Élections: Un assassinat qui pourrait faire resurgir la violence

Le Colonel Djalo est mort quelques heures après la fermeture des bureaux de vote en Guinée Bissau

Les Bissau-Guinéens ont voté dimanche dans le calme au premier tour d’une présidentielle pour remplacer Malam Bacaï Sanha décédé en janvier, avec l’espoir de voir leur pays s’ancrer dans la stabilité, même si certains des candidats ont déjà dénoncé d’éventuelles fraudes. Le scrutin était considéré comme un test important pour ce pays de 1,6 million d’habitants, qui a enregistré des progrès économiques durant la présidence Sanha, mais dont le développement demeure entravé par une instabilité caractérisée par des coups de force militaires et des violences depuis son indépendance en 1974. Une réalité qui pourrait rattraper le pays avec l’assassinat du colonel Samba Djalo, ex-responsable des renseignements militaires de Guinée-Bissau, abattu dimanche soir dans la rue à Bissau par des hommes en tenue militaire. Aucune indication n’était immédiatement disponible sur le mobile de ce crime, perpétré quelques heures après la fin des opérations de vote du premier tour de l’élection présidentielle anticipée opposant neuf candidats, dont l’ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior (pouvoir) et l’ex-président Kumba Yala (opposition). Le scrutin s’était pourtant déroulé dans le calme.

Le colonel Djalo a été tué par un groupe d’hommes non clairement identifiés, qui ont tiré sur lui alors qu’il se trouvait à la terrasse d’un restaurant en face de son domicile à Cupilum de Cima (proche du centre-ville), aurait affirmé une source militaire, un témoin de l’agression et un responsable d’ONG, tous sous couvert d’anonymat. «Ils lui ont tiré dessus cinq fois», son corps a ensuite été transporté à son domicile, a indiqué la source policière. Un responsable de la sécurité qui s’est rendu dans la nuit de dimanche à lundi au domicile de la victime a confirmé sa mort. Le colonel Samba Djalo était jusqu’en avril 2010 directeur adjoint des renseignements militaires. Il avait été arrêté, après l’assassinat en 2009 du patron de l’armée Batista Na Waie, en même temps que l’amiral José Zamora Induta, alors chef de l’armée. Tous deux avaient été libérés après huit mois de détention. Depuis sa libération, le colonel Djalo n’avait pas de responsabilité officielle dans l’armée.

MM. Djalo et Induta ainsi que le général Manel de Melciades Fernandes, ex-chef d’état-major de l’armée de l’air avaient été entendus en octobre 2011 par le procureur général Edmundo Mendes, dans le cadre des enquêtes concernant (leur) participation à l’assassinat à la bombe du général Tagmé Na Waie, avait expliqué à l’époque une source jointe au parquet de Bissau, sans en préciser le contenu. Selon cette même source, les trois officiers entendus s’étaient mutuellement accusés d’être impliqués dans cette affaire lors d’auditions séparées conduites par l’ancien procureur, Amine Michel Saad. Dans la nuit du 1er au 2 mars 2009, le chef d’état-major général des forces armées, le général Batista Tagmé Na Waie, avait été tué à son quartier général par l’explosion d’une bombe, qui avait également fait quatre morts et six blessés parmi ses gardes de corps.

Une rue calme à Bissau après les élections et l’assassinat d’un Colonel
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