Cameroun: « la chefferie de Ngompém ne se transmet pas de père en fils » (éclairage sur le cas Wilfried Yinda)

A la suite de la publication d’une lettre adressée à la présidence de la République sur la tentative d’imposer le fils de Louis Yinda (ancien DG de la Sosucam) à la chefferie de Ngompém, JournalduCameroun.com a reçu un courrier qui défend la candidature de Wilfried Yinda. Elle est signée du « Comité des sages de Ngompem par la plume de l’historien du village »

 

JournalduCameroun.com a relayé, lundi, une lettre adressée au chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, sur une bataille de succession à la chefferie de Ngompém (village rattaché à la commune de Pouma, département de la Sanaga-Maritime, région du Littoral). Les auteurs de la lettre y dénoncent les manœuvres pour « imposer »  Wilfried Yinda (fils de l’ancien DG de la Sosucam Louis Yinda) à l’élection prévue le 12 août, au détriment du fils de feu sa majesté Gervais Yinda. Suite à cette lettre, nous avons reçu une correspondance soutenant Wilfried Yinda, document que nous partageons ci-dessous, en ayant supprimé quelques points pour ne pas porter atteinte à l’honneur des personnes.

 

Le comité des sages de Ngompém par la plume de l’historien du village répond à la correspondance adressée au président de la République, et apporte un éclairage au sujet de la dévolution successorale chez les Log Mboui a Ngompém

 

LA CHEFFERIE DE NGOMPÉM NE SE TRANSMET PAS DE PÈRE EN FILS…

Au cours des 10 générations de LOG MBOUI qui se sont succédées à la tête de la Chefferie depuis plus d’un siècle (120 ans), aucun fils en filiation directe n’a jamais succédé à son Père. En effet, cette règle édictée au sein de la famille LOG MBOUI permet de préserver l’équité entre tous ses membres grâce à un système de rotation entre branche sur le trône. A Ngompém, tous les LOG MBOUI peuvent potentiellement postuler et ce sont les notables chefs de toutes les familles qui choisissent le plus généreux capables travailler pour le village sans exclusive.

LES MENSONGES ÉHONTÉS ET LE DÉSESPOIR DE CEUX QUI ONT FAIT COULER NGOMPÉM

L’avidité d’un petit groupe bien connu de tous au village, qui complote secrètement depuis 15 ans, couplée au peu d’intérêt que le précédent chef a montré pour sa population n’avait pour seul ambition égoïste que d’imposer son fils Parfait YINDA au mépris de toutes les règles de transmission séculaires de la grande famille LOG MBOUI. Sachant que ce serait impossible de son vivant, qu’aucun LOG MBOUI, qu’aucune famille de Ngompém ne l’accepterait, Gervais YINDA a préféré partir silencieux, sans rien dire, avec les attributs de Chef plutôt que d’aller remettre le sceptre aux patriarches de la famille comme l’ont fait avant lui ses prédécesseurs notamment UM BILLONG Germain (8ème Chef toujours vivant).

Au regard de tout ceci, il apparaît donc clairement que Parfait YINDA est illégitime, et ceux qui l’appellent successeur désigné confirment le profond mépris qu’ils ont pour nos traditions.

GERVAIS YINDA CHEF AUX FORCEPS…

Tout le monde à Ngompém sait parfaitement que Gervais YINDA a été largement devancé lors du 1er tour des consultations des notables qui se tinrent à Nkanla (Ngompém) pour la désignation du Chef. Les chefs de blocs et la famille LOG MBOUI doutaient des capacités de Gervais YINDA à être un grand chef qui embrasse tout le monde, ce dernier ne dû son salut qu’à la présence inopinée de Louis YINDA qui lors d’une allocution a fini par convaincre les notables et les patriarches réticents de lui laisser sa chance.

NGOMPÉM N’A CONNU AUCUN DÉVELOPPEMENT…

Les prédictions pessimistes des anciens au moment de la précédente élection se sont avérées justes. En effet, la période qui s’achève a été vécue par tous les habitants du village comme un calvaire, un chemin de croix : -Aucun projet, -Aucune initiative, -Une chefferie moribonde, -Le règne de l’égoïsme et la méchanceté. Le village de Ngompém a sombré dans l’agonie avec l’impotence progressive de Gervais Yinda qui aurait pu abdiquer comme ses prédécesseurs avant lui […]

PARFAIT YINDA, UN BILAN TOUT AUSSI INEXISTANT APRES 15 ANS DE GESTION…

Depuis 15 ans et l’incapacité de son père, M. Parfait Yinda s’est auto-administré Chef de Ngompém sans le consentement des notables […] Les habitants de Ngompém, livrés à eux-mêmes depuis 15 ans sont en proie à la désolation….

Pourquoi Parfait YINDA et proches veulent-ils se soustrairent aux règles ancestrales qui veulent que ce sont les chefs des différentes sous-familles qui élisent le Chef de Ngompém parmi les LOG MBOUI ?

WILFRIED YINDA EST UN DES NÔTRES, C’EST NOTRE FRÈRE…

Il faut vraiment vivre hors du village pour ne pas connaître Wilfried YINDA. Il faut vraiment vivre hors du village pour ne pas savoir que Wilfried YINDA a construit sa maison au village depuis plus de 10 ans. Si vous voulez le connaître allez frapper à sa porte, tout le monde sait où elle se trouve. Il faut vraiment vivre hors du village pour ne pas savoir que Wilfried est plus fréquemment présent au village que certains de ses détracteurs. La vérité est que Wilfried YINDA est un NDOG KOBE, un digne fils qui fait la fierté de Ngompém, un jeune vaillant LOG MBOUI dont le grand-père était Chef de Ngompém.

Au regard de cette filiation, Wilfried YINDA est légitime, il a le droit comme les autres de postuler pour la chefferie ; ce sont les notables qui choisiront, celui qui capable de porter et faire prospérer le village comme c’est la coutume.

On peut comprendre que ses opposants, adversaires aient peur car beaucoup de jeunes de Ngompém comme moi apprécient Wilfried pour son humilité, sa générosité et ses actions sociales, notamment : Les soutiens financiers ou matériels, depuis des années aux familles du village pour diverses occasions (rentrée, deuil, …) ou l’aide à un frère, une sœur, rencontré à Yaoundé. J’avoue en avoir bénéficié et je sais que nous sommes nombreux…La caravane médicale organisée à Ngompém il y’a 1 an et qui aura permis de soigner près de 200 personnes ce jour-là, j’en ai entendu parler lors d’un passage au village, Etc…

Wilfried YINDA est un des nôtres, un de nos frères et beaucoup parmi en sommes fiers. Il faut le dire sans ambiguïté, c’est un préalable. Il n’a pas besoin de payer 500 000 Fcfa pour être apprécié à Ngompém, son attachement à son village et son engagement depuis des années à nos côtés suffisent.

Quant à ses adversaires, ils ont comme lui le droit de postuler ; mais par pitié, que ses opposants et ceux qui sont en délicatesse avec leurs vœux, restent dignes dans le combat car au final le choix du chef appartient aux familles de Ngompém.

Les diversions, les fables, les mensonges, les tentatives de division, les insultes, les propos diffamatoires, le populisme de bas étage et les intimidations ne vous feront gagner personne à Ngompém, bien au contraire ça discrédite leurs auteurs à nos yeux. Nous ne sommes pas fous…

Certains veulent le statu-quo, que rien ne change, que rien ne bouge….

DE LA CORRESPONDANCE AU CHEF DE L’ETAT

La correspondance au Président de la République est dénuée de sens parce que tous les fils des différents chefs qui se sont succédé à la tête de Ngompem, n’ont jamais été chefs. Gervais YINDA était-il le fils de UM BILLONG Germain (toujours vivant)? Évidemment non! Le reste n’est que chimères.

Par ailleurs, les doutes sur l’impartialité et la capacité des notables à rendre leur verdict sont d’autant plus risibles que ces derniers ont été choisis par le défunt Chef Gervais YINDA. Nous avons besoin de changement à la tête de notre village, un frère qui a le cuir épais et comme nous l’avons déjà dit, a démontré depuis de longues années sa générosité au travers de diverses actions dont les plus récentes sont le don de 4 000 plants de bananiers plantains aux familles de Ngompém Nkanla, et la distribution il y’a quelques semaines de 1 000 masques aux populations de Ngompém pour faire face à la pandémie du COVID 19.

Wilfried, ce frère disais-je, a le droit de postuler pour la chefferie et même plus, il mérite d’avoir sa chance…

Nos chefs de famille choisiront en leurs âmes et consciences dans l’intérêt supérieur du village.

Signé le comité des sages de Ngompem par la voix de l’historien du village.

Cameroun : Louis Yinda, ancien Dg Sosucam, tente d’imposer son fils à la tête de la chefferie de Ngompem

C’est du moins l’accusation portée par les enfants du défunt chef. Ils en appellent à l’intervention du président de la République tout en pointant le rôle trouble du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji. Lire l’intégralité de la lettre des enfants de feu sa majesté Gervais Yinda.

A SON EXCELLENCE PAUL BIYA Président de la République, République du Cameroun Yaoundé

Ngompem, ce 8 Aout 2020

Objet : Dénonciation du détournement de la succession à la Chefferie Excellence,

Nous les enfants du défunt Chef Traditionnel de Ngompem, Sa Majesté Gervais Yinda, décédé le 25 mars 2020 à Douala, solidaires de l’immense majorité des 5200 ressortissants de Ngompem au village, sur le territoire national et résidents à l’étranger, sollicitons publiquement votre intervention expresse pour faire cesser une forfaiture qui est en train de se préparer sous la houlette de Monsieur ATANGA NJI, le Ministre de l’Administration territoriale, à la demande de notre oncle Monsieur Louis Yinda qui n’en est pas à son premier forfait dans ce village.

En effet, alors que les obsèques officielles n’ont pas encore eu lieu, celles-ci ayant été fixées au 17 octobre 2020 par la Famille du défunt contre la volonté de Sieur Louis Yinda qui a tenté en vain de les instrumentaliser à dessein, alors que la vacance à la tête de le chefferie de Ngompem n’est même pas encore déclarée, au sens de l’article 9 du Décret n°77/245 du 15 juillet 1977 portant l’organisation des chefferies traditionnelles, Monsieur le Sous-préfet de Pouma, agissant semble-t-il sur ordre expresse et direct de son Ministre de tutelle, a décidé depuis ce matin 07 Août 2020 de procéder manu militari à la désignation du nouveau Chef traditionnel de Ngompem. Le 12 Août 2020, l’objectif à peine dissimulé est d’imposer Monsieur Wilfried Yinda, fils de Monsieur Louis Yinda, après un simulacre de consultation publique avec la complicité de quelques notables non représentatifs, préalablement choisis et grassement payés pour la cause.

Il faut bien prendre la mesure du fait que, si elle est menée comme telle, cette procédure de désignation sera entachée d’irrégularités en raison du non-respect des formes de procédure prescrites par la loi, parce qu’elle bafoue de manière flagrante le décret cité, en particulier l’article 8 qui énonce clairement ce qui est la règle en matière de succession : « les chefs traditionnels sont, en principe, choisis au sein des familles appelées à exercer coutumièrement le commandement traditionnel. » Par des interprétations abusives, tous les imposteurs ont pris la triste habitude de faire du forcing en faisant croire que n’importe 2 qui peut être candidat à la succession dans une chefferie de 3ème degré. Or ce que disent les textes, de nombreux cas de jurisprudence, l’histoire particulière de la succession dans chaque famille ainsi que ses propres us et coutumes est d’une clarté incontestable dans l’histoire de la Chefferie traditionnelle à Ngompem et de manière générale dans le Pays Bassa : le successeur est issu de la lignée directe du Chef défunt, choisi parmi ses enfants, sauf si le candidat désigné et les candidats potentiels ne disposent pas des facultés mentales requises pour exercer la fonction ou y renoncent explicitement.

Outrée par ces méthodes de gangster, l’Association des Chefs traditionnels de Pouma a pris la peine de mettre le Sous-préfet en garde, via une correspondance officielle, lors des réunions publiques et de vive voix, l’enjoignant de ne pas céder aux sirènes de la corruption, du trafic d’influence, et surtout de respecter la loi ainsi que les us et coutumes en matière de succession à la chefferie dans la région.

De même, une immense majorité des élites et des membres influents de la société civile de la Sanaga Maritime ont beau interpellé les concernés et essayer de faire entendre raison à celui qui est à l’origine de cette mascarade, ils n’ont rencontré que mépris et arrogance. Mais ce qu’il y a de singulièrement scandaleux dans cette démarche, c’est qu’il s’agit d’une réelle imposture. Le candidat qu’on prépare à la succession au forceps, Wilfried Yinda, est un individu sans pedigree connu. Il traîne une sulfureuse réputation de délinquant financier international depuis qu’il a été cité nommément dans le scandale des « Panama papers » qui avait mis à nu une gigantesque opération frauduleuse de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale. Cet individu ne connaît rien de l’histoire, de la géographie, des ressources, du patrimoine ancestral, des us et coutumes de Ngompem. Il ne parle même pas la langue bassa, la langue des administrés de la Chefferie traditionnelle. Il ne réside pas de façon permanente sur le territoire de commandement du Chef, en violation de l’article 17 du même décret. Il se prévaut de la nationalité camerounaise alors qu’il est suspecté d’être de nationalité française, en violation de l’article 31, a, de la loi loi n°1968-LF-3 du 11 juin 1968 portant code de nationalité camerounaise. Il ne remplit pas de toute évidence les conditions minimales pour être candidat à la Chefferie traditionnelle à Ngompem. Par conséquent, il ne peut pas être imposé, qui plus est de manière aussi cavalière, comme le Chef d’un Village qui n’en veut pas.

En réalité, quand on creuse un peu plus en profondeur, il apparaît clairement que cette tentative de détournement de la Chefferie à Ngompem n’est que la partie visible de l’iceberg qui dissimule le projet une double opération économique frauduleuse et égoïste de très grande envergure :

  1. L’accaparement de 1300 hectares de la Forêt communautaire dont M. Louis Yinda est soupçonné d’avoir entrepris l’immatriculation à titre personnel alors qu’il s’agit de la forêt des Log Mboui, la Grande Famille duquel est coutumièrement issu le Chef du village. Cette tentative de spoliation de cet immense terrain communautaire s’est faite à l’insu et au détriment du défunt chef, de ses enfants, de tous les Log Mboui et surtout des ressortissants de Ngompem qui sont entrés dans une vive colère collective une fois le pot aux roses découvert ;
  2. La préemption égoïste de l’opération d’indemnisation des terrains ainsi acquis estimée à plusieurs centaines de millions FCFA à percevoir auprès de la Société Hydromine qui est en charge du projet de construction du Barrage du Grand Eweng sur la partie de la Sanaga qui traverse la terre de nos ancêtres. Des études géologiques font état, semble-t-il, de gisement de pétrole et de métaux précieux, alors que les habitants de Ngompem sont tenu dans la totale ignorance de l’existence de cette richesse.

Ces agissements qui datent relèvent d’une délinquance de haut vol et beaucoup d’autres méfaits qu’il n’est pas nécessaire de détailler ici, constitue une véritable infamie digne de l’époque coloniale. C’est inadmissible. Et cela entraine des conséquences perceptibles : c’est par exemple la raison pour laquelle Monsieur Louis Yinda et son épouse n’ont cessé d’accumuler des déconvenues à répétition dans toutes leurs actions sociales et politiques de ces dernières années. Les gens ont marre de cet égocentrisme primaire qui consiste à toujours penser : « tout pour moi, rien pour les autres ».

Les gens de Ngompem en ont assez de cet appétit d’ogre qui confine à une forme de cupidité sauvage et sans limite. Après avoir parlementé en vain, il est temps afin faire cesser cette forfaiture.

Excellence Monsieur le Président de la République, il vous appartient en dernier ressort d’ordonner le contrôle de la procédure en cours dans le strict respect des règles administratives et coutumières en vigueur. Il est de votre responsabilité d’entendre la volonté de vos administrés de Ngompem. Il y a lieu de faire droit à la présente demande non seulement parce que ce sont les lois de la République qui sont bafouées et la morale publique piétinée mais aussi et surtout parce qu’il y a de sérieuses raisons de penser qu’il existe un risque réel que cela entraîne des troubles à l’ordre public local, des tensions communautaires et une guerre des clans de très longue durée pouvant être de nature à mettre en péril aussi bien le projet de barrage hydroélectrique de Grand Eweng que la paix entre les membres d’une même communauté. In fine, il n’est pas superflu de souligner que cette affaire est de nature à entacher votre propre image dans la région de la Sanaga Maritime et au-delà dans la mesure où le principal bénéficiaire de cette forfaiture est bien connu pour se prévaloir de votre amitié personnelle afin d’agir en toute impunité.

Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, les assurances de notre déférente considération.

Fait à Ngompem, ce 08 Aout 2020