Fecafoot: vers un duel Atah Robert – Tombi à Roko

Le comité de normalisation a retenu les listes des deux candidats pour l’élection fédérale du 25 février prochain. Les listes de Joseph Antoine Bell, Jules Nyongha, et autres rejetées.

Le suspense est levé. Il y aura deux candidats à la présidence de la Fédération camerounaise (Fecafoot). Après le délai supplémentaire accordé par la Fifa pour permettre aux postulants de compléter leur dossier, la commission électorale de la Fecafoot s’est réunie ce mardi. Outre Tombi A Roko, elle a déclaré éligible la candidature de Robert Atah. « Au final, deux listes sont en présence : la liste de Monsieur Tombi à Roko, et celle de monsieur Atah qui ont rempli toutes les conditions ; je dis bien toutes les conditions », a annoncé Joseph Owona, le président du Comité de normalisation au cours d’une réunion avec ses pairs au siège de la Fecafoot à Tsinga.

Par ailleurs, le communiqué de la commission électorale de la Fecafoot indique que Joseph-Antoine Bell, Brigitte Mebande, Jules Frédéric Nyongha et Robert Penne ont encore été recalés car leurs listes ont été jugées incomplètes ou ils n’ont pas été en mesure de fournir les preuves du soutien des représentants qui les composaient. En rappel, pour avoir un dossier valide : il faut entre autres disposer au minimum de huit lettres de parrainages des membres des Ligues, avoir une liste d’au moins 17 représentants et comprenant un délégué de l’Assemblée général et le versement de 2 millions de francs CFA de caution. L’élection pour la présidence de la Fecafoot doit avoir lieu avant le 28 février, elle mettra un terme aux fonctions du Comité de normalisation en place depuis juillet 2013.

Les quatre autres recalés ne s’étant pas pliés aux exigences de la commission électorale pour se faire repêcher. « Nous avons des candidats qui n’ont ni les conditions de parrainage, ni même les conditions très simples, comme produire des copies d’identité certifiées par des autorités compétentes ; des candidats qui ne produisent même pas leur B3, le bulletin de casier judiciaire. Il n’appartient pas quand même au Comité de produire leur B3 », a révélé Joseph Owona.

Il était initialement reproché à Atah Robert, comme à Joseph Antoine Bell, Brigitte Mebande, Robert Penne et Jules Nyongha, le déficit de parrainage dans leurs dossiers. Les cinq candidats avaient alors bénéficié d’un délai supplémentaire pour compléter leurs dossiers au lendemain de l’annulation de l’élection du 29 novembre 2014 et d’une nouvelle prorogation du bail du Comité de normalisation. Lequel délai a expiré jeudi dernier avec un seul dossier complété, celui de Robert Atah.


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Robert P Jackson: «Le Partenariat entre les Etats-Unis et le Cameroun est fort»

L’ambassadeur américain dans une interview exclusive, est revenu sur les relations économiques et la vision politique que son pays a du Cameroun

En Afrique et au Cameroun aussi, plusieurs personnes avaient eu l’impression que les choses devaient radicalement changer avec l’élection du président Obama, notamment en termes d’aide à l’Afrique. Pourtant c’est seulement à la quatrième année de son mandat qu’il a lancé son programme pour l’Afrique, le Doing Business In Africa. Qu’est-ce que le Doing Business in Africa et que peut espérer le Cameroun de cette initiative commerciale et économique?
Le Doing Business in Africa est un programme qui est en pleine évolution. Nous sommes en train de mettre en place toutes les composantes qui devraient permettre de le déployer. Ce qui est déjà acquis, c’est qu’on va le construire sur la base de l’AGOA, on va renforcer les efforts déjà fournies par nos institutions dans le sens de la promotion des échanges entre l’Afrique et les Etats-Unis. Pour être déjà plus concret, il a été créé à Johannesburg un centre d’énergie propre. On envisage aussi de mener cette année une série de séminaires de travail avec des hommes d’affaires et les ambassadeurs américains d’Afrique, afin de s’assurer que ces hommes d’affaires ont une bonne appréciation des marchés et des opportunités offertes. Nous croyons que les trois volets du Doing Business in Africa à savoir les finances, l’apport de la classe des affaires et les séminaires sont opportuns. Pour le Cameroun, j’ai invité le directeur du centre pour les énergies propres à venir pour une visite de travail au courant de cette année 2013. Il a marqué son accord. Il y a deux aspects importants pour le Cameroun, le fonds pour l’énergie propre et l’accès à la technologie de l’énergie solaire. L’Amérique est déjà présente avec deux entreprises qui vendent des lampes solaires de fabrication américaine et je pense que cela peut aider les populations qui n’ont pas accès à l’électricité, d’avoir une source de lumière renouvelable.

On parle d’énergie et de solaire, ce sont des investissements lourds. Si on ramène le Doing Business in Africa au niveau des entreprises camerounaises, que peuvent-elles attendre de cette initiative, et comment peuvent elles y être éligibles?
Nous voulons créer des partenariats entre les hommes d’affaires et les entreprises. L’an dernier le nombre de sociétés membres de la chambre de commerce américaine à Douala a doublé. On y retrouve des entreprises américaines, des joint-ventures camerouno-américaines et aussi des entreprises camerounaises. Pour ma part, avec les organisations intermédiaires comme le GICAM ou encore ECAM, il s’agira de bâtir autour d’eux des partenariats. Je reste convaincu que les deux espaces économiques peuvent s’offrir mutuellement des produits intéressants. Nous avons vu dernièrement des grands succès dans le domaine agricole, des exportations vers les Etats-Unis. L’entreprise La Maraîchère vient d’avoir son deuxième plus gros contrat pour exporter des denrées aux Etats-Unis. Je viens aussi de voir des chiffres du commerce de l’année dernière (2012), le volume des exportations américaines vers le Cameroun jusqu’à la fin novembre était supérieur à toute l’année 2011 et de loin supérieur à celui de 2010. Les exportations camerounaises ont gardé un bon rythme et restent supérieures à 2010. Le défi pour nous est de nous assurer que les hommes et les femmes d’affaires des deux pays, possèdent des informations et un cadre pour renforcer les échanges. Ce n’est pas au gouvernement d’organiser le commerce et les investissements. Mais nous pouvons indiquer les opportunités qui existent pour ceux qui sont intéressés. A cet effet d’ailleurs, j’annonce que notre site web sera plus riche en 2013. Sur le site nous avons aussi mis des exemples d’investissements américains au Cameroun comme CRELICAM.

Parlons justement de CRELICAM. En tant qu’ambassadeur, qu’est-ce qui vous procure le plus de fierté dans cette compagnie, le fait qu’elle assure bien l’expansion américaine ou alors le fait qu’elle veut développer le Cameroun avec le commerce?
Je suis fier pour les deux raisons. Évidement je crois que leur investissement aura été une bonne chose pour le Cameroun et les États-Unis. Savoir que dans le monde on peut désormais retrouver des guitares de hautes gammes fabriquées à 75% avec de la ressource (humaine, matérielle) camerounaise doit être un motif de fierté supplémentaire. D’un autre côté, cette entreprise respecte toute la réglementation qui tourne autour du bois et de la gestion des entreprises au Cameroun, preuve qu’on peut y faire des affaires. Personnellement, je comprends que les entreprises doivent faire face à de nombreux défis et que cela reste difficile d’aller au-delà d’un certain salaire vu les exigences de rentabilité. Mais il faudra s’attaquer à la question du salaire minimum au Cameroun car on peut relever qu’il est l’un des plus bas de la zone d’Afrique centrale.

Revenons au Doing Business, de nombreux commentateurs estiment que l’Amérique réagit face à la progression d’autres partenariats au Cameroun, notamment, les chinois, les turcs, les japonais, les coréens. Quel est votre avis?
Je ne crois pas que ce soit une réaction. Vous vous rappellerez qu’au mois de juin 2012 lors du dernier sommet de l’AGOA à Washington, le président Obama a annoncé de nouvelles initiatives pour l’Afrique. Il y a quatre volets : Promouvoir la démocratie, les droits humains et la bonne gouvernance ; promouvoir l’investissement et le commerce ; promouvoir la paix et la sécurité et enfin promouvoir le développement. Pour ma part, le deuxième et le quatrième volet sont les signes de notre détermination à rester impliqués et compétitifs en Afrique. C’est vrai que de nombreux autres pays ont fait des avancées au Cameroun et ailleurs en Afrique. Cependant, nos offres sont capables de tenir la concurrence. Lorsque nous parlons du transfert de technologie, nos entreprises utilisent suffisamment la main d’ uvre locale. A CRELICAM par exemple, l’essentiel du travail est assuré par des camerounais. C’est vrai qu’il y a des experts américains ou mexicains. Vous conviendrez que des pays comme la Chine par exemple, utilisent leur propre main d’ uvre, dans les projets réalisés au Cameroun, les Turcs je crois sont plus équilibrés et font du 50/50. Le fait que nous soyons prêts à faire ce transfert des technologies est un atout à mon avis.

L’aspect sécuritaire représente le troisième volet de la nouvelle politique africaine d’Obama, on a vu l’Amérique active dans la protection des parcs animaliers au Cameroun à Bouba Ndjida, il y a les man uvres conjointes avec les armées camerounaises, le renforcement des capacités pour la sécurité aérienne. Que vaut cet intérêt sécuritaire de l’Amérique au Cameroun?
L’Amérique s’est fixé pour objectif de travailler sur les aspects sécuritaires partout en Afrique et dans le monde. Investir dans la sécurité ici au Cameroun, c’est avant tout investir dans notre propre sécurité. Il faut se rappeler que la personne qui avait récemment voulu détruire un avion à Detroit venait du Nigéria. Évidement tous les nigérians ne sont pas terroristes. Il faut anticiper sur les problèmes et être prudent. Le fait de renforcer la sécurité au Cameroun fait partie de notre politique sécuritaire globale en Afrique. L’un des trois exercices que nous faisons est régional et se fait conjointement avec l’OTAN. Notre objectif est de faire en sorte que les pirates, les braconniers et les terroristes, se retrouvent en face de notre méthode de riposte partout où ils se trouvent.

Robert P Jackson, Ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun
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Monsieur Obama a prêté serment pour un deuxième mandat. Il y a quatre ans c’était une surprise qu’une personne non blanche soit élue à la présidence américaine et aujourd’hui il est réélu. Comment les américains vivent-ils cette situation?
Je pense pour ma part que c’est normal. Notre démocratie comme toutes les autres est au c ur d’un travail permanent. Plusieurs personnes ont parié sur le fait qu’en raison de la situation économique, le président Obama ne serait pas réélu. Mais il a su mettre autour de lui une équipe solide qui est allée chercher des voix, avec toutes les techniques qu’offrent aujourd’hui les technologies de l’information et les médias sociaux. Il a offert un message que des électeurs ont apprécié et on lui a fait confiance de nouveau. Dans son discours d’investiture il a été clair sur sa vision en mettant l’accent sur l’égalité et la sécurité sociale. Il veut un développement plus inclusif de la société américaine. Avec la crise, la situation de la classe moyenne s’est dégradée et nous devrons faire face à cette réalité. Je crois qu’on voit un président qui veut remédier à cette situation. Mais on garde à l’esprit que les projets sociaux seront réajustés et qu’il faudra faire attention au déficit public.

Avec tous ces problèmes auxquels il doit faire face dans son pays, l’Afrique francophone attend toujours de voir le président Obama dans un de ses pays. Est-ce qu’ils ont des raisons d’espérer, est-ce que le président Obama peut être un jour l’invité des camerounais et du Cameroun?
On peut garder cet espoir. Mais pour être précis sur cette question, je dois dire que le président Obama n’a fait que deux voyage en Afrique et c’était durant les six premiers mois de son mandat. Je crois que l’initiative peut se renouveler en Afrique francophone mais aussi en Afrique lusophone ou anglophone. Je suis convaincu de cette visite parce que j’ai évoqué le sujet avec lui directement. Il a dit qu’il va revenir en Afrique pour voir comment les efforts déployés sur le terrain ont avancé. Pour l’heure, aucun voyage n’est en préparation à ma connaissance mais l’analyse que je viens de faire et le fait que l’Afrique reste une préoccupation sur plusieurs domaines sont des indicateurs qu’il pourrait bientôt revenir et peut-être plus qu’une fois.

Cette année le Cameroun doit faire face au défi de nouvelles élections. Vous vous êtes impliqué en invitant les gens à s’inscrire sur les listes électorales parce que vous croyez que c’est comme cela qu’on peut changer les choses. Quelle appréciation faites-vous du niveau des inscriptions aujourd’hui au Cameroun?
J’étais à ELECAM ce matin (jeudi 24 janvier). J’y suis allé pour encourager ses efforts dans le sens d’avoir plus de personnes inscrites. A cette occasion j’ai dit publiquement que j’applaudis les efforts D’ELECAM (organe en charge de l’organisation des élections au Cameroun), et les initiatives qu’elle prend pour augmenter les inscriptions. Pour qu’une démocratie fonctionne les gens doivent s’impliquer. S’ils choisissent de ne pas voter c’est une chose. Mais on ne peut pas décider de perdre cette possibilité de choisir qui est un droit, en restant en marge du processus démocratique ou alors on n’a pas à se plaindre du résultat des élections. Je comprends qu’il y a beaucoup de partis politiques au Cameroun et que si on regarde l’histoire peut-être c’est compréhensible. Mais il y a une chose qui est claire en démocratie, le changement doit se faire par les urnes. Si les gens sont contents de la situation ou s’ils sont mécontents c’est à eux de le faire savoir. Pour ma part, le lieu idéal est dans un bureau de vote.

On va parler du Corps de la Paix (Peace Corps) dont vous avez célébré le cinquantenaire de leur présence au Cameroun. Quels commentaires?
Je suis très fier de ce corps des volontaires. Dans les situations les plus difficiles, ils font des efforts aux côtés des populations pour améliorer leurs conditions de vie. A travers l’agriculture, le renforcement des PME, l’éducation, l’informatique, la protection de l’environnement, l’amélioration de la santé. Lorsque je discute avec beaucoup de ministres ils reconnaissent avoir eu pour professeur un volontaire du Corps de la Paix et en cela le Cameroun doit aussi être fier d’eux. Mais le programme au fil du temps s’est adapté aux besoins actuels : La langue anglaise, mais aussi l’agriculture, la santé, l’entreprise et l’environnement sont la priorité aujourd’hui. Ce sont des défis qu’on aborde dans le même temps. J’aimerais noter que nous avons fait plusieurs sondages avec les populations où se trouvent les volontaires et de nombreuses personnes affirment à 80% ou plus, que le travail des volontaires a eu un impact sur leur vie quotidienne.

Nous sommes en 2013, quelles sont les priorités de l’Amérique pour le Cameroun?
Nos priorités restent inchangées, mais j’aimerais citer quelques exemples. On va poursuivre avec les actions sécuritaires, cela va continuer mais avec un rythme plus souple au mois de mars. Le mois prochain on va lancer notre programme de denrées pour l’éducation avec plus de 150 écoles. L’idée est de faire de l’école un centre plaisant pour les enfants, en leur offrant un déjeuner à l’école. On leur donnera aussi de la nourriture pour qu’ils rentrent avec chez eux, et on espère que cela encouragera les parents à voir le côté pratique qu’il y a à envoyer les enfants à l’école. L’expérience dans la région du nord-ouest a été fantastique, et je reste convaincu que le nord tiendra des promesses. La santé aura aussi une place importante avec un budget de 15 milliards de FCFA. On cible principalement le SIDA surtout la prévention de la transmission de la mère à l’enfant. Mais il y aura aussi le paludisme. Je suis heureux de l’impact de notre contribution dans la lutte contre le choléra et on va renouveler les expériences. En matière d’environnement, nous sommes heureux de l’implication du BIR dans la protection des parcs aux frontières avec le Tchad et la RCA. Je les encourage à y rester. Mais nous devons et allons renforcer nos efforts pour lutter contre le braconnage. Nous devons nous impliquer tous à la sécurité du Cameroun. Pour la démocratie et la gouvernance, nous allons observer le déroulement des inscriptions sur les listes électorales. En matière de gouvernance, je salue la création du Tribunal Criminel spécial. Mais il faut s’impliquer davantage et emmener les camerounais à dire non aux pots de vins.

Un dernier mot pour nos lecteurs?
Je voudrais souligner que contrairement à ce qu’on peut croire, le partenariat entre le Cameroun et les États-Unis est très fort. Chaque année depuis mon arrivée, nous avons augmenté notre assistance au pays d’une façon importante et en 2013, on prévoit une enveloppe de plus de 60 millions de dollars. Nous croyons que c’est un bon investissement. Les exemples de sociétés comme CRELICAM et d’autres, initiatives américaines sont moins connues. Je reçois des invitations tous les jours de certaines ONG américaines qui travaillent dans le domaine de la santé ou de l’agriculture. Je reviens d’un voyage à Bamendjou ou une organisation a mis en place un mécanisme de potabilisation de 20.000 litres d’eau pour les populations. Je souhaite que vos lecteurs comprennent aussi que les partenariats de gouvernement à gouvernement sont bien, mais de nombreux partenariats peuvent se développer entre les personnes et les organisations dans les deux pays de manière pertinente.

Robert P Jackson et Idriss Linge, lors de l’interview
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« Après l’avoir chassé de Genève, le CODE et le CCD préviennent Paul Biya »

Pour le Code et le Ccd Brice Nitcheu Moïse Essoh, Robert Waffo Wanto

Au terme de l’ultimatum qui avait été adressé le 10 janvier au dictateur Paul Barthélemy Biya en villégiature à l’hôtel Intercontinental de Genève, l’enjoignant de retourner au Cameroun dans les 10 jours, le CODE et le CCD ont pris acte du retour de ce dernier au Cameroun. Ce retour en catastrophe s’est fait après une Action Citoyenne opérée dans l’enceinte de cet hôtel par un commando conjoint CODE-CCD le 19 janvier en guise de mise en garde au vieux despote. LE CODE et le CCD notent cependant qu’après ce retour du dictateur au Cameroun, au lieu de s’occuper de la misère qui minent la vie des Camerounais au quotidien à cause de ses 30 ans de gabegie et de jouissance, en particulier les problèmes d’eau potable qui sévissent jusque dans son propre palais, l’absence de soins élémentaires, les conditions des étudiants, l’insécurité à Yaoundé avec de jeunes filles qui sont violées et tuées tous les jours sous son nez, la libération des prisonniers politiques, etc., M. Biya va se rendre à Paris pour une soit disant « visite de travail » qu’il a arrachée à coup de centaines de millions, voire de milliards de CFA versés aux lobbies de communication qui écument quotidiennement le Palais d’Etoudi.

Le CODE et le CCD estiment que cette « visite de travail » à Paris qui ne va rien changer à la vie des Camerounais, comme toutes les autres « visites de travail » avant celle-ci, est un prétexte fallacieux pour poursuivre sa villégiature écourtée à Genève le 21 janvier, et décident par conséquent de déclencher l’Alerte Rouge. Le CODE et le CCD appellent donc tous les patriotes camerounais à converger vers Paris pour accueillir le dictateur Paul Biya comme il le mérite. Le CODE et le CCD dénoncent l’instrumentalisation de la misère dans laquelle le régime RDPC a plongé les familles au Cameroun. Une instrumentalisation qu’il essaye tant bien que mal d’exporter au sein de la diaspora camerounaise en transformant certains de ses membres en « supporters » alimentaires. Ces « supporters » que le RDPC s’apprête à acheminer par charters pour aller danser devant le dictateur avant de se bagarrer entre eux pour le partage des miettes «qu’on a donné » et qui ne représentent qu’une infime partie des fonds pillés dans les caisses publiques.

Le CODE et le CCD préviennent Mr Paul Biya et ses courtisans du RDPC qui s’agitent dans l’ombre, qu’ils trouveront face à eux, à Paris, des Patriotes déterminés qui se réservent le droit d’user de tous les moyens légitimes pour leur faire comprendre une fois pour toute que 30 ans de gabegie, de corruption, de détournements de fonds, de mascarades électorales, de crimes et de massacres, comme ceux de février 2008, et de souffrances de toute sorte, CA SUFFIT ! Nous prévenons tous ces griots de service que les membres du CODE et du CCD ne se laisseront intimider par personne, y compris par les policiers en poste à l’ambassade du Cameroun à Paris, qui ont lancé des menaces à peine voilées au cours des réunions récentes du RDPC, nous traitant de « terroristes » et nous promettant une « réponse appropriée ». Dans cette optique, nous neutraliserons immédiatement toutes les taupes qui s’infiltreront dans nos rangs pour commettre des forfaits pendant ce coûteux séjour parisien du despote Paul Biya.

Le CODE et le CCD attirent l’attention de François Hollande sur l’instrumentalisation que le dictateur Paul Biya et ses communicants feront de sa rencontre avec lui, pour tenter de prolonger son règne calamiteux, et par conséquent, le martyr du peuple camerounais. Enfin, Le CODE et le CCD réaffirment leur détermination à mettre fin à la confiscation du pouvoir par le dictateur d’Etoudi et son régime, pour tous les moyens légitimes.


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Robert P. Jackson: « Le Changement passe par une société civile pertinente »

C’est en substance le message que l’ambassadeur américain au Cameroun a souhaité donner aux acteurs de la société civile, relativement aux prochaines élections

Le Cameroun pays d’opportunités
La revue Jeune Afrique a présenté le Cameroun comme étant un géant régional. Il existe partout des preuves que le Cameroun a le potentiel pouvant lui permettre d’arborer fièrement ce qualificatif audacieux : le pays affiche un PIB qui dépasse celui de tous les autres pays de la sous-région ; il bénéficie de plus en plus d’investissements directs étrangers ; d’avantage de voies de transport et de communication le liant à ses voisins ; il a connu une croissance régulière, une inflation modérée et un héritage de paix et de stabilité. Il n’y a pas de doute que cette économie soit porteuse d’espoir. Je félicite le gouvernement pour les projets structurants mis en route, ainsi que pour l’adoption d’une stratégie ambitieuse qui, bien mise en uvre, permettrait au Cameroun de retrouver sa juste place, c’est-à-dire, dans le concert des nations à revenu intermédiaire qui sont en voie d’industrialisation. Ce pays dispose des ingrédients nécessaires pour réussir dans l’économie mondiale et réaliser son plein potentiel. Pour ma part, j’ai bon espoir que je verrai ce jour. Réaliser cet objectif n’est pas seulement une question de transformation économique ; cela implique des modifications des modes de pensée traditionnels, de conduite des affaires et de gouvernance. Les pouvoirs publics, tous seuls, ne peuvent pas relever ces défis. Ils interpellent tous les citoyens. Pour devenir un pays à revenu intermédiaire à l’horizon 2035, c’est aujourd’hui que le Cameroun doit tracer sa voie. Il ne saurait attendre l’échéance de 2035 pour agir ; il ne saurait attendre la croissance économique pour mettre en uvre les réformes, la croissance étant impossible sans les réformes. Economistes, sociologues, politologues et autres spécialistes entretiennent une vive polémique quant aux questions de savoir si le développement économique doit précéder la réforme politique ; si la véritable réforme politique doit intervenir d’abord ; ou si le meilleur modèle consiste à s’assurer que les réformes économiques et politiques sont mises en uvre simultanément. Nombre de pays du monde ont prouvé que de nombreux modèles peuvent fonctionner, mais pour ma part, je reste convaincu que dans la réalité, les réformes politiques et les réformes économiques doivent, à la fois, être effectives pour pouvoir s’inscrire dans la durée. Permettez-moi de partager avec vous une étude de cas que je connais bien. Elle est fondée sur l’expérience de mon propre pays, les Etats-Unis.

L’exemple des Etats-Unis
Je suis né dans l’Etat méridional du Tennessee dans les années 1950. Cette décennie a marqué le début d’un mouvement pour l’égalité politique et sociale, mettant en scène des femmes et des hommes bien connus, à l’instar de Rosa Parks et de Martin Luther King, Jr., ainsi que des millions d’autres personnalités moins connues. Au cours des décennies subséquentes, les afro-américains ont réussi à faire valoir paisiblement leurs droits constitutionnels. Aujourd’hui, en dépit des nombreux défis auxquels les États-Unis font face, je me réjouis d’avoir comme président un afro-américain, qui ne se distance de son héritage africain que d’une génération.
Nous sommes venus de loin, et cela n’a pas été facile. Plusieurs décennies se sont écoulées depuis lors. Et pourtant, nous avons encore du chemin à parcourir. Incontestablement, la démocratie est un processus, un processus qui dépend moins de l’écoulement du temps que de la volonté d’un peuple, celle des gens comme vous. Il a fallu prendre des décisions difficiles, qui parfois n’ont pas bénéficié du soutien de la majorité. Nous avons enregistré une transformation massive et une forte croissance, mais les attitudes ont changé, et avec elles les politiques. Les gens ont changé, et avec eux, le pays. À cet égard, et comme l’a déclaré la Secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, dans son discours au Cap le mois dernier, nous grandissons dans nos pays et avec nos pays. Parlant justement de Mme Clinton, il convient de noter que l’autre grand changement enregistré au cours des 60 dernières années a concerné le rôle des femmes. Les femmes américaines sont dotées d’un pouvoir politique et d’un pouvoir économique ; et pourtant, aujourd’hui encore, aux États-Unis, les femmes gagnent en moyenne moins que les hommes ; en conséquence, nous avons encore du pain sur la planche, et les personnes handicapées, les Amérindiens et d’autres groupes sociaux demeurent confrontés à des défis. Cela étant, tous les Américains ont aujourd’hui accès aux possibilités économiques et bénéficient des retombées de la croissance qui a caractérisé une bonne partie des 60 dernières années.

Comment cela peut-il s’appliquer au Cameroun?
Fort heureusement, le Cameroun n’a pas un problème de droits civiques comme celui que nous avions aux États-Unis. Je vous encourage néanmoins à réfléchir aux réformes que votre pays doit mettre en uvre dans la poursuite de son développement. Je vous exhorte aussi à voir comment vous pouvez contribuer à promouvoir l’égalité des sexes, ainsi que l’intégration des femmes et des jeunes à la vie politique et économique du Cameroun. Votre crédibilité en tant que leaders de la société civile est tributaire de votre disposition à respecter et faire respecter les idéaux démocratiques. Elle dépend aussi de votre engagement envers l’équité. Vous êtes des acteurs civiques et non des politiciens. Votre travail consiste à aider les autres à retrouver le chemin vers un Cameroun plus fort, un Cameroun qui offre des possibilités à tous ses citoyens. La stratégie américaine à l’égard de l’Afrique repose sur quatre piliers : renforcer les institutions démocratiques ; stimuler la croissance économique, le commerce et l’investissement ; uvrer pour la paix et la sécurité ; et promouvoir l’égalité des chances et le développement. Si la règle de droit n’est pas respectée de façon durable, aucun de ces piliers ne peut, ou ne pourra avoir une traduction concrète. Aucun de nos efforts au Cameroun ou dans tout autre pays africain ne pourra porter durablement des fruits si les citoyens de ce pays ne font pas preuve d’un effort soutenu visant à renforcer les systèmes juridiques et électoraux en vigueur afin d’en renforcer l’autonomie et partant, la crédibilité. Je vous encourage, en tant que membres de la société civile, à connaître vos lois et votre code électoral. Une justice équitable et efficace et des élections justes et transparentes constituent les meilleurs outils pour combattre la corruption, renforcer les institutions et préserver la paix. Elles servent de main invisible et de moyen d’incitation sociale nécessaires pour réguler les comportements. Une paix fondée sur la règle de droit et des élections justes est une paix durable et soutenable. Parce que c’est la loi du peuple, par le peuple et pour le peuple. Dans mon pays, que la ségrégation eut été légale ou illégale, autorisée ou non, elle ne fut jamais moralement légitime. Thomas Jefferson, l’auteur de la Déclaration d’Indépendance de Etats-Unis, notre premier secrétaire d’État et notre troisième Président, résuma la situation en ces termes, « Les intérêts d’une nation, quand ils sont bien compris, coïncident avec les devoirs moraux de son peuple. »

La primauté du droit
Au cours de cette dernière année, l’état de droit au niveau du Cameroun a retenu toute l’attention du public. L’Opération Epervier, cette campagne de lutte contre la corruption, a connu un nouvel élan. Des procès équitables, rapides et transparents sont essentiels à la réussite de tout effort de lutte contre la corruption. Les États-Unis soutiennent fermement la lutte contre la corruption ; en fait, nous attendons avec impatience la promulgation d’une loi anti-corruption et la mise en uvre de l’article 66 de la Constitution sur la déclaration des biens. Nous pensons que les prochaines élections législatives et municipales offrent une excellente occasion de rendre la déclaration des biens effective. Les droits humains, l’état de droit et la démocratie ne constituent pas une religion. La démocratie est un système de gouvernance. Ce n’est ni une unanimité de pensée, ni une unanimité de croyance ; c’est une expression de la diversité. Pour protéger toute démocratie, le peuple doit avoir le droit de s’exprimer et de se réunir librement, notamment quand il souhaite partager d’autres idées ou points de vue. Réagissant au point de vue du philosophe français Voltaire, l’écrivain anglais, Evelyn Beatrice Hall déclara : «Je désapprouve ce que vous dites, mais je défendrai jusqu’à la mort votre droit de le dire. » En d’autres termes, la liberté d’expression ne doit pas être subordonnée à la teneur du discours. Le débat politique et les idées contradictoires sont inhérents à la santé même d’une démocratie. Cela peut aller à l’encontre de ce que beaucoup d’hommes politiques à travers le monde souhaiteraient – à savoir, l’absence d’une opposition. Pourtant, sans des solutions de rechange en politique, il n’y a ni obligation de rendre des comptes, ni possibilité d’opérer des choix. Un pays est constitué de la somme de tous ses citoyens, de ses valeurs, de ses croyances, et de ses ressources naturelles. C’est le gouvernement qui représente le peuple et non le contraire.

Observation d’élections et réformes électorales
J’ai longuement parlé de la citoyenneté, mais il ne faut pas négliger l’autre objectif de cet atelier, à savoir : l’observation électorale. Les inscriptions biométriques sur les listes électorales vont bientôt commencer, ce qui constitue une avancée significative. J’exhorte tous les Camerounais ayant atteint l’âge requis à s’inscrire pour pouvoir voter afin de faire entendre leurs voix lors des prochaines élections législatives et municipales. Je continue de croire que des réformes supplémentaires rendraient ces élections davantage crédibles. Dans cette perspective, un certain nombre de questions méritent une attention particulière , à savoir : quota pour les candidats femmes ; circonscriptions à candidat unique, sur la base du principe « une personne, une voix » ; bulletin de vote unique ; publication des listes électorales sur internet afin de permettre à tous de dépister d’éventuelles erreurs ; distribution à temps des cartes d’électeurs ; prolongement de la durée de campagne ; abrogation de la clause ambiguë du code électoral unique, qui empêche « les agents des entités étrangères » de se porter candidats, identification des bureaux de vote de façon claire et bien à l’avance ; davantage de formation pour les agents et les scrutateurs électoraux ; sensibilisation supplémentaire des électeurs sur le processus même de vote ; accréditation de tous les observateurs par ELECAM ; utilisation d’encre indélébile, correctement appliquée et vérifiée ; réduction des bureaux de vote dans les zones urbaines et instauration de plus d’un isoloir par bureau de vote en vue d’une meilleure couverture par les responsables et les représentants des partis ; prise de dispositions complémentaires pour les électeurs handicapés physiques ; urnes correctement scellées ; fermeture des bureaux de vote une heure avant le coucher du soleil ; annonce et publication des décomptes de votes par bureau de vote ; et couverture médiatique équilibrée.
Qu’il y ait une autre réforme du cadre juridique avant les prochaines échéances électorales ou non, la société civile camerounaise doit pouvoir coordonner ses efforts afin de couvrir davantage de bureaux de vote, si elle veut véritablement uvrer pour des élections transparentes. A titre indicatif, un représentant de la société civile ne pourrait-il pas observer les élections dans deux bureaux de vote voisins ? Les différentes organisations impliquées dans l’observation des élections ne pourraient-elles pas s’entendre à l’avance par rapport aux bureaux de votes que les unes et les autres doivent couvrir, cela afin de maximiser la couverture générale ?

Conclusion
Excellences, Monsieur le Préfet, Mesdames et Messieurs, Le développement humain n’est pas seulement une question d’augmentation des revenus ménagers. Il concerne l’amélioration de la qualité de vie dans les ménages. C’est une question d’opportunités et de droits humains universels. Comme Robert F. Kennedy l’a également déclaré au Cap il y a près de 50 ans, un avenir idéal nécessite une nation qui respecte les droits humains universels, uvre pour la justice sociale, accélère le progrès, et libère tous ses citoyens afin qu’ils puissent donner libre cours à leurs talents. Si le développement économique peut être quantifié au moyen de la croissance du PIB, il reste tributaire des réformes économiques et politiques. Je vous félicite, vous et votre gouvernement, pour les changements ambitieux et le programme de croissance que vous entendez mettre en uvre. J’ai abordé ce matin certains sujets sensibles concernant notamment les droits humains, l’activisme civique et le respect de la primauté du droit. Je vous exhorte à construire un Cameroun plus fort, un Cameroun qui sait préserver ses atouts précieux, y compris la paix et la stabilité. Comme l’a déclaré le président Obama, nous avons besoin d’institutions fortes. Les Etats-Unis sont fiers de collaborer avec vous, et nous vous souhaitons un grand succès dans les partenariats que vous forgez les uns avec les autres.

Merci de votre aimable attention.

Robert P. Jackson, Ambassadeur des Etat Unis au Cameroun

Société civile et démocratie: Quelles leçons tirer du processus électoral au Cameroun?

Par Robert P. Jackson, ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun

La Mission des États-Unis
Avant de vous faire part de nos observations sur le scrutin, permettez que je prenne un moment pour partager certains points de vue concernant la démocratie et le rôle de la société civile au Cameroun. Pour commencer, je voudrais réagir à certaines accusations qui ont été faites à l’endroit de l’Ambassade des États-Unis en septembre et en octobre – à savoir, les insinuations selon lesquelles nos rencontres avec la société civile seraient une forme « d’ingérence » dans l’intention de déstabiliser le Cameroun. Je me permets de réagir à ces accusations aujourd’hui, non pas dans le but de défendre les activités de notre ambassade, qui sont menées ouvertement et qui sont bien connues des pouvoirs publics camerounais, mais pour donner quelques éclaircissements sur le bienfondé de l’appui que nous appontons à la société civile et sur les implications de notre vision de la démocratie.

Les articles et le contenu éditorial de la presse camerounaise m’ont paru inquiétants pour trois raisons. Tout d’abord, leurs implications sont erronées ; elles sont à la limite absurde. Ensuite, les journalistes ne devraient pas focaliser l’attention sur l’Ambassade des États-Unis (et lui consacrer tant d’espace dans les journaux) à un moment où les Camerounais doivent se concentrer sur leur propre processus politique et choisir leur futur président. Enfin, ces média ont véhiculé la fausse hypothèse selon laquelle la société civile serait une force politique ayant pour vocation de renverser le gouvernement, en coordination avec les partis d’opposition ou pour le compte de ces derniers.

Je me suis gardé jusqu’ici de réagir à ces accusations parce qu’en le faisant, j’aurais davantage détourné l’attention des Camerounais plutôt que de les laisser se concentrer sur le choix de quelqu’un qui mènera la nation pendant les sept prochaines années. Maintenant que les Camerounais se sont exprimés, je vous pose la question suivante : « Qu’est-ce qui rend une démocratie plus efficace qu’une autre? » Ce n’est pas nécessairement la qualité de la constitution ou du cadre juridique national, bien que ces éléments soient importants – et le Cameroun est doté d’une bonne Constitution et de bonnes lois. Ce n’est pas non plus la liberté pour les journalistes d’écrire et de publier tout ce qu’ils veulent, bien que la liberté de presse soit également essentielle. Ce qui rend une démocratie efficace, c’est la mesure dans laquelle le pouvoir appartient au peuple, puis que c’est la volonté du peuple qui détermine l’action gouvernementale.

L’hypothèse sous-jacente est que le peuple a une volonté qu’il tient à exprimer par les urnes – que le peuple est disposé à élire les dirigeants qui promettent de faire ce qu’il faut et à voter contre tous dirigeants qui ne font pas ce qu’il attend d’eux. Participant ainsi à la vie de la nation, les citoyens d’un pays renforcent la qualité de leur leadership et la solidité de leurs institutions, d’une élection à l’autre. C’est un processus graduel impulsé par les citoyens et non par des étrangers.

Les Etats-Unis d’Amérique et la République du Cameroun ont une relation officielle qui remonte à la création du premier consulat américain en 1957. Nos relations bilatérales, qui sont solides à ce jour, reposent sur des intérêts communs et le respect mutuel. Il y a de cela un an, j’ai présenté mes lettres de créance au président Paul Biya en tant que 17ème ambassadeur des Etats-Unis. Notre partenariat prospère depuis lors. Nous avons entrepris deux initiatives importantes cette année – l’une pour combattre le VIH / SIDA, avec un nouvel investissement de 25 millions de dollars, et l’autre pour le renforcement de la société civile. Je me suis toujours montré ouvert au sujet de ces deux initiatives.

Promotion de la démocratie
L’Ambassade des Etats-Unis fait-il montre d’ingérence dans les affaires intérieures du Cameroun ou d’autres pays par la promotion de la démocratie et le renforcement de la société civile? En tant qu’Américains, nous sommes convaincus qu’à mesure que le monde se démocratise dans son ensemble, le monde comme un ensemble prospère et se libère de l’emprise de la pauvreté, de la faim, de la maladie, de l’analphabétisme, de la haine, de la discrimination et de la guerre. La prémisse sous-jacente est que nous devons progresser en tandem plutôt qu’en rangs dispersés, et que les citoyens de chaque pays devraient jouir d’une égalité de chances et des mêmes libertés. Promouvoir la démocratie et la société civile à travers le monde n’est pas une forme d’ingérence . c’est tout simplement une façon de partager notre vision de ce que nous souhaitons pour tous les peuples du monde.

La démocratie ne saurait exister en théorie si elle n’existe pas dans la pratique. Elle ne saurait exister sur le papier si elle n’existe pas dans la rue. Comme je l’ai dit à maintes reprises, nous ne pouvons pas attendre que les conditions de la démocratie soient toutes réunies avant de commencer à exercer nos droits démocratiques. C’est en exerçant nos droits démocratiques que nous pouvons créer les conditions favorables à l’exercice de la démocratie.

Le rôle vital de la société civile
La société civile a un rôle important à jouer dans la démocratie en général et le processus électoral en particulier. Si les politiciens vont à la rencontre des électeurs dans le but de maximiser leurs résultats électoraux, les organisations de la société civile, elles, le font pour maximiser la participation électorale. C’est pourquoi l’Ambassade des États-Unis au Cameroun, et les ambassades des États-Unis dans le monde entier, tout comme les autres ambassades et Hauts commissariats ayant des vues similaires, uvrent si souvent au renforcement de la société civile et à la consolidation de la place de celle-ci dans la tribune publique.

La société civile a pour vocation de garder les populations éveillées par rapport à leurs responsabilités civiques. Elle a pour vocation de transformer des résidents en citoyens et des quartiers en communautés. La société civile peut agir comme un chien de garde pour amener les entités politiques à être responsables, et elle peut faciliter la participation et la sensibilisation des citoyens.

Toutefois, la société civile n’est pas l’opposition. Dans une démocratie pluraliste, le pays a certes besoin de la pluralité de partis politiques, mais la société civile n’en n’est pas un. La société civile doit tout simplement refléter l’ensemble de la société qu’elle cherche à représenter ; elle doit notamment être composée d’individus appartenant à toutes les sensibilités politiques. J’invite les organisations de la société civile ici présentes à observer les mêmes normes d’impartialité qu’elles attendent des pouvoirs publics, y compris ELECAM. Si la société civile contribue à faciliter le discours politique, elle ne saurait remplacer ce discours. La société civile contribue à rendre le changement démocratique possible, mais elle ne saurait se substituer à ce changement.

J’ai eu à le dire à maintes reprises depuis l’année dernière – publiquement et en privé – que la Mission des Etats-Unis travaillerait avec la société civile pour encourager la participation des Camerounais – notamment celle des femmes et des jeunes – à l’élection présidentielle. Au cours de l’année, j’ai invité les Camerounais à s’inscrire sur les listes électorales pour pouvoir voter le moment venu. Je me suis réjoui de l’élargissement du conseil d’ELECAM pour y inclure des membres de la société civile. Je me suis réjoui de la décision de réduire le frais d’établissement de la carte nationale d’identité pour finalement les supprimer totalement, dans le cadre des préparatifs de l’élection. Je me suis réjoui de l’adoption et de l’application de la loi consacrant le droit de vote des Camerounais de la Diaspora. Je me suis réjoui que l’élection ait eu lieu à temps. Je félicite les Camerounais pour avoir su préserver la paix le 9 octobre et en particulier ceux des Camerounais qui ont voté ou tenté de voter.

Certains m’ont dit avoir exprimé leur choix en s’abstenant de voter. C’est comme si l’on disait « j’ai protesté en refusant de protester », ou « Je me suis plaint en gardant le silence ». Si l’abstention véhiculer un certain message politique, elle renferme très peu de pouvoir politique. En fait, elle affaiblit le système démocratique même dans son ensemble. Soit vous votez pour un candidat, vous votez contre lui / elle, soit vous vous trompez. Si vous n’aimez aucun des candidats, devenez vous-mêmes candidat et chercher à convaincre vos amis, vos voisins et vos compatriotes afin qu’ils votent pour vous!

Lorsqu’on jette un regard sur cette élection, on se rend compte qu’au lieu de blâmer les pouvoirs publics, ELECAM, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), les autres partis politiques ou les acteurs internationaux pour les irrégularités constatées, le faible taux de participation et le manque de compréhension du processus de la part des électeurs, on doit chercher à comprendre ce qui s’est passé avant le lancement même de la campagne électorale. Il faut notamment examiner les causes profondes de l’apathie, de l’abstention et de la division. Certaines organisations de la société civile camerounaise sont aussi coupables du brouillage de la démarcation entre la société civile et l’opposition que le RDPC l’est de celle entre le parti et le gouvernement. Sans toutefois connaître les résultats officiels de l’élection, c’est clair que la division de l’opposition a sévèrement réduit ses chances de succès. L’opposition n’a pas pu se réunir autour d’une candidature unique et forte. Nous savons tous que la société civile et les partis politiques (dont au moins 200 partis d’opposition) sont divisés au Cameroun. Cela s’explique à certains égards – la démocratie pluraliste est relativement récente et la prévalence du patronage et de l’intimidation en tant qu’instruments politiques ont freinés le développement de la société civile et du pluralisme politique. Tant que les organisations de la société civile ne travailleront pas ensemble de façon plus concertée, elles resteront vulnérables aux accusations selon lesquelles elles manquent de sérieux, de finalité et d’efficacité. Le fait d’avoir des milliers de petites organisations de la société civile et plus de 250 partis politiques – dans toute société – ne peut servir que les intérêts du parti au pouvoir en semant la division au sein des populations. Avoir des milliers de petites organisations de la société civile et plus de 250 partis politiques est-il quelque chose dont on peut se venter ? Cette multitude d’organisations et de partis va à l’encontre des principes démocratiques dans la mesure où les entités concernées représentent non pas le peuple, mais des individus ou de petits groupes isolés. Cela n’est pas démocratique ; c’est personocratique, voire ergocratique et erratique. L’opposition ayant présenté 22 candidats, il y a lieu d’émettre des réserves quant au sérieux de cette opposition et des candidats. Se réveillant tardivement, certains partis d’opposition parlent désormais d’un front commun. N’auraient-ils pas dû penser à cela plus tôt ?

Quelles leçons tirer du processus ?
Ce que nous recommandons : Beaucoup reste à faire pour améliorer la confiance du public vis-à-vis du processus électoral. Je tiens à souligner que les recommandations que nous formulons ci-dessous reprennent les idées précieuses et les analyses d’autres diplomates et observateurs, d’ELECAM, des responsables publics et des militants de la société civile. Tout d’abord, afin d’améliorer le climat politique dans la perspective des prochaines échéances, il conviendra de niveler le terrain de jeu afin que les candidats de l’opposition puissent compéter à égalité de chance. Leur tâche est ardue: mener campagne en utilisant les ressources et le temps limités, à l’effet de transformer leurs partis à assise régionale en mouvements d’envergure nationale. Le scepticisme du public ayant atteint un niveau très élevé, votre tâche est tout aussi ardue – trouver les moyens de promouvoir la transparence et la bonne gouvernance tout en faisant appel à l’électorat camerounais pour une participation massive et plus significative au processus électoral.

Afin de situer nos recommandations dans leur contexte, je note qu’à la veille de l’élection présidentielle, la Mission américaine avait dépêché 14 équipes de deux à quatre personnes chacune pour observer la campagne, les préparatifs, le déroulement du scrutin et le comptage des voix – en d’autres termes, le processus électoral. Des observateurs ont ainsi été déployés dans chacune des dix régions du Cameroun, avec des équipes supplémentaires à Douala, la plus grande ville du pays, et à Yaoundé, la capitale politique.

Le jour du scrutin, nos observateurs on noté des incohérences et des irrégularités à tous les niveaux, ainsi que des difficultés techniques de la part d’ELECAM dans l’administration de l’élection. L’une des plus grandes critiques a porté sur la façon dont les listes électorales ont été conçues et gérées, laissant libre cours aux votes multiples. Le manque de formation des agents électoraux et d’éducation des électeurs concernant comment voter était apparent. L’encre qui devrait être utilisée pour empêcher les votes multiples n’était pas indélébile, et les responsables des bureaux de vote ne prenaient pas la peine de vérifier les pouces des électeurs pour s’assurer qu’ils ont été trempés dans l’encre.

Néanmoins, je me félicite que les pouvoirs publics et les responsables d’ELECAM aient reconnu l’existence de ces problèmes. ELECAM à chercher à connaître ce que pensent les observateurs et ce qui pourrait être fait pour améliorer le processus à l’avenir. J’encourage fortement cette institution à combler les lacunes constatées avant les élections législatives et municipales de 2012. Dans cette optique, je formule les recommandations suivantes :

. Tout d’abord, les partis d’opposition doivent s’unir s’ils veulent proposer une alternative crédible ;
. ELECAM doit pouvoir démontrer son indépendance ;
. Le Cameroun doit adopter un bulletin de vote unique afin d’empêcher l’achat des voix, l’indisponibilité de certains bulletins et la confusion concernant comment voter ;
. La campagne doit s’étendre sur plus de deux semaines pour permettre à tous les partis de défendre leurs projets de société ;
. Le parti au pouvoir doit s’abstenir d’utiliser les ressources publiques pour faire campagne, car il se dote d’un avantage injuste en utilisant l’argent du contribuable ;
. Le parti au pouvoir doit s’abstenir de susciter la peur en faisant valoir que voter pour l’opposition entraînerait l’instabilité et la guerre civile ;
. Le fichier électorale doit être soigneusement nettoyé pour supprimer les noms des personnes décédées et les doublons, et les listes doivent être publiées sur Internet pour permettre à tout le monde de les consulter afin de faire corriger les erreurs ;
. Les cartes d’électeurs doivent être biométriques et distribuées bien à l’avance ;
. Les bureaux de vote doivent être mieux identifiés bien avant le jour du scrutin ;
. Les membres des bureaux de vote et les scrutateurs doivent être mieux formés ;
. Les électeurs doivent être mieux formés pour pouvoir comprendre le processus de vote ;
. ELECAM doit accréditer tous les observateurs ;
. L’encre doit être indélébile, correctement appliquée, et vérifié ;
. Le nombre de bureaux de vote doit être réduit dans les zones urbaines et, pour permettre une meilleure couverture par les responsables des bureaux de vote et les représentants des partis, il faut instituer plus d’un isoloir par bureau de vote ;
. Des dispositions supplémentaires doivent être prises pour les électeurs handicapés ;
. Les urnes doivent être scellées correctement avant l’ouverture du scrutin ;
. Les bureaux de vote doivent fermer suffisamment tôt pour permettre le dépouillement des voix avec la lumière du jour ;
. La couverture médiatique, notamment par la CRTV, doit être plus équitable ; et
. Les jeunes doivent être encouragés à voter puisque la plupart des électeurs à l’élection présidentielle semblait être âgés de 40 ans et plus.

Celle longue liste de recommandations interpelle ELECAM, le RDPC, les partis d’opposition, le gouvernement et l’Assemblée nationale. Elle vous interpelle, vous aussi. J’exhorte les organisations de la société civile à trouver le moyen d’améliorer leur coordination afin qu’en 2012, elles parviennent à déployer des observateurs électoraux dans tous les bureaux de vote, à faire une synthèse de leurs observations, voire, à effectuer des comptages parallèles. Tout cela contribuerait à améliorer l’intégrité et la transparence du processus.

Robert P. Jackson, ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun
http://french.yaounde.usembassy.gov)/n

Cameroun: L’ambassadeur des Etats-Unis «déshabille» l’opposition

D’après Robert P. Jackson, l’opposition camerounaise n’est pas sérieuse et sa division a réduit considérablement ses chances de succès

C’est un véritable coup de gueule servi à chaud par le diplomate américain. Une autre sortie tonitruante qui, vraisemblablement, va encore laisser les plumes. Robert P. Jackson n’arrive pas à comprendre comment l’opposition camerounaise qui prêche le changement, le bousculement des mentalités, bref la nouvelle ère, a pu présenter jusqu’à 22 candidats à la dernière élection présidentielle ! C’est trop pour le diplomate américain qui ne loupe pas le coche. «L’opposition ayant présenté 22 candidats, il y a lieu d’émettre des réserves quant au sérieux de cette opposition et des candidats », assène Robert P. Jackson. Avant d’enchainer. « Se réveillant tardivement, certains partis d’opposition parlent désormais d’un front commun », s’étonne-t-il en servant cette question capitale. «N’auraient-ils pas dû penser à cela plus tôt ? ».

200 partis divisés
Robert P. Jackson est très critique vis-à-vis de l’opposition camerounaise, du moins ce qui en tient lieu. Surtout sur son émiettement. «Sans toutefois connaitre les résultats officiels de l’élection, c’est clair que la division de l’opposition a sévèrement réduit ses chances de succès. L’opposition n’a pas pu se réunir autour d’une candidature unique et forte », déplore l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, intarissable sur le sujet. « Nous savons tous que la société civile et les partis d’opposition, dont au moins 200 partis sont divisés au Cameroun », insiste-t-il. Robert P. Jackson s’est ainsi déchainé dans son discours prononcé ce mercredi 19 octobre 2011, à l’ouverture de la table ronde postélectorale avec la société civile, vidéoconférence numérique entre Yaoundé et Washington DC. En dehors de l’opposition, Robert P. Jackson s’en est pris aussi aux gouvernants de Yaoundé. Il a saisi cette sortie pour évaluer le processus électoral, mais surtout formuler quelques recommandations à prendre en compte dans le cadre des élections futures.

Robert P. Jackson, ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun

Interview de Manuel Domergue, Co auteur de « Kamerun… »

«Des pages sombres de la Françafrique, l’indépendance du Cameroun est souvent évoquée, mais peu connue»

Manuel Domergue, avec Thomas Deltombe et Jacob Tatsitsa, vous venez de publier ce volume de 748 pages sur une période capitale mais très occultée de l’histoire du Cameroun. Comment est né ce projet et quel en était l’objectif ?
Mon collègue journaliste Thomas Deltombe et moi-même nous intéressions depuis quelques années à la politique africaine de la France. Or, parmi les pages sombres de la Françafrique, l’une d’elles, l’indépendance du Cameroun, est souvent évoquée, mais assez peu connue. A son sujet circulent quantité de versions très contradictoires, dont il est difficile de démêler le vrai du faux. Cette histoire nous intriguait donc fortement si bien que quand, autour de 2006, Thomas Deltombe a eu l’occasion de partir vivre deux années à Yaoundé, nous avons décidé de nous lancer dans cette enquête, sans imaginer qu’elle puisse nécessiter plus de quatre années de travail. Sur place, Thomas a pris contact avec un historien, Jacob Tatsitsa, qui avait été le conseiller historique d’un documentaire suisse de Frank Garbely consacré à l’assassinat de Félix Moumié. Jacob travaillait pour sa thèse sur la guerre du Cameroun depuis plus de dix ans, et avait accumulé une connaissance encyclopédique des faits, des dates, des archives et témoins camerounais. C’est cette alliance franco-camerounaise qui nous a permis de progresser dans cette enquête qui visait à réhabiliter une partie de l’histoire africaine contemporaine, en battant en brèche l’idée reçue selon laquelle la France aurait accordé l’indépendance pacifiquement et généreusement en Afrique subsaharienne.

Comment l’avez-vous réalisé et quelles difficultés avez-vous rencontrées?
Nous avons cherché à confronter archives et témoignages. Les archives étaient aussi bien d’origine camerounaise que française, publique que privée, militaire que diplomatique ou religieuse. Nous avons pu photographier et analyser plusieurs dizaines de milliers de pages d’archives qui n’avaient souvent jamais été exploitées. C’est souvent grâce à elles que nous avons pu retrouver des témoins encore vivants de cette période. Comme dans un jeu de piste, nous partions d’un seul nom de famille pour reconstituer une histoire individuelle, pour l’intégrer au puzzle de la grande histoire. Hélas, nous n’avons pu retrouver qu’une personne sur 50 ou 100, car lorsque nous disposions d’un simple nom de famille, il était très difficile de remonter la piste, à moins que l’intéressé dispose d’un nom de famille très original ! Raconter l’histoire bute parfois sur des obstacles inattendus. L’autre difficulté était l’âge des témoins. Cette histoire remontant à cinquante ans, les témoins avaient presque tous plus de 80 ans. Ceux que nous avons pu retrouver étaient âgés, certains se souvenaient de manière très floue de cette période, et rares sont ceux qui ont conservé archives personnelles ou photographies d’époque. Certains sont décédés juste avant la date prévue pour l’entretien. C’était évidemment très décevant, car ils sont partis avec leurs souvenirs sans jamais en parler à quiconque, pas même à leurs proches, tant il est vrai que, pour tout le monde, il ne s’était rien passé au Cameroun. Cette recherche a été facilitée par les familles des témoins, qui nous ont ouvert leurs portes et les archives de leurs parents, en se doutant pourtant que cela risquait d’écorner leur réputation. Il est tout de même regrettable qu’un acteur central comme le général Jean Lamberton, chef d’orchestre de la répression en Sanaga-Maritime, n’ait jamais été interrogé, alors qu’il n’est mort qu’en 2004 et aurait pu être retrouvé aisément par des historiens ou des journalistes consciencieux. Notre ouvrage a sauvé in extremis quelques mémoires avant leur disparition, mais une génération d’historiens français et camerounais n’a pas fait son travail correctement, à l’exception de quelques grands noms comme Richard Joseph, Achille Mbembe ou Mongo Beti. C’est une grande frustration pour tous ceux qui s’intéressent à cette période.

Le style journalistique présente les faits avec une telle implication que l’on sent le chercheur très présent si ce n’est très militant. Comment avez-vous vécu cette histoire en tant que Français?
Ce n’était pas une surprise, mais il est toujours incroyable de constater à quel point une guerre menée par la France il y a cinquante ans a laissé l’opinion française et les élites indifférentes à l’époque, et à quel point cela perdure aujourd’hui. Comme si tout cela n’avait aucune importance, comme si nous parlions ici d’une sorte d’infra-histoire. Il existe un mépris ahurissant à l’égard du passé de peuples entiers qui ont pourtant été colonisés par la France. On préfère encore aujourd’hui s’attarder sur des faits divers ou des polémiques complètement anecdotiques plutôt qu’essayer de comprendre la responsabilité de la France dans les souffrances récentes d’un peuple. Combien de responsables politiques ont demandé des comptes au gouvernement à propos de cette guerre cachée menée en notre nom ? Aucun. Combien de lignes, combien de minutes, les quotidiens ou les journaux télévisés ont-ils accordées à nos révélations ? Zéro. C’est pour cela que notre ton peut sembler un peu vif, à ceux qui ignorent tout de la violence qui s’est déployée à cette époque au Cameroun : il faut signifier au lecteur que les faits relatés, quelle que soit notre interprétation à leur égard, sont des faits graves. Nous parlons d’une guerre avec des bombardements de civils, une torture systématique, des dizaines de milliers de morts. Et tout cela passe comme une lettre à la poste. Raconter de tels faits nécessite, comme vous dites, une certaine « implication ».

Kamerun. Une guerre cachée à l’origine de la Françafrique
Journalducameroun.com)/n

Comment émerge-t-on d’une telle plongée dans ces moments terribles qu’ont vécus des victimes dont les malheurs ont été en plus cachés à l’opinion internationale?
On en ressort surtout très modeste, car la réalité est d’une grande complexité. Nous avons essayé dans le livre de dégager quelques lignes directrices pour rendre intelligible le déroulé des événements, mais d’autres grilles de lecture nous ont sans doute échappé. Les va-et-vient dans le maquis, les affrontements entre villages, les enjeux micro-locaux et autres manipulations complexifient à l’extrême l’affrontement entre nationalistes et forces franco-camerounaises. Mais on ressort aussi de ce travail avec l’impératif de transmettre la parole des victimes, car la douleur qu’ils expriment est encore très vive, d’autant plus vive qu’elle n’a jamais été reconnue comme telle par les autorités ou par les historiens.

Que vous ont inspiré les témoins camerounais encore vivants que vous avez rencontrés?
Beaucoup de ces témoins exprimaient une défiance envers nous, la défiance que leur parole, ayant été méprisée pendant si longtemps, le soit une fois de plus. Mais bien d’autres ont eu envie de parler, de parler longuement, à la fois pour exprimer leurs souffrances, mais aussi pour donner du sens à cette période trop facilement résumée comme « une période de troubles » ou « une guerre civile » où tout le monde serait indistinctement victimes ou bourreaux, où les Camerounais auraient été entraînés dans une sauvagerie sans raison, une période qu’il faudrait oublier au plus vite. Beaucoup d’ex-upécistes ont tenu à raconter que, avant d’être des anciens maquisards, ils avaient été militants politiques, poussés à prendre les armes malgré eux, pour arracher une véritable indépendance. Beaucoup souhaitaient montrer qu’ils étaient toujours militants et que leur combat n’était pas terminé. Voire que la guerre qu’ils avaient menée ou subie n’était pas finie elle non plus. Les représentants des forces de l’ordre ont également parlé assez facilement, à l’exemple du général Pierre Semengue, qui s’est livré pendant de longues heures devant notre caméra. Je ne sais pas si son comportement était lié à un sentiment d’impunité ou du devoir accompli, mais il a parlé apparemment sans autocensure, admettant par exemple avoir fait couper les têtes des insurgés par souci d’information à destination du grand public. Ces déclarations en disent long en elles-mêmes sur les élites camerounaises d’aujourd’hui, où il semble encore à peu près normal d’avouer ce type de pratiques. Côté français, nous avons essuyé moins de refus que nous l’avions craint. En effet, si la guerre d’Algérie a été longuement commentée par les chercheurs et les journalistes, la guerre du Cameroun n’a pas suscité le même intérêt, si bien que des acteurs pourtant importants n’ont jamais trouvé une oreille attentive pour les écouter. Or, ce qu’ils avaient vécu alors, à une époque où ils étaient jeunes, peut être jugé révoltant ou glorieux, mais était à coup sûr passionnant. Des jeunes gens frais émoulus de l’école dirigeaient des régions entières, quasiment sans contre-pouvoirs, faisaient et défaisaient des carrières de ministres de cette jeune nation. Du point de vue des acteurs de la colonisation et de l’accession à l’indépendance, cette puissance est grisante et donne envie de la faire connaître. Nous avons donc essayé de nous mettre à leur écoute, sans jugement a priori, ce qui ne nous empêche pas de replacer toutes les anecdotes recueillies dans une trame historique sur laquelle nous portons un regard critique.

Comment le public européen et français a-t-il accueilli votre livre? Avez-vous des échos de sa réception en Afrique et au Cameroun en particulier?
L’accueil par les lecteurs a été globalement très bon. Nous avons reçu énormément d’encouragements, ce qui confirme que ce livre était attendu et nécessaire. La presse française s’en est fait également l’écho, même si nous aurions espéré que cela suscite davantage de débats. Au Cameroun, certains quotidiens en ont fait leurs unes, en confrontant nos analyses avec celles d’autres historiens ou témoins de l’époque. En tout cas, le débat se poursuit sur internet, à travers notre site (www.kamerun-lesite.com) ou notre page facebook, ainsi que dans toutes les rencontres organisées à travers la France par des librairies ou des associations. Des chercheurs français de Paris I’avaient également organisé une rencontre en compagnie notamment d’Achille Mbembe à la Sorbonne, qui n’a hélas pas pu avoir lieu faute de passeport. Mais nous sommes impatients de confronter nos analyses avec celles de chercheurs, en particulier celles d’étudiants camerounais qui ont du mal à accéder aux archives conservées en France.

Avez-vous d’autres projets similaires?
Pas encore, nous sommes encore plongés dans l’accompagnement du livre, à travers des débats en France et au Cameroun, mais aussi à l’étranger. Nous sommes très heureux de constater que les lecteurs du livre ont été interpellés et cherchent à poursuivre le débat au sujet de cette histoire très actuelle. C’est pourquoi nous avons créé le site www.kamerun-lesite.com, afin d’y accueillir les discussions sur la guerre du Cameroun, d’y recueillir des témoignages et surtout de mettre en ligne des archives et des témoignages qui ne nous appartiennent pas mais doivent être mis à la disposition du public. Nous aimerions à présent diversifier nos supports pour parler de cette histoire, à travers une bande dessinée ou un film de fiction. L’enquête historique ne suffit pas à expliquer la guerre du Cameroun. L’association que nous avons créée, Remember Kamerun, vise justement à contribuer à susciter et diffuser les prises de parole à ce sujet. Faites passer le mot à vos lecteurs !

Robert Fotsing Mangoua et manuel Domergue
Journalducameroun.com)/n

Diplomatie: Divergence sur la récompense d’Henriette Ekwe

Le gouvernement n’a pas apprécié des propos utilisés à l’occasion de la récompense d’une journaliste camerounaise par le département d’Etat américain

L’ambassadeur convoqué au ministère des affaires étrangères
Le gouvernement camerounais aurait signifié à Robert P. Jackson sa désapprobation au sujet de propos tenus sur les droits de l’Homme au Cameroun. L’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, a été reçu par le ministre Henri Eyebe Ayissi, en charge des relations extérieures la semaine dernière. Au sortir de la rencontre, le diplomate s’est refusé à tout commentaire. Je n’ai pas de commentaire à faire aujourd’hui. Tout ce que j’ai à dire, c’est que le ministre des Relations extérieures m’a transmis un message à envoyer au Secrétaire d’Etat Hillary Clinton. Et je suis content de le faire. Merci a fait savoir l’ambassadeur des Etats-Unis à sa sortie d’audience. Selon des sources proches du ministère des relations extérieures, Robert P. Jackson aurait été convoqué en rapport avec l’actualité autour du prix reçu à Washington le 8 mars dernier par la journaliste camerounaise Henriette Ekwe, la rédactrice en chef du journal Bebela. Ainsi, les propos tenus par la lauréate au cours de la cérémonie, et ceux de l’ambassadeur Robert P. Jackson dans une interview accordée à un journal de la place sur la situation des droits de l’Homme au Cameroun, auraient « heurté » les autorités camerounaises. La démarche du ministre des Relations extérieures aurait donc consisté à signifier à la partie américaine la désapprobation du gouvernement camerounais face à ces allégations et à l’édifier sur la situation réelle des droits de l’Homme dans le pays.

Résumé des propos contestés
A l’annonce du prix d’Henriette Ekwe, l’Ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, a fait savoir qu’Henriette a été choisie en raison de son courage exceptionnel, son engagement et son leadership dans la promotion de la démocratie, de la transparence, des droits de l’homme et l’état de droit au Cameroun. Elle est un témoignage vivant du courage des femmes à travers le monde qui se battent pour la justice sociale et la liberté politique. Le Cameroun devrait être fier d’elle. Nous espérons que ce prix va inspirer d’autres camerounais à participer activement dans l’évolution démocratique du Cameroun. A la fin des années 80 et au début des années 90, Henriette a été forcée à se cacher, a subi de menaces et a été emprisonnée pour son opposition au système de parti unique. Depuis lors, elle a continué à promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance au Cameroun malgré les menaces et le harcèlement. Nous espérons que l’engagement soutenu de madame Ekwe à la démocratie va inspirer les camerounais à s’inscrire sur les listes électorales et à participer pleinement aux prochaines élections législatives et présidentielles. Au Cameroun, la liberté de presse continue d’être fortement marqué par des questions d’ordre publique. La limite entre le délit de presse et le délit de droit commun est très rapidement franchie. Même si de nombreux témoignages de menaces existent, aucun journaliste n’a jusqu’ici été tué en raison de l’exercice directe de sa profession. Par contre plusieurs d’entre eux ont été jetés en prison du fait des dénonciations faites à l’encontre de certaines autorités.

Robert P. Jackson, ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun

Cameroun: Robert Myntia d’un hôpital à l’autre

Le journaliste qui est retourné à la prison centrale de Kondengui, ne semble pas avoir terminé avec les hôpitaux

Un état de santé toujours préoccupant
Le journaliste camerounais Robert Mintya détenu a affirmé selon une information rapportée par l’AFP être retourné en prison, après avoir été admis en hospitalisation fin septembre à l’hôpital Jamot de Yaoundé, pour y suivre notamment des soins contre des psychoses. La même source indique cependant que le journaliste ne semble pas en avoir fini avec les hôpitaux. D’ailleurs, il serait toujours sous suivi médical dans l’infirmerie de l’institution pénitentiaire. Je dois ressortir de la prison en principe jeudi pour une nouvelle hospitalisation au CHU (Centre hospitalier universitaire), a-t-il indiqué, précisant que C’est pour cette raison qu’on me garde sous hospitalisation en ce moment à l’infirmerie de la prison. Entre les mois d’août et septembre, Robert Mintya avait séjourné à l’hôpital central de Yaoundé avant d’être transféré à l’hôpital Jamot, spécialisé notamment dans la prise en charge de problèmes psychiatriques. Une admission en psychiatrie à l’hôpital Jamot recommandée par un neurologue de l’hôpital central. On ignore pour quelle raison Robert Mintya devra encore séjourner au CHU, mais visiblement, ce ne sera plus pour trouble psychotique. Aussi inconnu, le jour où s’ouvriront les débats sur son cas devant les tribunaux. Il est détenu depuis le 10 mars en même temps que Serge Sabouang, directeur de publication du bimensuel La Nation, et Ngota Ngota Germain dit Bibi Ngota, directeur de publication de l’hebdomadaire privé Cameroun Express, qui lui est décédé en détention le 22 avril 2010 dernier.

Aucune issue envisagée pour l’instant
D’abord inculpés de « faux et usage de faux », les trois journalistes sont aujourd’hui accusés d’avoir imité la signature du Secrétaire général à la présidence, Laurent Esso. Une information judiciaire pour coaction de contrefaçon des signatures et timbres, des marques et imprimés a été ouverte contre M. Myntia et Sabouang. A l’origine de l’affaire, un document qui aujourd’hui on le sait était un faux, attribué au Secrétaire général de la présidence de la république en date du 20 juin 2009. Le document laissait croire que Laurent Esso, de par sa position avait exercé des pressions sur l’administrateur directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) pour payer des commissions d’un montant global d’un milliard trois cent millions de FCFA à un dénommé Antoine Bikoro Alo’o, de même qu’à Dayas Mounoune, le directeur du port autonome de douala (PAD), et Doh Collins un opérateur économique. L’affaire aujourd’hui a pris la tournure d’un règlement de compte politique qui aurait mal tourné. Robert Harris Myntia aurait écrit une lettre où il reconnaitrait les faits, ce qui a valu une requalification. Les deux journalistes bénéficient aujourd’hui du soutien des associations nationales et internationales de journalistes. Dans un communiqué publié il y a quelques semaines, l’ONG Reporters sans frontières a réitéré son appel en faveur de la remise en liberté provisoire des deux collègues de Bibi Ngota. Après avoir passé plus de six mois en détention provisoire, ces journalistes doivent être présentés à un juge ou libérés sur le champ, pouvait-on lire dans ce communiqué.

Le tribunal n’a pas encore statué sur le cas des journalistes emprisonnés

Robert Mugabe:  » le Zimbabwe est à moi ! »

Le président du Zimbabwe sort de son silence et répond aux différentes attaques internationales!

En réponse aux différentes attaques dont il est l’objet dans les cercles de pouvoirs internationaux, ces dernières semaines, Robert Mugabe a fait une déclaration vendredi dernier où il rappelait que le Zimbabwe lui appartenait et qu’il ne se rendrait jamais, mettant au défi les pays africains de le renverser.

Je ne vendrai jamais, jamais mon pays. Je ne me rendrai jamais, jamais, jamais. Le Zimbabwe est à moi. Je suis le Zimbabwe. Le Zimbabwe aux Zimbabwéens. Jamais le Zimbabwe aux Britanniques. La Grande-Bretagne aux Britanniques
Robert Mugabe, Président du Zimbabwe

Aux commandes du Zimbabwe depuis son indépendance de la couronne britannique en 1980, Robert Mugabe est critiqué de toutes parts en raison de la crise politique et économique aiguë que traverse le pays, et de la dégradation des conditions de vie de la population largement responsable de l’épidémie de choléra qui a fait plus d’un millier de morts depuis août.

Le secrétaire d’Etat adjoint américain aux affaires africaines, Jendayi Frazer, a estimé jeudi que le Zimbabwe se trouvait « en plein effondrement ». Il a appelé à la démission de Robert Mugabe ou à « une action » de la communauté internationale.

Ce que les Américains veulent, c’est le départ du président Mugabe. Mais le président Mugabe a été élu par son peuple et nous leur avons dit ce que nous avons dit aux Européens: que les seules personnes ayant le pouvoir de faire partir Robert Gabriel Mugabe sont le peuple du Zimbabwe
Robert Mugabe, Président du Zimbabwe

Et de demander quels pays africains « auraient le courage » de lancer une intervention militaire. La plupart des pays voisins du Zimbabwe, y compris la puissante Afrique du Sud, sont opposés à une opération militaire contre le Zimbabwe. Robert Mugabe reste en outre auréolé dans la région de son prestige de héros de l’indépendance. Le président sud-africain Kgalema Motlanthe a réaffirmé jeudi la nécessité de mettre en oeuvre au plus vite l’accord de partage du pouvoir conclu en septembre par le camp Mugabe et l’opposition conduite par Morgan Tsvangirai.

Ce dernier a déclaré vendredi depuis le Botswana voisin qu’il demanderait à son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de refuser de négocier si les prisonniers politiques -plus de 42 en deux mois selon lui- n’étaient pas relâchés ou inculpés d’ici au 1er janvier.

Les chefs de la diplomatie des pays nordiques (Danemark, Norvège, Suède, Finlande, Islande) ont publié vendredi un communiqué appelant à la fin de la « mauvaise gouvernance » Mugabe et estimant que le régime de Harare « porte seul la responsabilité de la situation tragique » du Zimbabwe.

Robert Mugabe, Président du Zimbabwe
www.judiciaryreport.com)/n