Le Cameroun s’est associé à l’UNICEF pour accélérer l’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans les écoles primaires et secondaires.
Mettre les TIC au cœur de l’éducation de base et secondaire. Le Cameroun a pris l’appui sur l’Unicef pour booster l’intégration des TIC dans l’éducation de base et l’éducation secondaire. Le partenariat a été établi entre le Fonds Spécial d’Appui au Conseil Mutuel d’Assistance (FEICOM) du Cameroun et l’agence des Nations Unies.
Avec un budget de 4,8 millions de dollars soit un peu plus de 2,8 milliards de FCFA le projet vise à bénéficier à 100 000 élèves, 1 000 enseignants et 15 écoles. Le projet « Éducation et Technologie pour Chaque Enfant » est actuellement en phase pilote dans cinq municipalités : Bertoua I, Bertoua II, Garoua Boulai, Mandjou et Ngoura.
L’initiative vise la promotion des compétences numériques et entrepreneuriales dans les écoles, la réduction de la fracture numérique chez les enfants et l’amélioration de la qualité et de l’accessibilité de l’éducation dans les communautés vulnérables. Les communautés ciblées recevront des appareils pour accéder aux plateformes d’apprentissage numérique.
Dans le cadre de cette initiative, le FEICOM et l’UNICEF contribueront à la construction et à la rénovation des écoles dans ces municipalités. Ce partenariat s’inscrit dans l’objectif plus large du gouvernement camerounais de transformer le pays en une économie à revenu intermédiaire supérieur et numérique d’ici 2035, soulignant l’importance de tirer parti des TIC dans l’éducation.
Le Cameroun s’est associé à l’UNICEF pour accélérer l’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans les écoles primaires et secondaires.
Mettre les TIC au cœur de l’éducation de base et secondaire. Le Cameroun a pris l’appui sur l’Unicef pour booster l’intégration des TIC dans l’éducation de base et l’éducation secondaire. Le partenariat a été établi entre le Fonds Spécial d’Appui au Conseil Mutuel d’Assistance (FEICOM) du Cameroun et l’agence des Nations Unies.
Avec un budget de 4,8 millions de dollars soit un peu plus de 2,8 milliards de FCFA le projet vise à bénéficier à 100 000 élèves, 1 000 enseignants et 15 écoles. Le projet « Éducation et Technologie pour Chaque Enfant » est actuellement en phase pilote dans cinq municipalités : Bertoua I, Bertoua II, Garoua Boulai, Mandjou et Ngoura.
L’initiative vise la promotion des compétences numériques et entrepreneuriales dans les écoles, la réduction de la fracture numérique chez les enfants et l’amélioration de la qualité et de l’accessibilité de l’éducation dans les communautés vulnérables. Les communautés ciblées recevront des appareils pour accéder aux plateformes d’apprentissage numérique.
Dans le cadre de cette initiative, le FEICOM et l’UNICEF contribueront à la construction et à la rénovation des écoles dans ces municipalités. Ce partenariat s’inscrit dans l’objectif plus large du gouvernement camerounais de transformer le pays en une économie à revenu intermédiaire supérieur et numérique d’ici 2035, soulignant l’importance de tirer parti des TIC dans l’éducation.
Organisée par le cabinet Bekolo & Partners, la Citac est articulée autour du thème « comment dynamiser le transport aérien en Afrique centrale ».
A conférence internationale sur le transport aérien en Afrique centrale aura lieu à Douala du 18 au 19 janvier 2023.
Cette Conférence est une concertation de haut niveau qui regroupera les professionnels, les investisseurs, les experts financiers, les contrôleurs, les consultants, et les dirigeants de l’industrie du transport aérien, afin d’identifier la nature et les causes des problèmes auxquels fait face ce secteur d’activité en Afrique Centrale, et de proposer aux décideurs et aux acteurs, des solutions pratiques et innovantes en vue de le redynamiser.
Les principaux thèmes de la Conférence porteront sur le marché, les modèles d’affaires, les coûts d’exploitation, les mécanismes de financement, le rôle des états, la coopération, et la gouvernance. Ils seront présentés par des experts expérimentés.
Selon l’organisateur, pendant deux jours, cette « plateforme inclusive de réflexions liées aux problématiques du transport aérien dans la zone Cemac » permettra de « rechercher les causes des faiblesses des compagnies aériennes nationales ; examiner les causes du faible niveau de qualité de service ; et proposer des solutions pratiques aux acteurs du domaine ». Il s’agit notamment des institutions publiques et privées, des institutions financières, des gouvernements, des dirigeants des compagnies, des contrôleurs, des conseillers, etc.
En attendant les conclusions de la rencontre de Douala, dans une note sectorielle sur le transport aérien en Afrique centrale, la Banque africaine de développement (BAD) soutient qu’« en dépit des efforts louables, il existe encore un énorme besoin d’aller plus loin afin d’assurer une meilleure connectivité, des économies d’échelle et un développement durable de l’industrie du transport aérien de la région. C’est à ce prix que le transport aérien pourra jouer efficacement son rôle de catalyseur de la production économique et de l’intégration régionale ».
Africa Finance Corporation (AFC), une institution multilatérale spécialisée dans le financement des infrastructures en Afrique, a annoncé, dans un communiqué rendu public le jeudi 22 septembre, que le Cameroun est devenu son 36e pays membre.
Le Cameroun s’engage à travailler avec l’AFC pour construire rapidement des infrastructures essentielles. C’est tout le sens de l’accord signé le 22 septembre 2022 entre le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, et le chef de la direction de l’AFC au Cameroun, Samalia Zubairu.
D’une manière précise, cette alliance vise à créer des infrastructures qui aideront à transformer l’économie locale en un centre manufacturier, pour favoriser la création d’emplois, le transfert de compétences et l’augmentation des recettes d’exportation.
« En devenant le 36e Etat membre, le Cameroun œuvrera avec l’AFC sur des infrastructures clés afin d’approfondir l’intégration, de permettre le remplacement des importations par des produits fabriqués localement et de développer la capacité manufacturière et industrielle », a indiqué l’institution.
« En tant que la plus grande économie au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), l’adhésion du Cameroun étend la présence de l’AFC à plus de la moitié des pays d’Afrique centrale », a-t-elle ajouté.
L’AFC a également précisé que le Cameroun bénéficiera désormais d’une augmentation des investissements, d’un accès privilégié aux solutions de structuration et de prêt, d’une réduction des coûts des projets, ainsi que de services de conseil et de développement de projets.
L’institution qui a déjà investi 300 millions de dollars au Cameroun prévoit de financer plusieurs nouveaux projets dans le pays, notamment dans les domaines de la modernisation des routes et du développement des industries de transformation des produits agricoles.
Dès 2023, le ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative pourrait organiser un concours pour l’intégration des enseignants sortis des écoles normales.
A compter de l’année 2023, l’admission au concours de l’Ecole normale supérieure ou de l’Ecole normale supérieure (Ens) ou de l’école normale supérieure d’enseignement technique (Enset) ne garantira plus l’intégration à la fonction publique. Les ministres en charge de l’Enseignement supérieur et de la Fonction publique ont pris cette résolution le 11 mai dernier au terme d’une séance de travail tenue à Yaoundé. Jacques Fame Ndongo et Joseph Le ont transmis leurs « propositions » au ministre secrétaire général des services du Premier ministre par correspondance en date du 19 mai.
Dans ce document cosigné, les deux ministres ont pris six résolutions. Entre autres, celles de « considérer l’année 2022 comme une année transitoire au cours de laquelle le Minesup procéderait à l’organisation des concours dans les Ens et Eset ; de maintenir les droits acquis aux étudiants admis jusqu’en 2022, qui seront automatiquement intégrés dans la Fonction publique à l’issue de leur formation ».
L’autre résolution est de « séparer dès l’année 2023, les fonctions de formation et celle d’intégration à la Fonction publique ; ce qui induit que le Minesup continuera d’organiser les concours d’entrée dans les huit Ens et Eset tandis que le Minfopra procédera à l’organisation des concours directs pour l’intégration des lauréats des Ens et Enset dans le fonction publique de l’Etat en tenant compte des besoins exprimés par le Minesec (ministère des Enseignements secondaires, Ndlr), ainsi que des disponibilités budgétaires », peut-on lire.
Explication de texte
En clair, selon le Minesup, les étudiants qui se forment en ce moment au sein des Ens et Enset seront intégrés à la fonction publique de l’Etat. Ceux qui seront admis dans ces écoles en 2022, bénéficieront aussi de l’intégration automatique à la fonction publique. Ceux des étudiants qui entreront dans les Ens et Enset en 2023 qui sertiront en 2025 ou en 2026 devront présenter le concours direct d’intégration ouvert par le Minfopra. Il en sera ainsi, comme chez leurs camarades de l’agronomie, de la communication, de la santé, etc.
Cependant, dans une sortie dénonçant la diffusion de cette correspondance, le ministre d’Etat ministre de l’Enseignement supérieure parle de « propositions ». Selon le Pr. Jacques Fame Ndongo, « il s’agit d’une proposition conjointe de deux membres du gouvernement soumise à la haute sanction de leur supérieur hiérarchique. Aucune décision n’est encore prise », précise le chancelier des ordres académiques.
Ces propositions tombent néanmoins dans un contexte où les enseignants revendiquent le paiement du complément salarial, la régularisation des avancements, des primes de sujétion et autres. Dans le même temps, il existe une insuffisance criarde d’enseignants dans les établissements d’enseignement secondaire général et technique.
Le pays occupe la 44e place du classement de la Bad sur l’ouverture des frontières dans le continent africain.
Il n’est pas facile pour les ressortissants d’autres pays d’entrer au Cameroun. C’est ce que révèle l’indice 2019 d’ouverture des visas en Afrique publié en novembre par la Banque africaine de développement (Bad).
Si cette réalité est bien connue, ledit classement permet d’en maitriser la profondeur. Le Cameroun y arrive à la 44e position des pays ne facilitant pas l’intégration sur le continent. Le pays n’offre des facilités à l’obtention du Visas qu’à moins de 10 pays sur les 54 Etats du continent. Il n’y est pas non plus possible d’acquérir un visa à l’entrée. Les ressortissants de pays étrangers doivent obtenir une autorisation préalable avant tout voyage.
Ces faits sont remis à l’ordre du jour alors que le Cameroun a levé, courant 2016, l’obligation de visas pour les ressortissants de l’Afrique centrale et accordé de nombreuses facilités ailleurs. Ces efforts sont jugés insuffisants, ce qui classe le pays parmi les mauvais élèves de la zone Cemac devant la Guinée équatoriale (54e) et derrière la Centrafrique (37e), le Tchad (39e), le Congo (41e) et le Gabon (42e).
La Banque africaine de développement place l’intégration parmi les chantiers prioritaires qui permettent l’éclosion d’un développement durable de l’Afrique. Les autres priorités sont l’énergie, l’alimentation, l’industrialisation et l’amélioration des conditions de vie des populations.
Le pays et la Banque africaine de développement ont signé l’accord de siège le 02 juillet à Yaoundé.
Le renforcement du dialogue, de l’intégration entres les Etats de l’Afrique centrale et l’appui de la Banque africaine de développement (BAD) au processus d’intégration économique des pays de la sous région. C’est l’objectif principal visé par la cérémonie de signature d’accord de siège entre le Cameroun et la banque survenu le 02 juillet à Yaoundé.
Lejeune Mbella Mbella, ministre des Relations extérieures (Minrex) et Khaled Sherif, vice-président de la Banque africaine de développement, en charge du Développement régional, de l’intégration régionale et de la prestation de services, ont signé, l’accord d’établissement à Yaoundé, du Bureau régional pour l’Afrique centrale.
Un acte qui entérine le statut juridique et institutionnel du Bureau régional et son personnel. Eléments indispensables «à l’exercice efficace de nos dialogues et nos activités opérationnelles de développement en Afrique centrale à partir du Cameroun», a expliqué le vice-président.
Le choix porté sur le Cameroun n’est pas anodin mais procède, selon Khaled Sherif d’un processus de sélection transparent, et de critères objectifs approuvés par le Conseil d’administration.
La couverture du Bureau régional s’étend au Cameroun, à la République centrafricaine, à la République du Congo, à la République Démocratique du Congo, au Gabon, à la Guinée Equatoriale et au Tchad.
« Le nouvel accord signé devrait être un instrument innovant et moderne au service des populations de notre sous-région, grâce à une amélioration de la qualité des projets et un renforcement des capacités des agences de mise en œuvre des projets, des services gouvernementaux et des autres acteurs du secteur», a déclaré Lejeune Mbella Mbella. Plusieurs projets ont déjà été financés par le Groupe de la Banque africaine de développement au Cameroun: l’aménagement de la route Ketta-Djoum, la construction du pont sur le fleuve Logone, entre les villes de Yagoua au Cameroun et Bongor au Tchad…
Des ouvrages qui, une fois terminés devraient selon le ministre, stimuler le commerce intra-régional et favoriser l’émergence d’un marché commun.
Le portefeuille de la Banque dans la sous-région compte plus de 44 projets régionaux actifs, d’un montant de près de 632 milliards Fcfa, soit près de 1,1 milliard de dollars américains.
Le Cameroun et la Banque africaine de développement coopèrent depuis près de 47 ans. Le premier projet financé par la BAD au Cameroun est la construction du terminal de l’aéroport international de Douala en 1972. Entre 1972 et 2019, 114 opérations au Cameroun ont été réalisées pour un engagement total de près de 2360 milliards Fcfa.
La globalisation a pour objet l’intégration des marchés sur notre globe pour en faire un espace commun et unique. Elle a brisé les barrières douanières et libéré les échanges sur toute la planète. Elle nous conduira sans doute à la levée des frontières nationales pour un nouveau monde. Dans ce contexte, pouvons-nous rêver dès aujourd’hui d’une planète où les femmes, les hommes et les marchandises circuleraient en toute liberté?
Les chantres du libéralisme ont une vision réductrice et égoïste qui favorise les échanges des marchandises sans tenir compte des situations sociales dans chaque pays. Ce choc provoque depuis peu la montée en puissance du populisme, du protectionnisme et du nationalisme qui s’expriment, sans complexe, dans les urnes en Occident.
La théorie libérale engrange des succès en trompe l’ il alors que les multinationales qui délocalisent laissent sur le carreau une frange de la population de plus en plus fragilisée. C’est un processus qui s’accompagne du chômage de masse, de la disparition des frontières nationales et qui précède la mondialisation prônée. La globalisation fragilise les états au détriment des multinationales et de la finance.
Mais peut-on imaginer un monde où circulent les marchandises et qui sédentarise les populations? Ce concept n’est pas viable. L’autre effet pervers de la globalisation est l’écart qui s’élargit de plus en plus entre les riches et les pauvres. En occident, les pays autrefois considérés comme riches et protecteurs de leur population sont confrontés aujourd’hui à une nouvelle forme de pauvreté observée jadis dans les pays du tiers-monde.
Mais le véritable choc vient de ce grand marché planétaire qui est devenue une véritable tempête incontrôlable qui se transforme en cyclone. A l’heure où les multinationales annoncent des bénéfices records et distribuent des dividendes, les prix des matières premières minières et agricoles sont en chute libre alors que les bourses s’envolent.
En Afrique, le pouvoir d’achat, très faible, continue à reculer. Les cadres au chômage, autrefois fer de lance de la consommation, sont déclassés vers les populations pauvres. Les sociétés d’état privatisées ont licencié en masse alors que les élites promettaient une augmentation du niveau de vie de la population. Le bien-fondé des privatisations des sociétés d’état se fait toujours attendre. Le chômage bat tous les records. La pauvreté et la maladie causent des drames au quotidien. Le peuple meurt dans l’indifférence.
Les conséquences de la mondialisation en Afrique
Alors que les concepts populistes s’affichent sans complexe en Occident pour dénoncer l’immigration sauvage aux portes de l’Europe, l’Afrique, la grande muette, ne se prononce pas. Elle voit ses enfants s’empiler dans les tombes invisibles de la Méditerranée.
Les rares productions locales disparaissent. Un poulet élevé sur place coûte trois fois plus cher qu’un poulet congelé importé. La mort des éleveurs est programmée et laissera sur le carreau des milliers de personnes. Le poisson congelé importé s’étale sur les marchés au détriment des pêches traditionnelles.
Les droits de douanes protecteurs sont supprimés au nom de la globalisation. Les économies des états sont soumises à des concurrences déloyales. Face à ce marasme sismique, l’Afrique de l’ouest est en passe de signer l’accord de libre-échange (APE) avec l’Union européenne qui va sonner le glas des productions industrielles du continent. Le Cameroun a déjà signé l’accord de libre-échange sans l’aval des membres de la CEMAC. Cet accord va démanteler les tarifs douaniers applicables aux importations européennes.
Aucun garde-fou n’est prévu aux frontières de l’Afrique pour protéger une industrie jeune et balbutiante qui crée, malgré tout, de l’emploi. Mais que propose en contrepartie l’Afrique ? Rien que le cacao, le café, le bois et les ananas. C’est là un arrêt de mort programmé qui va tuer le jeune tissu économique, social et industriel de tout le continent.
Les accords APE ouvrent toutes les frontières africaines aux produits européens. Il est étonnant que les barrières douanières et frontalières entre états africains soient toujours fermées. Pourquoi la globalisation ne s’exercerait-elle pas aussi entre états africains où les denrées, les produits manufacturés, les services, les femmes et les hommes ont tant à partager et à échanger ?
Les accords de libre-échange profitent aussi à la Chine et aux nouveaux dragons d’Asie qui inondent le marché africain de produits manufacturés bas de gamme.
L’Afrique entière sera soumise à ce dumping pour ne produire que les cultures d’exportation dont elle ne maitrise pas les prix et sans valeur-ajoutée. Face à une démographie galopante, nos hommes politiques, toujours sous la servitude coloniale volontaire, ruinent en silence leurs engagements à émerger. Leur crédibilité est vacillante et incertaine. Ils brûlent les ailes d’une jeunesse ambitieuse et sèment le chaos.
La globalisation, dans les conditions actuelles, appauvrit encore plus l’Afrique. Elle condamne tous les efforts de développement face à un marché incontrôlable où les seuls acteurs sont les multinationales qui imposent leurs règles et leurs codes aux hommes politiques corrompus, soumis, égoïstes, asservis et sans carrure.
L’Occident portera la responsabilité des exodes massifs des migrants à ses portes. Donald Trump, nouvellement élu aux USA vient d’abroger l’accord de libre-échange entre son pays et les états du pacifique, dont la Chine. Cet acte peut-il remettre en cause le concept du libre-échange imposé aux africains?
Ce sont les résultats de cette province gabonaise qui ont engendré la crise post-électorale au Gabon
La Cour constitutionnelle du Gabon a jusqu’au 23 septembre 2016 pour statuer sur le recourt déposé par l’opposition gabonaise à la suite de l’élection présidentielle du 27 août. Le camp de Jean Ping conteste la victoire d’Ali Bongo, proclamée par la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap). En cause, les résultats du Haut-Ogooué. Selon la Cenap, le président sortant l’aurait remporté dans cette province avec 95,46% des suffrages exprimés pour un taux de participation de 99, 83%. C’est ce score, enregistré dans son fief, qui a finalement permis à Ali Bongo de faire son retard estimé à soixante mille (60000) voix et de l’emporter sur le plan national avec un écart de près de six mille (6000) voix sur son rival Jean Ping.
Ce taux de participation concentre tous les soupçons. Non seulement il est largement supérieur au 59,46 % enregistré en moyenne au niveau national, mais en plus il «signifie que seulement 50 électeurs sur les 71 786 inscrits sur la liste électorale du Haut-Ogooué publiée en avril ne sont pas allés voter», rapporte Christophe Châtelot, l’envoyé spécial à du quotidien Le Monde à Libreville. Pourtant, selon Pascal Oyougou, qui coordonnait la campagne de Jean Ping dans la province, la compilation des procès-verbaux de 126 bureaux de vote, en sa possession, sur les 297 que compte le Haut-Ogooué, laisserait déjà entrevoir plus de 10 000 abstentions.
Dans un communiqué publié mardi, la Mission de l’Union européenne d’observation des élections a enfoncé le clou : «l’abstention observée dans l’une des quinze commissions électorales locales est à elle seule supérieure à l’abstention déclarée par la Cenap pour l’ensemble de la province. L’intégrité des résultats provisoires dans cette province est par conséquence remise en cause». Convaincue d’une manipulation des résultats, l’opposition demande donc, dans sa requête à la Cour constitutionnelle, un recomptage des voix, bureau de vote par bureau de vote pour le Haut-Ogooué, en présence de représentants de la majorité et de l’opposition «à parité égale», mais aussi d’«experts internationaux».
Le camp Bongo rejette en bloc la proposition de l’opposition. Par la voix de son porte-parole, Alain-Claude Bilie By Nzé, il assure que les avocats d’Ali Bongo déposeront, à l’issue de l’examen du dossier de l’opposition par la Cour constitutionnelle, «des demandes reconventionnelles qui apporteront ses propres réponses aux contestations de l’opposition». Parallèlement, ils déposeront des recours pour des «fraudes» commises, selon eux, par les amis de Jean Ping, dans les provinces de l’Ogooué-Maritime, de l’Estuaire et du Woleu-Ntem. Ils ont jusqu’à ce mardi pour préparer leur réponse.
Après cette date, chaque camp sera convoqué pour être entendu par un juge rapporteur, avant une audience publique, où les deux parties présenteront leurs arguments. Le point crucial sera l’examen des procès-verbaux du Haut Ogooué rassemblés par les deux parties, mais qui affichent des résultats différents. Verdict le 23 septembre.
Le Minfopra Michel Ange Angouing et ses équipes ont démasqué des personnels intégrés irrégulièrement. C’était au cours des opérations d’assainissement du fichier-solde et personnels de l’Etat
Le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), Michel Ange Angouing, et ses équipes viennent de démanteler un réseau de faussaires lors les opérations d’assainissement du fichier-solde et personnels de l’Etat. L’information a été rendue publique le 24 mai 2016 dans un communiqué signé du Minfopra, sans précision sur l’identité des mis en cause.
Ces derniers auraient permis l’intégration irrégulière de plusieurs personnes durant l’opération de contractualisation des ex-temporaires en 2009, indique le quotidien national dans son édition du jeudi, 26 mai 2016.
Selon le communiqué du Minfopra, les auteurs ont été identifiés et font déjà face aux procédures disciplinaires, sans préjudice de poursuites judiciaires.
Pour ce qui est des personnels irrégulièrement recrutés, « les mesures conservatoires suivantes ont été prises : la suspension de solde immédiate pour ceux percevant un salaire, la désactivation de tous les matricules concernés et la saisine des administrations utilisatrices pour libération éventuelle de ceux de ces personnels, qui seraient en activité », a expliqué Michel Ange Angouing. Le ministre de la Fonction publique a profité de l’occasion pour appeler les chercheurs d’emploi à plus de vigilance et de prudence.
En mars dernier déjà, à la demande du Minfopra, les salaires de 3000 agents avaient été suspendus. Ces derniers ne figuraient dans aucun fichier des personnels des administrations publiques et ne s’étaient pas faits enregistrés. Cette mesure rentrait alors dans la continuité du projet d’assainissement du fichier solde de l’Etat lancé depuis le 26 août 2015. A cet effet, Michel Ange Angouin avait publié une liste de 10 375 agents de l’Etat convoqués auprès des ressources humaines de leurs ministères respectifs.
La caravane nationale qui s’ouvre mardi à Yaoundé sous la présidence du Premier ministre entend sensibiliser les Camerounais au respect de l’Etat et des institutions républicaines
Au nom du président de la République, le Premier ministre, chef du gouvernement, Philemon Yang, procède ce mardi, 29 septembre 2015 à Yaoundé, au lancement de la campagne nationale de promotion de l’éducation civique et de consolidation de l’intégration nationale en collaboration avec l’ensemble des partenaires publics et privés.
A travers cette initiative du ministère de la Jeunesse et de l’Education civique (Minjec), les pouvoirs publics entendent amener les populations à identifier les nouveaux défis à relever, leur permettant de consolider le «mieux vivre ensemble» en vue de l’avènement de la République exemplaire prônée le chef de l’Etat.
Selon le Minjec, Bidoung Mkpatt, cette caravane est également mise en uvre dans «un contexte marqué par la guerre injustifié qu’imposent à notre pays, les terroristes de la secte Boko Haram». Il est donc aussi question de développer, au sein des populations en général et des jeunes en particulier, le sens de la vigilance et de la solidarité, à travers le renseignement prévisionnel et la dénonciation des cas suspects d’insécurité dans un environnement où ceux-ci sont de plus en plus utilisés comme des vecteurs de cette insécurité.
Dans le cadre de la lutte contre l’incivisme, avant cette campagne, il y a eu la création du ministère de la Jeunesse et de l’Education civique en 2004 ; l’organisation à Yaoundé, du 8 au 10 juillet 2013, du premier colloque international sur l’éducation civique et l’intégration nationale. A Cette rencontre, des actions à mener à court terme avaient été proposées par un Comité dont la mission était d’établir des stratégies de collecte des données liées à l’incivisme, d’élaborer des approches dialectiques de solutions aux impacts progressifs, de suggérer des méthodes d’intervention sociale appropriée, etc.
La campagne qui s’ouvre aujourd’hui a pour principal objectif la sensibilisation de tous au respect de l’Etat et des institutions républicaines. Ceci, afin de barrer la voie à la corruption, la dégradation des m urs, les intolérances de tous ordres, notamment sur les plans politique, religieux et ethnique, le développement du banditisme et de la délinquance juvénile.
Un défilé lors de la célébration de la fête nationale de l’Unité, le 20 mai, au Cameroun.Droits réservés)/n
Les secrets d’une vie d’appels qui tranche avec les lieux communs.
Jadis un des plus jeunes ministres du gouvernement, le ministre Eyebe a aujourd’hui 59 ans. Il a mûri. Henri Eyebe Ayissi a†t†il rêvé d’être un jour ministre? Ce qui est sûr, c’est qu’il a pensé pouvoir devenir prêtre. Et son environnement familial s’y prêtait. Lui, fils de Mbélé dans la Lékié, à quelques encablures d’Obala, est issu d’une famille modeste, mais nombreuse et pieuse. Très jeune, on lui inculque le respect des aînés, de la chose d’autrui, la crainte de Dieu. Après des études primaires sans problèmes, il veut donc devenir prêtre. «Pour servir», dit†il. Le voici donc au séminaire, mais il est difficile de forcer le destin. Eyebe ne sera pas prêtre. C’était écrit. Il va à l’Université de Yaoundé, où il obtient entre autres parchemins un doctorat en droit. Au passage, il a été admis à l’Enam (Ecole nationale d’administration et de magistrature). Il en sort major en 1981 dans une promotion Administration générale en comptant des cracks.
Administrateur civil, on lui met rapidement le pied à l’étrier; très vite, il est chef. Chef de service. Son frère aîné, le journaliste de regrettée mémoire, Titus Mvondo, l’aide à éviter certains écueils administratifs. Une chose est d’être brillant à l’école, une autre d’être un bon fonctionnaire. Eyebe se montre méthodique, appliqué, consciencieux. Il travaille au Contrôle Supérieur de l’Etat sans se douter qu’un jour. A la présidence de la République où le service l’appelle, il est vite remarqué par sa hiérarchie. Au début des années 90, après moins de 10 ans de service, il est nommé ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat. Il a à peine 35 ans. Le jeune ministre a un dossier délicat à traiter: les logements des agents publics. Il y a des abus et il faut y mettre de l’ordre. Ce n’est pas un travail de tout repos ni une mission qui vous fait monter à l’applaudimètre. Eyebe n’est pas homme à se laisser dominer par des états d’âme.
Il y va donc avec entrain, soucieux de respecter les consignes de sa hiérarchie. L’affaire est d’autant plus délicate que le pays plonge dans la crise économique. L’argent est rare, mais le jeune ministre a chevillé au corps le sens de l’Etat et le refus des compromissions. Respectueux des ainés, il entend qu’on respecte aussi sa fonction. On raconte qu’un maire de son département l’a appris à ses dépens. Le droit d’aînesse aidant, il était sûr qu’Eyebé donnerait son aval pour une petite combine. Erreur, l’accord ne viendra jamais. L’aîné se fâchera, tempêtera mais rien n’y fera. Calmement, le jeune ministre lui expliquera les raisons du «niet».
Traversée du désert
Eyebe ne restera pas ministre bien longtemps. Il perdra son poste sans qu’on en sache les raisons. Mais lui, administrateur civil, comprend: «acte discrétionnaire». Il n’y a donc rien à expliquer. Commence alors une longue traversée du désert qui durera quelques 15 ans. Les amis se font rares. On a affaire à la duplicité et à l’hypocrisie des hommes. Eyebe vit tout cela et reste stoïque. Il ne maudit pas le monde entier et dans cette épreuve, il est soutenu par son épouse Odile et sa famille. Puis un jour, les choses recommencent à lui sourire. Il est nommé inspecteur général au ministère de l’Enseignement Supérieur. Il y travaille successivement avec deux ministres, avant d’être muté à l’Administration territoriale comme inspecteur général chargé des élections. Le patron d’alors est un certain Marafa Hamidou Yaya, qui n’apprécie que très modérément la présence à ses côtés d’un ancien ministre.
Peu courageux, il n’ose pas le lui dire en face. Il met Eyebe au régime du pain sec, ne consentant qu’à lui confier d’ingrates missions. Eyebe ne bronche pas. En 2007, le vent tourne complètement. Il est à nouveau ministre. Aux Relations extérieures. Un ministère de souveraineté et de «grande confiance et proximité avec le chef». Un ministère qui a besoin d’un homme à la fois dynamique et pondéré. Il faut donner du tonus à la diplomatie camerounaise sans tirer la couverture à soi, sans oublier que c’est un domaine réservé du président de la République. Eyebe s’y emploie avec entrain, méthode et tact. Il gagne toujours plus la confiance du chef de l’Etat et on le voit piloter le rapatriement des Camerounais malmenés en Guinée Equatoriale. Il réussit à obtenir de son patron les nominations des diplomates camerounais. Un dossier qu’on croyait repoussé à la Saint glin glin.
Henri Eyebe AyissiIntégration)/n
Mais il y a des gens qui adorent roupiller, ronfler même, ne rien faire. Ceux†là font tout pour contrecarrer l’action du ministre. On n’arrête pas un fleuve avec les mains. Eyebe est nommé ministre du Contrôle supérieur de l’Etat à l’issue de la présidentielle de 2011. On le croit au garage. Il va donner plus de vitalité à cette structure aujourd’hui redoutée. Le Conseil de discipline budgétaire donne des insomnies aux gestionnaires indélicats. Le ministre y est sans doute pour quelque chose. Oui, il faut protéger la fortune publique des appétits gloutons de quelques†uns. D’aucuns comprennent enfin que ce ministère n’est pas un simple gadget, plutôt un précieux instrument dans la lutte contre la corruption et le faux. Et Eyebe ne se laisse pas distraire par des pêcheurs en eaux troubles. Il sait que son rôle est ingrat, un peu comme un gendarme. Chacun est content qu’on arrête le voisin mais souhaite une petite exception, une petite dérogation pour les siens et soi†même.
Homme vrai et bourreau de travail
Partout où passe Eyebe, il semble trouver plaisir à y travailler. Il ne compte pas les heures de travail et il n’a pas de week†end. Il est là tout le temps. Méticuleux, il n’est pas comme ces patrons qui se contentent de «surpiloter» les dossiers, il tente de bien comprendre les choses. Il s’impose un rythme infernal et ceux de ses collaborateurs habitués à flâner, ont du souci à se faire. Le ministre est un bulldozer d’autant plus qu’il est servi par une remarquable condition physique et une intelligence vive. Du temps de ses humanités, c’était un crack en classe, toujours en tête, le genre de camarade qui énerve les autres élèves tant tout lui semble facile. Aujourd’hui, l’homme est non seulement un haut commis de l’Etat, mais aussi un politicien.
Dans la Lékié natale, il est tête de proue du RDPC son parti, le terrain politique où tous les coups sont permis, où les amitiés sont à géomètrie variable. Eyebe Ayissi le sait mais il garde le cap : aider le président de la République, s’acquitter au mieux des missions qu’on lui confie. Il le fait avec âme et conscience sans verser dans l’hypocrisie si chère à certains politiciens d’opérette. Il pose des actes politiques et les assume. Il a des convictions fortes dont les deux principales sont soutien au chef de l’Etat et aux Institutions. Et même s’il comprend qu’on puisse ne pas être d’accord avec lui, †démocratie oblige†, il ne se reniera pas. Ce n’est pas lui qui regrettera d’avoir initié des réunions des textes pour soutenir le chef qui l’a fait prince. Simple bon sens, simple reconnaissance. Rien à voir avec la duplicité et la reconnaissance du serpent que cultivent certains. Ils rient avec le chef, en cachant derrière le dos un couteau. Eyebe reste lui†même et c’est tout à son honneur dans un univers où abondent les faux†jetons.
De son éducation et de son passage au séminaire, il a gardé un solide bon sens qui lui permet de garder les pieds sur terre. Et d’encaisser sans broncher les coups bas de ceux qui veulent le faire sortir de ses gonds. Ces derniers temps, l’adversité s’est déchaînée contre lui. Envoie -t†il des collaborateurs ici ou là pour contrôler une structure †la Conac par exemple†on y trouve à redire. Rédige†t†il un livre sur la protection de la fortune publique, on l’accable. Signe†t†il une motion de soutien, des censeurs sortent l’artillerie lourde.
L’homme est resté flegmatique, presque philosophe. L’ancien séminariste se souvient sans doute de ces paroles bibliques: «ceux à qui on aura plus donné, on leur demandera toujours plus». Lui qui est un redoutable débatteur ne cède pas à la tentation de descendre dans l’arène pour ferrailler avec ses contradicteurs. Il sait pourtant se montrer cinglant dans le propos. Personne n’a oublié que ministre des Relations extérieures, il avait dit leur fait aux diplomates européens venus promouvoir chez nous l’homosexualité. Aujourd’hui, personne n’ose leur tenir un tel discours pourtant frappé du sceau du bon sens, autres temps, autres moeurs. La moindre des qualités du ministre du Contrôle supérieur de l’Etat n’est pas son humanisme. Certes, il n’est pas crésus, mais que de gens aidés! Il n’en voudrait sans doute de le dire ici, lui qui a de ses études de philo retenu que les bienfaits cachés sont les plus admirables.
Selon des observateurs, la lutte contre la secte terroriste Boko Haram n’est que le paravent d’un vaste programme élaboré par certains caïds du parti enclins à tabler sur l’après Biya
De cape et d’épée, de taille et d’estoc, la guerre de la succession au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) est dans sa continuité. Depuis peu, on sent de plus en plus prospérer les drames intimes au sein du parti de Paul Biya. Les cruautés minutieuses, les morceaux de bravoure et les attentes angoissées ont pris le visage de la férocité impudique et de la dérive brutale qui mène à la folie. «Depuis qu’ils ont pris conscience d’une possible vacance de poste à Etoudi, les élites du pays ont chacune un brûlant secret contre l’autre», constate le Pr. Belinga Zambo. Selon ce politologue camerounais, enseignant à l’université André Giraud de Montpellier (France), un souffle anime cet émouvant épisode de la vie politique nationale: la guerre contre Boko Haram. Désormais, le décor de la guerre de positionnement au sein du RDPC est immense. Les seigneurs de cette guerre (ministres en fonction, directeurs généraux, présidents des conseils d’administration.), disposent, à la faveur de Boko Haram, d’une arène nue et moins feutrée. «Sous le couvert de Boko Haram, estime le Pr. Belinga Zambo, chacun veut s’inscrire dans la trajectoire d’une destinée brillante que garantirait l’après†Biya».
Mécanique
L’affiche des combattants est pour le moins spectaculaire. Ces acteurs des batailles de positionnement sont sortis de leur théâtre d’ombres pour s’afficher clairement. La densité humaine qu’ils représentent ne masque plus les rouages d’une très précise mécanique dramatique. Dans ce jeu, «chacun se définit comme héritier proche ou éloigné du Prince». Ces derniers temps, les personnages sont hauts en couleurs. Et les rebondissements, eux, sont passionnants.
Cette envie de «mousquetaires et de bandits» a été portée à son comble tout récemment avec les motions de soutien à Paul Biya et les appels à dénonciation. De fait, peu importent le contenu ou la crédibilité de ceux†ci. Le tout est d’avoir un tribun. A cette aune, on peut tout expliquer: le ciel politique de certaines régions du pays s’échauffe, les élites craquent… C’est le triomphe des défilés incongrus, des «appels» ayant à la base l’emphatique débat entre «le Boko Haram camerounais» (celui dont la tutelle est dite locale) et «le Boko Haram fondamentalement nigérian». Avec ce ressentiment contre «l’ennemi», commence à flotter sur le RDPC une odeur de division. En réaction à l’appel de l’élite du département de la Lékié (région du centre), Cavaye Yéguié Djibril, le président de l’Assemblée nationale, a reflué.
Cela se lit, à en croire le Pr. Belinga Zambo: «la conquête du pouvoir a fini par mêler chevauchée fantastique et déchirure intime, film de pirate et mélodrame. Et dans cette lutte, chaque camp a un dispositif humain crédible dans la violence verbale». Depuis leurs régions d’origine et préventivement, les élites distillent des potions les plus amères. Avec l’onction du parti, assailli par d’autres forces qui montent en ligne pour s’indigner que Paul Biya ne sorte pas de sa réserve jusque†là, ou déposer sous ses pieds leurs «certificats de sainteté». Bien plus, certains (comme Cavaye Yéguié Djibril) sont même prêts à dévoiler les faiblesses de leur style et les carences de leur démarche. «C’est parce qu’ils estiment unilatéralement que leur voix est trop faible pour être suffisamment dévastatrice, qu’ils mettent en avant les institutions du pays, comme s’ils agissaient en leur nom pour opposer le grand Nord au grand Sud», tranche Hadja Haoua, la présidente des Femmes Choc pour la Paix. Allusion faite à l’en†tête du communiqué de presse signé par Cavaye Yéguié Djibril.
De son côté, le Dr. Henri Nahodo, cadre du parti des flammes dans la région de l’Est, estime que «dans le bureau politique et au comité central, les membres s’agressent les uns les autres, sans retenue ni tabous. Parfois, ils font semblant de rechercher la nuance et professer la solidarité pour combattre Boko Haram, alors qu’ils cherchent à s’élever d’un trait devant le président Biya. Ou mieux encore, ces combattants de rue et de ring redoutent l’après†Biya et profitant de Boko Haram, c’est pour eux le moment de viser les étoiles républicaines, voire géopolitiques».
Dans cette démarche, ils ne s’éloignent pas de l’exploitation du positionnement géométrique de la société camerounaise. «Ils sont au sommet. et le peuple à la base. Et ils veulent maintenir cela. Ils ont gardé dans leurs gènes une funeste propension à la conservation et à la recherche du pouvoir politique.C’est un scénario construit et pour l’heure, c’est la lutte contre Boko Haram qui recompose le grand jeu stratégique au sein du RDPC. Et on peut analyser cela comme un grand vent qui assèche vite et fait oublier le sang des soldats au front. Ils font semblant d’être de tout coeur avec ces enfants alors qu’ils en sont éloignés», affirme le Pr. Belinga Zambo.
17 millions de dollars en jeu pour l’acquisition et la fourniture de treize scanners et quinze détecteurs probablement destinés à la sécurité des immeubles présidentiels
Nous attendons toujours la réaction au protocole d’interview que votre journal a adressé au ministre Emmanuel Nganou Djoumessi au sujet du contrat de 17 245 000 (dix-sept millions deux cent quarante-cinq mille) dollars américains quʹil a signé le 03/02/2013 à Paris avec la société Nutech Hong Kong Company Limited, pour l’acquisition et la fourniture de treize scanners et quinze détecteurs. Déjà trois semaines que nous attendons, et cela confirme les inquiétudes que nous exprimons depuis environ un mois au sujet des huit milliards six cent vingt-deux millions cinq cent mille de francs CFA engagés dans cette opération que nous nʹosons pas encore qualifier. Lʹaffaire est dʹautant plus inquiétante que le matériel de sécurité en cause était probablement destiné à la sécurité des immeubles et sites présidentiels.
Pour rafraîchir la mémoire du MINEPAT, nous publions la liste des cinq bons d’engagement par lesquels il a délégué les crédits budgétaires au percepteur du Cameroun en Chine pour l’achat de ce matériel. Ce sont les bons d’engagement n°E753307 imputation 46941100002329 code service 2201; E753308 imputation 4694110002319 code service 2201; E753309 imputation 46941100002842 code service 2201; E753310 imputation 46941100002279 code service 2201 et E823101 imputation 4794110000 2329 code service 2201. En attendant que le ministère des finances, que nous avons déjà contacté, nous dise à quoi renvoie cette codification alphanumérique, nous pouvons dʹores déjà dégager la responsabilité du percepteur du Cameroun à Pékin.
En effet, nous avons la preuve qu’il a agi sur ordre de monsieur Nganou Djoumessi Emmanuel, qui par réquisition administrative n°001/RQ/CAB/MINEPAT du 19/04/2013, revêtue de la mention « secret », a exigé le paiement d’une avance de 12 071 000 de dollars au prestataire domicilié à la HSBC Hong Kong, main building, 1 Queenʹs Road Central. Selon la règlementation sur les réquisitions à comptable public, monsieur Emmanuel Nganou Djoumessi devient donc personnellement et pécuniairement responsable des fonds publics qui ont été débloqués et payés. Espérons quʹil y a eu une livraison conforme. Sinon…
Sʹachemine†t†on vers une autre affaire d’achat « foireux » de matériels destinés à la présidence de la République? Il y a des chances que tout ne soit pas clair dans cette affaire. Cʹest donc le lieu d’interpeller les services en charge de ce type de dossier, sans prétendre leur donner des directives. Commençons par les services du contrôle supérieur de lʹEtat, si prompts à aller contrôler à la Conac et à écrire des livres. Sont†ils au courant? Si oui, que font-ils? Puis il y a la Conac, si prompte à refuser les contrôles du CONSUPE et organiser des séminaires sur la corruption électorale. Peut†elle aller à Pékin et à Hong Kong pour y voir clair? Il y a ensuite et ensuite les services de contrôle du ministère des finances. Peuvent†ils mettre sur ce cas leurs meilleurs vérificateurs? Il y a ensuite et enfin lʹAnif. Peut†elle nous dire sʹil y a eu blanchiment ou enrichissement illicite? Le montage que nous avons dévoilé plus que des soupçons. Vous verrez lundi prochain…Vox Dei.
Pour faire passer la pilule de l’augmentation des prix à la pompe, les pouvoirs publics jouent de contrevérités, d’omissions, d’imprécisions et de démagogie.
I-Subvention, ce qui n’est pas dit!
Combien d’argent devrait désormais sortir des caisses de l’Etat pour subventionner les carburants? Le ministre de la Communication a soutenu le 1er juillet, au lendemain de la décision du Gouvernement de revoir à la hausse le prix de certains produits pétroliers, que «chacune des différences (.) dans le rapport entre le prix réel (hors subvention) et les nouveaux prix appelés à être pratiqués, continue d’être supportée par l’État, au bénéfice des consommateurs.» Soit 175 francs Cfa pour le litre de super, 170 F pour le gasoil, 355 F pour le pétrole et 2730 F pour le gaz domestique a précisé Issa Tchiroma Bakary, par ailleurs porte†parole du Gouvernement. La structure des prix des carburants applicable en République du Cameroun pour ce mois de juillet produite par la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH) indique pourtant autre de chose. A sa 6e ligne intitulée « soutien/remboursement Etat», y figurent les montants suivants: 88,64 F pour le super, 116,32 F pour le gasoil et 277,43 F pour le pétrole (voir document). En réalité, l’Etat a donc réduit la subvention plus qu’elle ne veut l’avouer. Elle est en effet passée de 224,42 au mois de juin à 88,64 F au mois de juillet pour le litre de super (soit une réduction de 135,78 F); de 223,25 à 116,32 F pour le litre de gasoil (soit une réduction de 106,93 F) et de 299, 59 à 277,43 F pour le pétrole (soit une réduction de 22,16 F). Pour se désengager autant, l’Etat a fait payer une partie de la subvention aux consommateurs, d’où la hausse des prix. L’autre partie, le Gouvernement l’a coupée dans la part qui revient à la CSPH, à la SCDP et aux marqueteurs pour leur fonctionnement et réduit divers taxes. La taxe spéciale sur les produits pétroliers, dont les trois quart sont alloués au Fonds routier est par exemple passée de 120 F à 80 F par litre de super et de 65 à 60 F pour le gasoil.
II-Economies annoncées, mais pas réalisables.
En 2013, selon les chiffres de la CSPH, le Cameroun a consommé 594,67 millions de litres de super, 769,78 millions de litres de gasoil et 113,17 millions de litres de pétrole. Les experts de la même structure estiment que la consommation en carburant du Cameroun croit d’à peu près 5% chaque année. Le pays devra donc consommer cette année 624,40 millions de litres de super; 808,27 millions de litres de gasoil et 118,83 millions de litres de pétrole. Du fait de la nouvelle structure des prix et en supposant que les prix du Brent et du dollar restent fixes, l’Etat devrait réduire pour les six mois restants de l’année 2014 sa subvention aux carburants d’à peu près 86, 92 milliards de franc Cfa hors gaz domestique (le gaz domestique n’a pas été intégré dans le calcul parce que la nouvelle structure du prix du gaz est encore en validation au ministère du Commerce). Mais contrairement à ce que fait croire le Gouvernement, cette réduction n’est pas de l’argent frais qui retourne dans les caisses de l’Etat pour réaliser des projets sociaux, éducatifs et infrastructurels. C’est un argent que l’Etat, s’il n’avait pas revu la structure des prix, aurait été obligé de mobiliser pour donner soit à la Sonara, soit aux importateurs de carburant en compensation des pertes dues au fait que le carburant n’est pas vendu au prix réel sur le marché camerounais. Pour justifier l’augmentation des prix des hydrocarbures et donc la réduction de la subvention, le Gouvernement avoue d’ailleurs qu’il n’arrivait plus à trouver cet argent. «(.) en raison de la charge toujours plus croissante que le niveau des subventions fait peser sur les finances de l’Etat, celui†ci éprouve de plus en plus de difficultés à honorer à temps ses engagements vis†a†vis de la Sonara.» a indiqué Issa Tchiroma Bakary lors de son point de presse. Et de poursuivre: «Pour l’année 2014 (.), 220 milliards de francs Cfa avaient été budgétisés pour couvrir les manques – à †gagner de la Sonara issus de l’application du prix subventionné pour les hydrocarbures à la pompe. Mais aujourd’hui, alors que nous ne sommes qu’à mi†parcours de l’année budgétaire, ces prévisions sont déjà en dépassement de plus de 100 milliards de francs CFA, et les projections pour la fin de l’année, estimées quant à elles à 450 milliards de francs Cfa, au lieu de 220 milliards initialement prévus.» Cette difficulté de l’Etat à mobiliser l’argent nécessaire à la subvention des prix des carburants, bien qu’elle se fasse aujourd’hui plus prégnante, remonte à 2008. A cette date†là en effet, le gouvernement a décidé de bloquer les prix à la pompe. Au titre de cette politique de subvention, les créances de l’Etat dues à la Sonara se situent à l’heure actuelle autour de 300 milliards de francs CFA. Elles sont de 118 milliards de franc Cfa à l’endroit des importateurs de carburant qui alimentent le marché, lorsque la Sonara est défaillante. Cette ardoise †salée et non épongée †a d’ailleurs été à l’origine de la récente pénurie des carburants.
III-Augmentation des salaires, très problématique
Dans son communiqué sur la hausse des prix, le Gouvernement promet, entre autres, la revalorisation des salaires des fonctionnaires pour préserver le pouvoir dʹachat des populations et atténuer les effets de sa décision sur lʹéconomie nationale. Mais à quelle date va†t†elle intervenir et à quel pourcentage? De plus, où l’Etat, qui a renoncé à la subvention pour défaut de liquidités, trouvera†il l’argent nécessaire à l’augmentation des salaires? A ces questions, le Gouvernement ne répond pas. Le ministre de la Communication se contente de dire que «le ministre des Finances est d’ores et déjà en train de procéder aux études et simulations y afférentes, afin de les adresser à qui de droit». Pour certains hauts responsables du ministère des Finances, cités par le quotidien Mutations, «c’est un paradoxe que d’augmenter les salaires au moment où l’on cherche à réduire les dépenses de l’Etat». L’ingénieur – statisticien hors échelle, Dieudonné Essomba, en service au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, parle de démagogie: «il y a pas d’argent dans les caisses de l’Etat» répète†t†il inlassablement dans les médias. Une tension de trésorerie que le Gouvernement refuse d’admettre, malgré des indices de plus en plus nombreux. Les salaires des fonctionnaires du mois de juin par exemple ont été payés par vagues. Déjà en décembre 2013, pour s’acquitter des salaires et pensions des agents publics, le Gouvernement a dû prélever 50 milliards de francs Cfa sur les 80 obtenus de l’emprunt obligataire lancé en mi†décembre. Cet argent était pourtant destiné au financement de la quote†part de l’Etat dans la réalisation de certains projets structurants. Jean Marc Bikoko, le président de la Centrale syndicale des travailleurs du secteur public, informe même que depuis six mois, tous les paiements en instance (rappelle de solde, frais de mission et autres) sont bloqués. Une situation qui serait aggravée par l’effort de guerre dans la lutte contre Boko Haram, et que le Gouvernement n’avait pas budgétisé.
IV-Réduction des impôts et taxes, impact limité
L’imprécision entoure également les autres mesures d’accompagnement, notamment la revalorisation du Salaire minimum intergaranti (Smig) et les réductions des impôts et taxes. Pour le Smig, le Gouvernement se limite à dire que son augmentation sera «dans les prochains jours, soumise à l’examen de la Commission consultative nationale du travail, compétente pour connaître de ladite question». Et pour la réduction de moitié de la taxe de stationnement et de la taxe à l’essieu, il a fallu que les syndicats du secteur menacent de faire grève le lundi 7 juillet pour que le préfet du Mfoundi prenne un communiqué fixant les nouveaux tarifs applicables à Yaoundé. On ignore ce qu’il en est dans le reste du pays. On apprend ainsi que pour les taxis, la taxe de stationnement est désormais de 5000 franc Cfa par trimestre (soit une économie annuelle de 20 000 F) et l’impôt libératoire de 6500 franc Cfa (soit une économie annuelle de 32500 F). Au total, cette mesure permet aux taxis de gagner chaque année 52500, alors que la hausse de prix leur fera perdre autour de 500.000 franc Cfa. On comprend pourquoi lors des multiples concertations entre le gouvernement et les syndicats, certains exigent l’augmentation des tarifs du taxi. Un communiqué signé d’un certain nombre de syndicats du secteur des transports annonce que le Gouvernement a un mois pour donner suite à cette revendication.
Le capitaine des Lions Indomptables a fait le tour des questions d’actualité liée à la participation du Cameroun au Mondial. C’était samedi dernier sur la chaine Canal2
1-les primes
Samuel Eto’o Fils confirme que le problème des primes est réglé. Il remercie le gouvernement camerounais pour tout. En effet, l’Etat du Cameroun s’est penché sur la question des primes des joueurs, certes avec retard en comparaison avec les autres équipes qualifiées à la Coupe du monde, mais l’essentiel est sauf, à en croire le capitaine des Lions. Pour ce qui concerne les montants supposés astronomiques de ces primes, Samuel Eto’o Fils ne s’en émeut point. «Nous faisons entrer des milliards dans les caisses de la Fécafoot, et il est normal que nous ayons des primes conséquentes», se défend l’avant-centre des Lions Indomptables. Et de rappeler qu’il a eu à percevoir moins de 100 dollars au titre de prime d’un match amical opposant le Cameroun à un autre pays de football.
2-les recalés et les élus de Volker Finke
«J’ose croire que la liste des joueurs retenus est bien celle du coach Volker Finke». Ce propos de Samuel Eto’o en dit long sur les soupçons qui entourent la liste des élus camerounais au mondial de football. Certes, le capitaine des Lions refuse de polémiquer. Mais force est de constater que le malaise couve. La preuve, Samuel Eto’o semble comprendre le coup de sang d’Armel Kana Biyick. Le malheureux recalé a annoncé sa retraite internationale, tout en dénonçant les trafics et les man uvres malsaines dans la confection de la liste des 23 retenus pour Brésil 2014. Samuel n’a pris aucun engagement pour le ramener à de meilleurs sentiments.
3-la place des anciens lions indomptables dans la gestion du football
Samuel Eto’o est amer quant aux guéguerres opposant les anciens Lions Indomptables. Pour lui, les «has been» sont instrumentalisés par ceux qui n’ont rien à faire dans le football. Ils font le jeu de ceux qui profitent du football. «Tant que les footballeurs ne seront pas associés à la gestion du football au Cameroun, on ne sera pas sorti de l’auberge; on n’en finira pas avec les comités de normalisation.» Eto’o Fils suggère aux anciens Lions de fumer le calumet de la paix et de parler d’une seule voix. Il est estomaqué par le mépris que les dirigeants du football ont de Roger Milla. «La Fécafoot doit écouter et prendre en compte les avis de Roger Milla. Il a fait ses preuves. Il a une reconnaissance planétaire. Il mérite le plus grand respect».
4-l’ambiance dans la tanière
Elle est bonne, indique le capitaine des Lions Indomptables. «Les vieux démons sont exorcisés, et tout le monde regarde dans la même direction», renseigne le capitaine des Lions Indomptables. Qui ne manque pas de saluer le remarquable comportement de ses adjoints. «Le jeune Enow est une chance pour notre équipe, surtout pour ceux qui vont prendre notre relais», martèle Samuel Eto’o Fils.
5-infrastructures sportives et organisation de la CAN
«J’ai toujours rêvé de jouer une coupe d’Afrique des nations à la maison», confie le capitaine des Lions Indomptables. Il continue: «J’ai souvent revendiqué l’organisation des matchs amicaux au Cameroun. Et manifestement j’ai été entendu, nous recevons la Moldavie à Yaoundé. Cela a pris du temps.Mais il faut un début à toutes choses». Au sujet des infrastructures, Eto’o Fils se montre optimiste, avec l’organisation annoncée des Coupes d’Afrique des nations de football féminines et masculines.
6-Pronostic pour la coupe du monde
Samuel Eto’o Fils refuse de vendre des illusions aux Camerounais. En bien comme en mal, «Tout peut arriver.», pronostique le Lion Indomptable. Pour lui, une seule certitude s’impose: «les Lions vont se donner à fond; ils vont mouiller le maillot sans trop se poser les questions; ils vont crânement jouer toutes leurs cartes et chances».
7-les attaques contre sa personne
«Je n’ai rien contre les critiques. Elles sont à prendre en considérations lorsqu’elles sont fondées» tranche le capitaine des Lions. Et de regretter que la critique tourne souvent à l’insulte. «Des journalistes très souvent manipulés par mes détracteurs s’attaquent à ma famille et à mes proches. Pourtant, je suis le seul concerné, car c’est moi qui joue au football», précise l’artiste du ballon rond. «Attaquez-vous à moi, laissez mes jeunes coéquipiers tranquilles» a conclu rieur le capitaine.
8- la nouvelle coiffure et la célébration des buts
Eto’o Fils a décidé de se coiffer à la «Nelson Mandela». «C’est l’hommage que je rends à ce géant d’Afrique, qui a tant fait pour le rayonnement de son pays et du continent», indique le Lion aux trois Champions leagues européennes. Cet hommage à Mandela serait-il en relation avec l’image du vieillard imitée après un but marqué? «C’est une réponse à ceux qui estiment que je suis assez vieux pour continuer à jouer au football ». Eto’o Fils fait allusion à José Mourhino, son coach à Chelsea.
9-prédiction d’explosion
Eto’o Fils le capitaine des Lions Indomptables est différent d’Eto’o Fils le footballeur lambda. Cela s’est bien vu sur le plateau de la télévision Canal 2 vendredi dernier. En effet, Eto’o Fils sous la casquette de capitaine des Lions Indomptables savaient bien arrondir les angles. Dans ses habits de simple footballeur, Samuel Eto’o Fils mettait de côté la langue de bois. C’est ainsi qu’il a prédit une conflagration imminente au sein des Lions. «Pendant ou après la Coupe du monde, ça va exploser pour notre équipe», a claironné la vedette du football. Aucun détail, encore moins une piste pour voir venir l’explosion. C’est que, le conflit est permanent le capitaine et le
simple joueur.
Dans Intégration, Le socio†politiste parle de son mouvement qu’il vient de lancer: «Touche pas à mon anus! Il est sacré !».
Des menaces et des sanctions de la part des pays occidentaux (Etats-Unis et l’Union européenne) pleuvent sur l’Ouganda et le Nigéria depuis que ces pays ont renforcé la pénalisation de l’homosexualité dans leur législation. Quel est votre commentaire sur cette façon de procéder ?
Il s’agit tout simplement d’un reniement de soi de la part des donneurs de leçons sur
l’Etat de droit et la promotion de la liberté de choisir, notamment la liberté de faire le choix sur son modèle d’être et d’exister. Cela est la preuve d’un regrettable retour des reflexes de domination sur une partie du monde que l’histoire nous enseigne qu’elle a toujours été vouée aux gémonies depuis le commerce triangulaire. A n’en point douter l’on est en face d’une pression qui trahit toute honte bue le retour de l’impérialisme culturel et le refus de l’altérité ou du droit à la différence autant que l’obstruction de la subjectivation et de l’émancipation africaines. Ces décisions traduisent une démarche hégémonique sur le terrain de la production du sens et des trajectoires existentielles des sociétés africaines.
Ces menaces et sanctions concernent pour l’essentiel l’aide au développement. Ça devrait pousser les Africains à réfléchir non ?
Et en fait d’aide de la part des Etats†Unis et de l’Union Européenne à ces pays, on constate qu’il s’agit d’une embuscade financière derrière laquelle on procède tranquillement à la recolonisation de l’Afrique et son remodelage selon le référentiel dominant. On quitte ainsi le terrain de la coopération économique pour entrer dans celui de l’assujettissement politique de l’économiquement vulnérable qui n’a désormais plus aucun droit sinon on lui coupe les vivres. Ici en Afrique, on a bien compris la supercherie.
L’ensemble de ces pays justifient leurs actes par la volonté de défendre les droits de l’Homme notamment ceux des minorités sexuelles. A votre avis doit-on sacrifier la majorité numérique des Africains qui disent non à l’homosexualité au nom de la minorité?
La lutte pour les droits de l’homme est le nouveau terrain d’expérimentation de l’impérialisme occidental. Ce que l’on peut également aisément comprendre, c’est que ces acteurs de la scène internationale entérinent la thèse de la primitivité des Africains, ces damnés de la terre qu’il faut conduire de force, y compris contre leur gré, à la civilisation de l’autre, alors érigée en parangon. Ils appellent ça modernité. Si tu t’y refuses on te chicotte en te coupant les vivres. C’est un rapport de force qui s’exerce sur la trajectoire civilisationnelle choisie par le continent. Les sanctions contre le Nigéria et l’Ouganda montrent aussi que leurs auteurs n’ont rien compris à la globalisation. Celle†ci ne signifie pas «global lies» (mensonges globaux) ou homogénéisation du monde. D’ailleurs, elle est assise sur un paradoxe : plus elle s’intensifie en faisant sauter les frontières, plus celles†ci se reconstruisent aux moyens des replis identitaires de toutes sortes.
Certains voient en l’acceptation de l’homosexualité une sorte de déclin de la société occidentale. Qu’en pensez-vous ?
C’est exact. Ces sanctions traduisent d’ailleurs la peur de la solitude du mourant. Il est
connu que l’individu qui se sait condamné supporte mieux sa situation de déchéance quand il sait qu’il ne la vit pas tout seul. C’est bien connu de tous, la période de déclin de l’Occident est amorcée et pour se sentir fort aise, ce continent ne veut pas mourir seul. Il lui faut des compagnons dans sa chute inexorable vers l’abîme et elle a choisi son sous fifre qu’est l’Afrique comme compagnon de mort. C’est dire que ces sanctions traduisent l’expression inconsciente d’un désespoir de la part d’un condamné à mort.
Comment appréciez-vous l’attitude des pays africains face à ces pressions occidentales ?
L’attitude de l’Ouganda, du Nigéria mais aussi du Sénégal, du Libéria, du Zimbabwé ou de la Gambie montre bien que les leaders africains ont bien compris que l’Occident a besoin de compagnon demort et que l’Afrique se refuse à partager ce funeste destin alors même qu’elle n’a jamais été invitée à la table des festivités au moment du bonheur. L’Occident apprend donc à ses dépens que l’on ne peut être solidaire dans le malheur qu’à condition de l’avoir été dans le bonheur. A l’immigration choisie, l’Afrique répond par la sexualité et la civilisation choisies.
Dans la foulée, le Cameroun devrait logiquement être aussi dans le viseur de l’occident. Redoutez-vous des sanctions pour votre pays?
Il est du Nigéria et de l’Ouganda comme du Cameroun. Les pressions qui s’abattent sur ce dernier pays de la part de l’Union européenne et des médias internationaux telle que la chaîne de télévision française France 24 depuis bientôt quatre ans indiquent à n’en point douter que l’on s’achemine vers des sanctions de même nature au mépris du droit à la différence que les Camerounais respectent pourtant même quand il s’agit des pays de ceux qui sautent par devers les ben skins nuitamment pour jouir d’un droit qui est reconnu au Cameroun, celui d’avoir plusieurs femmes. Il nous souvient que certains de ces acteurs avaient déjà conditionné le financement des antirétroviraux l’année dernière par la désacralisation juridicoâ€
institutionnelle de la sexualité par le postérieur. Quand on sait ce que représente l’accès aux antirétroviraux pour les personnes vivant avec le VIH/SIDA, on peut bien constater que les lobbies homosexuels sont sans pitié au nom de l’ouverture du pays à cette expérience démographiquement improductive. Il ne faut donc pas croire qu’ils auront de la compassion pour le Cameroun.
Quelle stratégie le Cameroun devrait adopter face à cette épée de Damoclès qui pèse sur sa tête?
La diplomatie camerounaise doit sortir de la logique d’une diplomatie de présence pour devenir une diplomatie offensive qui montre les muscles. Et des muscles nous en avons de par notre position géostratégique dans le Golfe de Guinée, les richesses de nos écosystèmes et celles de notre sous†sol. Le temps est venu de fonctionner comme la Chine (même si nos moyens ne sont pas identiques) en disant à ceux qui veulent coopérer avec nous que nous pouvons parler de tout sauf des sujets tel que la dépénalisation de l’homosexualité. Il y a là matière à occupation pour la diplomatie camerounaise. Au†delà des discours ronflants, sa capacité à apporter son soutien au projet des grandes réalisations du président Biya passe par là. Voilà un chantier ouvert pour elle : éviter à ce pays la brouille avec les bailleurs de fonds en défendant notre identité homophobe avec véhémence, tact et énergie.
Céder est donc une option à exclure.
Effectivement il ne faut surtout pas céder à ce chantage pour accepter de démocratiser l’usage d’un organe humain connu dans notre société uniquement pour ses aptitudes à expurger les déchets du corps plutôt qu’à recevoir une quelconque semence improductive ; c’est l’ensauvagement des individus et de la société. Aucun pays au monde n’a émergé sans une démographie forte. Je vous invite à vous intéresser au nombre d’habitants des pays développés ou émergents pour s’en convaincre. Quel est le problème que viendrait résoudre le fait de céder ? Aucun, plutôt il viendrait en créer d’autres quant à la prise en charge de la santé des adeptes de ce mode vie que le contribuable camerounais n’est pas prêt à soutenir à travers le financement des formations sanitaires qui devront les prendre en charge au cas où.
Vous venez de lancer la campagne « Ne touche pas à mon anus ! ». De quoi s’agit-il
exactement ?
En réaction à la propagande orchestrée dans les médias internationaux, j’ai décidé de lancer un mouvement dont le slogan est précisément «Touche pas à mon anus ! Il est sacré ! ». Il s’agit de défendre le droit à la différence de la société camerounaise contre le pseudo droit à la profanation et à la putréfaction humaine de quelques individus culturellement égarés car dans le contexte camerounais cet organe est sacré et, à ce titre, entouré d’un certain nombre d’égards et d’interdits de même que son utilisation est l’objet d’un contrôle de la part de la communauté car dangereux pour l’ordre social dont†il contribue à la stabilité. Il est le médium de la communion entre l’individu, les forces de la nature, le cosmos, l’ordre de la création et la vie. D’où son caractère sacré.
Pr. Claude AbéJournal Intégration)/n
Vous parlez de cette partie du corps humain comme un organe sacré et comment s’en convaincre ?
Il vous souvient qu’en dehors des enfants et de quelques personnes mentalement déséquilibrées, la société ne tolère pas sa visibilité publique. Même chez les populations ignorant le port des robes et des pantalons, l’on arbore un cache sexe qui couvre également cette partie du postérieur. De même lorsque dans des cas extrêmes, un parent décide d’infliger une malédiction à son enfant, il lui suffit de se dénuder et de montrer son postérieur au concerné en proférant des paroles pour que ce dernier en soit maudit. C’est donc dire qu’il ne s’agit pas seulement d’un organe du corps comme ceux qui veulent en faire un lieu de plaisance le pensent. Il est investi d’une énergie vitale que ceux qui le recherche veulent extirper ou vider pour des fins inavouées. C’est aussi par le biais du même organe que le corps élimine à certains nombre de déchets. Et sans cette fonction l’on s’empoisonnerait au moindre contact avec les aliments. C’est confirmer son caractère vital pour l’individu et pour la société toute entière. C’est à ce titre aussi qu’il faut le protéger pour protéger la société. Vous avez remarqué que j’en ai parlé sans le citer du fait de sa sacralité et c’est ainsi qu’il faut le tenir.
Comment entendez-vous procéder pour vous faire entendre dans un environnement où les médias commencent à fléchir aux sirènes venues d’occident?
J’aimerais déjà remercier ici votre journal qui m’a donné l’occasion d’en parler et vous dire que c’est l’un des premiers moyens par lesquels j’ai décidé de procéder. La sensibilisation au moyen des médias de masse est donc le premier moyen. Ensuite, je suis en train d’imprimer des T†Shirts avec au dos le slogan « Touche pas à mon anus ! Il est sacré ! » que l’on arborera uniquement le premier vendredi de chaque mois pour ceux qui adhèrent au mouvement.
Pourquoi seulement, le vendredi ?
Parce que constat fait dans notre société, les gens ont moins la tête aux préoccupations professionnelles ce jour là ; même s’ils vont au boulot, l’on commence à être relax et après le boulot, certains fréquentent les milieux chauds et leurs T†Shirts à la chance de marquer les esprits et d’attirer l’attention. Un vendredi par mois ça fait 12 jours au cours de l’année, cela ne peut participer à désacraliser ce qui est sacré en le faisant renter dans la banalité. Il faut donc marquer les esprits en tâchant de ne pas tomber dans le travers que les débats sur l’homosexualité recherchent à savoir la faire rentrer dans la banalité et la tolérance.
Le lobby gay est réputé omniprésent et très puissant. Ne craignez-vous pas pour votre vie et votre carrière?
Le lobby gay n’est pas plus puissant que la société camerounaise encore moins que le peuple. La loi est l’émanation de la volonté générale. Depuis qu’il fait pression sur le législateur camerounais, ce lobby n’a pas pu faire bouger les lignes jusqu’aujourd’hui. C’est significatif de là où se trouvent le pouvoir et la puissance dont vous parlez en l’occurrence aux mains du
peuple et de la société. Vous lui reconnaissez donc ce qu’il n’a pas. Au contraire, ce que je crois savoir c’est son impouvoir, la fébrilité de ses croyances et sa lâcheté à venir au débat ouvert pour nous convaincre et persuader la société de son erreur de jugement.
Donc vous ne redoutez rien.
Vous savez, la peur est mauvaise conseillère. Tous ceux qui ont peur de défendre les convictions de la société, de l’armée silencieuse, sont des lâches. Et je me refuse à être lâche. Ceux qui me connaissent savent que sans être bagarreur, je suis loin d’être lâche et sais porter les convictions venues des profondeurs de la société, celle qui n’a que très peu voix au chapitre. Or, le dicton est bien connu « vox populi vox dei », la voix du peuple est la voix de dieu. Pour ma carrière, je crois que je l’ai déjà derrière moi. Je suis professeur titulaire. Je ne sais pas si d’après vous il y a encore quelque chose après ça dans ma profession? En plus, c’est quoi cette affaire de carrière qui a fini de désarmer tous les camerounais au point de transformer ce pays en contrée de pusillanimes. Ma seule carrière c’est le bien être de notre société et tous ceux qui souffrent autant que la renaissance du contient africain à partir de ses référents sociétaux propres qui peuvent lui permettre de négocier son accès à une modernité alternative et non dévoyée.
Que suggérez-vous aux pouvoirs publics et à la société civile dans le cadre du refus de l’homosexualité?
Les pouvoirs publics doivent assumer l’homophobie de la société camerounaise beaucoup plus clairement et ostensiblement afin que nul n’en ignore. Lorsque certaines personnalités
parlant au nom du Cameroun affirment comme on l’a vu dans France 24 que les homosexuels se baladent librement dans notre pays sans que personne ne les inquiètent, cela peut prêter le flanc. Il faut clairement citer la loi, notamment la pénalisation de cette pratique par le législateur car la communication est une arme de lutte. La société civile doit s’organiser pour protéger la volonté générale de la société camerounaise exprimée par le législateur dans le code pénal qui proscrit cette pratique. Il faut sensibiliser sur les conséquences sociales et en termes de santé de l’homosexualité et éduquer la jeunesse.
Pour finir, quels conseils aux jeunes?
Les jeunes sachez qu’il n’y a aucun bonheur à vivre dans la permissivité. Il ne faut même
pas essayer en disant que je ne fais qu’une fois car comme le dis l’artiste Majoie Ayi « qui a bu boira ». L’incontinence constitue l’une des conséquences immédiates qui vous fait rentrer dans l’état de bébé avec des couches qu’il faut changer à tout moment. Le danger est donc énorme. Chercher d’autres moyens pour réussir et il n’y a pas un autre plus sûr que le travail qui demande de prendre la peine. Ne céder pas à la faciliter. Vous-mêmes vous avez coutume de dire entre vous dans votre jargon que quelle que soit la longueur de la nuit le jour apparaîtra, il ne faut donc pas baisser les bras pour vous laisser piéger et souffrir toute une vie si vie il y a là-dedans. Je ne connais aucune espèce animale où les sujets de même sexe s’accouplent. Il ne faut donc pas descendre plus bas que le monde animalier. Barrons la route à cette tentative d’ensauvagement collectif !!! Ne conspirons pas contre l’appel à l’émergence et à l’éveil. Il faut savoir dénoncer ceux qui vous font des propositions indécentes puisque c’est de l’indécence qu’il s’agit, pas l’indécence vestimentaire mais l’indécence sur le plan des m urs et de la sexualité.
L’ex – président de la République Centrafricaine a pris les habits du « guerrier invisible », mais présent. Il opère en commandant en chef des Anti- Balakas de l’Ouest du pays.
« Quelque chose s’est passé à Baboua dans la nuit », ne cesse de répéter un officier burundais de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) à ses subalternes. Depuis ce matin du 26 février 2014, l’information sur la présence de Bozizé à Baboua circule parmi les soldats de la Misca commis à l’escorte des réfugiés vers Garoua-Boulai au Cameroun. Pour des fins d’exploitation stratégique, une virée à Baboua est une bonne option pour les soldats de la Misca. Encore qu’au sein de la faction de militaires, on se sent pousser des ailes. « Depuis que les Sangaris ont inscrit Bozizé et ses hommes dans la liste noire, nous nous devons de courir après le moindre indice de sa présence », confie l’officier burundais de la Misca. Et selon les services de renseignements de la Misca, « tous les efforts sont centrés sur la localisation».
C’est une superbe matinée. L’air est vif, le ciel d’azur et les flaques laissées par la pluie de la veille brillent sous le soleil. Pour le voyageur en provenance du Cameroun, rien de frappant à Baboua situé à 180 kilomètres de la frontière camerounaise: similitudes architecturales, mode de vie identique à celui des Baya du Cameroun… Petit village à dominance chrétienne, les habitants (tous Bayas) ne sont pas nombreux. Une trentaine ou même moins. Tout est calme. Ici, des sources militaires indiquent que les habitants ont la réputation d’être aussi chaleureux que frondeurs dès lors qu’on s’attaque à eux.
Juste derrière la ligne de petite savane, se dessine le profil dentelé des profondes vallées. Au pic de l’une d’entre-elles, un vieil homme accroupi entre les monticules de terre. Ernest Akalozo est formel : « le général a encore dormi ici cette nuit ». Ernest Akalozo pointe l’index sur une case. « C’est la deuxième fois en l’espace d’un mois que Bozizé séjourne ici. Cette fois, il est arrivé accompagné de deux personnes. Il était vêtu d’un drap rouge vif noué à l’épaule et avait à la main un bâton noueux». C’est le cliché que les soldats de la Misca retiennent. Sur les visages qu’on croise, il se lit le terne froid. Mais en même temps, des témoignages des villageois, on apprend que « Bozizé nous a dit qu’il ne fait plus la guerre sauvage. C’est sur cet air qu’il circule, sur la nécessité de changer pas seulement de posture, mais de logique ».
Le même récit, enrichi de quelques détails est obtenu plus loin auprès d’une dame, à une quinzaine de mètres. « Il y avait deux motos et une grosse valise. Il nous a dit qu’il vient de loin. Il a dit que les blancs le recherchent. Quand il est arrivé, on ne pouvait pas le reconnaître. C’était à la tombée de la nuit. Les blancs le recherchent ; mais nous nous ne voulons pas de problèmes. Le général a aussi dit que les blancs vont nous tuer tous et qu’il va chercher de l’argent pour les faire échouer. Il nous a dit d’insister sur la mauvaise gestion du conflit par les blancs et ne pas dire sa destination ».
Aujourd’hui, par des chocs médiatiques incessants et la propagation des potins, le général arrive à Baboua sans effet d’annonce. Désormais, ses mouvements sont coordonnés en finesse par des coups de mains et des actions de renseignements. Subtilement et sans grandiloquence. Au vu des témoignages, ses déclarations s’adressent aux forces françaises. Il les accuse de mener une guerre invariablement négative.
Dans sa démarche, François Bozizé se sentirait pris dans les mailles du filet français, cousu au fil du Conseil de sécurité des Nations unies. Selon l’hebdomadaire Jeune Afrique n°2772 du 23 février au 1er mars 2014, une liste de huit noms de responsables soupçonnés de soutenir les Séléka ou Anti-balaka circule. Y figurent les noms de François Bozizé et l’un de ses fils.
A la guerre comme à la guerre
Depuis un peu plus d’un mois, François Bozizé n’est plus un élément banal dans la routine de la guerre en République centrafricaine. Le 3 février dernier, votre journal en toute exclusivité l’annonçait à Bouar, en provenance de Garoua-Boulai au Cameroun. Ce qui a généré des inquiétudes à Bangui. Cette fois, notre information n’a plus besoin de preuves. Tant les indices corroborés par des témoignages montrent un Bozizé fréquent en terre centrafricaine. Dans les cercles militaires de la Misca, on affirme qu’ « il a même envoyé une demande d’audience à François Hollande alors en séjour à Bangui la semaine dernière ». « Un vrai scandale », lâche un haut gradé burundais.
Mais ce scandale a eu toute son importance. D’abord parce qu’il s’inscrivait dans un contexte où le général Bozizé semble construire sa ligne de conduite autour de son retour éventuel aux affaires. Sous cet angle, « il voulait rencontrer F. Hollande pour bénéficier, si ce n’est d’une impunité, du moins d’une sorte d’exterritorialité indulgente», précise une source de la Misca. Ensuite, on ne peut s’empêcher de penser à l’étrange coïncidence dans les itinéraires de Bozizé. Selon des indications militaires, « le village de Baboua se trouve sur la médiane qui mène à Bouar ».
Ce qui tend à confirmer que le général ex-président centrafricain baigne dans la paralysie des peurs. Aussi, il trouve judicieux de tourner près de la frontière avec le Cameroun, à Garoua-Boulai précisément. au cas où. Ce dernier point pourrait enfin expliquer qu’une stratégie serait en train de se préparer en coulisse. A en croire l’hebdomadaire Jeune Afrique, F. Bozizé serait en Ouganda.
Jean Réné Meva’a Amougou à Baboua en RCA, avec la Misca
François Bozizé en terre centrafricaine
François Bozizé est un courant d’air. Ce qui pourrait susciter des doutes sur sa présence et son déploiement dans la partie Ouest de la Centrafrique. Nous reconfirmons – à la suite de notre article publié dans l’édition du 03 février dernier- que François Bozizé est bel et bien sorti du Cameroun par la localité de Garoua Boulai quelques jours avant la fin du mois de janvier 2014. Pour vous en convaincre, voici la teneur d’un message porté du commandant de légion de gendarmerie de l’Est à monsieur le sous – préfet de Garoua – Boulai : « A. M. LE S/P. STOP. PASSAGE EX PRESIDENT RCA. STOP. JUSQU’A FRONTIERE. STOP. RENDRE COMPTE IMMEDIATEMENT. STOP. »
Nos informateurs, autant dans la population que dans les services du commandement à l’Est Cameroun, sont formels. Tout s’est passé dans la plus grande discrétion. Le général François Bozizé a passé sa dernière nuit à Tigaza avant de traverser la frontière pour la RCA. Tigaza est une localité située à 22 kilomètres après Garoua Boulai, en allant vers la Centrafrique. La traversée de la frontière a eu lieu dans la nuit, avec la bénédiction des autorités militaires camerounaises.
C’est la conviction des autorites de la ville qui ont mal apprécié sa rencontre avec les imams.
En visite à Douala, Christine Robichon, ambassadeur de France au Cameroun, a rencontré le 06 février dernier, une vingtaine d’imams conduit par Ibrahim Moubarak Mbombo, coordinateur national de l’Union islamique du Cameroun (UIC) et du Conseil Camerounais des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques (Cocimai). Devant la presse, la diplomate française a justifié sa visite par son désir d’â ªexprimer à l’imam Ibrahim Moubarak Mbombo [ses] remerciements pour l’initiative de solidarité qu’il a prise après l’enlèvement du prêtre français Georges Vandenbeusch â « et de â ªnouer des relations avec les responsables des différentes communautés religieuses présentes au Camerounâ «. Au cours de cette rencontre, les discutions ont notamment porte sur â ªla résolution des crises interreligieuses â «. Selon nos informations, l’ambassadeur de France au Cameroun tenait à sonder â ªle regard que les imams du Cameroun ont de la situation des musulmans en Centrafrique â «. De manière précise, Robichon était soucieuse de savoir si â ªles imams du Cameroun sont solidaires des musulmans de la République centrafricaineâ « comme l’exige la religion musulmane. Il s’est aussi agi de faire l’état des lieux des relations entre les chrétiens et les musulmans au Cameroun; en revisitant par ailleurs l’état de sante de l’axe nord†sud. A ces préoccupations de la diplomate, les Imams auraient sagement répondu. D’abord, ils se sont dits peines par ce qui arrive à la Centrafrique. Ensuite, les chefs religieux musulmans ont indiqué être solidaires de â ªtous ceux qui souffrentâ « en RCA, leur religion leur recommandant la solidarité envers â ªtous ce qui souffrentâ «. Enfin, les imams ont assuré vivre « en bonne intelligence » avec les autres communautés religieuses « aujourd’hui comme hier et certainement Demain ».
Déstabilisation
Que leur a-t-elle dit par la suite ? Nous ne sommes pas, à ce jour, en mesure de le dire. Mais toujours est-il que, après cette rencontre, le préfet du Wouri est entre dans une colère noire et a fait appeler les responsables de l’UIC et du Cocimai. A la suite d’une conversation téléphonique, Naseri Paul Bea a demandé à voir les imams présents lors de la rencontre avec Robichon. Au cours de leur entrevue avec le chef de terre, les dignitaires religieux ont été mis en garde contre la démarche de l’ambassadeur de France au Cameroun. C’est qu’à Douala, les autorités qui incarnent là-bas le pouvoir de Yaoundé, sont convaincues que « la France veut gâter le pays comme elle l’a fait en République Centrafricaine ». Elles voient, dans la démarche de Robichon, la volonté de transporter au Cameroun, le conflit en RCA devenu ethnico-confessionnel.
Contexte favorable
En effet, selon nombre de géostratégies, le risque d’un tel scenario est réel, indépendamment même des man uvres que mèneraient la France. Car expliquent†ils, â ªle confit politique en Centrafrique s’est mue en un affrontement entre d’un cote les anti†Balaka,
Chrétiens et de l’autres les Seleka, musulmans. Et de part et d’autre de la longue frontière entre le Cameroun et la RCA, vous trouverez respectivement les Peuls, Arabes choa ou Rugas, proche des Seleka et les Bayas proche des anti†Balaka. Ce qui complexifie la situation avec le risque que les populations concernées coté Cameroun prennent le relai des affrontementsâ «. Sur le plan interne, les arrestations sur fond de batailles de pouvoir de Marafa Hamidou Yaya et de Iya Mohamed, tous deux Peuls, musulmans et barons du Nord ou encore la question du rapatriement de la dépouille de Ahmadou Ahidjo, l’ancien prédisent du Cameroun décédé et enterré au Senegal en 1989 (lui aussi Peul et musulman) ont jeté un froid sur l’axe Nord†Sud. C’est cette situation volatile que le Cameroun soupçonne la France de vouloir instrumentaliser pour mettre le feu à la baraque. D’ailleurs pour ce qui est du rapatriement de la dépouille de l’ancien président du Cameroun, des sources introduites affirment que l’ambassade de France au Cameroun ferait pression pour que la conférence se tienne. Ce colloque, qui a pour objectif au-delà â ªdes heurts et malheurs historiques lies a l’exercice du pouvoirâ « de trouver le moyen par lequel la nation peut être reconnaissante a Ahmadou Ahidjo, a pourtant été interdit au motif qu’il menacerait la paix sociale.
Les bonnes nouvelles
La visite de Robichon a Douala n’a pas été que controversée. Certains étaient même très contents de recevoir l’ambassadeur de France au Cameroun. Le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Douala (CUD) par exemple. Au cours du passage le 05 février de la diplomate française a la CUD, Fritz Ntone Ntone s’est rejoui de la â ªremarquable contribution de la France, a la regeneration de la ville de Doualaâ «. De fait â ªau titre du 1er et du 2e C2D, des prêts directs au gouvernement et de la coopération décentralisée sont déjà près de 350 milliards FCFA qui sont mobilisés en faveur de la ville de Doualaâ «, a indiqué le super maire de la ville. Un argent qui a par exemple servi à l’élaboration des documents de planification urbaine (le Plan directeur d’urbanisme, le Plan d’occupation des sols, la Strategie de développement de la ville de Douala et de son aire métropolitaine) et à la construction des infrastructures telles que (le réaménagement de l’avenue de l’Indépendance, la liaison Place Leclerc†Boulevard de la République†Carrefour deux églises, la réhabilitation de l’Avenue Roger Milla†Place des Douches municipales, etc.). Pour la période 2011†2016, de nouveaux engagements financiers ont été pris. Ils sont relatifs à la construction du 2e pont sur le Wouri (100 milliards), les accès Est et Ouest de la ville (67 milliards) et le projet de drainage des eaux pluviales d’un montant de plus de 109 milliards. Ce projet est, selon Jean Yango, directeur de la planification et du développement durable à la CUD, â ªle plus important, octroyé à une ville en Afrique au Sud du Saharaâ «. On parle en plus, de la construction dans les jours avenir, de 8 ecoles et autres centres de formation et 6 centres de soins.
Voici les dossiers que le conseil des ministres de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale soumettra aux travaux de la conférence des chefs d’Etat
RCA, le plat de résistance au menu
En effet, les préoccupations tournent sur la situation en RCA, la libre circulation des personnes et des biens, le Programme économique régional (Per). Environ deux mois que la coalition Seleka règne en maître à Bangui, le siège des institutions de la République centrafricaine. Curieusement, la situation générale du pays reste très préoccupante. En effet, plus les jours passent, plus la situation se dégrade, en l’occurrence sur le plan sécuritaire. Les rebelles pillent chaque jour. Même le palais et la cité de la Cémac sont mis à sac. Il en est de même des résidences et des personnels en activité au siège de la commission de la Cémac. L’armée nationale et la police sont inexistantes. Les caisses de l’Etat sont vides. Le nouveau gouvernement ne peut pas honorer ses engagements, notamment le payement des salaires des fonctionnaires. La population perd patience. Tous les ingrédients de la conflagration sont réunis. Le chaos se rapproche inexorablement. Avec en prime la déstabilisation possible de la sous-région Afrique centrale. Il faut donc sauver la RCA. La communauté internationale s’y attelle, avec des résultats très mitigés jusqu’ici.
La mobilisation ô combien remarquable des pays d’Afrique centrale tarde malheureusement à produire les résultats escomptés. Que faire pour être davantage efficace sur la crise centrafricaine? La question est dans l’agenda du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cémac, programmé ce 14 juin 2013 dans la capitale gabonaise. Les leaders de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale connaissent bien le dossier RCA. Au mois de décembre dernier, la Cémac avait par exemple appuyé à hauteur de cinq (5) milliards de francs Cfa le volet DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion) de la RCA. Bien plus, les chefs d’Etat de la Cémac ont multiplié des rencontres sur la question centrafricaine, à l’effet de trouver une solution concertée à la crise qui secoue ce pays. Et la mobilisation jamais prise à défaut des leaders de la sous-région sur le dossier centrafricain s’observe autant à la Cémac qu’à la Ceeac, autant en Afrique centrale qu’à l’Union africaine, autant chez les bailleurs de fonds qu’auprès la communauté internationale dans son ensemble.
Circulation des personnes et des biens: l’arlésienne
C’est l’autre gros dossier sur la table des chefs d’Etat de la Cémac. C’est connu, l’Afrique centrale est la communauté économique régionale la moins intégrée du continent, où la circulation entre les citoyens du même espace communautaire est problématique. Les experts peaufinent actuellement les décisions à soumettre à la sanction des chefs d’Etat. Les indiscrétions annoncent la signature des accords d’assistance avec Interpol. Les chefs d’Etat devront également prendre une décision sur les matériels de contrôle aux postes frontières. Le rapport d’étape concernant Air Cémac sera aussi soumis à la conférence des chefs d’Etat de la Cémac. Ils seront fixés sur le niveau des négociations avec Air France, le partenaire stratégique de la compagnie sous – régionale. Pour rappel, Air Cémac vient de prendre son siège à Brazzaville.
Le Programme économique régional et le lancement du Fonds Emergence: à vos marques, prêts.
C’est l’autre dossier non moins important à soumettre à l’appréciation des chefs d’Etat. L’on se penchera entre autres sur le rapport d’étape du Pro- gramme économique régional (Per). Les chefs d’Etat écouteront le point des réalisations de la phase 1 du Per. Ils arbitreront les points de rupture du rapport d’étape. Et ils feront utilement des pro- positions pour une meilleure mise en uvre de ce programme. Le Per fait face à un problème d’appropriation au ni- veau des pays membres de la Cémac. En effet, le volet Per – pays reste inopérant. Car, il y a un besoin d’harmonisation entre le Per – pays et les politiques économiques nationales. Bon à savoir, le Per ambitionne de «faire de la Cémac en 2025 un espace économique intégré émergent, où règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement humain». Le financement du Per passe par la mise en place du Fonds Emergence de la Cémac. Les chefs d’Etat sont appelés à se prononcer sur les mesures nécessaires dans l’accélération du processus de lance- ment du Fonds Émergence.
Stabilisation de la Cémac: on cherche la solution
La session extraordinaire du conseil des ministres de la Cémac, tenue du 9 au 12 avril 2013 à Libreville, avait opté pour une délocalisation du siège de la commission de la Cémac de Bangui. En effet, l’instabilité chronique dans la capitale centrafricaine oblige la commission à s’installer ailleurs, en l’occurrence dans l’une des cinq capitales des autres pays membres. Libreville et Malabo sont dis- posés à recevoir la commission pendant ses deux années «d’exil». Les chefs d’Etat vont opérer un choix, sur la base d’une grille de critères à satisfaire par chaque pays candidat à l’accueil de la commission. La commission a estimé le coût de cette délocalisation à 2,0315 milliards de FCFA qui devra être financée par le budget d’investissement (2,5 milliards de FCFA) de la commission pour l’exercice 2013. Par ailleurs, pour un déploiement efficient de la commission de la Cémac, les chefs d’Etat écouteront l’audit des institutions et organes de la Cémac. Ce qui leur permettra de lancer définitivement le processus de rationalisation des institutions et organes dont les missions se confondent au quotidien. Le sommet extraordinaire connaîtra également de la «situation qui prévaut à la Cour de justice communautaire. Ici, la problématique est la transformation de l’ancienne Cour de justice dotée de deux chambres (judiciaire et comptes) en deux cours distinctes, la Cour de justice et la Cour des comptes. Bon à savoir: ces deux entités ne sont pas opérationnelles du fait de la non-ratification des textes par deux Etats. Par ailleurs, on note en outre que le mandat des juges actuels est largement dépassé. Autres dossiers et ratification des textes communautaires Le sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cémac s’appesantira en outre sur l’amélioration du climat des affaires en zone Cémac. Des recommandations fortes sont énoncées en matière de protection des entreprises privées. Ces recommandations portent notamment sur la mise en place des règles uniformes et l’harmonisation des procédures au sein de l’espace communautaire. Par exemple, les chefs d’Etat sont appelés à adopter les textes sur l’harmonisation des politiques pharmaceutiques communes, pour en faire une loi supranationale.
Installé dans la ville de Kribi depuis 30 ans, cet inlassable et pugnace investisseur est selon des statistiques, le plus grand pourvoyeur d’emploi du coin
Connu sous plusieurs cieux alors qu’il n’est pas adepte des voyages hexagonaux et américains, seuls les fruits de son travail font de lui un homme respectable. De toutes les façons, il fait partie de ceux qui du bout des doigts, ont su dompter le temps et l’espace en offrant le meilleur d’eux-mêmes pour la postérité. A la tête d’un groupe qui porte son nom, celui que Kribi appelle « l’homme fort » a su tirer son épingle du jeu. Entre fermes, établissements hôtelier, immobilier et société de gardiennage, la jeunesse locale trouve bien son compte. Un verger de plus de 4 hectares regorgeant citrons, orangers pour ne citer que ces agrumes, alimentent chaque matin, les marchés locaux et environnants. De ses fermes, la production mensuelle de poulet de chair s’élève à 5 000 spécimens. Plus de 800 porcs sont élevés dans deux unités de production et une d’engraissement. Des cochons entretenus par une main d’ uvre aguerrie sous le regard rigoureux et méticuleux du maitre des séances. Celui-ci veut offrir à sa clientèle, un produit de qualité, made in Cameroon.
Ce ne sont pas certainement les projets qui manquent. Mais en homme réfléchi et visionnaire, Jean Célestin Watat envisage consolider l’existant, en lui donnant une envergure singulière. Avec le développement de la ville de Kribi devenu ville-chantier, les lendemains pour ce groupe s’annoncent plus dense, avec une plus-value sur l’emploi et donc, de l’économie locale. D’ailleurs, les employés rencontrés sur les différents sites où sont implantées ses différentes activités, n’ont qu’une pensée positive pour celui qui sait manier aussi bien la carotte que la chèvre. « Nous n’avons pas de retard dans nos payements de salaire » indique une employée, visiblement la trentaine sonnée. Je suis affilié à la Cnps dixit, tout joyeux, un employé qui y est depuis une décennie. Il se dit dans la ville qu’il est l’un, sinon le meilleur employeur du coin. Ses employés sont les rares à qui les salaires sont, non seulement payés à temps, mais régulièrement confie Simplice T., un originaire des lieux. Homme très ouvert, il est apprécié des siens qui lui demandent d’ores et déjà de briguer le poste de maire dans la localité de Kribi2. Celui vers qui ces doléances sont orientées reste bouche bée et n’ose pas se prononcer. On lui reconnait à la fois, les qualités de manager, d’homme rassembleur et surtout, de visionnaire mais également de celui qui n’a pas sa langue dans la poche.
Politiquement, la ville apparait comme une eau pleine de crabes. Y pratiquer la politique surtout lorsqu’on est venu d’ailleurs est une véritable gageure. L’on ne saurait citer à profusion les accueils dont il est victime : décisions de justice non appliquées, attaques homophobe et tribaliste, tentatives d’assassinat etc. L’on se souvient que tout récemment, alors qu’il voulait construire un restaurant les pieds dans l’eau, le dispositif mis par les maçons a été enlevé par des âmes malveillantes. Idem pour les jeunes plants de sa plantation qui sont nuitamment déterrés. Malgré tous ces faits ostensibles et dont les témoignages ne tarissent pas de propos à cet effet, l’on semble percevoir un silence de la part des personnes et personnalités en charge du règlement de ce genre de litige. Quoiqu’il en soit, un mécanisme de protection des investisseurs s’impose surtout en direction de ceux qui sont rejetés par leurs pairs qui redouteraient quelques choses.
Mais à dire vrai, Jean Célestin Watat ne saurait souffrir des affres d’une frange aussi minime de la population. En 30 ans, il a su être accepté par la grande majorité qui croit en lui. Une aventure qui dans le rétroviseur, présente des moments d’histoire qui pour lui, relèvent d’une philosophie de vie. D’ailleurs, il se plait souvent à dire qu’ » il ne faut jamais faire comme les autres ». Pour dire qu’il ne faut pas rendre un mal, parce que c’est cette attitude stoïque qui nous permet d’avancer. Né le 28 janvier 1959 à Obala dans la région du Centre, Jean Célestin Watat n’a pas beaucoup connu Bangangté son village d’origine. Il fait son parcours scolaire et secondaire dans ce qui était à l’époque, la province du centre. Il dépose ses valises dans la ville de Kribi où il est fait pour la première fois, chef d’agence de l’Union camerounaise des brasseries (Ucb). Ses déboires commencent dans cette structure lorsqu’il est connu par le feu Pierre Tsanqué, promoteur de Nobra et par ailleurs, ancien président de la chambre de commerce du Cameroun. Après avoir passé deux jours de garde à vue au commissariat du 6ème à Douala, il en sortira avec la ferme conviction de ne plus travailler pour Kadji et déposera finalement ses valises à Nobra. Il ouvrira le centre de Dschang. A la faveur du prix d’excellence de la rentabilité, il sera renvoyé à Kribi pour challenger Ucb qui mourira de sa plus belle mort. Après un dépôt de compte de Nobra, voici Watat en chômage. Que de se convertir dans la débrouillardise, il embrasse une carrière de manutentionnaire aux brasseries du Cameroun après deux ans de standby. Puis, celle de gardien de nuit dans une société de gardiennage de Kribi. Econome, il va démissionner de cette société pour créer la sienne. Eprit de progrès et de persévérance, il construit une auberge appelée sécurity. C’est cette structure d’hébergement qui deviendra ce qui est appelé aujourd’hui, hôtel le Paradis à la faveur de sa rencontre avec Dieu, l’un des fleurons de l’hébergement sur les berges de l’océan Atlantique à Kribi. Progressivement, vient la ferme puis sa société immobilière et enfin, la prospérité.
Lorsque vous aborder le sujet de la jeunesse avec lui, c’est avec un ton de peine qu’il vous parle. Pour lui tout ce qu’on dit de la jeunesse est vrai. Avant de poursuivre, la jeunesse n’a plus de repère, elle doit se constituer, se donner une vraie valeur en croyant en son pays. Ce père de cinq enfants connait si bien les problèmes de la jeunesse locale et partant, ceux de la nation tout entière. C’est pourquoi, celui qui connait toutes les décorations du pays, croyant au principe qu’il faut agir localement pour construire globalement, ne ménage aucun effort dans l’encadrement de ces jeunes. Seul l’emploi décent tel que suggéré par l’Organisation internationale du travail (Oit) apparait pour lui, comme le début de solution aux questions du travail.
Jean Célestin Watat: Un exemple d’intégration nationaleJournalducameroun.com)/n
Une justice aux ordres. La police instrumentalisée. Des dossiers vides. Des familles brisées. Voyage dans l’absurde et l’enfer. Avec Rémy MBA MIMFE’E, «présumé coupable de détournement des fonds publi
On avait certainement calomnié Rémy MBA MIMFE’E et quelques-uns de ses collègues du Crédit Foncier du Cameroun (CFC). Un matin du mardi 21 février 2006, il est mis aux arrêts depuis son bureau de travail habituel au CFC, par une escouade de policiers armés jusqu’aux dents, sur « instruction du procureur de la République ». Émoi et questionnement de l’auteur de l’autobiographie intitulée Opération Épervier : Mémoires d’un présumé coupable. « Comment cela a pu se faire que je sois arrêté ? Comme un grand bandit ! Comme un braqueur ! Tout ce déploiement ! Qu’elle est la faute commise ? Où ? Quand ? Comment ? Qu’est-ce qu’on me reproche ? Le motif : « sur instruction du procureur », ne me satisfait pas. On me dit que les « ordres viennent d’en haut ». Les 229 pages de l’opuscule commis par Rémy MBA MIMFE’E apportent plus ou moins des éclairages à cette histoire digne du « Procès » de Kafka. Le livre de poche (préfacé de Pierre Désiré Engo et postfacé de Me François – Xavier Mbouyoum) construit sa trame autour de quatorze chapitres. Ceux-ci donnent à découvrir un autre visage de la campagne d’assainissement des m urs publiques engagées par le président de la République, sous l’appellation Opération Epervier. Un visage hideux qui prend le contre-pied de tout le discours officiel véhiculé par le gouvernement de la République.
Procès de la police .
L’ouvrage publié à compte d’auteur met en surface toute l’impréparation, doublée du peu de professionnalisme, qui encadrent la mise en uvre de l’Opération Epervier. Notamment aux niveaux de la justice et de la police camerounaise. « Le comportement des policiers trahissait la peur qui les animait dans l’exercice de leurs missions ; eux, pourtant, qui étaient habitués à arrêter les bandits ; les vrais. Tous se comportaient comme s’ils étaient surveillés ; comme si le moindre sens humain était synonyme de sanction disciplinaire à recevoir ». A cet état d’esprit, il y a l’embarras qui caractérise la police dans la conduite des opérations : « A un moment de l’interrogatoire, il s’arrêta et me posa la question : on vous a arrêté pourquoi ?… Je lui répondis : je ne sais pas.Il dit à son patron : j’ai fini de lui poser des questions sur les aspects génériques de l’enquête. Quel est le motif de son arrestation ?» Le commissaire hésita et lui répondit : « on m’a demandé d’aller l’arrêter et j’ai exécuté les ordres. C’est vous qui connaissez le motif ». L’auteur révèle aussi une police gratuitement méchante et inutilement zélée. En l’occurrence à l’occasion de la perquisition des domiciles ou de la confiscation des biens chez les prévenus. Morceau choisi du chapitre titré « Branle – bas au village » : « Nous étions déjà rendus vers 1 heure du matin, tout le monde était déjà fatigué. Une fois de nouveau en ville, nous pensions légitimement que nous allions passer la nuit à la police judiciaire, en principe, plus sécurisée. Mais le « grand commissaire » décida de nous amener dans le domicile d’un de ses parents au quartier ABANG.Evidemment, vers cette heure, personne ne nous attend. Dieu merci, il y avait un tapis qui devint mon lit douillet que je partageais avec deux gardiens de la paix, chargés de ma garde rapprochée. L’un se coucha à ma gauche et l’autre à ma droite. Le commissaire prit le canapé et l’officier la chaise ». La désillusion quant aux résultats escomptés est souvent grande. « Toute cette mobilisation, tous ces moyens, tous ces hommes : pour rien du tout ? C’était aussi ça; l’opération Epervier N°1. Rien n’avait été prévu, ni préparé. Tout était mis en uvre, sans une enquête, sans une réflexion préalable. Il fallait agir, avant de réfléchir. Et pourquoi ? » Comment rester sans mot dire sur le bradage et le pillage des biens publics et privés au Groupement spécial d’intervention (Gso) à Soa ? « Le spectacle qui vous est offert à Soa est une désolation totale. Tous les véhicules, qui ont été saisis, sont en train de pourrir sans que personne ne s’en émeuve. La majorité de ces véhicules appartient à l’Etat. Le spectacle est triste et désolant, mais il est aussi surtout inquiétant. Comment peu-on mener une opération dans le but de préserver la fortune publique, et la laisser se dégrader de cette façon ? Les responsables de la police, en charge de la garde des biens saisis, ne sont jamais là. Quand vous trouvez enfin un agent au bout de nombreux tours, vous devez vous rendre à l’évidence qu’il faut débourser de l’argent. Voilà des endroits où l’Etat prétend ou croit mettre les biens des voleurs en sécurité ; mais où tout est pillé, au vu et au su de tout le monde ; sans que cela n’émeuve personne ».
Et la justice camerounaise
Elle est tout autant épinglée que la police. Une justice loin de toute neutralité. « Pendant mon audition, le parquet appelait régulièrement pour que l’officier leur fasse le point. J’ai compris plus tard qu’ils étaient en train de préparer le mandat de dépôt à leur niveau ». Bien plus, Rémy MBA MIMFE’E dépeint une justice camerounaise à la man uvre : « Je suis convaincu que le procureur grondait et le pauvre officier lâcha. Mais je n’ai pas de motif, je ne peux pas boucler une enquête et déférer quelqu’un sans motif. J’ai alors entendu le procureur hurler : « Ecrivez ce que vous voulez » ; et il raccrocha ». Le zèle de certains magistrats en rajoute aux griefs contre cette justice aux ordres. « . Le procureur m’y ramena avec la question : « reconnaissez-vous les faits ? » Je ne répondis pas. Il reprit la question. Je répondis : non. Alors, il me demanda de lire et de signer. J’hésitai et ne lus que le titre : « Mandat de dépôt ».Le procureur me réveilla avec cette autre déclaration : « Même si vous ne signez pas, vous allez à Kondengui ». La montagne accouche d’une souris pendant le procès. Le chef d’accusation de détournement d’une somme d’argent de 58 millions de FCFA à l’agence CFC de Bafoussam vole rapidement en éclats. Le dossier est vide. Non lieu, décide toute honte bue la justice camerounaise. Pour y arriver, c’est la croix et la bannière pour le justiciable qui refuse de verser dans la fatalité. Bonne feuille : « Il était juste question de faire appel d’une décision de justice. Mais je fus surpris de constater que c’était un chemin de croix, pour mon avocat et moi. Pour obtenir toutes les pièces permettant de constituer le dossier d’appel, mieux encore, le dossier constitué, j’ai dû prendre une semaine pour que le greffe accepte de prendre les frais du dossier d’appel et pire, le dossier d’appel, régulièrement constitué n’a jamais été reçu au greffe. Personne, je dis bien personne, n’a accepté de prendre l’engagement de le recevoir ». L’administration pénitentiaire, désormais rattachée au ministère de la justice, excelle également dans le vice. « . J’ai découvert l’autre face du gardien de prison ou de la majorité des gardiens de prison. Mon statut avait changé, les agissements des gardiens aussi. Le mépris, l’impolitesse et l’injure étaient réservés aux personnalités arrêtées, sans considération d’âges. Le traitement humiliant, commencé depuis le matin, prenait d’autres allures ». Et Rémy MBA MIMFE’E d’indiquer plus loin : « Le grand débarquement du 21 février 2006 constituait ainsi une mine d’or pour le personnel de la prison et les autres prisonniers, qui voyaient en nous des hommes bourrés d’argent qu’il fallait escroquer à défaut d’agresser ».
La famille et les amis dans la psychose permanente
On a toujours oublié de porter le regard sur la souffrance de la famille et des proches de la personne arrêtée dans le cadre de l’opération Epervier. En s’attardant sur le cas Rémy MBA MIMFE’E, l’on découvre une épouse et des enfants meurtris par ces événements inattendus. Dieu merci, Rémy MBA MIMFE’E peut compter sur une poignée de (vrais) parents et amis. Bien organisés et soudés, ils apportent un précieux soutien multiforme à l’épouse et aux enfants du prévenu. En réalité, Rémy MBA MIMFE’E récolte les fruits de son bon comportement autant dans sa famille nucléaire que dans sa famille élargie. Il tire par ailleurs avantage de la qualité de l’éducation donnée à sa progéniture et de la confiance mutuelle dans le couple. Qu’à cela ne tienne, les dégâts et les ravages de son arrestation impromptue ne manquent pas. La torture morale. Le délabrement matériel et financier. L’incarcération des enfants. L’exorcisme. « Oui, l’exorcisme ! C’est le Cameroun et les Camerounais qu’il faudrait délivrer de tous ces maux : clientélisme, corruption, détournement des biens sociaux, sectarisme, inertie, etc. ». Pour l’auteur des Mémoires d’un présumé coupable, le pays tout entier paye le lourd tribut de cette campagne mains propres : « Et l’Opération Epervier ? Pour quels résultats ? Certainement beaucoup de bruits, de vengeance, d’amalgames, de mensonges, de grossières erreurs ; mais pas de changement de société ». Ce constat effroyable plonge le narrateur dans des réflexions personnelles sur l’être et le devenir de la société camerounaise. « Il peut arriver qu’on commette un crime. Est-ce pour cela que toute votre famille, tous vos amis, toutes vos relations deviennent des complices ? Le fait de désapprouver un acte, enlève -t-il les liens d’amitié et de sang qui existent entre les Camerounais et, globalement, entre les hommes ? […] Quelle est donc cette société où l’individu n’existe plus en tant qu’être humain doué du souffle de vie que Dieu lui a donné ? Pourquoi le « décret »confère-t-il tout le pouvoir ; jusqu’à enlever aux autres le droit à l’information sur les malheurs qui peuvent arriver aux leurs ? […] Quelle est donc cette société qui vous pousse, vous incite et vous excite à la corruption et aux détournements et qui, au premier faux pas, vous abandonne ? […] En si peu de temps, on me dit qu’on va me libérer. Avons – nous mesuré l’étendue du désastre et du tort causé à mes enfants ? A ma famille ? A la société et à moi – même ? [.] Et au bout de cette libération, pas même un mot de regret ou d’excuse de la part du gouvernement ! » Autant de questions et bien d’autres qui entrecoupent la narration du brillant haut cadre du CFC. L’auteur a le mot juste pour conclure : « L’objectif premier de ce qui est baptisé l’Opération Epervier » est louable ; mais les méthodes humiliantes, téléguidées, s’apparentant à des règlements des comptes, ont dévié le volet éducatif et productif de cette opération. Rien n’a changé au final ». En d’autres termes, et pour rester positif, il faut « repenser puis recommencer l’Opération Epervier ». A bon entendeur.
La camerounaise, juriste de formation, consacre aujourd’hui sa vie à la défense des droits des immigrés, ainsi que l’accès aux informations juridiques les concernant
Cécile Dimouamoua, vous êtes présidente-fondatrice de l’association Intégration Juridique et Économique. Comment est née cette association?
J’ai été bénévole dans plusieurs organisations notamment à la Cimade et cette expérience m’a beaucoup marqué. Je recevais au quotidien des personnes immigrées en grande difficulté et par ailleurs en situation irrégulière. C’est alors qu’en les écoutant et les accompagnant dans leurs démarches administratives et juridiques, j’ai compris que ma place était auprès d’elles et que je pouvais me rendre utile en les aidant. J’ai donc abandonné mon poste de responsable juridique en entreprise pour mettre mes compétences au service du plus grand nombre dans le cadre d’une association. L’association IJE est ainsi née en 2007 pour venir en aide aux personnes en situation d’exclusion ; ces hommes et ces femmes toutes origines confondues qui sont arrivés en France pour des raisons diverses et qui s’y retrouvent discriminés à cause de leur origine ou en raison de l’absence de formation professionnelle. Il faut rappeler que moi-même je suis immigrée et qu’à ce titre je me sens plus proche d’eux et je peux comprendre davantage leurs souffrances. Enfin, vivant depuis plusieurs années en France et y ayant fait mes études supérieures je peux leur transmettre les codes et usages pour réussir leur intégration.
Quels sont les combats que vous menez?
Mon propre engagement associatif auprès des immigrés a été nourri par la volonté de faire reculer en France les inégalités en allant ainsi vers une société plus juste et plus équitable. J’ai en effet créé l’association IJE pour promouvoir la justice sociale et l’égalité dans l’accès aux droits car la loi doit être accessible à tous et toujours. Pour moi, c’est sur l’injustice sociale et sur les situations révoltantes en matière de droits que le véritable pouvoir doit s’exercer. Mais les inégalités ne reculeront véritablement que si les personnes sont économiquement intégrées d’où le combat que je mène pour faciliter l’accès à l’emploi et favoriser l’autonomie.
A l’occasion du 08 mars, vous organisez une permanence spéciale consacrée aux femmes. Quel public attendez-vous?
Cette permanence sera l’occasion de rassembler et de célébrer les femmes. Lorsque les femmes sont opprimées, le droit peut leur apporter protection et émancipation. Il est la clé de nombreuses situations douloureuses. C’est pourquoi, cette permanence sera dédiée à l’accueil et à l’écoute des femmes tout en leur donnant des conseils juridiques pour les sortir de leurs problèmes liés par exemple aux violences conjugales ou à leur régularisation. Nous invitons toutes celles qui n’osent pas d’habitude parler, témoigner, à se présenter à cette permanence pour exprimer leurs souffrances ou partager leurs expériences personnelles. Elles seront reçues en toute intimité, et confidentialité dans l’objectif unique de les aider. J’aimerais aussi y recevoir les femmes qui veulent témoigner de leur réussite afin qu’elles servent de « rôle modèle » aux autres.
Quel public, sur un plan plus large, vous sollicite souvent?
Même si nous recevons en majorité les immigrés, force est de constater que ce sont eux qui rencontrent des difficultés en France sur tous les plans d’ailleurs et pas seulement pour les problèmes de papiers, notre association a trois pôles d’activité et donc trois publics différents. Le pôle défense des droits qui informe et accompagne les citoyens pour la défense de leurs droits par une information générale sur les droits et devoirs et par une action sur le terrain. Puis le pôle insertion professionnelle qui reçoit les demandeurs d’emploi dans les ateliers de coaching en stratégie de recherche d’emploi et à ce titre nous organisons prochainement un atelier : licenciement, comment rebondir ? Enfin, dans le pôle développement entrepreneurial, nous assurons un accompagnement juridico- managérial des TPE et auto entrepreneurs ; notre c?ur de cible c’est ici les porteurs de projets de création d’activité et les chefs d’entreprises qui nous sollicitent pour leurs démarches administratives et juridiques. C’est ce public que je voudrais voir le plus souvent car j’ai mis en place des moyens humains pour les accueillir, c’est une équipe de juristes et d’avocats d’affaires, des spécialistes financiers disponibles pour les aider à mettre en place leurs projets et à optimiser leurs stratégies de développement.
Quels appuis apportez-vous aux immigrés dans les situations difficiles?
Nos permanences d’accueil sont des lieux d’écoute et de soutien moral. Le premier lieu d’information d’une grande majorité des personnes reçues. Elles sont aussi des lieux d’orientation de nombreuses associations et services sociaux ; Nous nous engageons à fournir une orientation précise et de qualité. Un important travail d’information du public est réalisé ce qui nécessite un champ de compétences assez large en droit (droit de la famille, droit du travail, droit des étrangers, en procédure ou encore du droit pénal etc). Nous apportons à nos adhérents la garantie d’être pris en charge par un professionnel du droit compétent. L’équipe IJE est en effet composée de plusieurs juristes et d’avocats compétents dans leur domaine. De plus, nous avons à nos côtés un réseau de partenaires de confiance et d’auxiliaires de justice avec lesquelles nous sommes en étroite collaboration : huissiers, notaires, etc. Par ailleurs nous effectuons une démarche pédagogique car nous « disons » véritablement le droit et nous faisons état de ce que les différents textes de loi prévoient.
Cécile Dimouamoua, présidente-fondatrice de l’Association Intégration Juridique et Economique Ije)/n
Le 28 novembre dernier, la circulaire du ministre de l’intérieur a été rendue publique. Quel est votre commentaire à propos de cette note?
D’une part, Il s’agit d’une circulaire, pas d’une loi. Une « circulaire » n’a ni plus ni moins de valeur qu’une « note de service », C’est pourquoi on aurait préféré que les critères de régularisation définis par cette circulaire soient inscrits dans une loi. Les risques sont donc soit des interprétations différentes d’une préfecture à l’autre, soit que la circulaire ne soit pas appliquée car personne ne viendra « taper sur les doigts » du préfet qui ne la fera pas appliquer ! La preuve, début janvier 2013, en accompagnant à la préfecture de Paris monsieur D, un célibataire ayant séjourné plus de 10 ans en France, l’agent de l’accueil nous a informé qu’à Paris, l’ordre a été donné par le Préfet de Police de ne pas appliquer momentanément la circulaire pour les dossiers de 10 ans de présence et relatifs au travail. D’autre part, bien que la circulaire prévoie des critères de régularisation par le travail, elle exige pour cela la production de fiche de paie. En effet, comment peut-on demander à un sans-papiers de produire les fiches de paie ? Enfin, paradoxalement, la circulaire ne résout absolument pas le problème des travailleurs sans-papiers qui travaillent au noir et les étrangers malades y sont exclus. Mais dans l’ensemble je pense que c’est un texte qui permet de résoudre des situations jusqu’ici inextricables par exemple pour des couples en situation irrégulière qui sont parents d’enfants scolarisés. La circonstance que les deux parents se trouvent en situation irrégulière aujourd’hui peut ne pas faire obstacle à leur admission au séjour.
Il y a d’autres avancées?
La circulaire Valls comporte plusieurs avancées telles que la suppression de la liste des métiers ou l’intégration des Algériens et des Tunisiens au régime commun, ou encore la possibilité de présenter un « cumul de contrats de faible durée », si elle ne garantit pas la régularisation, représente également une ouverture bienvenue en particulier pour les travailleuses domestiques. Concernant les couples, la diminution du nombre d’années de vie commune est aussi une grande avancée en l’occurrence seulement 18 mois de vie commune alors qu’avant il leur était demandé de produire les preuves de vie commune sur cinq ans.
Les chiffres montrent qu’il y’a eu plus de retour à la frontière des sans- papiers cette année que les autres années. Pensez-vous que ça ira en croissant?
Pendant la campagne présidentielle, François hollande avait promis des régularisations au cas par cas et non pas de régularisation massive. Nos craintes aujourd’hui c’est un afflux de dossiers en préfecture suivi de refus de séjour assortis d’obligation de quitter le territoire. C’est pourquoi il est recommandé de faire preuve de la plus grande prudence avant d’entamer toute démarche en préfecture ! Dans tous les cas, il faut savoir que notre association se propose au quotidien d’étudier avec les sans-papiers l’opportunité de déposer leur dossier de régularisation dans le cadre de cette nouvelle circulaire.
Au delà de votre association, existe-il des plate-formes pour informer les immigrés de leurs droits ?
Bien sûr qu’il en existe ! Mais nous apportons une plus-value par rapport aux autres structures spécialisées existantes car nous nous plaçons au-delà du champ traditionnel des associations de défense des droits et également au-delà du travail de l’avocat. Nous mettons sur pied un accompagnement juridique de personnes privées et morales pour qu’elles acquièrent une connaissance claire de leurs droits et obligations. Mais surtout nous effectuons un suivi personnalisé de ces personnes au sein du Pôle Economique de l’IJE en leur proposant des services d’insertion professionnelle, de création d’entreprise. A titre d’exemple j’ai accompagné un ressortissant gabonais, monsieur M, dans ses démarches de régularisation ; quelques temps après avoir reçu sa carte de séjour, il est revenu nous consulter pour la création de sa société de services.
Pour terminer, qui est Cécile Dimouamoua ?
Comme beaucoup d’autres, je suis immigrée, venue en France pour poursuivre mes études. Je suis titulaire d’une double maîtrise en droit des affaires et carrières judiciaires et diplômée en DEA droit public économique. Consultante en entreprise je suis aussi juriste spécialisée dans la défense des droits des étrangers. Je suis une mère de deux enfants que j’adore, pour avoir accepté de souffrir de mes multiples absences pour cause d’engagements associatifs : qu’ils soient très sages et compréhensifs me permet de travailler sans relâche, et leur amour contribue à me faire avancer dans tous mes projets. Ils sont un vrai énergisant pour leur maman. Je suis une femme « normale », j’accompagne mes enfants à l’école, nous faisons des sorties, je cuisine, j’aime le foot et suis passionnée de la mode et décoration intérieure ; je ne regarde pas beaucoup la télévision, j’aime sortir, danser . Je suis une femme de c?ur disponible et accessible qui pense que l’humanité passe par l’autre. Il y a dans mon engagement associatif cette sensibilité féminine, ce don de soi et cette grâce de servir sans contrôler, de changer sans humilier, de faire progresser la société humaine toute entière sans que cela ne soit une quête caractérisée du pouvoir.
Une conférence-débat a été organisée le 06 février sur le thème « Interaction entre intégration régionale et émergence économique nationale, quelle place pour les médias? »
Le temps d’un après-midi, un peu plus de 200 invités se sont laissés bercer par le souffle régulier de la Maison provinciale Don Bosco de Yaoundé. Deux prétextes justifient la présence en ces lieux des professionnels de médias, des syndicalistes des organisations communautaires, des opérateurs économiques, des représentations diplomatiques et autres étudiants : partager la joie de l’équipe du journal INTEGRATION pour la publication de son 100e numéro et la conférence-débat organisée à cet effet. « Interaction entre intégration régionale et émergence économique nationale, quelle place pour les médias ? », pertinente problématique à l’ordre du jour, située au diapason du grand tumulte d’un continent plein d’espoir pour l’émergence.
Un panel diversifié pour un décryptage multi perspectiviste du thème. Autour de Aimé – Robert BIHINA le journaliste modérateur de la conférence – débat, des économistes, des spécialistes des questions d’intégration en Afrique, des journalistes apportent des réponses à des questions structurantes. Sans construction forcée, ni démonstration laborieuse, Dieudonné ESSOMBA, Joseph MBITA, GOUGA III Jeannot, Mohamadou LAMINE respectivement économiste et ingénieur statisticien hors échelle, spécialiste des problématiques d’intégration régionale, conseiller économique à la CEMAC et conseiller PER à la CEMAC, s’accordent sur l’urgence d’une mouvance intégrationniste en Afrique centrale, afin de favoriser à moyen terme l’émergence de celle-ci. Sur la base d’expériences, d’idées et même d’anecdotes, GOUGA III Jeannot, venu du siège de la Cémac à Bangui pour les besoins de la cause, martèle que cette vision ne doit plus être un simple slogan scandé seulement par les hommes politiques, mais une affaire de tous les acteurs sociaux parmi lesquels la presse.
Conférence débat pour le 100e numéro d’IntégrationIntégration)/n
Parole donnée aux hommes de médias
Leurs contributions prennent les allures d’un regard froid de la situation. Hugues François ONANA, journaliste et universitaire, dans une intervention manifestement trahie par la posture d’un chroniqueur passionné des politiques de relations internationales remarque pour le regretter que «les informations de la sous – région Afrique centrale par exemple demeurent encore obscurément ressenties dans nos médias locaux ». « La preuve, poursuit- il, au sein de plusieurs rédactions, leur traitement ne se limite qu’à des séquences épisodiques (mort de chef d’État par exemple). Et pourtant, il y a de la matière, souligne -t-il ». Le directeur de publication de l’hebdomadaire le Financier d’Afrique, Boniface TCHUENKAM, reste dans le même sillage. Pour lui, tout en reconnaissant les efforts consentis par certains organismes (la BEAC en l’occurrence), « la presse se heurte au manque de banques de données, à l’absence de représentations dans certains pays de la sous région Afrique Centrale des structures telles que la COBAC, la BDEAC. ». Un état de chose qui, selon lui, est renforcé par certaines raideurs rendant la circulation des informations moins fluide. D’où l’exigence d’un effort surhumain tant au niveau de la collecte, la production ainsi que de la diffusion des informations. Et dans un contexte où les regroupements sous-régionaux tardent à décoller véritablement, il faut «frapper pour abattre les barrières sans cesse naissantes à l’accès des journalistes aux informations», comme l’indique le Père Jean – Baptiste BERAUD, représentant de la Maison Don Bosco de Yaoundé. On s’active dans ce sens, a lancé Mohamadou LAMINE, l’autre émissaire du président de la Commission de la Cémac à la conférence – débat, « car la presse a son mot à dire dans la mouvance intégrationniste ». Thierry Ndong, Directeur de publication du journal INTEGRATION, a conclu en remerciant tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à l’organisation de cette conférence – débat. Un hommage appuyé a été particulièrement rendu à M. Pierre Moussa, Président de la commission de la Cémac, qui a mis en mission ses deux plus proches collaborateurs en charge des questions économiques et d’intégration. Cerise sur le gâteau d’anniversaire, le journal INTEGRATION publiera toutes communications et recommandations de cette conférence – débat dans une édition spéciale en couleur au format magazine. Ce sera un hors – série à mettre sur le marché en fin du mois de mars 2013.
L’opérateur se présente aujourd’hui en victime, alors que jusqu’au bout, sa logique n’est pas de servir l’intérêt du peuple, mais celui du capital
A grands coups de publi-reportages, l’opérateur en charge de la distribution de l’énergie électrique au Cameroun a réagi face à la vague des protestations intervenues contre les délestages dont souffrent les populations de Yaoundé et de Douala. La dernière action en date, largement reprise par certains médias, est la rencontre avec des associations de consommateurs. A ces organisations, l’opérateur a fait savoir que les problèmes actuels d’énergie électrique du Cameroun trouvent leur origine dans la survenance de la saison sèche. Celle-ci rendrait l’offre en énergie électrique insuffisante par rapport à la demande. « Les statistiques réalisées par AES-SONEL au 10 février 2013 font état d’une capacité disponible de 620 mégawatts pour une demande totale à la point évaluée à 722MW, soit un déficit de 152MW » a indiqué d’emblée monsieur Bile Jean David, le Directeur Général d’AES-SONEL. Au passage, il ne manque pas de revenir sur son argument majeur utilisé depuis le début de la crise, à savoir qu’un retard enregistré dans l’approvisionnement du gaz à la centrale de Kribi (216 MW attendus) et l’absence de gasoil pour le fonctionnement des quatre centrales du Programme Thermique d’Urgence (PTU) d’une puissance installée de 100MW ont affecté la gestion de l’offre disponible surtout dans la période d’étiage.
Des explications passe-partout
L’opérateur fait aussi savoir qu’il n’est pas resté les bras croisés et qu’il a demandé à certains gros clients une diminution de leur consommation de l’ordre de 20MW et a fait appel à ses centrales thermiques de Limbé et Dibamba. AES annonce avoir aussi diminué la demande du secteur public et investi près de 3 milliards de surcoût. Pourtant au final, le problème reste entier. L’opérateur indique qu’il ne peut dire avec exactitude lorsque reviendra la stabilité. Seul le lancement de la centrale de Kribi apportera cette garantie et toujours selon le top management d’AES-SONEL, on n’y sera pas avant avril. « Le temps de faire des tests au gaz et de s’assurer que tout fonctionne », indique monsieur Bile. Ces explications, si elles peuvent apaiser les consommateurs moyens qui ne comprennent pas grand-chose au management des opérations en rapport avec la distribution de l’énergie électrique, méritent d’être revisitées à la lumière de l’historique de la concession à l’opérateur, de la distribution de l’énergie électrique au Cameroun. En 2001, lorsque le gouvernement du Cameroun, dans une vague de privatisation de certains secteurs, décide de concéder pour la modique somme de 51 milliards de FCFA la gestion de son entreprise de distribution d’électricité au groupe AES, à l’époque déjà, le groupe avait déjà su manier les armes de la communication. Les promesses étaient grandes, allant de la construction et la rénovation des centrales thermiques, dont celle de Bertoua pour 300 milliards de FCFA et celle de Kousseri dans l’Extrême nord pour près de 500 milliards. Le groupe promettait aussi de remplacer quelque 2500 transformateurs, pour accroître l’offre d’électricité. AES-SONEL avait même lancé un slogan pour dire que la clientèle était la priorité numéro un. Des initiatives, qui, à leur époque, avait été appréciée même par des représentant des Bailleurs, notamment la Banque mondiale. Le résultat aujourd’hui parle de lui-même. Le nombre de personnes connectées n’a pas significativement augmenté dix ans après. AES Sonel revendique quelques 650 mille ménages, alors que normalement, on aurait déjà dû atteindre le million. De même, si l’entreprise est présente dans de nombreux médias, le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle communique vraiment. Facilement, on se retrouve dans des termes techniques incompréhensibles de la majorité et jamais la clientèle ne s’est montrée satisfaite de l’opérateur. Aujourd’hui, le groupe accuse certainement avec raison le fournisseur de gaz. Mais bien avant Kribi, les problèmes de délestages existaient déjà au Cameroun. Une promesse qui avait été aussi faite et qui aujourd’hui est oubliée, celle de son ancien Directeur Général Mark. Miller surnommé le DARK Miller en raison du taux de délestages connus à son époque. «Nous prenons l’engagement d’améliorer les aspects de notre entreprise et de fournir une électricité propre et sûre, fiable et pas trop cher pour le Cameroun », disait-il. Un peu plus tard, AES-SONEL a dévoilé un plan ambitieux pour connecter quelque 750.000 Camerounais en énergie électrique. Il a promis, aussi, qu’un service de pôle à moins de 40.000 FCFA est disponible de sorte que de nombreux camerounais pourraient être reliés au réseau électrique à moindre coût et facilement. Pour de nombreux clients, se connecter chez l’opérateur reste un gros défi et l’énergie n’a jamais coûté aussi cher au Cameroun.
Des promesses non tenues
La solution de Kribi aujourd’hui présentée comme la pilule miracle cache de grosses inconnues. Pourquoi, aujourd’hui Kribi qui n’existait pas en 2012 est au centre de la solution stratégique des délestages. À l’analyse, la vérité est toute simple. AES et le gouvernement sont en complot contre les populations du Cameroun, qui paient cher les ambitions capitalistiques du groupe. Dès le départ, la quasi-totalité de la production de la centrale hydroélectrique d’Edéa (plus de 250 MW) est destinée à alimenter l’usine d’aluminium ALUCAM, succursale locale du groupe anglo-australien, RIO TINTO ALCAN et dont l’apport aujourd’hui sur le produit intérieur brut du pays (1,7%) n’atteint pas celui cumulé de toutes les PME camerounaises, dont le fonctionnement pourrait exiger moins d’électricité. La centrale de Song Lulu (356 MW) quant à elle ravitaille le « secteur public », c’est-à-dire tous les clients Moyenne tension (MT) et Basse tension. Or ce qu’il faut dire à propos de ce côté des choses, c’est que la quantité d’énergie qui arrive chez les consommateurs subit des pertes de l’ordre de près de 45%. Le groupe dit avoir fait des travaux d’amélioration du réseau, mais aucune étude indépendante ne valide les résultats présentés par AES. De plus, Il faut noter que la demande cumulée des ménages et des entreprises croit en moyenne de 40 MW chaque année. Quant aux nombres d’usagers connectés au réseau public d’électricité, l’opérateur AES/SONEL brandit le chiffre de 610.000 abonnés dûment répertoriés dans ses cahiers, parmi lesquels 1300 clients MT et 03 abonnés dits « Grands comptes ». Il faut dire que ces chiffres avancés par l’opérateur ne sont pas vérifiés par une source indépendante. D’un autre côté, même si ces chiffres sont vrais, l’opérateur n’aura pas tenu son engagement contractuel de brancher 50 000 ménages par an. Alors qu’on parlait de plus de 500.000 abonnés en juillet 2001, 610 000 branchements signifieraient deux choses.
A qui profite le mensonge
Soit l’opérateur n’a pas tenu sa promesse, soit il ne dit pas toute la vérité des chiffres. Or la transparence dans ce domaine est indispensable pour une étude plus objective du secteur de l’électricité, qui nécessite des investissements lourds. En tenant compte du fait que le contrat de concession lui fait obligation d’effectuer 50 à 60.000 branchements par an, on aurait dû aujourd’hui tourner autour de 1,2 millions de branchements effectués. Certains observateurs estiment que la vérité des chiffres est volontairement dissimulée pour des raisons obscures. Pour de nombreux observateurs, le groupe AES Sonel jusqu’ici, n’a toujours agi que dans le but de faire du bénéfice au mépris des exigences du développement des populations camerounaises. Certains, qui ont poussé l’analyse loin, croient savoir que les délestages ont une seule cause. Le groupe ayant signé un contrat avec ALUCAM pour l’extension de cette dernière a réduit la part d’énergie produite à Song Loulou et destinée au secteur public, pour satisfaire l’exigence contractuelle de lui fournir un supplément d’énergie dès janvier 2013. D’un autre côté, présenter la centrale de Kribi comme « La solution s’apparente à un mensonge ». Déjà, le coût de l’électricité qui en sortira est inconnu. Les experts penchent pour 60 et 80 FCFA le KW contre 12 FCFA maximum pour le thermique. Le gouvernement actionnaire à SONEL et ALUCAM semble avoir fermé les yeux sur ce complot, bien que ses responsables et son chef aient annoncé qu’on marchait vers l’émergence.
La tonalité du communiqué de presse publié sur le site Internet de l’Élysée montre que M. Hollande a compris le Cameroun. A-t-il compris le Président Biya? A-t-il dissipé ses doutes?
1-Paix et guerres françaises en Afrique ou la stratégie du caméléon ?
Depuis l’élection de M. Hollande à la présidence française en mai 2012, il est difficile de dire quelle est la politique africaine de l’Elysée, tellement M. Hollande est imprévisible. Puisque nous sommes sûrs qu’il a des conseillers politiques et militaires, nous dirons que du point de vue du discours, la rupture d’avec la Françafrique est prônée. Ce qui contraste avec les faits, qui, eux, confirment la stratégie du caméléon et de la réalité. Le caméléon est un reptile saurien du groupe lézard, appartenant aux genres des Chamaélo de la famille des Chamaeléonidés qui a la particularité du mimétisme de la couleur. En effet, le caméléon a la faculté quasi légendaire de changer de couleur dans une gamme incomplète de couleurs. Cette mutation chromatique se fait naturellement en fonction du lieu où il se trouve. Nous pouvons nous tromper, mais c’est la conclusion à laquelle nous arrivons au terme d’une analyse de l’action du Président français jusqu’ici. L’histoire dira si cette stratégie est la meilleure pour le France, quand on sait que la faculté du caméléon à changer de couleurs n’est pas illimitée. Une personnalité changeante, indécise et imprévisible peut être source d’impopularité. Lorsqu’elle ne traduit pas un manque d’assurance, elle peut être révélatrice de choses comme la précipitation, l’impréparation et l’aveuglement. Elle rend vulnérable à l’erreur, à l’émotionnel et au circonstanciel, même si elle a la vertu de l’adaptation facile. De nombreuses analyses behavioristes renseignent sur la question.
2- Du Président Hollande militant des Droits de l’Homme à Kinshasa.
Tous ceux qui ont suivi de près le sommet de la francophonie de Kinshasa ont été frappés par le militantisme quasi viscéral du Président français avant et pendant le sommet. Il a menacé de boycotter cette grande rencontre qui rassemble tous les deux ans les pays de la planète qui ont en partage la langue française. Revêtu de son costume immaculé de président nouvellement élu des français, c’est en traînant les pieds qu’il y est allé. Et quand il est arrivé, c’est le mot acerbe et piquant qu’il a parlé, promettant de tout dire sur tout. Alors qu’on ne demandait à la France pas plus que le respect d’un engagement international. A Kinshasa, le Président Hollande avait la couleur verte qui fait la force des « emmerdeurs » de l’organisation écologiste Green Peace ou des Ong « humanistes » qui polluent le débat international.
3.-. Au Président de la rupture de la Françafrique en Centrafrique.
Il y a donc eu la crise centrafricaine. Et tout le monde a presqu’oublié que le Président Bozizé, en butte à une rébellion venant du nord pour l’évincer, a sollicité officiellement l’intervention de la France. Sentencieux, le Président Hollande a répondu qu’il n’est pas dans le rôle de la France d’intervenir dans les affaires internes des États ; ajoutant, imperturbable, que cette époque était révolue. N’eût été la prévenance des États de la CEEAC, qui, depuis février 2000 se sont dotés d’un instrument de maintien de la paix doté d’une force internationale, la FOMAC, M. Bozizé ne serait plus au pouvoir et les rebelles seraient arrivés à Bangui pour le réveillon du Nouvel an. En une semaine, le Cameroun, le Congo, le Gabon, le Tchad et la RDC ont mobilisé une force que les Sud Africains ont rejointe pour stabiliser la Centrafrique et bouclé des négociations. Un gouvernement d’union nationale est désormais attendu à Bangui. La France a fait le service minimum ; alors qu’elle a des forces sur place qui sont intervenues déjà en 2006. Dans cette crise, le Président Hollande s’est revêtu de la couleur écarlate d’un champignon vénéneux sous le bois : beau à voir, mais mortel.
4- En passant par le Président « chef de guerre » au Mali.
Les États de la CEDEAO ont tourné de réunions en réunions, sous le regard plus ou moins intéressé de la France dont l’activité au Conseil de sécurité était visible. Le Nord Mali était pourtant occupé depuis plus de neuf mois. Alors que tout le monde redoute la partition du pays, un coup d’État intervient et la scène malienne commence à tourner au ridicule. Pendant que certains épiloguent sur la fin de la Françafrique, et que les autres ergotent sur les incapacités réelles ou supposées de la CEDEAO, l’avancée décisive des rebelles, terroristes, ou djihadistes (appelez-les comme vous voulez) sur Bamako est lancée. Le monde apprend alors estomaqué que la France a décidé d’intervenir au Mali, « dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies » et à la demande des autorités maliennes. Au Mali, le Président Hollande est désormais coloré de kaki-sahel, tiré de la couleur des vareuses utilisées sur les théâtres d’opération sahéliens, à la satisfaction de la majorité des populations maliennes.
5.- Que dire du Président Hollande que la visite du Président Biya en France a révélé ?
La couleur dominante serait le blanc vif. Sur le site de l’Elysée, le communiqué de presse à l’issue de l’entretien qu’il a accordé au Président Biya a été publié. Il y est dit que « Les deux Présidents ont eu un échange approfondi sur la situation au Mali et l’engagement de la France aux côtés de l’armée malienne. Le Président camerounais a exprimé son soutien à la décision de la France ». « Ils ont souligné les principes de dialogue et de franchise qui doivent guider les relations entre la France et le Cameroun ». « Ils ont évoqué les priorités de la coopération franco-camerounaise, notamment dans les domaines des infrastructures et de l’environnement, et les perspectives de développement économique du Cameroun ». « Ils ont souligné l’engagement des deux pays dans la mise en uvre du contrat désendettement et développement en cours d’exécution sur la période 2011-2016 ». « Enfin, ils ont échangé sur les questions de gouvernance, le processus électoral au Cameroun, la protection des droits de l’Homme et la situation des prisons ». Les deux hommes ont échangé, souligné et évoqué des choses. Ils auraient désormais tort de se sous-estimer. Au demeurant, ils gagneraient, tous les deux, à multiplier des entretiens et des échanges : émissaires, envoyés spéciaux, etc. C’est le sens des mots « dialogue et franchise » utilisés dans le communiqué comme principes devant guider les relations au moins sur la période du C2D, 2011-2016 : un an avant le vote en France. Est-ce un répit de 3 ans pour le Président Biya dont le mandat court jusqu’en 2018 ? Just wait and see. Avant son arrivée à l’Elysée, nous n’avons pas de trace de rencontre officielle des deux hommes ; surtout que M. Hollande n’était pas des deux gouvernements socialistes de la Vème république. Le Parti socialiste qu’il a dirigé pendant dix ans et le RDPC étaient à mille lieux de se rencontrer au haut niveau. Au congrès ordinaire du RDPC de septembre 2011, c’est l’UMP qui a pris part aux travaux, invités parmi d’autres partis de pays étrangers. Avant le sommet de Kinshasa, les Présidents Biya et Hollande n’ont donc pas trop de souvenirs communs. Le livre de leur histoire n’a que des feuilles de couleur blanche immaculée… On peut donc y écrire tout ce qu’on veut et la presse camerounaise n’y est pas allée de plumes mortes, écrivant l’histoire des deux hommes avant eux-mêmes. Puis, est arrivé le sommet de Kinshasa au terme duquel on a eu l’impression que le Président Hollande a été « marqué » par un homme sur qui on dit tant de choses. ! Il aurait donc appris, après l’entretien du 30/01/2013, à mieux connaître le Président Biya. La tonalité du communiqué de presse cité plus haut montre que M. Hollande a compris le Cameroun. A-t-il compris le Président Biya ? A-t-il dissipé ses doutes ? En avait-il avant ? Il se dit qu’il aurait accepté le principe d’une invitation à venir visiter le Cameroun. Entre temps, M. Biya, fort de la connaissance qu’il a maintenant du tempérament de M. Hollande, aura nous l’espérons, accéléré le parachèvement du processus démocratique pour faciliter la lecture du pays à tous en général, et à M. Hollande en particulier. Qui vivra verra.
Les ministères des affaires étrangères et de l’économie viennent d’apporter des réponses à la demande parlementaire relative aux accusations de corruption sur ce marché
Par Dieudonné Essomba, Ingénieur Principal de la Statistique
Le budget du Cameroun pour l’année 2013 s’élève à 3236 milliards, soit une augmentation de 15,6%. Le projet a été confectionné sur la base d’un cours moyen du pétrole de 96,6 dollars, un taux de change du dollar de 530 FCFA, une production de 28,8 millions de barils, un taux de croissance de 6,1% et une inflation de 2,1%. Les hypothèses peuvent paraître trop optimistes, mais il convient de dire qu’une dépense publique de 25% du PIB reste faible pour le Cameroun. De fait, et malgré les opinions contraires, le budget du Cameroun n’a pas de problème de recettes qui peuvent dépasser 5000 milliards en l’état actuel de notre économie, sans difficulté majeure. La difficulté essentielle porte sur la dépense et renvoie à notre mauvaise articulation sur l’économie internationale. En effet, alors que les recettes sont essentiellement réalisées sur les activités locales, notre budget se caractérise par une amplification excessive des achats à l’extérieur. Or, en tentant recycler un pouvoir d’achat qui n’a qu’un caractère local en devises, l’Etat entraîne de fait un effondrement brutal de la balance commerciale qui compromet grièvement les efforts de croissance et pose une lourde hypothèque sur les objectifs de la Vision. On peut le constater en comparant les prévisions du Document Stratégique pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) et la réalité depuis 2008 sur la base du tableau et du graphique suivants :
Le DSCE avait prévu une balance commerciale déficitaire en 2009, avec des perspectives d’amélioration progressive qui devait mener à l’équilibre à partir de 2012 avant de dégager des excédents qui devaient se stabiliser de manière durable autour de 300 milliards en 2013. Ce scénario s’est révélé trop optimiste et la situation paraît échapper à tout contrôle : au lendemain de l’Atteinte du Point d’achèvement de l’Initiative PPTE, en 2007, le déficit commercial du Cameroun n’était que de 70 milliards. En 2008, il est monté à 203 milliards. En 2009, il a atteint 417 milliards. En 2010, le déficit a grimpé à 606 milliards, avant d’exploser en 2011 à 1076 milliards. Malgré la légère incurvation liée à l’amélioration des recettes pétrolières dont les ventes ont évolué considérablement (plus de 300 milliards de recettes supplémentaires), le déficit pour cette année (2012) atteignait déjà 714 Milliards au cours des 9 premiers mois ; et il sera porté, suivant les estimations, à 1000 milliards à la fin de l’année. Des simulations faites sur l’évolution de ce déficit montrent qu’il ne pourra que s’amplifier au cours des prochaines années, jusqu’à plonger le Cameroun dans la même situation qu’en 1987 ou plus exactement, la situation actuelle de la Grèce. Car, il faut le rappeler avec Perspective Monde de l’Université de Sherbrooke, « Quand la balance courante est négative, le pays vit au-dessus de ses moyens puisqu’il consomme et investit plus qu’il ne produit de richesses. Inversement, quand la balance est positive, le pays produit plus de richesses qu’il n’en consomme. Généralement, une balance courante positive permet à un pays de rembourser sa dette ou même de prêter à d’autres pays. Par contre, une balance négative doit être compensée par des emprunts auprès d’agents extérieurs ou encore en vendant des actifs possédés à l’extérieur du pays. » On comprend donc qu’un déficit commercial est une dette potentielle. Dans le principe, il est contrebalancé par des excédents et une économie saine doit alterner les deux. Mais lorsqu’il devient structurel et s’accumule, il devient automatiquement une dette réelle qu’il faut bien rembourser, car on ne peut pas indéfiniment vivre sur les biens des autres sans payer. Une lourde hypothèque qui pèse sur les perspectives de croissance au Cameroun.
La substance productive du Cameroun s’évapore
On peut grosso modo distinguer deux types de croissance. D’abord, la croissance dite endogène qui renvoie à la capacité du pays à produire lui-même un grand nombre de biens qu’il consomme. Dans ce cas, son commerce extérieur peut prendre la forme de la complémentarité, le pays important alors la matière première, les biens de production et les biens trop complexes pour sa technologie. Il peut également prendre la forme du commerce de variété, le pays exportant et important simultanément des biens identiques. C’est le cas lorsque la France exporte la Renault en Allemagne et importe des Mercedes. Le second type de croissance, dite croissance extravertie, est liée à la capacité d’un pays à générer les devises à partir de ses richesses naturelles. Lorsque cette capacité augmente, le pays dispose de moyens d’acheter davantage à l’extérieur et la croissance se traduit par l’accès de la population à plus de biens importés qu’auparavant. Ce type de croissance qu’on retrouve surtout en Afrique Noire, a une caractéristique : l’évolution du PIB s’aligne rigidement aux recettes extérieures ; si celles-ci évoluent, le PIB évolue aussi dans les mêmes proportions. On peut bien comprendre ce phénomène avec l’exemple suivant : pour construire, les routes, il faut avoir des bulldozers. Donc, la longueur de nos routes dépend du nombre de bulldozers que le Cameroun peut acheter. Or, pour avoir les bulldozers, il faut les acheter avec des sacs de cacao ou de café, les ballots de coton, les barils de pétrole, etc. Ce sont ces recettes et seulement ces recettes qui définissent notre capacité à évoluer. Il ne sert absolument à rien de gonfler le budget d’investissement si ces recettes sont faibles ou si elles sont utilisées pour importer le riz et la friperie, car de tels investissements n’auront jamais lieu. C’est pour cette raison qu’en Afrique Noire, les pays qui évoluent sont ceux qui ont des recettes extérieures, et ceux qui n’ont pas de recettes extérieures n’évoluent pas. La gouvernance intérieure n’y joue absolument aucun rôle, son seul apport étant une meilleure redistribution des maigres biens qu’autorisent les importations. Que va-t-il donc arriver à un pays comme le Cameroun dont l’économie est extravertie et qui se met en tête de forcer la croissance alors qu’il n’améliore ni ses capacités d’achat à l’extérieur, ni ses capacités d’import – substitution ? Eh bien, et contrairement aux croyances des amateurs de la «Volonté Politique », la croissance prendra une allure pathologique.
De fait, le nombre de biens accessibles restera limité : le pays n’ayant ni les moyens d’acheter les bulldozers, ni les capacités à les fabriquer, ne pourra jamais augmenter son réseau routier et il en sera de même dans tous les secteurs. Il peut cependant créer une fallacieuse croissance, en contrepartie d’une dégradation du niveau de vie et de l’aggravation du déficit commercial. La technique est la suivante : pour augmenter le nombre de classes de Yaoundé et recruter les professeurs, on décide de transformer la Cité Verte en un immense Lycée et on recrute 1000 professeurs. Evidemment, ceux-ci auront droit à un salaire qui se traduira par une croissance du PIB. Mais, c’est une croissance mensongère, car elle n’a été obtenue qu’en contrepartie d’une réduction du nombre de logements : les nouveaux professeurs auront un salaire, mais ne pourront jamais l’utiliser pour se loger. Bien entendu, il serait tentant de conseiller la construction de nouveaux logements pour répondre à leur besoin. Mais, c’est précisément cela qui est impossible, car alors que leur recrutement est un simple acte administratif, la construction d’un logement requiert le ciment, les camions, les ampoules, et bien d’autres biens utilisant de manière directe ou indirecte des devises. Comme les devises manquent, les bâtiments ne peuvent donc pas être construits et on obtient une croissance fallacieuse qui se traduit dans les faits par une dégradation des niveaux de vie. Dans les faits, le phénomène ne se passera pas de manière aussi brute. En fait, la construction des lycées et le recrutement des professeurs montreront un certain dynamisme, mais les maisons qui doivent abriter ces professeurs n’évolueront qu’avec parcimonie. Ces observations s’étendent sur l’ensemble du secteur productif ; elles se traduisent par le fait que, d’une part, le secteur tertiaire qui offre des services connaît une croissance importante, alors que les secteurs basiques (primaire et secondaire) qui offrent des biens sans lesquels il n’y aurait pas de service évoluent très faiblement. D’un point de vue économique, la pratique est une sorte de redistribution des maigres emplois et biens disponibles et n’a rien à voir avec une croissance. Comment s’étonner alors que la croissance au Cameroun version Bretton woods /Gouvernement crée la difficile confrontation entre une population soupçonneuse, convaincue que les fruits de la croissance sont volés et ses dirigeants hagards, incapables de comprendre ce qui se passe, mais culpabilisés par leurs turpitudes passées ? La seconde conséquence apparaît avec une tendance irrépressible à l’endettement extérieur. De fait, chaque consommateur Camerounais répartit son argent entre les biens locaux et les biens importés tels que les médicaments, les téléphones cellulaires, etc. Or, la scolarisation et l’urbanisation ont tendance à modifier le profil de consommation en faveur des biens importés, et il est bien connu que ce sont les diplômés et les citadins qui achètent le plus de voitures, de costumes, de téléphone, de champagnes, etc. Et c’est précisément la population qui évolue au Cameroun, alors que la paysannerie qui produit les devises (cacao, café, coton.) se réduit et vieillit!
Que faut-il faire ?
Evidemment, un tel système ne peut pas conduire à la relance de la croissance. Le Cameroun devrait plutôt envisager sa croissance sous sa forme extravertie ou sous la forme endogène (import – substitution). La forme extravertie est dépendante de la disponibilité des matières premières. De ce point de vue, le Cameroun est riche en ressources naturelles, mais ce n’est pas cela qui conditionne leur exploitation. C’est leur compétitivité sur la base des prix internationaux. Or, l’exploitation de nos matières premières reste assujettie à la réalisation préalable des infrastructures lourdes telles que les chemins de fer qui les rendent peu attractives. Les quelques gisements de pétrole qu’on trouve çà et là peuvent retarder l’effondrement, mais pas pour longtemps. Il faudrait pour cela multiplier la production pétrolière actuelle par 20 pour espérer rétablir les équilibres et redonner une véritable croissance extravertie. Cette voie n’offrant pas de perspectives, il faudrait envisager l’import substitution, c’est-à-dire, la production sur le territoire national d’un certain nombre de biens correspondant à notre niveau technologique. Dans les années 70, le Cameroun produisait en tout ou en partie, les bicyclettes, les radios, les réfrigérateurs, les munitions, les conserves, l’outillage, les costumes, etc. Notre système productif, malgré ses faiblesses, avait pris une architecture propice au développement. Aujourd’hui, tout cela a disparu comme une buée au soleil. Et que trouve-t-on aujourd’hui comme activité ? Une bande de francs-tireurs avortons, accrochés aux mamelles de l’Etat et vivant de marchés publics comme autant de puces, un réseau commercial au service des industries étrangères et diffusant dans le système productif le poison de la brocante européenne et de la pacotille chinoise. Le Cameroun qui produisait une large palette de biens de consommation il y a 40 ans ne produit plus rien du tout et importe jusqu’aux cure-dents, aux jouets et autres bibelots. Et depuis 20 ans, le processus s’accélère, se traduisant par un raccourcissement des échanges sur le territoire national. De fait, le FCFA basique (c’est-à-dire, les billets et les pièces) est émis chaque fois que le Cameroun vend à l’extérieur et il est (économiquement) détruit chaque fois qu’il est utilisé pour acheter quelque chose à l’extérieur. Un billet qui entre au Cameroun entretient ainsi l’activité tant qu’il ne sort pas du territoire national. Ainsi, lorsque le producteur A utilise un billet de 1000 FCFA pour acheter quelque chose à B, cela fait 1000 FCFA ; lorsque B le remet à son tour à C, cela fait également un travail de 1000 FCFA, et ainsi de suite. De telle sorte que si le même billet fait 10 tours, il aura généré 10.000 FCFA. On peut donc dire que tant qu’un billet circule au Cameroun, il donne lieu à ces transactions et l’économie fonctionne toujours. Notre économie ne peut donc prospérer que si l’argent produit à partir des exportations ne sort pas trop vite. Malheureusement, ce n’est plus le cas aujourd’hui, où le taux de sortie s’accélère. Un fonctionnaire qui touche 100.000FCFA utilise 20% de son salaire, soit, 20.000 FCFA pour importer le riz, le téléphone ou les habits. Seuls 80.000 FCFA restent disponibles pour le système productif. Lorsqu’à son tour, le commerçant qui a reçu cet argent effectue ses dépenses, il exporte à son tour 20% de biens importés, soit 16.000 FCFA, ne laissant plus que 64.000FCFA. Et ainsi de suite. Très vite, l’argent injecté s’évapore, et le système doit générer en permanence d’autres FCFA à travers les exportations, pour éviter l’asphyxie. Le schéma suivant montre l’accélération de ce phénomène depuis 20 ans.
La courbe trace le volume d’activité généré par un Franc CFA qui entre au Cameroun. Comme on le voit, en 1991, un nouveau FCFA générait dix fois sa valeur avant de sortir. Aujourd’hui, il ne tourne plus que cinq fois avant de fuir. Ajoutons que dans les années 80, il tournait 15 fois. Le système productif n’est plus capable de retenir le moindre pouvoir d’achat et cette situation rend totalement impossible le moindre développement d’une activité industrielle locale capable de soutenir la compétition extérieure. Seules survivent des activités de bouts de filière articulées à l’étranger. C’est à cette situation qu’il faut mettre fin pour espérer relancer véritablement une croissance saine. On peut le faire de manière autoritaire en recensant les biens qui peuvent être produits localement et en interdisant leur entrée au Cameroun, tout en menant simultanément une vigoureuse politique d’import – substitution. Evidemment, cela fera hurler nos partenaires et leurs relais locaux, mais il ne faut pas les écouter. Pour les partenaires, ils n’ont aucun intérêt à ce que le Cameroun se développe, et on peut se rappeler ce terrible mot de Gérard Mérer au Professeur Marcien Towa : « l’Europe ne tolérera pas l’industrialisation de l’Afrique ». Quant à leurs relais locaux qui sont Camerounais et entretiennent le babillage sur la compétitivité, il faut les assimiler à des ignorants qui ne savent pas ce qu’ils font. Si on veut cependant éviter tous ces conflits tout en obtenant le même résultat, il est plus simple d’instaurer la Monnaie Binaire, en créant, à côté du FCFA actuellement convertible, une autre monnaie réservée uniquement aux achats locaux. La présence de cette nouvelle monnaie qui restera compatible avec le FCFA et notre appartenance à la Zone CEMAC aura l’avantage de réduire l’hémorragie du pouvoir d’achat.
Un Budget ni bon, ni mauvais
Les lecteurs non spécialistes s’attendent généralement, devant un article sur le budget, à des critiques sur la part affectée aux investissements publics, à l’éducation et à la santé ou les mécanismes de contrôle pour éviter la corruption. Cette approche très sommaire s’apparente au « volontarisme utopique » que le Pr MONO NDJANA moquait naguère sous le nom de « nyakaisme ». Le raisonnement du nyakaïste est le suivant : « pour développer le Cameroun, il n’y a qu’à consacrer 50% du budget à l’investissement ; si Biya avait la volonté politique, il l’aurait fait depuis longtemps et le Cameroun aurait toutes ses routes bitumées ». La foi hallucinante affichée par les nyakaïstes à la déesse appelée « volonté politique » brouille leur perception, leur faisant oublier que l’économie est une science et qu’on ne peut pas tout faire. Il ne suffit pas de gonfler le budget d’investissement pour construire des routes. Celles-ci se construisent avec des bulldozers qui, eux, s’échangent avec le cacao, le café, le coton, le bois ou le pétrole. Si vous n’avez pas ces matières premières en quantité suffisante ou si vous les dilapidez en friperie, en champagne et en véhicules 4×4, vous n’aurez pas assez de devises pour acheter des bulldozers et les routes ne seront pas construites. Et même si un bienfaiteur consent à vous accorder des crédits pour les réaliser, vous n’aurez jamais assez de devises pour le rembourser et vous serez obligés soit de recourir à un ajustement structurel, soit de lui céder votre souveraineté. Le reste n’est que charabia. Ce qui détruit le Cameroun, c’est ce nyakaïsme qui imprègne la Nation camerounaise à tous les niveaux, et qui lui fait croire qu’on peut relancer la croissance en « sortant méchamment les yeux », au mépris de la science économique. C’est une erreur : la volonté du chef de l’Etat, même couplée au désir de tous les Camerounais et à un consensus national, n’a aucun effet sur les lois économiques qu’il faut impérativement respecter pour se donner une chance de réussir. En tournant le dos à cette vérité, le Cameroun se fragilise lui-même et on voit bien que depuis quelques années, le pays a sombré dans une sorte d’extase mystique qui confère aux mots une puissance magico- religieuse. On a ainsi connu la bonne gouvernance, la gestion axée sur les résultats, les taux de croissance à deux chiffres, les CDMT, les PAP, les Visions, les DSCE, et j’en passe. Aujourd’hui, on reçoit à coups d’hosannas le nouveau dieu appelé « budget – programme ». Un simple mécanisme de gestion totalement inoffensif et parfaitement inutile qui ne modifie nullement les termes de la problématique fondamentale de l’économie camerounaise, pourtant très claire : comment empêcher que la moindre augmentation du revenu d’un Camerounais se traduise par une sortie massive des devises ? Comment empêcher que l’investissement ne dépende pas de manière aussi rigide des devises ? Dans ces conditions, on ne peut pas juger notre budget : il n’est ni bon, ni mauvais, il est simplement hors sujet, comme ceux des années précédentes. Et comme les années précédentes, il faudra s’attendre à davantage de sous-consommation de crédits d’investissement, davantage de taux de réalisation fictifs, davantage de séminaires et davantage de détournements de fonds. La relance de la croissance et la route de l’émergence exigent qu’on emprunte d’autres voies.
Les enjeux d’une alternance politique pointant à l’horizon, le débat est passionné et passionnant, suscitant des appréciations diverses de cette initiative
La fièvre démocratique suscitée par l’avènement du multipartisme dans les années 1990 a très tôt fait de s’estomper. La conservation de l’idéologie et des mécanismes de gestion du pouvoir du parti unique ou parti – État par le régime du Renouveau, malgré l’ouverture au pluralisme politique, aura donc été un feu de paille. Puisque le multipartisme ne fut point le produit d’une aspiration profonde pour le changement, mais la résultante d’un vent extérieur encore appelé vents d’Est. Et malgré l’engouement et la sympathie qui gondolent les c?urs des Camerounais pour le devenir de leur pays, l’espoir et le rêve légitimes des retombées d’une pratique démocratique, auxquelles aspirent tous les peuples, se sont transformés en véritable cauchemar. Faute sans doute des acteurs politiques avertis et outillés pour conduire une telle destinée à sa réalisation complète. Dans ce contexte, la réussite d’une opposition face à cette malformation originelle ne nécessitait-elle pas un regroupement stratégique des opposants et des partis politiques, sur la base des approches novatrices et efficaces capables de transcender les pesanteurs existantes ? Mais que dire donc face à cet échec sanglant de l’opposition dont les méthodes et les comportements ont déçu l’espérance née par la proclamation de la démocratie ? Est-elle en droit aujourd’hui de faire elle-même sa critique après deux décennies d’absence de solutions ? Un regard critique extérieur ne s’impose-t-il pas pour conscientiser et donner une orientation nouvelle à la classe politique camerounaise ? C’est certainement dans ce sens qu’un groupe de chercheurs, d’intellectuels et de membres de la société civile se sont retrouvés les 7, 8 et 9 novembre 2012 à Yaoundé pour un colloque dont le thème était : Re-penser et re-construire l’opposition camerounaise. Les enjeux d’une alternance politique pointant à l’horizon, le débat est passionné et passionnant, suscitant des appréciations diverses de cette initiative et de son apport véritable dans les miasmes socioculturelles qui singularisent le Cameroun.
Pr Claude Abe, sociologue, enseignant d’université Réinventer ou repositionner l’opposition politique au Cameroun
Le colloque s’est proposé de réfléchir sur la réinvention et le repositionnement de l’opposition au Cameroun. Dès lors, la première question qui peut venir à l’esprit de celui qui prend connaissance d’un tel thème, c’est qu’il s’agit d’un travail de refondation du pluralisme politique amorcée en janvier en 1991. Si l’on peut tous être d’accord que c’est le but visé, il n’est pas certain que l’on puisse s’entendre tout de suite sur le statut des acteurs d’une telle ingénierie. Pour le commun des mortels, les formations politiques de l’opposition, le parti dit proche du pouvoir depuis le 1er septembre 1970 dont le nom a changé à la faveur de son congrès de mars 1985, il va de soi que c’est un travail qui revient aux acteurs politiques qui évoluent dans les rangs de la cacophonie que l’on désigne comme étant de l’opposition. Et donc de ce point de vue là, il y aurait une disqualification des chercheurs et des universitaires à parler sous cet angle là. Une telle tâche est donc loin de présenter un intérêt pour les universitaires, encore moins les chercheurs de laboratoire. De telles assises ne devraient donc pas prendre le nom de colloque si l’on s’en tient à ce point de vue là. Mais peut être celui d’états généraux de l’opposition camerounaise. Leur tenue aurait alors un agenda que l’on peut imaginer, avec une orientation stratégico-programmatique. L’histoire politique récente du Cameroun vient d’ailleurs finir d’attester de cette lecture facile et convaincre ceux qui manifestaient encore de scepticisme. Les revendications populaires visant la démonopolitisation du champ et de l’ordre politique au Cameroun à partir de mai 1990. Un rapport se rendra compte que la dynamique de l’opposition est souvent de type opportuniste, pour faire face à un problème précis. Or actuellement, tout semble être mise en ?uvre afin que l’opposition ne soit plus plein d’efforts. Au regard de cette histoire de l’opposition et de ses leaders actuels à se faire entendre dans l’échiquier national, le choix d’un thème tel que réinventer et repositionner l’opposition ne peut être qu’une préoccupation des acteurs de la dite opposition. Il pourrait meubler les assises de collectivisation des efforts de leur formation pour la sauver de cette mort programmée ou la sortir de la panne dans laquelle elle se trouve. .L’opposition et le pouvoir en place constituent deux aspects complémentaires d’une même réalité. Ils sont les composantes d’un même système d’action. Ce qui fait que tout discours inventaire sur l’opposition l’est aussi sur le pouvoir établi qui lui donne consistance au demeurant. Le pouvoir correspond au pouvoir sur les hommes ou au pouvoir avec les hommes. L’interrogation sur la réinvention ou le repositionnement de l’opposition est celle de ses interactions au pouvoir. Autrement dit, l’opposition n’est pas opposition à soi mais par rapport au pouvoir en place.
Hon. Hermine Patricia Ndam Njoya, porte-parole du groupe parlementaire UDC à l’Assemblée nationale Il existe une vraie opposition politique au Cameroun
Nous regrettons le fait qu’il y ait eu des idées acquises sur l’opposition à l’avance. Nous avons pourtant marqué notre bonne volonté en tant que acteurs en participant à ce dialogue. Mais, malheureusement, nous avons constaté que ce n’était pas un cadre de concertation. C’était une approche partielle. Comment parler d’opposition sans parler de ce à quoi elle s’oppose, c’est-à-dire la majorité. Avant la conscience politique dont ils parlent d’une certaine manière, il y a d’abord la conscience civique par le respect des valeurs, et celle là implique toutes les couches sociales. Nous nous inquiétons plutôt par rapport à cette démarche. D’autant plus que cela intervenait au lendemain des 30 ans de la célébration du règne du parti unique. On serait donc attendu que ce soit le bilan de ce règne qui soit mis carte sur table, mais nous, l’opposition présente à ces assises, pouvions noter l’ambiance dans laquelle on évoluait. Les panélistes mobilisaient la parole pour proclamer que l’opposition camerounaise était morte. C’était arrêté qu’il fallait à partir de ce moment réinventer tout. Et moi, je dis qu’on ne trouvera jamais un groupe de magiciens, qui avec une baguette magique, vont faire exister une opposition comme ils l’entendent. Et je l’ai dit, le travail des partis politiques se fait sur le terrain. C’est en résolvant les problèmes des populations, en étant avec les populations sur le terrain qu’on voit les difficultés. Ce n’est pas restant dans les salons feutrés ou sur les ondes des radios en parlant, en reconstruisant, en défaisant, en faisant la guerre de Waterloo que ça va pouvoir changer la situation sur le terrain. On ne peut pas dire que l’opposition n’a rien fait, qu’elle avance toujours en rangs dispersés. Vous avez suivi depuis l’avènement du multipartisme dans les années 90, qu’il y a eu des regroupements de l’opposition. De la coordination en passant par le directoire, la coalition, et de nos jours le G7 qui s’insurgeait contre le déroulement des élections présidentielles de 2011. Et maintenant, on évolue au pacte républicain. Et donc à chaque fois, il faut prendre les leçons des expériences du passé. On se rend compte qu’il y avait un problème du respect de règles et d’égo qui se posait au sein des leaders de l’opposition. Mais cela n’a pas empêché qu’il y ait des accords entre les partis d’opposition, même pour les échéances électorales. A Douala par exemple, l’UDC a soutenu la candidature de Jean jacques Ekindi. Et de plus en plus, je pense que tous ceux qui ont des velléités à se regrouper mettent d’abord sur papier des règles à respecter. Dans ces conditions, on ne peut pas dire qu’ils ont des problèmes, mais ils ont évolué. C’est plutôt une dynamique croissante. Mais, il faudrait aussi que les règles soient claires pour permettre à cette opposition de jouer pleinement sa carte au lieu d’être constamment jugée et lynchée. C’est aussi pour cela que l’opposition se bat pour une élection à deux tours. Sur un plan purement idéologique, l’UDC est parfaitement claire sur son projet social. Le président Ndam Njoya a d’ailleurs publié plusieurs ouvrages à ce sujet. L’un des derniers en date est Le nouveau contrat social. Je pense que ceux qui critiquent prennent le temps au moins de lire les autres.
Garga Haman Adji L’opposition camerounaise a besoin d’une muse
Une palabre, c’est quelque chose de constructif. Quand on veut arranger une affaire, il faut en débattre et de la discussion jaillit la lumière. Pour le moment, ce n’est pas l’opposition qui s’est réunie, c’est la société civile, pour voir comment relancer l’opposition au Cameroun. Parce que, pas d’opposition, pas de démocratie. En fait, la société civile cherche à encourager le Cameroun à ce qu’il y ait une démocratie. On ne fait la politique que pour chercher à servir les siens et être approuvé par les siens. Il y a quelques membres de l’opposition, surtout le G7, qui est en train de réfléchir comment faire pour casser les brindilles que le gouvernement pose pour empêcher de progresser. Un parti politique, c’est une idéologie à défendre, c’est une méthode de travail. Et comme on n’a pas une même idéologie, ni la même conviction, on ne peut pas regarder dans la même direction. L’opposition ne peut pas, parce qu’elle n’a pas les moyens. Je dis souvent aux membres de mon parti, qui me demandent l’argent, combien ils ont amené depuis qu’ils sont là. J’ai évalué les dépenses pour le meeting le moins coûteux à 4000 000 FCFA. Imaginez donc combien de meetings on peut avoir, et combien de 4 millions il faut sortir. Il n’y a aucune poche qui sorte continuellement de l’argent sans se vider. L’importance de ce colloque est qu’il va permettre à l’opposition de s’en inspirer pour mieux se déployer.
La suite des réactions dans le journal Intégration en kiosque cette semain e
Par Dieudonné Essomba, cadre au minepat, ingénieur principal de la statistique hors échelle, économiste
La conférence sur le thème « la démocratie à l’épreuve du tribalisme multiforme » restera marquée par l’intervention très vigoureuse d’un retraité originaire du Nord, particulièrement remonté contre la dénonciation des anciens recrutements de l’ENAM avec le BEPC. « Outre vos déclarations et vos supputations, quelle différence a-t-on pu noter entre les Administrateurs du Nord et ceux du Sud au cours de leurs missions?» s’est-il interrogé. L’intervention de ce vieux retraité est venue mettre les choses au point et avec beaucoup d’à-propos : le débat ethnique a fini par se polariser dans une confrontation entre les Bamilékés d’une part, et les Béti, les Bassa et les Douala, d’autre part, au point d’oublier le Grand Nord, les Anglophones, l’Est et même les Bamoun. Ces « oubliés » du débat sur la question tribale au Cameroun représentent tout de même plus de 60% de la population. N’ont-ils pas leur mot à dire ? Quoi qu’il en soit, la division des assistants à la conférence en deux groupes hostiles, dont l’un applaudissait aux arguments favorables, alors que l’autre faisait l’inverse, montre que la situation est plutôt mal partie. En outre, on aurait dû associer dans le panel de journalistes, de philosophes, de sociologues, de religieux ou de politiciens, des économistes dont l’absence ampute le débat d’un éclairage qui pourrait en approfondir certains aspects, tant il est vrai que le tribalisme exprime aussi de graves tensions sur des avantages économiques.
Expressions du tribalisme au Cameroun
Il est possible de recenser, dans une perspective essentiellement économique, les diverses manifestations du tribalisme au Cameroun. Ces réactions peuvent prendre la forme d’un tribalisme rampant qui se manifeste par une préférence sélective pour sa communauté devant certains choix de la vie. On y trouve la tendance à se marier à l’intérieur de sa communauté, à organiser des tontines entre frères à l’exclusion des autres, de se regrouper dans certains quartiers ou d’afficher son ethnicité à travers la création des centres culturels. Dans beaucoup de cas, ce tribalisme s’apparente plutôt à des réactions grégaires qui ne prêtent pas à conséquence, mais elles peuvent déraper. Les membres de la Communauté pourraient alors s’empêcher mutuellement de vendre le terrain aux « étrangers » ou s’entendraient pour détourner le service public à leur avantage exclusif. Le tribalisme peut aussi prendre des formes agressives lorsque deux communautés se disputent un espace économique. On retrouve ces cas lorsque les modes de production présentent des incompatibilités telles que les agriculteurs et les éleveurs, ou même simplement lorsque les espaces entre les deux Communautés sont mal délimités. Les rapports peuvent alors basculer dans des combats très sanglants. On retrouve un tribalisme proche dans les villes ou les colonies de peuplement, où il prend deux formes. La première oppose les autochtones à l’ensemble des émigrés. D’une manière générale, les émigrés sont une sélection de leurs communautés respectives. Le Moundang, le Makia ou l’Eton qui vont s’installer à Douala représentent des gens disposant de suffisamment d’intelligence, de courage et de combativité pour sortir de leurs villages et aller se chercher ailleurs, en laissant dernière eux leurs frères moins aptes. Par contre, ils viendront trouver à Douala une communauté autochtone qui, elle, n’a pas fait l’objet d’une sélection. En fait, il s’agit de paysans équivalents à ceux que les migrants ont laissés chez eux et dont la majorité n’aurait jamais vécu dans une ville si Douala ne leur était pas tombée sur la tête. Incapables de combattre avec les mêmes armes, elles se retrouveront rapidement spoliées par les émigrants plus aguerris qu’ils finiront par assimiler à des envahisseurs. On les verra alors se battre pour une occupation préférentielle des postes locaux sur la base des droits du sol. D’un point de vue économique, ces populations sont des minorités très fragiles.
La seconde forme que prendra cette forme de tribalisme, notamment dans les villes, regroupe les tensions liées à la compétition des tribus dans les divers segments économiques. Elle va dériver progressivement vers les ethnopoles, c’est-à-dire, des segments productifs faisant l’objet d’une appropriation plus ou moins consciente par une tribu qui développera des mécanismes plus ou moins conscients, mais en tout état de cause, toujours actifs visant à le préserver. Une autre type de tribalisme est la contestation dans la distribution des avantages et des postes publics, et renvoie toujours au principe de l’équilibre régional. La réaction tribaliste peut survenir parce qu’on accepte le principe, tout en trouvant sa mise en ?uvre mauvaise. C’est le cas lorsqu’on trouve la représentation du Sud dans les centres de décision exorbitante par rapport à sa taille, ou lorsque le LA’AKAM réclame que la part des Bamilékés soit considérablement revalorisée en raison de leur nombre. Elle peut aussi survenir parce qu’on dénonce cet équilibre comme antirépublicain et qu’on juge que les recrutements intègrent des individus inaptes à gérer la Nation. L’extrême multiplicité des perceptions et des positions montre la complexité du problème et l’impossibilité de le réduire à une simple manipulation politicienne, même si par ailleurs, on ne peut exclure l’intervention de tels facteurs (politiques) dans son extension ou sa densification. Bien plus, la possibilité même de telles manipulations montre que la cohabitation intercommunautaire dispose d’un potentiel conflictuel intrinsèque considérable. Ce potentiel conflictuel se traduit ou se nourrit par des lignes de fracture plus ou moins visibles parmi lesquels on peut citer des méfiances séculaires, des cultures opposées ou des compétitions diverses. C’est donc sur ce potentiel conflictuel que vont agir aussi bien les bâtisseurs de la Nation pour réduire le tribalisme et les manipulateurs pour l’exaspérer.La solution au problème ethnique apparaît ainsi comme l’identification de ce potentiel conflictuel, ses origines et ses déterminants.
Sources des conflits intercommunautaires
Un regard sur l’histoire offre une réponse sans équivoque : à aucun moment du passé, les communautés n’ont jamais cohabité de manière pacifique. La Bible, les autres livres anciens, les légendes ou les épopées ne sont ainsi qu’une interminable séquence de guerres perpétuelles et de génocides. Les rares occurrences de coopération sont des alliances non pour la paix, mais pour aller combattre d’autres tribus, afin de les annihiler, les soumettre, les absorber ou les chasser. C’est dire que la confrontation est inscrite au cours même de la notion de communauté, qu’elle prenne la forme d’un clan, d’une tribu ou d’une Nation. D’une certaine manière, une Communauté Humaine est un groupe de personnes disposant d’un critère de différentiation et désireux de se battre contre les gens qui lui paraissent comme étrangers, par haine, par cupidité, par peur, par prudence, par tradition ou par méfiance. Dès lors, la construction de toute Nation composite pose toujours la question suivante : comment neutraliser la tendance des tribus à se battre sans cesse et en faire un groupe uni ? Une première démarche consiste à supprimer simplement les différences et en leur imposant une langue et une culture unique. Mais cette démarche qui caractérise la Nation française par exemple est coûteuse en temps et en violence. La démarche alternative consiste à purger les communautés de leur agressivité d’une part, en donnant à chacune une parcelle de pouvoir sur son territoire, sous la forme d’une région autonome, d’une Confédération ou d’un Etat. D’autre part, à assurer la « représentation équitable » des segments communautaires dans les charges publiques. Qu’ils soient démocratiques ou pas, tous les pays du monde appliquent la représentation équitable, la différence se situant dans les méthodes, les niveaux de développement, la structuration sociologique ou la puissance industrielle du pays.
Cas du Cameroun
Le Cameroun n’échappe pas à ces règles. Ses communautés ne sont pas plus pacifiques que le reste de l’Humanité et l’occupation spatiale actuelle n’est ni plus, ni moins que le produit de ces conflits permanents. L’idée d’un Cameroun qui aurait vécu dans une ère d’or avec des tribus entretenant des rapports pacifiés est une pure fiction. Le partage colonial dont dérive le Cameroun n’avait pas pour but de créer une Nation. Les Allemands, puis les Français et les Britanniques assimilaient notre pays à un champ qu’il fallait organiser dans le but exclusif de mieux l’exploiter. L’existence des Communautés n’était pas un problème, puisqu’ils avaient les moyens de les réduire par une force supérieure. L’accession à l’indépendance laissait aux Camerounais le soin de gérer un Etat multi tribal sans disposer des mêmes moyens que le colon. Un tel Etat ne pouvait assumer son autorité, c’est-à-dire, sa brimade légale, que s’il trouvait un moyen de neutraliser les tendances centrifuges. Même si, pour des besoins de la cause, le discours politique ne pouvait être que nationaliste et anti tribaliste, les responsables avaient quand même assez de bon sens pour comprendre que les comportements des tribus restaient encore très vifs et qu’on était obligé de les apprivoiser à travers un mélange subtil de brutalité, de séduction et de battage idéologique. C’est précisément dans ce cadre que s’est inscrit l’équilibre régional dont le but n’a jamais été, en première analyse, le développement équilibré qu’on aurait pu obtenir autrement, mais plutôt l’assèchement du potentiel centrifuge qu’aurait créée une groupe tribal peu impliqué dans l’appareil de l’Etat.
L’apport de la pratique sera très important, quoiqu’on puisse penser. Elle a fondé la légitimité de l’Etat de manière solide : en plaçant les ressortissants de chaque tribu dans les rouages du pouvoir, de l’armée et de l’administration, l’équilibre régional leur enlevait l’argument commun que celles-ci utilisent toujours pour s’attaquer à l’Etat, à savoir que les autres tribus utilisent la puissance publique pour comploter contre elles. Et on sait que le sentiment d’être menacé est le principal responsable du déclenchement des guerres civiles. Corrélativement, l’existence d’une élite dans toutes les tribus a permis de confiner la confrontation sociale à l’intérieur de chaque Communauté, et d’éviter que l’Etat soit confronté à des demandes permanentes directes des populations dont il n’aurait jamais pu sortir. Mais son rôle le plus important est qu’il a assuré une intégration nationale au moins formelle. En intégrant tout le monde dans la Fonction Publique, l’équilibre régional a permis à toutes les tribus d’être présentes sur chaque parcelle du territoire camerounais, à travers les multiples affectations de fonctionnaires (enseignant, policier, gendarme, médecin, etc.) C’était nécessaire, car toutes les tribus camerounaises n’ont pas des traditions de migration ; et le risque était que quelques-unes restent claquemurées dans leur territoire tribal si l’équilibre régional n’avait pas existé.
Un autre avantage plus actuel de l’équilibre régional est le confinement de la corruption. En imposant à chaque tribu un nombre fixe de places, il force les gens portés à dévoyer le système social par l’argent, le pouvoir ou la ruse, à exprimer leur venin sur la part qui leur est dévolue et à laisser les autres indemnes. Si des écoles (comme l’ENAM) n’étaient pas soumises à ce principe, on a peine à imaginer, avec cette effrayante indécence dans la cupidité que déploient les Camerounais, quel visage présenterait le Cameroun. Un peuple dont les hauts dignitaires ne clignent pas des yeux pour voler des milliards de FCFA ! Un peuple, dont les hauts dignitaires ne craignent pas de donner un score de 47 buts à zéro pour un anodin classement dans un championnat de football, ne peut fonctionner que s’il est encadré. Le dernier point sur lequel l’équilibre régional a joué un rôle important vient de l’utilisation des revenus. De fait, si les infrastructures peuvent être réalisées par des Camerounais d’autres régions, ces infrastructures n’épuisent pas tous les besoins d’une tribu. Il y a aussi le cadre de vie. Les quelques rares villas qu’on trouve dans les campagnes sont essentiellement construites par les élites locales et cela est bien que chaque village au Cameroun dispose au moins d’une belle maison, car c’est cela qui atténue les frustrations. En outre, ces élites jouent un rôle de redistribution des ressources tirées de l’Etat, en même temps que leur présence joue plutôt un rôle incitatif pour les jeunes à faire l’école.
Nature du principe d’équilibre
Contrairement aux idées répandues, l’équilibre national n’est pas une disposition à laquelle on pourrait opposer des lois. Si le Cameroun sombrait dans la guerre civile, personne ne viendrait demander si les gens qui entraient à l’ENAM avaient les meilleures notes, mais simplement pourquoi certaines communautés ont été marginalisées. C’est la pratique dans le monde entier : les reproches adressés aux dirigeants ne porteront jamais sur le niveau de compétence des fonctionnaires, mais uniquement sur le souci d’intégrer tout le monde dans le dispositif de la prise de décision. Parce que c’est cela seul qui compte. Et pour sortir de la guerre, personne n’évoquera les notes obtenues dans les concours, mais la participation de tous. Pourquoi ? Parce que la représentation équitable est une exigence pour l’existence même de la Nation, alors que la compétence est un critère de gestion. Avant de gérer, il faut d’abord s’assurer que le pays existe. La méconnaissance de ces principes ne peut aboutir qu’à des erreurs d’analyse et développe des idées erronées. L’une de ces erreurs est la fiction entretenue que l’équilibre régional fut conçu contre les Bamilékés. Rien de plus faux. Au moment où Ahidjo l’instaure dans les années 60, le niveau de scolarisation est surtout élevé dans la région du Centre-Sud et dans le Littoral, en raison d’une plus forte pénétration européenne et de la proximité de Yaoundé et Douala. A contrario, le pays Bamiléké, trop montagneux et très peuplé, n’intéressait pas le colon qui n’avait pas grand-chose à y tirer et qui, de plus, devint rapidement le siège d’une violente rébellion. Tout facteur qui n’encourageait pas à une forte scolarisation. Et il est d’ailleurs assez symptomatique que dans l’imagerie populaire, l’image de l’intellectuel n’ait jamais été associée au Bamiléké dont les performances, notamment dans les matières scientifiques émergeront plus tard. Lorsque l’équilibre régional est instauré par Ahidjo, les seules populations pénalisées sont les Bétis, les Bassa et les Douala. Les populations du Nord et de l’Est en bénéficient en premier, mais les Bamilékés en bénéficient aussi, quoique dans une moindre mesure. L’idée suivant laquelle Ahidjo aurait repris la logique de Lamberton n’est pas vraie, du moins sur ce point. Ahidjo n’en avait pas besoin pour détester quelqu’un et sa brutalité vis-à-vis des rebelles Bamilékés s’explique simplement parce qu’Ahidjo n’était pas le type d’homme qui aime la contestation. Le « problème Bamiléké » tel qu’il est posé aujourd’hui apparaît ultérieurement, au regard du parcours particulier de cette Communauté : soumis à des densités de plus en plus fortes, chassés des terres par l’insécurité du maquis, poussés par une structure gentilice très défavorable aux cadets, les membres de cette communauté commenceront progressivement à se déverser à Douala, puis dans les autres villes du Cameroun méridional où leur insertion deviendra une question de vie ou de mort. Face à un système économique occlus qui n’offre plus de perspectives, la marge de man?uvre laissée par l’économie camerounaise ne peut plus fournir les moyens requis pour absorber tout le monde. L’absence d’un arrière-pays où se replier rend chez les Bamilékés cette exigence plus intense et on comprend qu’ils soient légitimement tentés de réduire l’étranglement que leur impose ce parcours en remettant en cause un principe d’équilibre dont ils avaient naguère bénéficié. Malheureusement, le fait de masquer cette préoccupation légitime de survie, et ce désir de jouer des coudes pour avoir un peu plus de place dans la maison commune, derrière des arguties philosophiques et de grands principes républicains, est plutôt une maladresse.
Des maladresses
La démarche visant à combattre l’équilibre régional sur la base des concepts ne trompe personne. Plutôt, elle modifie la nature du problème qui est un légitime désir d’insertion dans un environnement trop rationné et le montre sous les traits d’un égoïsme intrinsèque. Dans ces conditions, les réactions des Bamilékés face à certaines attitudes telles que le discours du ministre Ali sur la non-éligibilité d’un Béti ou d’un Bamiléké après Biya ou la dénonciation de la surreprésentation Bamilékés de Mgr TONYE BAKOT ont beau susciter un grand émoi, on verra bien que cet émoi a une couleur tribale et n’a aucune signification aux yeux des autres. En réalité, il ne fait qu’aggraver le soupçon d’un sordide complot que les Bamilékés nourriraient contre la Nation. En second lieu, cette attitude humilie plutôt le pays en jetant à la face du monde les contradictions qu’il veut gérer en cachette : au Cameroun, les concepts ne sont pas fonctionnels par rapport au contenu que leur donnent les livres de philosophie ou de droit étrangers que nous copions volontiers pour nous donner à nous-mêmes l’illusion que nous sommes une Nation moderne. Ils ne sont utiles, utilisables et applicables qu’autant que leur mise en ?uvre effective correspond parfaitement à ce que nous sommes. Le citoyen camerounais n’est pas celui qui nie sa tribu au profit de la Nation, mais celui qui sait que l’Etat est fait pour toutes les Communautés, que tout le monde a les mêmes chances d’être fonctionnaire, d’être affecté partout ailleurs, et qui sait que le Cameroun ne peut exister que s’il réalise un modus vivendi avec sa tribu. Dans ce modus vivendi, il doit adopter un code de conduite où il proclame ouvertement sa préférence de la Nation camerounaise, mais à la condition évidemment que celle-ci respecte la participation de sa tribu aux affaires publiques.
Ce code de conduite est une hypocrisie collective acceptée et pleinement assumée. Il crée une unité nationale peut-être bancale, voire factice, mais en toute modestie, nous nous en contentons volontiers. S’appuyer sur des principes spéculatifs de la philosophie, c’est idolâtrer les idées et les concepts et en définitive, c’est nier le fait fondamental que le Cameroun reste une construction contingente que nous devons aimer et parfaire parce qu’il fournit la cadre approprié à ses habitants et ses communautés de prospérer. Les pays qui ne l’ont pas compris et se sont mis en tête de nier les réalités sociologiques ont basculé dans les guerres tribales ou ont volé en éclat.
L’autre conséquence de cette situation est qu’en révoquant le principe au lieu d’en proposer une reformulation, le débat se ferme et on entre dans l’ère des suspicions et des crispations. Tous les pays appliquent la représentation équitable qui, au Cameroun, a pris la forme de l’équilibre régional, il n’y a là rien de particulier. Le vrai reproche qu’on peut faire à ce principe est que notre formule est trop brute ; trop visible et de plus instrumentalisée par le pouvoir pour entretenir une clientèle assoiffée d’honneurs et de richesse et des élites corrompues qui y trouvent le moyen de placer abusivement les leurs. Mais il existe des réaménagements possibles comme sa mise en pratique seulement dans certains secteurs, son application partielle ou évolutive, etc. Toutefois, il faut d’abord en accepter le principe, condition pour amorcer une véritable réforme.
Enfin, la question de fond est la suivante : Quand bien même on supprimerait l’équilibre régional, qu’est-ce que cela changerait au Cameroun ? Peut-être un peu plus de Bamilékés, autant de Bétis, de Bassa et de Douala, un peu moins de Nordistes, de Westerns et d’Anglophones. Et après ? Après, rien : l’administration n’en serait pas pour autant améliorée. Par contre, on se retrouverait avec des parties du territoire qui seraient totalement décrochées avec, à terme, une guerre civile entre les bras. Dans son principe, l’équilibre régional est un très bon choix et en contester le bien-fondé au Cameroun n’est pas faire preuve d’intelligence. On ne peut pas résoudre les préoccupations d’ordre économique par la remise en cause des principes sans lesquels le Cameroun ne pourrait exister. Ce n’est pas la loi, ni l’armée qui maintient les Nations, c’est leur adhésion, le sentiment qu’ils sont partie prenante de l’ensemble, le sentiment qu’ils partagent les mêmes responsabilités et les mêmes problèmes. La pratique a beau faire l’objet des insultes et de la haine, elle est la seule à assurer la cohésion de cet ensemble hétéroclite qu’est le Cameroun.
La forme actuelle de la représentativité équitable que le Cameroun a prise et qui s’appelle équilibre régional n’est pas de ces principes qu’on peut supprimer par des textes juridiques ; et celui qui s’avise à le faire s’en sort avec d’éternels regrets. C’est en fait oublier que toute loi est d’abord et avant tout un rapport de force. En prenant une telle loi, avec quels soldats, quels policiers l’Etat du Cameroun pourrait-il contrôler les tribus qui s’entendront pour agresser l’Etat ? Si ce sont les Camerounais, comment faire pour que les ressortissants de ces tribus ne prennent fait et cause pour les leurs ? Et si ce sont seulement les Bamilékés ou les Bétis, comment faire pour empêcher les autres de prendre les armes et de les combattre ? Ce genre de pratique mourra de sa belle mort, quand elle se sera révélée inutile, pour les Communautés bénéficiaires. C’est quand les meilleurs Camerounais refuseront une carrière de sous-préfet ou d’inspecteur de police pour aller servir comme un Ingénieur dans des grandes entreprises avec un salaire douze (12) fois plus élevé que la pratique montrera son inutilité et personne n’en parlerait plus. Car, dans une économie normale, les vraies compétences ne se battent pas pour les postes administratifs, dédaigneusement abandonnés aux cancres ou aux immigrés. Ils se battent dans de puissantes industries, là où leur valeur éclate et à une échelle où l’unité commence aux millions.
Selon ce statisticien auteur d’un livre sur la monnaie binaire, la monnaie utilisée dans la zone Franc, n’est pas à l’avantage de ses membres. Il explique.
Le 05 octobre dernier à Paris en France, les ministres des finances des pays de la zone FCFA dont le Cameroun, se sont retrouvés pour la traditionnelle réunion et pour la célébration des quarante années de coopération monétaire, quel est votre commentaire?
D’abord il faut tenir compte du fait que les accords de 1972 viennent consacrer une vieille pratique, c’est-à-dire une zone monétaire commune, articulée autour de la France, fonctionnant sur la base de la conservation par elle, des devises et de l’or monétaire. Une zone qui avait existé avant et avait persisté après les indépendances des pays membres de la zone franc. Donc le franc CFA avait toujours fonctionné et fonctionnait encore jusqu’à récemment, comme des sous monnaies de la monnaie française. Alors en 1972, on donne un habillage juridique, à cette très vieille pratique, en le rendant même un peu plus complexe sous la forme jusqu’ici difficile à comprendre d’une création de plusieurs Banques Centrales pour la même monnaie. La question de fond est celle de savoir ce que les pays de la zone franc commémorent en réalité. Il y a là quelque chose qui n’est pas clair. Lorsqu’on observe les attitudes officielles on a l’impression que la zone Franc a été créée en 1972 alors que ce moment-là marque le départ de l’habillage juridique d’une pratique de rente propre à la colonisation.
Votre inquiétude nous emmène a rappeler qu’effectivement, avec l’entrée de la monnaie unique européenne, les pays africains de la zone Franc, n’ont plus d’accord monétaire avec la France, parce que les accords de Maastricht l’interdisent, mais avec l’Euro. Aujourd’hui quelle est la substance qui reste des accords monétaires qui sont célébrés ?
Ce qu’il faut comprendre c’est que le CFA était une partie de la monnaie française. Lorsque celle-ci est fondue dans l’Euro, le CFA est devenue une partie des Euros de la France, mais qui circule en Afrique. Jusqu’ici, le CFA n’est pas encore une monnaie véritablement autonome. Du point de vue l’économie globale, les pays de la zone CFA se comportent exactement comme si c’était des départements français, sauf que cette hiérarchisation porte sur la monnaie. Donc au niveau européen, on ne connaît véritablement pas le CFA. On distingue des euros qui circulent en France, et ceux qui circulent dans les pays africains sous la forme de CFA.
Oui mais malgré tout, le CFA est convertible contre un large panier de monnaies. On peut le changer contre du Dollars, du Yen et autres monnaies, comment cela se passe-t-il exactement?
C’est une très bonne question. Je précise tout d’abord que le CFA est essentiellement émis à travers les devises. Les banques centrales ne décident pas de créer la monnaie sur la base des agrégats économique comme le font d’autres Banques Centrales. Ce qui veut dire que lorsque le Cameroun par exemple réalise des exportations, dans ces différents pays, il ne reçoit pas directement ses devises. Ces recettes sont en principe reversées dans le trésor public français, qui lui renvoie une quantité, sous la forme de CFA. À l’inverse, lorsque nous voulons importer des marchandises, le système bancaire ici demande à la Banque de France qui nous remet des devises pour les importations. Il n’y a pas plus grand outil de contrôle d’un pays. La convertibilité est apparente car elle ne peut aller au-delà d’un certain montant. Pour le cas du Cameroun, au-delà de 2200 milliards de FCFA, la quantité de devises que nous produisons chaque année, on a recours à un endettement commercial.
Vous êtes de ceux qui pensent que les accords monétaires sont une des causes de blocages des économies de la zone Franc dont le Cameroun, comment expliquez-vous cela?
Je vais vous citer la situation dramatique que vit le solde extérieur (différence entre les importations et les exportations). Lorsque le Cameroun atteint le point d’achèvement en 2006, son déficit commercial en 2007 n’est que de 90 milliards de FCFA. en 2008 ce déficit monte à 190 en 2011, le déficit du commerce extérieur est à 1700 milliards de FCFA et les prévisions de 2012 prévoient une hausse certaine. Or à la vérité, ce déficit cumulé constitue un endettement. Comme je vous l’expliquais, pour importer, nous demandons nos devises à la France qui nous les remet. Mais lorsque nous importons plus que nous ne vendons, forcément le surplus d’achat se fait sur la base des devises que la France ou d’autres partenaires nous prêtent. A cette dette commerciale, il faut rajouter les 2210 milliards de dette contracté auprès des bailleurs et du secteur privé pour la réalisation des projets et le fonctionnement de l’appareil administratif. Donc à la dette publique normale, il faut ajouter 3000 milliards de déficit commercial cumulé et donc vous constaterez vous-même les ravages qui naissent du fait d’une monnaie qu’on ne contrôle pas. Si nous admettons qu’il est logique de s’endetter pour les projets, l’augmentation permanente de la dette issue du déséquilibre de la balance des paiements est très dangereuse, parce que tout le monde est responsable sans le réaliser. En 1987 pour ceux qui se rappellent des années de braises économiques, c’est précisément ce scénario qui rend les choses difficiles au Cameroun, couplé à une incapacité de l’administration à anticiper et prévoir. Nous sommes en train d’y retourner à petit pas. Or pour jouer sur la balance des paiements, les pays utilisent souvent la monnaie, en la dépréciant ou en la valorisant. Cela permet un contrôle sur les flux de capitaux entrant ou sortant. Aujourd’hui le fait qu’on utilise une monnaie rigide qui n’est pas la nôtre, empêche cela et le pays est en train de s’enfoncer inévitablement.
Dieudonné EssombaJournalducameroun.com)/n
Aujourd’hui parlant du stock de devises gérées sur le compte des opérations en France pour le compte de la zone Franc, on parle de 30 milliards de dollars. Est-ce qu’on peut encore véritablement dire que le France qui a des besoins budgétaires qui se chiffrent en milliers de milliards d’Euros, use et abuse de sa position sur la monnaie Africaine. Est-ce qu’il n’y pas un peu d’incompétence de nos dirigeants qui refusent d’avancer?
D’abord sur le volume des transactions, il faut tenir compte de ce que le stock en devises est un mécanisme régulateur. Normalement le pays n’a pas besoin d’un stock en devises. Il doit équilibrer ses comptes par la vente et l’achat. Ce stock apparaît pour gérer les risques. Il n’a pas besoin d’être énorme. Donc de ce fait, même s’il apparaît dérisoire par rapport au volume de l’activité économique en France, il joue un rôle stabilisateur extrêmement important. C’est un peu comme la queue de l’avion. Si vous décidez de la couper au motif qu’elle est plus petite que le reste, vous ne pourrez plus rien faire et ce sera le crash assuré. Le fait même que la France s’accroche à cette zone, est la preuve qu’elle y tient à fond. A côté de cela, il y a le fait que c’est un moyen pour la France de contrôler même subtilement ou de manière ouverte les flux commerciaux. Il vous souvient dans beaucoup de marché publics en Afrique francophone, la France a souvent fait des pressions. Donc le fait qu’elle maîtrise ces flux lui donne de manière stratégique la possibilité de les maîtriser et surtout de jauger la force des autres pays avec lesquelles elle est aujourd’hui dans la lutte sur le contrôle des parts de marché dans le monde. Vous demandez aussi s’il n’y a pas de problème de gouvernance. Je vous dis que la situation des pays africains intègre plusieurs types de problèmes. Il y a un problème de gouvernance opérationnelle (corruption, mauvaise utilisation des ressources), de gouvernance stratégique, et aussi la mauvaise articulation de nos économies. Nous ouvrons nos économies au nom de la compétitivité alors que celle-ci dépend d’un certain nombre de facteurs que nous ne possédons pas encore, d’où les grands projets. On essaye de transformer la gouvernance en une sorte de bâton magique, or ils savent que cela n’a rien à voir. Même si on donne le Cameroun a l’équipe Barack Obama, dans les circonstances actuelles, cela lui posera problème.
Parlant des accords monétaires, il semble que la substance qui reste aujourd’hui et vous l’avez expliqué, c’est la gestion budgétaire du Franc CFA. Donc les pays de la zone Franc peuvent décider de changer de partenaire est ce que ce n’est pas une solution?
Ce que la France gère, ce sont nos devises extérieures maintenant les autres aspects de la gouvernance économique est l’affaire des organismes internationaux, comme la Banque Mondiale et le FMI. Quant aux autres pays nous avons de simples rapports commerciaux. Si nous sortons du CFA aujourd’hui, la seule issue est d’avoir notre monnaie. Maintenant dans la gestion de cette monnaie, on peut s’arrimer à un autre pays. Comme le Ghana le fait avec le Dollar US. Mais évidemment pour l’Amérique, c’est un peu comme un oiseau qui décide de suivre les éléphants. Il faut savoir que la zone Franc est une expérience unique dans le monde, c’est-à-dire le cas où un autre pays émet la monnaie utilisée dans plusieurs autres pays. C’est assez impressionnant qu’on puisse célébrer cela. Alors est ce que le problème n’est pas la France, je dois dire que ce pays a profité du CFA dans les années 70. Il avait connu un grand retard dans son industrialisation et à l’époque les devises générées par les économies africaines, où il n’existait pas encore de classe moyenne comme aujourd’hui, étaient inutilisées. La France a donc utilisé l’énorme stock de devises des pays de la zone Franc pour se relancer. La seule période où le solde du compte des opérations a franchi le rouge, cette France n’a pas hésité à imposer une dévaluation dont on connaît les conséquences par la suite. Elle avait ainsi soit refusé, soit été incapable de respecter ses engagements consignés dans les accords monétaires de soutenir le CFA jusqu’au bout, et donc les pays de la zone Franc auraient pu commencer à voir clair dès ce moment-là.
Alors finalement quelle solution à tout ça?
J’ai toujours dit tout en reconnaissant la position pertinente des personnes qui demandent de sortir du CFA, que la solution la plus pertinente est de créer à côté de cette monnaie, une monnaie parallèle, dont le volume serait de 15 à 25% de la masse monétaire globale. La caractéristique de cette monnaie est qu’elle ne servira pas à acheter les biens extérieurs. Cela permettra de contrôler les flux, limiter l’endettement commercial, augmenter l’épargne nationale et permettre un développement auto généré. Évidemment à long terme lorsqu’on aura restructuré nos économies et acquis la force qui puisse nous permettre de résister à l’agression économique extérieure, alors là on peut envisager sortir du FCFA. Comme le dit souvent Manu Dibango, l’ennemie ne dort jamais il ne faut pas dormir et rêver. Il ne faut pas aussi confondre le courage et la stupidité. Si on doit sortir du CFA, cela doit être une action planifiée, réfléchie et solide.