourrait être à l’origine de graves problèmes de santé, le chlordécone, un puissant insecticide, a été utilisé dans les plantations camerounaises. Avec de probables répercussions sur les produits vivriers cultivés dans la zone et vendus jusqu’à Yaoundé, la capitale. Le ministère de la Recherche aurait lancé une étude sur cette question. Au moins un produit très toxique, non utilisé aux Antilles parce qu’il n’était pas homologué par la France, a été répandu à Njombé jusqu’à il y a peu, s’inquiète un connaisseur du dossier. «Une bombe à retardement» pour les entreprises bananières, estime un agronome. Il s’interroge sur Tangui, l’eau minérale la plus consommée dans le pays, où l’eau du robinet n’est pas potable. Cette eau, puisée par une filiale du groupe français Castel au c ur de la région bananière, est-elle contaminée ? Pour l’instant, le black-out est total.
Quelques marques du groupe Compagnie FruitièreJournalducameroun.com)/n