Annoncé comme titulaire face au Burkina Faso, lors du match de classement, l’attaquant du Bayern Munich a décliné l’offre. N’ayant pas disputé la moindre minute de la demi-finale contre l’Egypte, il s’est senti frustré. Et il affirme qu’il ne jouera plus en équipe nationale sous les ordres d’Antonio Conceiçao. Qu’est-ce qui s’est passé entre l’attaquant et son entraîneur? Tentative de réponse…
Quelles sont les véritables motivations qui poussent Eric Maxim Choupo-Moting (il aura 33 ans le 15 mars prochain), à mettre sa carrière internationale entre parenthèse? C’est la question que tout le monde se pose au Cameroun. A quelques minutes du début du match pour la troisième place, face aux Etalons, l’un des joueurs le plus plébiscité par les supporters des Lions a décidé de ne pas disputer cette rencontre : «j’ai expliqué au coach que mentalement, je n’étais pas prêt et que je jouerai plus tant qu’il est le sélectionneur ».
C’est une révélation qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Eric Maxim Choupo-Moting, qui est en équipe nationale depuis mai 2010, envisage sérieusement de ne plus arborer le vert-rouge-jaune à la griffe du Lion, comme il a lui-même annoncé en zone mixte, peu après le match remporté face au Burkina Faso (3-3 ; 5 Tab 3). Une hypothèse qui fait beaucoup parler au Cameroun et au-delà, accentuant le malaise autour d’un joueur qui considère qu’Antonio Conceçao «lui me manque de respect».
« Conceiçao a le macabo de Maxime »
Une décision qui interpelle, et sur laquelle est revenu son agent et père, Just Choupo-Moting lors d’une interview. Il explique trivialement que « Conceiçao a le macabo de Maxime ». « Depuis son arrivée au Cameroun, Antonio Conceição sans qu’on ne sache pourquoi a montré une certaine antipathie à l’égard de Choupo-Moting, pourtant l’un des joueurs préférés du public camerounais. Cette fois c’en est trop ! »
En effet, c’est depuis un bon moment que le torchon brûle entre les deux hommes. Convoqué en sélection nationale pour disputer le match amical face au Japon le 9 octobre 2020, l’ancien jouer de Stoke City a informé le staff technique des Lions indomptables qu’il ne pouvait pas disputer cette rencontre parce qu’il est à la recherche d’un club. On apprendra par la suite que l’ex-joueur du PSG était en négociation en ce moment-là avec le Bayern Munich.
Si son absence à ce match amical Japon-Cameroun (0-0) passe presqu’inaperçue, dans la tanière, son attitude dérange certaines personnes de l’entourage d’Antonio Conceição, qui ont pendant longtemps cherché en vain des amitiés avec le clan radin de Choupo-Moting. Ces détracteurs vont profiter de cette situation pour affirmer en sourdine au coach qu’il manque de patriotisme.
Le sélectionneur Antonio Conceição prend note. Le complot tendant à l’inverser de la sélection ne s’arrête pas là. La fédération est mise à contribution. «Pour une erreur de mail», la lettre de convocation de Choupo–Moting pour les matchs face au Cap-Vert (26 février 2021) et contre le Rwanda (30 mars 2021) ne lui parviendra pas.
La jalousie est un péché national
A la demande de certains joueurs, le technicien portugais profite de son absence, pour introniser Vincent Aboubakar capitaine des Lions. La courte vidéo montrant Zambo Anguissa refusant de saluer Choupo Moting à la fin du match face à l’Egypte est assez parlante.
Dans un pays où la jalousie est un péché national, le fait que Choupo-Moting évolue dans un club prestigieux fait des envieux. Ces derniers ne cessent de le vilipender auprès du sélectionneur. C’est du banc des remplaçants que Choupo-Moting va assister, impuissant, à la défaite du Cameroun en Côte d‘ivoire le 9 septembre 2021. Face à la presse ivoirienne, médusée, Conceiçao avancera le fallacieux prétexte que la pelouse n’était pas bonne pour Choupo-Moting.
Comment un joueur tant apprécié en club (Hambourg, Mayence, Bayern et surtout au PSG) pour son comportement exemplaire peut-il être aussi incompris et mal aimé par son sélectionneur. Choupo-Moting qui s’exprime en allemand, anglais et français est bien intégré chez les Lions. L’influence des agents de joueurs sur le staff technique des Lions peut également justifier ces multiples mises à l’écart au profit des joueurs en quête d’exposition.
Sous l’ère Hugo Broos, c’est parce que Choupo-Moting (18 buts en 65 matchs avec le Cameroun) n’acceptait pas de voir évoluer le médiocre Edgard Salli à son poste qu’il s’est abstenu de disputer la Can 2017. Mal lui en a pris : c’est tout auréolé d’or que les Lions sont revenus du Gabon.
Environnement malsain et corrompu
Hormis nos défaillances administratives, c’est surtout pour les mêmes raisons que le talentueux défenseur central de Liverpool, Joël Matip, à qui certains sélectionneurs ont souvent préféré les joueurs comme Aurélien Chedjou ou Danny Noukeu, a, depuis 2015, dit «adieux aux Lions ». En rappel, le premier cité, après un an sans club, a arrêté sa carrière et le second joue à Asta Solar 7, dans le très modeste championnat du Djibouti.
En demi-finale donc de la Can face à l’Egypte (0-0 ; 1 tab 3), le 3 février dernier, en regardant pendant 120 minutes, jouer la bande d’ailiers très moyens, (Clinton Njie, Christian Bassogog et consorts), l’attaquant du Bayern a de nouveau craqué. Jusqu’à quand ?
Au-delà des considérations extra-sportives ou d’ordre tactique, la définition d’une équipe nationale est simple : elle est constituée des meilleurs joueurs d’un pays ! Mais dans un environnement malsain et corrompu comme le nôtre, est-ce possible d’appliquer à la lettre cette définition ?