Quelles mesures à prendre dans la Cemac face à la chute des recettes pétrolières

Par le Fonds monétaire international (FMI)

Les services du FMI achèvent les discussions de 2015 avec la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale sur les politiques communes des États membres. Communiqué de presse de fin de mission.

Une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par M. Mario de Zamaróczy, a séjourné à Libreville et Yaoundé du 23 avril au 7 mai 2015 pour des entretiens avec les institutions de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) sur les politiques communes des États membres. M. Bernard Laurens, chef de mission pour le Programme d’Evaluation du Secteur Financier de la CEMAC a rejoint la mission pour une discussion des réformes pour promouvoir la stabilité et le développement du secteur financier.

Au terme de la mission, M. de Zamaróczy a fait la déclaration suivante:

«Les résultats économiques de la région sont restés solides en 2014 et, selon les estimations, la croissance du PIB a atteint 4,6 %, en s’appuyant sur l’augmentation de la production de pétrole et la poursuite des programmes d’investissements publics dans plusieurs pays de la CEMAC. La chute prononcée des cours du pétrole au second semestre de 2014 n’a pas eu d’effets très sensibles en 2014, mais elle devrait peser sur l’activité économique en 2015 en faisant descendre le taux de croissance à 2,2 % en raison de la baisse de la production de pétrole et des investissements publics. L’inflation régionale est restée modérée en 2014 et devrait, d’après les projections, rester en dessous de 3 % à moyen terme.

«La chute des recettes pétrolières, la poursuite des programmes d’investissements publics et la lutte contre l’insécurité dans la région du Lac Tchad ainsi qu’en République centrafricaine ont creusé le déficit budgétaire régional, qui s’est établi à 5,2 % du PIB en 2014. Le déficit devrait, d’après les projections, continuer de se détériorer en 2015 et atteindre 6,8 % du PIB. À moyen terme, le déficit budgétaire régional pourrait s’améliorer si le redressement attendu des recettes pétrolières et l’assainissement budgétaire envisagé par les États membres se concrétisent. Selon les estimations, le déficit extérieur courant a atteint 3,5 % du PIB en 2014 et pourrait continuer de se creuser et dépasser 8,4 % du PIB en 2015, étant donné que les exportations de pétrole devraient diminuer et que les importations liées aux investissements restent élevées.

«Les discussions de politique économique ont porté sur les mesures à prendre pour contrer le choc pétrolier et les problèmes d’insécurité, sans compromettre la croissance ni l’approfondissement de l’intégration régionale.

«Face au choc pétrolier, l’assainissement budgétaire doit être une priorité; la mission encourage les autorités nationales à accroître les recettes fiscales, à contenir les dépenses courantes et à hiérarchiser les investissements publics de manière à réduire les déficits budgétaires. La mission souligne que la chute des recettes pétrolières à moyen terme nécessitera un renforcement de la mobilisation des recettes fiscales non pétrolières et que la mise en uvre efficace des directives de la CEMAC en matière de gestion des finances publiques pourrait y contribuer.

«La mission encourage les autorités à accélérer la réforme du cadre de la politique monétaire afin d’améliorer l’effet de signalisation de la politique monétaire, notamment en renforçant la surveillance des transactions interbancaires; et perfectionnant la prévision de liquidité par la BEAC.

«En outre, pour promouvoir le développement des circuits financiers et l’inclusion financière, la mission encourage les autorités à créer un environnement propice à un accès plus large aux services financiers.

«Comme la chute des recettes pétrolières et les dépenses publiques pourraient nuire à la santé du système financier dans certains pays, la mission encourage les autorités à accélérer les réformes soutenant la stabilité du secteur financier, y compris par la mise en place d’un mécanisme de prêteur de dernier ressort approprié pour soutenir les institutions en difficulté; la finalisation de la mise en uvre des réglementations prudentielles clés; l’amélioration de la surveillance des risques; et le renforcement de la supervision des grandes institutions de microfinance. En outre, la mission encourage les autorités à créer un environnement propice à une plus grande inclusion financière pour promouvoir l’approfondissement et l’ouverture du secteur financier. En particulier, la mission soutient la mise en uvre d’un bureau de crédit régional et recommande de combler les lacunes réglementaires qui limitent la diversification des produits et services bancaires pour permettre aux opérateurs mobiles et aux banques d’utiliser les progrès technologiques pour offrir des services à faible coût pour les usagers.

«La croissance économique de la CEMAC est freinée par la faiblesse de la productivité et des obstacles structurels. Les circonstances actuelles mettent en évidence le besoin urgent pour la région de diversifier sa base de production et de tirer parti d’une plus grande intégration dans les réseaux commerciaux mondiaux. La réalisation de ces objectifs doit être soutenue par une amélioration considérable du climat des affaires et un approfondissement de l’intégration régionale. La mission encourage la Commission de la CEMAC à mobiliser les États membres pour coordonner les plans de développement des infrastructures.

«Le Conseil d’administration du FMI devrait en principe examiner le rapport sur les discussions régionales de 2015 en juillet 2015. La mission tient à remercier les autorités pour leur chaleureuse hospitalité, pour une excellente coopération et un dialogue constructif.»


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Cemac: Près de 3.000 milliards FCFA de baisse des recettes pétrolières en 2015

Conséquence de la chute des cours du pétrole, les soldes budgétaires des pays membres de la Cemac continueront de se creuser en 2015

Conséquence de la chute des cours du pétrole, les soldes budgétaires des pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) continueront de se creuser en 2015, avec une baisse des recettes pétrolières projetée à près de 3.000 milliards de francs CFA (6 milliards de dollars), selon la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC).

A l’exception de la République centrafricaine (RCA), les économies de la CEMAC, composées en outre du Cameroun, du Congo, du Gabon, de la Guinée équatoriale et du Tchad, sont principalement dominées par l’exploitation pétrolière. Premier produit d’exportation, l’or noir représente en effet 35,6% du PIB sous- régional, 56,1% des recettes budgétaires et 69,1% des recettes d’ exportation, d’après les estimations.

Selon la BEAC, la chute des cours du pétrole fait peser sur ces économies le risque d’une dégradation du compte courant et d’un recul sensible des réserves de change. « En 2015, le solde du compte extérieur courant ressortirait fortement déficitaire, à -20, 0% du PIB, au lieu de -13,8 % initialement anticipé, et -10,0 % du PIB en 2014 », révèle Bertrand Besse Ngniah, cadre de cette banque centrale.

« Plus particulièrement, l’excédent du solde commercial de la Sous-région enregistrerait un recul sensible de quelque 75 % à 2 102,9 milliards en liaison avec l’effondrement des recettes d’exportations(-42 %) du fait essentiellement de la chute des cours du pétrole brut », a précisé l’économiste mardi à Yaoundé.

« la gestion des finances publiques des pays de la CEMAC laisserait apparaître des besoins de financements importants,qui atteindraient 925,7 milliards en 2015. Le bouclage de ces gaps de financements demeure un sujet de préoccupation majeure dans la CEMAC », a-t-il ajouté.

La couverture de ces besoins de financement des finances publiques devrait se traduire par une accélération de l’endettement public en général, et de l’endettement public intérieur en particulier, compte tenu de l’engouement que connaissent actuellement les émissions obligataires. « Le taux d’ endettement public extérieur passerait ainsi de 17 % du PIB en 2014 à 23 % du PIB en 2015 », a-t-il dit.

Une forte détérioration des soldes budgétaires, base engagement hors dons, de -6,3% est aussi annoncée, contre -0,7% en 2014, une analyse qui suppose une baisse des recettes pétrolières de près de 3.000 milliards de francs CFA (6 milliards de dollars), représentant -7,1% du PIB et -44% en variation annuelle comparativement à 2014, de l’avis de M. Besse Ngniah.

Ce contexte économique difficile couplé à des tensions sécuritaires dues à la crise en RCA puis à la menace Boko Haram auCameroun et au Tchad a amené la BEAC à abaisser de 5% à 4,2% ses prévisions de croissance pour 2015, après les estimations de 4,4% en 2014.

Le siège de la BEAC, à Yaoundé
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Les recettes pétrolières ont contribué à hauteur de 700 milliards de F dans le budget 2013

Les recettes non pétrolières quant à elle étaient de l’ordre de 1925 milliards de F CFA d’après la note sur l’exécution budgétaire à la fin décembre 2013

Le ministère des Finances (Minfi) a publié ce jour, dans la presse publique, un état de l’exécution budgétaire du Cameroun à la fin décembre 2013. On y note que les ressources budgétaires totales encaissées au cours de l’exercice 2013 ont été évaluées à 3307 milliards de F, dont 2625 milliards de recettes internes et 682 milliards d’emprunts et dons. Les dépenses budgétaires de l’année 2013 quant à elles se chiffraient à 3214 milliards de F CFA.

Dans le détail, les recettes internes du Cameroun ont été fournies, d’une part, par les recettes pétrolières qui ont contribué à hauteur de 700 milliards de F CFA au budget soit 530 milliards de redevance pétrolière et 169,7 milliards d’impôt sur les sociétés pétrolières. D’autre part, la part la plus importante est venue des recettes non pétrolières : 1925,7 milliards de F. Parmi ces recettes non pétrolières, on retrouve les recettes des impôts et taxes recouvrées (1231,6 milliard), les recettes douanières (597,3 milliards) et les recettes non fiscales (96,8 milliards). Sur les 636 milliards de F récoltés sur les emprunts et dons en 2013, 487 milliards provenaient des prêts projets et 149 milliards d’émissions des titres publics.

autres secteurs
Le service de la dette publique était de 289,5 milliards de F en 2013 tandis que le service effectif de la dette extérieure se chiffrait à 107,6 milliards de F. Les paiements au titre de la dette intérieure sont passés de 240 milliards en 2012 à 181,9 milliards en 2013, soit une baisse de 58,1 milliards (-24,2%), note le Minfi.

Pour que le Cameroun atteigne un taux de croissance de 5,5% en 2013 (revu car étant initialement défini à 4,8%), le ministère des Finances explique qu’il a fallu compter sur plusieurs facteurs : la hausse de 8,5% de la production des hydrocarbures, due à la montée en production de certains gisements de pétrole et à une production plus significative de gaz naturel ; la reprise de l’agriculture industrielle et d’exportation, l’accélération de l’activité dans les bâtiments et travaux publics du fait du démarrage ou de la poursuite de certains grands projets structurants ; Un taux d’inflation estimé à 2,1% contre 2,4% en 2012.


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