«Malgré la distance, l’envie de servir notre cher et beau Cameroun nous habite vigoureusement»
Monsieur Mbahal, Bonjour! Merci de nous accorder cette interview. Vous êtes le président de « Cameroon-Society ». Pouvez-vous vous présenter également à nos lecteurs et lectrices?
Je suis Mbahal Zachée, informaticien de gestion de formation. Depuis plus de 10 ans je travaille comme consultant en Allemagne dans le domaine d’intégration des pro-logiciels de gestion des relations clients. Actuellement je suis consultant senior spécialiste de l’architecture des bases et d’entrepôts de données. Avant mon arrivée en Allemagne j’ai travaillé au Cameroun dans une grande boîte de la place comme gestionnaire de stocks et enseignant dans plusieurs établissements scolaires. Mon cursus universitaire a débuté au Cameroun où j’ai fait les études supérieures sanctionnées par une licence en gestion des entreprises à l’université de Yaoundé. En Allemagne j’ai fait les études d’informatique de gestion sanctionnées par un diplôme de Wirtschaftsinformatiker. J’ai fait l’école primaire et le collège à Ngambé. J’ai poursuivi ma scolarité au Lycée scientifique d’Edéa où j’ai obtenu un baccalauréat série D. Je suis marié et père de cinq enfants.
Votre association veut lancer le projet de German City. Quelles sont les conditions ? Est-ce qu’un étudiant peut prétendre bénéficier du programme?
Au départ nous avons pensé ce projet exclusivement pour les membres de notre association et les Camerounais de la diaspora allemande. Notre groupe est composé de professionnels dans différents domaines, pour la plupart des ingénieurs avec une longue expérience dans la gestion des projets. Nous avons ici des hommes d’affaires présents en Allemagne, au Cameroun et dans d’autres pays, mais aussi des étudiants. La presque totalité de nos membres ont été à un moment ou à un autre étudiants ici en Allemagne. Alors nous ne saurions exclure cette tranche de la diaspora qui a devant elle tout son avenir et à laquelle nous avons appartenu. Nous sommes en discussions avec nos partenaires financiers et nous voulons que les conditions d’acquisition de ce patrimoine soient aussi à la portée de l’étudiant. Bien sûr tout le monde ne pourra pas remplir ces conditions, mais elles seront aussi à la portée de l’étudiant soucieux de son avenir et de son devenir. Nous avons été l’une des premières associations camerounaises en Allemagne à signer un contrat de partenariat avec le Groupe Allianz « Krämer und Schweitzer ». A travers ce contrat, tout camerounais ou Africain a la possibilité de souscrire une assurance à travers laquelle Allianz «Krämer und Schweitzer» s’engage à mettre à la disposition de la personne désignée par l’assuré une somme importante pour le rapatriement de son corps en cas de décès. Dans ce contrat de partenariat nous avons pensé beaucoup plus aux étudiants qui se sont retrouvés ces dernières années dans les difficultés à rapatrier les corps de leurs camarades décédés ici en Allemagne. En payant une contribution moyenne et annuelle de 40 € c’est à dire moins de 3,5 € par mois l’assuré a la certitude que Allianz mettra à la disposition de la personne qu’il aura indiquée une somme de 20.000 € pour rapatrier le corps et organiser ses obsèques au Cameroun. Nous avons ainsi contribué à la mise au point d’un produit taillé pour l’étudiant. Et tout le monde s’accorde maintenant à dire que c’est un bon risque. C’est pour cela que nous ferons également tout dans le cadre du projet « German City » de faire de l’étudiant un potentiel acquéreur de l’immobilier.
Votre projet de « German-City » semble très ambitieux. Quelles sont les garanties que vous donnez aux futurs acquéreurs afin qu’ils ne tombent pas dans cet éternel problème de manque de confiance?
Je voudrais dire aux intéressés que tous ceux des camerounais admis à faire partie de ce projet trouveront des partenaires financiers très solides, des conseillers immobiliers habiles dans leur travail et les ingénieurs rompus dans les projets de développement. Tous nos contrats et documents feront l’objet d’une étude minutieuse et confiés aux professionnels. Les contrats seront validés devant un notaire afin d’apporter plus de transparence aux parties prenantes.
Dans quelle(s) ville(s) seront construites ces maisons haut de gamme?
Nous comptons à moyen terme construire une première cité « German City» aux alentours de la ville de Douala. Nous allons étendre cette expérience en construisant la deuxième cité « German City » aux alentours de la ville de Yaoundé. Les leçons tirées des premiers projets nous aideront dans la planification des cités « German City» à venir dans les autres villes du Cameroun. Nous discutons avec d’autres Africains sur la possibilité de transférer cette idée dans leurs pays et villes respectifs.
Monsieur Mbahal vous êtes le président de l’association nommée « Cameroon-Society ». Pouvez-vous la présenter aux lecteurs et lectrices?
« Cameroon-Society » a été créée en 2003; elle est composée d’un bureau exécutif élu pour un mandat de 2 ans et d’une Assemblée Générale qui est l’organe suprême. Le bureau exécutif composé du président, du secrétaire général et du trésorier a les attributions assignées généralement à ces fonctions. Nous avons au sein de notre Groupe un comité appelé «conseil de discipline». Ce conseil est composé des anciens Présidents, du doyen, du junior du Groupe et de deux autres membres élus par l’Assemblée Générale. Ce comité a pour rôle principal de surveiller la gestion du Groupe, de proposer les lois ou des règles de son fonctionnement ou de les modifier. La force de notre groupe repose sur le dynamisme de ses membres qui possèdent tous les compétences de créativité, de gestion de projets et des hommes.
Quels sont les objectifs de « Cameroon-Society»?
Notre Groupe s’est fixé un objectif, celui de promouvoir un échange culturel entre Camerounais et Allemands aussi bien ici en Allemagne qu’au Cameroun. Nous voulons ainsi arriver à faciliter et à encourager à travers un partenariat germano-camerounais les échanges dans les domaines scientifiques, culturels, éducatifs et technologiques. En plus nous aidons nos compatriotes à s’intégrer dans la société allemande en leur prodiguant les conseils. Nous allons dans le sens du regroupement des Camerounais de la ville de Darmstadt et de ses environs à travers l’organisation des manifestations culturelles et sportives. Notre action ne s’arrête pas en Allemagne. C’est ainsi que nous apportons à travers des projets au Cameroun notre contribution dans la promotion du développement social, économique, technologique et scientifique. Pour plus d’informations sur notre groupe et nos activités nous vous invitons à visiter notre site internet www.cameroon-society.org. Nous nous sommes aussi donné entre autres comme objectif de faire revivre ici en Allemagne nos rites et coutumes et de les transmettre à nos enfants afin de les pérenniser.

En Allemagne on parle de plus en plus d’association estudiantine, d’association professionnelle, d’association à but culturel et villageois. Dans quel registre se situe la vôtre? Quelle est votre particularité?
Il faut reconnaître que beaucoup d’associations de camerounais ici en Allemagne ont présenté aux yeux du monde leur dynamisme. Cameroon-Society s’aligne sur cette démarche, mais comme vous avez bien su le remarquer, notre Groupe a une singularité. Beaucoup d’associations de Camerounais ici en Allemagne ont des membres appartenant à une même classe, qui sont du même statut social ou alors de la même profession. Cameroon-Society n’est pas une association estudiantine ni de professionnels exclusivement. Elle n’a pas seulement un but culturel. Notre Groupe comme son nom l’indique est la société camerounaise, avec plus de 250 langues à conserver, les peuls, les bantous, les semis-bantous et les pygmées qui doivent aller vers la consolidation d’une nation et renforcer ce don naturel qui fait du Cameroun une Afrique en miniature. Nos membres font partie de beaucoup d’autres associations camerounaises ici en Allemagne. Ils sont adhérents de l’association des ingénieurs et informaticiens camerounais en Allemagne, nous avons aussi les membres actifs dans le BD (bureau directeur) du challenge camerounais, le Président de « Cameroon-Society » que je suis est également membre du conseil d’administration du CaDiDec (Cameroon Diaspora Development Club). Beaucoup de nos membres ont gardé jusqu’à présent leur affiliation dans les associations des étudiants des villes où ils ont fait leurs études. Le CTO (Comité Technique d’Organisation) du challenge camerounais de Darmstadt 2010 était présidé par un membre de notre Groupe. Les commissions de ce CTO ainsi que la vice-présidence étaient dirigées à 60% par les membres de « Cameroon-Society ». Nous privilégions le dialogue, un esprit critique et non de critique, le sérieux et le professionnalisme dans la gestion de nos projets.
Monsieur Mbahal, ceux qui vous lisent se demanderont ce que vous avez déjà réalisé de concret en Allemagne et/ou au Cameroun. Que dites-vous?
Le Challenge Camerounais de mai 2010 a été organisé par un groupe essentiellement composé des membres de « Cameroon-Society ». C’est fort de l’expérience acquise à travers le Challenge Camerounais que nous allons à partir de cette année offrir au public Camerounais un événement annuel, le festival de la culture tropicale. En dehors de toutes ces réalisations qui se passent ici en Allemagne, nous avons mis sur pied un projet qui est à sa phase finale et qui nous permettra bientôt de financer un projet d’intérêt commun dans un village d’un membre de notre groupe: un forage, les bancs pour une école, une salle de classe, les fournitures scolaires etc. Tout dépendra des besoins exprimés par les habitants du village bénéficiaire. Nous avons également dans notre groupe une caisse appelée « caisse immobilière ». Il s’agit de mettre à la disposition du membre désigné à la fin d’une année une somme d’argent considérable qui lui permettra d’acquérir un patrimoine immobilier. L’objectif étant de donner aux membres de « Cameroon-Society » la possibilité d’acquisition d’un immobilier ici en Allemagne.
Nous arrivons au terme de notre entretien. Un dernier mot?
Ceux qui pensent que nous ne sommes plus attachés à notre pays doivent comprendre que malgré la distance, l’envie de servir notre cher et beau pays le Cameroun nous habite vigoureusement et la contribution à son développement socio-économique nous importe au plus haut point. L’éloignement ne devant en aucun cas nous soustraire à l’obligation de rendre à notre nation ce qu’elle a apporté à beaucoup sinon à chacun d’entre nous.
