Le Cameroun a commémoré la journée de la Santé mentale

L’événement célébré lundi a donné lieu à des réjouissances entre patients à l’hôpital Jamot de Yaoundé

L’édition 2016 de la journée mondiale de la Santé mentale est placée sous le thème: «Dignité en santé mentale: premiers secours psychologiques et santé mentale pour tous.» C’est un lundi peu ordinaire pour Dorice Zebaze. Elle est en joie. Elle danse, en compagnie de ses amis. Ils se laissent aller dans tous les rythmes camerounais en particulier: Makossa, Bikutsi, etc. Dorice, en plus de chanter, mime parfaitement certaines chansons. Tous ces danseurs d’un jour ont tous un déficit mental, ou bien l’ont eu avant d’en guérir par la suite. Dorice et ses compagnons occupent les lits de l’hôpital Jamot de Yaoundé, pavillon psychiatrie. Ils sont malades mentaux.

Ce lundi 10 octobre 2016, à l’occasion de la journée mondiale de la Santé mentale, le personnel médical a mis sur pied un dispositif pour permettre à leurs patients de faire la fête. Après une courte cérémonie qui s’est tenue en matinée, la véranda du bâtiment s’est vite transformée en piste de danse. Tous semblent avoir mis de côté leurs multiples préoccupations habituelles pour se lâcher. Au couloir, une patiente qui nous identifie passe un message à une connaissance qu’elle a à la Crtv : «Il faut dire bonjour à Henry Ashu de ma part. Demande-lui de lire mes poèmes.» Cette phrase, elle l’avance avec beaucoup d’émotions. La cinquantaine amorcée, était enseignante d’Allemand, avant de rejoindre le centre Jamot, il y a quelque temps. En cause, le surmenage.

Dans cette ambiance festive, se trouve également Grâce M. une ancienne patiente du centre qui a retrouvé sa santé, après avoir séjourné à l’hôpital. Elle a voulu saisir l’occasion pour venir passer d’agréables moments avec ses anciens collègues. Elle danse avec eux, leur redonne le sourire. Grâce a décidé de rejoindre l’association des anciens malades de l’hôpital Jamot. «Je reviens de temps en temps les encourager à prendre leurs médicaments, à écouter les médecins, à prendre soin d’eux», confie celle qui, autre fois, était folle.

L’hôpital de Jamot de Yaoundé est l’un des centres de référence en Afrique pour la prise en charge des personnes souffrant des problèmes mentaux. À l’occasion de cette journée mondiale de la Santé mentale, en plus de faire la fête avec les patients déjà internés, l’hôpital Jamot a institué des consultations gratuites. Une invitation qui a drainé beaucoup de personnes. La Journée mondiale de la Santé mentale en est à sa 24e édition.

Réactions:
«Je paie pour les erreurs commises par mon mari.»
Je m’appelle Dorice Zebaze. Je suis originaire de la région de l’Ouest, un princesse Bafu. En 2010, mon papa m’a donnée en mariage. J’avais alors 18 ans. J’ai eu un premier enfant avec mon mari. Mais quelque temps après, il m’a trompée avec la femme d’un autre. Le mari, pour se venger a préparé une potion magique pour mon époux, mais malheureusement, c’est moi qui ai été la victime. J’ai perdu mes sens quand mon deuxième fils n’avait que huit jours et quand je l’ai revu, il avait déjà un an et demi.

Aujourd’hui, il est élève en classe de CE1. J’ai eu très mal, car pendant nos quelques années de mariage, nous avons construit une maison, et c’est là, qu’il habitait avec l’autre femme. C’était horrible pour moi d’accepter cela. Aujourd’hui, mon ex-mari est incarcéré, mais lui aussi est devenu fou après moi. Je suis tout de même contente, car mon état s’améliore, et je pourrais, d’après les dires des médecins quitter l’hôpital dans deux semaines.
Grâce M.

«J’aime passer du temps avec eux»
J’ai rejoint le centre Jamot en août 2016. J’étais folle. Il m’arrivait de me déshabiller complètement et me contenir devenait difficile. Je souffrais d’une dépression mentale. Le déclic avait été la perte de mes jumeaux à l’accouchement et la découverte de mon père biologique.

Pendant mon séjour ici, j’étais au petit soin. Les médecins sont affectueux, et ils savaient bien me flatter pour que j’avale mes comprimés.

Heureusement, après ma maladie, je n’ai pas été rejetée dans mon entourage. Je fais la joie de ceux qui me regardent. Aujourd’hui, je suis membre de l’association des anciens malades de l’hôpital Jamot. Quand j’ai un peu de temps, je viens passer du temps avec les malades, je les encourage à prendre leurs médicaments et à être dociles. Quand je peux, je leur apporte également à manger.

La vie a continué après la maladie. Je suis fiancée, et mon mariage, je l’espère est pour bientôt.


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Cameroun: « Il y aura bientôt plus de spécialistes en santé mentale à l’hôpital Laquintinie »

Annonce du ministre de la santé publique, André Mama Fouda, ce mardi 13 octobre à Douala

La journée mondiale de la santé mentale, nous donne l’opportunité de sensibiliser l’opinion publique sur les problèmes de santé mentale, a d’emblée affirmé le ministre de la santé publique ce mardi, 13 octobre 2009 à Douala. En visite à l’hôpital Laquintinie, André Mama Fouda s’est principalement rendu au sein du département psychiatrique de cet hôpital, afin d’apprécier les efforts fournis dans l’encadrement des malades mentaux. Occasion pour lui de constater qu’il est urgent d’intégrer la prise en charge des troubles mentaux dans les soins de santé de base, comme le veut d’ailleurs le thème de cette année : améliorer le traitement et promouvoir la santé mentale dans les soins primaires. Même si la volonté y est, le ministre a reconnu le contexte difficile dans lequel évolue le faible personnel du département psychiatrique, composé seulement, de trois spécialistes, dont un médecin et deux infirmiers, selon les chiffres donnés par le Dr. Jean Louis Jon, chef de ce département.

Outre le nombre réduit de spécialistes en santé mentale s’ajoute la méconnaissance des signes précurseurs des troubles mentaux, l’arrivée tardive des patients dans les structures de soin pour une prise en charge d’adéquate, a regretté le ministre. Si les encadreurs rejettent la faute aux parents en matière de retard, ceux-ci à leur tour, évoquent le contexte économique difficile, qui ne facilite pas leur mobilité. Un parent qui habite par exemple le quartier Bonabéri à Douala 4é, amène son enfant malade ici à Laquintinie pour les soins une ou deux fois, mais après ne vient plus. Quand je rencontre le parent en question, il dit qu’il a des difficultés pour se déplacer, car quitter Bonabéri pour l’hôpital à Akwa, le transport coûte cher, et à la longue, il dit n’avoir plus les moyens nécessaires pour venir tout le temps, indique Mme Ncheya Adriana, qui encadre des enfants déficients mentaux à Laquintinie.

Les femmes en insécurité en psychiatrie
A l’occasion de la visite du ministre de la santé publique, Mme Ncheya Adriana dit espérer que le gouvernement fera les efforts pour renforcer l’effectif du département psychiatrique. Depuis que les infirmiers sont sortis d’école, ils n’ont pas encore été affectés pour travailler, on ne sait pas ce qui se passe, car on est en manque. Il faut qu’il y ait plusieurs infirmiers, au moins deux ou trois qui travaillent par jour, car, quand un infirmier se retrouve seul dans un service psychiatrique, ce n’est pas prudent, par ce qu’un malade agressif peut arriver, et on ne peut rien faire, selon Mme Ncheya. Cette dernière raconte que de nombreuses personnes ont été par exemple giflées par les déficients mentaux, un infirmier a eu la bouche fendue. Il y a un réel problème d’insécurité, surtout pour la femme, souligne-t-elle. Du côté des pouvoirs publics, l’on se veut rassurant. Le ministre a d’ailleurs annoncé le renforcement de l’effectif très bientôt, avec l’arrivée des infirmiers spécialisés. L’ouverture d’un cycle de formation des infirmiers spécialisés en santé mentale à Yaoundé, vient de mettre sur le marché la 3e promotion, a rappelé le ministre parlant de la politique gouvernementale relative à la lutte contre les maladies mentales. En attendant, le ministre a offert un don composé de médicaments et autres équipements nécessaires, pour améliorer la prise en charge des malades.

Entrée Urgences hôpital Laquintinie douala
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