Cameroun : trouver l’alchimie idéale entre médecine traditionnelle et médecine moderne

C’est dans ce contexte que s’est déroulé la discussion organisée par l’Institut de Recherche Médicale et d’Etude des Plantes Médicinales à Yaoundé le 18 octobre dernier.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), trois principes doivent être pris en compte lorsqu’on parle de médecine. Pour l’organisation, le médicament doit être efficace, c’est-à-dire qu’il doit permettre aux patients de recouvrer la santé. En même temps, elle ne doit pas causer de dommages. La médecine traditionnelle est souvent critiquée pour cela.

Un traitement ne doit pas se terminer par une tragédie pour le patient. Enfin, la médecine, même traditionnelle, doit obéir à une norme selon laquelle les mêmes causes doivent produire les mêmes effets.

Le Pr. Jean-Louis ESSAME OYONO, Directeur de l’Institut de Recherche Médicale et d’Etude des Plantes Médicinales, en présence de nombreux chercheurs et tradipraticiens. Pour le spécialiste de la recherche médicinale, nous sommes aujourd’hui à l’ère du concept de santé unique. Selon le directeur de l’IRPM, cela signifie qu’il existe une interaction entre trois domaines principaux : l’environnement, l’homme et l’animal.

L’objectif de la conférence était ainsi entre autres d’encourager les praticiens de la médecine traditionnelle à prendre davantage conscience de ces trois entités, dans le respect de l’environnement et de l’interaction entre l’homme et l’animal. Ces points sont destinés à briser la glace et à faciliter la coopération entre les deux approches médicales. Ici, le rôle de la recherche médicale est d’encadrer les pratiques et les différentes formes de la médecine traditionnelle, pour le plus grand bénéfice de la santé de la population.

Face aux craintes que la recherche médicale ne prenne le pas sur la médecine traditionnelle, avec le risque de perte de certaines coutumes et traditions, l’apport des praticiens traditionnels a été reconnu et salué dans les débats, avec l’exemple de la crise de la pandémie de Covid-19, où la médecine traditionnelle a été complémentaire à la recherche scientifique et sauvé des vies. Cela a conduit à un appel pour que ses représentants s’intéressent à d’autres maladies spécifiques à notre environnement, comme le paludisme.

D’autres recommandations portent sur le renforcement de la capacité financière de l’IRPM à produire des thérapies de santé, l’intégration de toutes les composantes de la médecine traditionnelle et le développement de bons réflexes médicaux chez ses praticiens : prévention, diagnostic, traitement et suivi.

L’IRPM a également été invité à intégrer d’autres variantes de la médecine traditionnelle, comme l’hydrothérapie, et à continuer à travailler avec les tradipraticiens, qui devraient se rapprocher de l’Institut pour promouvoir leurs préparations et travailler à développer le réflexe de référence chez les patients.

Cette rencontre se tenait dans le cadre des huitièmes Journées d’Excellence de la Recherche Scientifique et de l’Innovation du Cameroun (JERSIC).

Cameroun-plantes médicinales : 100 tradipraticiens du Centre, Sud et Est outillés

Un atelier a eu lieu du lundi 25 juillet au mercredi 27 juillet 2022 à l’Institut de recherches médicales et d’études de plantes médicinales (IMPM) que dirige le professeur Essame Oyono Jean Louis, Directeur Général.

Une rencontre pour retirer le meilleur des plantes aux profit des populations. Cet atelier qui a réuni les tradipraticiens de 03 régions porte sur le renforcement des capacités des Tradipraticiens de santé des régions du Centre, Sud et Est, sur le thème : « Fabrication des médicaments traditionnels améliorés et administration des soins de santé primaire appropriés ».

« Notre mission fondamentale, c’est de pouvoir renforcer les capacités de cette médecine, qui est la richesse de notre pays et même de l’Afrique. Il faudrait l’excuser de ce qu’elle a, de superflus et de pouvoir retirer de ce qu’elle a, de capacitant pour pouvoir traiter les populations », a souligné le Professeur Jean-Louis Essame Oyono, Directeur général IMPM.

Le premier module qui a regroupé ces acteurs de la médecine traditionnelle portait sur la Physiologie générale du système humain. Cette session a permis aux participants d’acquérir des connaissances sur les généralités des systèmes respiratoire et hormonal, ainsi que les sites de métabolisme et d’excrétion des médicaments.

Le second module quant à lui, porte sur l’assurance qualité et pérennisation de la matière végétale. Ici, il est question de fabriquer du médicament traditionnel amélioré, en assurant le contrôle et la qualité.

L’objectif de ce module est d’utiliser les bonnes pratiques de collecte et des procédures standardisées de laboratoires pour la production des MTA de qualité tout en assurant la pérennisation de la matière première.

Les deux derniers modules ont porté sur : assainissement et hygiène & qualification and validation. L’objectif visé est d’améliorer les conditions de santé de l’environnement avec tous ses composants, la qualité et l’utilisation de la médecine traditionnelle afin d’instituer des méthodes appropriées d’évaluation pour faciliter la mise au point d’une réglementation et d’un système d’homologation pour la médecine traditionnelle.

Il vise aussi à sensibiliser les Naturopathes sur la nécessité de protéger les phytomédicaments et les procédés de leur fabrication ou les modes de traitement des maladies par les titres de propriété intellectuelle.

« Cette formation est utile au niveau de l’amélioration des produits que consomment les Camerounais. L’IMPM est venu aujourd’hui nous apprendre entre autres, les techniques d’amélioration, d’hygiène et salubrité, de conservation et d’extractions », a déclaré Anicet Rodolph Mbeyam, Président national de l’association des tradipraticiens de la santé publique, chef de la délégation de l’Est.

Cameroun : elle veut divorcer parce que son mari fréquente les marabouts

Une femme est décidée à mettre fin à son mariage avec son époux. Elle accuse ce dernier de pratique de sorcellerie avec la complicité de son pasteur. L’homme qui ne s’oppose pas au divorce, dit être à la recherche des enfants que son épouse peine à lui donner. Les faits sont rapportés par Kalara.

« Il n’y a vraiment plus rien à faire pour sauver votre couple ? Vous n’arrivez toujours pas à vous entendre ? » a interrogé le tribunal à l’audience du 16 octobre 2021. « Selon madame la présidente, il n’y a plus rien à faire » a aussitôt rétorqué Ashley, une femme de 30 ans, qui a saisi le Tribunal de premier degré (TPD) de Yaoundé d’une requête de divorce.

Elle ne veut plus être mariée à Armand, son époux, à  qui elle reproche les faits de pratiques de sorcellerie. Après plusieurs années de vie commune, le couple n’a pas eu d’enfant. Ils étaient pourtant assis côte à côte dans la salle d’audience de cette juridiction et la communication entre nos deux tourtereaux semblait parfaite. Personne ne pouvait imaginer qu’ils étaient en instance de divorce.

Lorsque leur affaire a enfin été appelée et le motif de la saisine dévoilé, les personnes présentes à l’audience n’ont pas caché leur étonnement. Le bonheur qui se lisait sur leurs visages dissimulait en effet l’amertume et le dégoût que ressentent les deux jeunes gens. Même le juge en charge du dossier n’a pas manqué l’occasion de faire sa remarque : « visiblement, tout semble aller bien entre vous. Pourquoi sollicitez-vous le divorce ? «

Marabout

Le jeune couple, qui cumule huit ans de vie commune, se rejette mutuellement le tort de leur échec conjugal. Mariés en décembre 2017 sous le régime de la monogamie et la communauté des biens  après quatre ans de concubinage, les deux tourtereaux, qui s’étaient amour à vie, déclarent ne plus avoir de sentiment l’un envers l’autre.

« Nous avons été emportés par le coup de foudre et nous nous sommes engagés dans une relation sans se connaître au préalable », a confié Ashley. L’amour est né entre les deux hommes pendant qu’elles étaient encore à la dernière année de leur formation. Ils avaient alors décidé d’aménager ensemble avant de s’engager officiellement.

Ashley raconte avoir vécu les moments heureux aux côtés de son prince charment jusqu’à la veille de leur mariage en 2017. Quelques années après leur mariage civil le couple s’est procuré un terrain et nourrissait l’ambition d’y construire une maison d’habitation. Sauf que les problèmes  commencent en 2019, lorsqu’ Armand a intégré une église réveillée.

Il est devenu distant envers son épouse. Il n’avait qu’une chose en tête, avoir des enfants. « Tout l’énervait dans la maison. Son pasteur m’a conseillé de rejoindre son église : j’ai accepté. J’ai assisté à des nuits de prière organisées dans notre domicile. Mon mari était obsédé par l’idée d’avoir les enfants au point qu’il n’hésitait pas à me soumettre à certaines pratiques ». Les examens médicaux n’ont pourtant rien révélé d’anormal entre les conjoints. La relation va se tendre dans le couple lorsque Armand propose à son épouse d’aller voir un marabout.

Alors que la dame s’attendait à voir une personne mystérieuse, c’est plutôt le pasteur de son époux qui a pris l’apparence du féticheur, ce dernier lui aurait faire boire, dans une calebasse traditionnelle, une potion amère composée d’eau, des feuilles d’arbres, des cauris, des amulettes, ainsi que plusieurs kolas.

Elle explique qu’il s’agissait plus d’une pratique de sorcellerie que de médecine traditionnelle à laquelle elle s’attendait. Ashley dit s’être évanouie après avoir bu de force cette portion magique et, à son réveil, elle s’est retrouvée à la maison avec de violentes douleurs au niveau du bas ventre qui persistent jusqu’à ce jour.

La dame a déclaré dans la suite de son témoignage que son mari lui avait expliqué que ce qu’elle avait consommé devait la purifier et soigner sa stérilité. Ashley dit avoir demandé des explications supplémentaires à son mari, mais n’a reçu que des bastonnades en retour. Fatiguée des coups de poing, elle a préféré quitter le domicile conjugal.

« Il n’y a plus d’entente entre nous. Il est devenu violent. Ce n’est plus l’homme que j’ai épousé. Je ne l’aime plus. Je veux simplement qu’on vende le terrain qu’on a acheté ensemble et que chacun fasse sa vie de son côté », conclut-t-elle.

Armand qui ne s’oppose pas au divorce, se plaint plutôt de l’incompatibilité d’humeur dans leur foyer. Il reconnaît avoir  fait boire une potion à son épouse. Selon lui, c’était une pratique traditionnelle que lui avaient conseillée ses parents pour que son épouse conçoive. Armand qui dit encore aimer sa femme déclare avoir demandé à cette dernière lui faire des enfants.

Mais Ashley s’y est opposée. « Je ne me reproche rien. Je n’ai pas de problème à procréer. J’ai eu des enfants avant notre relation », a-t-il déclaré. L’affaire revient le 5 novembre 2021 pour les réquisitions  du ministère public.

Journée de la Médecine traditionnelle: message de Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique

Le 31 août, nous célébrons la Journée de la médecine traditionnelle africaine afin de promouvoir le rôle important que la riche biodiversité de plantes et d’herbes médicinales joue dans l’amélioration du bien-être sur le continent. Depuis des générations, la grande majorité de la population africaine compte sur la médecine traditionnelle qui constitue la source principale à laquelle cette population recourt pour combler ses besoins en soins de santé, car il est reconnu que la médecine traditionnelle est fiable, acceptable, d’un prix abordable et accessible. Aujourd’hui, l’on assiste à l’émergence de traitements prometteurs à base de médicaments traditionnels dans le cadre de la riposte à la COVID-19. Au Cameroun par exemple, le Ministère de la santé a approuvé deux produits en tant qu’adjuvants de L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d’autres organisations multilatérales jouent un rôle clé en soutenant le renforcement des capacités dans le secteur de la médecine traditionnelle, y compris la mise en place d’une fabrication locale.

Récemment, nous avons examiné les progrès réalisés au cours de la deuxième décennie de la médecine traditionnelle africaine, qui couvrait la période 2011-2020, et dans la mise en œuvre de la stratégie régionale pour le renforcement du rôle de la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé 2013-2023. Notre évaluation montre que 40 pays africains disposent désormais de cadres politiques pour la médecine traditionnelle, contre huit pays seulement en 2000. Les communautés ont été mobilisées pour participer à la sensibilisation à la valeur de la médecine traditionnelle. Les capacités des chercheurs, des tradipraticiens de santé et des autorités nationales de réglementation ont été renforcées grâce à la formation qui leur a été dispensée en partenariat avec l’OMS, le CDC-Afrique et le Partenariat Europe-pays en développement sur les essais cliniques. Des efforts sont par ailleurs faits pour conserver les plantes médicinales afin de garantir la disponibilité et l’abondance de matières premières de qualité.

L’année dernière, l’OMS, la Commission de l’Union africaine et le CDC-Afrique ont lancé conjointement le Comité consultatif régional d’experts sur la médecine traditionnelle pour la riposte à la COVID-19. Ce Comité consultatif accélère le rythme de la recherche en aidant les pays à collaborer sur les essais cliniques de médicaments  traditionnels conformément aux normes internationales. Des travaux supplémentaires sont nécessaires aussi bien pour intégrer la médecine traditionnelle dans des systèmes de santé orthodoxes que pour consolider les partenariats et mobiliser des ressources, notamment en faveur de la recherche- développement.

Par conséquent, en cette Journée africaine de la médecine traditionnelle, je lance un appel aux gouvernements, aux institutions de recherche, aux praticiens et au secteur privé pour qu’ils renforcent la collaboration autour de la recherche et de la production dans le domaine de la médecine traditionnelle. Œuvrons ensemble pour identifier des médicaments traditionnels sûrs, efficaces et de qualité et élargir l’accès à ces médicaments afin d’améliorer le bien-être des populations et de sauver des vies.

Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique

En savoir plus :

  • Renforcement du rôle de la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé : une stratégie pour la Région africaine (2013-2023).
  • Rapport de situation sur la mise en œuvre de la stratégie régionale pour le renforcement du rôle de la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé 2013-2023.
  • Traditional and Complementary Medicine in Global Health Care. In: Handbook ofGlobal Health.
  • Rapport mondial de l’OMS sur la médecine traditionnelle et complémentaire, 2019.
  • Towards universal health coverage: advancing the development and use of traditional medicines in Africa.
  • Lignes directrices sur l’homologation des médicaments traditionnels, OMS, 2004.
  • Réimprimées en 2010.