Crise anglophone : la guerre des chiffres entre le gourvernement et les Ong

Le ministère des Relations extérieures a accusé, ce 28 mai, les Ong de grossir volontairement les chiffres des personnes  affectées par le conflit dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.

 Les organisations non gouvernementales restent dans le collimateur des autorités du Cameroun qui les accusent de désinformer l’opinion sur les évènements liés à la crise anglophone. Le ministre des Relations extérieures a, à titre illustratif, brandi ce 28 mai un nombre de 4 millions trois cent mille personnes déplacés internes qui, le dit-il, émane  des Ong.  Il est formel, il n’en est rien !

« Ceci témoigne à volonté que les Ong ont un agenda précis, conforme aux objectifs de leurs bailleurs de fonds, souligne Lejeune Mbella Mbella. Ils instrumentalisent les organisations de défense des droits de l’Homme avec les relais nationaux et internationaux pour mettre en œuvre leur politique ».

Selon le ministre Mbella Mbella, seules « 150 000 familles de personnes déplacées » ont été identifiées dont 75 000 bénéficient déjà du plan d’assistance humanitaire du gouvernement. Si elles n’établissent pas avec exactitude le nombre de personnes affectées par les conflits en région anglophone, cette  précision a pour effet de laisser envisager à la hausse des statistiques fournies par certaines organisations.

Au mois de mai, Crisis Group estimait à 530 000 les ressortissants du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en situation de déplacement. Amnesty international et Human Right Watch estiment quant à elles à 437 000 ces personnes.

-Vieille querelle-

Gouvernement et organisations non gouvernementales sont à couteaux tirés sur l’évaluation de la crise anglophone depuis sa survenue en novembre 2016. Le 6 avril dernier, le ministre de l’Administration territoriale Paul  Atanga Nji dénonçait un « fonds de commerce » des organismes qui avaient rendu public le nombre de 400 000 déplacés internes. Même son de cloche pour le représentant permanent du Cameroun aux Nations unies. L’ambassadeur Tommo Monthe a pointé un doigt accusateur sur les Ong qu’il a accusé de couvrir une volonté d’ingérence dans les affaires du pays

 

 

La baisse de la pauvreté au Cameroun est «mitigée», selon l’INS

La baisse de 2,4 points de pourcentage de l’incidence de la pauvreté dans le pays est en deçà du rythme préconisé dans le DSCE, révèle un rapport publié par l’Institut national de la statistique

La baisse modérée de 2,4 points de pourcentage de l’incidence de la pauvreté au Cameroun est en deçà du rythme préconisé dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) et ne permet pas d’atteindre l’Objectif de réduire de moitié la pauvreté à l’horizon 2015 suivant l’Agenda des objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

Ce constat relève des premiers résultats de l’Enquête nationale sur les ménages (ECAM III), réalisée en 2014 et publiés samedi par l’Institut national de la statistique (INS).

Sur la base d’un seuil de pauvreté monétaire de 339.715 FCFA par an, soit 931 FCFA par jour par équivalent adulte, calculé à partir des dépenses de consommation finale des ménages, cette incidence s’est située à 37,5% en 2014 contre 39,9% en 2007, 40,2% en 2001 et 53% en 1996,.

Selon le rapport, cette baisse «est mitigée, car si l’incidence de la pauvreté recule en milieu urbain, elle augmente plutôt en milieu rural».

En même temps, constate le rapport, du fait de la pression démographique le nombre de pauvres a augmenté dans le pays, passant d’environ 7,1 millions en 2007 à 8,1 millions en 2014 sur une population estimée à 22 millions d’âmes.

Dans ce contexte, insiste l’INS, c’est plutôt une incidence de la pauvreté inférieure à 32% qui aurait pu permettre d’inverser la tendance, sans compter que les disparités de niveaux de vie se sont accentuées entre d’une part les milieux urbain et rural, et d’autre part entre les pauvres et les non-pauvres.

De plus, la tendance à la baisse de l’incidence de la pauvreté cache une augmentation du nombre de pauvres: en 2014, les 20% des ménages les plus riches consommaient 10,1 fois plus que les 20% les plus pauvres et alors que ce ratio se situait à 7,5 en 2007.

Si une croissance économique soutenue de 5,5% en moyenne entre 2010 et 2020 constitue l’un des piliers sur lesquels le Cameroun table pour réduire à 28,7% l’incidence de la pauvreté à l’horizon 2020, dans les faits, ce taux réel de croissance moyen entre 2010 et 2014 s’est situé autour de 4,7% par an.

Alors que la croissance économique a fortement contribué à la réduction de la pauvreté, les insuffisances au niveau de la redistribution, mesurées par les inégalités dans la consommation des biens et services, a plutôt un impact négatif.

Pour l’INS, « faute de ciblage approprié, les pauvres semblent n’avoir pas le plus bénéficié des mesures de protection sociale prises » par les pouvoirs publics.

Le marché du travail, qui a continué d’accueillir des nouveaux chercheurs d’emplois, a généré plusieurs milliers d’emplois, dans un contexte où le sous-emploi global n’a pas reculé, le secteur informel restant prépondérant malgré le dynamisme du secteur moderne.

L’atteinte des objectifs de développement fixés dans le DSCE nécessite ainsi une croissance soutenue, une meilleure redistribution des fruits de la croissance en ciblant mieux les pauvres afin qu’ils puissent prioritairement et massivement bénéficier des mesures de protection sociale.

Pour l’INS, l’atteinte de l’objectif de 28,7% d’incidence de la pauvreté en 2020, fixé dans le DSCE, reste néanmoins possible au regard des perspectives de croissance économique favorables et soutenues par les politiques publiques en cours de mise en uvre ou envisagées.

Les pauvres au Cameroun ont besoin de protection sociale.
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Consommation des ménages: Augmentation des prix au premier semestre 2011

L’institut national de la statistique confirme la tendance générale à la hausse ressentie par les différents ménages au Cameroun

Une hausse généralisée de près de 2,8%
Pour les ménages camerounais, la facture de la consommation aura été lourde au cours du premier semestre de cette année 2011, par rapport à la situation prévalant en 2010 à la même période. L’information contenue dans un récent rapport de l’institut nationale de la Statistique (INS) du Cameroun, confirme le ressenti général des ménages. «Les prix des produits à la consommation finale des ménages ont augmenté de 2,8% au cours du premier semestre 2011 par rapport au même semestre de l’année 2010. Cette hausse était de 0,4% il y a un an », peut-on lire dans le rapport intitulé « Evaluation de l’inflation au cours du premier semestre 2011 ». Cette augmentation, précise le rapport, affecte l’ensemble du territoire, avec des pics dans certaines régions comme celles du nord-ouest (Bamenda), qui ont connu des augmentations de près de 6% des prix sur certains produits. « Avec une hausse de 5,9%, Bamenda se place en tête, suivie par Bafoussam (3,4%), Yaoundé (3,1%) et Douala (3,0%)», précise le rapport. Cette hausse du niveau général des prix résulte principalement du renchérissement des produits alimentaires (5,0%) et de la progression des dépenses de maison (3,3%).

Une hausse qui touche directement les produits de consommation usuels
Un tour dans les différents marchés de Yaoundé la capitale camerounaise, apporte plus de compréhension au rapport de l’INS. Ce qui frappe c’est que ces hausses touchent les aliments les plus habituellement consommés et qui sont produits sur place au Cameroun. On observe ainsi pour confirmer avec le rapport, une remontée des prix du manioc (12,5%), de la patate douce (10,9%) et du macabo (10,5%). Augmentation aussi des prix des légumes, des légumineuses et grains (8,3%), avec une pointe particulière sur celui du haricot blanc Niébé (39,2%) et du haricot sec rouge (35,6%) et de l’arachide sèche décortiquée de la partie septentrionale (17,3%). Sur les protéines animales, on peut observer et confirmer encore avec le rapport, la hausse des prix des poissons, crustacées et mollusques (6,9%). On notera enfin la montée des prix des huiles, graisses et divers (6,9%) et de l’huile de palme (14,5%). Au ministère du commerce on se refuse à commenter cette situation, qui demeure un problème majeur de l’économie camerounaise. Le rapport de l’INS fait une proposition que de nombreux experts jugent discutable. « Les actions gouvernementales visant à contenir l’inflation et lutter contre la vie chère doivent être poursuivies et intensifiées. Il s’agit notamment de la poursuite des campagnes de ventes promotionnelles des produits de grande consommation » indique le rapport. Sur le terrain pourtant, aucune évaluation de ces ventes promotionnelles n’a encore été faite. Il apparait clairement pourtant avec la hausse des prix qu’elles manquent de pertinence. Février 2011, le président Biya a crée la MIRAP (Mission de régulation des approvisionnements des produits de première nécessité) et nommé des dirigeants. Mais depuis sa création, cette structure est restée bien discrète sur le marché. L’INS prévoit de nouvelles hausses de prix d’ici à la fin de l’année. Les prix sur le marché sont encore plus hauts qu’en 2008 lorsque des émeutes avaient éclaté.

Evolution de l’indice des prix des différents groupes de produits
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