Cameroun – alternance : Paul Biya renforce le brouillard

En 40 ans de pouvoir (le 6 novembre 2022) sans partage, le PRC semble n’avoir rien perdu de ses traits politiques les plus commentés : impitoyable et imprévisible.

Il affiche rarement ses cartes, même lorsque tout le monde ou presque, le croit profondément éreinter par le poids de l’âge (89 ans) et usé par la longévité. En fauve politique rompu, « l’homme lion » dévore froidement ses proies dans un silence énigmatique, à la fois troublant pour ses adversaires et faussement rassurant pour les ambitieux qui l’entourent. En homme d’Etat expérimenté, le lecteur et grand admirateur de Winston Churchill s’arroge la maîtrise du temps, faisant de lui le maître des horloges, celui qui tient d’une main de fer les clés de l’alternance dans un pays où la peur des lendemains chaotiques côtoie insidieusement les envies d’un changement démocratique et pacifique.

Le chef de l’Etat en a certainement conscience, mais le natif de Mvomékaa dans le Sud Cameroun s’amuse avec la météo, brouillant quasiment toutes les pistes, aussi évidentes en apparence que fantasques, quitte à décevoir la galaxie des thuriféraires qui rêvent du pouvoir sur un tapis de velours. Evocation de trois indices récents.

 *Franck Biya, renvoyé aux vestiaires*

Le fils aîné du président à qui l’on ne connait aucun rôle officiel dans le dispositif étatique n’apparaît plus sur la pelouse médiatique des dauphins putatifs, lui dont les ambitions non déclarées semblaient gagner du terrain à travers le très controversé Mouvement citoyen des franckistes pour la paix et l’unité (Mcfp). Une organisation créée par les soutiens du conseiller officieux du chef de l’Etat, avec des objectifs clairs : préparer l’opinion à l’accepter comme successeur de Paul BIYA à la tête du Cameroun. Si le mouvement n’a pas été officiellement dissous, ses activités sont en berne depuis l’interdiction des effigies à la gloire de Franck Biya lors de la visite officielle du président français au Cameroun en juillet 2022.

Les instructions contre la campagne des frankistes sont venues tout droit de la présidence, preuve que Paul Biya aurait peu goûté à ce que la société civile et l’opposition considéraient comme un ballon d’essai, redoutant ainsi l’hypothèse d’un scénario de succession dynastique et héréditaire à la Bongo, Eyadema, Deby, ou dans une certaine mesure Obiang Nguema et Sasou Nguesso, dont les fils sont d’ores et déjà positionnés au cœur du pouvoir et prêts à prendre les commandes.

 Ferdinand Ngoh Ngoh, la désillusion ?

De tous les ambitieux de l’ombre supposés ou réels, le cas de l’actuel Secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr) embarrasse le plus. Réputé proche de la première dame Chantal Biya, le natif de Minta dans la Haute-Sanaga étonne par sa longévité au poste qu’il occupe depuis le 9 décembre 2011 et détonne par son influence quasi-excessive. De nombreux membres du gouvernement, dont certains doivent leur ascension au Sgpr selon des indiscrétions, lui vouent une allégeance intrigante, au détriment du Premier ministre et chef du gouvernement, supposé être leur hiérarchie dans l’ordre protocolaire.

Mais depuis le regain de souveraineté recouvré par le prince, le tout puissant Sgpr se fait plus discret et atone dans l’exercice de ses fonctions, tout comme cette formule frénétique jamais rendue autant célèbre sous le renouveau : «sur Très Hautes instructions du Chef de l’Etat». Au plan judiciaire, le «vice-dieu» traverse une zone de turbulence, empêtré dans la gestion des fonds dédiés à la gestion du Covid 19, dans le cadre d’une enquête validée par le président de la République lui-même. La rumeur sur son audition imminente et physique au Tribunal criminel spécial est sur toutes les lèvres à Yaoundé, et celui qui s’était taillé une réputation de présidentiable au sein de l’opinion serait plus que jamais sur la sellette, comme ses prédécesseurs au destin tragique.

Retour progressif des manifestations du Mrc* 

A côté des deux figures dont la situation témoigne d’une volonté récente et réaffirmée de Paul Biya d’entretenir le suspense de l’alternance jusqu’au bout, se trouve un troisième indice non négligeable. A savoir le retour progressif des manifestations publiques du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc). Une détente politique louable, car l’interdiction et la répression systématique des réunions et manifestations de l’opposition apparaissent comme une stratégie anti-démocratique savamment huilée par le système pour museler les adversaires politiques les plus redoutables et baliser sans encombre le chemin d’une passation illégitime du pouvoir.

Le président aurait-il ordonné cette détente qui revitalise le jeu démocratique ? Difficile à savoir mais il va sans dire selon toute vraisemblance que cette nouvelle dynamique ne plait pas beaucoup aux apparatchiks et adeptes du statu quo, si l’on en juge par la multiplicité des tracasseries pas toujours fondées de l’administration pour décourager les organisateurs et manifestants de l’opposition. Un contraste saisissant avec le vœu de l’homme du 6 novembre 1982 qui voudrait qu’on garde de lui l’image de celui qui a apporté la démocratie et la prospérité au Cameroun.

 

Fécafoot-MTN Cameroon, le partenariat se renforce

L’entreprise de téléphonie mobile Mtn Cameroon a rassuré le président de la Fécafoot de la continuité du partenariat.

La rencontre au siège de l’entreprise de téléphonie mobile entre le DG de Mtn Cameroon et le président de le Fécafoot visait ce samedi 4 juin 2022 à renouveler le partenariat entre les deux institutions. Cette rencontre au sommet va permettre de maintenir le partenariat pour la saison sportive prochaine 2022-2023 comme l’avait promis le PDG du Groupe MTn au sortir de la Can Total Énergies 2022. Simplement qu’avec la crédibilité et la notoriété d’Eto’o la cagnotte sera revue à la hausse, avec une implication plus étendue, plus visible et plus dynamique de MTN.

Le sponsoring 2021-2022 des championnats Elite one et Elite two avaient déjà été signé sous Seidou Mbombo Njoya. Apres l’élection d’Eto’o, Mtn était allé rassurer le nouveau président que ce n’était pas une question de personne, mais une action citoyenne d’accompagner le développement du football professionnel au Cameroun dans laquelle cette entreprise de télécommunications est engagée depuis près de 20 ans avec la Fecafoot.

Cette convention d’une durée de deux ans et d’un montant global de 900 millions de Fcfa, «porte sur le sponsoring des compétitions nationales : Championnat de Première division, Interpoules, football des jeunes et sur l’implication de Mtn aux côtés de la Fécafoot dans la réalisation d’infrastructures sportives ».